inter-minables

Sciences Po, Palestine : la DÉSINFORMATION du gouvernement - Clément Viktorovitch

L'actualité a été marquée par le blocage et l'évacuation de Sciences Po et le gouvernement n'a pas tardé à réagir : je commente les déclarations de Gabriel Attal, et surtout, de Sarah El Haïry, Ministre déléguée chargée de l'Enfance, de la Jeunesse et des Familles, qui a tenu un argumentaire extrêmement fallacieux. 

https://www.youtube.com/watch?v=CVGsLZ8bLlk

La machine médiato-politique fait tout pour criminaliser et décrédibiliser les "transgressifs".

Comme j'essayais de l'expliquer précédemment, c'est la logique même de la transgression qu'elle soit criminalisée, donc la criminalisation lui rendrait plutôt service en l'obligeant à s'assumer telle qu'elle est et à savoir ce qu'elle veut (pas "le beurre et l'argent du beurre") -- je repense à Wittgenstein et à sa définition tautologique et sobre de la logique, qui ne fait jamais qu'ex-pliquer, ex-pliciter, dé-ployer, développer ce qui est implicite ou enveloppé dans une proposition ou un concept: dès qu'elle prétend faire plus ou autre chose elle cesse d'être logique (suivez mon regard et voyez Hegel et ses suites).

En décelant l'hyperbolique du rap dans la rhétorique de Mme El Haïry (dont j'ignorais autant l'existence que le nom), Viktorovitch court le risque de passer pour sexiste, raciste et homophobe, mais dans un sens c'est assez bien joué vu les postures autoritaires de la dame en question...

L'hypocrisie n'a même plus besoin d'être persuasive ou convaincante, c'est le masque même du comédien politique et/ou médiatique qui sert de signe de ralliement ou d'épouvantail, indépendamment de la voix qu'il est censé porter (per/sona), a fortiori de ce qu'elle dit. Mais les masques mêmes il faut les choisir ou les confectionner intelligemment: à faire figurer "l'autorité" par les personnes ou les personnages qui sont le moins aptes à la représenter, on la tourne en ridicule et le drame vire à la comédie, ou à la farce.

Je me demande bien pourquoi il n'y a pas eu de manifestations aussi marquées dans les unis ou sur les campus à propos de la situation des Ukrainiens? Sont-ils déjà oubliés?

Certes les autorités israéliennes usent d'une force peu commune pour éradiquer le Hamas et par la même occasion une bonne partie de la population civile de Gaza, mais n'est-ce pas la même pratique que l'on peut observer sur le territoire de l'Ukraine, les russes ne veulent ils pas liquider le gouvernement ukrainien, avec le risque de tuer de nombreux civils?

Il est bien difficile de nettoyer un territoire sans toucher une population considérée comme un effet collatéral.

Il n'y a pas grand-chose de comparable entre les deux conflits, si ce n'est les victimes... Mais les manifestations en Europe ou en Amérique visent surtout la politique de leurs propres Etats qui, en revanche, appelle stridemment la comparaison: ils ont immédiatement condamné la Russie et soutenu l'Ukraine en position de faiblesse (ils auraient probablement gagné à le faire encore plus fort et plus vite, mais c'est facile à dire après coup), ils continuent à soutenir Israël qui, s'il n'est pas l'agresseur initial (à condition de faire du 7 octobre 2023 un commencement absolu, en oubliant les 75 ans de spoliation et d'oppression qui l'ont précédé !), est dans une position de supériorité démesurée, à tel point qu'il s'agit moins d'une guerre que d'un massacre unilatéral (shooting fish in a barrel, tirer sur des poissons dans un tonneau, dit l'expression américaine)...

Pourtant les deux sont bien liés: Poutine est d'ores et déjà le principal gagnant de la guerre à Gaza, qui divise l'opinion de l'Occident et entrave son soutien à l'Ukraine, tout en mettant les "méchants" habituels (Russie, Chine, Iran, Turquie) du "bon" côté aux yeux d'une part croissante de l'opinion occidentale -- jeu d'échecs ou de billard géopolitique où les pro-palestiniens sont aussi instrumentalisés que les autres.

La Suisse a invité tous les pays désirant voir la paix s'instaurer en Ukraine à venir au Bürgenstock afin d'entamer une discussion, la Russie n'a pas été invitée pour la première journée de ces discussions.

La Russie se présente comme une victime concernée au premier chef par la guerre en Ukraine et qui n'est malgré tout pas invitée. Selon la porte parole de la diplomatie russe, la Russie n'est pas invitée et n'ira donc pas à cette conférence. C'est une déclaration curieuse qu'il faut bien considérer et surtout il s'agit de lire entre les lignes. La Russie aimerait bien discuter mais en imposant son regard sur le conflit et ne pas perdre la face en acceptant de se retrouver à la même table que l'Ukraine.

Je n'en avais pas entendu parler.

On ne peut guère s'attendre que des rapports de force(s) soient réglés ou arbitrés par un "droit" ou une "raison" qui ne sont que des expressions plus ou moins différées des mêmes rapports, susceptibles de ralentir leur évolution mais nullement de l'empêcher, à peine de l'infléchir. Les discours-propagandes qui s'affrontent ou s'évitent (je suis toujours admiratif de l'entente ou de l'intelligence mutuelle que montrent les gens ou les nations qui s'évitent et ne se parlent pas, c'est une sorte de danse diplomatique où il faut bien se comprendre pour ne pas se comprendre) font partie intégrante desdits rapports...

Bien entendu, les rapports de force ne se limitent jamais à un champ de bataille ou à une ligne de front (Gaza-Palestine / Israël ou Ukraine / Russie), ils impliquent à chaque fois la totalité des acteurs (politiques, militaires, économiques, financiers), toujours les mêmes mais selon des configurations, des stratégies et des tactiques différentes (les alliances expresses ou tacites varient d'un conflit à l'autre), ce qui complique l'ensemble du jeu qui reste pourtant le même jeu de part en part.

Guerre Israël-Hamas : l’émotion de Jean-Louis Bourlanges, souffrant, à la tribune de l’Assemblée nationale

Le président de la commission des Affaires étrangères, membre du Modem, a prononcé un discours véhément contre le gouvernement Netanyahou et la politique israélienne de colonisation, salué par les Insoumis.

Un discours néanmoins très clivant au sein de l’Assemblée nationale, où la figure centriste a été vivement critiquée par le député LR des Français de l’étranger, Meyer Habib, et au contraire salué à plusieurs reprises par le banc des parlementaires insoumis. Il faut dire que, si le député Bourlanges a dénoncé avec véhémence les «crimes de guerre» du Hamas commis le 7 octobre en Israël, évoquant même une «volonté génocidaire» du groupe terroriste islamiste et reconnaissant le «droit absolu d’Israël à se défendre», il a en même temps vivement condamné la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou, en rupture avec celle des «grands dirigeants historiques d’Israël (qui) avaient une conscience aiguë de la vulnérabilité sécuritaire extrême» de l’État hébreu, révélée par la guerre du Kippour en 1973. «Ces hommes avaient pressenti qu'Israël ne trouverait la paix qu'à la condition d'établir avec les États arabes mais aussi avec les hommes et les femmes de Palestine une relation équilibrée qui supposerait le respect mutuel et le partage des bénéfices de la paix», a poursuivi le parlementaire.

« La violence barbare du Hamas était sans excuse mais pas sans cause »

Jean-Louis Bourlanges, citant l’archevêque d’Alger

Citant l’archevêque d’Alger, Jean-Louis Bourlanges a expliqué que «la violence barbare du Hamas était sans excuse mais pas sans cause». «Les gouvernements successifs de Netanyahou ont agi comme si le problème palestinien appartenait au passé et qu'il n'y avait plus lieu de prendre en compte les attentes et de redouter les initiatives issues d'une communauté palestinienne divisée, disqualifiée et, dans ses formes les plus extrêmes - celle du Hamas -, tout simplement achetées par son ennemi», a déploré le député Modem. Le président de la commission des Affaires étrangères a notamment critiqué avec véhémence la politique israélienne de colonisation en Cisjordanie, toujours sous les applaudissements des députés LFI : «Les accords d'Abraham [rapprochement entre Israël, les Émirats arabes unis et le Bahreïn en 2020, NDLR] ayant permis aux États arabes d'abandonner les Palestiniens à leur triste sort, le gouvernement israélien s'est senti libre d'engager sans risque une relance rampante mais brutale et déterminée de sa politique de colonisation en Cisjordanie».

Mais Jean-Louis Bourlanges ne considère pas Israël comme le seul fautif. «Il serait injuste d'attribuer à l'État hébreu le monopole de la nouvelle brutalisation du monde d'où l'horreur du 7 octobre est sortie. Partout les forces attachées à la modération, à la coopération et à la paix ont été battues en brèches. Que les Palestiniens aient eu la tentation croissante et suicidaire de se réfugier dans une sorte de nihilisme politique ne peut hélas pas nous surprendre. Une population sans avenir, donc sans espoir pouvait-elle être tentée par des partis modérés qui n'avaient rien à lui offrir ?», s’est interrogé le député à la tribune de l’Assemblée.

https://www.lefigaro.fr/international/guerre-israel-hamas-l-emotion-de-jean-louis-bourlanges-souffrant-a-la-tribune-de-l-assemblee-nationale-20231023

L’archevêque d’Alger et Jean-Louis Bourlanges tombent-ils sous l'accusation d'apologie du terrorisme ???

N.B.: cela date d'octobre 2023, donc de quelques jours / semaines seulement après le déclenchement de l'épisode: l'analyse n'en paraît que plus remarquable.

On en est maintenant à plus de 30 morts civiles palestiniennes pour une israélienne (en termes "bibliques", dans la logique non plus du talion mais du génocide assumé des "Cananéens", Deutéronome-Josué), et même sans passer par l'"excuse" la "suite" rejoint la "cause". Si, comme disait Camus, la révolte se justifie après coup, alors la répression et les représailles constituent la meilleure "apologie du terrorisme", irréfutable et irrépressible... Les "terroristes" du 7 octobre, s'il en reste, doivent surtout regretter de n'en avoir pas fait davantage.

Gaza: «Les autorités allemandes veulent m’empêcher de témoigner devant la CPI», assure le docteur Abu Sitta

Après avoir été refoulé à l'aéroport de Paris ce samedi 4 mai, un chirurgien britanno-palestinien accuse l'Allemagne de vouloir l'empêcher de témoigner des horreurs en cours à Gaza auprès de la Cour pénale internationale (CPI). Ghassan Abu Sitta a soigné des blessés de l'hôpital al-Chifa à Gaza pendant un mois et demi. C'est en se rendant à un colloque sur ce sujet au Sénat français qu'il a découvert que l'Allemagne avait émis une interdiction de l'espace Schengen pour une durée d'un an.

Ce dimanche 5 mai, RFI a pu joindre par téléphone le médecin Ghassan Abu Sitta, rentré à Londres la veille après son interdiction d'entrée sur le territoire français. Entretien.

RFI : À l’aéroport Charles de Gaulle, près de Paris, quelle raison vous a été donnée concernant votre refus d’entrée sur le territoire français ?

Ghassan Abu Sitta : Les policiers qui ont traité mon cas m’ont simplement dit que je faisais l’objet d’une interdiction administrative de territoire. Ils me disaient que les Allemands avaient entré mon nom dans le système de l’espace Schengen. En avril, l’Allemagne m’avait refusé l’entrée sur son territoire mais le papier qu’ils m’avaient donné à ce moment-là ne stipulait qu’une interdiction d’un mois d’entrée sur le territoire allemand. Rien de plus n’a ensuite été mentionné à mes avocats en Allemagne.

À Paris, samedi, la journée a été exténuante. J’ai été moins bien traité que par les autorités allemandes qui m’avaient simplement orienté vers la salle d’embarquement de mon vol retour vers Londres. Cette fois-ci, j’ai été placé en cellule de détention puis finalement, j'ai été escorté par des personnes armées jusqu’à mon avion. Les organisateurs du colloque auquel je devais participer au Sénat français ont bien essayé de résoudre le problème, sans succès.

RFI : Vingt-quatre heures plus tard, avez-vous compris ce qu’il s’était passé ?  

Ghassan Abu Sitta : Jusqu’à présent, on ne m’a pas donné de raison officielle. Apparemment, je fais l’objet d’une interdiction administrative de territoire dans l’espace Schengen. Si j’ai bien compris, il y a des interdictions légales et des interdictions administratives. Dans le cas d’une interdiction administrative, le pays émetteur n’a pas de justification à donner.

Je pense qu’il s’agit d'une tentative des autorités allemandes de faire pression sur le fonctionnement de la CPI pour empêcher des personnes qui pourraient devenir des témoins de se rendre à la Haye. Je fais partie du processus d’enquête mené par la CPI sur les possibles crimes de guerres commis dans la guerre à Gaza. J’ai fourni des preuves et je suis censé m’y rendre dans un mois. Les Pays-Bas font partie de l’espace Schengen. Mes avocats sont donc en relations avec la CPI, et avec les autorités allemandes, sur cette question.

Je devais également donner une série de conférences dans des universités néerlandaises et rencontrer le directeur de l'agence des Nations unies sur les armes chimiques au sujet de l'utilisation du phosphore blanc par les Israéliens. Je pense que mon interdiction de territoire fait partie d'une campagne concertée. Le procureur de la CPI Karim Khan a déclaré vendredi dernier avoir subi de fortes pressions de la part de l'administration américaine, du Congrès américain et des gouvernements européens pour l'empêcher de délivrer des mandats d'arrêts contre Benyamin Netanyahu et les dirigeants de l'armée israélienne.

RFI : Votre collègue, le chirurgien Adnan al-Bursh, est mort dans une prison israélienne le 19 avril dernier, selon les autorités israéliennes. Ces dernières refusent de rendre le corps à la famille. Espérez-vous réussir à connaître les circonstances de sa mort ?  

Ghassan Abu Sitta : J’ai travaillé avec Adnan al-Bursh durant la guerre de 2021, puis nous avons collaboré sur des programmes de formation à Gaza et à nouveau durant cette guerre.

Le docteur Adnan al-Bursh était le chef du service de chirurgie orthopédique de l'hôpital al-Chifa. Il avait été formé au Royaume-Uni, où il avait suivi une formation complémentaire dans le domaine de la reconstruction complexe des membres, un domaine qui fait cruellement défaut à Gaza à cause de toutes les guerres.

Lorsque les Israéliens ont encerclé pour la première fois al-Chifa, il a refusé de quitter ses patients. Finalement, l’Organisation mondiale de la santé a organisé une évacuation des patients et du personnel. Il est alors parti dans le nord de Gaza pour travailler dans un autre hôpital où il a été blessé. Il a finalement été arrêté par les Israéliens en décembre dernier. Des témoins oculaires ont rapporté qu'il avait été battu par les gardes de la prison et qu'il avait des marques de blessures à la tête quand ils l'ont vu dans la cellule.

Les Israéliens refusent toujours de rendre son corps pour permettre une autopsie appropriée. Ils refusent d'autoriser la famille à récupérer le corps. Nous pensons qu’ils attendent que le corps se décompose pour effacer les preuves. Il n’y a aucun recours juridique possible aujourd’hui 

Les gouvernements européens passent leur temps à essayer de faire taire les quelques témoins qui vivent à l'étranger. Nous ne nous attendons pas à ce qu'ils fassent pression sur les Israéliens pour les empêcher de faire taire les témoins qu'ils ont dans leurs prisons. Politiquement, l'Europe est complice du génocide.

https://www.rfi.fr/fr/europe/20240505-gaza-les-autorit%C3%A9s-allemandes-veulent-m-emp%C3%AAcher-de-t%C3%A9moigner-devant-la-cpi-assure-le-docteur-abu-sitta


À Berlin, la politique du pire au nom du bien

Alliée indéfectible d’Israël pour des raisons historiques aisément compréhensibles, l’Allemagne a dérivé depuis le 7 octobre vers une position de soutien inconditionnel au gouvernement d’extrême droite de Tel-Aviv. Et réprime les populations musulmanes au nom de la lutte contre l’antisémitisme.

Après l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas, le chancelier Olaf Scholz a rappelé que « la sécurité d’Israël est raison d’État pour l’Allemagne » (12 octobre). Mélange de travail de mémoire et d’habileté diplomatique, ce positionnement a pris cette fois un accent particulier. Plusieurs responsables progressistes de premier plan ont pointé du doigt la population musulmane (5,5 millions de personnes) comme source d’un nouvel antisémitisme et donc comme une menace intérieure. D’ordinaire en pointe dans la lutte contre le racisme, le président Frank-Walter Steinmeier a exhorté « les gens d’ascendance palestinienne ou arabe » à « rejeter fermement le terrorisme ! » (8 novembre). Une semaine auparavant, le ministre de l’économie Robert Habeck avait donné le ton dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux : « Lorsque des juifs et des juives sont attaqués », prévenait-il, les musulmans d’Allemagne « doivent marquer clairement leur distance avec l’antisémitisme afin de ne pas compromettre leur propre droit à la tolérance » (1er novembre). Mais si l’ensemble des musulmans doivent répondre des agissements du Hamas, nul n’invite les chrétiens et les juifs d’Allemagne à dénoncer les attentats d’extrême droite ou les crimes de guerre de l’armée israélienne. Incarnation de la nouvelle identité atlantiste et bourgeoise des Verts, M. Habeck a profité du conflit pour chapitrer les militants attachés aux positions pacifistes que défendaient les Grünen dans les années 1980 : « Je m’inquiète de l’antisémitisme chez une partie de la gauche, et malheureusement aussi chez de jeunes activistes. L’anticolonialisme ne peut pas conduire à l’antisémitisme. Ainsi cette partie de la gauche devrait revoir ses arguments et se méfier des grands récits de résistance. »

En même temps que le chancelier célébrait le 26 octobre dernier « Israël, un État démocratique guidé par des principes très humanitaires » et s’opposait à tout cessez-le-feu, la répression s’abattait sur les sympathisants de (...)

https://www.monde-diplomatique.fr/2023/12/RIMBERT/66373#:~:text=Alli%C3%A9e%20ind%C3%A9fectible%20d'Isra%C3%ABl%20pour,la%20lutte%20contre%20l'antis%C3%A9mitisme.

Je vois que notre lecture du "Monde diplo" s'arrête au même endroit...

J'accède en revanche à toute l'interview du Dr Abu Sitta sur le site de rfi, et je remarque que dans un passage que tu n'as pas cité il parle de "crise morale", ce qui me paraît très juste. C'est la possibilité même d'une "morale", surtout "universelle" au sens moderne, occidental et spécialement kantien, qui est piégée d'avance dans une rhétorique outrageusement discriminatoire: dès qu'on parle d'antisémitisme, qu'on soit antisémite ou anti-antisémite, on a d'avance décidé de traiter "les juifs" autrement que le reste des citoyens, et "l'Etat d'Israël" autrement que les autres Etats. Le principe de discrimination qui constitue l'antisémitisme constitue aussi ses contraires, c'est pourquoi l'extrême droite passe si facilement de l'antisémitisme au sionisme, et Israël à l'extrême droite... Vu l'inertie de la honte qui a frappé l'Allemagne et l'Europe antisémites à retardement après la shoah, mais justifie 80 ans plus tard le soutien à un Israël passé depuis longtemps de victime à bourreau, il y a fort à parier que la honte du massacre en cours arrivera aussi trop tard, et qu'elle pèsera longtemps sur Israël.

AFFAIRE MEURICE : la ministre de la Culture raconte N'IMPORTE QUOI ! - Clément Viktorovitch

J'analyse la prise de parole de Rachida Dati, ministre de la Justice, au sujet de l'affaire Guillaume Meurice, mis à pied par Radio France après sa dernière chronique. 

https://www.youtube.com/watch?v=ORcoRbo9eG4

Une question que ne pose pas Viktorovitch, concernant la "recommandation" de l'Arcom, c'est: pourquoi une radio, fût-elle publique, serait-elle tenue d'assurer une "cohésion" sociale ou nationale ? Il y a suffisamment de médias d'opinion, avoués ou non, qui déversent à pleins tubes et sans vergogne une propagande d'extrême-droite sur des fonds privés pour qu'on ne lie pas les mains de ceux qui tentent de les contrebalancer en les contraignant à une neutralité ou à une impartialité sur lesquelles quasiment plus personne ne se fait d'illusion.

Quant à la "recrudescence des actes antisémites", elle me semble en grande partie une fabrication médiatique, politique et policière, et appelle furieusement la question -- jamais abordée -- des rapports de la "communauté juive de France" (puisque dans son cas on accepte un "communautarisme" qu'on refuse à d'autres "communautés") à l'Etat d'Israël... De tout cela Viktorovitch, sauf erreur de ma part, ne parle pas non plus.

Citation :

Quant à la "recrudescence des actes antisémites", elle me semble en grande partie une fabrication médiatique, politique et policière, et appelle furieusement la question -- jamais abordée -- des rapports de la "communauté juive de France" (puisque dans son cas on accepte un "communautarisme" qu'on refuse à d'autres "communautés") à l'Etat d'Israël... De tout cela Viktorovitch, sauf erreur de ma part, ne parle pas non plus.

Je partage ton analyse, nous pouvons nous demander en quoi une "blague" sur un chef d'Etat "étrangers" puisse menacer  la "cohésion" sociale ou nationale française. En clair, pourquoi la "communauté juive de France" pourrait-elle se sentir ostracisée suite à des propos "comiques" (et grinçants) concernant le 1er ministre d'Israël, Netanyahu ? Dans le climat actuel, comprendrait-on qu'un franco-algérien puisse se sentir stigmatisé suite à une blague sur le président algérien .  Il me parait aberrant de faire porter la responsabilité de la cohésion sociale et nationale sur les frêles épaules d'un comique. Les journalistes des chaines d'infos restent étonnamment silencieux (voir se réjouissent) devant une telle atteinte à la liberté d'expression avec des arguments aussi faibles et sans consistances.  Nous sommes loin de l'esprit "Charlie" ... Qui aurait pu être  taxé (aussi) de briseur de cohésion sociale et nationale ...


A quoi faut-il s'attendre à Gaza avec les nouvelles opérations de Tsahal ? - C Ce soir du 8 mai 2024


On revient dans C Ce Soir sur le début de l’offensive israélienne à Rafah, où survivent plus d’1 millions de réfugiés palestiniens… Un retournement de situation alors que le Hamas annonçait lundi soir son accord sur une proposition de cessez-le-feu, 7 mois quasi jour pour jour  après le début de la guerre.
Alors l’offensive sur Rafah enterre-t-elle tout espoir de trêve ? Les deux parties sont-elles sincèrement engagées dans les négociations ou s’emploient-elles volontairement à les saborder ? 


https://www.youtube.com/watch?v=YVwEjuLpbLg

"Charlie-Hebdo", puisque tu en parles, avait déjà beaucoup glissé de sa première posture subversive ("Hara-kiri", rétrospectivement ça paraîtrait presque prophétique) avant de devenir, à titre posthume ou peu s'en faut, et à contre-emploi par rapport à sa vocation initiale, symbole d'unité nationale... Il aurait dû méditer la leçon de Desproges, non pas "de quoi" mais "avec qui" on rit, pour se rendre compte que s'il faisait rire l'extrême-droite islamophobe et xénophobe il avait de quoi s'interroger; et celles de Marx, des rapports de force primant sur tous les autres, ce qui implique entre autres qu'on ne rie pas avec les forts comme avec les faibles, dans chaque situation donnée.

L'argument de Filiu (que je suis content de retrouver là alors que je ne peux plus le lire que très partiellement sur le site du "Monde") me paraît malheureusement prêter le flanc à une critique du genre anti-néo-colonialiste: imposons une solution rationnelle (à deux Etats-nations-raisons) à ces peuples qui sont trop cons pour la trouver tout seuls, rien de tel pour se mettre tout le monde à dos... Par contre tout ce qui est dit là du discrédit de l'Occident me paraît imparable, et irrémédiable. Ce qui pourrait être une chance, si la critique de "l'Occident" ne s'arrêtait pas beaucoup trop tôt, si elle en venait à remettre en question le paradigme d'Etat-nation-raison qui est bien "occidental" et "moderne", mais passe toujours pour incontournable aux yeux de tous les protagonistes.

Le concept d'Etat-nation, qui n'a guère plus de deux siècles d'existence (c'est peu au regard de "l'histoire", encore moins au regard de la "préhistoire"), passera peut-être aux peuples comme il leur est venu, quand ils se rendront compte qu'ils ont tout intérêt à ramener leur "politique" à une échelle locale et plus modeste (p. ex. autour de la ville, polis, selon l'idée d'origine du mot grec): ce jour-là, le cas échéant, on se demandera pourquoi on s'y est accroché si longtemps malgré des résultats désastreux (dont deux guerres mondiales), en préférant la fuite en avant d'un inter-nationalisme qui ne fait que démultiplier les vices congénitaux de l'Etat-nation (puisqu'il n'y a dialogue et négociation qu'entre des "chefs d'Etat", indifféremment démocrates et tyrans). Chaque conflit insoluble serait l'occasion d'une telle prise de conscience qui jusqu'ici n'a effleuré personne, je veux dire personne de réputé sérieux.

Après la manifestation néofasciste à Paris, la gauche s’indigne, la majorité discrète et le RN silencieux

Les militants du « Comité du 9-mai » ont pu défiler à Paris samedi pour commémorer la mort d’un militant pétainiste survenue en 1994.

Des bras tendus, des croix celtiques et des chants nationalistes qui provoquent une onde de choc à gauche. Après la manifestation des militants néofascistes réunis sous la bannière du Comité du 9 mai à Paris samedi 11 mai, plusieurs responsables politiques ont exprimé leur effroi en commentant les images du cortège. Plus particulièrement à gauche, dans la perspective des élections européennes qui promettent un score important, à l’échelle du continent, aux formations d’extrême droite.

« C’est aujourd’hui, c’est à Paris, c’est l’extrême droite. Le 9 juin, vous voulez vraiment leur donner le feu vert ? », a interrogé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, en commentant des images tournées sur place par Le HuffPost, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article.

Député PS du Calvados, Arthur Delaporte a annoncé une proposition de loi visant à renforcer la lutte « contre l’affichage en place publique de ces symboles extrémistes et néonazis ». Comme l’ont constaté les journalistes sur place, plusieurs manifestants arboraient effectivement des t-shirts affichant des slogans suprémacistes entre autres références fascistes.

« Peste brune »

« Pour celles et ceux qui n’ont pas trop envie d’aller voter le 9 juin prochain… Les néonazis de la vidéo là, ceux qui ont défilé tranquillement dans la rue de Paris aujourd’hui, ils iront voter eux. Et leurs petits copains fachos de tous les pays aussi », a renchéri la secrétaire nationale des Écologistes, Marine Tondelier, en partageant les mêmes images. « La peste brune défile fièrement dans nos rues. Mon inquiétude est grande », a réagi de son côté Cyrielle Chatelain, tandis que la présidente socialiste de la région Occitanie Carole Delga déplore que la capitale soit « défigurée par le fascisme fièrement affiché ».

« Des centaines de néonazis ont défilé dans Paris, visage masqué, empêchant les journalistes présents de faire leur métier. Pourquoi aucun d’entre eux n’a été interpellé alors même qu’ils ont enfreint la loi ? Le racisme et l’antisémitisme sont un délit, pas une opinion ! », s’indigne de son côté le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel. Même inquiétude exprimée du côté de la France insoumise. À ceci près que les élus LFI jugent le gouvernement complice de la tenue de ce rendez-vous.

« Les ministres macronistes sont plus rapides pour insulter et salir les étudiants qui se mobilisent pour la paix et contre le génocide à Gaza que pour dénoncer une manifestation de néonazis en plein Paris », a grincé le député de Seine-Saint-Denis Thomas Portes. « On notera que la ministre en charge de la lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, n’a rien à dire sur la manif de nazi du jour à Paris », souligne de son côté sa collègue Nadège Abomangoli.

À ce titre, il est important de rappeler que la manifestation avait été interdite par le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, et que c’est la justice (contre laquelle l’exécutif ne peut pas grand-chose) qui a autorisé la manifestation. De quoi expliquer la discrétion qui domine en Macronie après le défilé, même si certains, à l’image de la députée des Yvelines (et ancienne ministre) Nadia Hai, s’est alarmée après la diffusion des images.

Silence du RN

Du côté du RN, en revanche, c’est silence radio. Habituellement prompts à réagir au moindre fait d’actualité, les élus lepénistes ont surtout utilisé leur connexion Internet pour afficher leur soutien à la candidate israélienne à l’Eurovision face « l’islamogauchisme » (voire à dénigrer le candidat tricolore Slimane) plutôt qu’à s’indigner de ce défilé néofasciste. Il faut dire que le RN cherche justement à faire oublier ses relations passées avec le GUD, groupuscule à la manœuvre de ce défilé. Mediapart rappelle par ailleurs que le Comité du 9 mai avait été créé par des militants de ce mouvement de jeunesse, lesquels avaient été défendus à l’époque par Marine Le Pen, alors avocate.

Même absence de réaction du côté des Républicains, où aucun cadre du parti présidé par Éric Ciotti n’a daigné réagir. « Ces slogans n’ont rien à faire dans l’espace public », a répondu sur LCI la tête de liste Reconquête ! aux élections européennes, Marion Maréchal, interrogée sur le sujet.

https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/apres-la-manifestation-neofasciste-a-paris-la-gauche-s-indigne-la-majorite-discrete-et-le-rn-silencieux_233799.html


À Paris, un cortège néofasciste entre frictions avec les passants et obstacles à la presse


https://www.youtube.com/watch?v=13eLidfZ7vY&t=1s


Je pense qu'un tel phénomène pose la question de la responsabilité collective (médias, politiques, pouvoir ...) qui l'a favorisé ... Une islamophobie décomplexée et un rejet des "étrangers" et retour à des "valeurs" d'extrêmes droites favorisent de tels défilés ou les idées des suprémacistes blancs prédominent, si certains politiques français condamnent ces mouvements, ils devraient également adopter la même attitude vis-à-vis des suprémacistes israéliens qui sont au sein du gouvernement d'Israël.       


Israël-Hamas : "Rendre Gaza inhabitable est le but des ministres suprémacistes de Netanyahou"

Vincent Lemire, historien, spécialiste du Proche-Orient, souligne jeudi 2 mai que Benyamin Netanyahou et ses ministres disent ouvertement vouloir déplacer les habitants de Gaza et ajoute que, par conséquent, "la CPI ne peut pas ne pas se saisir de ce sujet puisque le déplacement volontaire massif de populations civiles est un crime de génocide".

Vincent Lemire, historien et spécialiste du Proche-Orient, souligne dans le Talk de franceinfo jeudi 2 mai que Benyamin Netanyahou et ses ministres disent ouvertement vouloir déplacer les habitants de Gaza. "Rendre Gaza inhabitable, estime-t-il, est le but des ministres suprémacistes du gouvernement Netanyahou. Ils l'ont dit, ils l'ont dit explicitement !"

Aussi, estime l'historien, "la Cour pénale internationale ne peut pas ne pas se saisir de ce sujet puisque le déplacement volontaire massif de populations civiles est un crime de génocide". "Ben Gvir, ajoute Vincent Lemire, qui est ministre également et qui est membre non pas du cabinet de guerre, mais du cabinet de sécurité, a dit au micro dans une conférence publique le 28 janvier que la seule solution, c'était la déportation massive des habitants de Gaza..."

https://www.francetvinfo.fr/monde/proche-orient/israel-palestine/video-israel-hamas-rendre-gaza-inhabitable-est-le-but-des-ministres-supremacistes-de-netanyahou_6522692.html

Cela (le premier article-vidéo: j'ai vu après coup que tu en avais rajouté un autre) rejoint ce qu'on disait tout à l'heure de l'antisémitisme: la "diabolisation" des fascismes, nazisme en tête, n'aura servi qu'à les rendre plus fascinants (c'est presque le même mot, et la même imagerie de faisceau concentrique et concentrationnaire), inséparablement attractifs et répulsifs sous leur forme grand-guignolesque, tout en offrant à l'extrême-droite officielle, jusque sous les oripeaux de la droite "républicaine" et désormais du centre utraquiste (et droite et gauche, en même temps), le formidable prétexte de la dé-diabolisation du contenant, sans changement de contenu...

Personnellement je serais tout à fait favorable à ce qu'on voie et entende les néo-nazis sous leur forme la plus ostensiblement barbare et grotesque, la moins "politiquement correcte", et qu'on puisse entendre aussi ce qui reste d'"extrême-gauche", trotskiste ou anarchiste par exemple. Pour en finir avec l'illusion d'un débat politique qui prétend exclure ses extrêmes et qui ce faisant ne fait que les intégrer sans s'en apercevoir. Exclure ses limites c'est ne plus en avoir, et par là ne plus avoir aucun repère, y compris pour un "centre" qui peut dériver n'importe où.

Sur le deuxième point, le nazisme qui a hanté toute l'histoire de l'Etat d'Israël finit par ressortir sous les formes les plus monstrueuses: le principe de ségrégation ethnique, de concentration des minorités et de déportation qui est à l'oeuvre depuis le début ne se cache plus, mais il a été tellement refoulé par des générations qu'il est quasiment impossible de le re-connaître même sous ses formes les plus évidentes.

Citation :

Exclure ses limites c'est ne plus en avoir, et par là ne plus avoir aucun repère, y compris pour un "centre" qui peut dériver n'importe où.

Je trouve que tu as vraiment le sens de la formule qui résume parfaitement la situation. 

Citation :

Sur le deuxième point, le nazisme qui a hanté toute l'histoire de l'Etat d'Israël finit par ressortir sous les formes les plus monstrueuses: le principe de ségrégation ethnique, de concentration des minorités et de déportation qui est à l'œuvre depuis le début ne se cache plus, mais il a été tellement refoulé par des générations qu'il est quasiment impossible de le re-connaître même sous ses formes les plus évidentes.

L'occident est tétanisée à l'idée de dénoncer ces "monstruosités" commis par l'Etat d'Israël car cela correspondrait à une "Faute morale" (ou à de l'antisémitisme), l'Etat d'Israël étant constitué de Juifs qui ont été victimes d'un génocide. 



ENQUÊTE : Des CAMPS DE T*RTURE en ISRAEL ?! - VIT'FAITS

https://www.youtube.com/watch?v=eclK3elPF5c


Les charniers à Gaza et les tortures exercées contre les palestiniens par l'armée israélienne sont quasiment passé sous silence par la presse télévisuelle (chaines dites d'infos) ... Pendant ce temps :

Guerre à Gaza : Les États-Unis veulent livrer un milliard de dollars d’armes à Israël, malgré les menaces de Biden

Alors que Joe Biden avait menacé de limiter l’aide militaire qu’il apporte à l’État hébreu, Washington va demander au Congrès d’approuver la livraison de munitions pour tank et de véhicules tactiques.

GUERRE À GAZA - Les mots et les actes. Alors que Joe Biden a menacé, il y a une semaine, de limiter l’aide militaire américaine à Israël pour faire pression contre l’offensive menée par l’État hébreu à Rafah, l’exécutif américain a notifié ce mardi 14 mai le Congrès qu’il allait procéder à une livraison d’armes à son allié pour environ un milliard de dollars, a appris l’AFP de sources proches du dossier.

Selon le Wall Street Journal, qui a d’abord révélé l’information, cette livraison inclut 700 millions de dollars de munitions pour tank et 500 millions pour des véhicules militaires tactiques. Ce paquet d’aide est dépensé au sein de l’immense plan d’aide américain à l’Ukraine, Israël et Taïwan, d’un montant total de 95 milliards de dollars, dont 13 milliards pour Israël, que Joe Biden et son administration ont réussi à faire approuver il y a quelques semaines, au terme de longs mois de négociations.

Israël a balayé les menaces américaines

Mais si ce paquet dans son ensemble a été voté par le Congrès fin avril, les élus des États-Unis voient encore approuver cette livraison d’armes en particulier, a fait savoir un responsable américain. Et à Washington, des élus de gauche pourraient tenter de faire dérailler cette livraison d’armes à Israël. Ce thème du soutien inconditionnel à Israël crispe en effet de plus en plus dans l’aile gauche du Congrès, ce qui se retrouve dans le soutien populaire à Joe Biden, à qui il est reproché une trop grande permissivité à l’égard d’Israël.

La semaine passée, mercredi 8 mai, Joe Biden avait pourtant dit « qu’il ne livrerait pas » certaines armes à Israël, en particulier des « obus d’artillerie », en cas d’offensive majeure contre Rafah. À l’époque, cela représentait un avertissement inédit de la part de Washington.

« Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls », avait rétorqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu au lendemain des menaces américaines, un porte-parole de l’armée israélienne disant qu’ils disposaient de « suffisamment d’armement pour accomplir (leur) mission à Rafah ».

Depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les États-Unis ont rendu publiques deux ventes selon la procédure dite « d’urgence » à son allié - une procédure qui permet un envoi direct, contournant un processus de 30 jours au Congrès.


https://www.huffingtonpost.fr/international/article/guerre-a-gaza-les-etats-unis-veulent-livrer-un-milliard-de-dollars-d-armes-a-israel-malgre-les-menaces-de-biden_233935.html

(Je me suis permis d'abréger ton dernier lien qui -- chez moi -- explosait la page.)

Ce qu'on appelle "l'Occident" se confond avec sa "morale", qui après la situation de "chrétienté" restait son ultime prétexte pour prétendre régenter le reste du monde. L'"évangile" a laissé place à la raison, à la science, à la technique, au progrès, aux droits de l'homme, à la démocratie ou aux socialismes, mais c'était toujours "nous" qui avions raison, la raison universelle et de bonnes raisons pour faire la leçon -- et la guerre -- aux autres, en leur imposant notre "suprématie" d'une façon ou d'une autre. Le judaïsme, face au christianisme et à la modernité, a fait surenchère de morale, et en Israël comme en Europe ou en Amérique "nous" sommes toujours persuadés d'être non seulement les meilleurs, mais meilleurs que nous ne l'ayons jamais été, quand même le "contenu" de notre morale a changé du tout au tout: ce sont désormais les critères "sociétaux", individualistes et/ou catégoriels (féminisme, LGBT++), qui nous permettent de nous croire encore meilleurs, à un coût économique minime mais au prix d'une formidable hypocrisie.

Tout cela s'effondre, lentement mais sûrement depuis des décennies, toutes les crises y participent même si aucune ne paraît décisive, elles font apparaître les lézardes, fissures, brèches, de l'incohérence millénaire qui constitue notre "morale". Seulement il ne faut pas s'imaginer que les autres (Russie, Chine, Iran, Inde, Turquie, etc.), qui n'ont d'unité que provisoire et stratégique, contre "l'Occident", et aucun paradigme moral ou idéologique commun sinon ceux qu'ils ont eux-mêmes hérités de "l'Occident" (à commencer par le sens de l'"Etat-nation"), seront meilleurs -- surtout pas selon nos propres critères.

Nouvelle-Calédonie, braquage d'un fourgon dans l'Eure... L'interview en intégralité d'Alain Bauer (Concernant la Nouvelle-Calédonie, jusqu'à la minute 14). 

https://www.youtube.com/watch?v=7YDPigOUYIY

Les médias et le pouvoir déplorent et dénoncent les violences en Nouvelle-Calédonie en réclament le retour de l'"ordre républicain" (cette formule me donne la nausée), les indépendantistes sont taxés (par DARMANIN) de "mafieux", de "terroristes" ... Mais à aucun moment, n'apparait une volonté réelle de comprendre les causes profondes de cette crise ... Nous retrouvons ce même schéma concernant les émeutes urbaines, les "écoterroristes" ... Pour discréditer des mouvements, il suffit de leurs apposer des étiquettes comme "terroristes" est le tour est joué. Le pouvoir politique qui joue au pompier pyromane cache ses responsabilités en qualifiant toutes contestations (violentes ou pas) d'extrémistes incontrôlés.  
  

Voir aussi mais c'est un peu long :

Les émeutes en Nouvelle-Calédonie, "c'est tout sauf une surprise", affirme un spécialiste

"C'est tout sauf une surprise" ce qu'il se passe en Nouvelle-Calédonie, affirme Benoît Trépied, anthropologue au CNRS et spécialiste de la Nouvelle-Calédonie, invité du "8h30 franceinfo", jeudi 16 mai, alors que des émeutes se poursuivent dans l'archipel. "C'est la même histoire" que dans les années 1980. 

"Cela fait 3 ans que tout le monde alerte le gouvernement sur sa méthode" avec un "passage en force" plutôt que de privilégier "le consensus". Il déplore cette "incapacité" et "ce choix politique de ne pas discuter de façon impartiale et neutre."

https://www.youtube.com/watch?v=40j6l9dsKLI

C'est long mais ça vaut la peine d'être écouté, parce que les interviewés sont pertinents même quand les intervieweurs ne sont pas à la hauteur (c'est surtout le cas sur BFM).

Malgré toutes les souffrances impliquées dans ces histoires, s'il y a une chose qui ne m'attriste pas c'est que l'Etat se ridiculise -- pas spécialement l'Etat français mais l'Etat-principe et l'Etat-raison que la France illustre jusqu'à la caricature, autoritaire, prétentieuse et péremptoire, jusqu'aux ultimes vestiges de son empire colonial. Etat qui avec "l'Entreprise" (privée ou publique) et le progrès technoscientifique tisse ou tricote le malheur du monde depuis plus de deux siècles, un coup à droite, un coup à gauche, de colonisation en décolonisation, de répression en négociation, de rigueur en providence, toujours avec la raison de son côté. On s'étonnera que face à une telle incarnation de la Raison la révolte ne puisse être que déraisonnable...

Gaza : Tsahal presse Netanyahou de présenter un plan d'après-guerre

L'état-major israélien exerce de plus en plus de pressions sur Benyamin Netanyahou pour qu'il présente un plan d'après-guerre dans la bande de Gaza, faute de quoi les attaques menées par l'armée n'aboutiront pas à éradiquer le Hamas.

L'armée israélienne censée être une « grande muette » commence à perdre patience. Sur le terrain, elle poursuit et même durcit ses bombardements et incursions dans plusieurs localités de la bande de Gaza, sans pour autant que le Hamas paraisse sur le point d'être éradiqué. Bien au contraire, le mouvement islamiste reprend systématiquement le contrôle des secteurs dès que les soldats israéliens évacuent les lieux. Résultat : l'état-major ne cesse d'accroître les pressions sur le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, pour qu'il se décide à présenter un plan crédible sur l'après-guerre, qui permettrait à l'armée d'avoir un objectif clair.

« Actuellement nous menons une mission sisyphéenne », a affirmé le général Herzi Halevi, le chef d'état-major lors d'un entretien avec Benyamin Netanyahou. Détail important : la teneure de cette discussion a fait cette fois-ci l'objet d'une fuite organisée dans les médias israéliens.

Attaquer encore et encore

« Tant qu'aucune décision n'est prise sur un remplacement du pouvoir du Hamas dans la bande de Gaza, nous allons devoir attaquer, puis attaquer encore pour tenter de démanteler les infrastructures du Hamas », a ajouté le général Halevi. Comme le soulignent des officiers supérieurs, « le vide momentané créé par des opérations terrestres israéliennes est immédiatement comblé par le Hamas qui revient sur place dès que les soldats ont tourné le dos ».

Un autre officier a confié au quotidien « Yediot Aharonot » que faute d'une alternative crédible aux islamistes, « les Gazaouis, même ceux qui détestent le Hamas, continueront à redouter un chaos généralisé ». Et d'ajouter : « Ils préfèrent encore l'ordre imposé par le Hamas plutôt qu'une situation qui transformerait la bande de Gaza en une sorte de Somalie. »

Sur le terrain effectivement, Tsahal s'est livré à des bombardements intensifs mardi à Rafah . Des chars ont pris le contrôle de trois quartiers supplémentaires de cette ville à la frontière de l'Egypte, où se sont réfugiés plus d'un million d'habitants fuyant les combats.

Netanyahou reste flou

Mais l'armée a également frappé pour la deuxième fois à Jabalia, une autre localité importante de l'enclave qu'elle avait occupée il y a quatre mois, ainsi qu'à Zeitoun, un quartier de Gaza-ville pour la troisième fois depuis le déclenchement de la guerre le 7 octobre à la suite de massacres commis par le Hamas dans le sud d'Israël. « Nous agissons là où le Hamas tente de rétablir ses capacités militaires », a affirmé le porte-parole de l'armée.

Malgré cet aveu d'échec à « éradiquer » une fois pour toutes le Hamas, Benyamin Netanyahou a promis une « victoire totale » sur les islamistes. Il refuse de donner un cap précis et reste flou sur l'après-guerre. « Nous allons probablement avoir une sorte d'administration civile avec des Palestiniens qui ne prônent pas la destruction d'Israël, avec possiblement l'aide des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et d'autres pays », s'est-il borné à affirmer la semaine dernière.

Yoav Gallant, le ministre de la Défense, a tenté d'avancer l'idée que l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas , qui contrôle une partie de Cisjordanie, puisse se substituer au Hamas dans la bande de Gaza. Benyamin Netanyahou a retoqué immédiatement ce scénario qui, selon lui, pourrait constituer un préliminaire à la création d'un Etat palestinien, dont il ne veut en aucun cas entendre parler.

Pression de l'extrême droite

Il redoute avant tout que les deux chefs de partis d'extrême droite, Itamar Ben Gvir, le ministre de la Sécurité nationale chargé de la police, et Bezalel Smotrich, le ministre des Finances, quittent la majorité et provoquent le renversement du gouvernement à la moindre concession de sa part.

Dans une situation aussi confuse, les Israéliens n'ont pas eu mardi le cœur à la fête pour le jour de l'Indépendance, célébré pour la première fois alors que le pays est en guerre. La plupart d'entre eux n'ont pu se laisser aller à la joie des traditionnels pique-niques sans se départir d'une angoisse sur le sort des 132 otages détenus par le Hamas. Aucun espoir sur leur libération ou un cessez-le-feu n'est tangible à ce stade.

https://www.lesechos.fr/monde/afrique-moyen-orient/gaza-tsahal-presse-netanyahou-de-presenter-un-plan-dapres-guerre-2094694

Je retrouve là -- à chacun ses manies -- toute la perversion du concept d'Etat, nom commun devenu nom propre à majuscule (comme Dieu en français), sujet, objet, réputé un et indivisible, identique à lui-même...

Dans la mesure où (l'Etat d')"Israël" a laissé "le Hamas" se constituer en "Etat" de fait pour empêcher "la Palestine" de se constituer en "Etat" de droit, il ne peut guère s'étonner que tout semblant d'organisation sociale, administrative, politique qui tente de se reconstituer sur les ruines de Gaza s'identifie au Hamas... Si le "problème palestinien" est ainsi posé, il n'y a de "solution" qu'une "solution finale" du genre nazi, déportation et/ou extermination, dont Israël est pourtant bien placé pour savoir, toute "morale" mise à part, qu'elle est inefficace: même avec des millions de victimes, la "solution finale" a plutôt été la fin du IIIe Reich que celle des Juifs d'Europe.

En attendant, les débats politiques et militaires israéliens ressemblent de plus en plus à une conférence de Wannsee, mais toute ressemblance ne saurait être que fortuite....

Citation :

En attendant, les débats politiques et militaires israéliens ressemblent de plus en plus à une conférence de Wannsee, mais la ressemblance ne peut être que fortuite....

La conférence de Wannsee réunit dans la villa Marlier de Berlin, le 20 janvier 1942, quinze hauts responsables du Troisième Reich, délégués des ministères, du parti ou de la SS, pour mettre au point l'organisation administrative, technique et économique de la « solution finale de la question juive », voulue par Adolf Hitler et ensuite mise en œuvre, sur ses instructions, par Hermann Göring, Heinrich Himmler, Reinhard Heydrich et l'un des collaborateurs de ce dernier, Adolf Eichmann.

Au moment où la conférence se tient, la Shoah a commencé depuis déjà plusieurs mois : la déportation des Juifs du Reich a commencé ; après le déclenchement de l'invasion de l'URSS, les Einsatzgruppen exécutent les Juifs par centaines de milliers depuis juin 1941 ; le centre d'extermination de Chełmno est en activité dès décembre 1941 et d'autres centres d'extermination nazis sont en construction ou en projet.

Convoquée et présidée par Heydrich, la conférence, dont le secrétariat est assuré par Eichmann, dure moins de deux heures. Si elle est brève et n'est pas marquée par des décisions fondamentales, elle constitue, pour la plupart des historiens, une étape décisive dans la réalisation de la Shoah, en entérinant d'une part le contrôle total de la SS sur la mise en œuvre de l'extermination du peuple juif, d'autre part le rôle de Heydrich en tant que maître d'œuvre dans le processus destructeur, puis en obtenant la collaboration sans entraves et le soutien sans faille de l'ensemble de l'appareil de l'État et du parti nazi. Son importance est confirmée par l'existence de plusieurs monographies.

La villa Marlier où eut lieu la conférence est depuis 1992 un lieu de mémoire.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Wannsee#D%C3%A9portations,_ghetto%C3%AFsation_et_assassinats_de_masse


Voir aussi : Conférence de Wannsee : il y a 80 ans, les nazis planifiaient la Solution finale

https://www.france24.com/fr/europe/20220119-conf%C3%A9rence-de-wannsee-il-y-a-80-ans-les-nazis-planifiaient-la-solution-finale

Il ne s'agit pas de comparer l'incomparable, mais de constater que l'incomparable immunise dangereusement contre la comparaison: dès lors que celle-ci est censurée ou s'autocensure, plus rien n'arrête la hantise mimétique qui reproduit les structures et les modèles du passé (p. ex. ségrégation, concentration, déportation, extermination), quand même les acteurs (ou leurs descendants) sont passés d'un rôle à un autre.

"L'histoire" ne se répète jamais -- c'est sa définition même -- mais elle n'en finit pas de s'auto-affecter et de s'auto-immuniser.