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 Du jugement (intellectuel)

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seb

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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Juil 2011, 14:54

Tu opposes là le jugement personnel (choix) et le jugement d'autrui (décision judiciaire). Il me semble que l'on juge toujours, et tout le temps, que ce soit ses propres actions, sa situation personnelle, son entourage, ses proches, ceux que les médias nous présentent, etc. Le fait de juger fait partie de nous, et ce trait n'est d'ailleurs pas propre à l'humain. Certains animaux aussi jugent, choisissent, excluent ou intègrent, acceptent ou refusent. Le jugement est dans la nature des êtres vivants.

Jésus aurait dit: "Ne jugez pas selon l'apparence, mais jugez selon la justice." (Jean 7:24), et aussi: "Ne jugez point, et vous ne serez point jugés; ne condamnez point, et vous ne serez point condamnés; absolvez, et vous serez absous." (Luc 6:37)

Ces phrases semblent pleines de sens, mais comment les appliquer dans la vie de tous les jours? Comment juger "selon la justice"? Qu'est-ce que la justice qui ne juge pas sur l'apparence? Comment réconcilier le fait de "juger selon la justice" avec l'injonction "ne jugez point"? Est-ce que vraiment on ne sera pas jugé si l'on ne juge pas autrui? Tout cela me laisse perplexe.

Comme souvent, la Bible est pleine de bons conseils, mais qui ne sont applicables qu'aux anges, pas aux hommes. Qu'en pensez-vous?

Spermologos,

J'ajoute une question à mon post, car je ne suis pas sûr de bien comprendre ta phrase qui dit que le jugement divin est "aussi infaillible et irrévocable que superflu.". Pourrais-tu stp expliquer ce que veux dire par là? Pourquoi serait-ce superflu?
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Juil 2011, 15:24

Je n'ai opposé que deux "pôles" qui, en tant que tels, déterminent un axe (objectivité-subjectivité en l'occurrence). Qu'en pratique tout se mêle, j'en suis bien convaincu (et je n'ai pas dit autre chose). Même un jugement judiciaire, à la lettre, doit être prononcé pour mille raisons subjectives qui ressemblent fortement à l'image du chemin à frayer dans la jungle: il faut que justice "passe", vaille que vaille, pour que les intéressés (coupables, victimes, société) puissent eux-mêmes "passer" à autre chose, faire leur deuil, tourner la page, etc. L'exercice du jugement intellectuel, même erroné, joue aussi pour chacun un rôle "vital" en permettant d'"avancer", de "passer" à autre chose, de sortir de certaines ornières (c'est précisément de cette nécessité que j'étais parti au début de ce fil), même si c'est pour retomber dans d'autres ornières un peu plus loin.
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Juil 2011, 15:47

Le jugement divin serait donc superflu, parce que (en théorie) parfaitement objectif? J'ai l'impression, au contraire, que ça le rendrais plutôt nécessaire, si toutefois un tel jugement pourrait exister...

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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Juil 2011, 17:41

Le jugement divin, jugement dernier ou, ce qui revient au même, jugement éternel, est un thème fascinant.
Jugement dernier: dans l'Apocalypse il faut que le "monde" et l'"histoire" soient finis, achevés, terminés, roulés comme un livre, pour qu'ils soient à leur tour lus comme un livre, et que chacun soit jugé selon ses actes.
Le "livre du monde", le "monde écrit", peut bien être la copie, fidèle jusqu'au moindre détail, de la "réalité"; en tant que copie ou re-présentation (sub specie aeternitatis) il n'en est pas moins un supplément injustifiable, qui diffère du réel par le fait même qu'il s'y ajoute, même s'il en est la copie conforme. Le jugement de l'histoire finie est encore un "événement" supplémentaire qui dément la fin de l'histoire. On ne peut pas "totaliser" sans ajouter au "tout", et par là même le nier comme "tout" au moment où on l'affirme comme tel. Dans toute "vérité" et dans toute "justice" il y va d'un tel supplément de sens ou de valeur ajouté au réel, qui pour le "dire" et a fortiori le "juger" le confronte à un irréel (irréel d'un langage, irréel d'une morale). Chaque fois que nous "jugeons" nous présentons au réel un miroir analogue, qui ne peut pas être "vrai" sans être en même temps "faux". Il n'y a d'"objectivité" qu'à ce prix, littéralement exorbitant en ce qu'il nous (dé-)place dans la position fictive de spectateurs d'une histoire dont nous sommes les acteurs.
Tant que l'histoire continue continue le jugement reste en suspens (comme dans la célèbre histoire chinoise: le paysan trouve un cheval, est-ce bien, est-ce mal? à cause du cheval son fils se casse la jambe, est-ce bien, est-ce mal? à cause de la jambe cassée il ne va pas risquer sa vie à la guerre, est-ce bien, est-ce mal? etc.).
Tout jugement dépend d'une "fin du monde" où, dans une histoire qui continue, on tire artificiellement un trait, on dresse un bilan, comme si l'histoire était terminée. Et c'est paradoxalement grâce à cet artifice que l'histoire continue, se relance, à la fois se jouant et s'écrivant, c.-à-d. s'offrant à d'autres lectures et à d'autres jugements.
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Juil 2011, 18:30

Ce que l'on attend d'un jugement, divin ou non, ce n'est peut-être pas tant la "sentence" que la "peine" qui lui est normalement associée. Un tribunal qui aurait uniquement le pouvoir de rendre des sentences, sans pouvoir les associer à des peines, n'aurait pas grand intérêt dans ce qui est de faire respecter la loi. Ainsi, le "jugement dernier" devrait être succédé d'une fin ouverte de l'histoire, soit du genre: "ils furent jugés dignes, et donc ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", ou au contraire: "ils payèrent durement leurs fautes".

Je viens de lire la "descente de Jésus aux enfers", un texte apocryphe qui raconte comment Jésus vient en personne devant Hadès pour lui reprendre ses morts. Ce texte est très intéressant, car il semble montrer que le jugement dernier aurait déjà eu lieu, juste après la mort de Jésus. Il serait alors descendu aux enfers pour en sortir les justes, et les ressusciter. Ce qui me fait rire, c'est que 2000 ans plus tard, la mort a bel et bien repris tout ce beau monde, et l'histoire continue toujours. Comme quoi la fin d'une histoire n'est jamais la fin de toutes les histoires...

En ce qui concerne l'idée d'un jugement "parfaitement juste", je me demande si cela peut vraiment exister. Tout jugement n'a de valeur que par rapport à un but précis. Sans but, aucun jugement n'est meilleur qu'un autre. On ne peut juger "bien" que ce qui atteint le but, et "mal" ce qui ne l'atteint pas. Le but doit donc préexister au jugement.

Or, quel serait le but ultime? Comment le définir? Il me semble qu'il y a autant de buts qu'il y a d'individus, et ces buts sont souvent contradictoires. Quand l'un veut être au calme, l'autre veut faire la fête. Quand l'un veut être seul, l'autre veut être accompagné. Qu'est-ce qui est mieux: le calme ou la fête, être seul ou accompagné? Qui pourrait définir un but universel qui serait la panacée pour tous? Cela me semble impossible!

Sans réponse à ces questions, tout jugement reste à jamais condamné à l'arbitraire, et donc à l'imperfection.

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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeVen 29 Juil 2011, 18:45

Citation :
Ce que l'on attend d'un jugement, divin ou non, ce n'est peut-être pas tant la "sentence" que la "peine" qui lui est normalement associée. Un tribunal qui aurait uniquement le pouvoir de rendre des sentences, sans pouvoir les associer à des peines, n'aurait pas grand intérêt dans ce qui est de faire respecter la loi. Ainsi, le "jugement dernier" devrait être succédé d'une fin ouverte de l'histoire, soit du genre: "ils furent jugés dignes, et donc ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants", ou au contraire: "ils payèrent durement leurs fautes".
Dans le cas de l'Apocalypse, c'est bien comme ça que ça se passe puisque le jugement dernier (chap. 20) débouche pour les uns sur l'étang de feu et pour les autres sur "les nouveaux cieux et la nouvelle terre" des chap. 21--22, sorte d'image idéale et fixe d'un monde (désormais) sans histoire.
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeSam 30 Juil 2011, 10:47

Ce n'est pas parce qu'on ne raconte pas l'histoire que l'histoire ne continue pas.

L'étang de feu représente la seconde mort d'après la Bible, alors peut-être cela veut dire que tout est fini pour ceux qui y sont. Par contre, selon le récit il se passe des choses dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre: Jérusalem est un lieu saint, où l'on peut régulièrement bénéficier de l'arbre de vie si l'on est pur. Les gens impurs du dehors continuent leur vie sans pouvoir bénéficier de ces bienfaits. Rien n'est donc définitif. Un impur peut se purifier, et en théorie un pur peut devenir impur. Tout ce beau monde va et vient selon ses envies du moment.

Au bout d'un moment, ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre ne seront fatalement plus si nouveaux que ça! Les "purs" qui sont à Jérusalem seront blasés de leur pureté, et désireront plus de liberté (et donc moins de pureté). Ils quitteront donc la ville. C'est alors que tout sera à recommencer...

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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeSam 30 Juil 2011, 14:03

C'est avec le même raisonnement -- qui se méprend totalement sur la structure classique du conte -- qu'on fait des "Cendrillon II" et des "La belle au bois dormant XII".
Les mômes d'aujourd'hui apprennent ça en 6e ou parfois même en primaire (à la place des conjugaisons): la phrase "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" signifie, d'un point de vue fonctionnel, le contraire de ce qu'elle signifie d'un point de vue purement verbal: pour dire "l'histoire est finie et elle finit bien", on dit (en français du moins, car ça varie pas mal d'une langue à l'autre) "l'histoire ne finit pas". Le conte se referme sur un tableau heureux et stable, comparable à celui qui l'a ouvert, avant l'introduction de l'élément perturbateur qui lance ce qui est à proprement parler "l'histoire". Mais cette fois on n'attend plus d'élément perturbateur qui relancerait une autre histoire: c'est l'heure de dormir.
Le tableau final de l'Apocalypse, avec ses rappels appuyés de la Genèse (les arbres, le fleuve etc.), fonctionne de manière très semblable. L'auteur prend même soin d'éliminer de la reprise du tableau initial tout ce qui a un potentiel perturbateur -- non seulement les "méchants", mais la nuit et la mer, vestiges du chaos primordial. Il n'est pas question que ça recommence.
Cela confirme en outre le fait que tout jugement dépend de l'artifice d'une "fin". Il faut que l'histoire finisse pour qu'elle finisse "bien" ou "mal", et pour que le statut et le sort des protagonistes soit définitivement fixé. Il n'en va pas autrement au tribunal ou dans le journal: on ne se demande pas quels bienfaits résulteront à long terme de tel crime, ni quelles catastrophes découleront de tel acte d'héroïsme ou de philanthropie. On "juge" toujours comme si l'histoire s'arrêtait là. Sauf qu'"en vrai" elle ne s'arrête pas.
A mes yeux, l'un des symptômes les plus visibles de la "modernité" (au sens "historien" du terme, depuis la fin du XVe siècle), c'est la perte irrémédiable du sens de l'éternité comme "autre", sinon du temps, au moins de l'histoire. Que ce qui était pensé comme une "fin", comme LA "fin" absolue, ne soit plus pensable pour nous que comme une "suite" qui non seulement est dénuée de sens et de valeur, mais qui -- pour peu qu'on y pense, ce qui est fort rare -- rend dérisoire l'attribution de sens et de valeur à quoi que ce soit.
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeSam 30 Juil 2011, 21:48

Toujours aussi pertinent, Spemologos.

Quand j'y pense, j'ai l'impression que toute utopie a besoin que le temps s'arrête sur une "fin heureuse". On n'imagine pas vraiment le paradis comme une continuité de la vie, mais plutôt comme un état statique de béatitude constante.

Je n'ai pas vraiment le temps d'en écrire plus, mais c'est un thème qui mériterais certainement d'y revenir.

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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeDim 31 Juil 2011, 00:16

Citation :
j'ai l'impression que toute utopie a besoin que le temps s'arrête sur une "fin heureuse". On n'imagine pas vraiment le paradis comme une continuité de la vie, mais plutôt comme un état statique de béatitude constante.
Le tableau final de l'Apocalypse me rappelle souvent, de ce point de vue (et malgré l'absence de mer), l'"Invitation au voyage" de Baudelaire, surtout les deux derniers vers (avant la reprise du refrain "Là, tout n'est qu'ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté") :
"Le monde s'endort
Dans une chaude lumière."
L'éternité est peut-être la mort transfigurée, elle est quand même, avant tout, une figure de la mort.
Je trouve d'ailleurs remarquable -- j'ai déjà dû le dire ici -- que les Témoins de Jéhovah, qui d'un côté représentent à mes yeux le summum de la platitude moderne en matière d'éternité (la "vie éternelle", everlasting plutôt qu'eternal life, étant tout simplement la continuation sans fin d'une existence humaine, individuelle, sans autre modification qualitative qu'une "perfection" hollywoodienne), finissent par y réintroduire quelque chose qui ressemble un peu à la "vision béatifique" du christianisme traditionnel quand ils essaient, justement, de se "l'imaginer". A la question "mais ne finirait-on pas par s'ennuyer avec la vie éternelle?" après quelques niaiseries du genre "il y aura plein de choses à faire", arrive souvent une réponse de type contemplatif, "mystique" ou "gnostique" comme on voudra (p. ex. "la connaissance de Jéhovah"), qui est à peu près la seule à pouvoir, si l'on ose dire, se mesurer à l'"éternité".
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeDim 31 Juil 2011, 09:06

Je pense que beaucoup de Témoins n'ont pas pris conscience que la vie sans fin, c'est un peu comme si l'on disposait d'une somme d'argent journalière à dépenser sans avoir de plan bien particulier.

Après avoir profité le plus possible de "ces vacances" il y aurait un moment ou la vie normale, celle qui se déroule actuellement viendrait à manquer avec ses joies et ses peines.

La grande églises a sans doute compris cela assez rapidemment pour déplacer cette vie éternelle non sur terre mais au ciel. Et certains mouvements évangéliques, vivent la résurrection avec un déplacement céleste suivit,après un temps plus ou moins long (peut-être le millénium), d'une descente et une nouvelle vie sur terre, sans préciser ce que sera alors cette vie.
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeDim 31 Juil 2011, 23:56

La comparaison de lct a le mérite d'exprimer une façon typiquement moderne de concevoir la question: la "vie" est prise dans une logique de consommation, soit chosifiée comme bien de consommation sujet à un jugement de valeur quantitatif et qualitatif du consommateur (on en veut beaucoup, toujours plus, de la vie, et de la bonne), soit comme moyen de consommation (la vie comme "pouvoir d'achat", capital inépuisable ou rente garantie). Dans ce schéma la jouissance individuelle, subjective, est la valeur suprême qui conditionne toutes les valeurs et qui finit par les engloutir. D'où aussi la remarque de Seb, plus haut, selon laquelle dans le jugement la récompense ou la punition sont plus importantes que la sentence. Si la jouissance individuelle est la seule chose qui compte, rien n'est plus important en effet que de savoir si je vais avoir de la vie pour jouir de la vie (récompense) ou si au contraire je serai exclu du circuit de la consommation et de la jouissance, voire rejeté dans un circuit opposé de souffrance (punition).
Je ne dis pas que ce soit absolument nouveau: la logique de la carotte et du bâton est sans doute aussi vieille que l'homme. Mais je crois que dans l'idée juive et chrétienne du jugement dernier telle qu'elle s'est développée dans l'Antiquité tardive ce n'est pas (encore) la seule chose qui compte: la perspective individuelle et subjective est contrebalancée et relativisée par une perspective cosmique. La fin du monde et de l'histoire, la résurrection des morts et le jugement dernier sont avant tout le rétablissement, définitif, d'un ordre cosmique qui débouche, comme je l'ai souligné précédemment, sur un monde sans histoire (les nouveaux cieux et la nouvelle terre). Or dans cette scène la sentence, qui dit a posteriori la "vérité" (judiciaire et objective à la fois) non seulement sur chaque individu, mais sur chaque acte, et qui la dit de façon à être connue et reconnue de tous (cf. les oracles prophétiques qui prennent à témoin les cieux et la terre), est infiniment plus "importante" que la récompense ou la punition. L'individu est "concerné", certes, mais il l'est autrement que le consommateur qui se soucie exclusivement de sa jouissance ou de sa privation futures. L'homme antique a le souci de son "nom", c.-à-d. de ce qui sera dit de lui et de ses actes même après sa mort. Etre "vu", "bien vu" ou "mal vu", compte autant, voire davantage pour lui qu'être "heureux" ou "malheureux". Dans la première formulation de la résurrection (Daniel 12), les images sont "objectives": on n'est pas ressuscité pour jouir ou pour souffrir, mais pour "briller comme les étoiles du firmament" ou "être livré à l'opprobre" (cf. déjà Isaïe 66 et l'image des cadavres éternellement offerts aux regards).
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeLun 01 Aoû 2011, 18:25

L'église n'a-t-elle pas joué sur la peur de la mort et éventuellement d'une vie éternelle passée dans les tourments pour asseoir son autorité?
Dans ce cas il n'est pas question du souci de son nom, ni de sa réputation.
Mais je peux me tromper.
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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeMar 02 Aoû 2011, 10:00

le chapelier toqué a écrit:
L'église n'a-t-elle pas joué sur la peur de la mort et éventuellement d'une vie éternelle passée dans les tourments pour asseoir son autorité?
Avant l'église, il y a la Bible elle-même. Il faut se rappeller que l'un des buts premiers de l'AT était d'imposer le culte de YHWH à Jérusalem, et donc de montrer que les autres dieux et les autres cultes étaient mauvais. Ensuite, le NT veut imposer lui aussi un culte. Selon ses auteurs, il faut passer par Jésus pour être sauvé.

Selon la Bible, si l'on pratique le bon culte, on est récompensé. Par contre, si l'on pratique le faux culte, alors on est puni. C'est le bon vieux principe du bâton et de la carotte.

Que les églises aient réutilisé cela à des fins théologies, idéologiques et politiques, cela n'est guère surprenant! Encore fallait-il faire passer des illustrations qui vont au-delà de ce que la Bible elle-même dit!

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MessageSujet: Re: Du jugement (intellectuel)   Du jugement (intellectuel) - Page 2 Icon_minitimeMar 02 Aoû 2011, 23:24

Le châtiment post mortem des "méchants", avec l'idée d'un tourment "sensible" ou du moins éprouvé subjectivement, est une croyance très répandue (mais pas unanime) dans le judaïsme bien longtemps avant l'émergence du christianisme (déjà 1 Hénoch); il l'est aussi (une croyance répandue mais pas forcément unanime) dans le christianisme du N.T. (p. ex., les évangiles synoptiques reprennent sans modification notable le concept pharisien de la "géhenne"). Donc "l'Eglise", surtout si l'on entend par là l'Eglise postérieure au N.T., n'y est vraiment pas pour grand-chose.
J'ai pris soin de dire plus haut que la logique de la carotte et du bâton n'a pas d'âge. Ce qui la transforme dans le judaïsme avant l'ère chrétienne, c'est le passage d'une "rétribution" déjà individuelle (depuis Ezéchiel), mais encore historique (les bons sont récompensés et les méchants punis par le cours des événements "ici-bas", que ce soit "de leur vivant" ou non), à une rétribution située dans "l'au-delà" (d'abord à la fin des temps, par la résurrection générale et le jugement dernier, qui donne aux uns accès au "monde à venir" et aux autres non, condamnant le plus souvent ces derniers à un "anti-monde" infernal; puis aussitôt après la mort dans la doctrine de "l'état intermédiaire" différencié, cf. le riche et Lazare de Luc 16). Il est vrai que cette évolution présente déjà des points communs avec la perspective moderne, sans être aussi exclusivement individualiste et subjective que celle-ci dans la mesure où le sort des uns et des autres, même s'il est déjà appréhendé subjectivement (les uns sont bienheureux, les autres souffrent), n'est pas encore "la seule chose qui compte", parce que la dimension objective et cosmique de l'eschatologie reste très présente -- alors qu'elle ne signifie quasiment plus rien pour les modernes: dans notre perspective individualiste et subjectiviste, si chacun accède au "paradis" ou à l'"enfer" dès l'instant de sa mort, la résurrection finale et le jugement dernier n'ont plus aucun sens. (Au passage, c'est le point de départ de C.T. Russell entre autres: parce qu'il ne comprend plus rien à la doctrine ancienne, il va 1) nier la rétribution aussitôt après la mort et 2) inventer à la résurrection des morts et au jugement dernier une fonction nouvelle, celle d'une "seconde chance" qui n'a, pour le coup, aucun fondement "biblique" ni dans aucun texte ancien.)

P.S. Moins pour revenir au sujet que pour rappeler qu'on n'en est jamais loin, dès lors qu'on parle de "jugement": la volonté d'avoir raison, telle que la partagent en sens opposé ceux qui campent sur leurs "opinions" et ceux qui sont prêts à les abandonner par amour de la "vérité", suppose aussi une scène de "jugement dernier" -- une dernière instance, un lieu ou un moment d'"objectivité" où on saurait, en fin de compte, qui aura eu raison (et quand, et où). Qu'on prétende ou non y croire, c'est devant une telle instance de savoir absolu que devrait comparaître tout débat d'opinion pour être "tranché", et c'est vers elle qu'il tend, de tout son intérêt subjectif aussi: avec le désir d'être justifié qui anticipe la fierté d'avoir raison, et la crainte d'être réfuté (sinon réprouvé) qui anticipe la honte d'avoir tort.
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