Suppression du rapport des heures de prédication

Ma fille qui fréquente encore les témoins m’a informé qu’il avait été annoncé qu’à partir du 1er novembre il n’y aurait plus d’obligation pour les proclamateurs de rapporter le nombre d’heures passées dans le service du champ ainsi que les publications laissées, selon une décision prise lors de la dernière réunion annuelle (octobre 2023) de la Société Watch Tower. Ne seront rapportées que les études.

Les missionnaires, les pionniers spéciaux, ordinaires, auxiliaires et les itinérants ainsi que leur épouses continueront de rapporter leurs heures prédications.

D'après ce que je vois ici, ça daterait d'hier...

C'est un détail assez dérisoire, mais ça faisait partie de la routine jéhoviste depuis si longtemps que certains en seront sans doute bouleversés -- même si le Covid (long !) a déjà changé les habitudes il y a peu, et que la "prédication" consiste aujourd'hui le plus souvent à papoter entre soi devant un présentoir.

Pour rester dans l'anecdotique, ça m'a rappelé cette histoire (authentique) d'une jeune femme qui, en entendant à une des premières réunions à laquelle elle assistait avec son mari, au début des années 1970, "c'est la fin du mois, pensez à vos rapports", s'était imaginé que les couples TdJ avaient des dates prescrites (et mensuelles) pour leurs "rapports" (sexuels)...

Plus sérieusement, comme le suggère le lien ci-dessus, cela s'inscrit certainement dans la logique juridique que suit la Watch depuis des décennies, en s'efforçant d'effacer autant que possible toute trace d'organisation centralisée à l'échelle mondiale (ce qui dans son cas n'est pas une mince affaire), pour donner l'illusion d'une "religion" autonome, voire spontanée, qui s'auto-organise par le truchement d'associations qu'elle contrôle plutôt que le contraire. De sorte que les Sociétés américaines, sur le papier, ne sont plus responsables de rien de ce qui se passe dans leurs "filiales" (les appelle-t-on seulement encore ainsi ?) ni dans les "congrégations" (ou "assemblées"), a fortiori le "Collège central" qui n'a pas d'existence juridique. Curieusement l'Eglise catholique, qui fait face à des problèmes judiciaires bien plus graves autour des "abus sexuels", n'éprouve pas le besoin de dissimuler sa hiérarchie réelle (et supranationale) derrière des paravents associatifs -- mais c'est peut-être un privilège de l'ancienneté...

Rapportons notre activité avec exactitude

1 Bientôt paraîtra le nouvel Annuaire, qui contiendra le rapport mondial pour l’année de service 1988. Nous sommes impatients de le recevoir, afin de connaître les derniers progrès de l’œuvre internationale de prédication (És. 60:22). Puisque tous les proclamateurs contribuent à ce rapport annuel, que pouvons-​nous faire personnellement pour qu’il soit exact?

2 Matthieu 24:14 nous apprend que nous sommes chargés de prêcher durant les derniers jours de ce système de choses. Nous pouvons démontrer notre respect pour les dispositions prises par Jéhovah en matière d’organisation ainsi que notre reconnaissance pour le rôle, certes minime, que nous jouons dans l’activité de prédication en rapportant consciencieusement notre activité de prédication à la fin de chaque mois. Remplissez-​vous avec exactitude votre rapport de service et le remettez-​vous régulièrement?

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/201988328?q=rapport+pr%C3%A9dication&p=par


“C’est tout ce que j’ai fait?”

1 Vous est-​il arrivé de faire cette remarque en voyant votre rapport d’activité du mois précédent? Après examen de la question, vous vous êtes rendu compte que vous n’aviez pas fait un rapport exact de votre activité. Le serviteur adjoint a cependant transcrit fidèlement sur votre fiche tout ce que vous aviez rapporté, mais votre réaction a été la suivante: “Je suis persuadé que j’ai passé plus de temps dans le service.”

2 Comment faire pour remettre des rapports plus exacts? Tout d’abord, il faut bien comprendre que nous appartenons à une organisation et que si chacun de nous fait un rapport précis de ses activités, cela permettra d’établir un relevé complet de l’activité déployée par la congrégation. Ce relevé sera une source d’encouragement pour tous, et indiquera quels sont ceux qui ont besoin d’aide sur le plan spirituel. En outre, il fournira une vue d’ensemble sur le travail de prédication accompli. — Actes 2:41; 4:4; 8:14.

3 La régularité dans la remise des rapports est également importante. Il y a des proclamateurs qui attendent la fin du mois pour essayer de se souvenir de ce qu’ils ont fait. Il est préférable de remettre un rapport chaque semaine. Avez-​vous un endroit où inscrire votre activité dès que vous revenez de prédication? Certains utilisent un calendrier ou un agenda, d’autres les marges de l’Annuaire: d’autres encore ont trouvé qu’il était mieux de se servir d’une fiche de rapport. Ils la gardent dans leur recueil de cantiques ou dans leur Bible, si bien qu’après avoir écrit leur nom et rapporté leur activité, il ne leur reste qu’à déposer leur rapport dans la boîte prévue à cet effet, lors de la prochaine réunion. En fait, de nombreux proclamateurs remettent leur rapport en arrivant à la Salle du Royaume ou dès la fin de la réunion, pour ne pas l’oublier.

4 Certains serviteurs à l’étude de livre ont beaucoup aidé ceux d’entre nous qui oubliaient de rendre un rapport complet de leur activité. Ils s’arrangent pour mettre des fiches de rapport à la disposition de tous ceux qui en ont besoin, au rendez-vous de service. Puis, à la Salle du Royaume, ils rappellent à chacun par une petite note de remettre leur rapport. Un rapport exact est très important et nous sommes persuadés que vous coopérerez dans ce domaine. C’est la raison pour laquelle nous vous avons offert ces quelques suggestions.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/201971125?q=rapport+pr%C3%A9dication&p=par

Il y a certainement de la part de l'organisation l'envie de taire une diminution du nombre d'heures passées dans le service du champ. Si le proclamateur n'a plus qu'à cocher une case, comme cela a été indiqué lors de la réunion,  pour indiquer qu'il a été actif durant le mois dans une activité qui n'est pas précisée cela déboucherait sur une augmentation du nombre de proclamateurs actifs. Il suffirait que le proclamateur parle brièvement ou salue aimablement un voisin pour que le tour soit joué.

Combien de proclamateurs vont-ils continuer de précher sérieusement ?

Je n'ai pas connu les "dispositions" de 1971 (seconde citation de free), elles ont dû être révoquées dès l'année suivante avec tout le système des "serviteurs" redevenus "anciens" (en passant par "aînés" en français) et "surveillants"...

Et je n'avais pas compris (merci chapelier) qu'il fallait toujours "cocher une case" quelque part (tout cela doit être informatisé désormais) pour se signaler comme "actif". En effet, à ce tarif on peut gagner en "proclamateurs" ce qu'on perdra en "heures"...

Rutherford avait tout fait pour transformer une "religion" en entreprise multinationale et ses "fidèles" en employés, notamment sous l'espèce du représentant de commerce (le "colporteur" au phonographe comme celui des Temps modernes de Chaplin). Il n'en reste plus grand-chose, mais il n'y a plus grand-monde pour s'en plaindre: ceux qui se pensent toujours "militants" peuvent continuer à militer autant qu'ils veulent, ceux qui sont plutôt rebutés par cette "activité" s'en dispenser. Ne seront peut-être déçus que ceux qui aiment surtout contrôler la vie des autres, catégorie non négligeable cependant dans ce petit monde.

Pour les curieux, il y a déjà 11 pages de commentaires (en 2 jours) sur JWD (et encore, ce n'est qu'un fil parmi d'autres).

Le bon point de vue sur nos œuvres

11 Si les mobiles sont de la plus haute importance pour obtenir l’approbation de Jéhovah, dans quelle mesure devrions-​nous nous soucier de nos œuvres de foi ? Du moment que nous accomplissons notre ministère avec la bonne motivation, est-​il vraiment nécessaire de noter ce que nous accomplissons ? Ces questions sont logiques, car nous ne voulons pas donner plus d’importance aux chiffres qu’aux actes de foi, ni avoir pour souci principal dans notre activité chrétienne le rapport que nous en faisons.

12 Voyez ce que déclare le livre Organisés pour faire la volonté de Jéhovah : “ Les premiers disciples de Jésus Christ attachaient de l’importance aux rapports sur les progrès de la prédication (Marc 6:30). Ainsi, le livre biblique des Actes nous informe que, lorsque l’esprit saint a été répandu sur les disciples à la Pentecôte, il y avait environ 120 personnes. Bientôt, leur nombre s’est élevé à 3 000, puis à 5 000. [...] (Actes 1:15 ; 2:5-11, 41, 47 ; 4:4 ; 6:7.) Nul doute que ces nouvelles relatives à l’accroissement ont dû stimuler les disciples. ” C’est pour la même raison qu’aujourd’hui les Témoins de Jéhovah s’efforcent de tenir un rapport précis de ce qui est fait dans le monde entier en accomplissement de cette prophétie de Jésus : “ Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans toute la terre habitée, en témoignage pour toutes les nations ; et alors viendra la fin. ” (Matthieu 24:14). De tels rapports donnent une image exacte de ce qui est réalisé au plan mondial. Ils indiquent où l’on a besoin d’aide, quel genre — et quelle quantité — de publications sont nécessaires pour que l’œuvre de prédication se développe.

13 Ainsi, si nous rapportons notre activité de prédication, cela nous permet d’accomplir plus efficacement notre mission, la proclamation de la bonne nouvelle du Royaume. En outre, n’est-​il pas encourageant d’apprendre ce que font nos frères dans d’autres parties du globe ? Les nouvelles mondiales d’accroissement et d’expansion nous remplissent de joie, nous poussent à redoubler d’efforts et nous assurent de la bénédiction de Jéhovah. De plus, ne sommes-​nous pas heureux de savoir que l’activité que nous rapportons est comprise dans le rapport mondial ? Elle est certes minime par rapport au chiffre total, mais elle ne reste pas inaperçue de Jéhovah (Marc 12:42, 43). N’oubliez pas que, si vous ne rapportiez pas votre activité, le rapport mondial serait incomplet.

14 Bien sûr, lorsqu’un Témoin rapporte son activité, il ne rapporte en réalité qu’une petite partie de ce qu’il fait pour s’acquitter de ses responsabilités de serviteur de Dieu. Par exemple, il ne mentionne pas son étude individuelle et régulière de la Bible, son assistance et sa participation aux réunions chrétiennes, les tâches qu’il effectue dans la congrégation, l’aide qu’il apporte à ses compagnons qui en ont besoin, son soutien financier à l’œuvre mondiale du Royaume, etc. Dès lors, si rapporter notre activité de prédication nous aide à rester zélés dans cette œuvre et à ne pas nous relâcher, nous devons toutefois garder un point de vue équilibré. Nous ne devons pas considérer l’activité que nous rapportons comme un permis spirituel, une sorte de passeport qui nous donnerait accès à la vie éternelle.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2005404?q=rapport+pr%C3%A9dication&p=par

L'idée générale de cette article est séduisante mais malheureusement ne reflète pas la réalité des pratiques dans les "assemblées" des TdJ, lors des réunions d'anciens pour faire des recommandations à des responsabilités, le premier réflexion consistait à consulter le rapport d'activité du proclamateur t si le nombre d'heures passées en prédication était bas, nous passions à un autre cas. Il y a quand même, le culte de la performance et du chiffre.

Doublon supprimé (aussi).

Cet article date de 2005; or, à ce que je crois comprendre, c'est en 2008 qu'est apparu "jw.org" et que la Watch a commencé à basculer du "réel" au "virtuel", avec de moins en moins de publications imprimées et "placées", et de plus en plus de clics (comptés directement par le site) au fil des années... Le seul intérêt qui restait du rapport mensuel était précisément, pour les "anciens", le "flicage individuel" des "proclamateurs", et pour les ambitieux parmi ces derniers, la possibilité de se faire bien voir (qui demeure avec les titres de "pionniers", surtout auxiliaires et permanents qui ne coûtent rien).

Citation :

Doublon supprimé (aussi).

J'ai un problème de connexion qui provoque ces doublons que j'ai des difficultés à supprimer ... Désolé.

Pas de problème (pour moi, et pour le moment, car j'ai aussi souvent des problèmes de connexion !): je disais "aussi" par référence à la "suppression du rapport".

A te lire, je me disais encore qu'avec le vieillissement des TdJ qui dépasse de beaucoup celui de la population générale, s'il n'y a quasiment plus de "convertis" de l'extérieur et que les jeunes générations sont en grande partie "perdues" pour l'organisation, il doit y avoir pléthore d'"anciens" au double sens du terme et plus guère de concurrence  parmi les "jeunes" pour le devenir...

Ici à Genève les proclamateurs ne peuvent pas rester plus de 20 minutes au même endroit avec un présentoir. Ils doivent donc se déplacer souvent et on peut imaginer que la position statique debout ne convient pas/plus aux genoux des plus âgé/es. De nombreux immeubles ont les portes fermées et une boîte avec un code numérique à la porte principale sans référence aux noms des habitants ce qui rend la prédication de porte en porte très compliquée voire impossible.

De mon temps (1972-86), en France, il n'y avait pas d'activité de rue de type présentoir, non que ce fût interdit mais par prudence du Comité de filiale: La Tour de Garde avait été interdite de De Gaulle à Giscard, à cause de la question du service militaire qui était devenue sensible pendant la guerre d'Algérie; au début des années 1970 elle était encore traduite sous forme d'un "Bulletin intérieur" qui, comme son nom l'indique, n'était pas diffusé; mais même après sa ré-autorisation le Comité de filiale a longtemps préféré rester discret. Je ne sais pas à quelle date ils s'y sont (re-)mis mais probablement pas avant les années 1990. Par contre dans les années 1980 les immeubles étaient déjà d'accès difficile dans les grandes villes.

A présent je vois souvent les TdJ à deux avec leur présentoir, toujours les mêmes, peut-être une dizaine en tout à tour de rôle dans le même quartier, jeunes et vieux, discutant entre eux mais rarement avec qui que ce soit d'autre. Presque jamais en "porte à porte". Mais ceux que je vois régulièrement y passent manifestement pas mal de temps, ils sont peut-être pionniers. En tout cas je suis plutôt étonné que ça puisse encore mobiliser autant, y compris des gens relativement jeunes même s'ils ne sont pas très nombreux...

13 Nos sacrifices de louange sont des offrandes personnelles que nous faisons volontairement à Dieu parce que nous l’aimons (Mat. 22:37, 38). Pourtant, il nous est demandé de rapporter notre activité de prédication. Alors, comment devrions-​nous considérer cette disposition ? Le rapport que nous remettons chaque mois est lié à notre attachement à Dieu (2 Pierre 1:7). Bien sûr, personne ne devrait se sentir obligé de consacrer beaucoup d’heures au ministère juste pour inscrire de gros chiffres sur son rapport. C’est précisément pour cela qu’un prédicateur du Royaume en maison de retraite, ou immobilisé pour une raison ou une autre, peut rapporter des quarts d’heure plutôt que des heures. Pour Jéhovah, ces minutes représentent le meilleur de ce que ce prédicateur peut lui offrir et l’expression de son amour pour lui et de la valeur qu’il attache au grand honneur d’être son Témoin. À l’image de l’Israélite qui n’avait pas les moyens d’offrir des sacrifices coûteux, le précieux serviteur de Jéhovah souffrant de certaines limites peut malgré tout remettre un rapport. De plus, chaque rapport vient grossir le rapport mondial, qui permet à l’organisation de Jéhovah de répondre aux besoins liés à la prédication du Royaume. Alors, que chacun rapporte sa participation à la prédication, est-​ce vraiment trop demander ?

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2014844?q=rapport+heures&p=par


10 Il y a trois ans, un témoin de Jéhovah exerçant le ministère de pionnier spécial, tomba malade vers la fin du mois. Il lui manquait trente heures de service pour toucher son allocation, dont il avait particulièrement besoin. Cédant à la malhonnêteté, il ajouta les trente heures à son rapport, dans l’espoir de les faire le mois suivant. Mais d’autres difficultés survinrent qui l’empêchèrent de récupérer ces heures. Il constata que Jéhovah ne bénissait plus sa prédication dans le champ. Aussi pria-​t-​il Jéhovah pour confesser sa faute. En même temps, il écrivit à la Société pour lui demander pardon et lui proposer de faire réparation de son tort. Le bureau de la Société fit preuve de miséricorde en lui permettant de garder l’allocation,   à condition toutefois que le pionnier rattrapât ses trente heures durant ses vacances l’été suivant. Par cette prière confessant son péché, ce ministre soulagea sa conscience tourmentée et rétablit ses bons rapports avec Jéhovah et son peuple.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1964684?q=rapport+heures&p=par

La WOL (Watchtower Online Library) est décidément une arme d'auto-dérision massive...

Au passage, la Watch a bien fait d'abandonner le "français (entre autres) facile" qui faisait paraître ses textes encore plus bêtes qu'ils n'étaient (ce qui constituait déjà un exploit).

Le rapprochement des textes à près de 50 ans d'écart (1965-2014) est en effet saisissant; mais si l'on avait dit aux TdJ de 1965 qu'ils (ou leurs successeurs) seraient encore à "prêcher" et à remettre des "rapports" (de quarts d'heure ou sans durée) dans ce monde-ci au XXIe siècle (déjà bien entamé), ils n'auraient pas aimé...

Cela me rappelle encore une anecdote: automne 1972, facile à situer pour moi, j'avais tout juste 13 ans, je m'étais "converti" littéralement du jour au lendemain (une nuit à éplucher Assurez-vous de toutes choses) pendant l'été, je n'étais pas encore "baptisé" mais déjà "proclamateur", et au lycée (j'étais en 3e, les collèges et lycées n'étaient pas encore séparés) je me considérais en "prédication permanente". Ce qui veut dire que je "prêchais" chaque fois que j'en avais l'occasion, à mes camarades autant qu'ils le supportaient, ou dans mes rédactions de français par exemple (la "laïcité" éducnationale était alors moins sourcilleuse), et que je remettais des "rapports" homériques, honnêtes dans un sens, mais dans un autre sans commune mesure avec le temps que j'avais pu passer à communiquer effectivement quoi que ce soit à qui que ce soit. Ce que j'ai fait en toute bonne conscience jusqu'à ce que me saisisse la mauvaise conscience d'avoir menti, avec sa cohorte d'angoisse superstitieuse et de malédiction irrémédiable, façon Ananias et Sapphira... Ce fut ma première "culpabilité" jéhoviste, pas la dernière hélas. J'ai appris beaucoup plus tard, à l'école des pionniers, toutes les astuces de ces derniers pour maximiser le temps compté, commencer et finir près de chez soi pour inclure les temps de voyage, marcher lentement (c'était devenu caricatural dans les années 1980, on reconnaissait les TdJ dans la rue rien qu'à la lenteur de leur marche), etc. Misère sans grandeur...

Narkissos a écrit:

Ce fut ma première "culpabilité" jéhoviste, pas la dernière hélas. J'ai appris beaucoup plus tard, à l'école des pionniers, toutes les astuces de ces derniers pour maximiser le temps compté, commencer et finir près de chez soi pour inclure les temps de voyage, marcher lentement (c'était devenu caricatural dans les années 1980, on reconnaissait les TdJ dans la rue rien qu'à la lenteur de leur marche), etc. Misère sans grandeur...

A propos du rythme de marche des TdJ lorsqu'ils qu'elles sont par deux en "tournée" je remarque toujours leur marche de sénateur, sans doute que le temps ne se fait pas si court qu'on l'entend ou que l'on peut le lire dans les publications des TdJ

Cela prouve au moins que chez toi il y a encore des "tournées", si lentes soient-elles -- moi je ne vois plus que des TdJ "statiques".

J'avais assisté à l'une des toutes premières "écoles des pionniers", vers la fin des années 1970, et je me souviens d'une consigne de "ne pas courir", qui m'avait frappé parce que j'avais justement tendance à "courir" -- j'étais encore très jeune. Mais la lenteur caricaturale s'est répandue (des "pionniers" à tout le monde) beaucoup plus tard, je l'ai découverte en ressortant du Béthel fin 1985 et elle m'a paru plutôt comique.

Soit dit en passant j'avais gardé d'excellents souvenirs de cette "école des pionniers", animée en grande partie par un "surveillant de circonscription" que je ne connaissais pas, J.Cl. Laurent (qui avait, m'a-t-on dit, passé pas mal d'années dans les geôles françaises du temps de la guerre d'Algérie). J'ai retenu en particulier l'un de ses conseils, faire passer la lecture de la Bible avant tout le reste (car, disait-il, le reste vous êtes obligés de le faire, si vous ne prenez pas le temps de lire la Bible vous ne la lirez jamais). Je ne sais pas si ça m'a réussi ou pas, mais en tout cas ça m'a marqué. Du reste, ces premières sessions de l'"école" et le tout nouveau manuel qui y était utilisé (Brillez comme des foyers de lumière dans le monde, si je me souviens bien) reflétaient l'"ouverture" relative de la Watch pendant la seconde moitié des années 1970, avant les purges (Raymond Franz et alii).

(12 min.) Discussion avec l’auditoire de la partie “Rapport sur notre activité” (“Organisation” pp. 125, 126). Quand devons-​nous remettre notre rapport? Que faut-​il rapporter sous la rubrique “Heures de service”? (Par exemple, le témoignage rendu occasionnellement sur le lieu de travail durant la pause, aux amis, aux voisins, etc. La raison de prendre note de cette activité n’est pas de recevoir des louanges, mais tout simplement parce que la Société apprécie de recevoir un rapport complet.) Que faut-​il indiquer sous la rubrique “Nouvelles visites”? (Rappelez qu’il peut s’agir d’une lettre pour rendre témoignage, d’une conversation téléphonique pour rendre témoignage ou pour prendre rendez-vous en vue de conduire une étude ou de conduire des personnes bien disposées à une des réunions de la congrégation ou encore de prendre part à l’activité dans la diffusion du périodique, etc.) Quels périodiques distribués faut-​il rapporter? (En plus des périodiques placés dans l’activité de maison en maison, encouragez les proclamateurs à rapporter les périodiques anciens remis gratuitement, peut-être ceux qu’on a glissés sous la porte des personnes absentes. On remarque que certains proclamateurs pensent qu’il ne faut pas compter le placement de ces périodiques, toutefois, il serait bien qu’ils le fassent afin que le rapport soit le reflet exact de l’activité.) Comment et quand faut-​il faire un rapport sur une étude biblique?

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/201972382?q=rapport+heures&p=par

Il n'y aura plus d'articles pour expliquer comment et pourquoi remplir un rapport ...

Cela (1972) me rappelle des souvenirs, de ces "périodiques anciens" (il ne fallait pas dire "périmés") qu'on fourguait par dizaines dans les boîtes aux lettres ou sous les portes des absents, tout contents de faire du chiffre facile... je me souviens d'une vieille dame dans une ferme perdue, à qui j'avais demandé si elle avait lu ce qu'on avait laissé chez elle la dernière fois, et qui m'avait répliqué: "Le feu l'a mieux lu que moi !" La Watch à l'époque ne lésinait pas sur le papier, la transition informatique aura au moins été écologique sous ce rapport.

Proclamateurs du Royaume

La méthode de comptage des proclamateurs a changé plusieurs fois au cours des années 20 et au début des années 30. Les congrégations envoyaient à la Société un rapport hebdomadaire, et non mensuel. (Ce dernier n’est entré en usage qu’en octobre 1932.) Pour être compté comme “ouvrier d’ecclésia” (proclamateur), il fallait, selon le “Bulletin” du 1er janvier 1929, consacrer au moins 3 heures par semaine (ou 12 par mois) à la prédication. Les proclamateurs isolés devaient y consacrer au moins deux heures par semaine.

Heures

On n’a commencé à compter le temps d’activité chrétienne qu’à la fin des années 20. La méthode de décompte des heures a changé plusieurs fois. Au début des années 30, on ne comptait que le temps passé à donner le témoignage de maison en maison, mais pas celui des nouvelles visites. Le rapport ci-contre est certes impressionnant, mais il ne donne qu’une idée approximative de la grande quantité de temps que les Témoins de Jéhovah accordent à la prédication du Royaume.

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101993045?q=rapport+mensuel+heures&p=par

Selon un ami TdJ, les proclamateurs ont accueilli avec joie la suppression des rapports d'activité, ils ont reconnu la "sagesse" de l'organisation ... Quoi que fasse la Watch, qu'elle institue le rapport d'activité (depuis 1932, quand même) ou qu'elle le supprime, le TdJ trouvera chacune de ces décisions perspicaces.

Si j'en juge par ta citation précédente de 1971 (supra 9.10.2023), la périodicité (hebdomadaire ou mensuelle) des rapports, au moins au niveau des "congrégations", a encore varié beaucoup plus tard...

Au-delà de ce détail, la Watchtower qui s'est efforcée, de Rutherford à Knorr, de se distinguer des "religions" en se conformant au modèle (américain) de l'"entreprise" (multinationale), s'efforce aujourd'hui de parcourir le même chemin en sens inverse... Le problème c'est qu'entre-temps elle a attiré, et formé, des "profils" de cadres et d'employés (plus ou moins "modèles") plutôt que des "religieux" (spirituels, pieux, mystiques, etc.), et que la conversion d'un modèle à l'autre prend du temps, c'est une affaire de générations... Il a fallu au moins trente ans pour transformer le public essentiellement piétiste de Russell en "petits soldats" de la Watch, il en faudrait au moins autant pour transformer les "petits soldats" de la Watch en fidèles ordinaires d'une religion comme une autre -- au moins, car dans ce sens-là la transformation est nettement moins mobilisatrice...

L'ironie c'est que c'est à peu près la transformation qu'avaient tentée, après le fiasco de 1975, Raymond Franz et ses proches, transformation alors rejetée par une majorité d'adeptes qui voulaient continuer à jouer aux petits soldats comme si de rien n'était.

Je continue de "tomber" sur des prédicateurs avec leur présentoir (ils doivent changer de place toutes les 20 minutes) avec la même cadence qu'auparavant.