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| antijudaïsmes, antisémitismes | |
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free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 11:30 | |
| - Citation :
- En ce sens un Etat palestinien serait forcément vassal: sinon d'Israël et des Etats-Unis (ce qui concrètement ne changerait presque rien par rapport au statut actuel de l'Autorité palestinienne "autonome" en théorie), de l'Iran et de la Russie par exemple, ce qui serait évidemment inacceptable pour Israël et les Etats-Unis, du moins dans l'état présent des relations internationales. La médiation de l'Arabie saoudite pourrait offrir une solution de façade, mais ça la mettrait dans une position encore plus inconfortable si possible (ennemi déclaré d'Israël et vassal comme Israël des Etats-Unis, ce n'est pas une sinécure); cela dit, comme ce n'est pas une démocratie (litote), c'est aussi un pays sur lequel l'opinion publique, intérieure et étrangère, a moins de prise.
Je pense que les palestiniens n'accepteront JAMAIS cette vassalité et je peux les comprendre, même si le rapport de force n'est pas leur faveur. Les palestiniens se sentent dans la même situation que les "noirs" d'Afrique du sud au moment de l'apartheid et ils espèrent (d'une manière illusoire peut-être), une même issue. (Pour la première fois, une agence des Nations unies a directement accusé Israël d'imposer "un régime d'apartheid" au peuple palestinien. Sous la pression d'Israël et des Etats-Unis, le Secrétaire général de l'ONU s'est dissocié de ce document. Après plusieurs jours de polémique, la Secrétaire générale adjointe des Nations unies, Rima Khalaf, qui l'avait mis en ligne, a démissionné." Israël a mis en place un régime d'apartheid qui institutionnalise de façon systématique l'oppression raciale et la domination du peuple palestinien dans sa totalité". http://information.tv5monde.com/info/palestine-un-rapport-accusant-israel-d-apartheid-etouffe-159916) Un terrorisme d'état persistant, engendre et engendrera un terrorisme de désespoir, qui est et sera interprété par les médias comme un terrorisme inacceptable, alors que le terrorisme d'état, d'Israël, légitimé, comme son droit de se défendre. On ne sortira pas de cette spirale. - Citation :
- Le droit international et les relations bilatérales garantissent normalement une libre communication entre les Etats et leurs ressortissants à l'étranger, et par extension avec les communautés plus larges dont ceux-ci font partie (cf., à titre d'exception qui confirme la règle, la dernière élection présidentielle turque en France et en Allemagne: un contexte de tension entre l'U.E. et la Turquie rendait problématique ce qui normalement ne l'était pas). Rien n'empêcherait un consulat algérien d'organiser des campagnes de recrutement pour l'armée algérienne sur le sol français avec le concours d'associations algériennes, p. ex.; mais un conflit ou une détérioration des relations diplomatiques entre l'Algérie et la France affecteraient nécessairement ce genre d'"hospitalité" inter-étatique.
J'imagine le buzz et le scandale médiatique sans précédent que provoquerait la présence d'un général de l'armée algérienne sur le territoire français, dans une mosquée, entrain d'enrôler des citoyens français (de surcroit «non-souchiens») dans l'armée algérienne, en guerre. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 12:46 | |
| Dire "les Palestiniens" (p. ex.) c'est se tenir dans la logique de l'identité collective -- l'ethnos, avec à l'horizon le concept d'Etat et de souveraineté "indivisible". Au plan du dogme ou de l'idée irréfutable, peu importe combien de fois il est réfuté.
Si "les Palestiniens" (= l'Autorité palestinienne) sont intransigeants, alors tous les Palestiniens qui voudront transiger seront des traîtres; peut-être encore des Palestiniens mais plus "les Palestiniens"; si au contraire "les Palestiniens" (idem) transigent, alors ceux qui ne veulent pas transiger ne seront plus "les Palestiniens" mais des "extrémistes" et probablement des "terroristes"; pour "les Palestiniens" comme pour Israël, les Etats-Unis, la Russie ou n'importe qui.
Tous les "peuples" du monde, au fond, sont les acteurs et les victimes, et en grande partie le produit, du même type de contrainte dont le nom de "terrorisme" exprime la nature profonde. La "solidarité" est aussi une "prise d'otages" interne à chaque "camp" -- un rapport de force intra-national (ou intra-ethnique) corollaire du rapport de force inter-national (ou inter-ethnique).
Au plan international (au sens ordinaire), je lisais ce week-end un article de Slate (que je n'ai pas marqué) montrant à quel point l'Arabie saoudite, notamment, a déjà lâché "les Palestiniens" -- en dépit des protestations officielles de plus en plus faibles. Ça m'a rappelé ce que nous disions de l'organisation et de la réorganisation constante des "vassalités" (toutes officieuses évidemment, mais effectives) qui suivent nécessairement l'évolution des rapports de force, de conflit armé en négociation. De fait, les vassaux des Etats-Unis ne peuvent pas être des ennemis d'Israël, ni de vrais soutiens des ennemis d'Israël, c'est une évidence avec laquelle tout le monde doit compter, quoi qu'il en soit des déclarations officielles dont seuls peuvent être dupes ceux qui n'ont rien compris au jeu.
Quant au recrutement militaire, le problème juridique des (doubles) nationalités est beaucoup plus complexe que ce que les médias en laissent paraître en attirant au coup par coup l'attention sur tel "événement" plutôt que tel autre. En fait, de nombreux citoyens étrangers résidant en France ou également détenteurs de la nationalité française ont des obligations militaires dans leur pays d'origine: p. ex., ils ne peuvent pas y retourner -- pour s'y installer, ou parfois même en vacances -- sans satisfaire à ces obligations; ce qui veut dire, concrètement: faire son service militaire, quelquefois l'éviter par une compensation financière. Tout cela est réglé au cas par cas par les législations nationales et les accords bilatéraux. Mais comme le grand public n'en sait rien il est extrêmement facile de faire passer telle ou telle situation, au hasard du "coup de projecteur" médiatique, pour un "scandale". (Voir p. ex. ici.) |
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 13:27 | |
| - Citation :
- Quant au recrutement militaire, le problème juridique des (doubles) nationalités est beaucoup plus complexe que ce que les médias en laissent paraître en attirant au coup par coup l'attention sur tel "événement" plutôt que tel autre. En fait, de nombreux citoyens étrangers résidant en France ou également détenteurs de la nationalité française ont des obligations militaires dans leur pays d'origine: p. ex., ils ne peuvent pas y retourner -- pour s'y installer, ou parfois même en vacances -- sans satisfaire à ces obligations; ce qui veut dire, concrètement: faire son service militaire, quelquefois l'éviter par une compensation financière. Tout cela est réglé au cas par cas par les législations nationales et les accords bilatéraux. Mais comme le grand public n'en sait rien il est extrêmement facile de faire passer telle ou telle situation, au hasard du "coup de projecteur" médiatique, pour un "scandale".
Il me semble qu'aucun pays du Maghreb, n'impose comme obligation, de faire son service militaire, en cas d'installation. Par exemple concernant, la Tunisie, je connais un binational qui s'est installé dans ce pays et personne ne lui a imposé l'obligation de faire son service militaire. Même si c'était le cas, il n'est pas question, de pratiquer une propagande intensive de recrutement sur le territoire français, par une armée étrangère. En France, l'enrôlement par Tsahal de citoyens français est un sujet tabou et pratiquement, personne ne considère que ce phénomène (ignoré par la majorité des français) est un "scandale". La quasi totalité des français ignorent que des citoyens français partent en camp de vacance, en Israël, pour entretenir le matériel militaire de Tsahal. Je considère, que quelque soit le pays concerné, il est anormal d'appartenir à 2 armées différentes et inacceptable qu'une armée étrangère exerce un travail intensif de propagande sur le territoire français, pour recruter des soldats, pour une guerre qui ne concerne pas la France. Je le répète quelque soit le pays concerné. Le recrutement de jeunes par Tsahal se fait depuis de nombreuses années, sans entrave, cette activité serait impossible et condamnée, si elle était effectuée par un pays maghrébin. Quelle autre armée nationale fait ça, en France ? Quelle position ces individus auraient si la France entrait en conflit avec Israël ? - Citation :
- Au plan international (au sens ordinaire), je lisais ce week-end un article de Slate (que je n'ai pas marqué) montrant à quel point l'Arabie saoudite, notamment, a déjà lâché "les Palestiniens" -- en dépit des protestations officielles de plus en plus faibles. Ça m'a rappelé ce que nous disions de l'organisation et de la réorganisation constante des "vassalités" (toutes officieuses évidemment, mais effectives) qui suivent nécessairement l'évolution des rapports de force, de conflit armé en négociation. De fait, les vassaux des Etats-Unis ne peuvent pas être des ennemis d'Israël, ni de vrais soutiens des ennemis d'Israël, c'est une évidence avec laquelle tout le monde doit compter, quoi qu'il en soit des déclarations officielles dont seuls peuvent être dupes ceux qui n'ont rien compris au jeu.
L'Arabie saoudite élabore une stratégie qui fait de son opposition à l'Iran, la clé de voute de sa politique étrangère et sous ce rapport, elle besoin des USA et d'Israël. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 13:50 | |
| Moi aussi "je connais des gens" (iraniens p. ex.) avec une tout autre expérience. Mais si l'on voulait parler d'un tel sujet avec un minimum de pertinence il faudrait tôt ou tard sortir du champ des connaissances et des impressions personnelles et se reporter aux textes juridiques, qui sont plus compliqués (le cadre législatif de la double nationalité date des années 1950-60, et bien sûr il n'a cessé d'évoluer depuis). Voir encore ici. Outre la situation des résidents non naturalisés qui sont bien plus nombreux. Quant à l'éventuelle "propagande", il faudrait une enquête dans l'ensemble des consulats et des associations qui gravitent autour pour en avoir une claire vision. En attendant, on peut toujours s'indigner de ce qu'on croit savoir en ignorant ce qu'on ignore, mais ça reste d'un intérêt limité...
Dans ce "sujet" (antijudaïsmes, antisémitismes), "Israël" est naturellement au centre de la scène, quoique "l'Etat d'Israël" n'en constitue qu'une petite partie (70/2500 ans d'histoire, en gros). Mais puisqu'on en parle aussi, il faut être bien conscient des enjeux et des règles du jeu sur ce terrain délicat: la propagande "antisioniste" ou "antisémite" (que pour ma part je n'assimile pas, ayant aussi peu de sympathie pour le sionisme que pour l'antisémitisme, mais sur ce sujet-là elles se retrouvent forcément) use des comparaisons comme du bluff au poker -- ça marche tant qu'on ne demande pas à voir (showdown, call your bluff): quand il faut abattre les cartes, on n'a que ce qu'on a; et la comparaison qui paraît convaincante à première vue (que dirait-on si l'Algérie, la Turquie, l'Iran faisaient comme Israël) se dégonfle s'il apparaît qu'elle est, de fait, simplement comparable (il y a du plus ou du moins, mais non du tout ou rien). En ce qui concerne la France, qui a une politique nettement plus "équilibrée" que les Etats-Unis, la différence de traitement d'Israël et des pays arabes et/ou musulmans me paraît a minima moins flagrante que dans beaucoup d'autres pays.
Dernière édition par Narkissos le Lun 18 Déc 2017, 15:18, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 14:53 | |
| - Citation :
- Outre la situation des résidents non naturalisés qui sont bien plus nombreux. Quant à l'éventuelle "propagande", il faudrait une enquête dans l'ensemble des consulats et des associations qui gravitent autour pour en avoir une claire vision. En attendant, on peut toujours s'indigner de ce qu'on croit savoir en ignorant ce qu'on ignore, mais ça reste d'un intérêt limité...
Par principe (par delà ce que je crois connaitre et ce que j'ignore) et quelque soit le pays concerné, je considère, qu'il est anormal d'appartenir à 2 armées différentes et inacceptable qu'une armée étrangère exerce un travail intensif de propagande sur le territoire français, pour recruter des soldats, pour une guerre qui ne concerne pas la France. Des questions demeurent sans réponses : Quelle autre armée nationale fait ça, en France (il existe-t-il en France un autre exemple, d'une armée étrangère qui recruterait des citoyens français, sans se cacher) ? Quelle position ces individus recrutés auraient si la France entrait en conflit avec Israël ? La France permettrait-elle à un responsables du Fatah de recruter dans les mosquée (ce que je condamnerait sans équivoque) ? Faire un don à l'armée israélienne permettrait aux Français d'obtenir une réduction d'impôts... La sénatrice UDI-UC Nathalie Goulet a reçu des menaces de mort après s'être étonnée de cette possibilité offerte aux contribuables français qui font un don à l'armée israélienne, Tsahal, de bénéficier d'une réduction d'impôts de 60%, a-t-elle annoncé vendredi.Des dons directs à Tsahal ne permettraient pas une réduction d'impôts. Ce sont plutôt des dons à des associations qui serviraient à financer des équipements individuels et de la nourriture pour les jeunes qui font leur service militaire, qui permettraient cette réduction fiscale.http://www.leparisien.fr/politique/la-senatrice-s-etonne-d-une-niche-fiscale-en-faveur-de-tsahal-elle-est-menacee-de-mort-25-03-2016-5660343.php |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 15:39 | |
| J'ai rajouté un paragraphe à mon post précédent avant de lire le tien, mais il l'anticipe en partie.
Je te suggère de rapporter tes considérations aux textes (p. ex. la Convention de Strasbourg de 1963) et à la pratique réelle: en l'occurrence, c'est la règle que les ressortissants étrangers fassent leur service militaire dans leur pays et que les binationaux le fassent dans le pays de leur choix, tant qu'il n'y a pas conflit entre les deux nations concernées (et la France n'est pas plus en guerre avec Israël qu'avec l'Algérie).
Concernant les réductions fiscales dont bénéficient les dons aux associations, là encore toutes les associations internationales (p. ex. franco-algériennes) en bénéficient au même titre, quels que soient leurs rapports avec un autre Etat. (Y compris les associations religieuses avec des liens internationaux comme les TdJ, mais c'est un autre sujet.) |
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 16:28 | |
| - Citation :
- Je te suggère de rapporter tes considérations aux textes (p. ex. la Convention de Strasbourg de 1963) et à la pratique réelle: en l'occurrence, c'est la règle que les ressortissants étrangers fassent leur service militaire dans leur pays et que les binationaux le fassent dans le pays de leur choix, tant qu'il n'y a pas conflit entre les deux nations concernées (et la France n'est pas plus en guerre avec Israël qu'avec l'Algérie).
Nous ne parlons pas de la même chose. Que des binationaux puissent faire le service militaire dans le pays de leur choix, ne me pose un véritable problème (je considère néanmoins, à l'instar de Bruno Etienne, professeur à Sciences-Po Aix, que l'armée est la preuve suprême de leur attachement à la France). Ce qui me gêne c'est la possibilité à une armée étrangère d'exercer un travail intensif de propagande sur le territoire français, pour recruter des soldats, pour une guerre qui ne concerne pas la France. A ma connaissance (mais ça reste à vérifier), aucune autre armée ne procédé de la sorte. Je pense que d'ailleurs cela provoquerait un tollé général. Encore une fois, est-il concevable (en pratique), qu'en France un général de l'armée algérienne fasse de la propagande militaire dans une mosquée ? La France a signé quatorze conventions bilatérales avec des pays d'émigration. Dans la plupart des cas, c'est le lieu de résidence qui détermine le choix de l'appelé. Sauf pour l'Algérie ou Israël. Or 99% des Franco-Algériens préfèrent la Journée d'appel de préparation à la défense (JAPD) et que le fait de faire le service militaire en Algérie.(http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2006/07/07/01006-20060707ARTMAG90378-service_militaire_le_choix_des_binationaux.php) Service militaire ou recrutement de mercenaires ?Bien sûr, pour ces engagés volontaires il s'agit d'un service militaire. Comme beaucoup de résidents en France qui ont la nationalité d'un pays étranger dans lequel il y a le service militaire, ils répondent à cet obligation nationale. Sauf que dans le cas de ces jeunes, il ne s'agit en rien d'une obligation nationale, la plupart d'entre eux n'ayant pas la nationalité israélienne. Il s'agit donc d'un engagement volontaire dans une armée étrangère, afin de nourrir ses désirs d'expansion et de colonisation, sur le seul principe du partage de la religion majoritaire de cet État, et, peut être, de quelques cousins très éloignés. Être israélien c'est avant tout être juif. Ce principe explique la politique raciste d’Israël et, notamment, l'apartheid qui existe contre les palestiniens, dont certains possèdent pourtant la nationalité israélienne. Il explique aussi qu’Israël reconnaisse tous les juifs du monde comme faisant partie de la communauté dont l’État hébreux serait le centre naturel, et la terre à défendre à tout prix. Une vision raciste du principe théologique de peuple élu, qui va à l'encontre de nos principes républicains. https://blogs.mediapart.fr/johann-elbory/blog/200714/le-scandale-des-francais-engages-dans-larmee-israelienne Narkissos, ma position n'est pas figée et demande a évoluer. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 17:13 | |
| Comme tu dis: ça reste à vérifier, et tant qu'on ne l'a pas fait on en reste aux préjugés. Aux tiens je ne peux qu'opposer les miens, n'ayant pas l'intention de courir les consulats et les associations pour m'enquérir de cette question qui m'intéresse somme toute assez peu: ça ne m'étonnerait pas, et ça ne me choquerait pas davantage, que beaucoup d'Etats incitent, sur le sol français, leurs ressortissants à s'intéresser au développement de leur pays, y compris par le service militaire. Dans la mesure où les binationaux au moins ont théoriquement le choix, ça me paraît assez logique que l'information (ou propagande) soit possible dans les deux sens -- d'autant que la situation actuelle rend la concurrence déloyale: pour choisir un an ou plus de service militaire à l'étranger plutôt qu'une journée de baratin dans une caserne française, il faut être sacrément motivé...
Au-delà des sujets plus ou moins sérieux dont on parle, je crois que ce sont plutôt les postures morales (du genre Mediapart, p. ex.) qui m'horripilent: tollé, indignation, scandale, quel tartuffe doit être quiconque a tant soit peu conscience du fonctionnement réel du monde pour employer ces mots-là. Surtout pour feindre un patriotisme républicano-français pour lequel on n'a au fond aucune sympathie (mais bien sûr je ne fais là qu'extrapoler mon propre sentiment: je n'ai jamais rien compris au patriotisme de gauche). Que ça puisse être de bonne guerre, je le conçois, mais je ne suis plus "bon public" pour cette comédie-là. |
| | | free
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 17:47 | |
| - Citation :
- Comme tu dis: ça reste à vérifier, et tant qu'on ne l'a pas fait on en reste aux préjugés. Aux tiens je ne peux qu'opposer les miens, n'ayant pas l'intention de courir les consulats et les associations pour m'enquérir de cette question qui m'intéresse somme toute assez peu: ça ne m'étonnerait pas, et ça ne me choquerait pas davantage, que beaucoup d'Etats incitent, sur le sol français, leurs ressortissants à s'intéresser au développement de leur pays, y compris par le service militaire.
Dans le climat actuel, je suis persuadé d'une chose, c'est du tollé général que provoquerait la présence d'un officier algérien en France dans une mosquée pour recruter des soldats et notamment, si l'Algérie était en guerre. Les premiers a réagir négativement et indignés, seraient les mêmes qui soutiennent Israël et son armée. C'est le deux poids, deux mesures qui est peut-être le plus révoltants dans cette affaires. La convention du 30 juin 1959 entre la France et Israël relative au service militaire des double nationaux règle les conditions dans lesquelles les franco-israéliens doivent accomplir les obligations de service militaire auxquelles ils sont soumis en France et en Israël. L'objet de ce texte est d'éviter aux personnes concernées d'avoir à satisfaire aux obligations de service militaire des deux États. Depuis l'entrée en vigueur de la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 portant réforme du service national, les autorités israéliennes ont reconnu la journée d'appel et de préparation à la défense (JAPD) comme service équivalent. En conséquence, les jeunes gens résidant de manière permanente en France au sens de ladite convention et qui ont effectué la JAPD sont reconnus en règle vis-à-vis d'Israël. Cependant, les dispositions prévues par les articles 5, paragraphe 2, et 7 de la convention prévoient la possibilité pour le double national d'être mobilisé par l'un ou l'autre État dans certaines situations spécifiques. Le paragraphe 2 de l'article 5 de la convention stipule en effet qu'un double national qui décide d'établir sa résidence permanente ou séjourne d'une façon habituelle pendant deux années au moins sur le territoire de l'un des deux États contractants est soumis aux obligations militaires de sa classe de mobilisation. L'article 7 prévoit pour sa part que, en cas de mobilisation partielle ou totale dans un seul des deux États, l'État considéré pourra appeler sous les drapeaux tous les doubles nationaux visés par la présente convention, quels que soient le lieu de leur résidence et les forces armées dans lesquelles ils ont accompli leurs obligations légales d'activité. Le cas de Gilad Shalit entre dans le cadre de l'application de l'article 2 (1°) qui prévoit que les double nationaux sont tenus d'accomplir leur service militaire actif dans l'État où ils ont leur résidence permanente à l'âge de dix-huit ans. http://questions.assemblee-nationale.fr/q13/13-4632QE.htm |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Lun 18 Déc 2017, 20:17 | |
| Le "scandale" sur le site officiel de toutes les préfectures françaises, au hasard -- ou sur celui du consulat général d'Algérie. Tout ce qu'il y a de plus légal, et à quoi il n'est donc nullement interdit de faire autant de publicité qu'on voudra, mais il suffirait en effet que la fachosphère puis les médias mainstream s'en emparent sous le "bon" angle et le montent en épingle pour en faire aussitôt un "scandale".
La discrimination en la matière n'est ni juridique ni diplomatique: elle est dans le jeu cyclique (en boucle) de l'opinion et des médias qui ne se laisse pas codifier ni réguler aussi facilement. Il se trouve qu'une islamophobie fourre-tout affecte aujourd'hui une part beaucoup plus importante de l'opinion française (et européenne en général) que l'antisémitisme et l'antisionisme (réunis ou séparés); certains politiques et médias en jouent de façon cynique et opportuniste, mais tout le monde doit compter avec.
Pour mettre les points sur les i, je considère pour ma part que le "mal" prépondérant, sinon unique, de cette affaire consiste dans le "nationalisme" qui a éliminé toutes les autres composantes idéologiques (socialistes) du "sionisme" et de la "cause palestinienne"; malheur aussi du judaïsme et de l'islam, et d'un certain christianisme (évangélico-fondamentaliste) qui y perdent leur dimension "spirituelle" ou "éthique": ce qui avait permis à une grande diversité de juifs, de chrétiens et de musulmans de vivre ensemble au Proche- et Moyen-Orient pendant des siècles sous divers empires, sans se soucier d'avoir chacun son "Etat-nation" est aujourd'hui un moteur de destruction sans fin. Et ce "mal"-là vient bel et bien de l'Europe moderne, depuis le XIXe siècle: une Europe qui a fini par en prendre assez conscience au XXe siècle, avec ses deux guerres mondiales mais surtout européennes et nationalistes, pour essayer de le dépasser (par l'Union européenne) sans pour autant y parvenir. |
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Mar 19 Déc 2017, 11:35 | |
| - Citation :
- Le "scandale" sur le site officiel de toutes les préfectures françaises, au hasard -- ou sur celui du consulat général d'Algérie. Tout ce qu'il y a de plus légal, et à quoi il n'est donc nullement interdit de faire autant de publicité qu'on voudra, mais il suffirait en effet que la fachosphère puis les médias mainstream s'en emparent sous le "bon" angle et le montent en épingle pour en faire aussitôt un "scandale".
Je ne désire pas trop m'étendre sur le sujet, ou nous opposons nos différentes approches, je fais une différence entre un site d'un consulat qui fournit une information utile et la présence d'un officier de Tsahal sur le territoire français, dans une synagogue française et qui recrute des citoyens français pour aller faire la guerre, à un peuple, qui n'est pas l'ennemi de la France. Je comprends encore moins, que de jeunes français partent en camp en Israël pour aller entretenir le matériel militaire de l'armée Israélienne. Ceci étant, merci de m'avoir offert une optique différente de cette question, cela m'aidera à nuancer davantage mon propos. - Citation :
- Pour mettre les points sur les i, je considère pour ma part que le "mal" prépondérant, sinon unique, de cette affaire consiste dans le "nationalisme" qui a éliminé toutes les autres composantes idéologiques (socialistes) du "sionisme" et de la "cause palestinienne"; malheur aussi du judaïsme et de l'islam, et d'un certain christianisme (évangélico-fondamentaliste) qui y perdent leur dimension "spirituelle" ou "éthique": ce qui avait permis à une grande diversité de juifs, de chrétiens et de musulmans de vivre ensemble au Proche- et Moyen-Orient pendant des siècles sous divers empires, sans se soucier d'avoir chacun son "Etat-nation" est aujourd'hui un moteur de destruction sans fin. Et ce "mal"-là vient bel et bien de l'Europe moderne, depuis le XIXe siècle: une Europe qui a fini par en prendre assez conscience au XXe siècle, avec ses deux guerres mondiales mais surtout européennes et nationalistes, pour essayer de le dépasser (par l'Union européenne) sans pour autant y parvenir.
Je partage ton analyse, toujours aussi pertinente. Aujourd'hui, il me semble illusoire, d'espérer une solution à 2 Etats, la colonisation régulière du territoire palestinien et le rachat maison par maison de Jérusalem-est par des israéliens ont sonné le glas de cette possibilité, qui restera uniquement théorique, les forces en présences trop déséquilibrées. On aurait pu, imaginer un Etat d'Israël qui appartienne à ses citoyens, juifs et arabes, or l'Etat israélien est un Etat pour les Juifs, ce qui transforme les arabes de nationalité israélienne, en citoyen de seconde zone. En Israël, la mention 'Juif' n'est pas une religion, c'est une nationalité qui apparaît avec une majuscule sur la carte d'identité. On est dans une impasse. Rêvons un peu, dans de très longues années, peut-être, Palestiniens et Israéliens se fondront en seul Etat dont l’identité nationale se sera dissoute au fil du temps. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Mar 19 Déc 2017, 12:38 | |
| A long terme, c'est la démographie qui l'emporte sur tous les autres paramètres. D'où la fameuse phrase de De Gaulle sur la "France blanche et chrétienne", que Morano avait citée sottement: l'enjeu de la décolonisation, du point de vue franco-français, c'était à long terme "l'identité" de la France, parce qu'une "Françalgérie" ne pouvait devenir que majoritairement arabe et musulmane. Sous la guerre du sang et des morts il y a une guerre du sperme et des naissances: cette guerre-là était perdue d'avance pour les Blancs en Afrique du Sud, elle ne l'est peut-être pas encore pour les Israéliens-juifs en Israël-Palestine mais elle n'est pas forcément gagnable non plus. D'un point de vue israélien supposé cynique mais intelligent, il y aurait urgence à ce qu'il y ait effectivement "deux Etats" aussi indépendants et hermétiques que possible, car la "purification/réduction ethnique" nécessaire à la survie d'Israël comme "Etat juif" peut à la rigueur fonctionner sur un "petit Israël" mais non sur un "grand Israël" -- et là le mythe "biblique" (du royaume de David-Salomon) joue à contresens de l'intérêt politique du néo-sionisme (désormais à la fois ethnique, nationaliste et religieux).
Autrement, en effet, il n'y a guère de solution que de type libanais: un royaume "chrétien" artificiel à la base, devenu naturellement inter-religieux et inter-ethnique, de guerres en négociations et en coalitions plus ou moins fragiles entre les "communautés", et à la merci du jeu des puissances extérieures. C'est de toute façon un modèle très éloigné de l'Etat de droit démocratique et laïque tel qu'on l'entend surtout en France -- qui ne veut voir que des "citoyens" sans "communauté". |
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| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Mer 20 Déc 2017, 11:18 | |
| - Citation :
- A long terme, c'est la démographie qui l'emporte sur tous les autres paramètres.
Les Palestiniennes font 4,4 enfants en moyenne ; les Israéliennes seulement 3,3. A ce rythme, la minorité arabe est en passe de rattraper la majorité juive en Israël et dans les territoires occupés. Dans ce contexte, comment Israël peut-il survivre en tant qu’Etat à la fois juif et démocratique, selon ses principes fondateurs ? Pour le Bureau central des Statistiques israélien, 5,9 millions des 12 millions d’habitants qui vivent en Israël et sous l’autorité palestinienne sont juifs en avril 2012. Autrement dit, 6,1 millions d’Arabes peuplent déjà le territoire qui s'étend entre la Méditerranée et le Jourdain - et les Juifs seraient déjà minoritaires dans l’Etat juif. Selon le Bureau central des Statistiques de Palestine, l’équilibre démographique ne sera pas atteint avant 2016, avec 6,5 millions d’Arabes et le même nombre de Juifs en Israël et dans les territoires occupés. D'après cette même source, c'est en 2020 que la population arabe deviendra majoritaire, avec 7,2 millions, alors que les Juifs ne seront plus que 6,9 millions. Un Etat juif, pour les Juifs Or l’aspect démographique est une condition sine qua non de l'existence d'Israël, qui se veut non seulement un Etat pour les Juifs, mais un Etat juif, à majorité juive. "En Israël, la mention 'Juif' n'est pas une religion, c'est une nationalité qui apparaît avec une majuscule sur la carte d'identité," explique Slimane Zeghidour, journaliste et chercheur à l'IRIS. Par définition, Israël se veut un Etat juif et démocratique. Or si c'est encore possible avec une minorité arabe de 20 %, cela ne l'est plus avec une majorité écrasante. "Nihyeh o-lo nihyeh - Etre ou ne pas être". Telle est la question qui va se poser au gouvernement israélien. Slimane Zeghidour, lui, la formule en termes plus concrets : "Six millions d'Arabes et six millions de Juifs avec des droits égaux ou inégaux ?" Quelle que soit la réponse d'Israël au déséquilibre démographique, c'est son essence même qui est en jeu : - Soit tous les citoyens ont les mêmes droits, et Israël réfute alors son identité juive, puisque la population arabe est majoritaire – à moins de l’expulser. - Soit Israël renonce à son caractère démocratique et pratique une forme d’apartheid : la minorité gouverne une majorité qui n’a pas les mêmes droits. http://information.tv5monde.com/info/israel-quand-les-juifs-seront-en-minorite-3944 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Mer 20 Déc 2017, 15:49 | |
| Oui. C'est aussi ce qui me donne à penser que si Israël met a profit le temps d'indécision pour occuper un plus grand territoire, et le "meilleur" du point de vue des ressources naturelles, il n'a pas non plus intérêt à le prolonger indéfiniment. Et le jour où il décidera la partition il l'appliquera, de son "droit du plus fort", indépendamment de toute "négociation" -- on verra alors que les "préalables" aujourd'hui requis (comme la renonciation des Palestiniens au "terrorisme") n'ont, de fait, aucune importance. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Jeu 21 Déc 2017, 11:20 | |
| - Citation :
- Oui. C'est aussi ce qui me donne à penser que si Israël met a profit le temps d'indécision pour occuper un plus grand territoire, et le "meilleur" du point de vue des ressources naturelles, il n'a pas non plus intérêt à le prolonger indéfiniment. Et le jour où il décidera la partition il l'appliquera, de son "droit du plus fort", indépendamment de toute "négociation" -- on verra alors que les "préalables" aujourd'hui requis (comme la renonciation des Palestiniens au "terrorisme") n'ont, de fait, aucune importance.
Narkissos, merci d'avoir partager avec nous, ton analyse de la situation, ce qui m'a apporté des éclairages nouveaux. Ces échanges engendrent chez moi, une réflexion (en rien provocatrice mais problématique), que je souhaiterais soumettre aux participants du forum. Loin de toutes considérations morales, nous devons entériner, avec lucidité et froidement, une réalité, "la loi du plus fort est toujours la meilleure" et que le force fait le droit. Dans cette perspective, nous pouvons entrevoir l'idée que cela a pour conséquence (pour ceux qui n'acceptent cette situation, qu'ils jugent injuste mais on ne peut pas systématiser) , l'antisémitisme, l'antisionisme, la lutte armée (qualifiée de terrorisme par certains et de résistance par d'autres), l'existence de Dieudonné ... Si un jugement "moral" de la situation est inutile, comme la condamnation d'un Etat qui s'approprie par la force des territoires (les meilleurs) qui ne lui appartiennent pas, qui met en place un régime que certains qualifient d'apartheid, peut-on condamner, d'un point de vu moral, l'antisémitisme et l'antisionisme ou juste le constater comme une conséquence ?Je le répète, cette question n'a rien de provocatrice et ne traduit pas ma position mais un véritable questionnement. |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Jeu 21 Déc 2017, 12:10 | |
| Lorsqu'un Etat se comporte mal ou ne respecte pas les décisions internationales, un traité signé d'autres Etats peuvent manifester leur désapprobation à la tribune de l'ONU; bien souvent cela ne porte pas à conséquence, mais au moins l'ensemble des pays savent et constatent que l'on ne peut impunément se comporter n'importe comment.
Parfois cela débouche sur un conflit dit local qui fait courir le risque d'un embrasement plus important.
Si une personne, un groupe, se comporte de façon déplacée en émettant des propos racistes, sexistes, antisémites ou en recourant à des actions condamnables, la population, des partis, des journaux peuvent condamner faisant comprendre que cela ne se fait pas. Ce peut paraître de peut d'importance mais cela démontre que tout et n'importe quoi n'est pas acceptable, on est toujours responsable de ses propos.
Ce n'est, certes, pas impressionnant mais démontre que notre société n'est d'un côté pas équipée pour faire face à ce genre de situation de manière sévère et d'un autre côté qu'elle est en mesure de condamner du moins par la voix des dérapages inadmissibles. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Jeu 21 Déc 2017, 13:35 | |
| C'est le problème du rapport et/ou du non-rapport indémêlables entre "morale" (éthique, justice, etc.) et "politique" (pouvoir, intérêt, rapport de force, fait accompli, etc.; "histoire" en somme) -- avec le "droit" interposé entre les deux, tantôt dans le rôle du médiateur tantôt dans celui de l'otage.
Il y a de la "morale", qui ne cesse de se dégager et de se distinguer de l'histoire pour l'évaluer et la juger comme de l'extérieur: c'est bien, c'est mal, c'est injuste, c'est dégueulasse. Elle tend naturellement à l'autonomie et à la transcendance par rapport à l'histoire, au point de rechigner à être récupérée par celle-ci, même sous forme d'"utilité". Ces sont les idées platoniciennes et l'idée du bien (idea tou agathou) au-delà de l'être (epekeina tès ousias); dans la tradition eschatologique des monothéismes, du judaïsme à l'islam (et avant cela du dualisme perse), c'est le "jugement dernier" indissociable de la résurrection des morts, point de vue surplombant et rétrospectif sur toute l'histoire, hors et au-dessus de l'histoire, qui dirait le bien et le mal sans plus rien changer à l'histoire. La morale (se) doit (de) dénoncer le mal dans l'histoire, non en bloc et indifféremment mais dans toutes ses nuances de qualité et de quantité. Il n'y a pas une injustice qu'elle puisse ignorer, pas deux maux qu'elle puisse confondre ou neutraliser en les justifiant l'un par l'autre. Il faut penser la "morale" jusqu'au bout, pure, absolue, infiniment précise, qui pour départager justement toutes choses s'interdit tout parti-pris général.
De l'autre côté il y a l'histoire telle qu'elle se fait, déterminée de part en part par le jeu de rapports de force, de la "volonté de puissance" au sens nietzschéen, "immorale" au fond. Entre les deux il n'y a pas de "communication" en principe: c'est l'aspect du non-rapport. Mais comme tous ses acteurs sont aussi des êtres "moraux" au sens fondamental, qu'il y a chez le pire tyran, bourreau, tortionnaire, salaud imaginable une "conscience" qui juge ce qu'il fait, le non-rapport se double d'un rapport constant et compliqué.
La complication, c'est le "droit" même, y compris le "droit du plus fort": le fort ne peut pas exercer sa force sans la faire valoir comme un droit: même le monarque absolu promulgue des lois qui doivent avoir un air de justice; en sens inverse, aucune justice ne peut faire droit sans se prévaloir d'une force (la force du droit qui fait que le droit peut être imposé, enforced comme on dit en anglais). Le droit c'est toujours une complication de morale et de rapport de force. La pensée "morale" de retour dans l'histoire (du ciel des idées ou de la fin du monde) doit composer avec la force et peser dans le rapport de force. La logique politique du pur rapport de force doit composer avec la morale qui se traduit en rapport de force par l'opinion publique et les structures juridiques. Ce que l'analyse sépare radicalement en théorie ("morale" et "politique"), une synthèse pratique le recompose autrement ("morale en politique" ou "politique morale"), d'une manière toujours insatisfaisante par rapport à la logique de la "morale" pure et à celle de la "force" pure. N'empêche que le moment analytique est indispensable à l'intelligence du "jeu".
Du point de vue purement "moral", il faut tout réprouver, et réprouver distinctement: et les injustices de l'antisémitisme chrétien et post-chrétien, nazi et "antisioniste", sans négliger pour autant leurs différences qualitatives et quantitatives; et les injustices de l'histoire du sionisme et de l'Etat d'Israël. Il n'est pas question de les neutraliser en les mettant en balance. Du point de vue politique, et même d'une politique tant soit peu "morale" par volonté ou par obligation, il faut calculer -- ce qui répugne essentiellement à la "morale" mais à quoi elle doit bon gré mal gré se prêter. Y compris, et c'est sans doute le plus difficile: calculer jusqu'où elle doit être elle-même, "morale" et intransigeante, pour être "utile" dans le cadre politique d'un "rapport de force"; pas "trop" (cf. Qohéleth) pour y devenir contre-productive.
Je le répète: je suis très redevable sur toutes ces questions à la pensée de Jacques Derrida, surtout telle qu'elle s'est développée dans les dernières années de sa vie et que je l'ai découverte avec plus ou moins de dix ans de retard. Il était juif et politiquement engagé en faveur de la cause palestinienne, et dans nombre d'autres causes "de gauche" (contre l'apartheid, en faveur de l'accueil des migrants, etc.), mais il a été un lecteur attentif de penseurs de "droite" comme Heidegger ou Carl Schmitt (ou, plus loin, Nietzsche). La question du rapport de la "justice", du "droit" et de la "force" est au centre de ses derniers ouvrages et séminaires (Politiques de l'amitié, La peine de mort, La bête et le souverain, Voyous, Le "concept" du 11-Septembre, etc. et dans le désordre). Même si je n'en partage pas toujours exactement le pathos politique, je lui suis largement "sympathique", et en dehors de ça j'ai trouvé sa pensée extraordinairement éclairante sur tous ces sujets. Cela dit d'une part pour ne pas m'attribuer ni lui attribuer non plus injustement tout ce que je peux dire ici, d'autre part et surtout pour inviter à sa lecture. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Ven 22 Déc 2017, 12:27 | |
| - Citation :
- Du point de vue purement "moral", il faut tout réprouver, et réprouver distinctement: et les injustices de l'antisémitisme chrétien et post-chrétien, nazi et "antisioniste", sans négliger pour autant leurs différences qualitatives et quantitatives; et les injustices de l'histoire du sionisme et de l'Etat d'Israël. Il n'est pas question de les neutraliser en les mettant en balance. Du point de vue politique, et même d'une politique tant soit peu "morale" par volonté ou par obligation, il faut calculer -- ce qui répugne essentiellement à la "morale" mais à quoi elle doit bon gré mal gré se prêter. Y compris, et c'est sans doute le plus difficile: calculer jusqu'où elle doit être elle-même, "morale" et intransigeante, pour être "utile" dans le cadre politique d'un "rapport de force"; pas "trop" (cf. Qohéleth) pour y devenir contre-productive.
Manifestement le "rapport de force", incline à modérer l'"intransigeance" de la "morale" dans un sens. En règle général, des agissements comme l'apartheid (ou discrimination institutionnalisée), la colonisation, le massacre de civiles et d'enfants (bande de Gaza), ou une armée d'occupation, déclenchent une condamnation "morale" unanime. Parmi les champions de ce combat moral, nous trouvons BHL, KOUCHNER, or voici que disait BHL lors d'un interview (c'est très court) : https://www.youtube.com/watch?v=fxvHazoAYWY (que sont effectivement les 2.800 morts Palestiniens bombardés par l’armée israélienne comparés aux “400.000” tués dans le conflit syrien). Dieudonné est interdit à la télévision et à la radio (à juste titre), à cause de considérations "morales", pour son antisémitisme, pourtant ZEMMOUR, FINKELKRAUT, GOLDNAEL, déversent (d'une manière obsessionnelle) sur les ondes leur rejet de l'islam et des français d'origine maghrébine, sans qu'aucune interdiction ne soit prononcée ou même demandée. FINKELKRAUT peut faire allusion au "petit peuple blanc" et "non-souchiens", ZEMMOUR peut affirmer que Z.ZIDANE et Omar SY sont moins français que lui, car il a un prénom français, ils sont INVITES dans les médias pour expliquer ou justifier leurs positions, mais pas interdits. Lire : Prénoms "français" : quand Zemmour raconte n'importe quoi. Un prénom français, c'est un prénom chrétien, cela vient d'une loi établie par Bonaparte » et abrogée (déplore-t-il) en 1993. https://blog.francetvinfo.fr/deja-vu/2016/09/12/prenoms-francais-quand-zemmour-raconte-nimporte-quoi.html La raison du plus fort est toujours la meilleur. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Ven 22 Déc 2017, 13:59 | |
| La fameuse phrase de La Fontaine (incipit du "Loup et l'Agneau") est un leitmotiv de Derrida dans plusieurs des textes précités. Il y a en effet de nombreuses manières de l'entendre, au-delà du sens sarcastique qu'impose à première vue la fable (le fort impose sa loi, déguise sa force en loi); dans un sens kantien par exemple: la loi qui n'est pas celle du plus fort n'est plus du tout une loi, elle n'a pas force de loi si elle ne peut pas s'imposer par la force (tout court) -- force de l'Etat monopolisant la violence (de Hobbes à Benjamin), force du droit international qui n'a que la force que les Etats les plus forts s'accordent à lui prêter quand ça les arrange et lui retirent quand ça ne les arrange plus...
Sur le premier point, je dirais ceci: les "réprobations générales" ne le deviennent (sans préjudice de quelques précurseurs marginaux, "en avance sur leur temps" mais qui, en "ayant raison trop tôt" "prêchent dans le désert") qu'au moment où l'évolution des rapports de force le permet ou, d'une certaine façon, le provoque. On s'est indigné utilement de l'esclavage, de la colonisation, de la ségrégation raciale, etc., au moment où tout cela pouvait être changé et, à la limite, ne pouvait pas ne pas l'être. Et alors on s'est étonné que personne ou presque ne s'en soit indigné plus tôt. Dans le cas du conflit israélo-palestinien (mais aussi du conflit syrien et de pas mal d'autres) on éprouve quelque chose qui va à l'encontre de ce schéma "progressiste" (progrès conjoint, irrégulier mais unidirectionnel, de la "conscience morale" et de la "réalité politique"): des "indignations" retombent quand elles ne débouchent pas sur un changement possible. Je pense aussi à la peine capitale dont l'abolition générale était quasiment une évidence dans les années 1980 et ne l'est plus.
Sur les prénoms de Zemmour, la suite de l'article est excellente. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Ven 22 Déc 2017, 14:30 | |
| - Citation :
- Sur les prénoms de Zemmour, la suite de l'article est excellente.
Je ne résiste pas à la tentation de le reproduire. Merci Narkissos pour cette analyse pertinente et toujours aussi enrichissante. Les polémistes profitent de l'ignorance.La « loi de Bonaparte » ne mentionne strictement aucun « prénom chrétien »La fameuse loi qu’évoque Zemmour existe bel et bien. C’est la loi n°2614 du 11 Germinal an XI, ou plus simplement du 1 er avril 1803, « relative aux prénoms et aux changements de noms ». Elle a effectivement été abolie en 1993 mais voici ce que disait son titre premier, article 1 : « A compter de la publication de la présente loi, les noms en usage dans les différents calendriers, et ceux des personnages connus de l'histoire ancienne, pourront seuls être reçus, comme prénoms sur les registres de l'état civil destinés à constater la naissance des enfants ; et il est interdit aux officiels publics d'en admettre aucun autre dans leurs actes »N’en déplaise à Éric Zemmour, il n’y a donc pas l’ombre d’une quelconque référence aux « prénoms chrétiens ». Ils y sont bien entendus compris : ce sont ceux de l’éphéméride catholique . Mais la loi parle bien DES calendriers et pour cause : le calendrier en vigueur N’EST PAS catholique ; c’est le calendrier révolutionnaire et ses prénoms savoureux : Philogon, Tydrique ou Télesphore pour les garçons ; Rusicule, Vénéfride ou Egobille pour les filles. Moderne, tellement moderne et si français. Mieux : l’autorisation d’avoir recours aux « personnages connus de l’histoire ancienne » autorise de fait l’usage des prénoms de l’Antiquité grecque, romaine ou ... persane : on doute que Sadi Carnot, dont le prénom vient d’un poète iranien, ait ainsi pu devenir président de la République en 1887avec un prénom illégal… En revanche, Bonaparte n’aimait pas trop les prénoms juifsQuitte à appeler Napoléon au secours de ses idées, il est bien étrange qu’Eric Zemmour n’ait pas fait allusion à une autre loi de Napoléon, en l’occurrence directement dirigée contre une autre religion que la religion musulmane : la foi juive. Revenant sur le travail accompli par la Révolution, Napoléon revient à partir de 1807 sur les droits accordés aux citoyens de confession juive, accusés de maux qui évoquent de façon frappante ceux qu’on associe aujourd’hui aux Français musulmans. Les Juifs sont ainsi obligés de répondre à un questionnaire qui rappelle largement celui qu’un autre grand esprit, Nicolas Dupont-Aignan, voudrait imposer aux imams français : considèrent-ils la France comme leur patrie, sont-ils polygames, sont-ils prêts à se battre pour le pays, etc. Les Juifs, eux, ne cessent de réclamer qu’on revienne au seul respect du Code civil, qui ne prévoit aucune obligation particulière. Napoléon ignore cette demande ; le 17 mars 1808, une loi vient durcir considérablement le statut des Juifs, dont la vie privée ou professionnelle devient soumise à une série d’autorisations. Le 20 juillet, deuxième lame : un décret impérial prévoit que dans les trois mois, tous les Juifs de France sont tenus de changer de prénom et de nom de famille. L’article 3 est limpide : « ne seront point admis comme nom de famille aucun nom tiré de l’Ancien Testament (…) Pourront être pris comme prénoms ceux autorisés par la loi du 11 Germinal an XI » - celle qu’évoquait donc Éric Zemmour comme un modèle à suivre. Le résultat ? Même s’il est difficile d’évaluer la concrétisation de ces mesures, les préfets se penchent bel et bien sur la question et un peu partout, des officiers civils « francisent » les noms des citoyens juifs, parfois avec une imagination débordante : Jacob devient Julien, Isaac Low-Lowi devient Jacques Lion et Wolff-Lazard devient…. Daniel-Alexandre Pompet. L’antisémitisme d’état et l’assimilation forcée voulue par une monarchie militaire, est-ce bien là l’idéal de société que porte Éric Zemmour ?
Dernière édition par free le Ven 22 Déc 2017, 16:01, édité 1 fois |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Ven 22 Déc 2017, 15:44 | |
| Quand la loi s'aventure sur le terrain aléatoire de la la langue et de l'onomastique elle est toujours mal barrée.
Certains noms de "l'Ancien Testament" (appellation chrétienne !) sont des marqueurs "juifs" (Abraham, Isaac, Jacob, Salomon) et d'autres pas du tout (Samuel, David, Daniel); certains passent d'une catégorie à l'autre au gré des modes (Nathan, Jonathan, Jérémie); en France les protestants, grands lecteurs de la Bible, portaient plus de prénoms vétérotestamentaires que les catholiques avant que tout cela se mélange sous l'influence des séries américaines. Dans ce domaine, même les tabous sont spontanés (Judas, Adolphe, Oussama, Saddam).
Dans les prénoms donnés aux enfants, il y a des règles traditionnelles (p. ex. la "papponymie" qui existe dans des cultures extrêmement diverses: le nom du grand-père ou de la grand-mère) et des effets de mode (p. ex. les séries américaines dont les prénoms sont devenus en France des marqueurs "sociaux" des classes défavorisées, Kevin, Jason, etc.). En dehors de ces déterminations, la plupart des parents choisissent plutôt des prénoms qu'ils estiment agréables à porter, en évitant p. ex. les jeux de mots embarrassants entre nom et prénom. Un prénom français avec un nom arabe est a priori aussi incongru que le contraire (p. ex. Martin Ben Slimane ou Mohamed Dupont), même si on s'habitue à tout (p. ex. Solveig Dommartin ou Nils Tavernier !). Il y a somme toute assez peu de parents qui prennent leurs enfants pour un panneau d'affichage idéologique, mais il y en a, de toutes tendances, et leurs enfants doivent faire avec. La loi peut éviter les cas les plus flagrants, mais au fond elle ne peut pas grand-chose contre l'arbitraire absolu de la naissance dont le choix des prénoms n'est qu'un effet entre mille. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Mer 27 Déc 2017, 16:56 | |
| Le traitement inégal du racisme en France, peut-être un facteur qui nourrit l'antisémitisme (condamnable) :
https://www.youtube.com/watch?v=5Om7tCRP8cs (regarder la vidéo jusqu'à la fin SVP) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Mer 27 Déc 2017, 19:55 | |
| A mon avis, c'est à double tranchant: en déplaçant l'amalgame (de Tesson à Dieudonné et des musulmans aux juifs) on montre, dans un sens, ce qu'il a de scandaleux, et accessoirement que tous les scandales n'ont pas le même poids sur l'opinion. Mais on renforce aussi l'amalgame islamophobe en le faisant apparaître plus facile, plus crédible et plus répandu (aujourd'hui) que l'amalgame antisémite. De fait, même un Dieudonné ou un Soral ne diraient pas des juifs en général ce que Tesson dit des musulmans en général, et surtout pas au même (grand) public. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Ven 29 Déc 2017, 10:59 | |
| - Narkissos a écrit:
- A mon avis, c'est à double tranchant: en déplaçant l'amalgame (de Tesson à Dieudonné et des musulmans aux juifs) on montre, dans un sens, ce qu'il a de scandaleux, et accessoirement que tous les scandales n'ont pas le même poids sur l'opinion. Mais on renforce aussi l'amalgame islamophobe en le faisant apparaître plus facile, plus crédible et plus répandu (aujourd'hui) que l'amalgame antisémite. De fait, même un Dieudonné ou un Soral ne diraient pas des juifs en général ce que Tesson dit des musulmans en général, et surtout pas au même (grand) public.
Cette vidéo, avec toutes ses imperfections, met en évidence, le traitement inégal du racisme en France, qui est générateur d'antisémitisme (malheureusement). Elle traduit une réalité que tu mets en évidence, effectivement " l'amalgame islamophobe apparait (ou "est") plus facile, plus crédible et plus répandu (aujourd'hui) que l'amalgame antisémite", résultat d'un travail entrepris depuis des années dans les médias, souvent mené par des personnes qui sont des farouches opposants de l'antisémitisme mais qui désirent imposer aux musulmans certains aspects de la loi de Napoléon sur les juifs qui à l'époque étaient accusés de maux qui évoquent de façon frappante ceux qu’on associe aujourd’hui aux Français musulmans. (Les Juifs sont ainsi obligés de répondre à un questionnaire qui rappelle largement celui qu’un autre grand esprit, Nicolas Dupont-Aignan, voudrait imposer aux imams français : considèrent-ils la France comme leur patrie, sont-ils polygames, sont-ils prêts à se battre pour le pays, etc. Les Juifs, eux, ne cessent de réclamer qu’on revienne au seul respect du Code civil, qui ne prévoit aucune obligation particulière.) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: antijudaïsmes, antisémitismes Ven 29 Déc 2017, 15:04 | |
| Je me suis sans doute exprimé de façon trop allusive ("double tranchant") pour me faire comprendre: le retour de tranchant (ou de bâton, pour prendre une métaphore plus contondante) dépend d'un tour de réflexion supplémentaire, qui n'est certes pas ce que le présentateur (D. Porte) veut produire, mais qu'il produit (en tout cas chez moi) sans le vouloir. Je schématise: 1. On croit écouter un discours de Dieudonné sur les juifs et les protestations d'un Morandini qui le trouve scandaleux (il y a déjà là un petit flottement, car en l'entendant, je trouve le discours encore plus stupide, arbitraire, "gratuit", que scandaleux). 2. On apprend ensuite qu'il s'agit d'un discours de Tesson sur les musulmans et des réactions de Morandini à ce discours-là (et du coup on comprend mieux les réactions du journaliste: il y a là un amalgame scandaleux, des musulmans-en-général au terrorisme). Morale de l'affaire, telle que dégagée par le présentateur: un discours islamophobe "passe mieux" (au plan médiatique, politique, et même judiciaire) qu'un discours antisémite. Soit. 3. Le tour de réflexion supplémentaire, retour de tranchant ou de bâton que ne veut pas le présentateur mais qu'il produit quand même: où le côté "stupide, arbitraire, gratuit" du discours présumé antisémite ressort précisément parce qu'il n'apparaît plus quand on le comprend comme discours islamophobe. De fait, il n'y a aucun sens à affirmer, hors de cercles antisémites très restreints, que ce sont les juifs qui "foutent la merde en France" (selon l'élégante expression de Tesson). Par contre, il y a bien un sens beaucoup plus largement recevable du fait de l'actualité terroriste, à dire ça des "musulmans" -- l'amalgame de la totalité d'une religion au terrorisme reste scandaleux, mais il n'est plus incompréhensible; il n'est que trop compréhensible pour une large part de l'opinion. Et de fait la "comparaison" même finit par renforcer l'islamophobie qu'elle entendait combattre: il y a des "raisons" de dire des musulmans ce qu'on aurait aucune "raison" de dire des juifs. Je renvoie à ce que je disais tout à l'heure de la "comparaison" en général: l'antisémitisme et l'islamophobie sont certes "comparables" dans un sens, mais dans un autre ils ne le sont pas du tout: ce sont des phénomènes historiques complètement distincts, même s'ils ont aussi des relations historiques; les "raisons" très diverses qu'ont eu les antisémites de détester les juifs (de l'Antiquité gréco-romaine à l'antisionisme en passant par le nazisme) sont foncièrement différentes de celles de l'islamophobie moderne (qui est elle-même passée du mépris culturel de l'époque coloniale à la crainte du terrorisme dans l'actualité contemporaine). Plus on compare, plus on trouvera de l'incomparable -- à traiter autrement que par comparaison. |
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