En passant...La prière, symptôme d'existence ?
Comme qui dirait "signe de vie", mais de façon peu idiomatique, plutôt étrang(èr)e et empruntée: avec un accent, comme on dit, disjonctif, insistant d'une part sur l'"objectivité clinique" de l'observation et du diagnostic ("symptôme"), d'autre part sur le caractère foncièrement "subjectif" du phénomène observé ("existence", avec la "conscience de
soi" qui -- "chez nous" au moins -- s'ensuit). La prière témoignerait ainsi de l'
ek-sistance, à la fois subsistance, insistance, résistance, et
séparation accidentelle et malaisée d'un soi-disant "sujet" (
sub-jectum) qui s'avère, lorsque précisément il prie, ne pas faire assez "partie" de ce "tout" auquel il tente pourtant par là de s(e ré)intégrer -- qu'il s'agisse de la communauté linguistique de sa communication ordinaire, du monde des choses plus vaste que le langage, ou d'une divinité plus englobante encore.
Pas de prière sans une forme d'ek-sistance, peut-être pas non plus d'ek-sistance sans une forme de prière ?
Dont le
cri, de joie ou de détresse, animal aussi bien, comme le suggère d'ailleurs le langage biblique (je crie, nous crions, tous crient vers toi), resterait l'expression élémentaire, jusque sous les modulations les plus subtiles ?
Comme une biche ou un cerf altéré brame, dit le psaume... coïncidence en français de l'altération, de l'altérité et de la soif, d'un autre plus autre et cependant tout autre que tout autre, qui dés-altère ?
Bueno es saber que los vasos
nos sirven para beber;
lo malo es que no sabemos
para qué sirve la sed.(C'est bien de savoir que les coupes
nous servent à boire;
le mal, c'est que nous ne savons pas
à quoi sert la soif.
Antonio Machado,
Proverbios y cantares, XLI)