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 de la fin au milieu

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Narkissos

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MessageSujet: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeDim 28 Fév 2016, 13:16

Je reviens sur un sujet de méditation qui m'est cher et que j'ai souvent évoqué, au moins obliquement, quoique son "traitement" me laisse toujours insatisfait (ça tient sans doute à la nature même du sujet). Ce traitement-ci n'échappera sûrement pas à la règle.

Le sujet même n'est déjà pas facile à énoncer, encore moins à définir. En gros, je voudrais parler du décalage ou de la discordance entre l'ordre (l'économie, le mouvement) de nos récits (et à un moindre degré d'autres types de discours) et celui de notre expérience, en ce qui concerne la fin. D'un côté celle-ci apparaît comme la chose la plus importante, voire la seule qui compte: fin heureuse ou malheureuse d'une histoire qui livrerait le sens global et définitif de celle-ci (la fin justifie les moyens, rira bien qui rira le dernier, tout est bien qui finit bien et inversement), conclusion d'une argumentation qui en dirait d'un coup toute la vérité, dernier mot (bottom line) qui résumerait à lui seul tous les autres et les rendrait inutiles, s'il n'avait précisément fallu passer par eux pour en arriver là -- mais la fin apparaît encore ici comme le but, la finalité de toute l'opération. De l'autre côté, nous faisons quotidiennement l'expérience contraire, à savoir que les lieux d'intérêt majeur, les plus significatifs, les "grands moments" ou les "sommets" d'une vie, d'une relation, d'une collectivité, d'une civilisation -- et même d'un récit ou d'une pensée -- ne coïncident presque jamais avec leur fin, laquelle peut être parfaitement insignifiante, quand elle ne paraît pas inverser ou annuler leur signification.

Ce décalage est sans doute coextensif à l'humanité et au langage (nous nous racontons des histoires, nous ne vivons pas sans nous raconter des histoires de toute sorte), mais il n'est pas invariant pour autant (nous ne nous racontons pas toujours les mêmes histoires, ni le même type d'histoire): le privilège exorbitant de la fin dans nos structures narratives et discursives a lui-même une histoire et une géographie, qui suggèrent une affinité particulière avec "l'eschatologie" (irano-)judéo-christiano-islamique et ses idées à la fois cosmiques et morales de fin du monde (corollaire de sa création, surtout ex nihilo), de jugement dernier, de récompenses et de châtiments éternels (un avenir si l'on veut, mais un avenir total et absolu, sans histoire ni péripétie internes, qui est moins une suite qu'un épilogue en forme de tableau, comme la fin, merveilleuse et/ou cruelle, des contes de fées); et par ailleurs avec la "téléologie" (discours-pensée de la "finalité") issue de la tradition philosophique grecque où la fin (telos) est aussi l'accomplissement et le but (qui se renversent à leur tour en cause et en raison d'être, par une symétrie analogue à celle de la fin du monde et de sa création dans le monothéisme religieux). Notre "modernité", héritière bon gré mal gré (et le plus souvent à son insu) de cette double tradition, a prolongé le mouvement (surtout depuis le XIXe siècle) avec sa notion de progrès (scientifique, technique, moral, social, économique, politique, toujours historique) qui met par définition l'avenir au-dessus du présent, celui-ci au-dessus du passé (aussitôt dépassé), et le passé proche au-dessus du passé lointain -- à l'opposé d'une vision classique ou antique de l'histoire qui, cyclique ou non, était plutôt celle d'une décadence mesurée par rapport à l'origine (âge d'or etc.). Cette conception qui nous vient de loin est sans doute aujourd'hui entrée dans une crise profonde, avec une post-, une ultra- ou une anti-modernité (notamment littéraire et artistique) qui entend bien ne pas en être dupe, sans pour autant offrir d'autres modèles d'intelligibilité narrative ou discursive, en tout cas au plus grand nombre.

Il y a pourtant, au cœur même de notre tradition occidentale, et en particulier dans la Bible, des tas de choses qui échappent à l'obsession de la fin. Dans l'Ancien Testament, déjà, tout ce qui est antérieur ou extérieur au développement de l'eschatologie (c.-à-d. presque tout), comme les récits des Patriarches ou d'autres personnages qui s'achèvent sur une mort paisible ou quelquefois violente, mais ordinaire, sans apothéose ni promesse d'éternité, alors qu'après eux la vie continue, meilleure ou pire selon le cas mais pas radicalement différente. Sans doute le Nouveau Testament est-il beaucoup plus marqué par l'eschatologie (malgré des réactions notables, comme celle du johannisme), mais celle-ci subit avec le passage du temps un déplacement critique qui commence dans sa rédaction même (le fameux thème du "retard de la parousie"), et qui est naturellement beaucoup plus sensible quand on lit les textes plusieurs siècles ou millénaires après. La figure eschatologique du Messie, liée au départ à la fin des temps, est devenue (au moins en grande partie) un Christ situé dans le passé, et dans un passé de plus en plus lointain, plutôt associé au cours ou au milieu de l'histoire qu'à sa "fin". Le maintien de l'eschatologie classique dans le dogme chrétien (la parousie comme "retour" du Christ à la fin du monde, pour le jugement dernier) empêche toutefois qu'on le voie exclusivement ainsi, comme une figure seulement centrale: il est aussi "originel" (le Christ du milieu identifié au dieu créateur ou au logos à l'origine du monde) et "final" (il revient à la fin du monde), premier et dernier, alpha et oméga. La révélation "au milieu de l"histoire", ou "en cours de route", domine sans doute (c'est elle en tout cas qui constitue le meilleur objet de récit) mais elle ne se suffit pas à elle-même, dans la mesure où elle ne vaut que comme réminiscence ou analepse d'une origine immémoriale et anticipation ou prolepse d'une fin repoussée sine die. Il lui faut (il lui manque) encore une confirmation finale (et donc toujours future) pour être définitivement validée -- ce qui revient à dire qu'elle ne sera jamais validée dans l'histoire.

Dans les évangiles synoptiques, le récit de la Transfiguration (Marc 9 et parallèles) occupe la place d'une "révélation du milieu", à mi-chemin du Baptême (dont il rappelle la voix céleste, 1,11, cette fois devant témoins) et de la Passion-Résurrection. C'est un sommet (du récit, et littéralement: d'une très haute montagne), glorieux, lumineux quoique nébuleux, extatique, halluciné ou rêvé, vers lequel le récit de la révélation du Christ progresse de façon ascendante pour redescendre ensuite vers l'humiliation et la mort. Tout à ce point est accompli, le destin du Christ en gloire tel que l'envisageait Pierre au chapitre précédent, il n'y a plus rien à attendre: les figures du commencement et de la fin (Moïse et Elie, les deux interlocuteurs de Yahvé au Sinaï, la Loi et les Prophètes, Elie étant aussi celui qui devait [re]venir à la fin, selon Malachie) sont présentes, se fondant littéralement dans celle du Christ en majesté. On voudrait que ça s'arrête là, mais ça ne s'arrête pas; l'histoire continue, mais pas vers de plus hauts sommets que celui-là. A partir de là il faut redescendre -- on ne peut que redescendre -- vers une fin beaucoup plus obscure. Bien entendu, l'importance de ce centre narratif dans l'économie des évangiles varie en fonction (inverse) de celle qui est accordée au happy ending de la résurrection, à la fin -- simple parole énigmatique chez Marc, si l'on excepte les additions tardives (après 16,8 ), son ambiguïté étant interrogée dès la redescente de la montagne (9,10: "qu'est-ce que ce 'se relever d'entre les morts' ?"); enrichie en revanche d'apparitions et de discours du ressuscité chez les autres, qui diminuent d'autant le poids relatif de la révélation "centrale".

Une structure fréquemment (et parfois abusivement) relevée par l'analyse littéraire dans les textes bibliques (de l'AT surtout, mais aussi dans certains textes du NT) est celle du "chiasme": le texte paraît organisé (intentionnellement ou non) de façon symétrique (A/B/C/B'/A') autour d'un centre qui en est généralement le "sommet". L'essentiel se dit au milieu, non au commencement ni à la fin.

Toutes ces considérations qui paraîtront excessivement abstraites et théoriques ont évidemment une contrepartie pratique, voire intime: comment vit-on, comment rêve-t-on, quelles histoires se raconte-t-on sur le versant du déclin, quand tout rapport à l'avenir (toute espérance, pour évoquer un thème qui revient encore plus souvent ici) passe nécessairement par un rapport au passé, à un passé plus "intéressant" que le présent ou l'avenir, au moins pour l'"intéressé" ? Question de la vieillesse, des "individus" comme des "civilisations".

Cf. http://oudenologia.over-blog.com/article-mesoteleologie-114753734.html
et https://etrechretien.1fr1.net/t263-la-faim-de-la-fin
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeDim 28 Fév 2016, 21:24

Oui Narkissos, les questions que le sujet évoqué, soulèvent prennent une importance et revêtent une apparence bien différente que l'on soit jeune ou âgé.

Lorsque l'on peut se retourner sur une bonne partie de sa vie afin de tenter d'en tirer un peu de plaisir, de réconfort et dans une certaine mesure un peu de sagesse, il devient évident que ce passé nous fait encore rêver, non qu'il nous paraisse meilleur qu'il ne l'était en réalité, mais nous avions à ce moment- là de notre vie de l'espoir, des espérances.

Et puis le temps a passé et nous n'avons pas pu réaliser tout ce que nous avions souhaité.  Allons-nous entreprendre ce que nous n'avons pas su ou pas voulu mettre en œuvre jusqu'à présent. Sincèrement nous pouvons en douter, peut-être parce que nous n’en avons plus envie, nous avons également moins de force non seulement physique mais également morale, spirituelle.

Après avoir laissé de côté l’espérance que nous pensions être certaine, découverte au sein de la Bible, il est bien difficile voire impossible de revenir au sein de ce recueil de livres et de souscrire à nouveau à l’espoir que nous avons abandonné et délaissé lorsque nous avons fermé ses pages en proie à de la tristesse, de la déception. Relire les mêmes textes ne nous apportent plus, sans doute, les mêmes joies voire de l’exaltation, bien que nous puissions y trouver source de découverte et de plaisir. Seulement nous ne sommes plus dans l’attente du « grand soir » puisque nous avons fini par comprendre que ce fameux instant ne cesse de s’éloigner parce qu’il n’est pas clairement indiqué qu’il doit se dérouler à tel ou tel moment, si tant est qu’il doit bien advenir.

Ton texte me plonge dans une réflexion que j’ai de la peine à formuler à l’instant. Je reviendrai un peu plus tard.
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeDim 28 Fév 2016, 22:34

On pourrait paraphraser Qohéleth -- l'anti-eschatolog(ic)ien par excellence -- en disant qu'il y a un temps pour espérer et un temps pour désespérer; et que celui-ci n'est même pas pire que celui-là (cf. 7,10). (Le seul malheur, et encore très relatif, ce serait peut-être de s'obstiner à jouer l'un et l'autre à contretemps.)

C'est une bonne remarque que le souvenir de l'espérance, même déçue, n'est pas désagréable; d'autant qu'en a disparu l'angoisse d'en déchoir ou d'en manquer l'objet.

"J'adore le passé: c'est tellement plus reposant que le présent, et tellement plus sûr que l'avenir", dit le narrateur de La ronde, de Max Ophüls (et peut-être Maupassant, que celui-ci adapte).

Encore faut-il acquérir le goût d'un certain genre d'"éternité", celui de l'"accompli", du "parfait" au sens grammatical, de ce qui est fait et n'est pas à refaire, ni à défaire, si dérisoire que ce soit: "j'ai espéré", "j'ai rêvé" en font partie, tout comme "j'ai aimé".

---

A propos de rêve, on peut noter que Luc, en introduisant le thème du sommeil des disciples dans le récit de la Transfiguration (9,32), donne à toute la scène un caractère onirique qu'elle n'avait pas (en tout cas pas aussi explicitement) chez Marc, ni chez Matthieu.

---

Je ne dirais pas pour ma part que la "fin" s'éloigne, mais que celles qui s'approchent (nos diverses échéances individuelles et collectives) sont de plus en plus visiblement insignifiantes, sans aucun rapport avec un quelconque objet d'espérance (p. ex. un "grand soir" comme tu dis, lct, et cette formule d'origine politique a le grand mérite de rappeler que les attentes religieuses ne sont pas les seules ni les plus massives, en notre temps, à avoir été déçues). Mais si l'attente de la fin est toujours mal placée (il faut justement qu'une fin s'approche pour qu'on s'en aperçoive), ça n'empêche pas que ce qui a effectivement fait sens au cours de notre vie, y compris dans notre rapport à telle ou telle "fin", soit toujours susceptible de faire sens, quand on devrait désormais s'y rapporter au passé. Travail de mémoire et d(e ré-)interprétation plus encore que de "deuil".

---

Bien que "le jour de Yahvé" ne soit pas (encore) "la fin du monde", difficile de ne pas repenser à Amos 5,18ss (que la lecture du Coran m'a par ailleurs rappelé, car on y retrouve souvent quelque chose de semblable, quoique dans une perspective un peu différente: le Prophète reproche à ses ennemis de demander le jour du jugement comme preuve, ce qui ne semble pas être, ici, la question):
Quel malheur pour ceux qui désirent le jour de Yahvé !
Qu'attendez-vous du jour de Yahvé ?
Il ne sera pas lumière, mais ténèbres.
Il en sera comme d'un homme qui fuit pour échapper au lion
et qui rencontre l'ours;
il rentre chez lui, appuie sa main contre le mur
-- et le serpent le mord.
Le jour de Yahvé est-il lumière ? N'est-il pas plutôt ténèbres ?
N'est-il pas obscur, sans clarté ?
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeLun 29 Fév 2016, 21:11

"Attends donc qu'aujourd'hui soit changé en hier
Juste le temps d'une chrysalide à l'envers,
Tu sauras alors à quel point il était beau,
Et tu voudras alors l'avoir su bien plus tôt"

(Une oeuvre d'un jeune poète de 17 ou 18 ans --soyez indulgents--, écrite vers 1990, retrouvée dans un cahier à spirales au fond d'un vieux carton.)

Pas mieux pour ce soir, faute de temps, moi qui suis --au moins statistiquement-- au milieu de ma vie...
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeLun 29 Fév 2016, 22:27

J'avais en tête, en ouvrant ce sujet, l'étrange accord de deux incipit(s) célèbres:

Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura,
ché la diritta via era smarrita.


Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs...


Dante devait avoir 35 ans, Rimbaud 17...

Quant à moi, n'en parlons pas... Wink
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeLun 29 Fév 2016, 23:01

(Ma source d'inspiration pour ce poème fut nettement plus populo, ça fait partie de ces choses a priori insignifiantes dont je me souviens étrangement bien 25 ans plus tard : une réplique d'un personnage secondaire de la BD "Watchmen" --d'ailleurs toute entière construite sur le thème de la fin, maintenant que j'y repense-- qui déclare que le passé devient plus lumineux au fur et à mesure qu'il s'éloigne.)
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeMar 01 Mar 2016, 00:38

Je ne connais pas du tout cette série, mais je crois comprendre (sur Wikipedia) qu'elle aurait aussi pas mal joué de structures symétriques (palindromes, Rorschach, etc.; cf. mon "chiasme").

Ça me rappelle soudain (les voies de la mémoire sont impénétrables !) une très intéressante observation qu'une exégète (Claire Clivaz) avait faite il y a quelques années sur la structure de l'Evangile selon Marc: non seulement le récit culmine au milieu, avec la Transfiguration (ça, tout le monde le voit), mais encore l'annonce de la résurrection à la fin, en renvoyant les disciples en Galilée, renvoie en fait le lecteur-auditeur, non vers une suite (il n'y en a pas), mais au commencement même de l'évangile, relançant un nouveau cycle de lecture (rien de plus symétrique que le cercle).

L'idée que le passé devient plus lumineux à mesure qu'il s'éloigne me paraît par ailleurs très juste, surtout si on ne la prend pas (seulement) dans un sens "historico-critique" (le passé entouré d'un halo mystificateur qu'il faudrait dissiper, ou dont il faudrait le dégager pour accéder à la vérité du "fait" pur ou brut), mais (encore) positivement (d'une manière "systémique", "constructiviste" ou "holistique"): un "événement" ("historique" ou "physique" p. ex.) n'est pas plus dissociable de ses "suites" que de ses "causes" ou de ses "circonstances", proches ou lointaines, il n'est ce qu'il est qu'avec les unes et les autres. Et dès lors le "présent" est à bien des égards le plus mauvais moment pour l'apprécier (à l'encontre d'une certaine vision étroite de "l'instant", du hic et nunc et du carpe diem): il faut qu'il passe (ou que le temps passe) pour développer son potentiel de vérité et faire apparaître son caractère événementiel, inséparable de ses distorsions, déformations, etc. Cela revient à dire, à la limite, qu'il n'y a pas d'"événements", ou qu'il n'y en a jamais qu'un seul (de proche en proche, tout se tient), indescriptible globalement d'aucun point de vue parce qu'il ne sera jamais passé ni objectif pour personne: il n'y en a que des lectures partielles et locales, qui participent d'ailleurs à son "écriture" (ce qui n'enlève rien à l'intérêt relatif de la distance et du recul qui améliorent et détériorent à la fois la lisibilité).

Je repense (encore) à la fameuse boutade de Faulkner: The past is never dead; it's not even past. Et, en fouillant mes archives, je retombe sur ce texte que j'avais écrit pour notre ami Jacques, quand il avait perdu son épouse. Il s'y trouve un joli passage de Tagore qui m'était également revenu à l'esprit pour ce sujet-ci.
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeMar 01 Mar 2016, 15:26

(Étonnamment, il y a en effet un certain nombre de proximités entre ce "comics" et le(s) thème(s) de ce fil... J'avais complètement oublié la construction symétrique d'un des chapitres --lui-même situé vers le milieu du récit-- articulé en son milieu autour d'un personnage jusque là plutôt discret et dont on découvrira le rôle absolument... central. Il y a aussi une certaine réflexion "théologique" autour de 2 personnages contrastés, l'un qui est vraiment "Tout-puissant" mais parfaitement indifférent, l'autre étant simplement humain, sans "super-pouvoirs" (autre que sa mégalomanie...), mais qui veut "faire quelque chose", à tout prix...
Petite surprise : le scénario de "fin du monde", qui joue beaucoup sur le mot "Watch" --même en français, ça se devine facilement--, fait subrepticement apparaitre deux proclamateurs qui propose un numéro de... "The Watchtower", bien sûr !
En français, la série n'est jamais sortie sous la forme de comics à l'américaine, à ma connaissance. Elle était en 6 albums cartonnés "de mon temps", et se trouve aujourd'hui en 1 seul volume de 400 pages. Je t'avoue que je ne sais pas si tu trouverais le moindre intérêt à le lire, si tu tombais dessus en bibliothèque par exemple. Ça m'a énormément marqué à la fin de mon adolescence, car ça reprenait, pour les détourner complètement, les codes d'un "genre" que j'avais beaucoup lu dans mon enfance et au début de mon adolescence. Mais je ne sais pas si ça fonctionnerait encore si je devais découvrir la BD aujourd'hui.
Toujours est-il que le film qui en a été tiré est sans intérêt, ne faisant que "raconter l'histoire" à coup de gros effets spéciaux, sans avoir rien retenu de tout le travail narratif fouillé de la BD, qui en faisait tout l'intérêt.)
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeMar 01 Mar 2016, 18:04

@VANVDA: Je crois bien que j'ai vu ces volumes, je les ai peut-être même feuilletés, mais je ne m'y suis pas arrêté. En tout cas ce que tu en dis me semble aussi très pertinent au présent sujet.

La symétrie étant un concept spatial, optique, visuel et graphique, il n'est pas étonnant qu'elle échappe ordinairement au discours et à l'audition et s'y réinscrive (ou s'y révèle, car elle y est peut-être déjà toute, en vertu de l'itérabilité générale, comme dirait Derrida -- le caractère répétable et reproductible de toute "parole" et de toute "chose" qui produit des effets de pli, d'écho et de dédoublement en tout genre) surtout par l'écriture (exemplairement la BD, mais on peut retracer celle-ci jusqu'à la préhistoire en passant par les bas-reliefs de l'Antiquité et les retables et vitraux du moyen-âge; la mémoire même étant déjà un genre d'écriture qui allie texte et image) qui rend possibles le retour en arrière, la reprise et la réflexion (spéculaire et symétrique comme il se doit).

Le centre ou l'axe de symétrie (même s'il n'est pas géométrique, il y va toujours d'un certain centre ou axe de gravité) n'étant remarqué, dans un sens (de lecture), que lorsqu'il est (dé)passé, ou vers la fin, quand il n'y a plus de suite et qu'on ne peut plus que se retourner (se convertir) pour revenir (au moins mentalement) sur ses pas. Temps second de la ré-flexion (Nach-denken en allemand), de l'analyse ou de la contemplation (theoria en grec) qui dégage des formes (ou des "idées"). Me revient (à nouveau) la littéralité de la parole évangélique: Regardez (= faites attention à) ce que vous entendez.
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeMar 01 Mar 2016, 21:57

Cela me fait penser à ces fêtes que l'on prépare des semaines, voire des mois à l'avance, se réjouissant de la tête, de la joie des participants, de rencontrer des amis, des proches. Et puis le jour est arrivé tout se déroule à merveille et peut-être mieux que l'on avait pu l'imaginer, mais le temps passe plus vite que l'on ne le pense. La fête est terminée, on a des souvenirs pleins yeux, mais déjà des regrets dans la tête et un peu de mélancolie.

N'était-ce pas mieux lorsque l'on en était aux préparatifs en vue de la journée, de la fête prévue? Il y avait des complicités qui se sont créées, mais elles n'étaient pas assez solides pour durer au-delà de l'évènement festif, la préparation était le moteur, le liant de ces moments qui ont rapprochés ceux et celles qui ont tout préparé en vue du jour J.

Ce n'est que lorsqu'un évènement est passé qu'il nous reste des souvenirs, c'est une évidence pourtant nous semblons toujours découvrir cette réalité...
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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeMar 01 Mar 2016, 23:39

le chapelier toqué a écrit:
N'était-ce pas mieux...

Qohéleth te répondrait non (7,10, déjà cité, mais voir aussi les v. 1s et 8 ) ! Smile

C'est peut-être que de la phase préparatoire on a oublié toute l'angoisse de manquer le jour J d'une manière ou d'une autre (et ce ne sont pas les manières qui manquent); et quand encore on s'en souviendrait, on ne la ressentirait pas comme on l'éprouvait alors -- même si le jour J a été manqué, d'ailleurs !

Il est vrai que nous ne sommes pas égaux devant l'anxiété, comme devant tant d'autres choses... (Bienheureux les anxieux, car ils connaîtront l'insouciance ?)

Je me souviens de mon étonnement (voire de mon scepticisme), dans ma prime jeunesse jéhoviste, quand les vieux à qui nous parlions de vie éternelle et de rajeunissement de la façon la plus co naïve répondaient (ce n'était sans doute pas la majorité, mais c'était assez fréquent tout de même): Surtout pas ça !

---

Il resterait à rapprocher, ou à confronter -- fût-ce dans une opposition irréductible -- le sens de la répétition ou du rythme, de la symétrie ou du cycle et celui de "l'histoire" ou de "l'événement" (surtout au sens d'événement unique) qui non seulement est irréversible, mais, contrairement à ce qu'on répète, ne se répète jamais. Nos histoires et notre pensée ne cessent de plaquer du retour du même (jours, années, saisons, générations, etc.: autant de noms communs, autant de "choses" faussement identiques à répliquer) sur ce qui est à chaque fois différent, ne serait-ce que parce que c'est précisément la même histoire ou le même événement qui se poursuit.

Je ressors encore deux poèmes illustres: The Raven (Le corbeau), d'Edgar Allan Poe, où le volatile ponctue chaque chose de son imperturbable Nevermore (plus jamais), et Antonio Machado (Proverbios y cantares):
Caminante, son tus huellas
el camino, y nada más;
caminante, no hay camino:
se hace camino al andar.
Al andar se hace el camino,
y al volver la vista atrás
se ve la senda que nunca
se ha de volver a pisar.
Caminante, no hay camino,
sino estelas en la mar.

(Adaptation libre:
Voyageur, ton chemin
ce sont tes traces, et rien d'autre.
Voyageur, il n'y a pas de chemin,
c'est en marchant que tu fais le chemin.
En marchant tu fais le chemin
et en te retournant
tu contemples le sentier
que jamais plus tu ne fouleras.
Voyageur, il n'y a pas de chemin,
rien que sillage sur la mer.)

La "singularité" est à la limite du pensable: on en a l'intuition, on l'entrevoit ou l'aperçoit (de l'intérieur évidemment) dans un frisson de vérité, par une sorte d'extase ou de stupeur semblables à celles de la Transfiguration; mais elle ne nous est pas habitable, et de fait nous retournons vite au monde factice et clos des formes et des représentations familières, des répétitions, des symétries et des cycles, car au moins dans celui-ci les choses sont ce qu'elles sont et nous sommes quelqu'un ou quelque chose. Elle-même nous ne la pensons pas, sinon en la traînant sur une scène imaginaire, par quelque artifice "spéculatif" de traduction-trahison et de re-présentation. La révélation tautologique de Yahvé à Moïse (Exode 3, première référence de la Transfiguration) met aussitôt l'unique en forme de répétition, de symétrie et de boucle : 'ehyeh 'asher 'ehyeh. (L'Eternel, comme Moïse, bégaie.)

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Retour au point de départ (si je puis dire): le mot fin met en jeu une vaste et complexe polysémie (ou polyphonie) de "fins" en tout genre -- ma mort, certitude anticipée, mais non assimilable, et donc aussi fantasme; la mort des autres, ou vécue ou redoutée; les traditions religieuses de fin du monde et de jugement dernier; les discours scientifiques, médiatiques, politiques, historiques, sur les "fins" possibles de l'univers, du système solaire, de la Terre, de la biosphère, des espèces vivantes, de l'humanité, de telle ou telle civilisation, société ou régime; les fins heureuses ou malheureuses, tragiques ou comiques, exemplaires ou absurdes, sublimes ou sordides, d'expériences vécues et de récits reçus, "vrais" ou "fictifs"; les idées de conséquence, de but, d'objectif, de sens, d'accomplissement. Tout ça résonne (par "sympathie") avec le mot "fin", quel que soit le "sens" précis que l'on en touche au cas par cas. La "fin" est hyper-significative, même quand elle est insignifiante: chacune de ses significations renvoie à toutes les autres. On peut en jouer, en la déplaçant, mais pas la dépasser: une fin passée anticipe et annonce des fins à venir, une fin future rappelle des fins passées; autant de fin(s) qu'on ait derrière soi, on en aura toujours devant soi (cette phrase fonctionnerait, mais en sens contraire, avec l'orientation spatio-temporelle de l'hébreu: devant = avant, derrière = après).
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cabri

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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeSam 30 Avr 2016, 22:09

Notre croyance qu'il y aurait un début et une fin, qu'il faudrait que tout commence et puis finisse.
La vie commencerait lors de la fécondation et se terminerait à la mort.
Notre monde aurait commencé lorsque Dieu le créa et se terminera lorsqu'il le détruira.
Les économistes pensent en terme de « long terme » terme auquel les choses devaient trouver leur équilibre. « But this long run is a misleading guide to current affairs. In the long run we are all dead » écrivait John Maynard Keynes.
Ma vie à moi elle commence quand ? Quand commence ma mémoire (vers 4, 5 ans) et se terminera quand ma mémoire se terminera (le plus tard possible..... mais trop tard quand même).
Et son milieu dans tout cela ?
Et pendant ce temps là le temps passe.
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le chapelier toqué

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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeDim 01 Mai 2016, 10:52

Vivons-nous dans le présent, l'instant présent?

Beaucoup de personnes, semble-t-il, sont obsédées par le futur qu'il soit relativement proche ou lointain; à cause de cela elles en oublient le moment qu'elles vivent présentement, ou bien elles ressassent le passé en se disant qu'elles sont passées à côté de bonnes et belles choses. Nous connaissons tous de tels moments c'est naturel, ce qui est dangereux par contre c'est de vivre dans un passé dépassé sur lequel nous ne pouvons plus rien changer, si tant est que nous avions la possibilité de faire quoi que ce soit, ou de se projeter dans un avenir dont nous ne possédons pas, loin s'en faut, toutes les cartes et dont il est bien difficile de prédire la marche exacte.

Le présent est là avec ses joies et ses peines sachons l'accueillir avec humilité et bonheur...
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VANVDA




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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeLun 02 Mai 2016, 14:07

cabri a écrit:
.
Ma vie à moi elle commence quand ?  Quand commence ma mémoire (vers 4, 5 ans)

Tu veux dire : "quand commence ma mémoire de moi-même" puisque ta vie et ta mémoire elle-même a évidemment commencé bien avant tes 4 ou 5 ans. (À moins que l'on soit de ceux que le meurtre d'enfants avant leur 3 ou 4 ans ne choque pas... Smile )

J’ai un enfant de 22 mois qui connait par cœur « Le corbeau et le renard », et comme tous ceux qui sont passés par cette expérience de voir évoluer au quotidien un bébé, sa mémoire me stupéfait ( je suis un peu gaga, évidemment, comme tout père, mais je garde assez de bon sens pour savoir que c'est l’humanité en lui qui me stupéfait, c-à-d, ici, nos capacités cognitives). Il ne se souviendra de rien de son quotidien de gamin de 2 ans, mais il est probable qu’il se rappellera toujours « Le corbeau et le renard », sans se souvenir de l’avoir jamais appris. Il en va évidemment de même pour tout le monde : une immense partie des choses que l'on sait, et dont on se souvient, on les doit à ce dont on ne se souvient pas.

Sans vouloir verser dans les lieux communs freudisants, il me semble évident que nous sommes faits de composantes innombrables, et que celles dont nous sommes conscients, comme la mémoire de sa propre histoire, sont les moins nombreuses.
Mais malgré ça, je comprends parfaitement ce que tu dis là, comme tout le monde j'imagine.

J’ai l’impression qu’au-delà de toute considération rationnelle, il s’impose un peu à nous que notre vie, c'est surtout l’histoire que l’on (s')en raconte.
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cabri

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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeLun 02 Mai 2016, 14:52

Bonjour vanda,

Je voulais dire : "Quand commence ma mémoire (de moi même) aujourd'hui.".
Le jour où je perdrai la mémoire ce sera un nouveau début ou la fin ?
Comme disait le chapelier "Le présent est là avec ses joies et ses peines sachons l'accueillir avec humilité et bonheur..."
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Narkissos

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MessageSujet: Re: de la fin au milieu   de la fin au milieu Icon_minitimeLun 02 Mai 2016, 17:45

(En passant...)

Jabès écrit quelque part (et à peu près) que tout ce qui respire a l'âge de l'air...  on pourrait ajouter, à l'infini: qui parle a l'âge de sa langue; et celui, beaucoup plus ancien, du langage ou des langues d'où dérive sa langue; et ceux, plus ou moins récents, des textes et des idées qu'il récite, en sachant ou non qu'il récite; etc. Quel est l'âge de "son" rire, de "son" sourire ou de "ses" larmes, de quand, d'où et par quels chemins lui viennent-ils ? Tant de généalogies et de temporalités différantes pour un soi-disant individu.

(En repassant...)

On pourrait dire que "l'oubli", ou "l'inconscient", nous sont infiniment plus "propres" ou "proches" (le "propre" étant étymologiquement "le plus proche") que toute "mémoire" ou toute "conscience" -- si cela, "l'oubli" ou "l'inconscient", n'était précisément l'inappropriable, ce que nous ne pouvons en aucune façon dire nôtre, quand même il nous constitue bien plus sûrement que tout le reste (mémoire, conscience).

"A la mémoire des amnésiques tombés dans l'oubli", souvenir d'Achille Talon et (donc) citation de Greg... Smile

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Un mois plus tard, je m'aperçois que cela même que j'ai essayé de dire ou de montrer ici, j'ai encore essayé de le dire ailleurs avec un tout autre mot, celui de présence -- et tout autant d'insuccès. C'est sans doute le lot de ceux qui n'ont qu'une chose à dire, qu'elle puisse se dire de mille manières et reste rigoureusement indicible (je repense à l'Undr et à l'Aleph de Borges).
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