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 contrition

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Narkissos

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MessageSujet: contrition   contrition Icon_minitimeVen 08 Fév 2019, 13:29

Les sacrifices de dieu (du dieu, des dieux; autre lecture possible "mon sacrifice, ô dieu[x]"), c'est un esprit brisé;
un cœur brisé et écrasé, (ô) dieu, tu ne mépriseras pas.
(Psaume 51,19).

S'il y a un psaume (juif) qui a l'air "chrétien", avant la lettre ou dans l'esprit, par la tonalité plus encore que par le contenu, c'est bien celui-là -- 51 dans le psautier hébreu, 50 dans la Septante et la Vulgate, dont l'incipit "fais grâce, prends ou aie pitié, miséricorde ou compassion", eleèson -> eleison en grec, miserere en latin, était promis à un grand avenir (aussi musulman puisque le rhm hébreu du parallélisme annonce tous les rahman / rahim de l'arabe coranique). Il n'est cité formellement qu'une fois dans le NT, v. 6 en Romains 3,4, mais la citation est décisive et paraît taillée sur mesure pour ce moment du raisonnement paulinien.

Ce qui me frappe en particulier dans ce verset, c'est la certitude qui semble surgir de nulle part mais apparaît, ou se trouve, en un point précis: au fond de la "contrition" (regret, tristesse, mais l'étymologie latine correspond bien à l'image de l'hébreu šbr, "briser", "être brisé", et de son quasi-synonyme dkh), une "foi", indissociable ici mais ici seulement d'un "savoir", d'un "sacrifice" qu'aucun dieu ne saurait mépriser -- peut-être parce que, selon l'ambiguïté de la construction hébraïque initiale dans sa lecture massorétique, c'est le sacrifice du ou des dieux même(s); et parce qu'en tout "cœur brisé" c'est aussi son ou leur "esprit" (rwh, pneuma, spiritus) qui est "brisé".
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MessageSujet: Re: contrition   contrition Icon_minitimeVen 08 Fév 2019, 15:57

Dans ta faveur, fais du bien à Sion, bâtis les murs de Jérusalem ! Alors tu prendras plaisir aux sacrifices de justice — holocaustes et offrandes totales.Alors on offrira des taureaux sur ton autel." Ps 51, 20-21

Les versets qui suivent semble contredire le v 19, puisqu'il est question d'offrir des taureaux,  même si le psalmiste demande à Dieu au préalable de faire du bien à Jérusalem.

Le psaume 51,  exprime une spiritualité haute et raffinée, qui semble incompatible avec un recours au rite. le psalmiste ne prie pas uniquement pour sa guérison ou son pardon  mais pour sa renaissance, il implore d'être recréé comme un être nouveau : "Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, rends à nouveau le souffle sûr en moi" Ps 51,12 (ce qui fait penser à la doctrine de Paul de "l'homme nouveau"). 

La condition à se renouveau passe par une action de  Dieu : "Lave moi complètement de ma faute, purifie-moi de mon péché !" (51,4), le psalmiste voit dans le lavement par l'eau un rite de renaissance. l'eau est moins destinée à éliminer l'impur qu'à créer le pur.

A travers l'idée exprimée par le Ps 51,19, on retrouve la vision de certains prophètes, notamment de Jérémie :

"Ainsi parle le SEIGNEUR (YHWH) des Armées, le Dieu d'Israël : Ajoutez vos holocaustes à vos sacrifices, et mangez-en la viande ! Car je n'ai rien dit à vos pères, je ne leur ai donné aucun ordre, le jour où je les ai fait sortir d'Egypte, au sujet des holocaustes et des sacrifices. Voici plutôt l'ordre que je leur ai donné : Ecoutez-moi ! Alors je serai votre Dieu, et vous, vous serez mon peuple. Suivez bien la voie que je vous prescris, afin que vous soyez heureux." Jér 7, 21-23
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MessageSujet: Re: contrition   contrition Icon_minitimeVen 08 Fév 2019, 16:46

La critique apparente des sacrifices dans les textes "bibliques" et connexes (littérature dite "intertestamentaire", manuscrits de la mer Morte etc.) est à apprécier avec beaucoup de prudence et de nuance, car les mêmes expressions peuvent signifier des choses très différentes d'un texte à l'autre, et d'une lecture à l'autre du même texte. Que le dieu ne veuille pas de sacrifice, selon le contexte de l'écriture et de la lecture, cela peut vouloir dire qu'il ne veut pas de rituel sans morale (sens de base de la critique "prophétique"), OU qu'il ne veut pas de tel rituel jugé illégitime par un clan sacerdotal adverse (mais tout aussi ritualiste pour sa part; ainsi de la critique du culte des "hauts-lieux" et autres sanctuaires par la prêtrise de Jérusalem, de la critique du service du temple par les prêtres qui en sont écartés, de la "réforme" de Josias à l'époque hellénistique et romaine -- il y a toujours quelque part un point de vue sacerdotal "alternatif" d'où les sacrifices du temple aux mains de tel ou tel clan sacerdotal, hellénisant, hasmonéen, hérodien, sadducéen, paraissent illégitimes et même profanateurs ou blasphématoires; d'où on considère donc qu'il faut s'en abstenir et préférer provisoirement un sacrifice "spirituel", "des lèvres" ou "de louange", en attendant la restauration d'un rituel légitime). Tout cela n'est pas à confondre avec une critique radicale du sacrifice en soi, critique qui n'apparaît guère que dans des milieux juifs hellénisés de l'époque romaine (Philon l'évoque et s'en distingue, soulignant que l'interprétation morale et intellectuelle, "spirituelle" ou allégorique du rite ne dispense pas de sa pratique concrète), et notamment dans le NT (cf. en particulier le discours de l'"helléniste" Etienne en Actes 7 ou l'épître aux Hébreux).

Le cas de Jérémie 7,21ss est doublement intéressant sous ce rapport, puisque 1) le personnage de Jérémie, "prêtre d'Anatoth", apparaît justement comme un prêtre écarté du sacerdoce par la réforme centralisatrice de Josias -- de ce point de vue la critique des sacrifices (du temple royal et yahviste de Jérusalem, il ne s'agit plus ici de sacrifices à d'autres dieux comme dans ce qui précède) ne serait pas dénuée d'un certain ressentiment personnel et de "clan" (sacerdotal); mais 2) on ne peut évidemment pas rapporter tout le (grand) livre de Jérémie (longuement développé et remanié comme en témoigne la version très différente de la Septante) à un seul "auteur" et à sa biographie, et rien ne nous assure d'un rapport direct entre ce passage et le personnage du prêtre-prophète. Reste que dans cette "tradition" (de "Jérémie") apparaît une critique particulièrement radicale des sacrifices (le dieu ne les a pas demandés, ou du moins ce n'est pas la première chose qu'il a demandée lors de l'exode d'Egypte dont le récit de référence ne correspond pas forcément à notre livre de l'Exode et moins encore à l'ensemble de la Torah; cf. aussi 6,20; 14,12). N'empêche que même dans le livre de Jérémie les sacrifices font partie intégrante de la "restauration" espérée, cf. p. ex. 17,26; 33,11.18.

Pour revenir au psaume 51, il n'y a pas nécessairement "contradiction" entre ses différentes propositions: le sacrifice est inutile (v. 18) SANS un renouvellement spirituel et moral qui passe par un autre type de sacrifice et qui est l'œuvre du dieu même (v. 19), par et dans la "contrition" humaine, mais tout cela doit déboucher sur la restauration d'un culte sacrificiel pleinement légitime et agréé (v. 20s).

Le plus remarquable dans ce Psaume, comme tu le soulignes, c'est que l'action purificatrice et/ou expiatrice est transférée de l'offrant-orant ou du prêtre au dieu même (v. 4, 9ss): c'est celui-ci qui lave et purifie, de ce dont même aucun rituel selon la Torah ne pourrait laver ni purifier, le "sang" (versé, damim, v. 16; comparer p. ex. Nombres 35,33). La "moralisation" prophétique de la Torah sacerdotale se renverse en son contraire, puisque le dieu peut faire ce que le prêtre ne pouvait plus faire, "purifier" et "justifier" même le meurtrier. C'est d'ailleurs une tendance sensible dans la rédaction "prophétique" tardive, emblématiquement dans la grande introduction d'Isaïe (1,15.18). Qu'il soit "rituel" ou "spirituel", le pardon n'est jamais "juste" au regard d'une justice morale ou légale.

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Sur l'expression ou image du "cœur" et de l'"esprit" brisés (broyés, etc.), cf. Psaume 34,19; 38,9; 69,21; Job 17,1.11; Proverbes 15,4.13; 18,14; Exode 6,9; Isaïe 61,1; Jérémie 23,9; Ezéchiel 21,6; 1 Maccabées 9,7; 2 Maccabées 9,11; 3 Maccabées 2,20. Compte tenu de l'usage hébraïque et plus largement "biblique" ou "parabiblique" du "cœur" et de l'"esprit" (= souffle, rwh), il faudrait entendre plutôt "découragement" que "tristesse", quoique sous cette forme négative les deux ne se distinguent plus guère. (Cf. encore, dans la langue de Pascal: "si tu connaissais tes péchés tu perdrais cœur" = "courage".)
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MessageSujet: Re: contrition   contrition Icon_minitimeMer 20 Fév 2019, 12:37

PURIFICATION ET RECREATION

LE « MISERERE » (Ps 51) Par la profondeur de sa théologie, la puissance évocatrice de ses images, l'équilibre d'une sensibilité à la fois vibrante et contenue, le « Miserere » a, de tout temps, séduit les croyants. Il a grandement contribué à éveiller le sens de la pénitence, mais aussi à découvrir les indicibles merveilles du pardon divin.

V 18-19
En effet, selon la tradition religieuse d'Israël, « YHWH est proche des coeurs brisés, il sauve les esprits abattus » (Ps 34,19) ; « Haut-placé et Saint je demeure, dit le Seigneur, tout en étant avec celui qui est broyé, et qui, en son esprit, se sent rabaissé » (Is 57,15 ; cf. 61,1-2 ; 66,2). Car, ce qui compte pour lui, ce n'est pas « l'apparence, mais le tréfonds du cœur » (1 Sam 16,7), ce n'est pas le sacrifice rituel mais le sacrifice intérieur, et celui-ci consiste en l'offrande d'un coeur souffrant, meurtri en raison même de sa trahison, mais finalement plein de confiance et d'espérance, car YHWH vient rejoindre ceux qui souffrent pour les rétablir dans la « joie de son salut ». https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1988_num_62_4_3102



Le  mot Miserere est par extension le titre de toute œuvre musicale écrite sur le texte du Psaume 50. Parmi elles on peut citer
Le célèbre Miserere de Gregorio Allegri, composé vers 1630,
A écouter, SUBLIME et EMOUVANT : https://www.youtube.com/watch?v=3s45XOnYOIw
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MessageSujet: Re: contrition   contrition Icon_minitimeMer 20 Fév 2019, 13:53

Merci ! (L'histoire, ou la légende, du Miserere d'Allegri est aussi très intéressante.)

L'article de B. Renaud "résout" la contradiction majeure des v. 20-21 par l'analyse historico-littéraire, ce qui me convient tout à fait mais laisse entière la perplexité du lecteur du texte "fini". D'autre part il ne me semble pas toucher le point précis qui me ramenait à ce Psaume, la "contrition" même comme "sacrifice" ambigu, au(x) OU/ET du(des) dieu(x).

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En marge: j'ai vu ou revu ces jours-ci, par la coïncidence d'un coffret Gaumont, deux adaptations d'œuvres russes réalisées par des cinéastes polonais dans les années 1980: Les possédés de Wajda, d'après le roman de Dostoïevski (dont le titre russe signifie plutôt Les démons, par référence à la péricope évangélique du possédé géranésien ou gadarénien), et Boris Godounov, de Zulawski, d'après l'opéra de Moussorgski et le roman de Pouchkine. Le rapport (compliqué) entre la culture russe-orthodoxe et polonaise-catholique faisait ressortir dans les deux cas celui de la "prière" et du "péché", fort différent semble-t-il dans ces deux cultures aussi antagonistes que frontalières -- Rostropovitch, en tant que directeur russe de l'opéra américain qui a servi de B.O. au film de Zulawski, a poursuivi celui-ci devant la justice française en arguant devant un juge parisien médusé d'une insulte à "l'âme russe", ça ne s'invente pas. D'après Zulawski, qui avait délibérément éliminé de son adaptation (passionnante à mon avis) une bonne partie du mysticisme du "criminel-repentant", le malentendu résidait précisément là: entre une culture (russe-orthodoxe) qui situait toute l'expérience mystique dans la repentance du pécheur-maudit et une culture (polonaise-catholique) plus juridique et morale où les choses ne pouvaient pas être aussi simples (à supposer que ce soit simple): entre le "péché", le "châtiment" et la "repentance" d'une part et la "sainteté" d'autre part, pour un catholique, il y a toute la médiation d'une "conversion" effective et d'une vie de "bonnes œuvres" qui serait comme court-circuitée par le "mysticisme de la repentance" orthodoxe. On songe, entre les deux ou plutôt un peu plus "à l'ouest" (germano-prussien), à l'anti-juridisme paulino-luthérien qui "justifie" le pécheur(-repentant) en tant que tel. Il me semble en tout cas que tout cela nous reconduit en plein cœur de l'interprétation du Psaume 50/1: comment le "cœur/esprit brisé/broyé" est ou n'est pas un "sacrifice divin", efficace et rédempteur en soi.
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MessageSujet: Re: contrition   contrition Icon_minitimeMar 22 Aoû 2023, 14:20

La prière dans la Bible hébraïque
Thomas Römer

Prières et sacrifices: le cas du Psaume 51 Le Psaume 51 présente des formulations si proches de cette prière adressée au dieu Zalbâtanu qu’il est permis de se demander si l’auteur de ce texte ne connaissait pas la supplication assyrienne. Lorsque la prière biblique a été intégrée dans le Psautier, les rédacteurs l’ont mise en relation avec l’adultère de David (v. 2). A l’origine, il s’agit cependant d’une prière de détresse plus universelle. Contrairement à la prière assyrienne, le psaume commence par l’appel à Dieu et par la confession du péché: «Aie pitié de moi, mon Dieu, selon ta fidélité. Selon ta grande miséricorde, efface mes torts. Lave-moi sans cesse de ma faute et purifie moi de mon péché. Car je reconnais mes torts, j'ai toujours mon péché devant moi. Contre toi, et toi seul, j'ai péché, ce qui est mal à tes yeux, je l'ai fait, ainsi tu seras juste quand tu parleras, irréprochable quand tu jugeras.» (v. 3-6). C’est en invoquant trois attitudes caractéristiques du dieu d’Israël, sa fidélité ou loyauté, sa miséricorde et sa justice que le suppliant peut avec confiance reconnaître ses torts et demander pardon pour une faute qui n’est pas précisée davantage. Selon le Psaume 51, ce péché fait en quelque sorte partie de l’existence humaine. L’homme ne pourrait être juste par ses propres efforts: «Je suis né dans la faute, ma mère m'a conçu dans le péché. Mais tu prends plaisir à la loyauté dans le fond du cœur; au plus secret de moi-même, fais-moi connaître la sagesse!» (v. 7-Cool. Contrairement à ce que certains commentateurs ont prétendu, ce texte ne développe ni la doctrine d’un péché originel, ni l’idée que la sexualité serait un péché. Il s’agit plutôt d’une conviction profonde de la prière biblique: l’homme reconnaît sa dépendance envers Dieu afin de vivre une vie de bonheur, car c’est Dieu qui peut ôter le poids des souffrances physiques et psychiques: «Fais que j'entende l'allégresse et la joie, et qu'ils dansent, les os que tu as broyés. Devant mes péchés, détourne-toi, toutes mes fautes, efface-les. Crée pour moi un cœur pur, Dieu; enracine en moi un esprit tout neuf» (v. 11-12). Comme dans la prière assyrienne, la prière se termine par une demande d’exaucement: «O Dieu, Dieu de mon salut, délivre-moi du sang, et ma langue criera ta justice» (v. 16). La mention du sang est quelque peu étonnante. Il a souvent été proposé de remplacer le mot «sang» par «silence» (en hébreu ce mot s’écrit presque de la même manière). Délivrer du silence, pourrait alors signifier délivrer du monde des morts. Mais la forme actuelle du texte ne nécessite pas cette correction. La mention du sang peut être une allusion à un crime de sang commis par le Psalmiste ou du moins dont il est accusé. Il peut également – ce qui est la solution la plus probable – faire référence au sang des sacrifices.

Contrairement à la prière assyrienne, le Psaume 51 se termine d’abord par une critique des sacrifices traditionnels: «Car tu ne prends pas plaisir au sacrifice - sinon, j'en offrirais; tu n'agrées pas l'holocauste. Les sacrifices pour Dieu, c'est un esprit brisé: un cœur brisé, écrasé, ô Dieu, tu ne le méprises pas». Au lieu du sang des sacrifices, Dieu veut la prière qui l’implore et qui le loue.

https://hal.science/hal-03821386/document

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MessageSujet: Re: contrition   contrition Icon_minitimeMar 22 Aoû 2023, 16:17

Ici une transcription et deux traductions anglaises du texte akkadien; l'idée des "péchés connus et inconnus", qui m'avait frappé (cf. Psaumes 19,13; 90,8 etc.), n'est que dans l'une des deux traductions (mais l'autre semble être un produit d'"intelligence artificielle", AI); en français (ou en anglais) au moins, les "péchés inconnus" seraient cependant ambigus: péchés qu'on cache aux autres ou dont on n'est pas soi-même conscient ?

Au passage, je remarque que dans le psaume 51 la racine dkh pour "briser" ou "écraser" (cf. post initial) vaut pour les "os" (v. 10) comme pour le "coeur" (v. 19). Dans les deux cas la Septante traduit de façon plus vague, par "humilier" ou "abaisser" (tapeinoô). Et la correspondance est perdue dans la Vulgate (d'où nous vient la "contrition", mais pour šbr, briser), où l'on a respectivement auditum mihi facies gaudium et laetitiam ut exultent ossa quae confregisti et sacrificium Dei spiritus contribulatus cor contritum et humiliatum Deus non dispicies, quand elle prétend traduire l'hébreu; on la retrouve en revanche, sous la forme vague de l'humiliation, quand elle traduit le grec: auditui meo dabis gaudium et laetitiam exultabunt ossa humiliata et sacrificium Deo spiritus contribulatus cor contritum et humiliatum Deus non spernet. (Pour rappel, la Vulgate a deux traductions des Psaumes, l'ancienne version latine d'après la Septante étant trop populaire à l'époque de Jérôme pour être purement et simplement remplacée par une traduction d'après l'hebraica veritas.)

Je crois l'avoir souvent dit: toute "théologie" mériterait d'être confrontée à une phénoménologie de la prière, qui remettrait en question ses distinctions les plus tenaces et les moins interrogées -- entre "polythéisme" et "monothéisme", entre "théisme" ou "athéisme". Il peut arriver à tout le monde de prier un jour ou l'autre, et ce jour-là toutes les prières se ressemblent, comme historiquement toutes les prières se montrent indéfiniment traduisibles et appropriables d'une langue, d'une culture, d'une religion, d'une divinité et d'un orant à l'autre.

Accessoirement (c'est le cas de le dire), je me souviens que nous avons aussi parlé de vases (ou d'autres accessoires) brisés ici. C'est l'occasion de remarquer que cette image (sous-jacente au mot contrition, mais on ne peut pas le deviner sans passer par le latin) qui concrètement s'appliquerait très bien aux "os" s'applique déjà moins bien au "coeur" et encore moins bien à l'"esprit" ou "souffle"; elle est pourtant fréquente (cf. supra 8.2.2019, fin), presque stéréotypée comme chez nous "le coeur brisé" (tu me fends le coeur...), quoique sans doute moins exclusivement sentimentale (cf. ici).
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