Marc chapitre 9 versets 38-40

Jean dit à Jésus: Maître, nous avons vu un homme qui chassait les esprits mauvais en usant de ton nom, et nous avons voulu l'en empêcher, parce qu'il n'appartient pas à notre groupe. Mais Jésus répondit: Ne l'en empêchez pas, car personne ne peut accomplir un miracle en mon nom et tout de suite après dire du mal de moi. Car celui qui n'est pas contre nous est pour nous. - Marc 9:38-40


Il semble que Jésus n'était pas aussi sectaire que ses disciples. Pour lui, leur groupe n'était pas le seul dépositaire de l'Esprit-Saint.

J'aime beaucoup ce verset, vraiment.

Mais on ne peut oublier que le même(?) Jésus, lorsqu'il est cité par Mt, dit exactement l'inverse.
Je retiens de ce verset Mc que le "sectarisme" n'est pas une fatalité du christianisme, et qu'une foi "inclusive" (même si l'emploi des deux termes que j'ai entre-guillemétés est sans doute totalement anachronique) fait autant partie de ses composantes que l'exclusivité.

Peut-être cela rend-il chacun responsable des "choix" et arbitrage qu'il fera dans sa lecture....

Bonjour BB, quel verset de Matthieu ?

Peut-être que tolérance et intolérance (notions également anachroniques, comme à peu près tout ce que nous pouvons dire des textes bibliques) sont aussi "fatales" l'une que l'autre, en fonction des circonstances.
Je note quand même que dans ce texte il n'est pas question d'"Esprit-Saint", mais d'un usage du "nom" de Jésus qui "fonctionne" en dehors du groupe des disciples. Et que cette péricope, d'une part s'insère dans un ensemble de logia "ouverts" sur ceux-du-dehors (l'enfant plus grand que le plus grand des disciples, parce qu'identifié au Christ lui-même, v. 33-37; quiconque vous donne une coupe d'eau "parce que vous êtes du Christ", 41; les petits qui croient "en lui" -- au moins selon une variante, 42ss), et d'autre part fait suite à une autre qui constate un échec du groupe des disciples sans Jésus, en matière d'exorcisme précisément (v. 14-29).
La formule inverse est dans Matthieu 12,30, accrochée à une autre affaire d'exorcisme (= Marc 3,22ss) -- cette fois il s'agit des exorcismes de Jésus (par l'Esprit saint ou par le prince des démons).
On peut d'ailleurs remarquer une symétrie profonde entre ces deux récits: dans Marc 3//, c'est Jésus qui occupe la place de l'"exorciste indépendant" par rapport au groupe des scribes/pharisiens; le raisonnement qui le justifie et condamne ces derniers (Satan ne peut pas chasser Satan) est similaire à celui qui réprouve la tentative de censure des disciples (on ne peut pas exorciser en mon nom et me maudire ou médire de moi); la sentence sévère qui le conclut est analogue (blasphème contre l'Esprit, impardonnable; "scandaliser" les "petits", mieux vaudrait périr noyé).

Spermologos a écrit :

Citation :

Je note quand même que dans ce texte il n'est pas question d'"Esprit-Saint", mais d'un usage du "nom" de Jésus qui "fonctionne" en dehors du groupe des disciples.

Oui, c'est juste S., je n'ai pas fait assez attention au texte.

Sur l'usage du nom pour exorciser :
Luc 10:17 > Alors les soixante-dix revinrent avec joie et dirent : “ Seigneur, même les démons nous sont soumis quand nous nous servons de ton nom.

Le parallèle de Luc me fait remarquer encore un détail auquel je n'avais pas prêté attention.
L'épisode de l'exorciste indépendant se situe, ici (9,49s), entre la mission des Douze qui sont chargés d'exorcisme (9,1), et celle des 70 (ou 72, 10,1ss), qui, eux, ne le sont pas (pas explicitement tout au moins). Or ce sont ces derniers qui reviennent étonnés de leur pouvoir d'exorciser au nom de Jésus.
On peut se demander si, dans Luc et même dans Marc, l'exorciste anonyme ne fait pas figure d'inventeur plus ou moins accidentel de la "méthode". En effet, il n'est dit nulle part, précédemment, que les disciples exorcisaient "au nom de Jésus". Il y a d'ailleurs comme une petite réserve dans la réponse de Jésus chez Luc (ne vous réjouissez pas de ce que les démons vous soient soumis... cf. le contre-exemple d'Actes 19,13ss; chez Matthieu, qui ne reprend pas l'épisode de l'exorciste indépendant, la réserve est plus explicite, 7,22s).
Chez Marc, où je vois toujours l'image d'un Jésus "énergumène (c.-à-d. possédé) de l'Esprit", habité et agi, emporté et dépassé par son propre destin, qui ne maîtrise absolument pas tout ce qui (se) passe par lui et autour de lui (par son "nom" comme par le contact de ses vêtements, p. ex., au chap. 5), et qui y réagit verbalement et émotionnellement de manière assez imprévisible, toute "leçon" reste énigmatique. Malgré tout, le renversement de situation par rapport au chapitre 3 est intéressant: celui dont les exorcismes étaient contestés du fait de sa position marginale par rapport aux "scribes de Jérusalem" se retrouve au centre d'un "cercle" de disciples qui est en passe de reproduire le même mécanisme d'exclusion à l'égard de sa propre périphérie.

Marc 9,38-40 a été aussi traité sur ce fil :



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