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| Jésus et les Pharisiens | |
| | Auteur | Message |
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free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Jésus et les Pharisiens Mer 20 Oct 2010, 17:21 | |
| Dans les évangiles,les pharisiens sont souvent présentés comme les opposants les plus directs du message du Christ.
D'autres textes montrent une grande proximité de Jésus avec les pharisiens qui l'invitent souvent à partager leur repas, notamment dans l'évangile de Luc (en Luc 7, 36-50 au cours duquel une femme pécheresse vint à sa rencontre ; en Luc 11, 37-54 où Jésus adresse ses reproches aux pharisiens ; en 14, 1-24 où Jésus enseigne sur les personnes à inviter). En Luc 13, 31, ce sont des Pharisiens qui préviennent Jésus du danger qu'il court car Hérode veut le faire mourir.
31 " A ce moment-là, quelques pharisiens s'approchèrent de Jésus pour lui dire : « Va-t'en, pars d'ici : Hérode veut te faire mourir." |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Mer 20 Oct 2010, 19:48 | |
| Si les trois synoptiques présupposent une situation où les pharisiens dominent le judaïsme, notamment en Galilée (ce qui n'est le cas qu'après la victoire de Rome sur la Judée, qui discrédite les partis rivaux, sadducéen et essénien surtout, et permet la "refondation" pharisienne du judaïsme hors de Judée -- cf. l'histoire en partie légendaire du "synode de Jamnia-Yabné" qui délocalise le Sanhédrin vers le nord), l'ensemble Luc-Actes est écrit d'un point de vue encore plus tardif où l'identité de l'Eglise "chrétienne", distincte du judaïsme, est acquise. Autrement dit le judaïsme pharisien (à ce stade c'est presque un pléonasme) n'est plus une menace pour le "christianisme" (s'il l'a jamais été). D'où la présentation "idéale" (et très fantaisiste), dans les Actes, d'un christianisme à l'origine intégralement juif, issu de Jérusalem, où les "apôtres" sont chez eux dans le temple et dans les synagogues, forment avec les "anciens" un quasi-sanhédrin, qui comprend des pharisiens et des prêtres, etc. (revoir https://etrechretien.1fr1.net/religion-f1/actes-des-apotres-t406.htm ), pour être progressivement rejeté par le judaïsme synagogal de la diaspora (à qui incombe la responsabilité de la "rupture", cf. le rôle des "juifs d'Asie" désignés comme les fauteurs de trouble). Cela permet (ou plutôt commande) une présentation plus nuancée du rapport entre "Jésus" et "les pharisiens": de ce point de vue en effet l'opposition ne peut pas, en amont de ladite "rupture", être radicale et systématique, comme elle l'est chez Marc (pour qui le rejet des pharisiens équivaut à un rejet de la Loi) et surtout chez Matthieu (pour qui, au contraire, il faut à tout prix se distinguer des pharisiens en montrant qu'ils n'appliquent pas vraiment la Loi). "Luc" donc ne supprime pas toutes les critiques des pharisiens, mais il les réduit et les compense par des scènes qui impliquent une sympathie de certains pharisiens à l'égard de Jésus. |
| | | free
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| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 11:07 | |
| Merci Didier Les points qui suivent ne démontrent-ils pas que comme tu l'affirmes "chez Marc (pour qui le rejet des pharisiens équivaut à un rejet de la Loi)" La question de savoir lequel est « le premier des commandements » est énoncée par un scribe (Marc 12, 28) "Un des scribes....vint lui demander : Quel est le premier de tous les commandements ?" Le scribe reconnaît que Jésus parle « vrai » (Marc 12, 32) "Le scribe lui dit : C'est bien, maître ; tu as dit avec vérité qu'il est un et qu'il n'y en a pas d'autre que lui" Jésus félicite même ce scribe : (Marc 12, 34) "Tu n'es pas loin du royaume de Dieu" Dans sa réponse aux sadducéens qui l'interrogent sur la croyance en la résurrection des morts, Jésus utilise une argumentation typique des pharisiens, (parmi les croyances des Pharisiens ont retrouve, la résurrection des morts et l'existence des anges et l'importance de la pratique des commandements de la Loi de Moïse ) Marc 12, 18-27 , v 25 " En effet, quand on se relève d'entre les morts,... on est comme des anges dans les cieux" et v 26 " n'avez-vous pas lu, dans le livre de Moïse" Enfin on peut noter que l'évangile de Marc ne mentionne pas les Pharisiens parmi les membres du Sanhédrin qui vont réclamer la mort de Jésus (8,31) "qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes" |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 12:50 | |
| Il est assez clair à mes yeux que Marc, comme Paul bien que différemment, joue de la fracture entre Torah-livre ou Torah-écriture (graphè) et Torah-loi (nomos), et ne se dissocie de celle-ci qu'en s'appuyant sur celle-là (on en a déjà pas mal parlé ailleurs). Dans la controverse avec les sadducéens, le "Jésus" de Marc ne s'aligne pas purement et simplement sur la position pharisienne (comme le fait le "Paul" des Actes). Même si le choix du "texte-preuve" tiré du "livre de Moïse" s'explique en partie par la nécessité de la scène et l'adaptation de la rhétorique aux interlocuteurs (une citation du livre de Daniel, le seul à enseigner effectivement la résurrection, n'aurait pas fait "preuve" pour des sadducéens), il reste que la "résurrection" dont parle Jésus est fort éloignée de la résurrection corporelle et eschatologique de la doctrine pharisienne; non seulement les ressuscités sont "comme des anges dans les cieux", mais surtout la "résurrection" est décrite au présent et réduite au statut de "vivant": Abraham, Isaac et Jacob sont déjà "ressuscités" pour autant qu'ils sont "vivants", qu'ils doivent l'être pour que le Dieu de Moïse se nomme "leur Dieu" en restant le "Dieu des vivants et non des morts". A remettre dans la perspective plus générale que nous avons évoquée il y a peu: dans Marc la "résurrection" est une question (9,10), et Marc s'abstiendra ostensiblement de montrer un Jésus ressuscité corporellement. D'ailleurs l'ensemble du chapitre 12 réduit les pharisiens au silence comme les autres partis. Marc inclut bien nommément dans le "complot" les pharisiens (3,6) et surtout les "scribes", qui leur sont habituellement associés dans le texte (8,31; 10,33; 11,18; 12,27; 14,1.43.53; 15,1.31 cf. 2,16; 7,1.5). Les tenants d'un "Jésus historique" pro-pharisien se sont souvent appuyés sur cette différence de vocabulaire, conjointe à la thèse (aujourd'hui très fragilisée) selon laquelle Marc aurait hérité d'un récit de la Passion antérieur dont les pharisiens auraient été absents. Mais ça ne veut pas dire grand-chose, car si tous les scribes n'étaient pas pharisiens le pharisaïsme n'en était pas moins le parti dominant dans la corporation, qui a joué un rôle essentiel dans la "refondation" d'un judaïsme sans prêtrise après 70. En fait, il semble bien que pour l'auteur le tandem pharisiens-sadducéens (partis) soit grosso modo équivalent au tandem scribes - grands prêtres (fonctions). Il y a certainement eu des scribes sadducéens ou esséniens mais aucun "scribe" n'est présenté comme tel dans le texte. (On peut aussi noter que le stéréotype "scribes ET pharisiens" qui va devenir si courant par la suite n'apparaît chez Marc qu'en 7,1.5, dans un passage qui identifie anachroniquement la pratique pharisienne à celle de "tous les juifs", v. 3.) |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 13:43 | |
| Dans l'évangile de Jean mentionne le notable Nicodème qui a rencontré Jésus de nuit (ch. 3) était membre du parti des Pharisiens et qu'il a pris sa défense (Jean 7, 50-52). Ce même évangile désignes les adversaires de Jésus par l'expression « les juifs », témoignant déjà d'un processus de différenciation entre le christianisme et le Judaïsme et manifestant un rapport d'opposition, alors que dans les autres Evangiles, les opposants à Jésus sont désignés par des catégories, Pharisiens, Sadducéens, Scribes..... Le fait pour les Pharisiens de s'appuyer aussi sur la Torah orale en complément de la Torah écrite n'était-il un des points de rupture avec les chrétiens ? |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 14:30 | |
| D'une part il y a aussi plein de pharisiens chez Jean (1,14; 3,1; 4,1; 7,32 etc.), d'autre part les "catégories" des autres sont, on l'a vu, souvent confuses et anachroniques. TOUS les évangiles se situent en aval de la rupture, si rupture il y a. Chose amusante, il y a aussi eu des gens pour soutenir la thèse d'un "Jésus historique" pro- sadducéen à partir du quatrième évangile: parce que les sadducéens n'y sont pas nommés, parce qu'on n'y trouve pas de démons et très peu d'"anges", parce que l'eschatologie y est subvertie, parce qu'il est centré sur Jérusalem et parce que le disciple bien-aimé est connu du grand-prêtre... - Citation :
- Le fait pour les Pharisiens de s'appuyer aussi sur la Torah orale en complément de la Torah écrite n'était-il un des points de rupture avec les chrétiens
Peut-être, mais il faut bien voir (cf. ma remarque à BB sur l'autre fil) que l'opposition synoptique entre "la tradition des anciens" (= la loi orale phariséo-rabbinique) et "Jésus qui enseigne avec autorité et pas comme leurs scribes" est aussi celle de deux FAUSSES "oralités" -- aussi écrites l'une que l'autre en fin de compte. |
| | | free
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| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 15:04 | |
| L'opposition des sadducéens à Jésus dans les évangiles, ne reposait-elle pas sur le fait qu' ils voyaient en Jésus quelqu'un de proche du courant pharisiens, Jésus justifiant la position pharisienne selon laquelle il y a bien une vie après la mort ? La désignation des Grands Prêtres et des anciens comme les responsable de la mort de Jésus, n'est-elle une façon d'attaquer les Sadducéens ? C'est le Grand Prêtre Caïphe, lié au parti des Sadducéens, qui va jouer un rôle décisif dans la condamnation à mort de Jésus en l'accusant de « blasphème », (Marc 14, 62-64) et disant "il vaut mieux qu'un seul homme meurt pour le peuple et que la nation ne périsse tout entière" (Jean 11, 50) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 15:40 | |
| 1) La mise en scène évangélique rend les institutions juives "officielles", globalement et collectivement, toutes castes et partis confondus, responsables de la crucifixion de "Jésus"; 2) ça n'a pas une once de vraisemblance historique. Je ne vois pas comment dépasser ce double constat sans recourir à l'arbitraire pour dresser contre les textes le portrait cohérent d'un "Jésus historique" membre de tel ou tel "parti" et de ses "ennemis" comme membres d'un ou de plusieurs autres partis. Avec à la clé la question qui tue: si en Jésus c'est le "pharisien", par exemple, que les autres ne supportent pas, pourquoi tolèrent-ils les autres pharisiens? Bref, ce genre de démarche ne m'intéresse pas, pour ma part j'en reste aux textes. Une remarque quand même: l'unique intérêt de la parole prêtée à Caïphe, pour l'auteur du quatrième évangile, est de la lire comme une "prophétie" involontaire et à contresens de son intention supposée (v. 51-52).
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| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 16:34 | |
| La proximité, à de nombreux égards, des Pharisiens et des premiers Chrétiens n'explique t-elle pas qu’ils se combattirent parfois si vivement quant aux traditions reçues des anciens et à l’interprétation de la Loi de Moïse ? Comment situer les Pharisiens par rapport à Jésus et au christianisme ? |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Jeu 21 Oct 2010, 17:00 | |
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| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 22 Oct 2010, 11:18 | |
| A proprement parler, il n'exsitaitpas un parti des scribes comme c'était le cas des Pharisiens et des Sadducéens mais ils sont souvent associés aux Pharisiens. Mat 23,2-3 'les Pharisiens et les scribes qui siègent dans la chaire de Moïse et qui lient de pesants fardeaux en les mettant sur les épaules des hommes' A l'inverse, Jésus apparaît comme étant « doux et humble de cœur » qui invite ceux qui « peinent sous le poids du fardeau » à « prendre sur eux son joug et à se mettre à son école » (Matthieu 11, 28-30). Je ne suis pas convaincu que les règles de vie imposaient aux chrétiens par leur maître furent moins contraignantes ques les prescriptions des Pharisiens. Jésus demande une vie de renoncement, de reniement, d'abandonner ses biens...cette mise en concurrence entre les divers mouvements du judaïsme....me font penser aux divers courants chrétiens qui se réclament du christianisme originel et des 1er chrétien. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 22 Oct 2010, 12:42 | |
| Il ne faut pas perdre de vue l'idéologie particulière de Matthieu: on est là dans un type de "christianisme" qui revendique d'assumer totalement un "joug" qui est d'abord celui de la Loi elle-même (5,17ss), selon une métaphore partagée aussi bien par le "judéo-christianisme" qui s'en réclame (cf. Didachè 6: "Si donc tu peux porter le joug du Seigneur tout entier, tu seras parfait; mais, si tu ne le peux pas, fais ce que tu peux. Quant aux aliments, porte ce que tu pourras, mais abstiens-toi strictement de ce qui a été sacrifié aux idoles, car c'est un culte rendu à des dieux morts"; un port de "joug" partiel est donc toléré, mais provisoirement, cf. 16,2: "tout le temps de votre foi ne vous servira de rien si au dernier moment vous n'êtes pas devenus parfaits") que par le paulinisme et la grande Eglise qui la rejette (cf. Actes 15,10; Galates 5,1). Pour Matthieu, c'est donc d'une manière paradoxale que l'obéissance absolue à la Loi (selon "l'école de Jésus") est légère tandis que les aménagements facilitants des pharisiens s'avèrent, en définitive, "lourds" -- ne serait-ce que parce qu'en fin de compte ils ne "sauvent" pas. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 22 Oct 2010, 14:26 | |
| Les chrétiens et les Pharisiens étaient concurrents mais ils manifestaient une certaine proximité de pensée. Le christianisme a pris les doctrines des Juifs, Il a adapté les doctrines et la morale des Pharisiens et Esseniens. Quand Jésus dit " A chaque jour suffit sa peine " (Matthieu 6, 34) il ne fait que reprendre les paroles de Ben Sirach " Ne sois pas en peine pour les maux de demain, car tu ne sais ce qui peut arriver aujourd'hui " (Voy. Talm. Sanhédrin, p. 100) qui lui même se faisait l'écho des Pharisiens qui avaient dit : " à chaque temps sa douleur ". Quand Jésus prononce ces paroles, il ne sort point du judaïsme, il ne prêche pas une doctrine nouvelle, révolutionnaire. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 22 Oct 2010, 15:37 | |
| Intrigué par ton post (parce que je ne connaissais pas ces "paroles de Ben Sirach"), je pense en avoir trouvé la "source" ici: http://ghansel.free.fr/benamoze/ben_ch10.html L'auteur (du XIXe s.) ne donne aucune référence dans le Siracide; le folio 100 du traité Sanhédrin discute les mérites de Ben Sira mais je n'y ai pas trouvé cette citation. Je vois mal de toute façon comment Ben Sira (début du IIe s. av. J-C.) aurait pu "se faire l'écho des pharisiens" puisque ceux-ci n'existaient pas encore (mais ça c'est ta formulation à toi). Quoi qu'il en soit, ce n'est pas dans des sentences d'une aussi grande banalité qu'on pourrait trouver des "marqueurs" d'une école particulière. Il y a du carpe diem chez Ben Sira (11,25; 14,14ss), comme il y en a en amont dans les Proverbes (cf. 27,1), chez Qohéleth (pré-sadducéen) et chez les pharisiens dans l'ascendance directe du Talmud, mais où n'y en a-t-il pas? Il est bien évident qu'au cours du IIe siècle, le judaïsme phariséo-rabbinique et le christianisme proto-catholique se dégagent comme les deux héritiers majeurs du judaïsme du Second Temple, par élimination ou ralliement des héritiers mineurs. Mais on ne peut plus vraiment parler de concurrence, sauf sur une étroite bande frontalière, parce que leurs "territoires" ou zones d'influence respectifs sont pour l'essentiel bien distincts. A ce stade, le "christianisme" se définit autant comme non juif que le "judaïsme" comme non chrétien. Vouloir se faire une idée de la situation du judaïsme ("pré-rabbinique" ou "pré-chrétien") dans la première moitié du Ier siècle (ce qu'implique, outre l'éternel problème du "Jésus historique", le sujet "Jésus et les pharisiens") à partir de textes (les évangiles) plus tardifs, chrétiens, non juifs, dans lesquels le judaïsme ne joue plus qu'un rôle d'épouvantail ou de faire-valoir, et n'est plus un interlocuteur effectif, c'est une entreprise plus qu'hasardeuse. Relire le fil auquel j'ai renvoyé hier... Petite réflexion supplémentaire: l'idée même de conflit et de rupture est contestable, dans la mesure où elle suggère la scission progressive ou l'explosion brutale d'UN judaïsme en DEUX machins séparés. Ce qui se produit plutôt, c'est le rassemblement d'une dissémination, la condensation d'une "nébuleuse", autour de deux noyaux déjà séparés, dont le pouvoir d'attraction croît parallèlement à mesure qu'ils grossissent. Le "pharisaïsme" fédère et unifie tout ce qui s'en rapproche, et le "christianisme" aussi, en même temps que chacun devient pour l'autre le seul Autre. "Ils" "se séparent", si l'on veut, mais sans jamais avoir été vraiment "la même chose", sans même avoir jamais été tout à fait contigus l'un à l'autre. Et ce qui a avant tout favorisé ce modèle, c'est le passage graduel d'une définition principalement "ethnique" du judaïsme à une définition principalement "idéologique", qui a donné d'autant plus de poids à la doctrine qu'elle remettait en cause les frontières extérieures. La disparition du temple comme centre symbolique unificateur de la diversité a accéléré les choses, mais cette évolution était déjà bien engagée auparavant (déjà Philon avant Paul, p. ex.). En y repensant, je trouve qu'il y avait décidément beaucoup de justesse dans la métaphore d'André Paul: judaïsme et christianisme sont des "faux jumeaux", qui se disputent un héritage commun sans avoir jamais vraiment été "ensemble". |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 22 Oct 2010, 17:11 | |
| D'après les Actes, les Pharisiens acceptèrent facilement les idées nouvelles et se firent chrétiens. (15:5) "Alors quelques-uns du parti des pharisiens, qui avaient cru"
(23:9) "Il y eut une grande clameur, et quelques scribes du parti des pharisiens, s’étant levés, engagèrent un vif débat, et dirent: Nous ne trouvons aucun mal en cet homme; peut-être un esprit ou un ange lui a-t-il parlé."
Jésus a condamné ceux qui étaient étroits, fanatiques, intolérants, et surtout les hypocrites, mais les Talmuds eux-mêmes les ont condamnés en nous disant : « Il y a sept espèces de Pharisiens : <BLOCKQUOTE>
1° le Pharisien accablé, qui s'avance le dos courbé sous le fardeau de la Loi, qu'il feint de porter sur les épaules; 2° le Pharisien intéressé, qui semble demander de l'argent avant d'accomplir un précepte ; 3° le Pharisien au front sanglant, il marche les yeux fermés et se heurte la tête contre les murailles pour ne pas voir les femmes; 4° le Pharisien prétentieux, qui porte une robe large et flottante pour se faire remarquer; 5° le Pharisien qui fait son salut, toujours en quête d'une bonne oeuvre à accomplir pour effacer ses péchés et semblant dire à tout le monde : qu'y a-t-il à faire? je le fais; 6° le Pharisien dont le mobile est la crainte, comme Job ; et ... 7° le Pharisien dont le mobile est l'amour. Ce dernier est le meilleur de tous; il ressemble à notre père Abraham, dont la foi a vaincu les mauvais penchants. » - Babyl., Sotah, 22 b; Jérus., Berakhoth, 13 b
Il ressort clairement des Évangiles que les Pharisiens ont été divisés d'opinion sur le Christ; les uns lui étaient favorables; les autres hostiles Le passage de Jean 9, 16, nous montre bien deux tendances. Parmi les Pharisiens, les uns disent : « Jésus viole le sabbat». Les autres l'admirent et n'osent pas le blâmer " D'autres dirent: Comment un homme pécheur peut-il faire de tels miracles ?"
http://www.regard.eu.org/Livres.6/Palestine.au.temps.de.JC/28.html#34 </BLOCKQUOTE> |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 05 Nov 2010, 11:48 | |
| 1) Jésus et les pharisiens n'étaient pas en désaccord sur la validité du commandement du sabbat d’après la Torah ou sa la validité de la loi, Ils étaient en désaccord sur des points de la tradition rabbinique orale, qui devint la Mishna. Cela induit les questions suivantes : - La tradition a-t-elle valeur de loi ? - Est-il inévitable qu'un enseignement religieux soit commenté et interpreté ? - N'est-il pas utopique de vouloir pratiquer une religion dans sa "pureté originelle" ? 2) Sous l’influence du courant des pharisiens, les synagogues se sont multipliées en terre d’Israël, indépendamment du temple, afin que les juifs puissent se rassembler pour la prière et entendre la Parole (Luc 4, 16 ; Actes 13, 14-15 ; 16, 13 ; 17, 10). Jésus et ses disciples n'ont pas boycotté ses lieux de cultes "Pharisiens"...n'est ce pas une indication que les nazaréens et les pharisiens cohabités ? |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 05 Nov 2010, 20:32 | |
| free la question que tu poses à savoir:
N'est-il pas utopique de vouloir pratiquer une religion dans sa pureté originelle?
soulève le problème de définir ce que représente la pureté originelle. Car nombreux ont été les pratiquants du christianisme de vouloir restaurer ce qui apparaissait à leurs yeux comme de l'originel, mais pour aller dans ce sens il faudrait connaître l'originel. Et cela me semble représenter le problème puisque nous n'avons pas de texte remontant à l'origine, mais au mieux des texes écrits quelques décennies après les évènements racontés, avec ce que cela comporte comme déformations volontaires ou non |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Lun 20 Déc 2010, 13:20 | |
| Qui était vraiment Joseph d'Arimathie est un membre du Sanhédrin secrètement converti à l'enseignement du Christ ? Actes chapitre 13 indique que c'est les "chefs " de Jerusalem qui ont déposé le corps de Jésus dans un tombeau. Joseph d'Arimathie agissait-il au nom du Sanhédrin et les rédacteurs ont-ils christianisé la figure de Joseph d'Arimathie en le transformant en disciple ? Mc 14, 55 ("Les chefs des prêtres et le *Grand-Conseil au complet cherchaient un témoignage contre Jésus pour pouvoir le condamner à mort.") indique que les menbres du Sanhédrin cherchaient unanimement à faire condamner Jésus. A ce stade Joseph d'Arimathie n'at-il pas tout simplement condamné Jésus et sa conversion ne fut-elle pas imaginé plus tard par les évangélistes ( même si Lc 23,51 dit "il n'avait pas donné son assentiment à leur résolution ni à leur acte") ? 27 En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs n'ont compris ni qui était Jésus, ni les paroles des *prophètes qui sont lues chaque jour de *sabbat. Et voici qu'en condamnant Jésus, ils ont accompli ces prophéties 29 Après avoir réalisé tout ce que les Ecritures avaient prédit à son sujet, ils l'ont descendu de la croix et l'ont déposé dans un tombeau (Act 13) |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jésus et les Pharisiens Ven 19 Juil 2013, 16:35 | |
| Toute une partie de l'enseignement du Nazaréen était d'inspiration pharisienne, tels le souci des pauvres et des humbles, la foi en la résurrection des morts, la critique des sacrifices d'animaux (les évangiles n'indiquent jamais qu'il ait assisté à des sacrifices lors de ses visites au Temple). Il était particulièrement proche du courant pharisien le plus ouvert (le plus libéral, nous dirions aujourd'hui), celui d'Hillel l'Ancien et de son petit-fils Gamaliel (mort autour de 50), ou plus tard d'Aqiba. En accord avec eux il réaffirma vigoureusement la primauté du grand commandement de l'amour énoncé dans l'Ancien Testament, et qu'il mit lui-même largement en pratique. Cela l'amènera à reprendre la formulation classique de la règle d'or, commune à pratiquement toutes les religions et sagesses : « Tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux : voilà la Loi et les Prophètes. » Donnant libre cours à son goût du paradoxe, il ira jusqu'à lancer : « Aimez vos ennemis », « quelqu'un te donne-t-il un soufflet sur la joue droite, tends-lui encore l'autre ». Concernant l'application des autres commandements, Jésus et Hillel faisaient preuve d'une semblable largeur de vues. L'un comme l'autre admettaient que l'on peut enfreindre la Loi quand la vie ou le bien du prochain sont en jeu. L'un comme l'autre étaient opposés à une condamnation mécanique des transgressions, car Dieu seul, selon eux, pouvait apprécier les intentions des hommes. La maxime de Jésus « Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés », si bien illustrée par l'épisode de la femme adultère, dont nous reparlerons plus loin, fait écho à la sentence d'Hillel « Ne juge pas ton ami avant que tu te sois trouvé dans la même situation que lui »
http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-spiritualite/gc482.htm |
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