Mourir pour ses idées ou ses croyances.

La liberté d'expression doit être une base solide de nos sociétés cependant, cette liberté ne doit pas se penser comme celle de cracher sur autrui par le biais de sa religion, de ses pensées au risque de tomber dans le caniveau ou s'y trouve déjà des eaux stagnantes provenant des égouts aux relents putrides. Ceux qui dénoncent les débordements de partis de tous bords ne peuvent pas sauter dans la fange au risque de se salir et de revêtir les comportements qu'ils dénoncent.

J'ai une pensée pleine de compassions pour ce prof qui ne s'est sans doute pas rendu compte qu'en montrant des carricatures présentées dans Charlie Hebdo à des adolescents/tes il risquait de choquer de jeunes esprits par encore habitués à la critique sans le recul nécessaire.

On peut rire de tout mais pas avec tout le monde avait déclaré Pierre Desproges. Je rajouterai que l'on peut partager ses pensées qu'avec parcimonie afin de ne pas heurter nos interlocuteurs si l'on désire établir un dialogue serein.

On retrouvera à partir d'[url=Charlie site:etrechretien.1fr1.net]ici[/url] quelques-unes de nos discussions passées sur ce sujet.

Pour être évident, ce genre de réflexion n'en est pas moins inaudible... D'autant que la promptitude policière à abattre les coupables (promptitude qui ne souffre, elle, aucune discussion) reporte automatiquement la vindicte présumée populaire, en fait politique, judiciaire, législative et médiatique, sur la périphérie: famille, amis, voisins, communautés, ce coup-ci parents d'élèves et réseaux sociaux.

Le grand perdant, c'est le subtil "état de droit" (sans majuscule): un régime politique quelconque, monarchie ou république, est certes en droit de se défendre contre ses adversaires, surtout quand il s'agit de crime; il sort en revanche de l'état de droit dès lors qu'il ne tolère plus du tout l'existence ou l'expression de ses adversaires en général.

Le destin de Samuel Paty a basculé dès lors qu'un parent d'élève s'est plaint du fait qu'à l'occasion d'un cours sur la liberté d'expression, il a montré des caricatures de Mahomet à une classe de quatrième. Nous avons pu consulter les notes d'un élève ayant assisté à ce cours.

Situation de "dilemme" : "Être où ne pas être Charlie"

Une partie de cet exercice - "dilemme" - une méthode pédagogique régulièrement utilisée par les enseignants, dans laquelle est rappelé ce que signifie "être Charlie" - soit, comme mentionné dans le cours, "le blasphème n'est pas interdit par la loi" - et "ne pas être Charlie" - soit, "Charlie Hebdo provoque les islamistes et risque de provoquer des attentats". https://www.lci.fr/population/terrorisme-assassinat-de-samuel-paty-enseignant-tue-ce-que-disait-son-cours-sur-la-liberte-d-expression-2167675.html

La seule alternative possible :  "Être où ne pas être Charlie" ... Il n'y a pas d'autres voie possible, il faut obligatoirement se positionner par rapport à ce dilemme.

Citation :

On retrouvera à partir d'[url=Charlie site:etrechretien.1fr1.net]ici[/url] quelques-unes de nos discussions passées sur ce sujet.

 Il me semble que ton lien ne fonctionne pas.

Lien corrigé, avec mes excuses: j'ai dû partir précipitamment.

[Hélas, le cours de logique "comment ne pas se laisser enfermer dans des alternatives à la con" n'est pas au programme.]

Je me demande si la formule : Maudis Dieu et meurs ! ... N'est pas une autre façon de mourir pour ces conviction ?


Dans le texte hébreu, la femme dit littéralement " Bénis Dieu et meurs ! " Pourquoi alors traduit-on " Maudit Dieu " ? Les auteurs des textes de l'Ancien Testament ont toujours évité de mettre un verbe de malédiction à côté du nom de Dieu. C'est pourquoi, on ne va jamais trouver l'association de " maudire " avec le nom de Dieu alors que parfois c'est ce sens qu'il faut retenir.
Mais que dit la femme ? Peut-être bien qu'on peut ici retenir " Bénis Dieu et meurs ". C'est un peu pour dire " Bénis ce Dieu auquel tu tiens tant et meurs car c'est ce qu'Il te propose ! " Ce serait alors l'expression ou bien de l'ironie ou bien de la désillusion. Peut-on ajouter aussi que la phrase veut pousser à la révolte contre cette situation impossible et invivable ? Toutes ces différentes lectures existent. https://www.theovie.org/Lire-et-interpreter-la-Bible/En-quete-de-sagesse-avec-Job/Le-juste-est-mis-a-nu/Cles-de-lecture/Maudis-Dieu-et-meurs

En l'espèce il s'agit peut-être moins des "auteurs" (rédacteurs, etc.) que des copistes (scribes), quoique la frontière entre ces deux catégories soit souvent incertaine: correctio vel euphemismus (correction ou euphémisme), dit prudemment et en latin de Stuttgart la note de la BHS; cf. 1,5.11; 2,5 où "bénir" (qui est effectivement écrit, brk) ne fait aucun sens, contrairement à 1,10.21 (d'où peut-être la glose "en tout cela Job ne pécha pas...", qui impose au moins ici d'entendre "bénir" en bonne part) -- mais je manque sans doute d'imagination.

Le traducteur de la Septante qui, lui, n'en manquait pas, se débattait déjà avec le même problème: en 1,5 il traduit dans un sens négatif ("penser du mal du dieu"), en 1,11 et 2,5 "bénir" (eulogeô), mais dans une tournure ambiguë (en substance, tu verras bien "s'il te bénit"); en 2,9, il ajoute un long développement (dans le genre targoum): "Après qu'un long temps fut passé, sa femme lui dit: 'Jusqu'à quand vas-tu continuer à dire: Je vais attendre un peu plus, en espérant ma délivrance !' Regarde, ton héritage a disparu de la terre, les fils et les filles, le travail et la douleur de mon ventre, pour qui j'ai peiné en vain. Et toi, tu restes assis dans l'ordure et les vers et tu passes la nuit dehors. Quant à moi, je dois errer et louer mes services comme une servante, de lieu en lieu et de maison en maison, en attendant que le soleil se couche pour me reposer des détresses et des malheurs qui m'assaillent. Maintenant dis quelque chose (ou quelque parole, ti rhèma) au Seigneur et meurs !"

Toujours est-il, comme on l'a déjà remarqué ailleurs, que le propos de la femme de Job, censuré(e) par celui-ci dans le prologue en prose, n'est pas très éloigné de la position de Job lui-même dans le dialogue poétique: s'il ne maudit pas formellement son dieu, il le blasphème et le provoque ouvertement au risque de sa vie, ce qui est paradoxalement le seul moyen pour lui de prouver son innocence, dans la logique désespérée de l'ordalie (l'épreuve sacrée dont seul l'innocent est censé sortir indemne, cf. Nombres 5: ce rite peut paraître isolé dans la Bible, et atténué dans la mesure où la femme soupçonnée d'adultère ne semble pas menacée de mort, mais la logique ordalique est probablement sous-jacente à de nombreux textes, notamment dans les Psaumes: la vision du dieu dans le temple, accompagnée ou non d'oracle favorable ou défavorable, précédée ou non d'une "incubation" où l'orant-offrant passe la nuit dans le sanctuaire, tout cela ramène à l'idée fondamentale que l'approche de la divinité est aussi dangereuse que potentiellement bénéfique, et qu'aucune "bénédiction" ne s'obtient sans risque de "malédiction").