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 Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans

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le chapelier toqué

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MessageSujet: Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans   Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans Icon_minitimeSam 10 Avr 2021, 19:30

Voici ci-dessous un hommage rendu à Hans Küng

Hommage écrit par Michel Grandjean dans le supplément "week end" du journal Le Temps du samedi 10 avril 2021*

Hans Küng, le rebelle qui n’a cessé de ruer dans les brancards de son Eglise

Le théologien suisse s’est éteint cette semaine à l’âge de 93 ans dans sa maison à Tübingen (D). Contesté pour son attitude critique face au Vatican, ce catholique était un maître à penser visionnaire pour un monde qu’il voulait plus juste et pacifique

La Suisse du siècle dernier aura donné au monde pas moins de trois immenses théologiens: Karl Barth (1886-1968), Hans Urs von Balthasar (1905-1988) et Hans Küng (1928-6 avril 2021). Pour un pays qui ne compte que 4 millions d’habitants au moment où naît le dernier d’entre eux, le score est plutôt impressionnant. Mais on voit tout de suite se froncer des sourcils: d’accord pour Barth, le grand théologien protestant, auteur d’une Dogmatique qui le hisse au niveau des plus grands penseurs de la foi chrétienne de tous les temps. D’accord aussi pour Balthasar, l’éminent jésuite qui sut articuler théologie et philosophie et qui, mieux que personne, montra l’importance de l’esthétique dans la recherche fondamentale.

Les deux gamins

Mais Küng? Ce polygraphe invétéré, cet homme qui n’a cessé de ruer dans les brancards de son Eglise, celui que Jean Paul II a sanctionné en le faisant exclure de la Faculté de théologie catholique de Tübingen, faut-il vraiment le mettre sur le même plan?
L’avenir le dira, mais tout porte à penser que oui. Hans Küng aura été ce jeune théologien qui s’est attaqué à la plus grosse des pommes de discorde qui ont causé, au XVIe siècle, le schisme entre Rome et la Réforme protestante: la question de la justification. Sur la base d’une lecture attentive des textes du concile de Trente et de ceux de Barth, il faisait valoir une convergence fondamentale: pour le dire en deux mots, la doctrine catholique prend réellement au sérieux la justification par Dieu – contre les protestants qui accusent caricaturalement leurs amis catholiques de vouloir se sauver «par les œuvres».

Barth, sans être totalement convaincu par la démonstration, acceptera de préfacer le livre et d’exprimer «la grande joie» que sa lecture lui a procurée. Dans les années qui suivirent, on retrouve Küng au concile de Vatican II. Avec son contemporain Joseph Ratzinger, il est un des plus jeunes experts du concile. Les deux «gamins», comme on les appelle alors dans les couloirs du Vatican, s’entendent encore assez bien. Ils seront d’ailleurs très proches collègues à Tübingen, avant que leurs trajectoires ne divergent: Ratzinger, ébranlé par la tourmente de 1968, s’orientera vers la voie épiscopale, deviendra préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (l’héritière de l’Inquisition romaine), puis enfin pape sous le nom de Benoît XVI.

Ratzinger contre Küng. Si l’on se range du côté du premier, on dira volontiers que c’est Mozart, le génie qui a réussi, contre Salieri, le musicien raté et l’éternel jaloux (c’est une image de l’écrivain et journaliste Peter Seewald). Mais si l’on est du côté du second, on parlera de Ratzinger comme de l’homme d’appareil et de Küng comme d’un rebelle salutaire, toujours prêt à mettre le doigt où ça fait mal dans les structures ecclésiastiques et dans les constructions dogmatiques héritées du passé.

Après avoir consacré ses forces au rapprochement œcuménique, dans les années 1960 et 1970, Hans Küng s’est lancé dès les années 1980 dans la tâche de penser la pluralité religieuse. Revient souvent sous sa plume l’énoncé d’une conviction fondamentale: il n’y aura jamais de paix entre les nations s’il n’y a pas de paix entre les religions. Il faut donc travailler à connaître les religions, à les comprendre, à les estimer.

La vraie religion ne s’identifie pas simplement au christianisme, c’est celle qui promeut la véritable humanité et qui respecte en conséquence la dignité et les valeurs humaines fondamentales. Küng met en œuvre un critère éthique pour distinguer le vrai du faux et récuse donc l’imposition d’un dogme: «Il faut dire non à la domination arrogante d’un Dieu dont l’exclusivisme missionnaire méprise la liberté!»
Méchant coup

Dans la ligne d’un Denys l’Aréopagite, d’un Nicolas de Cues ou même d’un Erasme, Küng n’a pas assez de mots pour rappeler que nul concept ne peut prétendre exprimer pleinement Dieu et que la dogmatique doit commencer par faire preuve d’humilité. Cette dogmatique n’a d’ailleurs de pertinence que si elle se fonde sur l’exégèse historico-critique.

En d’autres termes, ce n’est pas au théologien qu’il appartient de dire à l’exégète ce qu’il doit trouver dans les textes bibliques (par exemple en matière de compréhension de Dieu ou du Christ), mais bien l’exégète qui doit remettre le théologien à sa place. Le Magistère et sa Congrégation pour la doctrine de la foi en prennent un méchant coup.

Pour Küng, le plus grave dans l’affaire est que le pape se soit arrogé en 1870 le pouvoir de définir de manière infaillible une doctrine concernant la foi ou la morale. Il publia d’ailleurs un siècle plus tard, en 1970, un petit livre intitulé Infaillible? Une interpellation, brûlot qui lui valut, selon l’interprétation qu’il en donnait lui-même, cette mise à l’écart prononcée plus tard par Jean Paul II. Le dogme de l’infaillibilité pontificale a pu être comparé à une arme de dissuasion nucléaire: mieux vaut l’avoir à sa disposition, mais ne jamais l’utiliser – depuis cent cinquante ans, un seul pape, Pie XII, y a eu recours; aucun n’a jamais revendiqué l’infaillibilité en matière de morale, fût-ce pour interdire la contraception, l’avortement ou l’euthanasie.

Un débat loin d’être clos

Rien n’interdit de penser que, dans l’intimité de son oratoire, tout pontife reconnaît in petto que cette infaillibilité est plus empoisonnante qu’autre chose… et que Küng a donc raison sur le fond. Mais comment une institution pourrait-elle reconnaître qu’elle s’est trompée le jour où elle a déclaré qu’elle ne pouvait pas se tromper? Le débat n’est pas près d’être clos.
Laissons le dernier mot à Hans Küng le rebelle qui, même établi en Allemagne, n’oublia jamais ses racines helvétiques: «Comme vous le savez, je viens du pays de Guillaume Tell, et nous n’avons pas grandi dans un régime de servitude. Quand un paysan suisse donne la main à un conseiller fédéral – l’un des sept membres de notre gouvernement – il va redresser la tête et surtout ne pas faire de courbettes. Eh bien, nous, nous avons l’habitude de parler directement. Pourquoi faudrait-il se mettre à plat ventre? Une posture droite, c’est aussi ce qui sied à un théologien.» Comme on le disait quand la messe était encore en latin: Sursum corda!
________________________________________
* Professeur d’histoire du christianisme à la Faculté de théologie de l’Université de Genève.
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MessageSujet: Re: Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans   Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans Icon_minitimeSam 10 Avr 2021, 23:29

Requiescat in pace.

Je n'ai quasiment rien lu de Küng, hormis quelques extraits -- je ne savais même pas, ou j'avais oublié, qu'il était suisse ! A l'époque où je lisais beaucoup de théologie, j'étais un peu rebuté par son côté (relativement) "médiatique", et je ne me sentais pas concerné par le débat intra-catholique où il s'illustrait le plus (c'était justement l'aspect le plus médiatique, et sans doute aussi le plus superficiel de son oeuvre). Cela dit je trouvais le personnage et ses prises de position fort sympathiques, mais la "grande histoire" (de la grande Eglise) n'avait visiblement pas les mêmes goûts...
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MessageSujet: Re: Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans   Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans Icon_minitimeDim 11 Avr 2021, 10:41

Citation :
La Suisse du siècle dernier aura donné au monde pas moins de trois immenses théologiens: Karl Barth (1886-1968), Hans Urs von Balthasar (1905-1988) et Hans Küng (1928-6 avril 2021).

J'ai découvert avec surprise que la Suisse a "offert" trois immenses théologiens. Apparemment les étudiants Suisse suivent plus facilement des études théologiques qu'en France ou cela restent une curiosité.
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MessageSujet: Re: Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans   Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans Icon_minitimeDim 11 Avr 2021, 12:03

Vu l'histoire du protestantisme en Suisse germanophone et francophone depuis le XVIe siècle (Zwingli, Bullinger, Farel, Viret avant Calvin), qui a stimulé presque autant le catholicisme et sa "Contre-Réforme", il n'est peut-être pas si étonnant que la théologie y soit prise un peu plus au sérieux qu'ailleurs -- et qu'elle soit aussi plus "populaire", dans la mesure où la "religion" y dépend depuis longtemps de démocraties municipales et cantonales plutôt que de la décision des princes, comme en Allemagne, ou du roi comme en France. Chez nous la "religion d'Etat" catholique, l'alliance du trône et de l'autel, en passant par les guerres de religion, a basculé en laïcité anticléricale, sans que la théologie accède jamais à un rang d'"intérêt public".
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MessageSujet: Re: Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans   Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans Icon_minitimeDim 11 Avr 2021, 16:41

Avant de rencontrer les Témoins de Jéhovah je fréquentais les bancs de l'Eglise catholique et je me rappelle combien, les jeunes que nous étions alors, avaient l'œil rivé sur ce que faisait Hans Küng qui bousculait du moins à nos yeux cette vieille institution. Ce qui nous plaisait c'était la gêne qui retenait les prêtres jeunes et moins jeunes de nous parler de ce théologien. Heureusement les journaux en faisait mention, particulièrement à Genève ou le protestantisme était encore la religion principale.
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MessageSujet: Re: Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans   Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans Icon_minitimeDim 11 Avr 2021, 17:50

On peut dire, écrire et penser beaucoup de choses dans l'Eglise catholique du moment que ça reste entre "clercs", par quoi je n'entends pas seulement le "clergé" mais aussi et surtout le cadre académique, universitaire, "savant". Dès qu'on commence à se faire entendre et comprendre du "grand public", et surtout à l'intéresser au point que les "médias" s'en mêlent, la hiérarchie se crispe, et les antinomies se durcissent: comme on le dit souvent, si Luther s'était contenté d'écrire en latin, il n'aurait jamais été condamné et il n'y aurait jamais eu de "réforme"... Mais d'un autre côté celui qui accède au rôle de "contestataire" (relativement) populaire s'y retrouve piégé, parce qu'il lui faut rester sur ce terrain polémique, ne serait-ce que pour répondre aux critiques de ses critiques: ce n'est pas le lieu de l'approfondissement ni de la nuance, quand même on en éprouverait le besoin. D'autant que malgré les analogies l'histoire ne se répète pas: on pouvait rêver de réformer l'Eglise quand il n'y en avait qu'une (du moins en Occident), mais quand de fait il y en a plusieurs et toutes de plus en plus minoritaires, qu'il est si facile et banal d'en sortir ou d'en changer, ça perd beaucoup de ses enjeux et de son intérêt...
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MessageSujet: Re: Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans   Hans Küng est décédé cette semaine à l'âge de 93 ans Icon_minitime

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