Cette approche médicale me paraît... symptomatique, du problème du pharmakon (ambivalence remède/poison) que j'ai souvent évoqué (et plus souvent encore au sujet du christianisme que du bouddhisme).
Il y a certainement des situations et des moments où des émotions fortes (inquiétude ou angoisse ici, colère dans l'autre fil) deviennent intolérables et mortifères et où il faut les apaiser d'une manière ou d'une autre (pharmaceutique, sociale, mentale; à la limite, la mort finit toujours par les "apaiser").
Mais ça n'empêche pas qu'elles aient aussi une fonction vitale (psychologique, sociale, etc.). Sans les ressorts émotionnels de la peur et de l'agressivité, par exemple, il n'y a pas non plus de "vie" qui tienne.
D'où, à mon sens, la nécessité de la contradiction et de la pluralité des discours; et la supériorité sur toute "idée" ou "doctrine" cohérente d'un texte et a fortiori d'un corpus qui finit toujours par être idéologiquement ou doctrinalement contradictoire (exemplairement "la Bible": il faut craindre et ne pas craindre, s'inquiéter et ne pas craindre, être et ne pas être en colère...). Utilement contradictoire, car chacun peut y entendre ce dont il a besoin quand il en a besoin.
Mais cela place le lecteur (ou l'auditeur) devant un autre genre de décision et de responsabilité: il s'agit d'écouter et de prendre au sérieux, quand on en a effectivement besoin et qu'elle s'impose en l'occurrence, une "parole" dont on sait pertinemment qu'on pourrait aussi la "relativiser" ou la neutraliser par mille exemples contraires.