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 Les manuscrits anciens de la LXX

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Narkissos
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeVen 03 Juil 2015, 15:18

Jan JOOSTEN professeur d’Ancien Testament à la Faculté de Théologie Protestante de Strasbourg, déclare :

"Certains Pères témoignent également de l’existence de tels exemplaires, notamment Origène et Jérôme. Plusieurs spécialistes pensent que ces manuscrits anciens conservent l’état originel du texte de la Septante. Le remplacement du tétragramme hébreu par le nom "kuvrio" serait intervenu plus tard, en milieu chrétien, voir P. KAHLE The Cairo Geniza , p. 222. Cependant, A. PIETERSMA et plus récemment RÖSEL (Reading) ont montré, avec de bons arguments, que l’ insertion du tétragramme dans les manuscrits de la Septante est secondaire et correspond à une volonté d’ aligner le texte de la version grecque sur le texte hé breu de l’époque." (http://www.academia.edu/9548800/_Le_die ... _Septante_)


Narkissos, que penses-tu de l'analyse de P. KAHLE ... Quels éléments lui permettent-ils d'arriver à la conclusion, "Le remplacement du tétragramme hébreu par le nom "kuvrio" serait intervenu plus tard, en milieu chrétien" ? 

merci de ton aide.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeVen 03 Juil 2015, 18:23

En matière d'arguments, je ne vois pas trop ce que je pourrais rajouter à tout ce qui a déjà été écrit et/ou référencé dans ce fil (y compris cet article de Joosten auquel j'avais déjà renvoyé p. 5).

Ce qu'il faut surtout retenir, c'est qu'il n'y a pas (ou il n'y a plus) de "consensus scientifique" sur le(s) choix de la "Septante originale" (c.-à-d. d'une première traduction grecque et alexandrine tant soit peu "officielle" de la Torah = Pentateuque, à la fin du IIIe s. ou au début du IIe s. av. J.-C.). Et que, contrairement aux déductions que G. Howard tirait (très "légèrement" à mon sens) de la thèse de P. Kahle (qui date tout de même de 1959), cette question précise n'a aucune incidence directe sur le texte du Nouveau Testament -- dont les auteurs, près ou plus de trois siècles plus tard, ne lisaient certainement pas une "Septante originale".

La réfutation la plus complète de la thèse de Kahle (sur le Tétragramme hébreu dans la "Septante originale") reste celle de Pietersma (revoir le début de ce fil et les notes de Joosten). Que la thèse positive de Pietersma (i.e. kurios dès la "Septante originale") ait été à son tour mise à mal (non pas définitivement réfutée, comme l'indique sa reprise par Rösel* en 2007, voir ici et là), cela n'ôte rien à la valeur négative (c.-à-d. critique) de son argumentation contre Kahle, et n'implique en aucun cas un "retour" à ce dernier. Quelles qu'aient été les options de la "Septante originale" (Iaô, [ho] theos ou kurios -- le plus probable, au vu de la tradition textuelle existante, étant encore qu'elles aient varié au gré des textes et des traducteurs), il est tout à fait clair que 1°) la leçon (= lecture, orale ou écrite) kurios n'a pas attendu le christianisme (cf. Philon), encore moins un christianisme "post-apostolique" (cf. Paul), pour s'imposer, dans le Pentateuque comme dans les textes traduits plus tard; et que 2°) le choix de copier un tétragramme hébreu (en écriture "carrée" ou "paléo-hébraïque") dans un texte grec est le fait de recensions ou de révisions secondaires, hébraïsantes, anti-hellénistiques (et accessoirement plutôt "palestiniennes") de la Septante, en réaction contraire au projet de communication judéo-hellénistique qui avait été au départ la raison d'être de celle-ci, et qui visait (avant la crise maccabéenne au moins, et dans toutes les périodes de bonnes relations entre la communauté juive et la société hellénistique d'Alexandrie) à faire comprendre le texte à des lecteurs ou auditeurs hellénophones, juifs ou non, et sûrement pas à le leur rendre incompréhensible (car pour ce faire, il aurait suffi de ne pas le traduire) !

[Au risque de simplifier à l'excès un problème extrêmement complexe, on pourrait distinguer dans le judaïsme de l'époque hellénistique et romaine deux grandes tendances opposées sur le seul critère de l'ouverture ou de la fermeture de l'ethnos juif et de sa tradition religieuse à la langue et à la culture grecques (tendances qui rassembleraient de part et d'autre, artificiellement bien sûr, des mouvements opposés entre eux sur beaucoup d'autres points: du côté de l'ouverture linguistique et culturelle, on trouverait aussi bien l'aristocratie sadducéenne du Temple de Jérusalem que les intellectuels de l'école d'Alexandrie qui proposent une interprétation allégorique de la Torah; du côté de la fermeture, les "sectaires" ritualistes de Qoumrân et d'ailleurs qui écrivent surtout en hébreu et espèrent une réforme du Temple et du sacerdoce, et les pharisiens qui visent au contraire à laïciser le rituel de façon à se passer de sacerdoce, mais renforcent ainsi et autrement la séparation entre juifs et non-juifs -- toutes ces "écoles" étant naturellement capables de se haïr copieusement pour de toutes autres raisons que leur rapport à l'hellénisme). Si l'on s'en tenait à ce seul critère, il faudrait ranger du côté de l'"ouverture" aussi bien l'initiative originelle de la "Septante" et la poursuite de la traduction en grec du corpus hébreu et araméen (bien au-delà du futur "canon" pharisien) jusqu'au Ier siècle apr. J.-C., avec la production d'une nouvelle littérature judéo-hellénistique écrite directement en grec (p. ex. la Sagesse ou 2-4 Maccabées), des commentaires philosophiques comme ceux d'Aristobule ou de Philon; et aussi la quasi-totalité des textes du Nouveau Testament, destinés non seulement à des juifs hellénophones mais surtout à des non-Juifs; et du côté de la "fermeture", les tentatives de limiter l'usage de la Septante à une communauté ethnique, par des recensions et révisions hébraïsantes, voire de nouvelles "traductions" comme celle d'Aquila, transformant un texte au départ lisible par tous ceux qui lisaient le grec en un charabia codé accessible aux seuls "initiés" (le Tétragramme hébreu étant l'exemple par excellence d'un tel code verrouillant la lecture), et finalement le rejet de toute traduction grecque (cf. la tradition rabbinique rapportée dans le traité Sopherim, i, 7, où la traduction de la Torah en grec est assimilée à la fabrication du veau d'or). Cette perspective, si arbitraire et réductrice soit-elle, aiderait peut-être à prendre la mesure de l'aberration qu'il y a à s'imaginer que les auteurs du NT, qui écrivaient en grec pour un public majoritairement non juif (on ne peut guère en douter, en y mettant beaucoup de bonne ou de mauvaise volonté, que pour l'évangile de Matthieu et l'Apocalypse de Jean), auraient non seulement choisi, mais imité, des "sources" dont la pratique textuelle avait précisément pour objet et pour effet de faire obstacle à ce type de communication entre juifs et non-juifs. (De fait et fort logiquement, la question du "nom divin" mise à part, les citations de l'AT dans le NT ne portent pas les autres marques textuelles des recensions hébraïsantes, du genre kaige p. ex.)]

[*L'article de Rösel offre un tour d'horizon intéressant de toute la tradition hébraïque, araméenne et grecque qui substitue au tétragramme un équivalent de "Seigneur" -- 'adonay, mar(a)(n), kurios -- ce qui l'amène à traiter un peu vite des sujets très divers, comme la vocalisation massorétique (le Codex de Leningrad qui en vocalisant le plus souvent le Tétragramme e/a suggère le qere' shema' [= "le Nom", en araméen], présuppose néanmoins le qere' classique et sa variation 'adonay / 'elohim en fonction de la présence d'adonay en toutes lettres dans le contexte immédiat), les pratiques de substitution des textes hébreux et araméens du désert de Juda (Qoumrân etc.) qui font ressortir une concurrence entre 'adonay et 'el, et enfin les traductions grecques (LXX etc.). Son principal argument contre un Iaô original dans la Septante est celui que j'évoquais à la fin de la page précédente, à savoir la traduction de Lévitique 24,16 qui provoquerait la transgression de l'interdit même qu'elle énonce (on pourrait imaginer ça sous forme d'un gag à la Life of Brian, où le lecteur public du texte se ferait aussitôt lapider, à sa demande expresse, par son auditoire); l'objection ne me paraît cependant pas insurmontable, pour peu qu'on tienne compte du contexte qui implique bien l'idée, sinon le mot, de blasphème; et surtout elle prouve trop: "originale" ou "secondaire", la transcription Iaô existe et elle a bien dû affronter le problème d'une façon ou d'une autre.
La partie qui m'a le plus intéressé est celle qu'a également relevée Hurtado, où Rösel analyse exégétiquement, ou plutôt théologiquement, les variations des substituts dans la tradition septuagintique, constatant que le traducteur a des raisons contextuelles et idéologiques de préférer remplacer YHWH par theos là où il est question de jugement ou d'arbitraire divin, et quand YHWH est mis en relation avec des "étrangers" ou "païens" (non-Israélites, non-Patriarches, etc.) -- distinction comparable aux variations de substituts notés dans les textes hébreux ou araméens de Qoumrân etc., et même chez Philon où elle se renverse en fonction du sens ordinaire de kurios (theos est plutôt le Dieu bon et miséricordieux, kurios le souverain obscur). Mais 1°) ça ne prouve pas que l'autre solution ait été d'emblée kurios (on peut imaginer une distinction similaire entre theos et Iaô p. ex.) et 2°) ce type de distinction existe aussi dans le texte massorétique (p. ex. Genèse 22, où 'elohim ordonne le sacrifice et Yhwh l'arrête). En tout état de cause, de tels cas montrent assez que la traduction de l'hébreu au grec, que ce soit dans la "Septante originale" ou dans ses premières révisions, n'a pas été "mécanique", mais témoigne d'une sensibilité théologique et d'une attention au contexte -- ce qui a fait justement défaut aux théories de Howard, de Furuli et de Trobisch p. ex. (voir les notes de Rösel) qui ont cru pouvoir extrapoler mécaniquement de la forme du texte hébreu à celle d'un texte grec (LXX et/ou NT) dans une méconnaissance presque totale des systèmes de signification propres aux différents textes concernés.]
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeVen 17 Mai 2019, 15:19

Le nom divin dans les premières copies de la Septante



Ce sujet demeure plus que jamais d’actualité, et suscite toujours des réactions assez passionnées. Pour certains, comme Hurtado ou Rösel, la pratique orale de substituer le tétragramme par אדני (Adonay) a dû se refléter dans les premières copies de la Septante où, suppose-t-on, κύριος (Kyrios) a dû remplacer le nom divin. Puis, une volonté archaïsante, ou une volonté d’extraire le Nom au risque de sa profanation par les Gentils (paramètre qui a sûrement joué dans son abandon à l’oral), aurait poussé à recourir au paléo-hébreu pour le rendre illisible, et par là-même, sacré. Le problème avec cette thèse, c’est qu’elle est fausse. Tous les témoins du texte que nous possédons à ce jour indiquent le contraire : un emploi précoce et généralisé. Pas de « correction hébraïsante », comme le soutiennent certains (voir aussi l’article de Pietersma ; voir ce post).
Pour l’édition italienne de mon ouvrage Le nom divin dans le Nouveau Testament, j’avais mis à jour la bibliographie et traité, justement, de l’étude de Rösel dans une nouvelle rubrique nommée La distinction entre κύριος et ὁ κύριος (voir Il Nome di Dio nel Nuovo Testamento, Azzurra7, pp.58-61) : voici la version française qui a servi de base (cf. particulièrement note i pour une réfutation de Rösel).Voir aussi Le témoignage de la Septante et bibliographie, (lien avec les nomina sacra), Tov, Fontaine 2007, Gertoux 1999.
http://areopage.net/blog/2013/07/03/le-nom-divin-dans-les-premieres-copies-de-la-septante/
Au vu des éléments connus ce jour, j’ai tendance à envisager le scénario suivant :
– les premiers traducteurs de la LXX ont utilisé ִἸαώ, c’est-à-dire qu’ils ont transcrit le tétragramme comme n’importe quel autre prénom,
– puis l’affaiblissement de l’emploi du Nom a conduit à des révisions, ainsi certains passages ont fait l’objet de retouches (ex. Lévitique 24.16),
– ce qu’on appelle aujourd’hui « recensions hébraïsantes » recoupe un phénomène bien réel : la diversité, difficile à qualifier, des entreprises de traduction, de reprise ou d’édition, du texte grec de la « LXX » vers le tournant de notre ère, en réaction ou non avec l’usage chrétien des Écritures juives,
– mais les arguments avancés, certes brillants, voire impressionnants par leur subtilité, et souvent très sophistiqués, ne restituent pas, je pense, la pleine lumière sur cette époque. On ne sait pas grand-chose, et on monte en épingle le moindre détail.
Il faut plus de données ! http://areopage.net/blog/2014/06/29/%CE%B9%CC%93%CE%B1%CF%89-%CE%B8%CE%B5%CE%BF%CF%82-%CE%BA%CF%85%CF%81%CE%B9%CE%BF%CF%82-le-nom-dans-la-lxx-originale/


J’ai pris la peine de formuler mes objections à Pietersma dans le document suivant. Cela prend dix pages, et fera l’objet de précisions au fur et à mesure de mes investigations. Mais déjà en l’état je peux soutenir sans ciller que pas un seul des arguments formulés par Pietersma n’est absolument convaincant. Ceux qui parlent de « compelling evidence », ou de « well-reasoned article » me paraissent loin du compte. Le style même de Pietersma (dont j’épargne au lecteur le détail ; cependant, lisez attentivement son article pour apprécier le nombre de modulos qu’il met, à tout bout de champ, à ses considérations parfois tirées par les cheveux) ne plaide pas pour sa thèse.
 Pietersma_Review
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeVen 17 Mai 2019, 16:33

"Mieux vaut dire: 'Fontaine, je ne boirai pas de ton eau' que 'Tonneau, je ne boirai pas de ton vin.'" (Jouvet in Renoir, Les bas-fonds -- de mémoire.)

DF est capable de mouvement (entre 2013 et 2014, le "progrès" est sensible), mais il me semble que la discussion de ses textes ne pourrait que le ralentir.

Si tu as une question précise (au-delà de ce qui a déjà été débattu dans les pages précédentes), n'hésite pas à la formuler, car là je ne la vois pas se dégager...
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeVen 17 Mai 2019, 16:46

Citation :
Si tu as une question précise (au-delà de ce qui a déjà été débattu dans les pages précédentes), n'hésite pas à la formuler, car là je ne la vois pas se dégager...


Que penses-tu de sa critique de la thèse Pietersma :

P. Fouad 266b Rahlfs 848

A partir de quasiment rien, Pietersma commente la qualité du texte. Même s’il concède que c’est un “excellent witness to the Old Greek of Deuteronomy”, il précise qu’il y a “obviously” des révisions. Il semblerait que Pietersma aborde ses sujets avec des idées préconçues.

Il compte 6 révisions (ce qui paraît ridiculement faible pour établir a typicité d’un texte, ou sa qualité, à moins de verser dans la conjecture et s’exposer à être démenti ultérieurement par les faits), mais ne mentionne en fait qu’un seul cas, une variante orthographique mineure Μωσῆς : au lieu de Μωϋσῆς. Pour appuyer plus avant son allégation il cite (90) Hanhart, lequel a fait une review de l’édition par Dunand du papyrus. Or Hanhart émet lui-même une simple opinion qu’il n’étaie pas… Sans objet, donc.

http://areopage.net/blog/wp-content/uploads/2014/06/Pietersma_Review.pdf
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeVen 17 Mai 2019, 21:11

Sur l'article de Pietersma (1984 !), j'ai dit ce que j'avais à dire au tout début de ce fil (2010), quand j'avais encore (un peu) la tête et/ou le cœur à ce genre de chose. Depuis sa parution, ses faiblesses et ses défauts ont eu largement le temps d'être relevés et discutés, par l'auteur comme par ses pairs. Dans son contexte, il reste à mes yeux d'un intérêt exceptionnel, même si ce n'est évidemment pas le dernier mot sur la question (relire tout le fil si besoin est, jusqu'aux derniers posts de 2015 ci-dessus qui récapitulent les principaux éléments du débat tel qu'il s'est poursuivi depuis 1984).

Je m'avoue en revanche incapable de critiquer systématiquement la critique systématique de D. Fontaine, comme une bonne partie de ses textes d'ailleurs. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, j'ai encore essayé de le lire attentivement et au bout de quelques minutes j'en éprouve une véritable nausée -- j'allais tenter d'expliquer pourquoi, mais en suivant mon propre conseil (relire ce fil) je me suis aperçu que je l'avais déjà fait ici même...

Quelques réflexions générales néanmoins: D. Fontaine semble avoir fini par comprendre que le concept même de "Septante originale" était aberrant -- aussi loin qu'on remonte on trouve des traductions grecques partielles et divergentes de textes hébreux eux-mêmes divergents, qui sont ensuite harmonisées et révisées selon des principes à nouveau divergents, et ne se rassemblent en "textes-types" que selon des "recensions" encore plus tardives, la norme du type "Septante" étant en définitive déterminée, rétrospectivement, par les grands codex onciaux (et chrétiens) des IVe-Ve s. (le travail antérieur et décisif d'Origène en la matière étant en grande partie perdu); autrement dit, le prétendu "original" n'apparaît qu'à la fin du processus, il n'y a effet d'unité rétroactive qu'en vertu de l'unification finale. De ce point de vue qui au XXIe s. est tout sauf "original", qui correspond à la doxa contemporaine (on ne dit même plus postmoderne !), D. Fontaine a beau jeu de "démonter" l'article de Pietersma qui repose encore largement sur le concept de "traduction originale" (ce qui n'a rien d'étonnant dans les années 1980, et vaut a fortiori pour la thèse contraire de Kahle un quart de siècle plus tôt). Par contre, il n'a pas l'air d'avoir encore compris que ce "changement de paradigme" ruine toutes les "unités", "identités", et "origines" opératoires de son raisonnement: non seulement il n'y a pas UNE Septante, mais il n'y a pas UN judaïsme du Second Temple avec un seul "canon", un seul "type textuel", une seule "pratique scribale", une seule "tradition juive" -- y compris sur la question de l'usage, oral ou écrit, du Tétragramme ou de ses substituts -- mais bien une diversité mouvante qui ne s'unifiera relativement qu'après la destruction du Temple, à la faveur de la reprise en main phariséo-rabbinique qui fixera la "norme" et éliminera tout ce qui s'en écarte -- sauf ce qui lui échappe, comme les manuscrits de la mer Morte; et de même il n'y a pas UN "christianisme originel" mais une fusion (agrégation, intégration, fédération) progressive de mouvements et de textes disparates dans la "grande Eglise" du IIe siècle et son "Nouveau Testament". Toutes les déductions d'UNE pratique juive supposée unique et cohérente à UNE pratique chrétienne supposée originelle fuient de toutes parts comme un tuyau percé -- non pas à cause d'UNE rupture décisive entre "judaïsme" et "christianisme", mais parce que ceux-ci ne deviennent ce qu'ils sont, dans leur "identité" et leur "opposition", qu'au terme des processus qui les constituent comme "unités" antithétiques par "unification" de part et d'autre. Imaginer UN (judéo-)"christianisme" d'AVANT "Paul", a fortiori non hellénisé, c'est postuler une "entité" qui en tant que telle n'a jamais existé, n'a laissé aucune trace et en tout cas n'a produit aucun des textes du NT tels que nous les connaissons...

Sans une vision d'ensemble du problème -- celle que j'esquisse ici n'est évidemment qu'hypothétique et vague, mais elle reste globalement plausible alors que celle des "unités originelles" ne l'est plus du tout -- on peut débattre sans fin de la moindre chiure de mouche du moindre manuscrit mais on n'a aucune chance de comprendre de quoi on parle. Il faut au moins un cadre d'intelligibilité vraisemblable (je ne dis pas "vrai") pour que les données et les arguments qu'on en tire aient ne serait-ce qu'une possibilité de sens. Or je ne vois pas ce "cadre" dans l'enchaînement sans fin des arguments "techniques" de D. Fontaine (d'où probablement cette impression de nausée). Je connais le cadre imaginaire du TdJ moyen qui peut tranquillement voir dans "les premiers chrétiens" des TdJ comme lui (avec une barbe en plus et une cravate en moins si le TdJ en question est mâle), à condition de ne jamais vraiment lire les textes et de n'en citer que des versets hors contexte. Mais ce cadre n'est visiblement plus celui de D. Fontaine, et s'il en a un, il ne l'indique pas (en tout cas je ne l'ai pas vu apparaître dans ce que j'ai lu de lui). Je peux y deviner l'hypothèse d'une "secte yahviste" à la lettre "pré-chrétienne" ("nazôréenne" p. ex.: l'appellation est si peu définie au Ier siècle qu'elle serait disponible pour ce genre d'usage), qui se serait en partie noyée avec tant d'autres dans la masse de l'Eglise pagano-chrétienne et de son NT, en partie pulvérisée dans les "hérésies" judéo-chrétiennes centrifuges du IIe siècle: mais si tel est son "objet" le NT n'est justement pas son corpus: il faudrait non seulement en éliminer tout ce qui est paulinien et johannique, mais encore n'en conserver que quelques logia synoptiques susceptibles de provenance sémitique, pour en retracer conjecturalement la préhistoire en amont des évangiles synoptiques grecs tels que nous les lisons. Ce serait ça l'écriture pré-chrétienne où il pourrait y avoir eu telle ou telle forme du "nom divin", et même si l'on suivait un tel raisonnement conjectural de bout en bout ça n'aurait tout au plus qu'un rapport marginal ou tangentiel au "Nouveau Testament".

Accessoirement, l'opposition de l'oral et de l'écrit dont D. Fontaine semble maintenant faire grand cas est elle-même minée par le fait qu'à cette époque (et jusqu'à la fin de l'Antiquité, cf. saint Augustin) l'écriture est indissociable de l'oralité: on ne lit qu'à haute voix, et ce qui compte pour la quasi-totalité des "lecteurs" qui sont en fait des auditeurs c'est ce qui est prononcé, entendu et compris. Les codes graphiques conventionnels (y compris les lettres paléo-hébraïques insérées dans un texte en hébreu "carré" ou en grec, ou plus tard les nomina sacra chrétiens -- qui servent au moins autant pour "Jésus" et "Christ" que pour "Seigneur" ou "Dieu", au passage) n'intéressent par définition que les scribes et les lecteurs publics (anagnostes); les assemblées auditoires (synagogues ou Eglises) n'en ont pas la moindre idée et cela ne joue effectivement aucun rôle dans leur pratique communautaire, leur religion ou leur foi. En lieu et place de la vision jéhoviste de "premiers chrétiens" appelant tout naturellement "Dieu" par son "nom" propre (sous quelle forme, au fait ? mystère, sauf que ce ne serait pas "Jésus" !), on n'aurait là que des signes écrits, connus d'une seule "élite" et ignorés de l'immense majorité -- donc sans aucune incidence sur la "religion" orale de l'ensemble des "croyants".

Le problème de D. Fontaine est au fond celui de tous les "apologistes" (j'imagine un jeune "raélien" qui se mettrait sérieusement aux sciences bibliques pour prouver une hypothèse "extra-terrestre" derrière les textes; la comparaison peut paraître outrée, elle ne l'est pas tant que ça quand on songe que le "jéhovisme" a son origine, non chez un "bibliste" autodidacte et excentrique comme F.W. Franz qui n'a fait lui-même qu'essayer de l'étayer après coup, mais dans le pur arbitraire d'un Rutherford, qui était assurément plus tacticien que bibliste): un écart toujours croissant entre son présupposé initial et les faits (textuels) qu'il découvre à mesure qu'il apprend. Il peut multiplier les nuances et les réserves sur son présupposé initial, mais il ne peut pas l'abandonner franchement ni en poser clairement un autre, sauf à s'aliéner ses lecteurs qui restent fondamentalement liés au présupposé initial (sans même parler des conséquences "disciplinaires" du côté de la Watchtower, qui ne lui importent peut-être plus beaucoup au point où il en est, intellectuellement sinon socialement).
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeLun 20 Mai 2019, 11:32

Citation :
Je m'avoue en revanche incapable de critiquer systématiquement la critique systématique de D. Fontaine, comme une bonne partie de ses textes d'ailleurs. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, j'ai encore essayé de le lire attentivement et au bout de quelques minutes j'en éprouve une véritable nausée -- j'allais tenter d'expliquer pourquoi, mais en suivant mon propre conseil (relire ce fil) je me suis aperçu que je l'avais déjà fait ici même...


Merci infiniment Narkissos pour cette analyse.

Je rappelle une citation R.J. Wilkins,(voir ceci]), : "Nous pouvons toujours douter de ce que les auteurs du Nouveau Testament ont lu dans tel ou tel texte biblique (et de la façon dont ils prononçaient ce qu'ils y lisaient), mais il n'y a aucun doute, comme nous l'allons voir, sur ce qu'ils ont écrit".

J'attire également l'attention des lecteurs sur "l'extrême fragilité de l'enchaînement critique "nom divin lu dans des copies de la LXX => nom divin écrit dans les textes du NT".

J'avoue avoir aussi ressenti un certain vertige en lisant D.Fontaine et percevoir une certaine "schizophrénie intellectuelle", à travers une argumentation qui est à la fois soutenue par des données issues des sciences bibliques et émaillées par des affirmations provenant d'une croyance chrétienne fondamentaliste, à laquelle il apporte  des "nuances et les réserves", qui en réalité finissent par obscurcir le sujet.

Comme tu le soulignes D.Fontaine a enfin compris, selon ses propres termes, que "L’histoire du texte de la LXX est extrêmement compliquée" et par conséquent il invite ses lecteurs  "à la plus grande modestie, à la plus extrême prudence", or il est le premier a ne pas respecter sa propre recommandation, en tirant des conclusions très précises sur un sujet aussi complexe ("Les manuscrits de la LXX, en l’état, infirment la thèse du kyrios originel").  

Je trouve amusant de constater que dans critique virulente de Pietersma, il lui donne raison, sans s'en rendre compte et tout en considérant qu'il a affaibli sa thèse, par exemple, Pietersma affirme que "Le témoignage d’Origène n’est pas fiable", or DF conclut sa contre argumentation :  "Son témoignage intéresse moins l’état primitif de la Septante, que sa diversité textuelle à son époque" (avant cette conclusion, il me semble être dans l'affirmation gratuite et fausse : "Mais corrections hébraïsantes ou non, les copies de la LXX qui portaient le Nom (et vu la fréquence du Nom) étaient de facto plus exactes, plus conformes au texte hébreu traduit. Origène a raison sur ce point", il me semble que la question ne porte pas sur la conformité par rapport au texte hébreu mais sur le texte grec ? )

Un autre argument dont j'ai du mal à comprendre le sens et la finalité :

"De plus, Philon dit lui-même qu’il connaît le tétragramme (De Vita Mosis 1.114-115, 2.132) et Royse a montré que certaines de ses citations bibliques ne peuvent se comprendre que s’il lisait un texte grec muni du tétragramme en hébreu (1991 : 178-183). Il n’est donc pas sans danger de compter sur Philon pour étayer la primauté de kyrios. Cependant, ceci ne préjuge pas de ce que prononçait Philon, et qui paraît établi : kyrios, naturellement. Mais ni l’état du texte biblique de Philon, ni ce qu’il prononçait, n’est en mesure de nous informer sur la primauté de kyrios."

J'ai du mal a comprendre comme DF articule son argumentation, il reconnait que Philon prononçait kyrios et dans le même temps il affirme que ce fait établi, ne nous renseigne pas sur la primauté de  kyrios, il me semble qu'au

DF affirme que :  "Pas de « correction hébraïsante ». C’est exagéré, je le reconnais. Rétablir le tétragramme dans les copies de la LXX n’est pas une correction hébraïsante, c’est une fidélité au texte d’origine. Pour prouver que c’est « hébraïsant », il faudrait prouver que les premiers traducteurs ont fait preuve de liberté sur ce point précis. Ce qui n’est pas prouvé, au contraire.", il me semble qu'il y a aujourd'hui consensus pour confirmer le fait que les manuscrits en questions qui contiennent le tétragramme sont des corrections hébraïsantes. ( https://digilander.libero.it/domingo7/Septante.htm : II. LE REMANIEMENT DU TEXTE DANS L'ANTIQUITÉ : LES RÉVISIONS JUIVES)

Concernant le NT, DF soutient que :

"De la même façon, on a 5000 manuscrits. Mais sur ces 5000 l’immense majorité est postérieure au IVe s. Or au III-IVe, voire même au IIe s., il y a eu des recensions. Donc ces documents sont INUTILES. Donc, réellement, il n’y a que 2 manuscrits – ET PAS 5000 – qui peuvent nous renseigner sur le nom divin dans le NT. Ces 2 ne suffisent pas. L’un est fragmentaire, l’autre peu probant. Si on veut prouver ce qui se passait AVANT 150 AD (pour le NT), il faut regarder les papyri (pour le NT) AVANT 150 AD. Il y en a 2, et pas 5000. "

DF récuse et discrédite la quasi totalité des 5000 manuscrits concernant le tétragramme dans le NT, mais il ne nous dit pas s'il invalide les manuscrits du NT dans d'autres domaines, en dehors de la question du tétragramme, considèrent-ils que ces manuscrits sont fiables, "inspirés" et dignes de confiance ??? 


Enfin, concernant la question de Jésus et le tétragramme,  DF argumente ainsi :

"Divers témoignages directs (Talmud) ou indirects (variantes textuelles à Qumrân) prouvent qu’on évitait de prononcer le Nom. Lors de son procès, Jésus n’a pas utilisé le Nom, mais des euphémismes (ex. « la puissance » en Mt 26.64). En effet selon la « tradition humaine », un prévenu employant le Nom était de facto passible de mort. Or Jésus n’était pas suicidaire. En plusieurs occasions, il s’est dérobé aux mains de ses assaillants. On peut en déduire que, même s’il pouvait lui arriver de provoquer le scandale, il n’exposait pas sa vie inutilement. Concernant l’usage du Nom dans la synagogue, je n’ai aucune certitude. Tout simplement par ce que je ne suis déjà pas certain que l’usage du Nom était proscrit totalement à la synagogue".

Son argumentation donne le vertige (un pas en avant, un pas en arrière, j'affirme une chose et puis son contraire), encore une fois, il reconnait qu'à l'époque de Jésus que dans certains cercles juifs on évitait de prononcer le NOM et même que Jésus a utilisait  "des euphémismes", en lieu et place du tétragramme et pourtant il conclut que Jésus n'a pas employait le nom divin, lors de son procès, pour préserver sa vie. Il crée et maintient un flou artistique, en affirmant qu'il a aucune certitude concernant  l'utilisation du NOM dans la synagogue parce qu'il ne sait pas si  l’usage du Nom y était proscrit totalement. En résumé, il ne sait rien, il n'a aucune certitude mais il est convaincu que Jésus utilisait le nom divin.  
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeLun 20 Mai 2019, 12:53

Tu as plus de patience et de ténacité que moi !

Quelques détails:

- Ta première citation est de Wilkinson (cf. supra 3.6.2015)

- Ecrire un mot hébreu en hébreu (selon l'alphabet ancien = paléo-hébreu ou contemporain = "araméen" ou "carré") dans un texte grec, c'est effectivement plus "exact" et plus "fidèle" dans un sens, mais dans un sens absurde puisque ce n'est pas une traduction -- pas même une transcription puisque les deux langues n'ont pas le même alphabet ni le même sens d'écriture (de gauche à droite ou de droite à gauche; on arrive ainsi à la fameuse aberration "pipi", qui résulte de l'assimilation des lettres hébraïques "carrées" aux lettres grecques de forme voisine mais d'une tout autre valeur phonétique, lues naturellement à l'envers); une translittération strictement consonantique (qui correspondrait à notre graphie yhwh, en lettres latines) était du reste impossible, car il n'y a pas de "h" (correspondant au "" hébreu) ni de "v" ou "w" (correspondant au "waw" hébreu) dans l'alphabet grec contemporain...

- On peut effectivement douter de ce que Philon lisait, graphiquement, c.à-d. de ce qui était écrit dans les manuscrits grecs dont il disposait (et qui étaient certainement plus complets, pour un haut-fonctionnaire savant d'Alexandrie, du moins en ce qui concerne le Pentateuque qui fait l'objet principal de son commentaire, que toutes les "sources" accessibles aux divers "auteurs" du NT), mais ce doute s'oppose moins à ce qu'il prononçait (il n'y avait pas non plus de magnétophone pour l'enregistrer !) qu'à ce qu'il écrivait et commentait: kurios en effet, interprété notamment dans un sens de pouvoir (spécialement royal) comme on l'a montré précédemment. On pourrait aussi bien, en principe, douter de ce que Philon a écrit (après tout, les manuscrits qui nous en restent sont encore plus tardifs que ceux du NT !), si l'on n'était retenu par le sens même du texte: kurios interprété (par Philon) au sens de pouvoir souverain ne peut pas avoir été écrit (par Philon) autrement que kurios ! Idem pour Paul en Romains 14: si kurios est commenté par kurieuô, ça ne pouvait pas être autre chose que kurios... (sauf pour la NWT/TMN).

Quant au reste, je souscris pleinement à toutes tes remarques.
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeLun 20 Mai 2019, 14:01

1. Révisions partielles : les papyrus juifs
Du fait de leur antiquité, on croyait les papyrus de la LXX plus authentiques que les témoins ultérieurs. Or, certains présentent, semble-t-il, des leçons secondaires, résultats d'une hébraïsation du Vieux Grec. En fait, il convient d'être prudent : il est parfois difficile d'assigner à un papyrus une origine juive ou chrétienne. Il existe des signes distinctifs (traitement du tétragramme, recours à des abréviations), mais ils ne sont pas infaillibles (C. H. Roberts, Manuscript, Society and Belief in Early Christian Egypt, Londres, 1979, p. 74-78). Par ailleurs, s'il présente un texte conforme à l'hébreu, un papyrus n'est pas pour autant « hébraïsé ». Il peut avoir seul conservé la leçon originale, perdue dans le reste de la tradition manuscrite. Selon P. W. Skehan, le P. 4QLXX Num (= R 803) a été révisé sur l'hébreu. En fait, il manifeste - J. W. Wevers l'a montré - des retouches littéraires et non hébraïsantes. D'après A. Vaccari, le P. Rylands gr. 458 du w siècle avant notre ère apporterait à la LXX des corrections qui concordent avec la recension lucianique. L'édition critique une fois établie, ce papyrus se révèle un témoin de la vieille LXX (J. W. Wevers, «The Use of the Versions for Text Criticism : the Septuagint », La Septuaginta, p. 20). Toutefois, une révision hébraïsante peut être repérée dans les témoins suivants : 7Q 1 LXX Ex ( = R 805), le P. Chester Beatty IX R 967) pour Ézéchiel, le P. Antinoopolis 8 pour les Proverbes R 928). https://digilander.libero.it/domingo7/Septante.htm




Une dernière référence à DF, face à l'affirmation : "le P Fouad 266 aurait subi une modification dans le sens qu’on a remplacé un mot kurios désignant Dieu par le Tétragramme.", DF fournit la réponse suivante :

"C’est absurde. Comme je l’ai montré dans mon post « Nomina sacra et Septante – qui et quand ? », il n’y a pas UN SEUL cas où le nom divin n’est pas rendu par le tétragramme (ou Iaô) avant le IIe s. On ne peut donc pas dire : Dieu aurait été remplacé par le tétragramme. C’est exactement L’INVERSE : c’est le tétragramme qui a été REMPLACE par divers substituts, au premier rang desquels Seigneur et le système des nomina sacra."
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeLun 20 Mai 2019, 14:37

N.B.: si c'est Iaô (écrit en grec et parfaitement prononçable) qui est "original", comme DF l'a suggéré à un certain point (dernier? avant-dernier?) de sa réflexion, ce n'est justement pas "le Tétragramme" (qui ne peut être écrit qu'en hébreu, donc illisible en grec et qui implique forcément une substitution à la lecture). "Tétragramme ou Iaô" n'est donc pas une équivalence, c'est au contraire une alternative décisive, qui entraîne des pratiques de lecture totalement incompatibles entre elles. On peut imaginer une lecture égyptienne Iaô qui s'inscrirait parfaitement dans la tradition d'Eléphantine, on se doute qu'elle aurait suscité de fortes réticences en Judée (d'où la relative vraisemblance d'une correction en Tétragramme imprononçable impliquant une substitution). Entre Iaô et Tétragramme "originaux", il faudrait en tout cas choisir (si l'on tient encore tant soit peu au concept d'"original"), parce que c'est l'un OU l'autre, et si l'un est "premier" l'autre est forcément une "correction" !

(Cf. supra à partir du 3.6.2015.)
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMar 21 Mai 2019, 11:16

Il existe sûrement un lien entre Iaô  et l’ineffable tétragramme de la Bible hébraïque, mais la nature exacte de ce lien n’ est pas claire. À la différence des formes Iabe  ou Iaoue ,  Iaw  ne semble pas refléter une vocalisation possible du tétragramme.
Dans les archives émanant de la communauté  juive d’Éléphantine et dans les autres documents araméens provenant de l’Égypte, le tétragramme est inconnu, mais le trigramme est fréquent. https://www.academia.edu/9548800/_Le_dieu_Ia%C3%B4_et_le_tr%C3%A9fonds_aram%C3%A9en_des_Septante_



Ce qui me surprend le plus chez DF, c'est le mélange de données issues des sciences bibliques et d'arguments purement religieux (fondamentalistes) :

3. L’aspect religieux
L’emploi du Nom n’est pas un sujet anodin. Son usage ou son rejet n’est pas seulement « scientifique », mais aussi, et surtout, religieux. Gérard Gertoux rappelle un point qui m’a profondément marqué lorsque j’ai lu son ouvrage pour la première fois : Satan dédaigne le Nom. Lors de la tentation de Jésus, les arguments de part et d’autre sont tirés des Ecritures. Mais tandis que Jésus emploi le nom divin à chaque fois, Satan emploie le terme « Dieu ». Ce n’est pas anodin. Ce n’est pas à dire que ceux qui refusent le Nom pour de mauvaises raisons font le jeu de Satan. Mais enfin c’est une comparaison inquiétante ! Car on le sait, à la fin, c’est bien Satan qui est terrassé par Jésus – ce Jésus qui porte en lui, on le sait, le divin Nom. http://areopage.net/blog/2014/12/07/le-nom-de-dieu-dvd-poppenberg-2014/
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMar 21 Mai 2019, 11:58

Voir supra 12.6.2015 (autour du lien au même article de Joosten).

C'est en effet ce mélange de "religiosité" au sens le plus "infâme" du terme (j'entends bien par là toute la connotation péjorative des mots superstition, fétichisme, obscurantisme, complotisme, occultisme, etc., dont je me méfie par ailleurs) et d'arguments "rationnels" et "scientifiques" qui m'avait d'abord donné la nausée, dès les premières pages de son bouquin quand je l'avais parcouru.

Le NT, bien sûr, joue également sur ce registre, mais quand il le fait il en détermine du même coup l'objet et l'issue (le diable veut tenter puis tuer Jésus, puis les disciples ou l'Eglise; mais -- ¡ caramba ! -- il échoue toujours, et sa défaite et la victoire du "bien" font partie intégrante du récit: Résurrection, Ascension, Pentecôte, expansion de l'Eglise selon le plan de Luc-Actes). Là, le complot serait tellement occulte qu'il n'y en aurait pas la moindre trace, ni de son objet, ni d'attaque, ni de combat, ni de dénouement. Jésus ressuscite le troisième jour, Jéhovah ressusciterait dix-neuf siècles plus tard, au fond de la bouteille de Rutherford, en attendant d'être justifié par la NWT et glorifié par nos savants tétragrammistes...


Dernière édition par Narkissos le Mar 21 Mai 2019, 14:25, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMar 21 Mai 2019, 14:18

Il faut donc envisager le scénario suivant : la première génération de chrétiens connaissait le nom divin. Mais très vite, dès l’époque de Paul, la confusion s’installe. On le voit notamment

1) dans l’ensemble des variantes textuelles concernant l’identité de Jésus (flottement entre Dieu/Jésus/Seigneur, cf. Fontaine 2007 : 258-263), et

2) dans la christologie « haute » de Paul fondée sur un midrash bien particulier de l’AT, qui met Jésus au centre de tout (ex. Capes 1992).

Cela ne veut pas dire que les premiers chrétiens confondaient Jésus avec Dieu. A vrai dire, à l’époque on lisait peu. On écoutait surtout. Seule une minorité de la population – scribes, lecteurs – était au fait de ce procédé scribal propre aux chrétiens. On peut même dire que les nomina sacra sont apparus, non comme une confusion entre Jésus/Dieu, mais comme une révérence pour le nom divin (puisqu’on ne parlait plus l’hébreu), qu’on mettait en exergue – un peu comme nos MAJUSCULES. C’est le mimétisme dont je parle : les copistes chrétiens ont imité le curieux procédé juif de préserver le nom divin en caractères hébreux archaïques.
Par ailleurs, et pour compliquer le tout, à l’époque Dieu s’appelait couramment Seigneur à l’oral (Adonay chez les Juifs). Or Christ était Seigneur lui aussi (cf. Philippiens 2.9-11). Il n’y a donc eu aucun malaise à remplacer un mot hébreu qu’on ne comprenait plus par un symbole fort posant les bases de l’identité et du symbolisme chrétiens : le procédé des nomina sacra. http://areopage.net/blog/2014/06/29/%CE%B9%CC%93%CE%B1%CF%89-%CE%B8%CE%B5%CE%BF%CF%82-%CE%BA%CF%85%CF%81%CE%B9%CE%BF%CF%82-le-nom-dans-la-lxx-originale/


La "confusion" à laquelle fait allusion DF concerne surtout son analyse nébuleuse et obscure. Ainsi (et si j'ai bien compris le propos de DF), la deuxième génération de chrétiens a perdu la connaissance du NT à cause de la confusion qu'a provoqué l'enseignement du NT concernant l'identité de Jésus et la christologie haute de Paul. Je suis tellement abasourdi, que je soupçonne de ne pas avoir compris l'argumentation de DF. Je ne vois pas très bien comment le "flottement entre Dieu/Jésus/Seigneur" a pu faire disparaitre dans laps temps extrêmement court la connaissance du tétragramme.
Autre bizarrerie : "les copistes chrétiens ont imité le curieux procédé juif de préserver le nom divin en caractères hébreux archaïques"  ... Sur quoi repose cette affirmation ?

En clair, c'est la faute des chrétiens et des auteurs du NT, si le tétragramme a disparu du NT ... Ai-je bien compris ?
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMar 21 Mai 2019, 15:02

En tout cas, je ne comprends pas mieux que toi...

Pour moi, "avant Paul", il n'y a pas de "Nouveau Testament", pas même le moindre texte que nous soyons susceptibles de lire dans notre NT (y compris celui de la TMN), sauf par pur hasard... il y a peut-être des phrases, p. ex. certains logia évangéliques, qui remontent "avant Paul", mais qui faisaient alors partie de tout autres textes (de tradition orale ou écrite). Leur existence reste incertaine, leur détermination arbitraire, leur reconstitution conjecturale, et les variantes textuelles du "Nouveau Testament" (c.-à-d. d'autres textes que ceux-là) ne nous apportent pas la moindre information sur ces textes éventuels, qui n'étaient précisément pas ceux du "Nouveau Testament".

Par un chemin loufoque et improbable ("bougrétien" pour les fans de Gotlib), les apologistes de la Watch retombent sur une certitude abysso-fondamentale: en lieu et place de "Jéhovah", l'abîme de l'"origine".

[Précision autobiographique (par rapport à mon post du 28.6.2010 supra): c'est un "évangélique" qui m'avait demandé une "réfutation" du livre de DF; l'une des raisons pour lesquelles j'y ai renoncé, c'est qu'il me paraissait impossible de "réfuter" DF sans "réfuter" aussi et par le même mouvement les présupposés de mon éventuel commanditaire, à savoir qu'on pouvait tranquillement remonter du texte du NT aux paroles "authentiques" de "Jésus" et de ses "apôtres". Si les thèses contradictoires des différents "fondamentalismes" -- en l'occurrence trinitaire et antitrinitaire -- en arrivent à se soutenir objectivement, c'est qu'elles relèvent du même "terrorisme intellectuel": moi ou le chaos, voilà ce qu'elles ont en commun: ou bien vous me croyez, et vous suivez jusqu'au bout mes conclusions, "jéhovistes" ou "trinitaires", ou bien vous ne pouvez plus croire à rien.]


Dernière édition par Narkissos le Mar 21 Mai 2019, 16:42, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMar 21 Mai 2019, 16:32

Comment se fait t-il que lorsque le tétragramme à été substitué par les nomen sacrum, cela n’a pas provoqué de débat dans l’histoire du christianisme ?

La supposition que si ce type de débats avaient eu lieu, il en resterait des traces. Là-encore, peut-être. Mais pas nécessairement. Les vainqueurs écrivent l’histoire. Ainsi, l’anti-chrétien Celse n’est connu que par Origène son détracteur. Marcion, ce Marcion qui a su enflammer les populations, et fonder une Église prospère jusqu’au Ve s., n’est contenu principalement que par son détracteur Tertullien. Les courants proches de sa doctrine – la gnose dans son ensemble – étant ceux qui firent un usage immodéré du nom divin. Dans ces conditions, il peut arriver qu’une situation doive être rétablie à partir d’indices indirects uniquement. Enfin et surtout, et c’est le point le plus difficile à expliquer (je te renvoie encore à mon ouvrage de 2007, chapitres 6 et 7), les tous premiers chrétiens firent peut être usage du nom divin, dans les évangiles (sans doute pas chez Paul). Mais dès que le NT a commencé a être copié (dans les grands centres comme Alexandrie, Antioche ou Césarée), le christianisme était déjà différent. En moins d’une génération, on est passé d’un judéo-christianisme (christologie basse) à un pagano-christianisme (christologie haute), qui, pour compenser « l’échec » de la croix (dissonance cognitive) a surenchéri : Christ a été divinisé. Les autres chrétiens qui auraient pu témoigner d’un christianisme plus pur étaient minoritaires, et ils ont fait les frais de la seconde révolte juive. Ils sont doublement marginalisés : par les Juifs puisqu’ils sont hérétiques (ajout à cette époque de la birkat ha-minim, c.80-100 AD), et par leurs coreligionnaires chrétiens parce qu’ils sont « trop Juifs » (cf. Fontaine 2007 : 186). Ils n’ont donc pas laissé de traces, ou très peu (celles-là même qu’étudient Mimouni ou Jaffé). En revanche l’Église proto-orthodoxe (c’est-à-dire celle qui va réussir à imposer ses vues), est structurée autour d’une figure centrale, Christ, qui occulte largement le dieu Juif YHWH, Jéhovah, dont le nom fait trop particulier, trop tribal, et pas assez catholique/universel. En moins d’une génération, le terreau où Jésus avait semé a changé de nature. Les « lunettes », les paradigmes sont totalement différents. Pas de polémique. Le nom est devenu un non-sujet. Très exactement comme aujourd’hui (le Nom ce n’est pas important, comment connaître la vocalisation, Jésus disait « Abba », « Père », etc.). Ce qui fait penser une telle chose, c’est notamment l’examen des Pères apostoliques. Leur mentalité révèle une Église différente de celle « fondée » par le Christ. Ce n’est pas qu’il y a eu un changement, ou un « complot ». C’est simplement qu’ils ont été les premiers à prendre la plume, et à défendre un christianisme que leurs paradigmes païens ont dénaturé.
http://areopage.net/blog/2014/06/29/%CE%B9%CC%93%CE%B1%CF%89-%CE%B8%CE%B5%CE%BF%CF%82-%CE%BA%CF%85%CF%81%CE%B9%CE%BF%CF%82-le-nom-dans-la-lxx-originale/


La réponse de DF à la question qui lui est posée, devrait commencer par "il était une fois ...", en effet le scénario qu'il propose sur le développement du christianisme et des implications qu'il va entrainer sur la disparition du tétragramme me parait correspondre au fait  "de prendre ses désirs pour la réalité". D'ailleurs il commence sa démonstration par une phrase qui annonce une suite très nébuleuse et insipide : "Là-encore, peut-être. Mais pas nécessairement". Les exemples qu'il cite pour étayer sa position ne la conforte pas, puisque avons des traces de l'existence de Celse (Origène), Marcion (Tertullien) mais AUCUNE trace de la supposée suppression du tétragramme du NT. 
DF reconnait néanmoins que sa démarche s'effectue uniquement "à partir d’indices indirects uniquement", c'est déjà pas mal. Sa démonstration qui veut avoir une forme académique relève plus de l'imagination (débordante), par exemple quand il affirme : "les tous premiers chrétiens firent peut être usage du nom divin, dans les évangiles (sans doute pas chez Paul)". Cette thèse reflète bien la méthode utilisée, cette affirmation ressemble à la conclusion d'une démonstration, en réalité il n'en n'est rien, c'est le présupposé de son argumentation, qui ne s'appuie sur aucune preuve et qui est modéré par un "peut-être" mais qui dans son esprit implique une certitude, puisque pour lui le fait que les premiers chrétiens utilisaient le tétragramme est sa conviction de départ.

Voici un indice indirect que propose DF :  "Mais dès que le NT a commencé a être copié (dans les grands centres comme Alexandrie, Antioche ou Césarée), le christianisme était déjà différent. En moins d’une génération, on est passé d’un judéo-christianisme (christologie basse) à un pagano-christianisme (christologie haute), qui, pour compenser « l’échec » de la croix (dissonance cognitive) a surenchéri : Christ a été divinisé. Les autres chrétiens qui auraient pu témoigner d’un christianisme plus pur étaient minoritaires, et ils ont fait les frais de la seconde révolte juive."

Narkissos, Il me semble que les épîtres de Paul sont les plus anciens écrits du NT que l'on ne peut pas classer parmi les textes judéo-chrétiens qui pourtant attribue à Jésus Christ l'appellation " Seigneur" (sans article) destinée à l'origine à Dieu, ainsi la divinisation du Christ est un phénomène ancien. DF n'explique comment "en moins d’une génération" une transformation a pu s'opérer sur un sujet aussi sensible. Enfin que veut dire DF quand il fait allusion à un "christianisme plus pur", soutient-il que les rédacteurs tardifs du NT, comme l'auteur de l'évangile de Jean (épîtres pastorales) incarnent un christianisme dénaturée ??
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMar 21 Mai 2019, 17:28

Ce qui me paraît clair, c'est que la quête du "nom divin dans le Nouveau Testament" aboutit à la désintégration de son champ d'investigation, à savoir "le Nouveau Testament". La belle affaire, puisque ladite désintégration s'effectue depuis au moins deux siècles par d'autres moyens (ceux de la "haute-critique" devenue "critique historico-littéraire") et que "le Nouveau Testament" ne s'en porte pas plus mal: qu'on le lise comme un texte globalement stabilisé au IIe siècle plutôt que comme un ensemble d'"originaux" du Ier, ça ne change absolument rien à son contenu... Ni au fait qu'il n'y a pas, en définitive, d'autre texte opposable à celui-là (dans toutes ses variantes attestées)...

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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMer 22 Mai 2019, 10:31

Narkissos a écrit:
Ce qui me paraît clair, c'est que la quête du "nom divin dans le Nouveau Testament" aboutit à la désintégration de son champ d'investigation, à savoir "le Nouveau Testament". La belle affaire, puisque ladite désintégration s'effectue depuis au moins deux siècles par d'autres moyens (ceux de la "haute-critique" devenue "critique historico-littéraire") et que "le Nouveau Testament" ne s'en porte pas plus mal: qu'on le lise comme un texte globalement stabilisé au IIe siècle plutôt que comme un ensemble d'"originaux" du Ier, ça ne change absolument rien à son contenu... Ni au fait qu'il n'y a pas, en définitive, d'autre texte opposable à celui-là (dans toutes ses variantes attestées)...




DF se livre à une attaque, en règle, contre tous les auteurs du NT, qui aurait participé activement à la suppression du tétragramme, puisqu'il affirme  : "Il faut donc envisager le scénario suivant : la première génération de chrétiens connaissait le nom divin. Mais très vite, dès l’époque de Paul, la confusion s’installe." ... la Watch jamais songé a aller aussi loin. DF établit une distinction entre ce que Jésus a fait et ce qu'il a prononcé et la façon dont les auteurs du NT l'on rapporté ou les copistes :

 
Citation :
De très nombreux éléments (documents manuscrits, pratiques liturgiques, littérature biblique, rabbinique et profane) prouvent que le Nom était employé à l'époque du second Temple. La version biblique dont on se servait était soit le texte hébreu (pré-massorétique) à Jérusalem et dans ses environs, soit la Septante, dans les communautés juives de la Diaspora (particulièrement à Alexandrie). Dans ces deux versions bibliques, hébraïque et grecque, figurait le Nom.

Aujourd'hui, la Septante donne l'impression que ses traducteurs ont rendu le tétragramme (יהוה) par Seigneur (κύριος). Se fondant sur cette apparence, de nombreuses personnes nient que Jésus et ses disciples (dont on pense à tort qu'ils employaient systématiquement la Septante dans leurs citations des Ecritures), n'employaient pas le Nom. En effet, 70% des citations du Nouveau Testament semblent se conformer au texte de la Septante. Le NT donne donc l'impression que les Premiers Chrétiens citaient les Ecritures à partir de la Septante.

       Mais cela est sujet à caution : la prédication de Jésus ne s'est pas faite en langue grecque, mais en araméen (cf. Mc 5:41, 7:34, 15:34, Mt 27:46), et de nombreux indices prouvent que la LXX (Septante) ne venait pas forcément à l'esprit (Mt.23:35). Il faut plutôt penser que les rédacteurs du NT, ou leurs copistes, partis de traditions orales ou écrites (cf. Carmignac, Tresmontant, Perrier) ont harmonisé les citations bibliques à partir de la Septante : « Le traducteur d’une œuvre qui contient des citations bibliques présente naturellement ces citations dans la forme où elles apparaissent dans la traduction courante de la langue qu’il traduit. » - R.T. France, Matthew, Evangelist and Teacher, Grand Rapids, 1989, pp.172-173.

       Cela dit, après la première génération, les Chrétiens employèrent effectivement la Septante. Et dans cette perspective, il est intéressant de remarquer que toutes les copies de la Septante antérieures au troisième siècle de notre ère présentent le nom divin plutôt que le terme kuriov. Bien sûr, elles émanent de communautés juives ou judéo-chrétiennes, et non pas des Chrétiens issus de la Gentilité. Néanmoins, elles intéressent la foi chrétienne en ce sens qu'elles révèlent la Bible dont se sont servi les disciples immédiats de Jésus, avant que le christianisme ne prenne un essor dénaturé par l'hellénisme. https://www.areopage.net/files/6.htm

DF reconnait que la grande majorité des citations de l'AT dans le NT sont issues de la Septante mais en réalité (selon lui), ce n'est qu'une apparence, puisque la prédication de Jésus ne s'est pas faite en langue grecque, mais en araméen, donc : "Il faut plutôt penser que les rédacteurs du NT, ou leurs copistes, partis de traditions orales ou écrites ont harmonisé les citations bibliques à partir de la Septante  ".  DF utilise un argument gratuit, sans fondement et qui relève de la thèse spéculative. On doit en conclure (quand même) que les auteurs du NT ("inspirés" ?) ont choisi volontairement de supprimer le tétragramme. L'originalité de la thèse de DF, c'est qu'il fait porter une partie de la  responsabilité de la disparition du tétragramme sur les épaules des rédacteurs du NT : Etaient-ils des instruments de Satan ou inspirés par Dieu ?
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMer 22 Mai 2019, 11:38

La formulation est beaucoup plus retorse que ne le serait une "attaque en règle": la confusion attribuée à "l'époque de Paul" n'est pas formellement attribuée à "Paul" -- quoique DF ait fini par comprendre, si je l'ai bien lu (en diagonale et néanmoins entre les lignes), l'impossibilité exégétique de remplacer kurios par quoi que ce soit d'autre dans le corpus paulinien (Romains 10; 14; 2 Corinthiens 12 etc.); en quoi il désavoue, discrètement, obliquement, sinueusement mais totalement la NWT/TMN. Cependant le lecteur qui se laisse balader finit, "très vite" aussi, par ne plus comprendre de quoi il parle, pour peu qu'il en ait eu une idée préalable: la "première génération" supposée yahviste (ou jéhoviste, ou iaoïste) n'aurait rien de "chrétien", tout au moins au sens de ce mot dans le NT lui-même, qui présuppose déjà une Eglise majoritairement "païenne" (Actes et 1 Pierre); elle serait "nazôréenne" peut-être, "jésuiste" éventuellement encore qu'on ne voie pas très bien à quoi "Jésus" lui servirait: de "maître spirituel" peut-être dans la veine de Matthieu, de "rédempteur" réduit à la fonction de "moyen de rédemption" à la rigueur, mais sûrement pas de sauveur ou de révélateur divin (car pour ça il faut justement la "haute christologie" de "Paul" ou de "Jean"); et surtout, surtout, si elle avait des textes (p. ex. un proto-évangile araméen ou même grec avec Iaô partout) ce ne serait pas, par définition, ceux du "Nouveau Testament" !

Mais les choses sont dites de façon tellement tordue qu'on n'en arrive jamais à la conclusion que le raisonnement, pourtant, imposerait si on devait le suivre: si cette "première génération" imaginaire est "la vérité", aussitôt pervertie ensuite, alors il est urgent de jeter par-dessus bord le Nouveau Testament et tout le "christianisme" qui s'ensuit et de reconstruire (conjecturalement bien sûr, à partir de quelques fragments de Matthieu p. ex., ceux qui ne viendraient pas de Marc) le "vrai" proto-évangile, qui pourra être exactement ce qu'on voudra puisqu'on ne pourra lui opposer aucun texte existant. La Watchtower même n'y retrouverait pas le centième de sa doctrine (même sa "christologie angélique" serait trop "haute" pour une anthologie de logia synoptiques) -- à moins bien entendu qu'on ne reconstitue le "proto-évangile" à partir de la doctrine jéhoviste... (A la réflexion, DF pourrait réintituler son livre "Le nom divin sans le Nouveau Testament".)

Pour revenir à la Septante: dire que 70 % des citations du NT proviennent de la Septante, cela ne se peut qu'à partir de la Septante telle que nous la connaissons par les codex chrétiens des IVe-Ve s. (ce n'est évidemment pas à partir de la poignée de fragments antérieurs qu'on pourrait établir la moindre statistique, à supposer qu'on puisse seulement trouver une ou deux correspondances entre un texte effectivement cité dans le NT ET attesté dans un manuscrit antérieur -- je ne sais même pas si ça arrive, en tout cas ce serait une coïncidence rarissime et dont on ne pourrait logiquement rien tirer). Si l'on admet toutefois le pourcentage, en comprenant bien sur quel raisonnement circulaire il repose, encore faut-il y réfléchir, en pensant aux 30 % restants qui sont quand même une proportion considérable: nombre de citations grecques de l'AT dans le NT ne correspondent pas à la Septante "chrétienne", cela signifie déjà, contrairement à ce que certains ignorants soupçonnent, que "les chrétiens" jusqu'au Ve s. au moins ont fort peu "trafiqué" ladite Septante, sans quoi ils auraient certainement favorisé une bien meilleure correspondance avec le NT, qu'ils connaissaient infiniment mieux que l'AT grec; ensuite, que les textes du NT ont eu beaucoup d'autres "sources" vétérotestamentaires grecques que celles de ladite Septante (citations de mémoire, testimonia, florilèges ou anthologies d'origine judéo-hellénistique ou chrétienne, tout cela implique d'autres traductions grecques de l'hébreu qui ne sont généralement pas le fait des auteurs et rédacteurs du NT, lesquels ne donnent par ailleurs aucun signe clair d'une connaissance de l'hébreu). En somme, pour être importante, la "tradition septuagintique" dans son ensemble (du IIe s. av. J.-C. au Ve après !) n'a eu qu'une incidence limitée sur le texte du NT, dont les références vétérotestamentaires sont avant tout éclectiques, ou hétéroclites (sans compter toutes les citations non identifiées).
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMer 22 Mai 2019, 15:29

Citation :
Cet extrait du SDB XII, col. 661-662 résume bien les enjeux. J’ai montré précédemment que les arguments de Pietersma étaient pour le moins discutables. On pourrait sans doute faire de même avec ceux de Hanhart ou Skehan. Quoi qu’il en soit, il est difficile d’être catégorique. Ce qui est certain, c’est que les documents en notre possession incitent à penser qu’il y a deux phases : la première, avec le nom en hébreu ; la seconde, avec κύριος. Cependant, il n’est pas impossible que κύριος soit effectivement la forme originale car 1) les traducteurs alexandrins étaient passablement hellénisés, et 2) certaines de leurs pratiques (cf. Exode 3.14, Lévitique 24.16) autant que des considérations historiques attestent d’une certaine réserve vis-à-vis du Nom.  Le fait que la caractéristique principale des révisions intéressent le nom divin est aussi un indice permettant de localiser ce qui a pu motiver les réviseurs (entre autres, l’adoption généralisée de Seigneur ?). On ne peut donc exclure l’hypothèse en question, même si aucun manuscrit trouvé à ce jour ne la soutient. http://areopage.net/blog/2015/06/28/nomina-sacra-et-septante-qui-et-quand/

DF oscille entre sa conviction religieuse (d'un tétragramme initial dans le NT) et ses découvertes résultants de ses lectures d'ouvrages de sciences bibliques, au risque de me tromper, DF  dit une chose et son contraire, puisqu'il indique avoir réussi a montré que les arguments de  Pietersma étaient discutables (il propose 2 phases : la première, avec le nom en hébreu ; la seconde, avec κύριος)  et ensuite il reconnait qu'"il n’est pas impossible que κύριος soit effectivement la forme originale" en fournissant 2 arguments conséquents. J'ai le sentiment que DF se perd dans les méandres de sa pensée, désorienté par toutes les données académiques accumulées qu'il n'arrive pas a ordonner et a agencer. Il est néanmoins difficile de le suivre et le comprendre.

Narkissos, Si j'ai bien compris, les révisons juives  de la Septante qui incorporent le tétragramme(judaïsme palestinien) expriment une réaction anti-chrétienne, ne peut-on pas en conclure que les chrétiens n'ont pas une propension a utiliser ces révisions juives ? 


Dernière édition par free le Jeu 23 Mai 2019, 10:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMer 22 Mai 2019, 17:53

Dans un sens, l'hésitation entre plusieurs hypothèses (aux dernières nouvelles, outre le Tétragramme hébreu et kurios, Iaô était aussi candidat à l'"original") sied admirablement à une posture "scientifique", neutre, désintéressée, dépassionnée, objective, pas "sectaire" pour un sou (et bien sûr tout prétendu scientifique le sait qui peut ainsi s'admirer réflexivement, subjectivement et objectivement à la fois, dans cette posture de sujet objectif qui est l'im-posture par excellence -- pardon, ici c'est Kierkegaard qui parle...).

Mais, par définition, toute hypothèse suppose (hypo-thèse, sub/p-position, c'est pour ainsi dire le même mot, du grec ou du latin), à tout le moins ce que j'appelais plus haut un "cadre d'intelligibilité", également hypo-thétique ou sup-posé, comme la condition même de son sens (tout hypothétique et supposé qu'il soit). DF apologiste de la Watch avait au départ un tel cadre, malheureusement pour lui celui-ci a explosé en vol et n'a pas, à ma connaissance, été remplacé. Du coup il se sent de plus en plus "scientifique", avec plein d'hypothèses et zéro certitude, sauf que rien de tout cela n'est plus intelligible, même pour lui, faute de cadrage susceptible de donner un sens plausible à ses hypothèses.

Je ne tiens pourtant pas à insister là-dessus: je vois surtout que depuis quelque temps il n'écrit plus beaucoup, sinon des recensions, d'ailleurs souvent utiles, d'ouvrages spécialisés. Que par ailleurs il pense, au sujet qui l'a occupé jusque-là ou à tout autre chose, c'est tout ce que je lui souhaite...

Quant à ta question: les témoins (= manuscrits) "tétragrammatisés" d'une traduction grecque (Septante ou pas) ne sont certainement pas tous anti-chrétiens, puisque certains au moins précèdent largement le "christianisme", selon la chronologie généralement admise. Mais le judaïsme hellénistique alexandrin (volontaire ou non, c'est une litote comique de dire que les traducteurs de la Septante étaient "passablement hellénisés" !) n'a pas eu besoin du christianisme pour susciter des réactions négatives, en Palestine ou ailleurs: l'usage libre de Iaô, plus encore que celui de kurios, aurait eu de quoi "choquer" des oreilles palestiniennes, que celles-ci fussent par ailleurs pharisiennes, esséniennes ou même sadducéennes. Par contre, en ce qui concerne le (ou les) christianisme(s), non un christianisme fantasmagorique qui n'aurait laissé aucune trace, mais celui ou ceux qui ont effectivement produit le "Nouveau Testament", le premier critère est de savoir ce qui les intéresse. S'il s'agissait d'une secte yahviste ou iaoïste dont le premier souci serait qu'on prononce le "nom divin" au lieu de l'éviter, il y aurait, à coup sûr, des arguments dans ce sens, qui auraient laissé d'autres traces textuelles qu'un seul mot, susceptible d'être simplement remplacé. Dans le NT, "Jésus-Christ" est LA figure centrale, celle qu'il importe de faire connaître et de mettre en évidence et en valeur, de justifier et de glorifier, fût-ce de façon fort différente d'un texte à l'autre. Indépendamment de tout jugement sur la "Septante originale", il me paraît absolument évident que la substitution de kurios à Yhwh SERT (objectivement) ce christianisme-là mieux que toute autre formule. Quand bien même le christianisme néotestamentaire l'aurait inventée (ce que je ne crois pas un instant, Philon et Aristée suffiraient à prouver le contraire), il resterait que c'est celle-là qui lui convenait le mieux pour ce qu'il avait à dire. Si besoin était, le fait que l'introduction d'un AUTRE "nom divin" dans les textes du NT, et tout spécialement chez Paul (ce que FAIT la TMN) aboutisse au moins localement à la destruction du sens du texte (e.g. Romains 10 et 14) en fournirait la démonstration empirique -- par l'absurde.

La grosse lacune congénitale des apologistes de la Watch, quelles que soient l'étendue et la qualité des connaissances "scientifiques" qu'ils peuvent acquérir par la suite, c'est leur méconnaissance du sens général des textes bibliques qui est le produit même de l'éducation jéhoviste. Le TdJ moyen peut citer de mémoire, et avec les références s'il vous plaît, beaucoup plus de versets que le lecteur moyen de la Bible, mais celui-ci comprend infiniment mieux les textes parce qu'il les a lus avant de les citer. De fait, un TdJ qui s'initie aux "sciences bibliques" peut brasser énormément d'information, et même s'y noyer, avant de comprendre ce qui est pour tout autre lecteur une évidence incontournable: que "Jésus-Christ" est LA grande affaire du Nouveau Testament. Les textes peuvent différer et s'opposer en tout, y compris dans la teneur de leurs "christologies", c'est de LUI qu'il est avant tout question.
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeJeu 23 Mai 2019, 10:38

Citation :
La grosse lacune congénitale des apologistes de la Watch, quelles que soient l'étendue et la qualité des connaissances "scientifiques" qu'ils peuvent acquérir par la suite, c'est leur méconnaissance du sens général des textes bibliques qui est le produit même de l'éducation jéhoviste. Le TdJ moyen peut citer de mémoire, et avec les références s'il vous plaît, beaucoup plus de versets que le lecteur moyen de la Bible, mais celui-ci comprend infiniment mieux les textes parce qu'il les a lus avant de les citer. De fait, un TdJ qui s'initie aux "sciences bibliques" peut brasser énormément d'information, et même s'y noyer, avant de comprendre ce qui est pour tout autre lecteur une évidence incontournable: que "Jésus-Christ" est LA grande affaire du Nouveau Testament. Les textes peuvent différer et s'opposer en tout, y compris dans la teneur de leurs "christologies", c'est de LUI qu'il est avant tout question.

Comme tu l'a signalé plus haut, DF a compris que "Jésus-Christ" est LA grande affaire du Nouveau Testament", il lui faut donc articuler sa conviction d'un tétragramme initial dan le NT et ses découvertes issues de ses recherches : "Non content de reléguer le Dieu de l’Ancien Testament à l’arrière-plan, Paul fait du Fils la figure éminente et proéminente du christianisme". Ainsi il est "condamné" a décrédibiliser ou rendre responsable les auteurs du NT de la disparition du tétragramme. DF ne situe plus dans la démarche de la Watch qui veut prouver à partir du NT, des traces d'un tétragramme original. Je reproduis un extrait d'un article "intéressant" de DF :

Citation :
Assurément, je pense que le nom divin a figuré dans les toutes premières copies du Nouveau Testament, dans les sifrei ha-Minim qu’évoque le Talmud (y. Shabbat XIII, 5, XVI, 1, 15c ; b. Shabbat 116a ; cf. Jaffé 2005 : 237-312, Mimouni 2004 : 98-102). Mais si je défends une telle hypothèse, j’invite aussi à la prudence. En vérité, ce Nom n’a sans doute figuré que dans certains écrits seulement (Fontaine 2007 : 302, 306). On peut s’en persuader en lisant Paul : sous sa plume en effet, Christ devient le centre de tout, et concentre l’essentiel des professions de foi.

Romains 10.9 : vu que, si de ta bouche tu confesses Jésus comme Seigneur et si tu crois dans ton cœur que Dieu l’a ressuscité des morts, tu seras sauvé.
1 Corinthiens 12.3 C’est pourquoi je vous fais savoir que personne, parlant par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème ; et que personne ne peut dire : Jésus est le Seigneur, si ce n’est par l’Esprit-Saint.
Philippiens 2.11 : et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.



Cela va même plus loin. Non content de reléguer le Dieu de l’Ancien Testament à l’arrière-plan, Paul fait du Fils la figure éminente et proéminente du christianisme.
http://areopage.net/blog/2015/07/04/romains-1013-quiconque-invoque-le-nom-de/

DF sous-entend que les écrits de Paul ne devaient contenir le tétragramme ("que dans certains écrits seulement") mais dans le même temps, dans la suite de l'article, il affirme (par le biais d'un texte et d'une citation)que Paul est "inspiré", ce qui implique que l'absence du tétragramme est voulue par Dieu lui-même :

Citation :
La réactualisation du message vétérotestamentaire ne doit pas non plus surprendre quand on rappelle que Paul était un auteur inspiré, comme il le rappelle quelques fois (cf. 1 Corinthiens 7.40). On pourrait alors dire, en un sens : τὸ πνεῦμα ὅπου θέλει πνεῖ, l’esprit souflle où il veut (cp. Jean 3.8)…


DF conclut en forme de mea-culpa  :

Citation :
J’ai pensé un temps que Romains 10.13 faisait une allusion claire au nom divin Jéhovah (Fontaine 2007 : 114, 127-128). Mais je me suis ravisé en creusant davantage l’exégèse bien particulière de l’apôtre des nations (Fontaine 2009 : 127-128). Il faut le soutenir en toute honnêteté : Romains 10.1-20 parle du Christ dans ses moindres échos, et la méthode paulinienne ne s’embarasse pas toujours de l’original. On ne saurait nier que Romains 10.13 ne rappelait pas aux judéo-chrétiens le Seigneur Jéhovah, et son Grand Jour. Sans doute toutes les oreilles n’entendaient-elles pas les mêmes échos. Mais le kérygme chrétien a consisté, dès les premiers temps, à proclamer un nouveau Seigneur. A la gloire du Père. Jésus n’avait-il pas dit (Jean 10.30) : ἐγὼ καὶ ὁ πατὴρ ἕν ἐσμεν ?


Dernière édition par free le Mar 28 Déc 2021, 13:57, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeJeu 23 Mai 2019, 12:02

(En ce jour de la saint Didier je me sens plus irénique qu'ironique, d'autant que si j'ai bien compris nous partageons pas mal de choses: outre les mêmes initiales, la même époque et quelques éléments de biographie et de bibliographie communs, la même région que notre saint patron... Smile )

Il m'a fallu près de treize ans de jéhovisme studieux pour parvenir au même constat -- plutôt pour trébucher sur ce constat puisqu'il s'inscrivait à contresens de tout le parcours précédent. J'avais bien dû lire la Bible entière trois ou quatre fois auparavant sans que ça entame, dans ma tête, l'édifice doctrinal de la Watchtower, mais pour des raisons à la fois intellectuelles et affectives cette fois-là était la bonne: je voyais soudain dans le Nouveau Testament (et tout spécialement chez "Paul" et "Jean") ce que tout lecteur, sans Watchtower, y lisait spontanément. On se sent alors très con, mais aussi, pour ma part, profondément joyeux -- c'est peut-être là que les chemins de l'apologiste engagé (comme l'était déjà DF en 2009) et de l'apostat imminent (ce que je me découvrais être vers 1985) se séparent...

Pour moi il était instantanément clair qu'il n'y avait rien à sauver (ni à démolir, d'ailleurs) du jéhovisme: le christianisme (celui du NT et tout ce qui en découlait, orthodoxie et hérésies, histoire de l'Eglise et des dogmes, théologie systématique et exégèse sérieuse) devenait ipso facto aussi MA "grande affaire", sur laquelle j'avais presque tout à apprendre. C'est pourquoi j'ai si vite "tourné la page": je n'avais plus le moindre intérêt à défendre ni à combattre la Watchtower, et je ne m'en suis plus guère occupé jusqu'à l'ère d'Internet, vingt ans plus tard, où j'ai découvert avec un sentiment mitigé le monde "virtuel", quelquefois très intéressant, mais souvent navrant, des "ex"...

Mais je comprends bien que l'apologiste engagé (qui a déjà écrit et signé des livres à la défense du jéhovisme, qui s'est intégré dans un "réseau" d'interlocuteurs de la même espèce, etc.), devant le même constat, réagisse tout autrement: que l'emmerdement concret de la situation l'emporte sur la joie de la découverte, à supposer que la découverte soit vraiment une joie et pas seulement une catastrophe (une catastrophe, elle l'est aussi et peut-être plus immédiatement pour l'"apostat", au plan affectif et social, mais la joie est plus forte). Et que sa première question soit au contraire: qu'est-ce qui me reste à sauver, à défendre... en quoi ça peut encore durer longtemps.
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeJeu 23 Mai 2019, 12:49

Citation :
(En ce jour de la saint Didier je me sens plus irénique qu'ironique, d'autant que si j'ai bien compris nous partageons pas mal de choses: outre les mêmes initiales, la même époque et quelques éléments de biographie et de bibliographie communs, la même région que notre saint patron... Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_smile )

Joyeuse fête !


Citation :
Il m'a fallu près de treize ans de jéhovisme studieux pour parvenir au même constat -- plutôt pour trébucher sur ce constat puisqu'il s'inscrivait à contresens de tout le parcours précédent. J'avais bien dû lire la Bible entière trois ou quatre fois auparavant sans que ça entame, dans ma tête, l'édifice doctrinal de la Watchtower, mais pour des raisons à la fois intellectuelles et affectives cette fois-là était la bonne: je voyais soudain dans le Nouveau Testament (et tout spécialement chez "Paul" et "Jean") ce que tout lecteur, sans Watchtower, y lisait spontanément. On se sent alors très con, mais aussi, pour ma part, profondément joyeux -- c'est peut-être là que les chemins de l'apologiste engagé (comme l'était déjà DF en 2009) et de l'apostat imminent (ce que je me découvrais être vers 1985) se séparent...


DF ne me semble pas être loin d'être un "apostat en devenir" (« “Je deviendrai ce que je décide de devenir »). La dernière étape pour DF est de comprendre ce que tu as souligné ci-dessus :

"Dans le NT, "Jésus-Christ" est LA figure centrale, celle qu'il importe de faire connaître et de mettre en évidence et en valeur, de justifier et de glorifier, fût-ce de façon fort différente d'un texte à l'autre. Indépendamment de tout jugement sur la "Septante originale", il me paraît absolument évident que la substitution de kurios à Yhwh SERT (objectivement) ce christianisme-là mieux que toute autre formule. Quand bien même le christianisme néotestamentaire l'aurait inventée (ce que je ne crois pas un instant, Philon et Aristée suffiraient à prouver le contraire), il resterait que c'est celle-là qui lui convenait le mieux pour ce qu'il avait à dire. Si besoin était, le fait que l'introduction d'un AUTRE "nom divin" dans les textes du NT, et tout spécialement chez Paul (ce que FAIT la TMN) aboutisse au moins localement à la destruction du sens du texte (e.g. Romains 10 et 14) en fournirait la démonstration empirique -- par l'absurde."



Un extrait d'un article intéressant :

Citation :
Pourtant, s’il y a des représentations de type messianique et si l’expression « fils de Dieu » elle-même pouvait être reçue pour des êtres humains dans le judaïsme intertestamentaire sans attenter pour autant au monothéisme, il se passe avec le christianisme quelque chose de nouveau que J. W. Hurtado a mis en relief de manière convaincante et qui tient de l’irruption propre au temps messianique. Prenant le contrepied de la thèse de W. Bousset dans Kyrios Christos (1913, 1921) qui attribuait la reconnaissance de Jésus comme Seigneur à une évolution postérieure des communautés chrétiennes en contexte hellénistique et par « syncrétisme », Hurtado établit que la reconnaissance de Jésus comme « Seigneur » – et le terme Kurios désignait en langue grecque le tétragramme divin – s’est faite très vite, dans les vingt ans qui ont suivi Pâques, et dans les communautés palestiniennes aussi bien que dans les autres, comme en témoignent les lettres de Paul. Cette novation s’est accomplie sous la forme cultuelle, qui est le point nodal du monothéisme juif.  (À la limite, des Juifs auraient pu reconnaître le caractère divin d’autres êtres, sans y adhérer, mais le seul point non négociable, la « frontière infranchissable », était que seul le Dieu unique pouvait faire l’objet d’une adoration). Si les premières communautés, d’origine juive en grande partie, ont rendu un culte au Christ comme à Dieu, ce qui est sans précédent et sans équivalent dans le judaïsme, cela suppose la prise de conscience d’une présence (Shekinah) décisive de Dieu en Jésus, au point que celui-ci est reconnu comme inséparable de Dieu. Hurtado, voulant s’en tenir à une démarche historique en amont d’une christologie doctrinale, se risque à parler de dévotion « binitaire » pour exprimer cette « forme variante du monothéisme ». https://www.cairn.info/revue-des-sciences-philosophiques-et-theologiques-2011-1-page-91.htm
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeJeu 23 Mai 2019, 15:34

Article très intéressant en effet, beaucoup plus, à mon goût, que le présent sujet, avec lequel il ne partage qu'une toute petite intersection...

En commençant par l'intersection (ta citation) avant de lire le reste, je n'ai pas pu m'empêcher de sourire à la récurrence ou coïncidence, symptomatique, du "très vite", commun à des "auteurs" aussi différents que D. Fontaine ou L. Hurtado. Effectivement, si l'on veut expliquer "le christianisme du NT", présent dans tout l'empire romain dès le milieu du Ier siècle selon la chronologie traditionnelle ou même un peu plus tard, à partir d'un seul homme crucifié en Judée sous Ponce Pilate, il faut que tout aille "très vite" et dans tous les sens. Il n'y a pas trop du Saint-Esprit pour expliquer la fulgurance des "progrès", il n'y a pas trop du diable pour expliquer celle des "perversions", selon le point de vue de chacun... En bonne ou en mauvaise part, il faut du "fantastique" ou du "surnaturel" pour rendre compte de l'histoire, ce qui pour le croyant peut passer pour un "signe" mais pour l'historien, même croyant, n'est pas du tout bon signe... Bref, c'est le genre de situation où un "changement de paradigme", ou de "cadre d'intelligibilité", s'impose de toute urgence, même s'il met longtemps à s'imposer (comme quoi les choses ordinairement ne vont pas "très vite"). Par exemple sup-poser, à titre d'hypo-thèse, que "le christianisme du NT" n'a pas UNE source, mais de nombreuses, y compris de plus anciennes historiquement et de plus diversifiées géographiquement que "le Jésus historique". (Soit dit en passant, ce changement de paradigme, ou de perspective, m'a demandé presque autant de temps que le précédent, quoique sa portée soit toute différente.)

Le "mythe" de la "première génération", déjà totalement "chrétienne" et encore exclusivement "juive", voilà bien ce qui me paraît intenable et introuvable dans les textes mêmes (cf. ici le même jour): aussi loin qu'on remonte il y a des "païens" -- dans les textes ou derrière les textes. Certes, ce sont bien les évangiles et surtout les Actes qui produisent un tel "scénario" (Jésus, les apôtres, la Pentecôte, Corneille), mais par là même ils le déjouent: le point d'arrivée du récit est le point de départ de la rédaction, soit une Eglise chrétienne et judéo-païenne, aussi distincte du judaïsme que du paganisme non chrétien, et répandue dans tout l'empire.
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MessageSujet: Re: Les manuscrits anciens de la LXX   Les manuscrits anciens de la LXX - Page 5 Icon_minitimeMar 28 Déc 2021, 12:51

VI. Y A-T-IL EU « HELLÉNISATION » DE LA BIBLE HÉBRAÏQUE LORS DE SON PASSAGE DANS LA LANGUE GRECQUE ?

La thèse de l'hellénisation de la Bible hébraïque lors de son passage dans la langue grecque fait partie des opinions trop facilement reçues et de contenu indécis. Le mot peut évoquer une déformation de la pensée hébraïque et avoir une valeur négative: la Bible aurait perdu en grec sa spécificité, elle aurait été dénaturée sous l'influence des idées de l'hellénisme païen véhiculées par les mots grecs. Pour d'autres, l'hellénisation peut signifier que, par la LXX, la Bible a accédé à un mode d'expression philosophique et a ouvert ses richesses religieuses au monde grec, sans pour cela perdre ses valeurs propres. C'était sans doute le sens des remarques faites par A. Deissmann à propos des noms divins: en utilisant le nom kúrios à la place de YHWH le texte grec permettait de fonder une religion universelle. J. Ziegler rappelle ces pages fameuses et voit dans le travail des traducteurs de l'excellente théologie.

A. L'hellénisation par l'usage de noms grecs pour le Dieu des Hébreux ?

* Avec le nom theôs, remplaçant «Elohim», et le mot kúrios employé pour YHWH, le Dieu personnel du peuple hébreu devient sans aucun doute la divinité universelle : les origines polythéistes ou du moins ethniques de ces noms disparaissent au profit d'un monothéisme accentué (l’interprétation des deux noms, par Philon d'Alexandrie qui y voit la mention des deux principaux aspects de l'action divine, ne se fait pas au détriment du monothéisme).

* On souligne également le passage au vocabulaire philosophique abstrait dans la traduction grecque du fameux nom révélé par Dieu à Moïse en Ex 3, 14: «Moi je suis l'étant», ego eimi ho on (hébreu : deux mots qui tentent de donner le sens de YHWH, généralement traduits par « je suis » - ou « je serai » -, « qui je suis », mais pouvant aussi évoquer en hébreu la proximité et la bienveillance, l'amour de Dieu pour ceux qui l'aiment ; S. D. Goiten, « YHWH the Passionate », VT 6, 1956, p. 1-9). Ce nom grec, ho on, ne semble pas avoir supprimé l'idée d'un dieu personnel : le terme philosophique impersonnel aurait été le neutre, tò ón.

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