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 Essor ou déclin du christianisme ?

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MessageSujet: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 12:48

L'interrogation sur le déclin du christianisme en terre de chrétienté n'est pas nouvelle. En 1945 déjà, le philosophe Emmanuel Mounier se demandait, dans L'Affrontement chrétien, « où chercher les causes de la débilité maligne qui frappe les descendants d'une si haute histoire ? » Plus récemment, l'évêque de Clermont, Mgr Hippolyte Simon, analysait à frais nouveaux la paganisation qui menace l'Europe dans Vers une France païenne ?. C'est sans doute pour tenter d'éclairer son propre questionnement qu'Yves de Gentil-Baichis, ancien chef du service d'informations religieuses de La Croix, a interrogé cinq des meilleurs observateurs français du phénomène religieux.

Certes, comme le rappellent l'historien René Rémond ou le jésuite Paul Valadier, ce n'est pas la première fois _ que l'on pense aux temps de la Réforme ou des Lumières, à la Révolution française ou à la fin du XIXe siècle _ que la survie de l'Eglise semble compromise. Mais cette fois, la crise apparaît à tous plus grave encore. Selon René Rémond qui pronostiquait récemment, dans Le Christianisme en accusation, un « effondrement général du christianisme perpétré par une sécularisation ne provenant d'aucun complot », « le christianisme subit de plein fouet les effets anticipés de la mondialisation ». Pour le P. Valadier, qui ne croit pas que l'on soit dans « une logique du déclin absolu », le très grand désarroi du christianisme s'explique par « des contradictions au niveau de l'expression des valeurs ».

« S'il ne se passe rien, on peut dire que, dans un siècle, il ne restera plus grand-chose en Europe du christianisme », estime de son côté le sociologue non chrétien Marcel Gauchet qui avait affirmé dans Le Désenchantement du monde (1985) que le christianisme est « la religion de la sortie de la religion », dans la mesure où elle se supprime elle-même de par sa propre logique. Quant à la sociologue Danièle Hervieu-Léger, elle considère qu'« en France, l'Eglise catholique est entrée dans une crise dont elle ne peut pas sortir », mais que cela n'empêchera pas le christianisme de contribuer à la réflexion sur l'atomisation de la société et la dilution du lien social puisqu'« il est, avec le judaïsme, la pensée de la relation et de l'autre, la pensée de l'Alliance ».

Ce déclin du christianisme en France, voire en Europe, n'est-il pas paradoxal en ces temps de retour du religieux ? C'est sur cette seconde question que s'est penché Peter L. Berger, sociologue à l'Université de Boston. Il a rassemblé en un même ouvrage des textes de plusieurs experts internationaux du religieux _ Georges Weigel, spécialiste de Jean-Paul II ; David Martin, spécialiste du protestantisme évangélique ; Grace Davie, observatrice des religions en Europe... _ qui constatent que le phénomène religieux se porte très bien à travers la planète, sauf en Europe.

En fait, tous ces observateurs français et étrangers s'accordent à reconnaître que le déclin du christianisme en Europe ne vient pas tant d'un anticléricalisme ou d'une persécution, mais d'un affaiblissement de la foi, non de ses opposants mais de ses interprètes. Ces observateurs s'accordent également sur le fait que le christianisme n'a pas terminé sa carrière, pour la bonne et simple raison qu'il reste porteur d'un message unique : la paternité de Dieu telle qu'elle est présentée par Jésus-Christ.
C'est parce qu'il est convaincu de la vérité de ce message, que le journaliste et essayiste Gérard Leclerc s'en prend à ceux qui propagent l'idée du déclin du christianisme et dévalorisent la quête de l'essentiel. Selon lui, le « 11 septembre » est une aubaine pour ceux qu'indispose « la revanche de Dieu » et qui n'imaginent qu'une seule parade au fanatisme et à l'obscurantisme religieux : le laïcisme et la raison critique. Procédant par assimilation, ces maîtres du soupçon contemporains « frappent d'interdit quiconque rappelle que l'homme a été créé à l'image de Dieu et que sa dignité singulière a des racines dans le ciel ». Gérard Leclerc s'élève aussi contre ceux qui surfent sur le « retour du sacré » et le « bricolage religieux » pour refuser explicitement le Dieu vivant.

https://www.la-croix.com/Archives/2002-03-28/Essor-ou-declin-du-christianisme-Plusieurs-ouvrages-s-interrogent-sur-l-avenir-de-la-foi-chretienne-en-Europe-et-cherchent-les-causes-de-son-apparent-declin-_NP_-2002-03-28-154559
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 15:26

Le mouvement évangélique est-il compris dans cette analyse?
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 15:42

le chapelier toqué a écrit:
Le mouvement évangélique est-il compris dans cette analyse?

 Cette partie de l'analyse doit faire allusion au phénomène "évangélique" :

"Ce déclin du christianisme en France, voire en Europe, n'est-il pas paradoxal en ces temps de retour du religieux ? C'est sur cette seconde question que s'est penché Peter L. Berger, sociologue à l'Université de Boston. Il a rassemblé en un même ouvrage des textes de plusieurs experts internationaux du religieux _ Georges Weigel, spécialiste de Jean-Paul II ; David Martin, spécialiste du protestantisme évangélique ; Grace Davie, observatrice des religions en Europe... _ qui constatent que le phénomène religieux se porte très bien à travers la planète, sauf en Europe."
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 15:58

Merci désolé je n'avais pas bien lu le texte. Dire que pendant un certain temps l'Europe allait porter "la bonne nouvelle" dans le monde.

Je pense cependant que cela ne répond pas à une progression linéaire du phénomène laïque, au début du 20e siècle il y eu également une période anticléricale, cela va-t-il continuer pendant un certain temps?

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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 16:16

Aujourd'hui, c'est des croyants ou des prêtres venus d'Amérique latine ou d'Afrique qui christianisent l'Europe.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 16:37

Ce qui me paraît évident dans ce texte, c'est que sous le nom de "christianisme" tout le monde n'entend pas la même chose ! Pour les uns (toujours étonnamment dominants dans l'intelligentsia française) "le christianisme" c'est tout simplement l'Eglise catholique romaine (et alors les Réformes sont tout aussi "anti-chrétiennes" que les Lumières, la Révolution, la laïcité, le marxisme ou la sécularisation d'indifférence religieuse, ce qui a quand même de quoi faire sourire, et pas seulement les protestants) -- ou plus précisément, ou plus vaguement, la domination directe ou indirecte de cette Eglise sur la vie politique ou sociale, par le truchement des "valeurs" dites chrétiennes (en fait catholiques, et modernes au moins sous cette forme) en matière de famille, sexualité, contraception, avortement, euthanasie, etc., imposées de fait non seulement aux catholiques mais à l'ensemble de la population -- toutes ces obsessions spécifiquement catholiques dont on ne trouve guère de trace dans le(s) christianisme(s) du NT. Pas non plus, d'ailleurs, de la bouillie humaniste et altruiste qu'on leur oppose comme message fondamental (et original !) du christianisme...

Si "le déclin du christianisme" ça veut dire que les sermons de la hiérarchie catholique ne font plus la loi dans les sociétés d'Europe occidentale ni même parmi les catholiques, alors oui, c'est un fait acté depuis fort longtemps (Dieu merci ?). S'il s'agit de la croyance et de la pratique de l'ensemble des christianismes (sur-)vivants, c'est un peu plus compliqué mais là aussi un certain déclin me semble évident en Europe -- même dans les pays protestants ou orthodoxes; même parmi les "évangéliques" d'ailleurs, quoique leur vitalité soit encore relativement plus forte parce qu'ils sont plus récents. Et même ailleurs qu'en Europe: l'article date de 2002 si j'ai bien vu, il me semble que la grande vague évangélico-pentecôtiste en Amérique latine, en Afrique ou dans l'ex-bloc soviétique a surtout marqué la fin du XXe siècle et que depuis elle marque le pas, si elle n'est pas complètement retombée. S'il s'agit des traces des différents christianismes historiques dans la modernité, elles sont nombreuses, vivaces et pas près de disparaître. Mais celles-là n'apparaissent pas dans les statistiques sur les croyances ou la pratique religieuses, ce sont les énoncés mêmes de la modernité la plus "laïque" ou "sécularisée" qu'il faut analyser pour les reconnaître.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme: la loi de la dé-composition et de la re-composition est aussi bien celle de l'histoire que de la biologie, de la chimie ou de la physique. Sans elle il n'y aurait jamais eu de "christianisme", pour commencer.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 16:59

Citation :
Si "le déclin du christianisme" ça veut dire que les sermons de la hiérarchie catholique ne font plus la loi dans les sociétés d'Europe occidentale ni même parmi les catholiques, alors oui, c'est un fait acté depuis fort longtemps (Dieu merci ?). S'il s'agit de la croyance et de la pratique de l'ensemble des christianismes (sur-)vivants, c'est un peu plus compliqué mais là aussi un certain déclin me semble évident en Europe -- même dans les pays protestants ou orthodoxes; même parmi les "évangéliques" d'ailleurs, quoique leur vitalité soit encore relativement plus forte parce qu'ils sont plus récents.
 
La croyance et la pratique chrétienne ne fait plus recette en occident. Les causes sont multiples, la société de consommation, l'autonomie de l’individu,  le relativisme des valeurs, le culte du progrès scientifique et  la crise culturelle que traverse l'occident. La question suivante se pose, pourquoi les religions chrétiennes n'arrivent plus a susciter une certaine appétence ou un certain désir pour la croyance et la pratique religieuse ?
L'absence d'attente eschatologique explique-t-elle se phénomène ? 
L'abandon de l'évangélisation et de l'esprit missionnaire sont-ils à l'origine de ce déclin ?
Le culte doit-il évoluer et devenir plus festif ?
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 12 Déc 2017, 18:15

Remarque personnelle: autant je me suis intéressé à la théologie et aux textes chrétiens, et à leurs multiples prolongements ou résurgences dans la pensée soi-disant moderne et laïque, autant je me suis désintéressé de l'avenir de telle ou telle forme de "religion chrétienne". A la limite, et de ce point de vue très particulier, je préfère les Eglises "musées" qui donnent une chance à une théologie "classique" (antique ou médiévale) ou même moderne (des Réformes à nos jours) d'être entendue au plus près de ses énoncés, notamment par la liturgie, d'un public même clairsemé, aux Eglises "modernes" qui tentent de faire de l'audience en rendant attractive ce que j'appelais de la "bouillie" théologico-humaniste (à ne pas confondre, c'est tout le problème, avec la pensée conjointe de "Dieu" et de "l'homme" dans la théologie classique).

En ce qui concerne l'eschatologie, il faut bien voir que le christianisme catholique et orthodoxe l'a pratiquement abandonnée depuis l'Antiquité (avec saint Augustin notamment du côté latin et catholique, mais c'était déjà le mouvement de fond du johannisme et du deutéro-paulinisme dans le NT), et que les Eglises protestantes "historiques" (luthériennes, anglicane ou épiscopaliennes, réformées ou presbytériennes) se sont pour l'essentiel maintenues dans cet abandon (ou cet oubli) de toute eschatologie effective (c.-à-d. futuriste et imminente): c'est dire que l'eschatologie n'est qu'un fait de résurgence récurrente à l'intérieur du christianisme historique (du montanisme antique à l'adventisme ou au dispensationalisme protestants et modernes) et que la masse de la théologie chrétienne sur près de deux millénaires s'est pensée et écrite sans elle (à partir d'elle peut-être, mais précisément en s'en éloignant). Les mouvements et sectes "eschatologiques" contemporains (évangéliques, pentecôtistes ou TdJ) relèvent du même type de résurgence, où "le christianisme" se perd au moins autant qu'il se retrouve -- je ne suis même plus certain que cela fasse aujourd'hui "recette", mais ça reviendra sans doute.

Quant à l'"évangélisation" ou "esprit missionnaire", ils sont tributaires des aléas historico-politiques: évangélisation des confins de l'empire et des "barbares" au-delà, par un christianisme devenu religion officielle d'un empire romain sur le déclin, découvertes puis colonisations de l'époque moderne, du XVe (Christophe Colomb) au XIXe siècle. Ce que l'Eglise catholique a vendu plus récemment (en particulier depuis Jean-Paul II) sous l'étiquette de "nouvelle évangélisation" est surtout une tentative peu efficace de reconquête (en Europe puis en Amérique latine ou en Afrique depuis la vague évangélico-pentecôtiste), voire d'empiètement inavoué sur la concurrence (notamment orthodoxe dans l'ex-URSS), avec les difficultés diplomatiques qu'on connaît. Ironiquement, l'Eglise officielle d'aujourd'hui serait plutôt honteuse de son évangélisation passée, et même antique (il n'y a plus de quoi être fier d'avoir écrasé le "paganisme", ses temples et ses statues, avec l'"hérésie" et la "philosophie" grecque !) comme l'Occident de sa colonisation... Et même au présent, on entendra rarement un évêque se vanter de conversions de musulmans, de juifs, de protestants, d'hindous ou de bouddhistes -- tout au plus d'athées ou d'agnostiques qui comptent pour du beurre dans la diplomatie interreligieuse, surtout si ce sont des baptisés ou des descendants de baptisés qu'on ramène au bercail...

A mon sens, le culte "plus festif" représente plutôt une abdication devant l'hégémonie d'une société de consommation et de spectacle qu'une véritable concurrence à l'égard de celle-ci -- de fait, pour ce qui est de rassembler les foules, les cultes les plus "festifs" restent loin derrière le football ou le rock'n roll, malgré le succès relatif des grands "shows" pontificaux du genre JMJ...
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMer 13 Déc 2017, 12:25

Citation :
A mon sens, le culte "plus festif" représente plutôt une abdication devant l'hégémonie d'une société de consommation et de spectacle qu'une véritable concurrence à l'égard de celle-ci -- de fait, pour ce qui est de rassembler les foules, les cultes les plus "festifs" restent loin derrière le football ou le rock'n roll, malgré le succès relatif des grands "shows" pontificaux du genre JMJ...

 Je ne suis pas préoccupé par l'avenir des religions chrétiennes mais il me semble intéressant d'analyser le phénomène de déclin.  
Lorsque j'ai participé au pèlerinage à Lourdes, j'avais été surpris par la foule énorme des pèlerins et par la ferveur religieuse. Bien sûr, un croyant ne peux pas être en pèlerinage toute l'année, mais cette ferveur doit pouvoir être capitalisé. Chaque année j'assiste à la messe en plein air du 15 Aout, à notre dame des lumières, dans le Vaucluse et même observation, foule et ferveur. Précision, je ne suis pas catholique et je n'ai aucune religion, c'est à titre de curiosité et d'expérience que j'assiste et participe à ces évènements.
Autre remarque, chaque fois, que j'indique m'intéresser à l'étude des textes de la bible, j'ai le sentiment d'être un OVNI.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMer 13 Déc 2017, 15:42

Lourdes est à resituer dans le contexte du XIXe siècle, où l'on voit un catholicisme fortement émotionnel (cf. le "sacré-cœur") et spectaculaire (apparitions et miracles) réagir, dans tous les sens du terme, aux évolutions contraires de la société ambiante (scientisme, matérialisme, évolutionnisme, positivisme, naturalisme, socialisme, anticléricalisme, etc.). Il y a déjà là une sorte de "bataille médiatique" avant la lettre. (Cf. la "réplique" de Fátima au Portugal au début du XXe s.) Quand je parle de réaction (aussi au sens politique), j'entends bien par là une réaction vitale et spontanée, "enfantine" et "populaire", d'une foi de plus en plus menacée par un péril diffus sinon clairement analysé; non une stratégie froidement calculée par une hiérarchie ecclésiastique qui au départ était plutôt réservée (en d'autres termes je n'y soupçonne a priori aucune "supercherie" consciente, bien qu'il y en ait clairement eu dans la longue histoire des miracles)...

On retrouve évidemment là le sempiternel problème du "sujet" ou de l'"identité" dans l'histoire, le devenir et les évolutions en tout genre: ce qui (se) survit en changeant (ou en mutant), est-ce le même ? Le catholicisme de Lourdes est et n'est pas celui de saint Augustin, de saint Thomas d'Aquin ou de Pascal... il a l'avantage relatif d'être provisoirement vivant à la place de ses prédécesseurs, mais il n'est pas sûr que ceux-ci y gagnent quoi que ce soit.

L'intérêt pour les textes et autres traces de pensée passée fonctionne sans aucun doute en sens inverse de l'intérêt pour la vie présente et à venir. Mais cet antagonisme est aussi fonctionnel: car dans un sens seul le passé a de l'avenir, et il faut bien quelques mediums (media ?) pour faire parler les fantômes (à qui sinon à la postérité ?); il en faut d'autant qu'il en manque.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeJeu 14 Déc 2017, 10:55

L'Eglise catholique a souffert d'une concurrence interne au christianisme, beaucoup de catholiques ont rejoint les rangs des évangéliques, mais un autre phénomène est apparu, le renouveau charismatique catholique, sur le modèle des pentecôtistes. Dans ces groupes catholiques, ont expérimente le pourvoir de l'Esprit Saint, certains se mettent à parler "en langues", à donner des paroles de prophétie… avec un goût pour la vie fraternelle et la volonté de partager sa foi. Comme dans l'Eglise aux corinthiens, certains groupes sont devenus incontrôlables et ont suscité une certaine méfiance.





Dans Décadence, Michel Onfray annonce la fin de la civilisation judéo-chrétienne. Pour Vincent Morch, le sort de celle-ci n'est pas joué, même s'il est vrai que le christianisme, fondé sur la faiblesse et la liberté de l'homme, est intrinsèquement fragile.

Que ce soit à cause de ses ennemis déclarés, comme dans le cas des persécutions perpétrées par les empereurs romains ou par les républicains fanatiques de 1793, ou sous le poids de ses propres errances (songeons à la corruption de la Rome des Borgia), il n'est pas un siècle où elle n'aura été confrontée à des périls mortels - il n'a jamais existé, il ne pourra jamais exister, de «chrétienté triomphante». La réelle nouveauté de la période qui s'ouvre avec la Révolution française est la prolifération des déclarations de morts imminentes: le christianisme doit être prochainement aboli par une nouvelle religion (Robespierre, Hugo), par la science (Comte, Marx) ou par un nouveau type humain (Nietzsche). Lorsque Michel Onfray, dans son nouvel ouvrage Décadence, prétend faire le constat de la mort du christianisme, il se situe donc dans une tradition déjà longue. Or, en dépit de son incontestable déclin en Occident, il existe encore à ce jour des chrétiens. Il en existe même suffisamment pour remplir massivement, au grand étonnement de ceux qui les croyaient déjà six pieds sous terre, les rues des grandes villes françaises. Sont-ce là les derniers spasmes d'un cadavre? Ou les prémisses d'une résurrection ?

http://www.lefigaro.fr/vox/religion/2017/01/11/31004-20170111ARTFIG00218-n-en-deplaise-a-michel-onfray-le-christianisme-survivra.php
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeJeu 14 Déc 2017, 13:54

Le vrai miracle du christianisme, c'est ce qu'on arrive à faire avec le mot "christianisme" constitué en sujet, objet, agent, signifiant, signifié et référent unique de 2000 ans d'histoire et de mythe: miracle linguistique et conceptuel de l'ipséité qui résulte infailliblement de la magie lapalissienne du nom et des pronoms qui s'ensuivent. Il peut devenir n'importe quoi, changer du tout au tout, se diviser ou se rassembler, se déchirer ou se recoudre, se décomposer et se recomposer, subir toutes les pertes, s'enrichir de toutes les influences, il reste au fond toujours le même (ipse -> metipse -> "même"), c'est toujours de lui qu'on parle tant qu'on parle de lui. Il peut commencer à se raconter dans son propre mythe, au bord d'un tombeau vide ou à la Pentecôte, et poursuivre son récit par n'importe quel chemin de sa légende ou de son histoire (en évitant de préférence les croisades, l'Inquisition et les guerres de religion) pour arriver à n'importe quel point de son actualité (ici peut-être la "Manif pour tous", si j'ai bien compris l'allusion aux "chrétiens" dans "les rues des grandes villes françaises"; et tant pis si ladite Manif croyait bon, pour ratisser large et paraître "laïque", d'éviter toute référence explicite au christianisme).

Bien sûr ce miracle du langage n'a rien de distinctif, il fonctionne aussi bien avec "le judaïsme", "l'islam", "le monothéisme", "l'hindouisme", "le bouddhisme", "la religion", "la philosophie", "l'Occident", "l'Orient", "la civilisation", "l'humanité", "la vie", "l'univers". Tant qu'on peut employer un nom ce qu'il désigne paraît immortel ou increvable, d'autant plus qu'il désigne moins précisément quelque chose de clairement définissable. C'est d'une bêtise infinie mais efficace puisqu'elle est inscrite dans la structure même du langage et de "l'intelligence": on ne saurait dire ni penser quoi que ce soit sans recourir, avec plus ou moins de naïveté ou de méfiance seulement, au même procédé magique, avec le même genre de miracle à la clé.

Pour revenir à des généralités un peu moins générales, mais sans éviter au fond le même écueil (on peut s'amuser à souligner aussi les pronoms dans ce qui suit), le "renouveau charismatique" des années 1960 se distingue surtout du "pentecôtisme" antérieur (depuis le début du XXe siècle) par le fait qu'a priori il opère à l'intérieur de chaque Eglise, ne vise ni la création d'Eglises nouvelles ni le schisme des Eglises où il se développe (quoiqu'il y aboutisse quelquefois), et qu'il est donc en principe compatible avec l'"œcuménisme": la reconnaissance mutuelle et transversale des "charismatiques" d'une Eglise à l'autre tendant de toute façon à l'emporter sur les contraintes doctrinales, disciplinaires et hiérarchiques de chaque Eglise, elle contribue à rapprocher les Eglises séparées tout en les divisant autrement (entre "charismatiques" et "non-charismatiques"). Là encore, je ne sais pas trop où en est aujourd'hui la dynamique de ce "mouvement", s'il progresse encore, se maintient ou décline. Je l'ai un peu connu vers la fin des années 1980 dans plusieurs versions, évangéliques baptistes, protestantes réformées, catholique, il était alors plutôt croissant dans les Eglises correspondantes, sans d'ailleurs entraîner d'expansion globale de celles-ci: c'était plutôt un phénomène intra- et inter-ecclésiastique qui jouait très peu sur la "frontière" entre chrétiens et non-chrétiens (ce qui par ailleurs correspond aux observations de 1 Corinthiens sur les "charismes" et surtout le "parler en langue": signe pour les croyants, folie -- mania cette fois -- pour ceux du dehors).
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeJeu 14 Déc 2017, 15:00

N'est-ce pas notre folie de vouloir tout étiqueter, ranger, trier, examiner au microscope chaque mouvement chrétien? N'existait-il pas variétés de mouvements par le passé, je pense à la période médiévale au sens large?

Comment les "chrétiens" vivaient-ils alors leur foi? Peut-être mieux que les chrétiens de nos jours qui se demandent s'ils sont toujours des serviteurs de Dieu, ou pour d'autres s'ils représentent bien la religion, les autres étant dans le meilleur des cas à côté voire franchement dépassés.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeJeu 14 Déc 2017, 15:56

On ne peut pas se passer des étiquettes -- aussi longtemps du moins qu'on parle, qu'on pense et qu'on écrit -- on peut tout au plus apprendre à s'en méfier et à les manipuler avec prudence, en multipliant les précautions, les nuances et les différences: mais alors on aboutit à quelque chose de beaucoup plus compliqué qu'une histoire linéaire du christianisme, qui mènerait tout droit de "Jésus" au "pape François" (p. ex.).

Effectivement, à mesure que le regard s'accommode tant soit peu à la complexité du réel -- l'événement même de l'être dans le temps et la différence -- on s'aperçoit que ce qu'on appelle "le christianisme" a toujours été différencié, et ses frontières poreuses: avec un "judaïsme" tout aussi différencié pour commencer, avec les religions à mystère, la gnose et les philosophies hellénistiques de l'Antiquité tardive simultanément, dans la diversité des "hérésies" et même des "orthodoxies" dans la foulée. Les différences du christianisme médiéval ou moderne reproduisent, si l'on peut dire, la même différence, non à l'identique mais différemment, avec des effets de continuité, de rupture et de résurgence. La différence observée à l'intérieur d'une "religion" (toujours circonscrite plus ou moins arbitrairement) s'observe aussi entre les "religions" (p. ex. entre certains judéo-christianisme et l'islam, entre le soufisme musulman et certains bouddhismes, etc.). La différence exclue ou réprimée ressort ailleurs sous d'autres formes. Cela se laisse représenter par de multiples images (arborescence, cycle hydraulique de la source au fleuve et à la mer sans oublier les retours par la pluie, etc.), à condition de ne s'arrêter à aucune image comme à aucun nom. Et pourtant il faut des noms et des images pour pouvoir comprendre, décrire, raconter, percevoir ou même pressentir quoi que ce soit.

L'ironie de la chose est qu'on peut éprouver le même sentiment fondamental devant un tel "tableau" de l'histoire des religions que devant n'importe quel "tableau" du même genre ou d'un autre, à l'intérieur de chaque "religion" ou de chaque "philosophie" ou devant une "œuvre d'art" sacré ou non, devant la "nature" même qui fournit les images et les langues qui fournissent les noms. Fascination de la "merveille" (Undr, dirait Borges) qui a toujours aussi un côté "terrible".
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeVen 15 Déc 2017, 11:17

L'église catholique a t-elle un avenir ?


Ce qu'il faudrait changer en profondeur

- Il faudrait d'une part bousculer un certain nombre de convictions de base de l'Eglise catholique  qui sont autant de prétentions infondées et donc d'obstacles pour témoigner de Jésus de N. en notre temps . J'énumère ces convictions :
- convictions de détenir la Vérité par mandat divin
- conviction que sa doctrine sur Jésus et son Dieu élaborée dans les premiers siècles dans la culture grecque, culture singulière, dit la Vérité, valable en tout temps et tout lieu.
- conviction que pape et évêques ont reçu un mandat divin pour interpréter les Ecritures et exprimer la vérité.
- convictions que Dieu a établi une loi naturelle qui définit pour tous les hommes la manière éthique de se comporter.

- Il faudrait d'autre part et dans le même mouvement revenir à la Source du christianisme c'est à dire à la personne de Jésus de Nazareth, ce qu'il a dit et vécu, et à travers cela retrouver l'esprit qui l'animait et les motivations qui l'inspiraient. Ce travail doit faire apparaître le visage du nazaréen dégagé de l'idéologie qui l'a supplanté. Cette tâche est nécessaire mais non suffisante. Elle doit conduire à une actualisation de l'esprit qui animait Jésus dans la situation où nous vivons, tout à fait différente de la sienne. La fidélité à cet esprit n'est une répétition mais une recréation. C'est le thème de l'inculturation du christianisme.

 

L'avenir du christianisme dans notre société occidentale sécularisée



Il en résulte que si le catholicisme s'amenuise comme religion (dépérissement en nombre de ses membres et de ses prêtres), le christianisme demeure et demeurera souterrainement fécond dans notre société sécularisée en raison des valeurs que celle-ci professe et dont le christianisme a été l'inspirateur : respect de la personne, souci de la justice, de l'égalité et de la fraternité... Ce n'est pas un petit apport qu'il convient de reconnaître et de préserver. Dans son livre : Le Christ philosophe, Frédéric Lenoir, décrit minutieusement les étapes par lesquels l'éthique prônée et vécue par Jésus est passée d'un cadre religieux à une société laïque qui l'a adoptée en la sécularisant. Je vous recommande vivement cet ouvrage.

Cet héritage judéo-chrétien, la plupart des européens le vivent d'une manière inconsciente. Certains d'entre eux le vivent consciemment et tout en se disant athées sont inspirés dans leur vie par l'éthique de Jésus. C'est le cas du philosophe Comte-Sponville, mais c'était aussi le cas de penseurs du 19e siècle comme Proudhon. Le ferment introduit dans la société par l'éthique juive et par Jésus qui l'affine, la développe, l'universalise continue de faire lever la pâte humaine bien au-delà des clôtures du catholicisme et des autres Eglises chrétiennes.


http://protestantsdanslaville.org/gilles-castelnau-interreligieux/i223.htm
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeVen 15 Déc 2017, 13:26

"Dans ma tête c'est la fête des anciens combattants d'une guerre qui est toujours à faire..." (Dick Annegarn, Bruxelles).

Ironie d'un discours de changement qui n'a pas changé depuis un demi-siècle pendant que tout changeait, autrement, autour de lui. Autres paroles, même musique, chez les vieux cathos de gauche et les vieux communistes (p. ex.).

Point de sarcasme de ma part, une pointe de nostalgie plutôt: ce genre de discours, je l'ai approuvé et même tenu à ma façon; sincèrement, mais pas très longtemps.

Les mots et les idées suivent leur cours, de particules élémentaires, d'une composition provisoire et identifiable (comme "chrétienne" p. ex.) à une autre.

Les institutions aussi évoluent, à un tout autre rythme. Lente érosion, effondrement brutal des rochers vs. cours vif et plus ou moins régulier du torrent. On ne peut pas dire pourtant qu'ils n'aient aucun rapport. Evénements distincts d'un même événement.

La relative lenteur des institutions (hiérarchie, dogme, liturgie) les rapproche des textes: différence de tempo entre ce qui reste et ce qui passe, c.-à-d. entre ce qui passe plus ou moins vite. Pas de rivière sans berge.

Les gens qui vont à l'Eglise n'y vont généralement pas pour écouter du Comte-Sponville ou du Frédéric Lenoir, mais il n'y échappent pas. Il y a la place du sermon qui plus est toujours bon gré mal gré "dans l'air du temps" (place plus importante dans un culte protestant que dans une messe catholique, plus importante dans celle-ci que dans un service orthodoxe: l'Occident est bavard), il y a aussi celle de la liturgie répétitive: les mêmes mots qu'on récite, les mêmes gestes qu'on fait en leur donnant ou non un sens, qui le cas échéant peut changer tout au long d'une vie.

Je me suis assez expliqué là-dessus (ici et entre autres) pour pouvoir être succinct: "Jésus" n'est pas pour moi quelqu'un à chercher en amont des textes et de l'histoire du christianisme, mais le produit de ceux-ci. Une "figure", une "fiction" si l'on veut mais qui n'a pas fini d'être opérante tant qu'on en parle ou qu'on la re-présente. Quand on croit pouvoir le "dégager" de l'histoire, on participe sans le savoir à son "invention" continuelle, au même titre que ceux qui voudraient le garder "intact" et qui le transforment aussi sans le vouloir. "Il" se prête à tous ces jeux et s'en joue à sa manière.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeVen 15 Déc 2017, 15:39

Citation :
Les institutions aussi évoluent, à un tout autre rythme. Lente érosion, effondrement brutal des rochers vs. cours vif et plus ou moins régulier du torrent. On ne peut pas dire pourtant qu'ils n'aient aucun rapport. Evénements distincts d'un même événement.

La désaffectation de l'église catholique exprime un manque de "désir" et une identité religieuse "faible", qui semble s'accentuer avec le temps. Cet état de fait, explique la peur ou le rejet du prosélytisme des croyants "conquérants" (certains mouvements musulmans, le prosélytisme taxé "d'agressif" des Témoins de Jéhovah" ou des évangéliques) qui ne fait que souligner le manque de "zèle" des croyants chrétiens, dans leur grande majorité. Comment expliquer la vitalité d'une religion et la faiblesse d'une autre ?
Un mouvement qui conduirait à une France, ou le catholicisme ne serait plus majoritaire, correspondrait-il à une "catastrophe", souvent prédit par certains "islamophobes" ou "prophètes" réalistes ?
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeVen 15 Déc 2017, 16:50

Le catholicisme ne peut plus perdre en France qu'une majorité très relative: ça fait déjà longtemps qu'il est minoritaire par rapport à l'indifférence religieuse (athées + agnostiques + non pratiquants), et ce rapport-là n'est pas près de basculer. C'est à peine mieux (d'un point de vue catholique) dans l'Europe du Sud (Italie-Espagne-Portugal): pour trouver un catholicisme vivace (et encore je ne suis pas sûr qu'il soit toujours majoritaire) il faut aller en Irlande ou en Pologne -- dans les deux cas une religion qui correspond historiquement à une identité nationale menacée (par le protestantisme anglican ou presbytérien en Irlande, par le luthéranisme prussien et l'orthodoxie russe en Pologne). Là où l'hégémonie catholique perd l'appui de l'Etat (de la fin du fascisme à la mort de Franco en passant par la révolution portugaise) et ne se coïncide pas avec un nationalisme (Irlande-Pologne), le "déclin" se fait tout seul.

A propos de prosélytisme, je repense à une illustration d'un évangélique (autocritique) qui avait voulu m'interviewer sur une radio locale peu après ma sortie des TdJ (ça remonte donc à la fin des années 1980): Les chrétiens (évangéliques ou TdJ), disait-il en substance, sont un peu comme des gens qui se sont fait arrêter à l'entrée d'un château magnifique par quelqu'un qui leur a dit "entrez, cette demeure est pour vous, c'est gratuit"; ils y ont cru et alors qu'il s'apprêtaient à entrer, on leur a dit: "attendez, vous n'allez pas garder ça pour vous tout seuls, il faut que vous invitiez à votre tour les autres à entrer." Du coup la foule n'en finit plus de croître devant la porte, mais personne ne rentre ni ne sait au juste de quoi il parle.

On peut y reconnaître une variante (protestante) de la parabole de la Loi dans Le Procès de Kafka (parabole juive quoiqu'elle soit mise dans la bouche d'un prêtre: là non plus on n'entre pas, mais parce qu'on croit que c'est interdit: et celui qui est resté devant la porte toute sa vie en essayant vainement de négocier son entrée avec le gardien découvre, au moment de mourir, que la porte n'était là que pour lui). Toujours est-il que l'image m'a paru excellente. Elle était venue dans la conversation à propos du "zèle" ostensible des TdJ pour le prosélytisme, "zèle" admiré, envié et quelquefois imité par les évangéliques.

Pour le dire autrement, le prosélytisme se fait aussi au détriment du contenu de la religion ou de l'expérience religieuse. Plus on passe de temps et d'énergie à parler de sa religion, et à en parler à un niveau élémentaire puisqu'on s'adresse à des gens qui ne la connaissent pas ou mal, moins on la vit, moins on la pense, moins on l'approfondit. Chez les TdJ c'est, comme toujours, caricatural, puisque le "culte" même est en grande partie consacré (si l'on peut dire) à la propagande. Une religion traditionnelle qui ne fait pas de prosélytisme, ou exceptionnellement, tout simplement parce qu'elle n'en a pas l'occasion, est en revanche un lieu où il se passe quelque chose (de rituel, peu importe le dosage des gestes et des paroles, des prières et des chants, etc.) entre les "croyants" et leur "dieu" le cas échéant.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 19 Déc 2017, 17:03

Le problème du christianisme en France ne se résume -t-il pas au fait que les racines culturelles de la France sont aujourd'hui réduites à la seule philosophie des Lumières, en occultant  la contribution de la tradition catholique ?
Pourtant, il me semble que les lumières sont les héritières, d'une certaine manière, du christianisme dont elles ont conservé et développé, certains concepts.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMar 19 Déc 2017, 20:40

L'image (botanique) des "racines" ne vaut que ce qu'elle vaut, mais elle vaudrait déjà mieux que ce qu'on en fait d'ordinaire si l'on se souvenait que des "racines", en général, c'est multiple, divergent et enchevêtré.

"Le christianisme" en France, ça n'a jamais été quelque chose de monolithique, ni dans l'Eglise catholique (qu'on songe à la diversité des ordres et des théologies) ni en dehors (Réforme, Vaudois, cathares si on remonte dans le temps) ou à la limite (p. ex. jansénisme); les "Lumières" non plus d'ailleurs (la "raison" de Rousseau n'a pas grand-chose à voir avec celle de Voltaire); en aval le "romantisme" qui peut être aussi chrétien qu'anti-chrétien, mais à bien des égards anti-rationaliste, brouille encore les pistes (Chateaubriand, Péguy, etc.).

"Le christianisme" sous tel ou tel de ses aspects n'a sans doute jamais cessé de nourrir la "culture française", mais à un niveau de plus en plus élitiste et confidentiel (surtout depuis la deuxième moitié du XXe siècle); le problème, si c'est un problème, c'est que les deux et a fortiori leur intersection ne rencontrent plus aucun "peuple". Le public de Johnny ou de Hanouna n'est franchement pas plus proche des "Lumières" que du "christianisme", il y a un peu de tout ça dans sa soupe mais il est incapable d'y reconnaître quoi que ce soit.

Ça n'a d'ailleurs aucune importance, à mon avis, quand on songe que le christianisme lui-même est le produit d'une telle "soupe": mélange d'abord "populaire" et "spontané" de judaïsme et d'hellénisme religieux et philosophique avant qu'il ne produise ses propres élaborations intellectuelles.

Plus profondément c'est le désir ou le besoin de "religion", de "philosophie" ou même d'"idéologie" qui n'est plus évident, ou trop dispersé (Internet) pour arriver à constituer un "mouvement" quelconque. L'islam est peut-être le seul à montrer une certaine vitalité dans cette période, même pour de "mauvaises" raisons. S'il devait se développer suffisamment pour produire à nouveau de la pensée théologique et philosophique dans un contexte français (ou plus généralement européen), on y verrait forcément resurgir des rejetons (ou des fantômes) de la culture locale (christianisme, rationalisme) -- comme ça a été le cas jadis en Perse ou en Andalousie. Rien ne se perd jamais complètement.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMer 20 Déc 2017, 10:59

La question des origines chrétiennes de la France continue d'agiter le débat public. Quelle est votre opinion sur la question ?
C'est le type même de la fausse question. Comme je l'ai écrit dans mon ouvrage Quand notre monde est devenu chrétien, « ce n'est pas le christianisme qui est à la racine de l'Europe, c'est l'Europe actuelle qui inspire le christianisme ou certaines de ses versions ». La religion est une des composantes d'une civilisation, et non la matrice - sinon, tous les pays de culture chrétienne se ressembleraient, ce qui est loin d'être le cas ; et ces sociétés resteraient figées dans le temps, ce qui n'est pas plus le cas. Certes, le christianisme a pu contribuer à préparer le terrain à certaines valeurs. Mais, de fait, il n'a cessé, au fil des siècles, de changer et de s'adapter. Voyez par exemple le courant des catholiques sociaux de gauche : ce christianisme charitable qui oeuvre pour le bien-être du prolétariat découle directement du mouvement ouvrier socialiste du XIXe siècle. De même, il existe des courants du christianisme qui se revendiquent féministes et laïques. Mais auraient-ils existé s'il n'y avait eu, auparavant, la révolution féministe ? Et la laïcité, ce ne sont pas les chrétiens qui l'ont inventée : ils s'y sont opposés en 1905 ! En réalité, le christianisme se transforme en fonction de ce que devient la culture française, et s'y adapte.

Vous allez jusqu'à contester l'idée même de « racines ».
Aucune société, aucune culture, n'est fondée sur une doctrine unique. Comme toutes les civilisations, l'Europe s'est faite par étapes, aucune de ses composantes n'étant plus originelle qu'une autre. Tout évolue, tout change, sans arrêt.

Vous relayez également l'interrogation du sociologue (pourtant croyant) Gabriel Le Bras, « la France a-t-elle été jamais christianisée ? », tant la pratique religieuse a, de tout temps, été défaillante.
Absolument. Si, pour certains croyants, qui ne constituent qu'une toute petite élite, le christianisme correspond à une réalité vécue, force est de constater que pour l'immense majorité des autres, la religion n'est qu'un vaste conformisme, auquel ils adhèrent sans réellement s'y astreindre. C'est exactement la même chose que la notion de patrie avant 1914 : l'idée de « patrie française » tenait chaud au coeur.

Néanmoins, on ne peut nier l'apport réel du christianisme à notre culture.
Bien sûr que cet apport est immense. Autour de nous, le christianisme est partout : les cathédrales, les églises jusque dans les plus petits villages, une bonne partie de notre littérature - Blaise Pascal - et de notre musique - Bach. Mais pour la majorité d'entre nous, il s'agit là d'un héritage, d'un patrimoine qui appartient au passé, à l'instar de Versailles ou de la pensée de Descartes. Moi-même, je suis ému quand je rentre dans une église et je fais le signe de croix. Le déclin du christianisme, le fait qu'il soit sorti de notre culture, de nos croyances et de nos pratiques, a réellement commencé à toucher l'ensemble de la population au XIXe siècle.

Vous écrivez que notre culture est aux antipodes des valeurs chrétiennes. Pourquoi ?
L'Europe actuelle est démocrate, laïque, partisane de la liberté religieuse, des droits de l'Homme, de la liberté de pensée, de la liberté sexuelle, du féminisme et du socialisme. Toutes choses qui sont étrangères, voire opposées, au catholicisme d'hier et d'aujourd'hui. La morale chrétienne prêchait l'ascétisme et l'obéissance. L'individualisme de notre époque, par exemple, est aux antipodes de la soumission, de la piété et de l'obéissance chrétiennes.

http://www.lemondedesreligions.fr/papier/2016/81/entretien-avec-paul-veyne-la-question-des-origines-chretiennes-de-la-france-est-un-faux-debat-28-12-2016-6004_232.php?IdTis=XTC-AGXN-G5042E-DD-RSTX-DJBE
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMer 20 Déc 2017, 12:35

Pas grand-chose à ajouter à cela, sinon ceci: même ce qui paraît "anti-chrétien" dans la modernité -- et l'est effectivement par rapport à son christianisme de référence -- peut souvent se lire comme la résurgence d'éléments qui ont été "chrétiens" à un moment donné (sans l'être pour autant de façon originale ni exclusive) puis refoulés ou écartés par le christianisme dominant. Depuis le début (et surtout au début) de l'histoire du christianisme, il y a aussi eu des tendances individualistes, de l'égalitarisme de genre (homme-femme), de l'anti-ascétisme (ou de l'indifférence à la "morale sexuelle"), dans les christianismes "gnostiques" en particulier. Donc dans l'"anti-chrétien" c'est encore du "chrétien" qui ressort; ou plutôt: "le christianisme" est une étiquette plaquée sur un large et surtout long faisceau d'événements (institutions, idées, pratiques, etc.) qui ne le déterminent qu'approximativement. A la limite, ce qui importe au "christianisme" c'est surtout l'étiquette elle-même: tout ce qui se dit "chrétien", "il" le sera; mais ce qui ne se dit plus "chrétien", quand bien même le contenu n'en changerait pas, cela échappe de fait au "christianisme". C'est peut-être ça l'enjeu principal -- politique en effet -- de la mention d'origines ou de racines "chrétiennes". Là où "le christianisme" n'est plus nommé, "il" disparaît -- quand bien même l'essentiel de son "contenu" resterait vivant, présent et actif sous d'autres étiquettes.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMer 20 Déc 2017, 15:43

Citation :
Là où "le christianisme" n'est plus nommé, "il" disparaît -- quand bien même l'essentiel de son "contenu" resterait vivant, présent et actif sous d'autres étiquettes.

L'Eglise catholique en défendant "surtout" des valeurs humanistes, (qui ne sont pas en contradictions avec  le christianisme), n'a-t-elle pas un peu perdu son "âme" et son identité, en s'éloignant de l'image du Christ, de la foi et de l'enseignement du fait religieux ?
Même dans les écoles catholiques, l'enseignement du fait religieux se perd , donc ne parlons même pas de l'enseignement catholique, qui est totalement dépassé.  Les dimensions sociale et humanitaire de l'Eglise catholique, ne sont pas à remettre en cause mais elles ont pris le pas sur l'identité et la foi chrétienne de cette Eglise, dont les membres donnent le sentiment, d'avoir peur de dire qui ils sont.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeMer 20 Déc 2017, 16:16

C'est en effet ce qui fait la force de la réaction "intégriste" ou "traditionaliste" dans le monde catholique -- et "fondamentaliste" dans le monde protestant. Je ne la partage pas mais je la comprends.

De ce point de vue "se dire chrétien ou pas" est tout aussi important qu'"être chrétien ou pas" (en référence au titre transformé de notre forum, qui m'a longtemps agacé mais je n'y reviens pas !). Si j'ai fait le choix à un moment donné de ne plus me dire "chrétien", c'était un choix de désertion (d'"apostasie" si l'on veut) par rapport à un certain "champ de bataille" dont l'enjeu est la définition du "christianisme": je laisse ceux qui se disent "chrétiens" en discuter entre eux, je ne veux plus intervenir dans ce débat-là qui me paraît futile. Mais ça ne signifie pas que "le christianisme" ne m'intéresse plus ni même qu'il ne me définit plus -- il continue de m'intéresser, de m'influencer et de me déterminer, que je le veuille ou non, dans une large mesure.

N'empêche que ce "choix" (qui est devenu pour moi une évidence, à cet égard c'est à peine un choix) n'est pas sans conséquence. Si fort que je m'intéresse au christianisme et que je tâche d'en mettre en valeur les aspects qui me paraissent intéressants, je participe aussi, fût-ce à contrecœur et dans une mesure infinitésimale, à son "déclin" -- qui est aussi un moment de sa "vie". La seule chose qui me "rassure" dans ce "choix", c'est que je me vois incapable d'en faire un autre -- me dire "chrétien" et tenir un discours "chrétien", quand même je pourrais y voir un intérêt "politique" (parce qu'un tel discours, dans sa diversité, mérite d'être représenté autant qu'un autre, et qu'il me paraîtrait regrettable qu'il ne le soit plus du tout), cela n'est plus à ma portée.
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MessageSujet: Re: Essor ou déclin du christianisme ?   Essor ou déclin du christianisme ? Icon_minitimeVen 22 Déc 2017, 20:54

Des chrétiens encore y aura-t-il ?
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