La montagne toute plate.

Bonjour, je viens de relever une petite bizarrerie entre Matthieu et Luc. C'est assez insignifiant, en fait, mais je m'interroge sur le sens que peut avoir ce besoin que semblent avoir eu les évangélistes de donner des précisions (tout à fait superflues) qui prennent précisément le contre-pied d'autres récits.

On retrouve une assez large partie du bagage du "Sermon sur la montagne"(Matthieu 5 et 6) dans le discours de Luc 6,20-49.
Or Luc prend le soin de préciser que ce discours eu lieu dans un endroit "tout plat" (6,17), là où Matthieu tient à préciser ce que ces mots furent prononcer "sur une montagne"(5,1).

Un pur (malheureux) hasard, ou une volonté affirmée "d'affronter" l'évangile de l'autre église?

Hello BB,
C'est vrai qu'il y a souvent des "répliques" d'un texte à l'autre -- fortuites ou intentionnelles, je ne suis pas sûr qu'on puisse vraiment faire la différence ni que ça servirait à grand-chose.
La montagne chez Matthieu a une riche palette d'harmoniques (Moïse surtout). Elle a aussi une fonction narrative, celle de limiter l'auditoire du "Sermon" aux (vrais) disciples (contrairement à la représentation populaire).
Luc par contre fait redescendre Jésus de la montagne où il a choisi ses disciples pour rejoindre la foule -- ce qui change la portée du discours.
Au risque de transformer les béatitudes en platitudes? ;)

Citation :

Elle a aussi une fonction narrative, celle de limiter l'auditoire du "Sermon" aux (vrais) disciples (contrairement à la représentation populaire).

Mince! Je suis toujours dans la représentation populaire, moi!
Jésus fuit-il la foule en 5,1 en gravissant la montagne? Ça se tiendrait; mais que faire de la conclusion, alors (7,28)?

Pour tout te dire je pensais très fort à la version Life of Brian (on n'entend pas très bien dans le fond) ;)
Mais tu as raison, la conclusion du chapitre 7 implique le contraire. Cela dit il n'est pas rare que l'auteur perde de vue le cadre narratif initial d'un discours (ou d'une collection de logia, ou d'un dialogue) quand il revient au récit, surtout si l'unité "parlée" est longue.