Le Bouddhisme occidental

Je voudrais rebondir  sur une partie d’un message de Narkisoss sur le fil… Jésus holographe

Narkissos a écrit:

Le Bouddha me semble bien comparable, quant au résultat, même s'il y est arrivé à une autre époque, sous d'autres cieux, dans une autre culture et par des chemins différents: quoi qu'en pensent les spécialistes, de l'intérieur ou de l'extérieur, la religion populaire l'a bien accueilli comme un dieu, voire comme le seul ou le principal, et c'est en passant par le culte du dieu qu'une élite d'initiés accède à la sagesse du maître -- je ne parle pas du bouddhisme occidental et moderne, qui tend à faire l'économie du culte (time is money) pour arriver directement à la sagesse.

Ce qu’il déclare à propos du Bouddhisme occidental peut surprendre mais est en partie exact. L’aspect religieux, cultuel n’est pas pratiqué par tous ceux s’intéressant de près au Bouddhisme, des médecins ont  enseigné la méditation pleine conscience à l’image de Jon Kabaat Zin.

C’est dépouiller l’enseignement de Bouddha de sa pratique religieuse certes différente de nos pratiques religieuses habituelles. La pleine conscience se centre sur la personne sans rechercher le bien-être de tous les êtres vivants par le biais de la bienveillance et de la compassion.

Dans tous les pays traversés par les moines bouddhistes, l’enseignement de Bouddha a été présenté et expliqué sans chasser les cultes ancestraux existants. Les nouveaux pratiquants ont donc conservé, en partie, leurs habitudes religieuses tout en suivant le nouvel enseignement. Cela explique les diverses facettes du bouddhisme que nous connaissons de nos jours : Chan en Chine, Zen Soto au Japon, Theravada en Inde, au Sri Lanka, en Birmanie, au Laos etc…

Comme en occident la religion perd du terrain, particulièrement en Europe, il n’y a presque plus de racines religieuses mais une recherche de spiritualité à la carte. C’est donc sur un terrain presque vide que le Bouddhisme arrive.

Le Bouddhisme le plus connu est celui qui vient du Thibet sans doute à cause de son histoire compliquée mêlant religion et politique. De nombreuses personnes ayant pris fait et cause pour le Dalaï-lama et son peuple. Que restera-t-il après le décès de ce religieux ? Pui le Zen s’est taillé une large part du marché avec l’arrivée de « grands maîtres » japonais venus porter l’enseignement de Bouddha.

De nombreuses pratiques peuvent paraitre exotiques, il convient donc de faire l’effort de se renseigner sur leurs significations avant de les copier sans en comprendre le sens. Bouddha n’a pas présenter une liste de dogmes, mais c’est contenter de dénoncer les raisons de la souffrance que chaque être humain peut ressentir.

Demeurer dans le respect et l’observation des pratiques religieuses suivies par les pratiquants venus d’Asie est sans doute la meilleure manière de prouver combien nous apprécions cet enseignement et sommes prêts à manifester de la bienveillance et de la compassion envers tous les êtres humains, nous y compris.

Merci de ces précisions...

Au christianisme même, l'"Occident" (catholique puis aussi protestant) a donné un tour sensiblement différent de l'"Orient" (orthodoxe, apostolique, etc.): ce qui ici est devenu avant tout un objet de discours, de discussion, d'explication, de question et de réponse, de parole, de message et de sens -- au moins depuis les Universités du moyen-âge -- reste là essentiellement rituel, liturgique, objet d'une parole plutôt poétique (chantée, psalmodiée) que prosaïque. Ce qui n'a d'ailleurs pas empêché le christianisme occidental de se différencier aussi "verticalement", si je puis dire, entre une théologie savante et une religion populaire (de Lourdes ou Fatima côté catholique aux divers piétismes ou pentecôtismes côté protestant) -- avec une certaine "condescendance", un certain mépris déguisé en "respect", de la "pensée" pour le culte populaire, qui de son côté a souvent l'avantage de la vitalité.

Avec le relookage de la "méditation" (bouddhiste ou plus largement orientale) en technique (para-)médicale ou psychologique, il me semble qu'on fait encore un pas de plus, en se débarrassant aussi bien de la "pensée" (doctrine de sagesse impliquant une certaine conception de "soi" et du "monde" ou de la "réalité") que de la "religion". Reste justement la technique, l'instrument ou le moyen d'une certaine fin (qui pourrait bien instrumentaliser aussi la compassion universelle pourvu que ça nous fasse du bien).