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| une brume qui apparait... puis disparait | |
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le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: une brume qui apparait... puis disparait Lun 19 Nov 2018, 18:46 | |
| Je trouve dans l'extrait suivant de la lettre de Jacques des vérités que ne renierait pas le Bouddha :
vous qui dites: «Aujourd’hui ou demain, nous irons dans cette ville et nous y passerons une année, nous ferons des affaires et nous gagnerons de l’argent», 14 alors que vous ne savez pas ce que votre vie sera demain. Vous êtes une brume qui apparaît pour peu de temps et puis disparaît. Jac. 4.13,14 C'est la notion de brume, à laquelle sont comparés les frères et sœurs auxquels Jacques s'adressent (Jac. 1,2; 2,1.), apparaissant et disparaissant qui a attiré mon attention.
Bien évidemment pour être honnête et profitez de la lecture de Jacques il convient de lire les versets suivants qui déclarent :
15 Vous devriez plutôt dire : « Si Jéhovah le veut, nous vivrons et ferons ceci ou cela. » 16 Mais voilà que vous tirez fierté de votre vantardise arrogante. Toute vantardise de ce genre est mauvaise. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: une brume qui apparait... puis disparait Lun 19 Nov 2018, 20:38 | |
| "Jacques", ou l'auteur de l'épître qui porte son nom, n'ont évidemment pas à répondre du "Jéhovah" de la TMN... L'image est aussi "biblique" (p. ex. Osée 13,3; Psaume 39,6s.12), et plus largement les images de l'impermanence sont monnaie courante dans l'AT (p. ex. Psaume 103,15ss) comme dans la sagesse antique en général. A cet égard le bouddhisme se distingue sans doute moins des idées qui le précèdent que de celles qui vont lui succéder en Occident (je veux dire à l'ouest par rapport à l'Inde, et sous réserve des datations qui varient d'au moins un siècle): développement du dualisme moral et métaphysique, sous influence perse et zoroastrienne, tant dans le judaïsme que dans la philosophie grecque depuis Platon; recyclage des religions ancestrales, agraires et locales, en "mystères" promettant la "vie éternelle" aux initiés, puis en "gnose" se donnant elle-même pour "vie éternelle". Quoi qu'il en soit, une religion ou une philosophie "dualiste" est parfaitement compatible avec une pensée de l'"impermanence", pour autant que celle-ci se limite à une des (deux) parties de sa dualité: le corps, la chair, les formes matérielles ou sensibles, les phénomènes, tout cela, à l'évidence, "passe". L'éternité se dit d' autre chose, voire d'autre chose qu'une "chose" (idée, âme, esprit, connaissance). Et il n'est pas sûr qu'une pensée de l'impermanence absolue puisse échapper au dualisme: l'impermanence même est-elle impermanente, ou permanente ? |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: une brume qui apparait... puis disparait Mar 20 Nov 2018, 14:07 | |
| « Vanité des vanités, dit Qohélet, vanité des vanités et tout est vanité » (1,2). La sentence est bien connue, mais son sens et sa portée le sont moins. La phrase revient à peu près identique au terme des réflexions du sage, juste avant l’épilogue (12,. Elle encadre donc l’essentiel du livre. D’où son importance.Le terme hébreu, qu’à la suite des versions grecque et latine on traduit communément par « vanité », désigne tout d’abord une buée, l’haleine, une vapeur, un souffle léger de l’air. De ce sens concret, on est passé dès avant Qohélet à l’usage métaphorique, et le ton devient souvent celui de la lamentation sur l’inconsistance de l’homme, de ses œuvres, du secours qu’il espère, et donc de ses idoles. Pour Qohélet, « vanité » signifie l’inanité, voire l’absurde, le non-sens de ce qu’il observe ; et, quand il considère les actions que l’homme projette de réaliser, il ajoute que c’est aussi « poursuite de vent » (1,14), conservant ainsi une nuance originale du terme « vanité » : du vent !Le terme « temps » que Qohélet accumule dans ces quelques versets est toujours sujet à discussion. Il ne signifie pas le moment opportun que les sages recherchaient, par exemple, pour prononcer une parole qui puisse être entendue ; il s’agit plutôt de l’ensemble des circonstances qui conduisent l’homme à poser tel acte, mais sur lesquelles il n’a aucune prise : ainsi, lorsque l’on se réjouit ou s’attriste. Un certain déterminisme est perceptible, puisque les circonstances échappent à notre contrôle. Personne ne peut fixer le moment de sa naissance et de sa mort, étant entendu que Qohélet n’envisage pas le suicide. Mais les circonstances n’imposent pas toujours que l’acte s’accomplisse. Compatir s’impose en raison de telles circonstances, mais l’acte reste libre.https://www.cairn.info/revue-etudes-2003-5-page-639.htm |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: une brume qui apparait... puis disparait Mar 20 Nov 2018, 15:02 | |
| Qohéleth, en effet, comme l'épicurisme grec, consonne particulièrement bien avec le bouddhisme (ainsi que nous l'avons souvent remarqué): pas seulement sur la "vanité-impermanence" mais aussi sur l'éthique de la jouissance modérée ("voie du milieu"), et sur un certain humour pessimiste p. ex.
La rencontre de l'Orient et de l'Occident, telle qu'elle se joue au moins depuis les guerres médiques et les conquêtes d'Alexandre, est sans doute aussi déterminante dans l'histoire de la pensée antique que la découverte de l'Amérique l'a été dans l'histoire politique moderne. Les contacts sont plus épisodiques ou localisés, ils n'en sont pas moins marquants et décisifs, et probablement dans les deux sens (cf., éventuellement, ici et là). |
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| Sujet: Re: une brume qui apparait... puis disparait | |
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