le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Matérialisme spirituel Mar 25 Juin 2019, 16:16 | |
| Sur un autre fil : l’espérance céleste et l’espérance terrestre Narkissos a dit notamment : - Citation :
- je vois surtout l'expression "matérialisme spirituel" dans des débats sur le "bouddhisme occidental", qui d'ailleurs ressemblent beaucoup à ce que Jung disait en son temps du yoga).
Selon Chögyam Trungpa, « les problèmes fondamentaux du matérialisme spirituel sont communs à toutes les disciplines spirituelles4. « Un certain nombre de voies de traverse conduisent à une version distordue, égocentrique, de la vie spirituelle. Nous pouvons nous illusionner en pensant que nous nous développons spirituellement, alors qu'en fait nous usons de techniques spirituelles pour renforcer notre ego. Cette distorsion fondamentale mérite le nom de matérialisme spirituel5 ». Pour le décrire, il a recours aux « trois seigneurs du matérialisme », le Seigneur de la Forme, et « sa quête névrotique de confort, de sécurité et de plaisir », le Seigneur de la Parole, et l'usage des « systèmes d'idées » et le Seigneur de l'Esprit, et l'effort de maintenir la « conscience de soi ». Selon Chögyam Trungpa, l'ego peut utiliser des ruses pour subsister, voire se renforcer. Par exemple, il peut être fasciné par sa propre pratique de méditation dans une attitude d'imitation qui n'est pas une pratique authentique ; ou rechercher « un accomplissement supérieur, une libération plus grande6 ». L'utilisation des croyances peut nous emprisonner : « aussi longtemps que nous suivons une approche spirituelle promettant le salut, des miracles, la libération, nous restons liés par la chaîne d'or de la spiritualité7. » Trungpa préconise d'examiner notre propre expérience, selon les principes bouddhistes, et de pratiquer la méditation « sans fixation dualiste8 » en abordant la spiritualité de façon « naturelle, ordinaire, dépourvue d'ambition8 », afin de ne plus être « assujettis au trois seigneurs du matérialisme ». Pour autant, il ne s'agit pas selon Trungpa de combattre l'ego, ce qui reviendrait à une attitude dualiste : « On croit que l'on doit détruire cet ego, ce moi, [...] car, ordinairement, lorsqu'il est question de spiritualité, on croit qu'il s'agit de combattre le mal ; je suis bon, la spiritualité est le bien ultime, le bien suprême, et l'autre côté est mauvais. Mais loin d'être une bataille, la véritable spiritualité est la pratique ultime de non-violence. Sans considérer aucun élément de nous-mêmes comme vil ou hostile, nous tâchons de tout utiliser comme partie du processus naturel de la vie. Dès que se développe une notion de polarité entre le bien et le mal, nous sommes pris dans le matérialisme spirituel9 ». Chögyam Trungpa, dans son livre sur le sujet, caractérise le matérialisme spirituel comme une « spiritualité frelatée » ou comme une conséquence de la « bureaucratie de l'ego » qui est le « constant désir qu'a l'ego d'une forme plus haute, plus spirituelle, plus transcendante du savoir, de la religion, de la vertu, de la discrimination, du confort, bref, de ce qui fait l'objet de sa quête particulière10. » Selon Wikipedia |
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Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Matérialisme spirituel Mar 25 Juin 2019, 16:22 | |
| Lien. (Une orthodoxie du paradoxe ne serait-elle pas aussi un comble de ridicule ?) Bouddhisme à part -- je doute de toute façon que l'allusion de Raymond Franz citée dans l'autre fil s'y référât -- un oxymore comme "matérialisme spirituel" me semble digne de méditation: car quand on oppose ainsi deux termes (en l'occurrence, matière :: esprit), selon le principe même d'un dualisme, on les met ipso facto sur le même plan alors même qu'on entend les hiérarchiser (matière < esprit): il faut que l'esprit comme anti-matière soit au moins aussi ré-el (de res = chose), aussi substantiel, aussi "matériel" en fin de compte que la matière à quoi on l'oppose. Donc, bon gré mal gré on le "matérialise" et on le "chosifie", et l'opposition même s'effondre... A la limite, seul un pur matérialisme pourrait être "spirituel" en ce sens qu'il n'accorderait aucune "ré-alité" à l'esprit, lui seul se garderait d'en faire une "chose" parmi les "choses" -- jusqu'à ce qu'il s'en aperçoive et se proclame "spirituel", prouvant par là même qu'il n'est ni "matérialiste" ni "spirituel". |
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