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 "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament

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Narkissos

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MessageSujet: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeLun 17 Nov 2014, 01:08

J'ai employé assez (peut-être trop) souvent ici les termes de "proto-catholicisme" ou de "proto-orthodoxie" (ainsi que les adjectifs "proto-catholique" et "proto-orthodoxe") sur lesquels il faut, semble-t-il, que je m'explique un peu. A propos notamment de l'épître aux Ephésiens, de l'ensemble Luc-Actes ou des Pastorales (Timothée-Tite), mais aussi d'autres textes, passages ou "couches rédactionnelles" du NT. Tout comme il m'est arrivé par ailleurs de parler de "proto-gnosticisme" à propos de l'Evangile selon Jean ou de "proto-marcionisme" à propos de l'épître aux Romains ou aux Galates.

Ces formules sont commodes -- elles disent vite et bien ce qu'elles veulent dire, peut-être un peu trop vite d'ailleurs -- en dépit d'un gros inconvénient, qu'elles ont néanmoins le petit avantage de rendre évident: leur anachronisme. Chaque fois qu'on dit "proto-" ou ("pré-") quelque chose, on met en effet visiblement (et c'est plutôt "bien", du point de vue de "l'honnêteté intellectuelle", que ce soit visible) la charrue avant les bœufs: on rapporte les éléments (idées, formules) d'un texte ancien à un concept dont la définitition est plus tardive. On définit ainsi un "proto-catholicisme", une "proto-orthodoxie", un "proto-gnosticisme" ou un "proto-marcionisme" par rapport aux débats qui ont dans un sens divisé, dans un autre sens réuni et structuré le christianisme au cours du IIe siècle -- plus précisément par un rapport privilégié (ou une affinité) avec tel ou tel des "camps" qui se sont affrontés lors de ces débats. Tout en maintenant une distance: un "proto-catholicisme" ou une "proto-orthodoxie" néotestamentaire, à la fin du Ier siècle ou au début du IIe, n'est pas simplement identique au "catholicisme" ou à l'"orthodoxie" d'Irénée, "Jean" n'est pas Basilide ni Valentin, "Paul" (celui de Romains et Galates) n'est pas Marcion (on pourrait continuer: les éléments "judéo-chrétiens" de Matthieu ne sont pas "ébionites", les éléments "charismatiques" de 1 Corinthiens ne sont pas "montanistes"). Mais il y a un "lien" (de parenté pourrait-on dire), qui "saute aux yeux" même s'il ne le fait qu'a posteriori: rétrospectivement, on ne peut guère manquer de "voit venir" (se profiler, s'esquisser, se dessiner) les conflits d'interprétation du IIe siècle dans les textes mêmes du NT. Les idées du IIe siècle chrétien ne sont pas "tombées du ciel" (ni montées des enfers) à la mort des apôtres (cf. https://etrechretien.1fr1.net/t562-y-a-t-il-eu-une-grande-apostasie-a-la-mort-des-apotres -- un fil à relire attentivement), elles étaient pour ainsi dire "en germe" dans le "christianisme" (ou plutôt les "proto-christianismes" !) des générations précédentes. Cette façon clairement anachronique d'écrire l'histoire (y en a-t-il vraiment une autre, dès lors qu'on rapporte des "conséquences" ou des "effets" à des "causes" antérieures, des "actes" à des "sujets" qui les précèdent, et qu'on entend ainsi "retracer" quoi que ce soit ?), avec toutes les "métaphores" (biologiques, génétiques, généalogiques: germe, croissance, ascendance et postérité) qu'elle convoque, se prête naturellement à tous les travers de la téléologie: comme si la "fin" avait été pensée, visée, voulue dès le "début", comme si le "cours" des choses avait été logiquement (ou théologiquement, en l'occurrence) nécessaire. C'est pourquoi il faut au moins la compléter et la corriger par le (bon) sens du hasard, de l'accident, de la coïncidence et de la contingence: rien n'était écrit d'avance (ici-bas du moins). Et rappeler sans cesse que les "idées", "entités", "identités" dont on prétend ainsi décrire le "devenir" ou le "développement" (du proto-X à l'X p. ex.) ne sont pas restées inchangées, qu'elles ont évolué séparément et se sont affirmées, précisées, voire caricaturées ensemble, les unes contre les autres.

Ce préambule est déjà trop long mais encore insuffisant pour situer le sujet de ce fil. J'essaie maintenant de le définir. Par "proto-catholicisme" j'entends (sous toutes les réserves énoncées ci-dessus) une tendance à la fédération, à l'harmonisation et finalement à l'unification des "Eglises chrétiennes", de leur organisation et de leurs pratiques en une seule "grande Eglise" universelle, et par "proto-orthodoxie" une semblable "standardisation" de leurs croyances. Sous ces deux aspects, la "grande Eglise" va rassembler tout au long du IIe siècle des éléments "centripètes" (ce n'est pas un gros mot: qui tendent d'eux-mêmes à se rassembler, ou qui du moins y consentent) et repousser (voire rejeter violemment) des éléments "centrifuges" (gnostiques, marcionites, judéo-chrétiens, charismatiques, qui ne se retrouvent ni dans les croyances, ni dans les pratiques, ni dans les structures de la "grande Eglise" à mesure que celle-ci se constitue et s'impose). Parler de "proto-catholicisme" et de "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament, c'est dire que ce mouvement de rassemblement et d'unification d'une part, de répulsion et de rejet d'autre part, d'organisation ecclésiastique et de standardisation doctrinale y est déjà engagé. Rien de plus, évidemment: avec toute la bonne volonté ou la mauvaise foi du monde, on ne trouvera pas la papauté ou la hiérarchie romaines, ni la doctrine trinitaire, encore moins la Sainte-Inquisition ni l'Immaculée Conception dans le Nouveau Testament.

Ce cadre conceptuel étant fixé -- à moins qu'il ne soit contesté ou interrogé -- place à la discussion des textes (du NT) où l'on a vu, à tort ou à raison (c'est ce qu'il faudra discuter), un "proto-catholicisme" ou une "proto-orthodoxie" -- autrement dit l'amorce ou les premières étapes de ce mouvement qui "devait" aboutir (sans nécessairement "devoir" quoi que ce soit), de la grande diversité des "proto-christianismes", à la "grande Eglise" du IIe siècle qui se voulait et "catholique" (c.-à-d. universelle) et "orthodoxe" (c.-à-d. de "droite opinion" ou de "saine doctrine"), par opposition aux "hérésies" considérées comme locales et/ou partisanes.
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeLun 17 Nov 2014, 15:58

Autant contempler la forêt avant d'examiner les arbres, les feuilles ou les graines au microscope: le premier grand thème dominant de nos "protos" (proto-catholicisme et proto-orthodoxie), c'est l'appel à l'unité de pratique et de croyance. Il est présent dès les premières épîtres pauliniennes (p. ex. quand "l'apôtre" tente de canaliser le joyeux b f désordre charismatique corinthien, en faisant appel à la "tradition" d'une part, à la pratique des "[autres] Eglises de Dieu" d'autre part; cf. 1 Corinthiens 1,10; 7,17; 11,2.16.23; 14,33; 15,3). Mais l'ambition de ce souci d'harmonisation reste limitée aux Eglises pagano-chrétiennes de la "mission" paulinienne. "Paul" ne prétend pas régenter ce qui se passe hors de sa sphère d'influence -- p. ex. dans celles de Céphas, d'Apollos et a fortiori de Jacques -- sa propre autonomie est à ce prix. Et surtout il n'y a que des "Eglises" autonomes, en relation et en communion partielles les unes avec les autres, assurément plus avec certaines que d'autres (cf. encore Galates).

La portée du discours sur l'unité va changer du tout au tout, et par ailleurs ce discours va lui-même s'intensifier, dès lors qu'on commencera à dire et à penser "l'Eglise" au singulier, c'est-à-dire non plus comme assemblée (ou par extension communauté) locale mais universelle. Or ce tournant majeur se produit avec ce que la critique appelle les "deutéro-pauliniennes", Colossiens et Ephésiens (là où il est aussi question, pour la première fois, du Christ comme tête du corps qui est l'Eglise-au-singulier, comme on en parlait récemment ailleurs): référence encore marginale et probablement secondaire (gloses de l'hymne christologique) dans Colossiens (1,18.24), centrale au contraire dans Ephésiens (1,22ss; 3,10.21; 5,23-32) qui multiplie les références au rassemblement et à l'unité (2,14-18; 4,3-6.13), dans une perspective littéralement universelle (1,10). L'Eglise-au-singulier devient, à la lettre, un "mystère cosmique" (3,3-10; cf. 1,9; 5,32; 6,19), sans rien perdre de sa signification concrète, désormais elle-même universelle: le rassemblement des fidèles en tout temps et en tout lieu, dont l'unité de foi et de pratique se trouve dès lors chargée d'un enjeu absolu.

Tournant décisif à mon sens, quoique l'épître aux Ephésiens le présente sous un jour entièrement positif, littéralement "mystique", "amoureux" même (le johannisme n'est pas loin, thématiquement et géographiquement): on est encore très loin de l'aspect autoritaire, organisateur et censeur des Pastorales. Mais celui-ci ne serait pas pensable si n'avait été d'abord posée l'idée de l'Eglise universelle comme elle se pose en Ephésiens (cf. 1 Timothée 3,15s qui se réfère encore à ce type de pensée de l'Eglise-mystère, nonobstant ses préoccupations "ecclésiastiques" au sens le plus concret et "politique" du terme).
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeLun 17 Nov 2014, 19:32

Narkissos a écrit:
Mais l'ambition de ce souci d'harmonisation reste limitée aux Eglises pagano-chrétiennes de la "mission" paulinienne. "Paul" ne prétend pas régenter ce qui se passe hors de sa sphère d'influence -- p. ex. dans celles de Céphas, d'Apollos et a fortiori de Jacques -- sa propre autonomie est à ce prix. Et surtout il n'y a que des "Eglises" autonomes, en relation et en communion partielles les unes avec les autres, assurément plus avec certaines que d'autres (cf. encore Galates).

Pendant combien de temps les Eglises sont-elles restées "Eglises" aux pluriel avant de devenir l'Eglise puis l'Eglise catholique (en tant qu'église universelle)?
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeLun 17 Nov 2014, 20:11

@lct:
D'abord, elles n'ont jamais cessé d'être "Eglises" au pluriel, même dans la littérature patristique: le concept d'Eglise universelle n'a pas purement et simplement remplacé celui d'Eglise (= assemblée / communauté) locale, il s'y est surajouté, même s'il l'a largement éclipsé.
Quant à l'émergence du concept d'Eglise universelle dans la tradition (post-)paulinienne, tout dépend de quand on date l'épître aux Ephésiens qui l'atteste: du début des années 60 pour la tradition ancienne qui l'attribue à Paul et se fonde sur la biographie et la chronologie des Actes (elle se donne pour "épître de captivité", ce qui correspondrait en gros aux années 61-63); plutôt vers la fin du siècle (entre 80 et 100 généralement) pour la critique moderne qui la considère comme pseudépigraphique.
Reste à savoir à quand remonte le type d'"Eglises" (hellénistiques et majoritairement pagano-chrétiennes) auxquelles se réfèrent les (premières) épîtres de Paul, sachant qu'elles le précèdent et qu'il ne les a pas "inventées". Là encore, la tradition a une réponse toute prête avec le récit des Actes (Pentecôte, Corneille, conversion de Saul, Antioche, mission Barnabé-S/Paul etc.): vers la fin des années 30. Sans elle leur origine est très obscure.
De ceci à cela, quelques décennies en tout cas...
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeLun 17 Nov 2014, 23:03

Citation :
à la "grande Eglise" du IIe siècle qui se voulait et "catholique" (c.-à-d. universelle) et "orthodoxe" (c.-à-d. de "droite opinion" ou de "saine doctrine"), par opposition aux "hérésies" considérées comme locales et/ou partisanes.
Selon Irénée de Lyon et ses coauteur ou encore Augustin, les hérésies ne sont pas locale et/ou partisanes.

C'est beaucoup plus tard que le 2ème siècle, devant les discussions sans fin des philosophes sur la 'nature de Christ' entre autre, que l'empereur romain Constantin souhaita une 'unité' de doctrine, et par la même occasion, il n'accorda pas un même 'honneur' à l'évêque de Corinthe qu'à l'évêque de Rome. Les grandes villes se disputant 'une première place politique'.
Narkissos a écrit:
Autant contempler la forêt avant d'examiner les arbres, les feuilles ou les graines au microscope: le premier grand thème dominant de nos "protos" (proto-catholicisme et proto-orthodoxie), c'est l'appel à l'unité de pratique et de croyance.
Plus que l'unité, je vois premièrement l'amour dans les 'appels' de Paul.
Exemple en Romains 14 ou ce n'est pas l'unité dans la pratique de la foi qui est recherché mais de marcher selon l'amour :
Faites accueil à celui qui est faible dans la foi, et ne discutez pas sur les opinions. Tel croit pouvoir manger de tout: tel autre, qui est faible, ne mange que des légumes. Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas, et que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l'a accueilli.
Spoiler:
pensez plutôt à ne rien faire qui soit pour votre frère une pierre d'achoppement ou une occasion de chute.
Spoiler:
si, pour un aliment, ton frère est attristé, tu ne marches plus selon l'amour
Spoiler:
Car le royaume de Dieu, ce n'est pas le manger et le boire, mais la justice, la paix et la joie, par le Saint Esprit. Celui qui sert Christ de cette manière est agréable à Dieu et approuvé des hommes. Ainsi donc, recherchons ce qui contribue à la paix et à l'édification mutuelle.
Spoiler:

Narkissos a écrit:
(p. ex. quand "l'apôtre" tente de canaliser le joyeux b f désordre charismatique corinthien, en faisant appel à la "tradition" d'une part, à la pratique des "[autres] Eglises de Dieu" d'autre part; cf. 1 Corinthiens 1,10; 7,17; 11,2.16.23; 14,33; 15,3). Mais l'ambition de ce souci d'harmonisation reste limitée aux Eglises pagano-chrétiennes de la "mission" paulinienne.
Comme je ne connaissais pas par coeur ces références, et que je les ai cherchée pour avoir le contexte immédiat des versets de la première lettre aux Corinthiens :

1 Corinthiens 1,10; 7,17; 11,2.16.23; 14,33; 15,3

Citation :
Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la communion de son Fils, Jésus Christ notre Seigneur. 1,10 Je vous exhorte, frères, par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, à tenir tous un même langage, et à ne point avoir de divisions parmi vous, mais à être parfaitement unis dans un même esprit et dans un même sentiment. Car, mes frères, j'ai appris à votre sujet, par les gens de Chloé, qu'il y a des disputes au milieu de vous. Je veux dire que chacun de vous parle ainsi: Moi, je suis de Paul! et moi, d'Apollos! et moi, de Céphas! et moi, de Christ! Christ est-il divisé? Paul a-t-il été crucifié pour vous, ou est-ce au nom de Paul que vous avez été baptisés?
Dans ce passage en particulier, avoir le contexte est important. Ce verset 10 tout seul ne reflétant pas l'ensemble.
Citation :

7,17 Seulement, que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l'appel qu'il a reçu de Dieu.
Je n'ai pas compris le rapport ? Est-ce la bonne réf ?

Le chapitre 11 :
Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ. 2 Je vous loue de ce que vous vous souvenez de moi à tous égards, et de ce que vous retenez mes instructions telles que je vous les ai données. Je veux cependant que vous sachiez que Christ est le chef de tout homme, que l'homme est le chef de la femme, et que Dieu est le chef de Christ. Tout homme qui prie ou qui prophétise, la tête couverte, déshonore son chef. Toute femme, au contraire, qui prie ou qui prophétise, la tête non voilée, déshonore son chef
Spoiler:
16 Si quelqu'un se plaît à contester, nous n'avons pas cette habitude, non plus que les Églises de Dieu. En donnant cet avertissement, ce que je ne loue point, c'est que vous vous assemblez, non pour devenir meilleurs, mais pour devenir pires. Et d'abord, j'apprends que, lorsque vous vous réunissez en assemblée, il y a parmi vous des divisions, -et je le crois en partie, car il faut qu'il y ait aussi des sectes parmi vous, afin que ceux qui sont approuvés soient reconnus comme tels au milieu de vous. -
Spoiler:
23 Car j'ai reçu du Seigneur ce que je vous ai enseigné; c'est que le Seigneur Jésus, dans la nuit où il fut livré, prit du pain, et, après avoir rendu grâces, le rompit, et dit: Ceci est mon corps, qui est rompu pour vous; faites ceci en mémoire de moi. De même, après avoir soupé, il prit la coupe, et dit: Cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang; faites ceci en mémoire de moi toutes les fois que vous en boirez.
Spoiler:

Entre deux, il y a 'la voie par excellence"
Citation :
1 Corinthiens 13 : celui qui a la foi, la connaissance, etc mais pas agape est vide et creux qui se termine par maintenant 3 choses demeurent, la plus grande est agape.
Le Chapitre 14 commence  par :
Citation :
rechercher agape.
Citation :
14 Que faire donc, frères? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l'édification. En est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent, chacun à son tour, et que quelqu'un interprète; s'il n'y a point d'interprète, qu'on se taise dans l'Église, et qu'on parle à soi-même et à Dieu. Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent; et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise. Car vous pouvez tous prophétiser successivement, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés. Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes; 33 car Dieu n'est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Comme dans toutes les Églises des saints
L'ordre ici est en fonction de tout le contexte. Tous parlent, tous évaluent (considèrent, approuvent ou désapprouvent) ce qui vient d'être dit. Le contexte en entier démontre une très grande liberté des uns et des autres, de chacun, de tous.



Le 15 résume l'Evangile, et parle principalement de la résurrection.
Citation :
Je vous rappelle, frères, l'Évangile que je vous ai annoncé, que vous avez reçu, dans lequel vous avez persévéré, et par lequel vous êtes sauvés, si vous le retenez tel que je vous l'ai annoncé; autrement, vous auriez cru en vain.3 Je vous ai enseigné avant tout, comme je l'avais aussi reçu, que Christ est mort pour nos péchés, selon les Écritures; qu'il a été enseveli, et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les Écritures.

Avant, il y a la fin du chapitre 10 encore sur agape, qui est en plusieurs choses un peu comparable à Romains 14 (et qui est la suite de la partie du chapitre précédent sur 'se faire tout à tous) :

Citation :
Tout est permis, mais tout n'est pas utile; tout est permis, mais tout n'édifie pas. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d'autrui. (...) à cause de la conscience  Je parle ici, non de votre conscience, mais de celle de l'autre (...) faites tout pour la gloire de Dieu. Ne soyez en scandale ni aux Grecs, ni aux Juifs, ni à l'Église de Dieu, de la même manière que moi aussi je m'efforce en toutes choses de complaire à tous, cherchant, non mon avantage, mais celui du plus grand nombre, afin qu'ils soient sauvés.

Auparavant le chapitre 8 commence par :
Citation :
-La connaissance enfle, mais "agape" édifie. Si quelqu'un croit savoir quelque chose, il n'a pas encore connu comme il faut connaître. Mais si quelqu'un aime Dieu, celui-là est connu de lui. - ........

Peut-on prendre des versets ici et là dans la Bible pour leur faire dire une chose ou une autre ? Généralement, lorsqu'on remet dans leur contexte les versets sur lesquels se base une doctrine, la plupart des (toutes les ?) doctrines 's'effacent'.

(Je pensais que c'était le propre du fondamentalisme de reprendre un verset ici, un verset là pour les assembler à partir de passages différentes, voir de livres différentes et ainsi créer une 'doctrine')


Dernière édition par Béréenne attitude le Mar 18 Nov 2014, 01:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMar 18 Nov 2014, 01:31

@B.a.

Pour 1 Corinthiens 7,17, il suffisait de lire jusqu'au bout : "c'est ce que j'ordonne dans toutes les Eglises". De même en 14,33, "comme dans toutes les Eglises des saints". Paul essaie d'harmoniser les pratiques de "ses" Eglises, à ce stade ça ne va pas plus loin.

Quant à Irénée (sur l'argument de l'accord de l'Eglise en tout lieu contre le désaccord des "hérétiques" entre eux), je cite, moi aussi (presque au hasard tant les références abondent):
Adversus Haereses, l. I:
Citation :
Car, si les langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la Tradition est un et identique. Et ni les Églises établies en Germanie n'ont d'autre foi ou d'autre Tradition, ni celles qui sont chez les Ibères, ni celles qui sont chez les Celtes, ni celles de l'Orient, de l'Egypte, de la Libye, ni celles qui sont établies au centre du monde; mais, de même que le soleil, cette créature de Dieu, est un et identique dans le monde entier, de même cette lumière qu'est la prédication de la vérité brille partout et illumine tous les hommes qui veulent « parvenir à la connaissance de la vérité ». Et ni le plus puissant en discours parmi les chefs des Églises ne dira autre chose que cela — car personne n'est au-dessus du Maître —, ni celui qui est faible en paroles n'amoindrira cette Tradition : car, la foi étant une et identique, ni celui qui peut en disserter abondamment n'a plus, ni celui qui n'en parle que peu n'a moins.
Ibidem, l. II:
Citation :
Dans le livre précédent, démasquant la gnose au nom menteur, nous t'avons rapporté, cher ami, tout le mensonge qui, sous des formes multiples et opposées, a été forgé par les disciples de Valentin. Nous t'avons exposé aussi les théories de ceux qui furent leurs chefs de file, montrant qu'ils sont en désaccord les uns avec les autres et bien auparavant déjà avec la vérité elle-même.
Ibidem, l. III (particulièrement remarquable parce que c'est l'Eglise de Rome qui est la référence de l'"accord" général):
Citation :
Ainsi donc, la Tradition des apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, c'est en toute Église qu'elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité. Et nous pourrions énumérer les évêques qui furent établis par les apôtres dans les Églises, et leurs successeurs jusqu'à nous. Or ils n'ont rien enseigné ni connu qui ressemble aux imaginations délirantes de ces gens-là. Si pourtant les apôtres avaient connu des mystères secrets qu'ils auraient enseignés aux « parfaits », à part et à l'insu des autres, c'est bien avant tout à ceux à qui ils confiaient les Églises elles-mêmes qu'ils auraient transmis ces mystères. Car ils voulaient que fussent absolument parfaits et en tout point irréprochables ceux qu'ils laissaient pour successeurs et à qui ils transmettaient leur propre mission d'enseignement : si ces hommes s'acquittaient correctement de leur charge, ce serait un grand profit, tandis que, s'ils venaient à faillir, ce serait le pire malheur.
Mais comme il serait trop long, dans un ouvrage tel que celui-ci, d'énumérer les successions de toutes les Églises, nous prendrons seulement l'une d'entre elles, l'Église très grande, très ancienne et connue de tous, que les deux très glorieux apôtres Pierre et Paul fondèrent et établirent à Rome; en montrant que la Tradition qu'elle tient des apôtres et la foi qu'elle annonce aux hommes sont parvenues jusqu'à nous par des successions d'évêques, nous confondrons tous ceux qui, de quelque manière que ce soit, ou par infatuation, ou par vaine gloire, ou par aveuglement et erreur doctrinale, constituent des groupements illégitimes : car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s'accorder toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres.
Ibid., l. IV:
Citation :
En plus de tout cela, ils disent encore que certaines choses furent dites par la Suprême Puissance, mais ils sont réfutés par ce qui est rapporté dans les Écritures au sujet de la venue du Christ. D'ailleurs, s'agit-il de savoir quelles sont ces choses, ils ne s'accordent plus et font des réponses différentes à propos des mêmes textes. Car si quelqu'un, voulant les mettre à l'épreuve, interroge séparément les plus distingués d'entre eux sur quelque texte, il constatera que l'un y voit une allusion au Pro-Père ou Abîme, l'autre au Principe de toutes choses ou Monogène, l'autre au Père de toutes choses ou Logos, l'autre encore à l'un des Éons du Plérôme, l'autre au Christ, et l'autre au Sauveur; le plus savant d'entre eux, après avoir gardé longtemps le silence, déclare qu'il s'agit de Limite; un autre y voit signifiée la Sagesse intérieure au Plérôme ; un autre y voit annoncée la Mère extérieure au Plérôme ; un dernier nommera le Dieu Auteur du monde : tant il y a de divergences entre eux sur un seul point, et tant ils professent d'opinions variées sur les mêmes Écritures ! Un seul et même texte vient-il d'être lu, tous de froncer les sourcils et de hocher la tête : « Voilà une parole fort profonde, disent-ils, et tous ne saisissent pas la grandeur du sens qu'elle renferme : aussi le silence est-il la plus grande chose aux yeux des sages. » Il sied, en effet, que le Silence d'en haut trouve sa réplique dans leur silence à eux ! Ainsi s'en vont-ils, tous autant qu'ils sont, enfantant d'un seul texte de si grandes pensées et emportant avec eux, au plus profond d'eux-mêmes, leurs subtilités. Quand donc ils se seront mis d'accord sur ce qui fut prédit dans les Écritures, alors, nous les confondrons, nous aussi : entre-temps, par le désaccord de leurs interprétations, ils font eux-mêmes la preuve qu'ils ne pensent pas correctement. Pour nous, suivant le Seigneur comme unique et seul vrai Maître et prenant ses paroles pour règle de vérité, tous et toujours nous entendons d'une manière identique les mêmes textes, en ne reconnaissant qu'un seul Dieu, Créateur de cet univers, qui envoya les prophètes, qui fit sortir son peuple de la terre d'Egypte et qui, dans les derniers temps, manifesta son Fils pour confondre les incrédules et réclamer le fruit de la justice.
Ibid., l. V:
Citation :
Tous ces gens-là sont en effet de beaucoup postérieurs aux évêques auxquels les apôtres confièrent les Eglises : nous avons montré cela également, avec toute la précision possible, dans notre troisième livre. Force est donc à tous les hérétiques ci-dessus mentionnés, par là même qu'ils sont aveugles à l'égard de la vérité, d'aller de côté et d'autre hors de tout chemin frayé, et c'est pour cette raison que les traces de leur doctrine sont éparpillées ça et là, sans accord et sans suite. Il en va tout autrement de ceux qui appartiennent à l'Eglise : leur chemin parcourt le monde entier, parce que possédant la solide Tradition venant des apôtres, et il nous offre le spectacle d'une seule et même foi chez tous, car tous croient en un seul et même Dieu Père, admettent la même « économie » d'incarnation du Fils de Dieu, reconnaissent le même don de l'Esprit, s'exercent aux mêmes préceptes, gardent la même forme d'organisation de l'Église, attendent le même avènement du Seigneur, espèrent le même salut de l'homme tout entier, c'est-à-dire de l'âme et du corps. Le message de l'Église est donc véridique et solide, puisque c'est chez elle qu'un seul et même chemin de salut apparaît à travers le monde entier. Car à elle a été confiée la lumière de Dieu, et c'est pourquoi « la Sagesse » de Dieu, par laquelle celui-ci sauve les hommes, « est célébrée sur les chemins, agit hardiment sur les places publiques, est proclamée au sommet des murailles et parle avec assurance aux portes de la ville ». Partout, en effet, l'Eglise prêche la vérité : elle est le candélabre à sept lampes qui porte la lumière du Christ.

Pour le reste, je ne doute pas de ta capacité de ne pas voir ce que j'essaie de montrer (que j'essaie de montrer parce que, moi, je le vois !). C'est sans importance.

Comme il s'agit d'un mouvement d'ensemble, les références (bibliques) que j'indique ne sont que des indices épars parmi beaucoup d'autres (la liste est loin d'être exhaustive), dont seules l'accumulation et la convergence est susceptible de convaincre (un peu). Que ceux qui comprennent l'idée et la jugent seulement plausible la testent par une lecture complète du texte et en tirent leurs propres conclusions, je ne demande pas davantage.

Quant à "l'amour", c'est aussi, hélas ! dans le christianisme et bien au-delà, un moyen éprouvé de noyer les problèmes, les conflits, les contradictions, la discussion, l'analyse et la réflexion, déjà chez Paul (l'amour contre la connaissance). "L'amour", tout le monde est pour, du pape aux hérétiques en passant par le dernier des mécréants, on se donne toujours le beau rôle à en parler le premier, qui oserait lui objecter quoi que ce soit sans passer aussitôt (et à ses propres yeux le plus souvent) pour un salaud ou un pauvre type ? Quelle que soit l'idée que vous voulez faire passer, n'oubliez surtout pas de mettre "l'amour" de votre côté, voilà une recette que ni politicien ni ecclésiastique ne saurait négliger.
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMar 18 Nov 2014, 02:08

Citation :
le contenu de la Tradition est un et identique
Oui, la tradition ne change pas, son contenue n'évolue pas, il reste identique à lui-même.

Bien sur, il n'y a qu'un seul Seigneur,  qu'une seule foi, qu'un seul baptême, qu'un seul enseignement, qu'un seul corps de Christ, qu'une seule église de Christ, qu'une seule tradition antique des apotres, qu'un seul Esprit qui est 'le bon', qu'un seul chemin, qu'un seul médiateur, etc, etc. Un seul  a la primauté en toutes choses est sacrificateur/prêtre à toujours, roi à toujours, etc, etc : Jésus-Christ.
Cette unité EST.
Par contre, il est impossible de la créer artificiellement.

Ephésiens 4
... vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit  par le lien de la paix. Il y a un seul corps et un seul Esprit, comme aussi vous avez été appelés à une seule espérance par votre vocation; il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui est au-dessus de tous, et parmi tous, et en tous.

Citation :
montrant qu'ils sont en désaccord les uns avec les autres et bien auparavant déjà avec la vérité elle-même.
Se mettre d'accord différent de s'accorder à la vérité elle-même ... et la vérité a été écrite ! (voir ce commentaire)


Citation :
car avec cette Église, en raison de son origine plus excellente, doit nécessairement s'accorder toute Église, c'est-à-dire les fidèles de partout, — elle en qui toujours, au bénéfice de ces gens de partout, a été conservée la Tradition qui vient des apôtres.
Oui, à ce moment là, c'est Rome qui a conservée la Tradition des apôtres. A ce moment là, c'est elle qui en est le plus proche. Si 10 ans plus tard, c'est une autre église qui est la plus proche de la tradition antique des apotres, la donne change ! Smile
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMar 18 Nov 2014, 14:29

Bien. Ce fil de discussion n'étant consacré ni à Irénée ni à la patristique en général, mais au thème "proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament, on pourra (ou non) poursuivre d'autres débats sur le fil https://etrechretien.1fr1.net/t996-l-ecriture-chretienne-nt-rend-elle-caduque-la-succession-apostolique-des-eveques ou ailleurs.

Je reprends donc mon parcours néotestamentaire: après l'épître aux Ephésiens, les Actes des Apôtres. Là encore, c'est une vision d'ensemble de l'ouvrage, de sa conception, de son dispositif que je tâcherai de montrer. Je le ferai de façon (encore plus) schématique, car la plupart des éléments qui la composent ont déjà été amplement discutés un par un dans ce forum.

Le "sujet" des Actes, tout lecteur l'aura remarqué, c'est moins "les apôtres", sinon collectivement (il y est surtout question individuellement de Pierre, et de Paul qui n'est pas des "Douze", le remplacement de Judas au tout début du livre l'en écartant explicitement), que "l'Eglise"-au-singulier (qui coexiste avec les Eglises au pluriel, voir supra): son "origine" unique et son "développement" universel, décrit cependant selon un trajet qui mène le lecteur (y compris en bateau) de Jérusalem (point de départ de toute l'Eglise) à Rome (point d'arrivée de Paul).

Le but principal de "l'auteur", qui se situe forcément après la fin de l'histoire qu'il raconte, c'est donc de rattacher l'ensemble des Eglises de son temps (autrement dit l'Eglise universelle) à une origine unique: d'où la mise en scène de la Pentecôte à Jérusalem où tout commence, de façon miraculeuse et idyllique (tout le monde est en parfait accord, partage tout: unité là encore) -- même s'il faut pour cela éliminer soigneusement les traditions des apparitions du ressuscité en Galilée dans l'évangile correspondant (Luc). A partir de là, tout procédera des apôtres (collectivement: de la plupart des Douze le livre ne dit rien) et principalement de Pierre (sa préséance étant encore accentuée dans l'édition occidentale du livre, celle dont témoigne notamment le Codex Bezae). C'est Pierre qui fait les premiers discours et les premières conversions, Pierre (et Jean qui ne dit jamais rien pour son propre compte) qui valide l'extension de l'Eglise en Samarie, Pierre encore qui sera l'instrument de l'extension aux "païens" (incirconcis); ce sont les apôtres et leurs représentants qui "imposent les mains" pour distribuer l'Esprit ou les fonctions -- écartant au passage quelques figures "hérétiques", comme Simon le Mage associé plus tard à la gnose par les orthodoxes (et à Paul par les judéo-chrétiens, cf. les pseudo-Clémentines); et Elymas qui reproduit sensiblement la même histoire avec Paul au lieu de Pierre un peu plus loin. Le personnage de "Paul" est introduit avec la plus grande prudence: il est aussitôt soumis à un représentant de l'Eglise (Ananias) et aux apôtres (contrairement à ce que dit le "Paul" des Galates), puis second de Barnabé dans ses premières "missions". Les rares éléments de théologie paulinienne (salut par la foi et non par la loi, inutilité de la circoncision) sont mis dans la bouche de Pierre. Les rares échos des controverses (proto-)chrétiennes sont très atténués: l'opposition entre "hébreux" et "hellénistes" se réduit à une affaire de distribution de nourriture, l'opposition entre Barnabé et Paul à un différend strictement personnel (comparer Galates), le débat sur la circoncision se résout finalement à l'unanimité par un "concile" présidé par Jacques (comparer encore Galates !). Les rares "indépendants" (Apollos, les johannites d'Ephèse) sont aussitôt intégrés à la foi et à l'Eglise communes. Bref, depuis son origine unique l'Eglise s'étend de façon globalement harmonieuse et surtout continue dans toutes les directions, et singulièrement jusqu'à Rome où s'achève le récit.

Je n'entre pas dans les détails, je prends au contraire encore un peu plus de recul analytique, du point de vue rétrospectif de "l'auteur". Quelle est la fonction littéraire des "apôtres" et de leurs "actes" ? De rattacher l'ensemble des Eglises chrétiennes (ou: la totalité de l'Eglise) à "Jésus" par un lien solide et surtout continu. Les Douze, le récit y insiste en en excluant Paul, sont les compagnons de Jésus et les témoins de sa résurrection, et tout rapport historique à Jésus passe par eux, grâce à un enchaînement sans faille. Si cette idée peut valider le christianisme aux yeux d'un païen (naïf), elle implique également qu'aucun "christianisme" ne peut se prétendre indépendant, autonome ou simplement "original" en vertu d'une relation directe (im-médiate) avec le Christ ou l'Esprit (comme le "Paul" des Galates ou le johannisme du "paraclet" ou de l'"onction-chrisme"). On n'est "chrétien" que par rattachement à l'Eglise universelle et "apostolique", par celle-ci à son origine unique, par celle-ci au Christ et à l'Esprit.
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMar 18 Nov 2014, 15:48

D'autres regards peut-être ?

Les orthodoxes reconnaissent 70 apotres. Plusieurs sont nommés dans les Actes.

Achaicus, Agabus, Alphée, Amplias, Ananias (qui a baptisé Paul), Andronique, Apelles, Apollon, Apphia, Aquila, Archippus, Aristarque, Aristobule, Artemas, Asyncrite, Barnabé (chef des soixante dix et compagnon de Paul), Caesar, Carpus, Cephas, Clement, Cleopas (qui a accompagné le Seigneur à Emmaus), Crescens, Crispus, Epaphroditus, Epenetus, Erastus, Evodus (femme), Fortunatus, Gaïus, Hermas, Hermes (évêque de Dalmatie), Herodian (Rodion), Jacques (le frère du Seigneur, aussi appelé "le Mineur"), Jason, Junia (femme), Juste (frère du Seigneur), Linus, Lucius, Luc l'évangéliste (compagnon de Paul et auteur de l'évangile qui porte son nom), Marc l'évangéliste (compagnon de Paul et auteur de l' évangile qui porte son nom), Narcissus ! Smile, (Romains 16:11)  Nicanor (un des sept premiers diacres), Olympas, Onesimus, Onesiphore, Parmenas (un des sept premiers diacres), Patrobas, Philemon, Philippe (un des sept premiers diacres), Philologos, Phlegon, Prochore (un des sept premiers diacres), Pudens, Quadratus, Quartus, Rufus, Silas (compagnon de Paul), Silvan, Sosipater, Sosthenes, Stachys, Stephane le premier martyr (un des sept premiers diacres), Symeon, Tertius, Thaddée (quelques fois confondu avec Jude l'un des Douze), Timon (un des sept premiers diacres), Timothée (compagnon de Paul), Tite, Trophime, Tychicus, Urban, Zachée, and Zenas.

D'autres parlent de la famille de Jésus, des frères du Seigneur qui auraient eu une très grande importance après sa mort et qui auraient 'perpétué' en quelque sorte son 'héritage'.

Dans les évangiles :

Lorsque Jésus n'est encore que très peu connu, et donc qu'il n'a que peu d'élève, il en envoie 12. Puis, lorsque Jésus est suivi par beaucoup, par la suite, il en envoie 70. A Jérusalem, au alentour de la fête de La Pâque, lorsqu'ils sont très nombreux, plusieurs noms sont donnés autre que les 12 et à La Pâque même, il y a 'des disciples et des apotres'. Jésus les enverra 'tous'. Tous recevront le Saint-Esprit avant la pentecôte et tous seront envoyés (les 120 de la grande chambre-haute) (A noter que 120 est un multiple de 12 et que 70 est un multiple de 7. D'autre part, envoyé et 12 se confondent en hébreu)

12 reçoivent du pouvoir :  (Matthieu 10:1= Marc 6:7 Alors il appela les douze, et il commença à les envoyer deux à deux, en leur donnant pouvoir (= Luc 9:1 force et pouvoir))

70 reçoivent le même pouvoir (Luc 10)

'Tous' (120 ?) reçoivent le même pouvoir
Luc 24: 36ss  (voir dans le contexte entier de la grande chambre-haute (dans tous les livres qui en parlent) combien ils pourraient être, mais ils sont beaucoup, plus que 12 en tout cas. C'est La Pâque et tous les hébreux sont à Jérusalem pour cette fête) Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils comprissent les Ecritures. Jean 20:21 Jésus leur dit de nouveau: La paix soit avec vous! Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie. Après ces paroles, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint-Esprit.


Comment est-on 'retombé' à 12, par la suite ?

Narkissos a écrit:
De rattacher l'ensemble des Eglises chrétiennes (ou: la totalité de l'Eglise) à "Jésus" par un lien solide et surtout continu

Et si c'était le contraire Narkissos, que de Jésus partent tous les chrétiens et que certains s'en éloignent plus que d'autres ?

Narkissos a écrit:
On n'est "chrétien" que par rattachement à l'Eglise universelle et "apostolique", par celle-ci à son origine unique, par celle-ci au Christ et à l'Esprit.
Oui, et tu verrais une autre possibilité d'être chrétien ?
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMar 18 Nov 2014, 16:16

Narkissos a écrit:
@B.a.

Pour 1 Corinthiens 7,17, il suffisait de lire jusqu'au bout : "c'est ce que j'ordonne dans toutes les Eglises". De même en 14,33, "comme dans toutes les Eglises des saints". Paul essaie d'harmoniser les pratiques de "ses" Eglises, à ce stade ça ne va pas plus loin.

En 1 Cor 7, je ne vois pas d'harmonie dans les pratiques entre les églises. Je vois plutôt que Paul se préoccupe de chacun par amour pour chacun.

Ce qu'il ordonne dans toutes les églises, c'est de marcher selon la part que le Seigneur lui a faite. C'est l'Evangile même. Il ne donne pas d'ordre pour un comportement ou un autre, il ne donne pas 'd'ordre unifié' pour une pratique ou une autre, l'ordre est de marcher selon Dieu. L'unité ici est autour de Christ, tout comme dans le passage : moi je suis de Christ, moi de Cephas, moi d'Appolos, l'unité est autour de Christ. Un seul a été crucifié pour nous.

Le but est d'aller à Christ, de rester en Christ, que tout découle de Christ, de s'unir à Christ et que l'unité soit envers Christ.

Pour les pratiques, Paul ne fait que donner son avis. Il pense que c'est bon pour les autres. Il ne donne pas d'ordre pour 'harmoniser les pratiques'. Il ordonne de 'rester attacher à Dieu', de suivre l'appel de Dieu. C'est à nouveau Dieu le centre, Christ le centre de qui tout découle et premièrement l'unité autour de la vérité et non pas autour d'une pratique ou une autre



1 Corinthiens 7 Louis Segond (LSG)

7 Pour ce qui concerne les choses dont vous m'avez écrit, je pense qu'il est bon ...
6 Je dis cela par condescendance, je n'en fais pas un ordre ...
7 Je voudrais que tous
8  (...) je dis qu'il leur est bon
10 (...) j'ordonne, non pas moi, mais le Seigneur ....
12 Aux autres, ce n'est pas le Seigneur, c'est moi qui dis ...
17 Seulement, que chacun marche selon la part que le Seigneur lui a faite, selon l'appel qu'il a reçu de Dieu. C'est ainsi que je l'ordonne dans toutes les Églises.
24 Que chacun, frères ...
25 Pour ce qui est (...) je n'ai point d'ordre du Seigneur; mais je donne un avis, comme ayant reçu du Seigneur miséricorde pour être fidèle.
26 Voici donc ce que j'estime bon, à cause des temps difficiles qui s'approchent: il est bon à ...
28 (...) ces personnes auront des tribulations dans la chair, et je voudrais vous les épargner.
29 Voici ce que je dis, frères, c'est que le temps est court; que désormais ceux qui ...
32 Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude ...
35 Je dis cela dans votre intérêt ...
40 Elle est plus heureuse, néanmoins (...) suivant mon avis. Et moi aussi, je crois avoir l'Esprit de Dieu.
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMar 18 Nov 2014, 18:37

[@ B.a. "On voit ce qu'on voit, on sait ce qu'on sait", répétait la sorcière du Visage de Bergman.
Je ne vois pas d'inconvénient à ce que tu ne voies pas ce que je vois dans les textes que j'évoque, que tu y voies d'autres choses et que tu le dises. D'autres y verront à leur tour ce qu'ils y verront.
Je te demande par contre de ne pas t'éloigner du sujet tel qu'il a été défini, pour ne pas le rendre illisible et m'obliger à d'autres déplacements de posts: il y a assurément, dans le NT et en-dehors, beaucoup de textes non "proto-catholiques" ni "proto-orthodoxes" (voire "anti-proto-catholiques" ou "proto-anti-catholiques", et ainsi de suite) -- ce sont même généralement plutôt ceux-là qui m'intéressent -- mais ce n'est décidément pas de ceux-là qu'on parle dans CE fil.]

Un mot de comparaison entre les deux principaux textes que j'ai évoqués jusqu'ici (Ephésiens et les Actes): outre le genre et la forme qui les séparent (épître "circulaire" à la limite de l'essai théologique vs. récit [pseudo-]historique), ainsi que le style (solennel, liturgique d'un côté, [faussement] "objectif" et détaché de l'autre), ils s'intéressent tous deux à "l'Eglise universelle", mais pas du tout du même point de vue. Pour l'épître aux Ephésiens, c'est la théorie (à entendre aussi au sens étymologique de "vision" ou de "contemplation") qui compte, celle de l'Eglise "mystère théo-christo-cosmique" dont découlent toutes les exhortations pratiques; pour les Actes en revanche, c'est le côté extérieur, factuel, historique, voire anecdotique qui prime (même si le récit est très largement fictif). Tous deux sont sans doute plus "proto-catholiques" que "proto-orthodoxes" (revoir supra la définition de ces termes si nécessaire), mais d'une façon très différente. L'épître aux Ephésiens parce que, avec sa grande richesse théologique, simultanément christologique et ecclésiologique (c'est la même chose, le Christ ressuscité et l'Eglise sont un seul et même "mystère" qui est aussi celui de Dieu), elle est (presque) entièrement positive, lumineuse, irénique et rassembleuse: elle ne combat aucune "hétérodoxie" (elle intègre au contraire les éléments plutôt "proto-gnostiques" de Colossiens dans une synthèse profonde et harmonieuse) et ne rejette a priori personne. Les Actes, en revanche, le sont (plutôt "proto-catholiques" que "proto-orthodoxes") par manque d'intérêt théorique et doctrinal: ils ne se préoccupent quasiment pas de penser théologiquement l'Eglise, ni le Christ, ni l'Esprit, ni Dieu, ni la nature de leur relations; que le Christ soit "Seigneur", que l'Esprit dirige l'Eglise sans faille de A à Z et en écarte les importuns, que la Providence divine chapeaute le tout, cela leur suffit, peu importe comment on comprend exactement tout ça -- et de fait, grâce à cette indigence théologique propre, les Actes préservent sans trop les déformer (et peut-être sans trop les comprendre) des petits morceaux de théologies assez différentes, comme dans les premiers discours "judéo-chrétiens" de "Pierre" ou le discours "hellénistique" d'Etienne.

Il me semblait assez important d'esquisser cette comparaison avant d'aborder le troisième gros morceau, "proto-catholique" et "proto-orthodoxe", qui est d'un tout autre tonneau: ecclésiastique au sens le plus pragmatique (ou "politique") du terme, organisateur, autoritaire, polémique (ou plutôt agressif et défensif, parce qu'il vitupère plus qu'il n'argumente) et censeur. J'ai nommé les Pastorales (Timothée-Tite), dont nous avons déjà tant parlé (sur des tas de sujets épars malheureusement) qu'il sera difficile d'en dire quoi que ce soit sans trop se répéter. Mais je vais quand même essayer.

J'essaierai surtout (ce ne devrait plus être une surprise) de montrer leur dispositif général, leur stratégie, en l'espèce leur mise en scène littéraire -- indissociable à mon sens d'une pseudépigraphie ("l'auteur" emprunte le nom de Paul et son titre d'apôtre désormais incontesté) que je ne chercherai pas à montrer ici: celle-ci produit un double effet, d'autorité (c'est un apôtre, voire l'Apôtre qui parle, le plus prestigieux, celui dont se réclament même des "hérétiques" -- [proto-]marcionites -- qui ont été les premiers à rassembler une collection d'épîtres sous sont nom) et d'ancienneté: c'est une voix de l'époque "apostolique" depuis déjà longtemps révolue qui se fait prophétique, annonçant le présent (de "l'auteur" réel et des premiers lecteurs) comme un avenir encore lointain (cf. les jeux du futur et du présent, p. ex. 2 Timothée 3: dans les derniers jours il y aura... de ceux-là détourne-toi). Il ne s'adresse pas directement à des Eglises concrètes (dont la mémoire collective aurait peut-être eu du mal à avaler le procédé) mais à un intermédiaire individuel (Timothée ou Tite) sans attache locale, connu surtout comme personnage des Actes, censément chargé de transmettre et de faire appliquer dans une région les consignes de l'Apôtre, qu'il représentera dès lors avec une pleine autorité apostolique (le principe et la structure de la "succession apostolique" sont ainsi mis en place sans que le mot soit prononcé; cf. 2 Timothée 2,2). Ce légataire plénipotentiaire de l'Apôtre nommera donc d'autorité (apostolique) les responsables des Eglises (épiscopes, diacres, presbytres) et leur prescrira leur conduite, définissant l'organisation ecclésiastique et l'attitude à adopter envers les "hérétiques" selon les consignes de l'Apôtre.

Prenons encore un peu de recul par rapport à cette mise en scène pour la regarder du point de vue du public-cible, sans être trop "bon public". Comment ça marche ? A quoi ça sert? A qui profite le stratagème (qu'on qualifierait aujourd'hui de contrefaçon littéraire mais qui est à l'époque extrêmement banal -- on écrit encore au Ier siècle des textes au nom d'Hénoch, de Salomon ou d'Esdras !) ? Tout simplement aux "évêques" et autres responsables de l'Eglise à la fois "catholique" et "orthodoxe" (au sens de la première moitié du IIe siècle), qui se voient ainsi confirmés (par ces soi-disant vieux papiers apostoliques retrouvés providentiellement au bon moment) dans leur succession et leur autorité apostoliques, dans leur pouvoir sur l'Eglise et notamment dans leur lutte contre les "hérétiques".

Ces "hérétiques" sont bien, à quelques décennies près, les "gnostiques" que combattra Irénée (et qui sont heureusement mieux connus aujourd'hui par leurs propres textes, notamment ceux qui ont été découverts dans les années 1940 à Nag Hammadi). Le mot même y est (1 Timothée 6,20, la gnose -- connaissance -- au nom menteur et ses "contradictions", déjà). Il suffit en effet de prendre le contrepied de l'argumentation des Pastorales pour en dresser le portrait: ils ne croient pas que la création soit bonne, ils méprisent le mariage et la procréation (1 Timothée 4), ils entendent surmonter la différence sexuelle (comme le "Paul" de Galates, au passage) et la domination de l'homme sur la femme (la lecture de la Genèse par 1 Timothée 2 est particulièrement éclairante: Eve a été créée en second et trompée, elle ne peut pas prétendre à la connaissance, elle ne peut être sauvée que par la maternité; alors que de nombreux textes gnostiques soutiennent au contraire qu'elle est -- avec le serpent -- l'instrument de la sagesse qui apporte la connaissance à l'homme au nez et à la barbe du créateur qui voulait le maintenir dans l'ignorance). On pourrait multiplier les exemples, mais ce n'est pas le propos de ce fil: il suffit de voir qu'avec les Pastorales (qui font bien partie du NT, qui sont même très logiquement parmi les textes les plus cités des Pères "catholiques" et "orthodoxes" du IIe siècle), on est bien de plain-pied dans cette problématique-là, et dans le "camp" de "l'Eglise" rassemblée, structurée, organisée contre les "hérétiques". "Proto-catholique" et "proto-orthodoxe" donc, le "proto-" étant ici presque de trop.
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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMar 18 Nov 2014, 23:09

Narkissos a écrit:
(cf. les jeux du futur et du présent, p.ex. 2 Timothée 3: dans les derniers jours il y aura... de ceux-là détourne-toi). Il ne s'adresse pas directement à des Eglises concrètes (dont la mémoire collective aurait peut-être eu du mal à avaler la chose) mais à un intermédiaire individuel (Timothée ou Tite) sans attache locale, censément chargé de transmettre et de faire appliquer dans une région les consignes de l'Apôtre, qu'il représentera dès lors avec une pleine autorité apostolique (le principe et la structure de la "succession apostolique" est ainsi mis en place sans que le mot soit prononcé; cf. Tite 2,2).

  • Louis Segond (LSG) 2 Timothée 3 ... les hommes seront égoïstes, amis de l'argent, fanfarons, hautains, blasphémateurs, rebelles à leurs parents, ingrats, irréligieux, insensibles, déloyaux, calomniateurs, intempérants, cruels, ennemis des gens de bien,  traîtres, emportés, enflés d'orgueil, aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force. Éloigne-toi de ces hommes-là.


  • Tite 2:2 Dis que les vieillards doivent être sobres, honnêtes, modérés, sains dans la foi, dans la charité, dans la patience

J'avais toujours pensé que Paul n'avait pratiquement pas donné de recommandation, mais devant les difficultés toujours plus grande, il en avait donné toujours plus ...
Voici pourquoi Paul envoie Tite en Crète :

  • Tite 1 Je t'ai laissé en Crète, afin que tu mettes en ordre ce qui reste à régler, et que, selon mes instructions, tu établisses des anciens dans chaque ville, s'il s'y trouve quelque homme irréprochable, mari d'une seul femme, ayant des enfants fidèles, qui ne soient ni accusés de débauche ni rebelles. Car il faut que l'évêque soit irréprochable, comme économe de Dieu; qu'il ne soit ni arrogant, ni colère, ni adonné au vin, ni violent, ni porté à un gain déshonnête; mais qu'il soit hospitalier, ami des gens de bien, modéré, juste, saint, tempérant, attaché à la vraie parole telle qu'elle a été enseignée, afin d'être capable d'exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs. Il y a, en effet, surtout parmi les circoncis, beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs, auxquels il faut fermer la bouche. Ils bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu'on ne doit pas enseigner. L'un d'entre eux, leur propre prophète, a dit: Crétois toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux. Ce témoignage est vrai. C'est pourquoi reprends-les sévèrement, afin qu'ils aient une foi saine, et qu'ils ne s'attachent pas à des fables judaïques et à des commandements d'hommes qui se détournent de la vérité. Tout est pur pour ceux qui sont purs; mais rien n'est pur pour ceux qui sont souillées et incrédules, leur intelligence et leur conscience sont souillés. Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le renient par leurs oeuvres, étant abominables, rebelles, et incapables d'aucune bonne oeuvre ... (...) Exhorte (...)  afin de faire honorer en tout la doctrine de Dieu notre Sauveur. Car la grâce de Dieu, source de salut pour tous les hommes, a été manifestée. Elle nous enseigne à renoncer à l'impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire du grand Dieu et de notre Sauveur Jésus Christ, qui s'est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité, et de se faire un peuple qui lui appartienne, purifié par lui  ......

Le but est encore et toujours de rester attaché à la vraie parole telle qu'elle a été enseignée, comme le disait l'évangile de Jean dans les chapitres 24 à 26  comme le disait Irénée de Lyon et ses coauteurs : ceux qui ont gardé scrupuleusement la vérité de l'antique tradition apostolique ...

  • Jean 14-23 à  Jean 16 Jésus lui répondit: Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m'aime pas ne garde point mes paroles. (...) Ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m'as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m'as données; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m'as envoyé


  • Irénée de Lyon et ses coauteurs : livre 3 (...) la Tradition qui vient des apôtres et qui, grâce aux successions des presbytres, se garde dans les Eglises (...) Ainsi donc, la Tradition des apôtres, qui a été manifestée dans le monde entier, c'est en toute Église qu'elle peut être perçue par tous ceux qui veulent voir la vérité. Et nous pourrions énumérer les évêques qui furent établis par les apôtres dans les Églises, (...) Car ils voulaient que fussent absolument parfaits et en tout point irréprochables ceux qu'ils laissaient pour successeurs et à qui ils transmettaient leur propre mission d'enseignement : si ces hommes s'acquittaient correctement de leur charge, ce serait un grand profit, tandis que, s'ils venaient à faillir, ce serait le pire malheur. (...) ils gardent scrupuleusement l'antique Tradition ...
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Narkissos

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MessageSujet: Re: "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament   "Proto-catholicisme" et/ou "proto-orthodoxie" dans le Nouveau Testament Icon_minitimeMer 19 Nov 2014, 02:54

[@B.a.: c'était 2 Timothée et non Tite 2,2: je m'étais (encore) trompé, mais je n'avais pas fini d'écrire mon post précédent.]

Ce rapide tour d'horizon (trop rapide peut-être, mais il fallait aussi qu'il fût assez rapide pour capter une impression d'ensemble sans se perdre dans le détail) des trois grands morceaux (Ephésiens, Actes, Pastorales) qui représentent le mieux à mes yeux la tendance "proto-catholique" et/ou "proto-orthodoxe" dans le NT -- parce que, sous des formes et à des stades très différents, elle y est dominante et relativement cohérente -- permettra (à ceux du moins qui y auront vu quelque chose) de se "faire l'œil" pour la reconnaître ailleurs, où elle se présente de façon moins remarquable. Ainsi dans d'autres "livres" du NT où elle est plus discrète ou moins "pure" -- p. ex. 1 Pierre qui s'inspire beaucoup de l'épître aux Ephésiens, tout en restant à bien des égards "un ton en-dessous", dans sa métaphore de l'Eglise édifice de pierres vivantes p. ex.; Jude qui est peut-être encore plus violent que les Pastorales contre les "hérétiques", mais dont les références hénochiennes embarrasseront l'orthodoxie ultérieure (sauf bien sûr celle de l'Eglise éthiopienne pour qui le livre d'Hénoch est canonique); 2 Pierre qui récrira Jude, mais si tardivement et avec de telles influences stoïciennes que sa propre canonisation sera problématique (l'orthodoxie orientale lui doit quand même le thème de la divinisation -- "devenir participants de la nature divine" -- beaucoup moins bien accueilli en Occident).

Une sensibilité (sympathique ou antipathique, peu importe) à cette "tendance" aidera aussi à la repérer plus ponctuellement dans de nombreux textes qui n'ont globalement rien à voir avec elle, mais où elle a été introduite à la faveur de retouches rédactionnelles "proto-catholiques" et/ou "proto-orthodoxes" (ou simplement incluse au même titre que d'autres par des rédactions éclectiques, ce qui est probablement le cas de Matthieu et autrement de Luc). Si en effet l'Eglise ancienne (catholique-et-orthodoxe) a canonisé des textes qu'elle a pour ainsi dire arrachés aux "hérétiques", elle ne l'a pas fait sans aménagements textuels plus ou moins importants, efficaces ou adroits. Le corpus paulinien que nous lisons en est l'édition "proto-catholique" et "proto-orthodoxe", sur celui que lisait Marcion (sans Pastorales évidemment) nous ne pouvons que conjecturer à partir du témoignage (forcément partial) des Pères de l'Eglise (qui disent, comme de bien entendu, que c'est Marcion qui a changé le texte). Les retouches "proto-orthodoxes" de l'évangile selon Jean sont assez facilement repérables: quand l'Evangile qui proclame que la foi fait passer maintenant de la mort à la vie, que la "résurrection" ou la "vie éternelle", c'est maintenant ou jamais, se met à ponctuer ses phrases de la formule stéréotypée "je le ressusciterai au dernier jour", on devine assez facilement qu'on a affaire à une retouche "proto-orthodoxe" passablement tardive (car si pour l'épître aux Ephésiens, très ouverte au johannisme comme à beaucoup de choses, il est encore possible de dire que "nous sommes [déjà] ressuscités avec le Christ", pour les Pastorales, par contre, dire que "la résurrection a déjà eu lieu" est une hérésie pure et simple). Quand on s'est familiarisé avec ce phénomène, on s'étonnera peut-être un peu moins de trouver "les douze apôtres" dans un Evangile de Marc où ils ne servent à rien (puisque le récit se termine, sans ses conclusions tardives, sur une absence totale de transmission !); ou le fameux morceau "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise" chez Matthieu. La tendance "proto-catholique" ou "proto-orthodoxe" n'est alors plus dominante ni cohérente, mais ponctuelle et disséminée parmi beaucoup d'autres.
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