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| Méditation "mindfullness" pleine conscience | |
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Auteur | Message |
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Le gaffeur distancié
Nombre de messages : 104 Age : 41 Date d'inscription : 27/02/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 03 Sep 2017, 10:26 | |
| - Narkissos a écrit:
- N.B.: J'ai rajouté quelque chose à mon dernier post avant de lire les vôtres.
Pâtir de l'empathie, le risque est réel, et des deux côtés de la compassion: de celui qui l'éprouve ou l'exerce, comme de celui qui la cause ou la reçoit (l'actif et le passif se perdent décidément dans le pathos de la passion).
La sagesse est aussi un impératif extatique (ek-statique: il faudrait être hors de soi). Je me souviens (l'ai-je rêvé ? c'est possible car je n'ai jamais réussi à le retrouver*) de Khayyâm moquant ses adversaires religieux qui parlaient de "Dieu" sans avoir jamais fait un pas hors d'eux-mêmes. Tout est là, en effet: c'est impossible et c'est si simple (chaque perception nous porte hors de nous, même et peut-être surtout là où nous n'y sommes pour rien)...
--- * A la réflexion, c'est peut-être plutôt chez Rumi que je l'ai lue, à moins que ça ne soit dans des apocryphes de Khayyâm (car dans les Rubayat = Quatrains "authentiques" ça n'a vraiment pas l'air d'y être; l'expression est cependant un topos du soufisme persan, qu'on retrouve depuis le XIe siècle, p. ex. chez Abu Saïd. Remarque préliminaire : je prends conscience que j’ai éloigné le fil de discussion du sujet initial, même s’il y a des ponts intéressants qui relient ce que j’ai abordé avec le sujet de la méditation et de la pleine conscience, au-delà même des références bouddhistes. On peut souffrir de l’empathie notamment parce que l’on a été touché profondément, submergé par l’expression d’une souffrance chez l’autre, qui nous semble tellement forte qu’on pense que l’autre ne pourra pas s’en sortir. Et on peut penser que même notre aide ne saura être suffisante, ce qui peut nous plonger dans une inquiétude, un désarroi alors que si l’interlocuteur en est arrivé à pouvoir exprimer sa souffrance de façon relativement construite, c’est qu’il y a chez celui-ci une capacité à la réintégrer et à s’apaiser. D’après mon expérience, limitée, mais sur laquelle j’ai réfléchi un peu, c’est parce que lorsque voulant aider quelqu’un dans la difficulté, je cogitais en moi-même sur un dialogue imaginaire entre lui et moi fondé sur l’image figée de l’expression de sa souffrance, que j’angoissais pour lui tant que je ne l’avais pas recontacté, car j’imaginais parallèlement lui s’inquiéter du fait que je m’inquiétais. Le problème venait qu’en élaborant ces échanges imaginaires, je les fondais certes sur un moment de l’expression de l’autre, mais cela restait une image fragmentée, certes très intense et forte, de lui au lieu d’avoir une prise en compte du fait que je n’étais malgré tout pas complètement dans sa tête c’est-à-dire que je n’étais pas lui, et que je ne le plaçais ainsi pas dans une configuration dynamique de sa personnalité totale avec ses ressources et sa « pulsion de vie ». C’est pourquoi j’ai compris que ce qui était important, même dans la perspective de soutien de l’autre, c’était qu’une fois l’interaction passée, je me recentre sur moi en réfléchissant comment ne pas me laisser submerger par l’émotion, utiliser en quelque sorte une défense intérieure nécessaire, car quoiqu’il en soit je ne pouvais pas faire grand-chose de plus avant la prochaine interaction. Je me concentrais alors sur ce comment comprendre l’interaction, l’échange précédent et apporter ces éléments de compréhension lors du prochain échange, et aussi indiquer que je restais un point d’appui qui répondrait présent en cas de sollicitation ultérieure. Le risque aussi pour celui qui sollicite l’empathie est donc de submerger l’aidant, au point qu’il ne soit plus en mesure lui aussi d’aider, ou qu’il soit dans le rejet car il est en saturation. De telle façon que le sollicitant se retrouve encore plus isolé qu’au départ. Sinon pour revenir à ma situation individuelle, sachez que mes parents sont toujours vivants et plutôt en bonne santé, que j’ai pu continuer à aller à l’école même le jour évoqué plus haut (je devais être en début de CE2, je crois) et d’ailleurs mes parents défiant l’interdiction jéhoviste passeront en fin de cet après-midi me rendre visite, certes brièvement, mais c’est déjà ça, en revenant de chez mes grands-parents. Il est à noter d’ailleurs qu’ils sont quand même relativement conscients d’une certaine forme d’emprisonnement à cause de la WT, que ma mère y voit presque d’ailleurs un jeu de cache-cache avec l’organisation (assez lourd toutefois), qu’ils doivent mettre au compte de l’imperfection humaine, je pense, sachant que mon père avait fait référence à la TG de 1974 au sujet du fait que l’on pouvait continuer à fréquenter des membres de sa famille exclus ou « retirés », alors que cet article avait été écrit à l’époque où Raymond Franz était au Collège central. |
| | | le chapelier toqué
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| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 03 Sep 2017, 10:49 | |
| - le gaffeur distancié a écrit:
- D’après mon expérience, limitée, mais sur laquelle j’ai réfléchi un peu, c’est parce que lorsque voulant aider quelqu’un dans la difficulté, je cogitais en moi-même sur un dialogue imaginaire entre lui et moi fondé sur l’image figée de l’expression de sa souffrance, que j’angoissais pour lui tant que je ne l’avais pas recontacté, car j’imaginais parallèlement lui s’inquiéter du fait que je m’inquiétais.
Le problème venait qu’en élaborant ces échanges imaginaires, je les fondais certes sur un moment de l’expression de l’autre, mais cela restait une image fragmentée, certes très intense et forte, de lui au lieu d’avoir une prise en compte du fait que je n’étais malgré tout pas complètement dans sa tête c’est-à-dire que je n’étais pas lui, et que je ne le plaçais ainsi pas dans une configuration dynamique de sa personnalité totale avec ses ressources et sa « pulsion de vie ». C’est pourquoi j’ai compris que ce qui était important, même dans la perspective de soutien de l’autre, c’était qu’une fois l’interaction passée, je me recentre sur moi en réfléchissant comment ne pas me laisser submerger par l’émotion, utiliser en quelque sorte une défense intérieure nécessaire, car quoiqu’il en soit je ne pouvais pas faire grand-chose de plus avant la prochaine interaction. Je me concentrais alors sur ce comment comprendre l’interaction, l’échange précédent et apporter ces éléments de compréhension lors du prochain échange, et aussi indiquer que je restais un point d’appui qui répondrait présent en cas de sollicitation ultérieure. Le risque aussi pour celui qui sollicite l’empathie est donc de submerger l’aidant, au point qu’il ne soit plus en mesure lui aussi d’aider, ou qu’il soit dans le rejet car il est en saturation. De telle façon que le sollicitant se retrouve encore plus isolé qu’au départ. C'est très intéressant ce que tu dis lgd, en effet lorsque l'on désire manifester de la compassion envers quelqu'un, il est nécessaire d'avoir de la compassion envers soi-même, de plus il n'est pas possible de connaître l'avenir, de le vivre d'avance, donc les dialogues que tu évoquais sont dangereux car ils peuvent donner l'illusion de maitriser une situation qui n'est pas encore arrivée, la discussion future avec autrui. La compassion nous aide à comprendre celui ou celle avec qui nous avons des rapports professionnels, d'amitiés etc... nous ne pouvons pas prendre sa place ni vivre ce que cette personne vit, ses problèmes, ses chagrins, ses échecs. Nous ne sommes pas non plus des juges disant: "à ta place..., tu aurais dû...", non sous sommes plutôt là pour écouter, pas seulement entendre, ce qu'il, elle a à nous dire et si nous le pouvons lui proposer notre aider dans la mesure de nos moyens, tout en étant conscient de nos limites. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 03 Sep 2017, 12:13 | |
| L'intégration de la relation imaginaire dans la relation réelle est un ressort burlesque inusable (ex.: A poursuit dans sa tête ou avec un tiers une discussion avec B, imagine que celui-ci pourrait l'insulter, et lui colle une baffe dès qu'il le revoit "en vrai"; cf. Groucho Marx dans Duck Soup ou Raymond Cordy dans Les belles de nuit, mais il m'est arrivé d'assister à des scènes presque aussi drôles dans la "réalité").
La présence ou l'absence d'une possibilité de l'impossible, sous forme d'échappée mystique ou extatique (il y va aussi, si je ne m'abuse, d'un "sortir de soi" dans l'éveil bouddhique; d'ailleurs la parenté du soufisme et du bouddhisme, malgré la différence théologique -- avec ou sans "Dieu" -- a été ressentie de part et d'autre), fait quand même à mes yeux une différence essentielle. Mais à double tranchant, selon la sempiternelle ambiguïté du pharmakon, remède et/ou poison. Dans certains cas et/ou à certains points de vue, "l'individu" ne devrait surtout pas chercher à "sortir de lui-même", il aurait besoin au contraire de toute sa concentration, de toute son angoisse, de l'enfermement absolu dans le double horizon de sa position et de sa situation pour rassembler l'énergie de combattre ou de surmonter les obstacles. Dans d'autres cas et/ou à d'autres points de vue, il aurait précisément besoin d'en sortir, de se détacher, de "lâcher prise", ne serait-ce que pour comprendre quelque chose à ce qui lui arrive -- mais alors le "sérieux" et l'"importance" de la situation et de son investissement en prennent forcément un coup. Cet antagonisme me semble insurmontable, sinon de façon différentielle: ce qui est "bon" pour certains et à certains moments ne l'est pas nécessairement pour les autres, toujours et partout; ce qui, sans rien changer à la compassion (ou à l'empathie), limite fortement l'utilité de l'"aide" et la pertinence des "conseils"... |
| | | Le gaffeur distancié
Nombre de messages : 104 Age : 41 Date d'inscription : 27/02/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 03 Sep 2017, 21:58 | |
| - Narkissos a écrit:
- L'intégration de la relation imaginaire dans la relation réelle est un ressort burlesque inusable (ex.: A poursuit dans sa tête ou avec un tiers une discussion avec B, imagine que celui-ci pourrait l'insulter, et lui colle une baffe dès qu'il le revoit "en vrai"; cf. Groucho Marx dans Duck Soup ou Raymond Cordy dans Les belles de nuit, mais il m'est arrivé d'assister à des scènes presque aussi drôles dans la "réalité").
La présence ou l'absence d'une possibilité de l'impossible, sous forme d'échappée mystique ou extatique (il y va aussi, si je ne m'abuse, d'un "sortir de soi" dans l'éveil bouddhique; d'ailleurs la parenté du soufisme et du bouddhisme, malgré la différence théologique -- avec ou sans "Dieu" -- a été ressentie de part et d'autre), fait quand même à mes yeux une différence essentielle. Mais à double tranchant, selon la sempiternelle ambiguïté du pharmakon, remède et/ou poison. Dans certains cas et/ou à certains points de vue, "l'individu" ne devrait surtout pas chercher à "sortir de lui-même", il aurait besoin au contraire de toute sa concentration, de toute son angoisse, de l'enfermement absolu dans le double horizon de sa position et de sa situation pour rassembler l'énergie de combattre ou de surmonter les obstacles. Dans d'autres cas et/ou à d'autres points de vue, il aurait précisément besoin d'en sortir, de se détacher, de "lâcher prise", ne serait-ce que pour comprendre quelque chose à ce qui lui arrive -- mais alors le "sérieux" et l'"importance" de la situation et de son investissement en prennent forcément un coup. Cet antagonisme me semble insurmontable, sinon de façon différentielle: ce qui est "bon" pour certains et à certains moments ne l'est pas nécessairement pour les autres, toujours et partout; ce qui, sans rien changer à la compassion (ou à l'empathie), limite fortement l'utilité de l'"aide" et la pertinence des "conseils"... J'ai souris à plusieurs reprises en lisant ton commentaire et à ce qu'il évoquait en moi. Je me suis vu en effet à plusieurs reprises vu opposer ou proposer, c'est selon, le phrase "tu te prends la tête pour rien" lorsque je faisais part de mes angoisses ou de mes inquiétudes ou simples interrogations à mes ami(e)s. Je crois qu'il y avait dans ces remarques, réponses quelque chose de fondamentalement vrai si on rapportait le sujet, non seulement à la relation que j'entretenais avec la personne qui m'indiquait cela, mais aussi à une situation "matérielle", personnologique, situationnelle "tangible" dans laquelle je me trouvais de leur point de vue. Et leurs propos me permettaient d'avoir ainsi un regard extérieur assez bienfaisant dans la mesure où il y avait une relativisation salutaire sur bien des aspects. Et pourtant, en même temps, il y avait une irréductible conflictualité, un noeud qui ne pouvait pour moi en aucun cas se contenter d'être tranché tel le noeud gordien. Il fallait que je comprenne jusqu'à ce que je juge mon niveau de compréhension suffisant de mon point de vue. C'est probablement obsessionnel sur bien des aspects, mais finalement une obsession qui paradoxalement et assez fréquemment me permet d'être en quelque sorte, pour reprendre le slogan publicitaire en faveur des voyages à l'Ile de la Réunion, "intensément relax", précisément je crois parce que je suis allé au fond d'abîmes d'angoisses, les affres de l'angoisse si on préfère. Je conçois d'ailleurs en l'écrivant que cela puisse tout à fait paraître "prétentieux" de dire cela, ce n'est d'ailleurs pas l'objectif, je crois. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 04 Sep 2017, 00:50 | |
| Dans Mon père avait raison, de Sacha Guitry, conversation entre un jeune homme qui s'inquiète des fantaisies de son père et le docteur qui diagnostique une futilité incurable: "Est-ce que c'est grave ? -- Pas du tout ! -- Pas du tout ? -- Pas du tout... c'est une pente... c'est une pente assez douce... -- Et qui conduit ? -- A une insouciance presque totale. -- Tiens ! -- Oui. -- Avez-vous souvent constaté ce phénomène chez d'autres personnes ? -- Oui. Je l'ai constaté chez la plupart des hommes qui avaient dépassé la cinquantaine et qui n'avaient aucun organe physiologiquement atteint. -- Alors... ce serait plutôt un signe de bonne santé ? -- Oui. -- Alors, en somme, il n'y a pas à s'inquiéter ? -- Je ne le crois pas." |
| | | Le gaffeur distancié
Nombre de messages : 104 Age : 41 Date d'inscription : 27/02/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 04 Sep 2017, 07:48 | |
| - Narkissos a écrit:
- Dans Mon père avait raison, de Sacha Guitry, conversation entre un jeune homme qui s'inquiète des fantaisies de son père et le docteur qui diagnostique une futilité incurable:
"Est-ce que c'est grave ? -- Pas du tout ! -- Pas du tout ? -- Pas du tout... c'est une pente... c'est une pente assez douce... -- Et qui conduit ? -- A une insouciance presque totale. -- Tiens ! -- Oui. -- Avez-vous souvent constaté ce phénomène chez d'autres personnes ? -- Oui. Je l'ai constaté chez la plupart des hommes qui avaient dépassé la cinquantaine et qui n'avaient aucun organe physiologiquement atteint. -- Alors... ce serait plutôt un signe de bonne santé ? -- Oui. -- Alors, en somme, il n'y a pas à s'inquiéter ? -- Je ne le crois pas." Merci beaucoup Narkissos ! |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 24 Sep 2017, 21:05 | |
| Je suis en train de lire un livre de Thich Nhat Hanh : La Terre est ma Demeure Titre en anglais At home in the world: stories and essential teachings from a monk's life
L'auteur utilise soit méditation, soit pleine conscience mais pas les deux expressions ensembles. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 24 Sep 2017, 23:04 | |
| "L'auteur" de la traduction, je présume... Le titre (faute de mieux) me rappelle les vers de Hölderlin qui ont tant marqué Heidegger: Voll verdienst, doch dichterisch / Wohnet der Mensch auf dieser Erde.C'est plein de mérites (de bons et loyaux services ?), mais en poète / que l'homme habite sur cette terre. |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 25 Sep 2017, 10:43 | |
| Sans doute l'auteur utilise-t-il en anglais le mot mindfullness qui est traduit par pleine conscience sans association avec méditation.
Dans le texte l'auteur explique que la pleine conscience est le fait de prêter attention à ce que l'on fait je pencherais pour "prêter attention à ou soit attentif à..., fait attention..." . L'expression "soit attentif à" n'est pas redondante me semble-t-il.
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 25 Sep 2017, 11:08 | |
| En effet (c'est à peu près ce que je suggérais vers le début de ce fil). |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 09 Oct 2017, 12:10 | |
| Prêter attention à soi par le moyen de la concentration permet à tout un chacun de se détacher provisoirement pendant un instant plus ou moins long de tout ce qui nous entoure.
Nous sommes constamment soumis à des "attaques" provenant de l'extérieur de notre corps, esprit mais également de l'intérieur. Tous nous avons fait l'expérience de penser soudainement à quelque chose qui n'a aucun rapport avec notre activité du moment. Ces pensées stationnent en nous et remontent à la surface et nous voilà surpris de suivre ce qui peut passer pour un parasite de l'instant présent.
En nous concentrant sur nous-mêmes, nous sommes à même de fournir à notre esprit, notre un corps un temps de détente pour leur permettre de vivre pleinement l'instant. Mais force est de constater qu'il faut accomplir de réels efforts pour y parvenir, rien ne se fait sans de la volonté; de plus nous ne sommes pas ou plus habitués à ne pas être distraits, car nous avons pris l'habitude d'accomplir plusieurs tâches en même temps. Nous regardons la télévision tout en parlant avec notre conjoint, nos enfants, d'un tout sujet que celui qui est traité dans le media, certains lisent le journal en mangeant.
Ne s'adonner qu'à une seule activité à la fois peut nous paraître étrange, peut passer pour de la paresse, pourtant nous en avons besoin afin de nous retrouver avec nous-mêmes. Le monde peut continuer sa course sans que nous nous en occupions. Cela nous fournit l'occasion de réfléchir à notre condition et nous aide à mieux vivre notre vie, maintenant. Les actualités présentent toujours des évènements sur lesquels nous n'avons pas/plus de pouvoir ou se projettent dans un futur plus ou moins proche dont nous ne pouvons qu'imaginer les contours sans avoir la certitude de bien discerner entre nos envies et les divers mouvements qui déboucheront sur l'avenir. Bien sur il est toujours possible d'aider des populations, des voisins ayant subi des catastrophes ou victimes d'incidents de la vie.
Alors vivre pour un temps dans le présent et pour le présent est un vrai cadeau que nous pouvons nous offrir. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 09 Oct 2017, 13:14 | |
| J'évoquais il y a peu les vertus de la distraction... qui relève aussi du présent, parfois même au sens du cadeau. Mais je suis bien d'accord sur le fait que nous manquons plutôt du contraire: de l'expérience de faire une chose à la fois, d'être à ce qu'on fait, voire d'endurer le pur ennui de l'être et du temps de façon à l'éprouver vraiment -- cette incapacité de rester dans une chambre que notait déjà Pascal. |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 24 Juin 2019, 22:15 | |
| Vivre pleinement l'instant présent peut sembler une activité de bobo qu'il est possible de pratiquer à notre époque alors qu'auparavant les humains étaient trop occupés pour pouvoir se concentrer sur le présent qu'ils vivaient.
Des livres, des cours sont mis à disposition de celle/celui cherchant une réponse quant à sa place dans le monde pour ne pas parler d'univers ce qui a tendance à donner le tournis.
Il peut arriver que le pratiquant, le méditant en vienne à ne vivre que pour atteindre pleinement un voire l'intense moment de méditation au cours duquel plus rien ne viendra le perturber. Jour après jour au prix d'efforts intensifs il méditera de mieux en mieux et finira par ressentir l'espace d'un instant, fugace, en lui-même ce moment magique de la pleine conscience.
Cependant, elle/il sera prisonni(ère)er de la méditation comme elle/il était attaché-e à ses habitudes; le premier combat a permis de mettre de côté ses images venant parasiter ses moments de calme, de concentration. La méditation devenant une habitude l'attachement a suivi.
Il faut être prudent sur la voie du Bouddha, car les meilleures pratiques peuvent être sujettes à l'attachement, à dukka. Rien ne doit être source d'attachement ni la méditation en tant que pratique rituelle ni les instants de profonde concentration. La méditation doit permettre la réflexion, elle ne doit pas devenir un objectif à atteindre au risque de s'y attacher.
Dans le passé l'humain très préoccupé par des taches répétitives se posait malgré tout des questions sur sa vie présente. Il faisait des efforts pour trouver des réponses et lorsqu'il n'y était pas parvenu, il allait (s'il habitait dans un pays une région d'Asie) en parler au temple avec un bonze. Ce dernier lui répondait en lui rappelant les 4 nobles vérités, soit : 1 dukka (traduit souvent par souffrance, on pourrait dire "attachement") 2 la raison de dukka 3 comment vaincre dukka 4 marcher en restant sur le chemin pour éviter dukka
puis le bonze aidait le laïc à se rappeler les 5 préceptes qu'il s'efforce de suivre ;
1 ne pas tuer 2 ne pas voler 3 avoir de bonne paroles, ne pas mentir 4 avoir une conduite sexuelle correcte 5 ne pas s'enivrer et s'abandonner aux drogues
Le bonze peut aussi formuler des vœux pour le laïc et sa famille La méditation comme nous la connaissons de nos jours était peu pratiquée, les moines s’y adonnaient, les laïcs pratiquement pas. La méditation est une aide pour nous permettre de comprendre notre situation. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Mar 25 Juin 2019, 10:51 | |
| Je suis tombé il y a quelques jours sur ceci qui m'a rappelé ce fil de discussion...
Le travail du paysan, au fil des heures et des saisons, ou même celui de l'artisan (p. ex. potier), comportaient leur part discrète de "méditation" -- et aussi d'"exercice physique" -- qui, de ce fait, avaient sans doute moins besoin de se singulariser comme des "activités" (ou "inactivités", les deux se rejoignent d'ailleurs dans le concept de "loisir") distinctes.
Dans ses fréquentes comparaisons entre bouddhisme et christianisme, et avec la connaissance des religions disponible à son époque, Nietzsche les distinguait principalement par la catégorie sociale: aristocratique pour le premier (Siddhartha est un prince, pour commencer), plébéien pour le second (religion d'esclaves). Cela demanderait aujourd'hui à être beaucoup nuancé de part et d'autre, mais il resterait quand même que toutes les "nouvelles religions" et/ou "philosophies" depuis le Ier millénaire av. J.-C. sont essentiellement urbaines -- c'est aussi vrai pour le zoroastrisme, le judaïsme du Second Temple, à Jérusalem ou dans la diaspora, et le christianisme (à telle enseigne que notre mot "païen" est un doublon de "paysan", symptôme d'une ruralité profondément réfractaire aux "nouveautés" urbaines dont elle n'éprouve pas le besoin). |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Mar 25 Juin 2019, 16:04 | |
| Article intéressant, merci de l'avoir signalé |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Mer 26 Juin 2019, 19:53 | |
| Dans mon avant-dernier message je soulignais l’importance de ne pas s’attacher à quoi que ce soit. J’entendais faire preuve de prudence particulièrement lorsque le méditant suit l’enseignement du Bouddha.
Pour la pleine conscience le pratiquant de cette forme de méditation, débarrassé de tout contexte philosophicoreligieux, se contentera (et c’est déjà un bel exercice) de mieux maitriser ses pensées. Ainsi au moment de sa concentration il laisse passer toutes les pensées qui lui apparaissent tels des parasites interférant avec son effort de l’instant présent. Cette pratique de la concentration sur soi-même, cette grande plongée en son for intérieur doit lui permettre de vivre un instant plus ou moins bref hors du temps en se concentrant sur lui-même. De nombreuses personnes malades ou en bonne santé (dans la mesure ou l’on peut être en bonne santé) ont ressenti des effets positifs après quelques séances dirigées par du personnel médical compétent.
Pour le méditant, pratiquant de l’enseignement du Bouddha, il s’agit de se concentrer également pour lutter aussi contre les parasites, sans les combattre il peut laisser passer les pensées qui ne lui sont pas utiles à l’instant présent de la méditation.
Le mot « méditation » rend très mal le sens du terme original bhãvanã qui signifie « culture » ou « développement », c’est-à-dire culture mentale, développement mental…. Elle vise à débarrasser l’esprit de ses impuretés, de ce qui le trouble… [selon le livre L’enseignement du Bouddha chapitre 7 « Méditation ou culture mentale : Bhãvanã de Walpola Rahula]. J'avais déjà indiqué de façon plus complète cette référence dans mon message du lundi 19 juin 2017.
La plus grande difficulté consiste à se libérer des pensées qui continuellement viennent occuper l’esprit. Pendant la méditation elles ne vont pas cesser de venir, de distraire ; vouloir les « chasser » est une fausse bonne idée car l’esprit va se concentrer sur ces pensées en se demandant comment les faire disparaitre. La concentration est perdue, il faudra recommencer à écouter sa respiration, le moment de l’inspiration, celui de l’expiration pour calmer l’esprit (méditation Vipassanã). La meilleure solution pour traiter les parasites c’est de les laisser passer en les regardant pour ce qu’ils sont, des pensées sur des moment passés ou des projection dans le futur. L’instant présent ne vient pas déranger il est perdu au milieu de ce flot de pensées perturbatrices.
Le méditant en se concentrant cherche à se trouver dans une situation lui permettant de mieux comprendre les raisons de la « souffrance », de l’insatisfaction dans laquelle il se trouve souvent bien malgré lui, ce qu’il voudrait conserver, les beaux moments qu’il voudrait vivre plus longtemps mais tout cela passe ; il en est de même des rencontres qu’il voudrait éviter, des moments difficiles qu’il ne voudrait pas vivre, tout cela passe. Rien n’est permanent. C’est à cela que pense le méditant et il désire se libérer. Ce désir de libération est un piège puisque le pratiquant de la méditation va s’y attacher, il devient donc dépendant de ce désir d’être « libre de tout attachement ». Il faut donc laisser tomber, abandonner le désir, l’envie de se libérer, tout en apprenant à se libérer de toutes les contraintes possibles qui vont passer et de tous les désirs quel qu’ils soient puisque rien n’est permanent…. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Ven 28 Juin 2019, 20:16 | |
| Devenir ce que l'on est : rien.
C'est peut-être au fond aussi "occidental" (dans le cours judéo-grec-chrétien-matérialiste-athée) qu'"oriental" (dans le cours indo-bouddhique-mondialisé), avec sensiblement les mêmes risques de contresens fatal, et cependant indifférent, de part et d'autre.
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Lun 05 Aoû 2019, 11:09 | |
| Et encore une série estivale du "Monde"...
Cette vogue de la "méditation" artificiellement extraite et aseptisée, à des fins plus ou moins thérapeutiques, de ses contextes religieux d'origine (hindou, bouddhiste, soufi pour faire bonne mesure; on entend moins parler de l'hésychasme chrétien), un peu comme le yoga avant elle, j'ai soudain pensé que la Watch devait certainement en parler aussi -- ne serait-ce que pour en dissuader ses adeptes, comme elle l'avait fait en son temps du yoga. A ma grande surprise, il ne semble pas que ce soit le cas récemment: à peine une citation de Krishnamurti en 2014, pour écarter discrètement la "méditation" au sens "oriental", dans un article par ailleurs entièrement consacré à la "méditation au sens biblique" (TMN). Et je me suis demandé, du coup, si c'était un choix de "laxisme" inhabituel sur cette question, ou si, la "mode" étant beaucoup plus ancienne en Amérique, la Watch estime les TdJ suffisamment "immunisés" pour qu'elle n'ait pas à rouvrir le dossier -- les articles explicites sur le sujet remontent effectivement aux années 1970-80... |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 18 Aoû 2019, 21:04 | |
| Voici ci-dessous un texte intéressant et peu technique à propos de la méditation Vipasanna :
La distinction entre la méditation Vipassana et les autres styles de méditation est cruciale et doit être bien comprise. Le bouddhisme porte sur deux grands types de méditation. Il s’agit de différentes aptitudes mentales et différents modes de fonctionnement. En Pali, la langue originale de la littérature Theravada, ils sont appelés Vipassana et Samatha.
Vipassana peut être traduit par « Insight » (aperçu, vision), une prise de conscience claire que l’on peut résumer à « voir les choses exactement telles qu’elles sont réellement ». Samatha peut se traduire par « concentration » ou « tranquillité ». Il s’agit d’un état dans lequel l’esprit est mis au repos, focalisé sur un seul point et non pas laissé à l’érrance. Quand cela est fait, un calme profond imprègne le corps et l’esprit, un état de tranquillité qui doit être expérimenté pour être compris.
La plupart des systèmes de méditation mettent l’accent sur la composante samatha. Le méditant concentre son esprit sur certains éléments, comme des récitations, une flamme de bougie, une image religieuse ou autre, et exclut toutes les autres pensées et perceptions de sa conscience. Le résultat est un état de ravissement qui dure jusqu’à ce que le méditant termine la séance. Cet état est beau, délicieux, plein de sens et séduisant, mais seulement temporaire. La méditation Vipassana aborde l’autre composante, la perspicacité.
Dans la médiation Vipassana, le méditant se sert de sa concentration comme d’un outil par lequel sa conscience peut se détacher du mur de l’illusion qui le coupe de la lumière vivante de la réalité. Il s’agit d’un processus graduel de prise de conscience dans le fonctionnement interne de la réalité elle-même. Cela prend des années, mais un jour le méditant cisèle à travers ce mur et tombe en présence de la lumière. La transformation est terminée. Ça s’appelle Libération, et c’est permanent. La libération est le but de tous les systèmes de pratique bouddhistes. Mais les moyens d’ y parvenir sont très divers.
http://bouddhisme-universite.org/meditation-vipassana-cest-quoi/ |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience Dim 18 Aoû 2019, 23:02 | |
| Voir aussi ici (en anglais, plus long et plus compliqué que la VF, mais nettement plus instructif). |
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| Sujet: Re: Méditation "mindfullness" pleine conscience | |
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