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 Le Bonheur, la Souffrance et le Christianisme

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le chapelier toqué
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MessageSujet: Re: Le Bonheur, la Souffrance et le Christianisme   souffrance - Le Bonheur, la Souffrance et le Christianisme - Page 4 Icon_minitimeJeu 26 Jan 2023, 10:15

Rire ou pleurer ? L'homme face au monde, de Rabelais à Montaigne

Faut-il rire ou pleurer ? Ce dilemme, apparemment factice, est d’emblée mis en scène dans le Pantagruel de Rabelais : alors que sa femme vient de mourir en couches, Gargantua doit-il avoir à l’esprit sa « pantoufle » (Badebec) ou son « peton » (Pantagruel) ? « Ha Badebec » ou « Ho mon fils » ? Ici exprimée de manière comique, cette opposition est capitale pour comprendre la Renaissance, et ceci pour deux raisons. D’une part, elle pose la question de la légitimité et de l’ambivalence de ces signes que sont le rire et les larmes : il est naturel et légitime d’exprimer sa joie d’avoir un fils, mais que faire quand sa mère meurt en couches ? D’autre part, cette opposition traduit l’approfondissement, à la Renaissance, de l’union des contraires et une évolution majeure de l’anthropologie humaniste : la succession rapide voire la coexistence des larmes et du rire figure l’insondable complexité de la nature humaine. Empruntant les chemins magistralement éclairés par D. Ménager et M. A. Screech., c’est en examinant ces deux axes que j’aborderai ce sujet, en étudiant d’abord l’opposition entre les pleurs et le rire, incarnés par les figures célèbres de Démocrite et Héraclite, pour ensuite montrer comment la Renaissance dépasse cette opposition et approfondit une troisième voie : le mélange du rire et des pleurs. De Rabelais à Montaigne se dessinent une continuité et une évolution dans une Renaissance soucieuse d’explorer les mondes divers du cœur humain.

https://www.cairn.info/revue-l-information-litteraire-2006-2-page-12.htm
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Le Bonheur, la Souffrance et le Christianisme   souffrance - Le Bonheur, la Souffrance et le Christianisme - Page 4 Icon_minitimeJeu 26 Jan 2023, 12:33

Etude passionnante sur une époque passionnante -- au moins rétrospectivement, par ses textes, pour ceux qui les lisent et n'ont pas eu à la vivre. La conclusion est peut-être un peu trop schématique, mais éclairante (ça va souvent de pair): quant au couple rire / larmes (etc.), on a glissé tout au long du XVIe siècle du "ou... ou" (alternative) au "et... et" (utraque, qui de Rabelais à Montaigne tend à s'unifier et à se tempérer comme du rire au sourire), puis au "ni... ni" (ne-utrum, et toute la "neutralité" qui s'ensuit), surtout en philosophie et à mesure que celle-ci se démarquait de la littérature, à de très rares exceptions près comme Nietzsche, lui-même passionné par la Renaissance et sa virtù. Il me semble du reste que cet étiolement moral, affectif, sentimental, émotif (on rit et on pleure de moins en moins fort, jusqu'à ne plus oser ni rire ni pleurer), est une tendance de fond et de long cours de la modernité, nonobstant de rares moments de turbulence à contre-courant...

Nietzsche d'ailleurs attribuait déjà à Luther le "repli" du potentiel "vital" et tragicomique de la Renaissance sur une théologie que la philosophie ultérieure n'a fait que prolonger: la parenté "protestante" me paraît indéniable, mais je la crois plus progressive: Luther riait beaucoup, Calvin riait encore (il y a plus d'affinité entre lui et Rabelais ou Montaigne qu'on ne l'imagine si on ne l'a jamais lu -- ce que je n'aurais probablement jamais fait si je n'y avais été contraint par un professeur de théologie calviniste), c'est surtout après que la théologie et la philosophie sont devenues austères, voire sinistres -- tandis que le rire et les larmes se réfugiaient ailleurs, dans la littérature, au théâtre, à l'opéra, au cinéma...
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Le Bonheur, la Souffrance et le Christianisme
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