Bonsoir Jean-Pierre,
- Citation :
- est-ce qu'il serait faux de faire un parallèle entre l'évolution du culte de Mithra d'une part et l'évolution du culte de Jésus d'autre part?
Sur le principe et sur le fait qu'ils ont tout deux évolué (de façon diverse et non linéaire), je suis d'accord (bien sûr).
Mais pour ma part je remonterais encore en amont de ton "premier temps" (le monothéisme juif) en ce qui concerne le culte de Jésus.
En effet, avant d'être "Dieu" Yahvé lui-même était... "fils de dieu"! -- un parmi les fils de 'El, le dieu suprême, puis "unique" sous le régime monolâtre du Deutéronome: son rôle s'est confondu de plus en plus avec celui du Père des dieux pour finalement aboutir à la notion du "dieu unique", "Dieu" tout court, avec le deutéro-Isaïe...
Ce faisant il est devenu encore plus vieux, plus lointain, plus inaccessible, plus inactif que ne l'avait été El dans la mythologie cananéenne.
Le monothéisme ne pouvait pas réprimer la nostalgie du dieu jeune, vivant, proche et actif que Yahvé avait été (et qu'il était toujours dans les récits). Au temps où les religions gréco-romaines exhumaient les dieux de toutes les mythologies pour en faire des sauveurs personnels, le judaïsme avait largement dans sa littérature de quoi construire la figure d'un "Fils de Dieu" analogue mais unique -- unique aussi parce qu'il devait s'articuler à un Dieu unique...
La pensée du "Fils de Dieu" se retrouve ainsi sous des formes très diverses et sans aucune coordination dans les différentes branches du judaïsme (le "Fils de l'homme" d'Hénoch et de Daniel, les figures d'Adam ou de Melkhizédeq à Qoumrân, le logos de Philon), et les christologies "chrétiennes" en sont directement tributaires (même si elles ont pu puiser ensuite et secondairement dans des mythologies "païennes").