La fin viendra-t-elle un jour ?

Bonjour,

Voici ce qu'écrit l'historien Will Durant dans "Histoire de la Civilisation" dans le volume "César et le Christ", sous le thème Le Développement de l'Eglise:

Une croyance établissait l'unité entre les congrégations éparses; elles admettaient toutes que le Christ était le fils de Dieu, qu'il reviendrait pour rétablit son royaume sur la terre et que tous ceux qui croyaient en lui seraient récompensés lors du jugement dernier, en accédant à la félicité éternelle. Mais les chrétiens différaient quant à la date du second avènement…
Quand, à la fin du IIe siècle le chaos menaça l'Empire, Tertullien et d'autres crurent la fin du monde imminente; un évêque syrien emmena son troupeau dans le désert pour rencontrer le Christ à mi-chemin, et un évêque du Pont désorganisa la vie de sa communauté en annonçant que le Christ reviendrait dans l'année…
Il viendra dans mille ans, disait une épître attribuée à Barnabas; il viendra, disaient les plus circonspects, quand la génération, la race des Juifs sera complètement éteinte ou quand l'évangile aura été prêché à tous les païens…
Finalement, le royaume fut reporté de la terre au ciel, des années de notre vie à un paradis au-delà du tombeau. Même la croyance au millénium, retour de Jésus au bout de mille ans, fût découragée par l'Eglise et en dernier lieu condamnée. La croyance au second avènement avait établi le christianisme; ce fut l'espérance du ciel qui le conserva.

En lisant ces quelques lignes j'ai remarqué combien il y avait des similitudes entre notre époque et le IIe siècle...

Avec mes fraternelles salutations
Xavier

Bonjour,
Bonnes remarques.
Il me semble à vrai dire que les représentations "temporelles" (avant / après, ce monde-ci / le monde à venir) et "spatiales" (en haut / en bas, ciel / terre, mais aussi intérieur / extérieur) coexistent et se concurrencent aussi loin qu'on peut remonter dans les origines "chrétiennes", et dans le judaïsme où celles-ci s'enracinent.
La "fin des temps" a beau être reportée sine die dans les institutions, elle n'en finit pas de resurgir comme imminente (dans des mouvements apocalyptiques p. ex.). Et chaque fois que l'attente se lasse on reprend goût à l'éternité intemporelle, au ciel ou en soi...
Vagues de l'âme, lame de fond...

Faites attention . . . ne vous laissez pas égarer; car plusieurs viendront sous mon nom et vous dirons : “Le Messie, c’est moi!” et encore : “Le temps est venu! L’heure est arrivée!” Ne suivez pas de tels gens!

- Les paroles de Jésus Christ contenues en Luc 21:8, Parole Vivante.

Une caractéristique commune à chaque génération semble avoir été la conviction que son époque était unique. Bien que conscient des épreuves et des calamités qui furent le lot commun des gens à toute époque, les hommes conclurent pourtant que leur époque était la pire - que les troubles et les dangers allaient mener rapidement vers la calamité la plus extrême qui soit, celle qui pourrait mettre fin au monde.

Nous entendons souvent l’expression, “le bon vieux temps.” La nostalgie rend le passé meilleur et le présent pire. Cette attitude nous rappelle l’avertissement Biblique, “ne dit pas : Comment se fait-il que les temps anciens aient été meilleur que ceux-ci ? Ce n’est pas la sagesse qui te fait te poser cette question” Ecclésiaste 7:10, TOB.

le père de l’église Cyprien dépeignant cette image menaçante aux Chrétiens de son époque :
‘Les guerres continuent souvent à prédominer, la mortalité et la famine engendrent l’inquiétude, la santé est menacée par les maladies faisant rage, la race humaine est dévastée par la peste. Nous savons que cela fut prédit; ces maux devraient se diversifier aux derniers jours et ces malheurs se multiplier. L’époque du jugement se rapproche maintenant’.
Traité 5. “Une lettre à Demetrianus, “ The Ante-Nicene Fathers. Édité par A. Roberts et J. Donaldson, Eerdmans, 1978, Vol. V, p. 459.

Au sixième siècle, dans un sermon puissant et passionnant, le Pape Grégoire le Grand proclama :
De tous les signes décrits par notre Seigneur comme présageant de la fin du monde nous en voyons certains déjà s’accomplir . . . Car nous voyons maintenant que nation se dresse contre nation et pèse sur le pays à notre époque comme jamais auparavant dans les annales du passé. Les tremblements de terre engloutissent des villes innombrables d’après les nouvelles que nous recevons d’autres parties du monde. Nous sommes frappés par la peste qui sévit sans interruption. Il est vrai que nous ne voyons pas de signes dans le soleil, la lune et les étoiles, mais ceux-ci ne sont pas trop éloignés pour en déduire des
changements dans l’atmosphère.

Cité dans His Appearing and His Kingdom, par T. Francis Glasson, M.A., D.O.Epworth Press, Londres, 1953, p. 45.

Voir " Les signes des derniers jours- quand ?" de Carl Olof Jonsson.

Qu'ne pensez vous ?
La vision Catholique des derniers jours.

En fait les "derniers jours" ne se réfèrent pas seulement à la "fin des temps", mais aussi aux deux derniers millénaires. L’Écriture enseigne que l’Incarnation a introduit "les derniers jours".

Selon Hébreux 1:1-2 :

"Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parlé jadis aux Pères par les prophètes, Dieu, en ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils, qu’il a établi héritier de toutes choses, par qui aussi il a fait les siècles. " (Jérusalem)

À la Pentecôte, Pierre a prêché que "les derniers jours" étaient arrivés, accomplissant les paroles du prophète Joël :

"Ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez, car c’est la troisième heure du jour. Mais c’est ici ce qui a été dit par le prophète Joël : Dans les derniers jours, dit Dieu, je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, Vos jeunes gens auront des visions, Et vos vieillards auront des songes." (Actes 2:15-17 ; cf. Joël 2:28-32).

"Les derniers jours" ou "la fin des temps", si on le comprend correctement, se réfèrent aux temps de la Nouvelle Alliance, la réunion de tout le peuple de Dieu dans l’Église, qui est "sur terre, la semence et le commencement du royaume" (CCC 567, 669 ; Lumen Gentium)