Vos conseils de lecture

Bonsoir tout le monde,

comme j'ai reçu des chèques cadoc, je me suis dis que j'allais en profiter pour lire des bouquins dont j'entends parler ici et là.

J'aimerais donc savoir ce que vous me conseillez de lire et pourquoi. Brièvement bien sûr, à moins que vous ayez envie de faire long. De toute façon il y en a qui vont vouloir faire court et qui n'y arriveront pas ! Suivez mon regard .

Je pense par exemple à Derrida , Deleuze, Hesse ( dont je n'ai rien lu pour aucun)j'en passe et des meilleurs.

Quel est l'apport de l'auteur pour la pensée et lequel de leur ouvrage vous me conseillez de lire en premier.


Voilà, j'espère que je ne suis pas trop exigeant.

Bonne nuit à tous

Bonjour Assad,
Je manque de temps tout de suite, mais j'y reviendrai (ainsi qu'au post de Sherlock sur l'autre fil).
De Derrida, je recommanderais pour commencer La pharmacie de Platon, que tu trouveras dans le recueil L'écriture et la différence (disponible en poche). Sans doute la meilleure introduction à la problématique très originale de cet auteur, autour d'une lecture de Platon.
Pour Deleuze, je n'ai lu pour le moment que ses ouvrages sur Nietzsche (Nietzsche et la philosophie) et sur Foucault (Foucault), mais vu le caractère très personnel de sa lecture, je conseillerais de lire d'abord Nietzsche (Ainsi parlait Zarathoustra, Généalogie de la morale, L'Antéchrist) et Foucault (L'archéologie du savoir, Histoire de la folie).
En ce qui concerne Hesse (avec qui on est plutôt en littérature qu'en philosophie, encore que...), j'ai lu d'abord Le loup des steppes, puis Narcisse et Goldmund, enfin Siddhartha (et tout ce qui m'est tombé sous la main par la suite), mais tous les parcours sont possibles.
Encore à la frontière, j'ai beaucoup aimé Camus (les romans, La peste, L'étranger, La chute, les nouvelles, Exil et royaume, L'envers et l'endroit, enfin les essais, Le mythe de Sisyphe, L'homme révolté); Simone Weil (Attente de Dieu, Lettre à un religieux, Intuitions préchrétiennes); dans un tout autre genre Borges (Le livre de sable, l'Aleph -- en espagnol c'est encore mieux).
Bon, je dois y aller, la suite plus tard. :)

Merci !
Trop génial ! Il y a vraiment de quoi s'ébaudir !!

Je sens que je vais être accroc du prochain épisode ...

Me revoilou,
Je ne sais pas pourquoi j'ai rangé Simone Weil là (par association avec Camus sans doute, je les trouve très proches malgré leur attitude opposée à l'égard du religieux): bref, sa "frontière" à elle ce serait plutôt "philosophie/religion" (et non "philosophie/littérature"), tu auras rectifié.
Sinon, pour sortir un peu du contemporain je crois que tu adorerais Maître Eckhart (mais d'une part je peux me tromper, d'autre part tu connais peut-être déjà).
En littérature, si par hasard tu n'as pas lu, il ne faut pas passer à côté de Dostoïevsky (L'idiot, Les frères Karamazov, Crime et châtiment...). C'est long mais vertigineux. Ou, en moins religieux mais tout aussi profond, Kafka (La métamorphose, Le procès surtout). Ou, en plus provincial (ou provençal?), Jean Giono qui a été parmi les premiers à me faire réfléchir (dans les "lumineux", Que ma joie demeure; dans les sombres, Un roi sans divertissement, Solitude de la pitié, etc.).
En théologie, Eberhard Jüngel Dieu, mystère du monde. L'une des choses les plus intelligentes que j'ai lues dans ce domaine.
Voilà pour commencer... mais si d'aventure tes chèques marchent pour les DVD, j'ai aussi toute une cinémathèque à ton service!
:lol!:

Hi!

J'ai entendu dire beaucoup de bien d'un essai que Deleuze a consacré à Bartleby et son "I would prefer not to", mais là, je conseille un livre que je n'ai pas encore lu...
Sinon, je te confirme, le "mythe de Sisyphe", ça m'a beaucoup remué.
Moi, j'ai adoré ce que j'ai lu de Kundera ("L'insoutenable légèreté de l'être", "La plaisanterie", "La valse aux adieux", "Le rideau" excellent pour parfaire sa culture "romanesque" - j'ai moins aimé "La vie est ailleurs")
Sinon au-delà de ces "Références" avec un grand "R" que Didier nous a données (Dostoïevski, c'est tout de même "énorme" au littéral comme au figuré -mais chez les Russes, il y aussi "le Maitre et Marguerite", que j'ai déjà commencé trois fois...j'ai vraiment du mal avec les pavés, j'ai fait pareil avec Ulysse), j'ai beaucoup aimé certains livres moins moins...comment dire?... "grande littérature".
Je te livre quelques ouvrages qui m'ont beaucoup marqués, même si ce ne sont pas des "oeuvres majeures":"La vie devant soi" de "Romile Gajary", "Rue des boutiques obscures" de Modiano, "Mister Vertigo" et "Moon Palace" de Paul Auster (surtout le premier), "Les heures" de Michael Cunningham, et puis aussi un drôle de livre (dont je suis incapable de dire si c'est un bon ou un mauvais bouquin): les fameuses "particules élémentaires" de Houellebecq qui ont fait beaucoup parlé d'elles il y a une dizaine d'années, mais que je n'ai lu que très récemment (du pornographique toutes les trois pages, c'est un peu fatiguant, mais il y quelque chose de très fort malgré ça dans le récit).

Euh...sinon, méfie toi quand même des DVD que Didier pourait te conseiller, parce que Bergman ou Tarkovski, il faut vraiment pas regarder ça un soir où tu es un peu fatigué...
(ouais! je sais: "Brazil" t'a gonflé!)

Et toi, qu'est-ce qui t'a emballé dans ce que tu as lu?

Par-delà les chèques d'Assad, c'est un bon fil...
De Kundera, La plaisanterie reste mon préféré, je crois. Il y avait là peut-être moins d'"art" que dans L'insoutenable légèreté de l'être, mais plus de fraîcheur et de vivacité (je trouve). Un joli film aussi de Jaromil Jires, pendant le Printemps de Prague...
Sinon, les "pavés", moi aussi j'ai tendance à les lâcher et à les reprendre -- ainsi Ulysses, auquel je reviens souvent (l'anglais est particulièrement difficile mais passionnant -- contrairement à d'autres livres de Joyce qui se lisent très facilement, p. ex. The Dead -- dont John Huston a tiré le très beau Dubliners); ou Proust, dont une page peut me ravir mais que je n'arrive pas à lire de bout en bout.
Mon goût pour les "classiques" (enfin, quelques-uns) vient sans doute du fait qu'à l'âge où tout le monde les lit je lisais La Tour de Garde... Entre 16 et 24 ans environ je n'ai pas lu autre chose que la Bible et les publications de la Watch. D'où sans doute une grande "soif" de ce côté-là à la sortie. Mais en fait je n'ai pas de "culture" au sens académique du terme, il y a des tas de "grands" auteurs que j'ignore, j'ai découvert au hasard des rencontres (ça a commencé au Béthel) et j'ai creusé ce que j'aimais, sans trop me soucier des lacunes (immenses).
En ce moment je revois les "petits" Bergman (hier soir, "Une passion", qui est une merveille). Mais contrairement à ce qu'insinue BB je ne me cantonne pas aux Nordiques torturés... :P Il y a souvent une profondeur extraordinaire chez des réalisateurs plus "légers" comme René Clair, Marcel Carné, Fellini, ou Lubitsch.

Ouah les mecs comme vous assurez grave !
Je ne pensais pas être aussi largement conseillé.
Oui, c'est un très bon fil par-delà les chèques, parce qu'avec tout ce qu'il y a comme conseil, je crois que le carnet complet sera loin de suffire !

Bon, euh Bertrand, comment te dire, ya pas grand chose qui m'a emballé dans ce que j'ai lu récemment, c'est pour ça que je demande. J'ai de grosses lacunes ....

Enfin, à part mes lectures au sujet du bouddhisme, l'art du Thé; l'art de la simplicité ( 2 lectures "taoïstes"), le Zen pour les nuls et quelques lectures sur le chamanisme, druidisme et autres découvertes qui n'emballeront personne, je te l'assure.


Pour les dvd, je suis preneur mais il faut un minimum de rythme ( plus que dans brazil ! ) ou de jouissance dans les dialogues ...

Bonjour à tou(te)s, bonjour Assad,
Je dirais bien qu'un rythme peut être lent, mais je sens que ça va pas le faire... :lol:
(J'ai revu récemment Au hasard Balthazar de Bresson, c'est un film extraordinaire mais je te le déconseille formellement!)
Vu ton penchant pour l'Extrême-Orient, peut-être qu'un retour progressif aux sources du cinéma japonais, de Kurosawa à Ozu en passant par Mizoguchi par exemple, serait un parcours supportable...
Sinon, si tu aimes le rythme, l'esprit (wit) et les dialogues, René Clair (La beauté du diable, Le silence est d'or, Les belles de nuit... ) et Ernst Lubitsch (To be or not to be, Design for living, The Shop around the Corner, Ninotchka -- VO impérative!)...
(Puisque tu entends l'espagnol, tu peux aussi aller faire un tour chez Buñuel -- Viridiana p. ex.): très spirituel dans son iconoclasme.
Tiens, si, encore quelque chose qui pourrait te plaire: Théorème, de Pasolini. Très surprenant, mais peut-être la transposition la plus réussie du mythe christique que je connaisse.

spermologos a écrit:

(Puisque tu entends l'espagnol, tu peux aussi aller faire un tour chez Buñuel -- Viridiana p. ex.): très spirituel dans son iconoclasme.
Tiens, si, encore quelque chose qui pourrait te plaire: Théorème, de Pasolini. Très surprenant, mais peut-être la transposition la plus réussie du mythe christique que je connaisse.

Je viens de regarder pour ces 2 là sur internet. Ca m'a l'air "religieusement" subversif à souhait !

Vraiment génial, m'en vais dégotter ça ...

Bonjour tout le monde,


je viens de faire "chauffer" le carnet de chèques cadoc.
Je vous fait la liste exhaustive de mes dernières acquisitions suite aux précieux conseils de de Didier est Bertrand.

Nietzsche : Ainsi parlait Zarathoustra
Jorge Luis Borges : Aleph
Franz Kafka : le procès, et métamorphose
Kundera : La plaisanterie
Jean Giono : le roi sans divertissement ( ma femme a quelque part "que ma joie demeure")

Et une idée qui me trottait depuis un moment ( en rapport avec la quête mystique) :

Chrétien de Troyes : Perceval ou le conte du Graal, et Lancelot ou le chevalier de la charrette.

Mais je ne sais pas par lequel commencer !!!!

En tout cas merci à tous les 2 et tant pis pour les autres qui ne m'ont pas conseillés, je n'aurai pas le plaisir ( pour le moment) de lire l'une de vos référence.

PS : je n'ai pas trouvé Derrida chez Cultura mais j'abandonne pas l'auteur, je compte le trouver rapidement.

Salut Assad,

Citation :

et tant pis pour les autres qui ne m'ont pas conseillés

"Païenne" l'a fait indirectement, en me remettant en tête Un roi sans divertissement lorsqu'elle en a posté un superbe extrait sur ce forum...
-- Cela dit pour que tu ne maudisses pas QUE BB et moi si le livre te tombe des mains! :lol!:

Je conseille sinon :

150 petites expériences de psychologie : Pour mieux comprendre nos semblables (Broché)
de Serge Ciccotti (Auteur)

http://www.amazon.fr/150-petites-expériences-psychologie-comprendre/dp/2100484583

Vous comprendrez pourquoi il est impossible de faire admettre à un croyant (en quoique ce soit) qu'il se trompe.

Alors, merci aussi à Païenne !
Cela dit, c'était juste un peu d'humour, même mes éventuels maudissements. , afin de faire sortir les loups du bois.

Et ça marche, la preuve !
Enfin, presque. Il y a un petit bug dans le lien de Sherlock.

Là c'est mieux :

http://www.amazon.fr/150-petites-exp%C3%A9riences-psychologie-comprendre/dp/2100484583


Ca ma l'air très intéressant. Dans ce registre, j'ai celui de Beauvois et Joule et je crois que Ami en a lu un de Robert Cialdini.

Suite des aventures de Assad et de ses chèques cadoc ....

Ce soir, après le boulot, Assad s'en est allé le pas léger, le coeur en fête, au Virgin Mégastore.

Il y a trouvé "le mythe de Sisyphe" de Albert Camus
"150 petites expériences de psychologie pour mieux comprendre nos semblables" de Serge Ciccotti ( Merci Sherlock).
Il a l'air vraiment génial !

Au sujet de Derrida, il y avait pas mal de livres écrit à son sujet. Un ou deux assez énormes écrit par lui et un petit 120 pages "la voix et le phénomène" que je me suis empressé de mettre dans mon escarcelle.

Et puis il y avait un livre : "dialogues" Gilles Deleuze et Claire Parnet (journaliste), je me suis dis que si sa lecture avait un caractère très particulier, l'aborder par un dialogue serait peut-être plus "souple".


Voilà, voilà, et si je tombe par hasard sur "au hasard Baltazar", je crois bien que je l'achèterais puisqu'il m'a été déconseillé ....
( ben oui, avec tout les conseilles que j'ai bien suivi, je peux bien transgresser une mise "déconseil")

Me voilà reviendu, donc, et j'ai profité de mon séjour à Prague pour me relire La plaisanterie: Didier et Prague m'ont donné envie de m'y replonger...
Je l'avais lu il y a un peu plus de 10 ans, et je retenais surtout de ce livre l'histoire de ce communiste exclu, la critique par Kundera des années Staline, de la façon dont le totalitarisme s'installe non seulement dans la société, mais aussi dans les têtes.
En fait le roman est beaucoup plus riche que ça; le communisme stalinien n'est que le "petit contexte" de l'histoire, mais il y a dans la désillusion des quêtes (de vengeance, de justice, de Dieu -par un personnage "secondaire" que j'avais complétement oublié, alors qu'il m'a cette fois fasciné) quelque chose de beaucoup plus universel. Et puis, surtout, cet état de choses qui fait de tous ceux que nous rencontrons une sorte de fiction, d'histoire que nous nous racontons. Et c'est le cas non seulement des gens qui nous entourent, mais aussi de nous-mêmes: chacun est pour lui-même une histoire qu'il se raconte.
J'y ai aussi retrouvé la thématique du "passage", qui t'est si chère, Didier. Le point de "bascule", celui où les protagonistes passent d'une vision des choses à une autre, sans qu'ils trouvent d'ailleur "derrière" quelque chose de vraiment meilleur: c'est juste "plus pareil". Celui où le protagoniste se rend compte qu'il a définitivement rompu le fil qui le tenait à son idéologie, où le pas, qu'il ne pouvait même pas envisager de faire quelques temps auparavant, se fait en fait presque de lui-même. Où encore le point de bascule où Kostka, le "croyant", se rend compte qu'il ne sait pas si ce qu'il a voulu entendre jusqu'alors comme étant la voix de Dieu n'est pas en fait que l'écho de ses propres lâchetés (et d'ailleurs c'est aussi le point de bascule où il sort du roman).

Bonne lecture Assad! J'espère que tu vas te régaler.

Bonsoir,

Je vais moi aussi profiter des conseils de lecture de spermologos. J’ai déjà lu certains des bouquins mentionnés mais je ne connaissais pas du tout Hermann Hess et ne n’avais je n’ai jamais rien lu encore de Borges. Je vais essayer ces deux là.

Pour ce qui est du Roi sans divertissement. Je l’ai lu trois fois. J’ai aimé l’écriture mais j’avoue qu’à la toute première lecture, j’ai trouvé l’histoire un peu bizarre et je n’ai pas tout compris. Je voulais comprendre, alors j’ai fait des recherches et j’ai relu le livre. A la deuxième lecture j’ai beaucoup aimé et à la troisième j’ai adoré. Je crois qu’il y a des livres qu’on aime tout de suite et qu’on dévore d’une traite mais il y en a d’autres, pour les apprécier, il faut les relire. J’ai redécouvert le Roi sans divertissement à chaque lecture. Des passages et une foule de détail auxquels je n’avais pas prêté attention à la première lecture m’ont sauté aux yeux.

Si vous voulez d’autres idées de lectures, j’ai bien aimé :

- Stefan Sweig : La confusion des sentiments, La pitié dangereuse, Le joueur d’échecs)

- Julien Green : Le voyageur sur terre, Moïra, Si j’étais vous
(Les clés de la mort et Leviathan sont aussi très connus mais je ne les ai pas encore lus)

- Oscar Wilde : Le portrait de Dorian Gray

- Charles Juliet : l’année de l’éveil, Lambeaux

Oscar Wilde et Stefan Zweig sont aussi parmi les auteurs que j'aime beaucoup. (Curieusement, c'est grâce à Zweig que j'ai fini par oser aborder Nietzsche...)
Les autres sont encore, pour moi, à découvrir.

Merci Païenne pour les autres pistes de lecture.
J'ai aussi beaucoup aimé la lecture de "un roi sans divertissements".
Et ce n'était que la première !
Là, je viens de commencer "La plaisanterie" et j'avoue que l'écriture de Kundera me plait beaucoup.

Bon week-end à tous
a+

Ce dimanche nous avons visité le vieux Lyon qui est magnifique et lorsque nous avons traversé la Saône en voiture, il y avait un grand marché dont d'innombrable bouquiniste.

J'ai déniché un bouquin de Hesse "Damian", "le château" de Kafka que j'avais envie d'acheter depuis que Didier en a parlé et on en a parlé avec Bertrand ce week-end, et enfin un que je m'étais promis de lire " l'enfer" de Dante.

Au sujet de se dernier, comment vous dire ... le " c'est décoiffant" cher à Jean-Pierre n'y est pas encore, surtout compte tenu de ma tignasse abondante comme vous avez pu vérifier en vrai. Je n'ai lu que quelques pages pour le moment et c'est vraiment un texte fort.

Voilà mes dernières aventures avec les livres.