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| Des prêtres se marient | |
| | Auteur | Message |
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le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Des prêtres se marient Lun 25 Fév 2013, 12:55 | |
| Avant les années 1960 on les appelait "les défroqués". Il s'agissait de prêtres qui quittaient l'église et étaient donc exclus.
Maintenant ce terme n'est plus utilisé, par contre l'église parle encore d'exclus à propos des prêtres qui se marient et rompent leur voeux de célibat.
Je ne désire pas soulever une polémique, mais souligner que de tels problèmes deviennent récurents.
Lorsque le prêtre (en France) est obligé de quitter la prêtrise à cause de ses fréquentations, il se trouve sans emploi, sans formation (s'il n'est pas enseignant ou à un cursus universitaire), il ne peut pas toucher d'allocation chomage puisque l'église ne cotise pas. Il doit quitter la paroisse et souvent la ville ou il professait. C'est une rupture radicale qui est souvent difficile et qui n'est pas sans rappeler à certains des intervenants du forum leur fin de parcours au sein des Témoins. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Jeu 28 Mar 2019, 12:36 | |
| Mariage des prêtres : vers la fin d’un tabou dans l’Eglise Panne de vocations, scandales sexuels… Face aux crises que traverse l’Église, un archevêque français vient de demander au pape d’ordonner des hommes mariés. Une première.D’ordinaire, l’éternel débat sur le mariage des prêtres s’invite sur le devant de la scène catholique quand un curé avoue publiquement avoir abandonné son sacerdoce pour une femme. Mais pour la première fois, c’est un haut dignitaire religieux qui le rouvre, affichant clairement une position inédite au sommet du clergé hexagonal. Il y a quelques jours, Mgr Pascal Wintzer, 59 ans, archevêque de Poitiers, s’est prononcé en faveur de l’ordination des hommes mariés.Comme l’a déjà demandé l’épiscopat belge à l’automne, il souhaite que le pape ouvre la possibilité de devenir prêtre aux catholiques ayant déjà « dit oui ». En revanche, il demeure opposé à ce que des religieux qui se sont engagés à rester célibataires en devenant prêtres, puissent convoler en justes noces.Historiquement, les serviteurs de Dieu n’ont pas toujours été interdits de vie en couple. C’est au XIe siècle que cette contrainte, qui n’est nullement imposée par les Évangiles, a pris le dessus. La branche latine de l’Église catholique est la seule aujourd’hui à avoir conservé cette obligation à la différence des rites orientaux.«Des hommes comme tout le monde»Si cette question ressuscite, c’est parce que le clergé fait face à une crise des vocations mais aussi et surtout à des vagues de scandales d’abus sexuels. « Avoir des prêtres qui seraient mariés permettrait de les voir comme des hommes ordinaires. Je pense qu’une des raisons de ces crimes commis sur des enfants ou sur des femmes vient de cette conception sacrale du prêtre », a expliqué l’archevêque de Poitiers.Aucun prélat ne voit dans le mariage un remède miracle aux penchants pédophiles d’ecclésiastiques « malades ». Mais certains considèrent qu’il peut être un antidote aux frustrations pouvant conduire aux agressions sexuelles. Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, porte-parole de la Conférence des évêques de France (CEF), reste dubitatif. « La frustration sexuelle existe dans bien des couples », nuance-t-il. Selon lui, les abus sont « liés à l’exercice de l’autorité, pas au célibat ». « Il est important que le prêtre ne soit pas mis sur un piédestal », répète celui qui est ouvert au débat.«Le signe d’une disponibilité totale»« Qu’on en discute sereinement ! Mais il y a une règle du célibat en vigueur dans l’Église latine, une règle que j’accueille, qui n’appartient pas à un dogme, mais à la discipline ecclésiastique, et qui est le signe d’une disponibilité totale », avance-t-il. « Pour être pleinement prêtre aujourd’hui, il ne peut pas être marié. Sa vocation sacerdotale est tournée vers l’ensemble des personnes de son ministère. Il ne peut y avoir une seconde vocation parallèle qui est celle du mariage », précise Vincent Neymon, secrétaire général adjoint de la CEF.Si certains cols romains sont ouvertement favorables au mariage et commencent à le dire haut et fort, d’autres, à l’inverse, ne sont pas malheureux de s’en passer, à l’instar du père Christian Lancrey-Javal, curé à Paris. « Quand on accompagne les couples dans leur préparation au mariage, on voit bien toutes les exigences, c’est une erreur de penser que ça serait plus facile pour nous. Je suis un vieux confesseur. Des personnes mariées malheureuses, c’est quand même incroyable, j’en rencontre tout le temps ! » souffle-t-il.http://www.leparisien.fr/societe/mariage-des-pretres-vers-la-fin-d-un-tabou-dans-l-eglise-25-03-2019-8039577.php |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Jeu 28 Mar 2019, 13:55 | |
| Comme des lecteurs plus malins que le journaliste l'ont bien compris (cf. les réactions au bas de l'article), il ne s'agit pas de mariage de prêtres (déjà ordonnés), mais d'ordination d'hommes (déjà) mariés -- ce qui serait probablement la solution la plus facile mais aussi la plus sotte, parce qu'elle créerait durablement un "sacerdoce à deux vitesses" (il est vrai qu'on n'en est déjà pas loin avec la suppléance croissante des prêtres par des "diacres" ou des "laïcs", mais ce serait plutôt l'ajout d'un "étage" supplémentaire dans le "millefeuille" hiérarchique de fait qu'une véritable réforme structurelle). Il est évidemment facile d'ironiser de l'extérieur sur la frilosité et l'aveuglement global d'une vieille institution empêtrée dans ses traditions contradictoires et incapable de les "remettre à plat": on n'en porte pas le poids, on n'en mesure pas l'extrême complexité. L'Eglise catholique est très affaiblie, mais elle ne l'est visiblement pas encore assez pour que des réformes sérieuses s'imposent à elle de telle façon qu'elles emportent parmi ses acteurs ecclésiastiques une conviction d'ensemble. D'ici là, les croyants de base qui n'ont aucune voix au chapitre (c'est le cas de le dire) ne peuvent voter qu'avec leurs pieds et leur portefeuille (en délaissant un peu plus la fréquentation et le financement de "l'Eglise"). D'un point de vue plus théologique, on peut voir dans quel sac de nœuds le christianisme historique s'est mis en "sacralisant" (voire en "sacrementalisant") le mariage et la famille, à contresens de ses origines (N.T. toutes tendances confondues, à l'exception partielle des tardives "Pastorales"; cf. ici). Même si ce n'est pas pour après-demain, l'Eglise catholique autorisera certainement le mariage des prêtres (et le sacerdoce féminin, et LGBT) bien avant de reconnaître qu'elle s'est complètement fourvoyée sur ce terrain où elle n'aurait jamais dû mettre les pieds (d'autant que le protestantisme, dans une moindre mesure, a suivi le mouvement, en continuant de "bénir" les mariages et les naissances même quand il n'en faisait pas un "sacrement"). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Ven 29 Mar 2019, 14:13 | |
| Le célibat des prêtres, une règle disciplinaire
L'obligation du célibat a été instaurée progressivement par l'Église catholique en Occident pour des raisons avant tout conjoncturelles Depuis quelques années, devant la raréfaction des vocations sacerdotales, la question de l'ordination d'hommes mariés revient régulièrement dans l'Église catholique. Fait nouveau, elle est même ouvertement évoquée par des responsables de haut niveau, comme les cardinaux Christoph Schönborn, ou Philippe Barbarin. En réalité, le célibat des prêtres n'est pas, aux yeux de l'Église, une obligation d'ordre théologique : le célibat n'appartient pas à la nature même du sacerdoce, alors qu'il fait partie intégrante des voeux des religieux et religieuses. Il s'agit d'une règle disciplinaire inscrite dans le Code de droit canonique à laquelle il existe des exceptions : pour les prêtres venant d'autres confessions (anglicanisme) ou pour ceux des Églises catholiques de rite oriental. Cependant, l'Église en Occident a très tôt estimé que le célibat était souhaitable pour les prêtres. La première loi connue est celle du concile d'Elvire (vers 300-306), mais la règle remonte probablement aux premiers temps du christianisme.
Le débat est tranché au XIe siècle
L'ordination d'hommes mariés était alors une pratique courante. Mais, en se basant sur l'Écriture, qui dit que Pierre, après avoir été appelé à devenir Apôtre, « quitta tout », prêtres et évêques étaient tenus de renoncer à la vie conjugale. Renonciation à laquelle en réalité bien peu consentirent. Au VIIIe siècle, saint Boniface rapporte au pape qu'en Allemagne presque aucun évêque ou prêtre n'est célibataire
Le débat est tranché au XIe siècle par Grégoire VII. Pour combattre la simonie, trafic des charges ecclésiastiques au profit des familles de prêtres, il demande que l'on ordonne des hommes célibataires, calquant ainsi le mode de vie des prêtres sur celui des moines. En Orient, l'Église maintient l'obligation absolue de continence pour les seuls évêques, les prêtres formant le clergé « de base » pouvant être mariés. Cette règle est encore en vigueur dans toute l'orthodoxie, mais aussi dans les Églises de rite oriental revenues à la communion avec l'Église de Rome. La question de l'ordination d'hommes mariés reste posée
Pour autant, ni le concile Vatican II ni les papes qui se sont succédé (1) depuis n'ont voulu revenir sur le célibat. Tous ont considéré qu'il y avait là une mesure qui allait au-delà d'une simple disposition historique. Benoît XVI lui donne ainsi une signification spirituelle, parlant même de « valeur sacrée du célibat » à partir d'une conception théocentrique du prêtre : « Le véritable fondement du célibat ne peut être contenu que dans la phrase : Dominus pars (mea) - tu es ma terre », expliquait-il en 2006 devant la Curie. On ne peut nier la cohérence profonde qui existe dans certaines vocations entre le célibat et la vie sacerdotale. Pour autant, la question de l'ordination d'hommes mariés reste posée, d'autant plus que cela se pratique déjà au sein de l'Église catholique. Certains estiment qu'il suffirait d'étendre progressivement ces dispenses, notamment en ordonnant des hommes mariés déjà responsables de communautés (les viri probati). https://www.la-croix.com/Religion/Actualite/Le-celibat-des-pretres-une-regle-disciplinaire-2010-06-01-566059 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Ven 29 Mar 2019, 14:59 | |
| On parlait il n'y a pas très longtemps d'"autarcie cognitive" à propos des TdJ, il faut reconnaître que la "langue de bois" ecclésiastique sur ce sujet ne fait pas mieux. Qu'on puisse encore écrire que "la règle remonte probablement aux premiers temps du christianisme" 500 ans après les réformes protestantes qui ont mis tous les contre-arguments néotestamentaires (les bons et les mauvais, les plus fins et les plus grossiers) sur la place publique, et en s'adressant à des lecteurs catholiques qui sont censés eux-mêmes lire le NT (où ils ne trouveront nulle part le concept catholique de sacerdoce, pour commencer !), c'est tout bonnement hallucinant -- vu de l'extérieur. Mais c'est possible: la preuve !
C'est dommage, parce que le dogme catholique offre en principe à son Magistère tous les atouts pour s'en sortir plus intelligemment: assumer une "Tradition" comme telle, sans la confondre avec la fixité d'une "Ecriture", cela devrait favoriser à son égard plus de "liberté" et de "responsabilité": non pas seulement un droit, mais un devoir de la faire (ou de la laisser) évoluer en fonction des circonstances...
Hélas ! s'il y a un trait "ecclésiastique" dominant (et pas seulement catholique celui-là, tout à fait œcuménique, en dépit d'exceptions remarquables et également œcuméniques), c'est bien la lâcheté... l'Eglise n'en a certes pas le monopole, mais elle y atteint des sommets; surtout dans sa forme "collégiale". |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Ven 29 Mar 2019, 19:28 | |
| une partie de ma famille, cousins et cousines, est catholique très pratiquante. Devant les secousses que provoque le problème de la pédophilie dans le clergé ainsi que la diminution des vocations (prêtres, religieux, religieuses...) ces proches se demandent sérieusement si les laïques vont bientôt devoir remplacer purement et simplement les prêtres. J'ai connu un maigre succès en suggérant de fermer certaines églises pour regrouper les paroissiens restants. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Ven 29 Mar 2019, 22:43 | |
| A mi-chemin il y a les "diacres" (ressuscités par Vatican II après des siècles d'oubli), qui ("techniquement") ne sont pas des "laïcs" (ils sont "ordonnés"), et peuvent être mariés (là encore, à condition de l'être avant leur ordination !); mais selon la règle en vigueur ce sont nécessairement des hommes, et leur compétence sacramentelle s'arrête au baptême (que théoriquement n'importe quel laïc peut administrer en cas d'urgence) et au mariage. Autant dire que ça ne résout rien au problème des messes quotidiennes ou hebdomadaires (sauf à faire des "services sans eucharistie", comme les "cultes sans Sainte-Cène" dans l'Eglise réformée; dans ce cas, en effet, des laïcs peuvent s'en charger).
Je ne sais pas ce qu'il en est de la Suisse, mais ce qui empêche ou limite en France les fermetures d'églises, c'est que depuis 1905 l'Etat est propriétaire des bâtiments et assure leur entretien (via les collectivités locales): ça ne coûte donc rien à l'Eglise ni aux fidèles, qui n'ont rien à gagner non plus à réduire le nombre des églises; mais du coup les prêtres restants (et éventuellement les plus "accro-" des fidèles) font le tour des paroisses pour célébrer la messe tantôt dans l'une et tantôt dans l'autre.
Par ailleurs, je pense aussi que les problèmes de "pédophilie" (en grande partie homosexuelle, même s'il n'est pas "politiquement correct" de le dire) n'ont qu'un rapport très marginal avec le célibat des prêtres. Que cette tendance soit statistiquement plus fréquente dans une "profession" réservée aux hommes célibataires, c'est probable, mais l'autorisation ou même l'obligation du mariage (hétérosexuel !) n'y changerait rien pour la grande majorité des "profils" concernés. Tout au plus ceux-ci se dirigeraient-ils, à terme, vers d'autres "vocations"...
Les "solutions" actuellement envisagées reposent quand même sur une contradiction psychologique flagrante: à la limite, le prêtre idéal, celui qui supporterait le mieux le célibat sans risque de déviance (homosexuelle du point de vue ecclésiastique, pédophile du point de vue général), serait aussi le mâle idéal, hétérosexuel, viril, potentiellement le mari et le père de famille idéal -- autrement dit celui qui n'a aucune raison psychologique de s'abstenir du mariage... |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Dim 31 Mar 2019, 11:01 | |
| Lors d'une émission diffusée par la télévision suisse une participante a demandé pour quelle raison c'était toujours des hommes qui dirigeaient, il lui a été répondu que l'exemple venait du N.T.: Jésus et les douze apôtres…. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Dim 31 Mar 2019, 12:30 | |
| A ce niveau et sur ce terrain on peut toujours répliquer "Marie-Madeleine et les Saintes-Femmes"... reste que les textes du NT, comme n'importe quel texte, reflètent les structures sociales de leur époque et de leurs milieux respectifs.
Il y a quand même une grosse malhonnêteté intellectuelle, surtout quand on s'adresse à un public peu instruit de ces questions (mais peut-être le catholique suisse moyen en est-il davantage instruit que le français, en raison du voisinage protestant), à en tirer un argument pour le "sacerdoce (exclusivement) masculin": évidemment on ne trouvera pas de "prêtres" (chrétiens et distincts de la communauté) dans le NT -- ni hiereus en grec, ni sacerdos en latin. Notre mot "prêtre" dérive étymologiquement de presbuteros qui signifie "ancien" et n'a en soi rien de "sacerdotal", mais la tradition catholique lui a bien conféré un sens "sacerdotal" (qui dit sacerdos en latin ne s'y trompe pas).
Les structures d'autorité ecclésiastique, là où elles apparaissent dans le NT (surtout dans les Pastorales et les Actes, épisodiquement ailleurs), sont bien essentiellement masculines si elles ne sont pas (encore) "sacerdotales". Dans des textes du Ier-IIe siècles, c'est le contraire qui serait étonnant -- et qui l'est effectivement par moments, dans le rôle des femmes qui transparaît ici et là, au détour de tel ou tel texte "canonique" mais plus encore dans les textes "apocryphes" et notamment "gnostiques". Bien sûr, il serait tout aussi absurde d'en tirer un argument pour un "sacerdoce féminin", non seulement parce qu'il ne s'agit pas (non plus) de "sacerdoce", mais surtout parce que les textes "féministes", si on peut anachroniquement les appeler ainsi, sont aussi, le plus souvent, "anti-autoritaires", critiques de la notion même de "pouvoir ecclésiastique" (qu'il soit masculin ou féminin, dès lors, importe peu).
Le modèle "patriarcal" d'autorité est évident dans les Pastorales, qui présupposent aussi le mariage: outre l'interdiction générique d'"enseignement public" faite aux femmes, aussi bien pour l'"évêque" (épi-scope, sur-veillant) que pour les "diacres" on y retrouve le critère du "bon père de famille". Dans leur contexte, la chose n'a rien d'original, c'est au contraire la plus grande banalité pour les "classes moyennes" de l'empire (aux grandes heures de l'analyse marxiste on parlait du caractère "bourgeois" des Pastorales et des Actes). Mais leur statut "canonique" et même "hyper-canonique" (s'il y a un "canon dans le canon" pour la grande Eglise, orthodoxe-catholique, de la seconde moitié du IIe siècle, c'est bien les Pastorales) va justement les ériger en "modèle" permanent, qui survivra au premier contresens du célibat (père de famille célibataire !) et qui survit même à l'époque moderne, dans ce qui reste de catholicisme et d'orthodoxie, à l'effondrement général du modèle "patriarcal". Même dans le protestantisme, qu'il rejette la tradition "sacerdotale" (du calvinisme à la plupart des "évangéliques") ou l'assume (luthéranisme, anglicanisme, épiscopalisme), le "ministère féminin" ne s'est imposé que très tard (fin XXe siècle, c'était encore un sujet de débat animé dans les années 1980-90) et difficilement (certains "évangéliques" y sont encore réticents)... |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Mar 02 Avr 2019, 20:21 | |
| Voici une partie d'un article de Catherine Frammery paru hier dans le journal Le Temps:
Une Eglise tétanisée, des paroissiens bouleversés
Le trouble est immense parmi les catholiques, après des révélations en série sur des affaires de pédophilie ou d’abus sexuels mettant en cause jusqu’au sommet du clergé. Comment éteindre l’incendie quand la crise est mondiale?
«Ma foi a été ébranlée. Il y a eu énormément de doutes, de colère contre l’institution, l’impression d’avoir été trompée. C’était même au moment de la consécration – est-ce qu’il faut croire au prêtre qui est là? J’ai dû me replonger dans le catéchisme. Pourquoi dit-on que l’Eglise est sainte? Ce n’est pas l’institution qui est sainte, c’est parce qu’elle est voulue dans le plan de Dieu…» Eglise Saint-François-de-Sales, Genève, jeudi de mi-carême. Une quarantaine de fidèles sont venus comme Marie participer à l’adoration, une troupe de joyeuses jeunes filles, un vieux couple serré, une vieille femme toute seule, une autre vielle femme toute seule. L’église a été construite au début du siècle, pour remplacer la chapelle Saint-François de la rue Prévost-Martin, devenue trop petite dans ce quartier populaire aujourd’hui très mélangé. Le bâtiment est couvert d’échafaudages qui protègent la toiture, la façade et les vitraux, en cours de réfection. «Cette rénovation extérieure de l’église sera suivie d’une deuxième, consistant en la rénovation de l’intérieur», La métonymie est trop tentante, impossible de mieux dire les choses. «Il ne faut pas tout changer, mais beaucoup», souffle Stefano, avant de s’engouffrer dans l’édifice. L’équipe pastorale de Saint-François est composée de frères de la Communauté Saint-Jean, dont le fondateur est le Père Marie-Dominique Philippe, ce prêtre accusé de nombreux abus sexuels sur des femmes, dont des religieuses – le pape François a évoqué manipulation et «esclavage sexuel». La communauté elle-même avait fini par prendre officiellement ses distances en 2013, mais l’héritage est lourd pour les frères d’aujourd’hui comme pour leurs ouailles. «On l’a appris très récemment, expliquent deux jeunes fidèles, 51 ans à elles deux. Ici nous connaissons bien les frères, on sait tout ce qu’ils font. Il y a énormément d’activités pour les familles et pour les enfants, et notre priorité, c’est de les protéger, c’est aussi celle des frères. On les soutient à fond, c’est notre responsabilité, on sait qu’ils doivent se protéger. Aujourd’hui, il y a des blagues où on associe prêtres et pédophiles. C’est blessant. On est heureuses que Monseigneur Morerod ait pris la parole sur ce qui se passe en ce moment, on avait besoin d’entendre les autorités de l’Eglise prendre position. Il y a aussi une initiative qui part du Vatican, et c’est super positif. On pense aux victimes. Mais les fidèles doivent faire partie de la solution.» La métonymie est trop tentante, impossible de mieux dire les choses. «Il ne faut pas tout changer, mais beaucoup», souffle Stefano, avant de s’engouffrer dans l’édifice. L’équipe pastorale de Saint-François est composée de frères de la Communauté Saint-Jean, dont le fondateur est le Père Marie-Dominique Philippe, ce prêtre accusé de nombreux abus sexuels sur des femmes, dont des religieuses – le pape François a évoqué manipulation et «esclavage sexuel». La communauté elle-même avait fini par prendre officiellement ses distances en 2013, mais l’héritage est lourd pour les frères d’aujourd’hui comme pour leurs ouailles. «On l’a appris très récemment, expliquent deux jeunes fidèles, 51 ans à elles deux. Ici nous connaissons bien les frères, on sait tout ce qu’ils font. Il y a énormément d’activités pour les familles et pour les enfants, et notre priorité, c’est de les protéger, c’est aussi celle des frères. On les soutient à fond, c’est notre responsabilité, on sait qu’ils doivent se protéger. Aujourd’hui, il y a des blagues où on associe prêtres et pédophiles. C’est blessant. On est heureuses que Monseigneur Morerod ait pris la parole sur ce qui se passe en ce moment, on avait besoin d’entendre les autorités de l’Eglise prendre position. Il y a aussi une initiative qui part du Vatican, et c’est super positif. On pense aux victimes. Mais les fidèles doivent faire partie de la solution.»
Vers un «changement en profondeur»
Inquiets, déçus, tristes, bouleversés, voire hors d’eux: les catholiques sont soumis à rude épreuve après des torrents de révélations ces dernières années, et le rythme s’est accéléré en ce début d’année (voir encadré). La mise en cause est externe et interne. Que faire de toutes ces affaires, est-ce une crise grave mais passagère, impliquant des brebis galeuses qu’il suffira d’identifier et d’isoler, ou s’agit-il d’une crise de système, appelant à une révolution au cœur de l’Eglise et de sa doctrine: des groupes de parole sont organisés dans de nombreuses paroisses pour laisser place aux questionnements, au débat d’idées, à la souffrance de ceux qui estiment avoir été trahis. C’est pour répondre à ces attentes que, dans sa lettre épiscopale lue à l’occasion du carême dans les églises, Charles Morerod, évêque du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, est revenu sur la nécessité du «Dialogue pour la vérité»: «Si la première souffrance des victimes a été l’abus, elle a été redoublée et prolongée par la négation et la dissimulation. Ce sont d’abord les victimes qui doivent être protégées, ainsi que d’éventuelles futures victimes des mêmes abuseurs. Il est vraiment bon que la lumière s’étende toujours plus, car elle est la condition d’un changement en profondeur.» Le livre de Daniel Pittet Mon père, je vous pardonne, dans lequel le Valaisan raconte comment il a été violé dès l’âge de 9 ans par un père capucin, dont ont été victimes au moins une vingtaine de personnes depuis les années 1970 en Suisse et en France, a fait grand bruit en 2017. Depuis quelques années, l’épiscopat suisse a commencé à renforcer les procédures de dénonciation des abus, après des décennies d’inaction et de silence. Fin 2016, les évêques suisses ont lancé un appel à dénoncer les agressions subies. La prévention et la formation sont renforcées. Et depuis le 1er janvier 2019, toutes les personnes travaillant dans l’Eglise, clergé comme laïcs, doivent s’engager à respecter une nouvelle charte contre les abus sexuels, condition minimale pour recréer de la confiance dans et hors de l’institution.
«Des hommes de prière, pas de pouvoir»
Les abus sexuels du clergé sont-ils des abus de pouvoir comparables à ceux qui peuvent exister dans d’autres structures très verticales? Ou sont-ils en lien avec les prescriptions propres à l’Eglise catholique concernant la continence et la chasteté? L’obligation de la chasteté a-t-elle poussé vers la prêtrise des jeunes hommes en délicatesse avec leur orientation sexuelle? «Le célibat n’est pas le problème, mais le célibat mal vécu, observe Denis Ramelet, le fondateur de la librairie catholique Le Valentin, sous la basilique Notre-Dame de Lausanne. Suivant Mai 68, il y a eu un certain relâchement disciplinaire de l’autorité dans les années 1970-80. Ceux qui demandent des changements fondamentaux sont des opportunistes.» «Ce qu’on reproche à l’Eglise, c’est ce qui existe ailleurs dans la société, complète Silvia Kimmeier, présidente du conseil de paroisse de Notre-Dame. Si elle sort purifiée de cette épreuve, cela purifiera aussi la société.» «Le célibat à la suite du Christ est un grand don de l’esprit mais il faut le vivre», remarque l’abbé François Dupraz, le prêtre de la paroisse. Qui note que deux prêtres du canton sont mariés, venant du rite oriental. «Personnellement je serais très ouvert à ce que des hommes mariés entrent dans le sacerdoce, des viri probati.» Lui regrette que l’attention se porte sur quelques cas déviants, quand «la masse des prêtres vivent dans la fidélité à leur promesse au Christ. Il faut nommer des hommes de prière aux postes à responsabilité, et pas des hommes de pouvoir.» «On a déplacé des gens pour ne pas faire de vagues, ce n’était pas la bonne manière de faire», regrette aussi Jean-Daniel Richard, le président du Conseil de pastorale, très partisan de l’ouverture de la parole. |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Mar 02 Avr 2019, 20:24 | |
| La dame a qui l'évêque répondait en citant Jésus et les apôtres pour justifier la direction masculine de l'église était une catholique engagée. Elle a répondu à son tour : "Non vous n'allez pas encore ressortir celle-là…" |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Mar 02 Avr 2019, 23:36 | |
| En lisant ça je me demande si une part du problème, limitée mais profonde, ne tient pas au caractère simpliste et infantile du langage ordinaire de la "foi" catholique (beaucoup plus que protestante), tel qu'il s'exprime du catéchisme à la plupart des homélies et autres activités "pastorales": on continue de parler à des adultes comme à des enfants, le monde de "Dieu" reste un monde de l'enfance, déconnecté de la vie quotidienne (et notamment de la sexualité) des adultes; les prêtres en sont les premiers affectés, qui apparaissent et se comportent parfois comme d'éternels enfants, sans compter une ambiguïté accrue de leur rapport aux (vrais) enfants, où une sorte de familiarité naïve et teintée de merveilleux peut d'autant plus facilement basculer dans tout autre chose.
Que les catholiques, clercs et laïcs, se trouvent ainsi dans l'obligation de parler sérieusement entre eux de problèmes sérieux, c'est probablement un (petit) bien (qui résulte d'un grand mal), mais le décalage entre ce qui se dit là et ce qui se rabâche aux offices n'en sera que plus criant si la "foi" même n'arrive pas à s'exprimer de façon moins enfantine. Ce n'est pas facile parce que le rapport de beaucoup de catholiques (sans doute davantage les pratiquants occasionnels que réguliers) à la "foi" est justement un rapport à l'enfance (leur enfance comme celle de leurs enfants ou petits-enfants).
Le problème est profond: l'éloge du célibat, de la virginité, de la chasteté ou de la continence, y compris dans les traditions évangéliques de la "naissance virginale" (sur lesquelles les exégètes catholiques ne se font pas plus d'illusion que les protestants, mais qui continuent d'être enseignées "au premier degré" dans l'Eglise), a durablement inscrit "Dieu" dans un idéal d'asexualité prépubère qui est peut-être nécessaire en tant que tel, mais communique très mal avec "la réalité". |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Mar 23 Avr 2019, 12:01 | |
| L’archevêque d’Aix et Arles « tout à fait favorable » à l’ordination d’hommes mariés
Mgr Dufour est le second archevêque français cette année à suggérer possible que des hommes mariés puissent être prêtres catholiques.
L’archevêque d’Aix-en-Provence et d’Arles, Mgr Christophe Dufour, s’est déclaré « tout à fait favorable » à l’ordination d’hommes mariés, ce lundi, à l’antenne de France Bleu Provence, tout en estimant qu’« il n’y aura jamais d’ordination de femmes ».
« L’ordination des hommes mariés se fait déjà chez les Maronites au Liban, chez les Grecs catholiques et chez les Syriens catholiques », a rappelé Mgr Dufour: et « bien sûr j’y suis tout à fait favorable, si un jour le besoin s’en fait vraiment sentir et si l’évolution de notre Eglise le permet ».
Si Mgr Dufour ne déclare pas y être opposé, il « pense qu’il n’y aura jamais d’ordination de femmes » par contre: « Mais il pourrait y avoir de nouveaux ministères pour les femmes », a-t-il précisé.
Voix atypique, l’archevêque de Poitiers, Pascal Wintzer, avait déjà suggéré en mars, sur la radio chrétienne RCF puis sur France 3, que les hommes mariés, comme c’est le cas dans l’Eglise d’Orient, puissent être ordonnés prêtres: « La fin de la loi du célibat pour tous serait une manière de nous ramener à l’humanité ordinaire », avait-il estimé.
En janvier, le pape François avait encore clairement rejeté toute remise en cause générale du célibat des prêtres dans le catholicisme romain, qualifié de « don pour l’Eglise » qui ne peut pas devenir « optionnel ». https://www.nouvelobs.com/societe/20190422.OBS11928/l-archeveque-d-aix-et-arles-tout-a-fait-favorable-a-l-ordination-d-hommes-maries.html |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Mar 23 Avr 2019, 13:26 | |
| J'ai regardé hier soir une émission à la télévision sur la chaine Histoire.
Les historiennes qui présentaient le sujet (2 femmes britanniques) ont attiré l'attention sur le fait que selon des découvertes récentes, il semble y avoir eu des femmes évêques, certainement prêtres également jusqu'au milieu du 4e siècle de notre ère. Selon ces 2 chercheuses c'est durant le règne de l'empereur Constantin que cette pratique a pris fin. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Des prêtres se marient Mer 24 Avr 2019, 13:32 | |
| En quelques décennies, le débat interne de l'Eglise anglicane a glissé du pastorat-sacerdoce féminin à l'épiscopat féminin...
Les considérations historiques n'ont guère d'importance dans une logique dogmatique qui par nature tourne en rond et ne se modifie jamais que par une décision d'autorité qui s'impose -- quand ce n'est pas un pouvoir autocratique qui l'impose, c'est celui d'une majorité qualifiée et secondée par la "force des choses"... |
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