Y a-t-il un juste parmi les Témoins

La question soulevée dans le titre de ce sujet:
Y a-t-il un juste parmi les Témoins? est à considérer dans le sens de juste au regard d'une action accomplie au cours de la seconde guerre mondiale en faveur d'une personne juive.

Des hommes et des femmes de toutes confessions voire sans confession ont accompli au péril de leur vie des actions en faveur des juifs afin de les sauver de la déportation et pratiquement de la mort.

Mais il ne me semble pas avoir entendu qu'un Témoin, au moment des faits, ait agit de cette façon.

La question que tu soulèves est intéressante et embarrassante à la fois.  Car pour être un juste parmi les nations, reconnu au  Mémorial de Yad Vashem, il faut avoir aider un ou plusieurs Juifs à sauver leur vie au péril de la sienne.
En d'autre termes, avoir fait preuve d'humanité alors que tout (les risques pour soi et sa famille , la désobéissance à la loi, la crainte du qu'en-dira-t-on, du bavardage ou de la dénonciation...) rendait la chose périlleuse. Et tout cela sans rien attendre en retour.

En fait, la question est de savoir si certain témoins de Jéhovah, ont pu faire preuve de la compassion et du courage nécessaire à un tel acte ? Les règles normatives du mouvement ont-elles étouffé complètement toute humanité chez ses adeptes ? ou bien quelques-uns ont-ils su conserver un cœur et une âme ?  je voudrai décortiquer trois points important avant d'apporter une réponse à ces questions (qui n'est que mon humble opinion sur la question d'ailleurs).


les opportunités : Au vue du faible nombre de Juifs sauvés (environs 8000 sauvetages avérés) par rapport aux 6Millions de victimes de la Shoah, il apparait que ces justes furent peu nombreux, et que ceux qui le devinrent devaient posséder, outre un grand courage et du cœur, une opportunité particulière. Qui d'habiter à la campagne loin d'un casernement SS (Village de Chambon-sur-Lignon ), Qui d'avoir une position au dessus de tout soupçons lui permettant de garder ouvertement des Juifs auprès de lui (Shindler...). D'autres plus courageux , ont aussi provoqué des opportunités, ce fût le cas de certains résistants notamment. Mais pour les TJ qui étaient de par leurs prises de positions suivis de près par les polices de leurs pays ainsi que par la Gestapo, il ne devait pas être aisé de cacher un Juif.

Les chiffres : combien y avait-ils de TJ à l'époque ? environ 100.000 dans le monde, soit un peu plus de 50.000 répartis dans toute l’Europe.
si on considère la proportions de 24 355 Justes parmi les nations de 46 pays, sachant qu'en Europe il y avait avant le conflit environ 600 Millions d'habitant (Russie comprise) cela fait une proportion de 1 Juste pour 25000 habitant. en gardant ces chiffres à l'esprit, il y aurait potentiellement 2 justes pour la population TJ de l'époque.

les témoignages : Beaucoup de ceux qui prirent des risques le payèrent de leur vie, et tous les efforts ne furent malheureusement pas couronnés de succès. Or pour qu'un Juste soit reconnu comme tel, il faut en faire la demande et qu'il y ait des témoignages avérés: La délivrance du titre de Juste est basée uniquement sur des témoignages de Juifs en faveur de leurs anciens sauveteurs, c'est ainsi que certains n'ont pu obtenir le statut de Juste (Mgr Bruno de Solages par ex.), les témoignages manquants. D'autre n'en ont tout simplement pas fait la demande (c'est le cas de nombre d'Arabes d'Afrique du Nord).

Enfin, pour conclure cette mini-analyse, il se peux également qu'un TJ soit devenu un Juste parmi les nations sans s'être identifié comme TJ, soit par choix, soit car il ne profère plus cette croyance (comme nombre d'entre nous) soit encore car étant ultra minoritaire cette 'particularité' n'apparait  pas dans le long listing des Justes de Yad Vashem.

Quant à savoir si les TJ ont moins d'humanité que le reste des humains... je dirai pour ma part que j'ai rencontré de tout chez les TJ, du meilleur au pire, il n'y a pas de différence à mon sens avec un échantillon de population donné toute religion confondu.

Une petite question pour conclure :Et nous, lorsque nous étions TJ, aurions nous risqué notre vie, celle de nos proches, notre liberté pour sauver un inconnu ?

Ma question est embarrassante et ton analyse et les réponses apportées le prouvent bien. Je ne sais pas si j'aurais pris tant de risques au cours de la seconde guerre mondiale, de plus les frontières suisses étaient fermées et les juifs provenant d'Allemagne avaient un grand J figurant sur leur passeport. Cela signifiait pour eux l'impossibilité de rentrer en Suisse pendant le conflit.

Quelques suisses ont pris de tels risques et ce n'est que tardivement qu'ils ont été reconnus comme ayant été des justes. Pendant des années les autorités suisses ont considéré un ancien responsable de la police de Saint Gall Paul Grüninger qui aida de nombreux juifs a passé la frontière entre 1938 et 1939 en dépit des restrictions imposées aux juifs, comme un homme rebelle à l'autorité. Ce n'est que très récemment que son action a été reconnue.