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| De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 | |
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Auteur | Message |
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Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Jeu 24 Fév 2022, 16:43 | |
| Malgré tout ce qui les différencie, les "méthodes" d'analyse (narrative, rhétorique, sémiotique parmi bien d'autres) présentent toujours le même genre d'avantages et d'inconvénients: il y a ici et là un gain d'attention au texte, récit, discours ou jeu de signes, pourvu que ce gain ne se perde pas dans l'inflation générale du métalangage descriptif, analytique et explicatif... pour le dire autrement on ne peut pas à la fois lire et se regarder lire, entendre et s'écouter entendre, même si on peut le faire alternativement, mais alors avec un certain retard (différance encore) de l'analyse et de la synthèse sur la lecture, qui suppose aussi un retour régulier du commentaire à la lecture.
L'"apocalyptique" offre un exemple exemplaire, si je puis dire, du jeu constant entre parole, image et texte -- exemple à la fois unique dans sa diversité et représentatif de tous les jeux de communication. J'entendais l'autre jour dans la rue quelqu'un dire "tu vois ce que je veux dire ?" et cette phrase archi-banale, souvent simple "tic de langage", m'a frappé par ce qu'elle a justement d'exemplaire, de toute "communication", qui joue en permanence de la parole et de l'image (idée), de la suppléance et du supplément de l'une à l'autre et de la rémanence de l'une dans l'autre, pour un "vouloir dire" qui est aussi un "montrer", signification et signalement, et un montrer qui est aussi un faire entendre, sentir ou toucher: il y va toujours de plus d'un sens (au sens des "cinq sens") dans le sens (au sens de "signification"; cf. "regardez ce que vous entendez", Luc 8,18, à propos des "paraboles"). C'est aussi ce qui reste ou resurgit d'imagerie picturale ou plastique, mythologique et rituelle, dans une "apocalyptique" aussi fascinée par sa visualisation que par son discours, si ennemie des "idoles" qu'elle se prétende.
Pour revenir sur la question du "point de vue" dont je parlais plus haut (18.2.2022): si la description d'un "monde nouveau" suscite chez le lecteur-auditeur (qui se situe dans le "monde ancien") le désir et la crainte (désir d'y être ou d'en être, crainte de ne pas y être ou de ne pas en être, dans ou de ce "monde nouveau", en "vrai"; carotte et bâton si l'on veut), il peut aussi avoir l'effet inverse, d'apaisement de tout désir et de toute crainte; dans la mesure où ce "monde nouveau" tout-accompli, sans histoire et sans conflit peut être contemplé depuis ce monde-ci, au beau milieu de l'histoire et de ses conflits, c'est déjà une expérience d'interruption de l'histoire dans l'histoire; avant-goût peut-être (anticipation, prolepse), mais déjà goût à part entière. Ce qui est vrai aussi de tout culte, prière, extase, contemplation ou méditation, pour autant qu'en-deçà ou au-delà de toute attente il constitue pour son "sujet", individuel ou communautaire, une expérience présente. En quoi tout le monde peut s'y retrouver, ceux qui tiennent à une eschatologie future et "réaliste", et ceux s'en tiennent à un rapport immédiat du présent à l'éternité, non moins "réaliste" à sa manière (comme le "johannisme" hors Apocalypse). |
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mar 01 Mar 2022, 14:34 | |
| Notes : Apocalypse 22:3 plus de malédiction (voir bénédiction, malédiction) Za 14.11 ; cf. Gn 3.14-24 ; Rm 8.1 ; voir Mt 26.74n.
Le nouveau monde ne peut plus connaitre d'imprévu qui contrarierait le dessein de Dieu, tout est figé. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mar 01 Mar 2022, 15:15 | |
| Et par la même occasion il n'y a(urait) plus (non plus) de "dessein de Dieu", tout "dessein" (projet, intention, objectif, visée, plan, etc.) se "figeant" aussi dans le dessin, design, tableau fixe ou structure constante d'un fonctionnement cyclique ou régulier comme un rite ou une liturgie, sans "histoire" ni "événement" (les deux mots, "dessein" et "dessin", partagent d'ailleurs la même étymologie qui reconduit au "signe", sceau, etc.).
Tout est accompli dans le "monde-accompli", mais tout aura été requis (aspect "accompli" du futur antérieur) pour son accomplissement, y compris ce qui en est exclu (litanie des négations: la mer, la nuit, le soleil, la lune, le temple, la mort, les larmes, etc., encore inscrits en creux dans leur absence re-marquée).
Je repense au "chant de minuit" de Zarathoustra (cf. p. ex. ici): monde plus profond que le jour ne l'envisageait, mais joie (Lust) encore plus profonde que le malheur (Weh), parce que la douleur dit "va(-t'en)" (geh), veut passer et passe, tandis que la joie veut l'éternité profonde, profonde... supplément et différence de profondeur, non prolongement comme dans le Faust de Goethe ("reste donc, tu es si belle", ce serait la victoire de Mephistophélès) mais une fois encore, une fois de plus, fût-ce au prix de la répétition infinie et indifférente de tout le reste: c'est le principe même de l'"éternel retour" et peut-être le secret de sa "sélectivité" paradoxale: c'est et ce n'est pas le même retour de tout. |
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mer 02 Mar 2022, 15:17 | |
| 11. Avec la victoire de l'Agneau , pour le lecteur, tout est nouveau : Le monde, Jérusalem, le paradis (21,1-8 ; 9-27 ; 22,1-5)
Ce tableau majestueux fait inclusion avec les chap. 4 et 5. Là l'Agneau apparaissait tout à coup et progressivement prenait place sur le trône de Dieu. Ici dans ces trois visions l'inexprimable s'exprime par la conjonction lumineuse de celui qui siège sur le trône et de l'Agneau. C'est une manière de montrer que l'existence présente de l'humanité doit être vécue avec le règne de Dieu, inauguré et déjà réalisé.
Deux interventions viennent du trône. La voix sortant du trône proclame : «Voici la tente de Dieu avec les humains, et il campera avec eux et eux seront ses peuples, et lui sera Dieu avec eux» (21,3). «Celui qui est assis sur le trône » proclame un baptême cosmique : «Voici je fais toutes choses nouvelles » (21,5). Entre ces deux interventions, nous apprenons que la tente de Dieu, la gloire de Dieu, Jésus parmi les humains, est là. En lui tout est neuf : plus de larmes, plus de mort, plus de deuil. Nous attendions les noces de l'Agneau (19,7 et 9), maintenant, c'est au tour de l'épouse, de la femme de l'Agneau d'être présentée (21,9). L'immense Jérusalem nouvelle a la forme d'un cube qui est comme le saint des saints dans le temple. Les portes de la ville sont nommées d'après les douze apôtres de l'Agneau (21,14).
Et c'est alors l'affirmation la plus simple et la plus extraordinaire. Je ne vis pas de temple dans la cité, car le Seigneur le Dieu tout-puissant est son temple ainsi que l'Agneau (21,22). La gloire de Dieu resplendit sur la cité et son flambeau est l'Agneau (21,23). Une présence indicible et réelle, confortée par la mention du livre de vie de l'Agneau (21,27), manifestée par le fleuve d'eau vive sortant du trône de Dieu et de l'Agneau (22,1).
Et pour introduire à la conclusion du livre, une dernière mention : «le trône de Dieu et de l'Agneau sera dans la cité et ses serviteurs lui rendront un culte » (22,3).
L'Agneau est devenu la figure centrale et marquante de l'Apocalypse, pleinement uni à Dieu évoqué par le trône :
Ainsi l'Agneau est Dieu ; ils sont inséparables et tout ce qui est neuf provient d'eux. Constamment, nous entendons : «je viens bientôt », ce que souligne une ultime liturgie qui marque la communion actuelle avec le Christ. Dans toute cette partie finale, les temps des verbes se mêlent : présent et futur.
La christologie de l'Agneau s'est déployée pour notre plus grand bonheur et pour notre espérance. Sur les sept béatitudes, quatre ponctuent la partie finale. Liturgies célestes ou terrestres, septénaires commentent chaque fois un point de vue différent et mettent en valeur, même lorsqu'il n'est pas nommé, la présence active de l'Agneau.
https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1999_num_79_1_5534 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mer 02 Mar 2022, 16:32 | |
| Cf. supra 17.2.2022 (plusieurs posts). Il me paraît tout aussi important de souligner l'effet de "décadrage" de la conclusion-épilogue (cf. supra 22.2.2022), puisqu'on revient de "l'agneau" (introduit au chapitre 5 et encore présent en 21,9.14.22) à "Jésus" (22,16ss, l'"inclusion" principale est avec l'introduction-prologue, chap. 1; entre les deux les mentions de "Jésus" sont rares et accessoires, sinon accidentelles, 12,17; 14,12; 17,6; 19,10; 20,4, dans des commentaires [ou des "gloses"] plutôt que dans les visions proprement dites). Autrement dit, on revient du langage et des images spécifiques de la vision à la terminologie ordinaire du culte chrétien, de la scène à la salle.
En tout cas le regretté "Moka" (Maurice Carrez) me semble avoir tout à fait raison quant à l'essentiel de son propos: la "christologie" de l'Apocalypse, pour être exprimée différemment de celles des textes "pauliniens" ou "johanniques" (évangile et épîtres dits "de Jean" qui ne le sont pourtant pas dans leur propre texte, contrairement à l'Apocalypse), n'est certainement pas moins "haute": à la lettre elle tend à (con)fondre "le Christ" et "Dieu" en les superposant visuellement (un seul trône pour les deux, l'agneau au milieu du trône) et nullement à les "distinguer" (ce qui d'ailleurs n'arrange pas tellement l'orthodoxie ultérieure, pour laquelle la distinction des "personnes" et des "natures" est tout aussi importante que leur "unité"). |
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mar 06 Sep 2022, 16:29 | |
| LA PRÊTRISE ROYALE ACHÈVE SA MISSION
17 Au bout de 1 000 ans, la prêtrise royale aura amené ses sujets terrestres à la perfection. Christ, le Roi et Grand Prêtre, remettra alors à Jéhovah une famille humaine complètement régénérée. (Lire 1 Corinthiens 15:22-26.) La prêtrise royale aura atteint pleinement son but.
18 À ce moment-là, comment Jéhovah emploiera-t-il les associés de Christ ? D’après Révélation 22:5, “ ils régneront à tout jamais ”. Sur qui ? La Bible ne le dit pas. Mais vu qu’ils auront été dotés de l’immortalité et de l’incorruptibilité, et compte tenu de l’expérience qu’ils auront acquise en aidant un monde d’humains imparfaits, ils seront aptes à exercer éternellement des fonctions royales dans les desseins de Jéhovah.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2012046
faire des mille ans un moyen d'atteindre un BUT, soit la perfection d'une humanité complètement régénérée, pose la question suivante : A quoi sert le règne éternel (22,5) ??? |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mar 06 Sep 2022, 16:58 | |
| Bien vu: c'est tout à fait typique d'une pensée moderne, fût-elle aussi sectaire et rétrograde, qu'une "qualité" ou "dignité" quelconque (royale ou sacerdotale en l'occurrence) ne puisse être conçue que de façon fonctionnelle et utilitaire, comme devant absolument servir à quelque chose... (Cf. la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, art. 1b: "Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.") Cette conception s'épuise devant une fin de l'histoire, un tableau final (du genre "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants") où par définition plus rien ne sert à rien, car pour que quelque chose soit à nouveau "utile" il faudrait (re)commencer une autre histoire, et compromettre par là même l'intérêt de celle qui s'achève.
A vrai dire, c'est un malentendu constitutif du russellisme et de l'adventisme en-deçà du jéhovisme, et sans doute d'une bonne partie de la production religieuse du XIXe siècle industriel, que cette interprétation quasi technicienne, utilitaire, fonctionnelle, transitive et médiatrice du "salut", par ailleurs généreuse dans son intention première: on n'est jamais sauvé pour soi, on est sauvé pour en sauver d'autres, voire pour sauver le monde, que cela passe par un vocabulaire royal, sacerdotal, prophétique, apostolique, thérapeutique, social, politique, en réduisant du même coup le "salut" à une fonction utilitaire qui s'évanouirait si son but ultime était atteint... C'est assez logique puisqu'en l'absence d'"éternité" au sens classique du terme, opposable au "temps", le "sens" de toute chose ne peut être cherché que "dans le temps", et toujours plus loin dans l'avenir. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mer 07 Sep 2022, 13:53 | |
| 15 La même prophétie annonçait également : “ Oui, des nations iront vers ta lumière et des rois vers la clarté de ton lever. ” (Isaïe 60:3). La Révélation montre que ces paroles devaient concerner la Nouvelle Jérusalem. On y lit : “ Et les nations marcheront par le moyen de sa lumière, et les rois de la terre y apporteront leur gloire. Non, ses portes ne seront pas fermées pendant le jour, car là, la nuit n’existera pas. Et ils y apporteront la gloire et l’honneur des nations. ” — Révélation 21:24-26.
16 Qui sont ces “ nations ” qui marchent par le moyen de la lumière de la Nouvelle Jérusalem ? Ce sont les personnes qui faisaient autrefois partie des nations du présent monde méchant, mais qui se laissent maintenant guider par la lumière répandue par l’intermédiaire de cette glorieuse ville céleste. Les premières d’entre elles sont les membres de la grande foule, qui sont déjà sortis de “ toutes nations et tribus et peuples et langues ” et qui adorent Dieu jour et nuit avec la classe de Jean (Révélation 7:9, 15). Après que la Nouvelle Jérusalem sera descendue du ciel et que Jésus aura utilisé les clés de la mort et de l’hadès pour ressusciter les morts, la grande foule sera rejointe par des millions d’autres personnes qui appartenaient autrefois aux “ nations ” ; celles-ci en viendront à aimer Jéhovah et son Fils, celui qui est comparé à un Agneau, l’Époux de la Nouvelle Jérusalem. — Révélation 1:18.
17 Mais qui sont “ les rois de la terre ” qui “ y apporteront leur gloire ” ? Ce ne sont pas l’ensemble des rois ayant littéralement régné sur la terre, car ils seront détruits lorsqu’ils combattront contre le Royaume de Dieu à Har-Maguédôn (Révélation 16:14, 16 ; 19:17, 18). Ces rois seraient-ils alors de hauts personnages des nations qui deviennent membres de la grande foule, ou des rois ressuscités qui se soumettront au Royaume de Dieu dans le monde nouveau (Matthieu 12:42) ? On peut difficilement le penser, car la gloire de la plupart de ces rois était propre au monde et s’est éteinte depuis longtemps. “ Les rois de la terre ” qui apportent leur gloire à la Nouvelle Jérusalem doivent donc être les 144 000 qui sont ‘ achetés de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ’ pour régner avec l’Agneau, Jésus Christ (Révélation 5:9, 10 ; 22:5). Ils ajoutent de l’éclat à cette ville en y apportant la gloire que Dieu leur confère.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101988043
A partir d'une simple affirmation, la Watch brode une interprétation qui ne trouve aucun fondement scripturaire dans le texte qui est analysé. Rien en apocalypse 21,24 ; n'indique que les NATIONS seraient composées de "personnes qui faisaient autrefois partie des nations du présent monde méchant", ni de personnes qui appartiendraient à un groupe nommé la "grande foule", nous sommes devant un cas d'invention pure et simple. Un détail a attiré mon attention, si les "rois de la terre" ont accès à la nouvelle Jérusalem, de la même manière les NATIONS peuvent accéder à cette ville, le texte n'établit pas différence sous ce rapport entre ces deux groupes.
Concernant, les "rois de la terre", la Watch les assimile aux 144000, or cette formule ("les rois de la terre") est toujours utilisée dans l'Apocalypse en rapport avec les rois opposés à Dieu (6,15 ; 17,3 ; 18,9) et jamais pour désigner les 144000. Chose surprenante, la nouvelle Jérusalem serait (selon la Watch) composée des 144000 et dans le même temps, ces mêmes 144000 seraient dépeints sous les traits des "rois de la terre" qui apporteraient leur gloire (enfin, celle que Dieu leur confère, même si le texte ne le précise pas) dans cette ville. L'auteur cite Matthieu 12:42 ("La reine du Sud se réveillera, lors du jugement") pour indiquer que les "rois de la terre" ne peuvent pas être des "rois ressuscités", alors que le texte souligne qu'une reine sera ressuscitée ... mais peut-être qu'une "reine", ce n'est pas un "roi". Le plus étonnant dans cette affaire, c'est que l'auteur ne fait pas allusion au texte de référence de l'AT qui a inspiré Apocalypse 21,24, à savoir Es 60,3 : "Des nations marcheront à ta lumière et des rois à la clarté de ton aurore". |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Mer 07 Sep 2022, 15:59 | |
| Très juste.
Comme 1) la Watch veut présenter un scénario eschatologique cohérent (si on peut encore le qualifier d'eschatologique, puisqu'en fait c'est un temps et un monde qui continuent sans fin, il n'y a donc rien de vraiment eschaton, dernier), 2) que l'Apocalypse globalement n'offre rien de tel (sans doute en partie du fait de sa composition hétéroclite, mais aussi selon une certaine intention rédactionnelle: tous les effets de retardement de la fin, de cycle en cycle, ne sont pas purement accidentels), et 3) que les séquences scénaristiques les plus claires de l'Apocalypse (p. ex. celle du chapitre 20, millénium, fin du ciel et de la terre, jugement dernier, d'où, ensuite, nouveau ciel et nouvelle terre, reflet transfiguré des anciens) ne conviennent pas à la Watch, il faut bien qu'elle invente, arbitrairement ou gratuitement. Mais cette "liberté" à l'égard du texte ne l'empêche pas de générer de nouvelles contradictions à l'intérieur de sa propre interprétation, comme ces "144.000" qui à la fois seraient (dans) la Nouvelle Jérusalem et lui apporteraient leur gloire, de l'extérieur, de la terre et non du ciel... -- N.B.: il faut se reporter au chapitre précédent (42, § 3) du bouquin pour comprendre que, quand la Nouvelle Jérusalem "descend du ciel", ça veut dire qu'elle "porte son attention" sur la terre... Mais j'ai le (vague) souvenir, dans les interprétations watchtowéresques de l'Apocalypse que j'ai connues cinquante ans plus tôt, d'incohérences similaires, p. ex. pour les "144.000" devant les "24 anciens" qui étaient pourtant censés signifier la même chose... |
| | | free
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Jeu 08 Sep 2022, 16:52 | |
| Heureux ceux qui lavent leurs longues robes, pour que le droit d’aller aux arbres de vie soit leur et qu’ils puissent entrer dans la ville par ses portes. Dehors sont les chiens, et ceux qui pratiquent le spiritisme, et les fornicateurs, et les meurtriers, et les idolâtres, et tout homme qui aime et pratique le mensonge. ” — Révélation 22:12-15.
8 Seuls les chrétiens oints qui “ lavent ” vraiment “ leurs longues robes ” afin d’être purs aux yeux de Jéhovah ont le privilège d’“ aller aux arbres de vie ”, c’est-à-dire de recevoir le droit à la vie immortelle dans leur position céleste. (Voir Genèse 3:22-24 ; Révélation 2:7 ; 3:4, 5.) Après leur mort en tant qu’humains, ils sont admis dans la Nouvelle Jérusalem grâce à la résurrection. Les 12 anges leur permettent d’y entrer, tandis qu’ils en interdisent l’accès à ceux qui, tout en prétendant avoir l’espérance céleste, pratiquent le mensonge ou l’impureté. Sur la terre, les membres de la grande foule, eux aussi, “ ont lavé leurs longues robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau ” ; ils doivent ensuite rester purs. Il leur faut pour cela rejeter les vices contre lesquels Jéhovah nous met en garde ici, et prendre à cœur les exhortations que Jésus a faites dans les sept messages qu’il a adressés aux congrégations. — Révélation 7:14 ; chapitres 2 et 3.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101988044
Apocalypse 22,14, indique clairement que ceux qui lavent leurs longues robes ont le droit d’aller aux arbres de vie et d'entrer dans la ville par ses portes, or l'auteur reconnait que "les membres de grande foule eux aussi, ont lavé leurs longues robes et les ont blanchies dans le sang de l’Agneau" mais cela ne l'amène pas à conclure que cet état de pureté devrait leur octroyer le droit d'accès aux arbres de vie et à la ville, NON, leur seule mission consiste à rester pur. La grande foule est placée de facto sur la terre et même en remplissant la condition requise (celle de laver leurs longues robes) nécessaire à l'accès aux arbres de vie et à al ville, se la voit interdite par la Watch. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Jeu 08 Sep 2022, 17:30 | |
| On l'aura compris, "la terre" et "le ciel" dans l'interprétation-scénario de la Watch n'ont aucun rapport avec "la terre" et "le ciel" dans le texte de l'Apocalypse...
Si l'on s'en tient au texte, la "grande foule" du chapitre 7 est dans un sanctuaire (naos) qui est "au ciel" (11,19; 14,15ss; 15,5ss; 16,17 et 19,1); et la "Jérusalem nouvelle", qui n'a pas ou plus de temple (21,22), est au contraire sur la (nouvelle) terre (21,2ss). En mettant la "grande foule" sur terre et la "nouvelle Jérusalem" au ciel, la Watch commet un double contresens qui, par malheur, ne revient à aucune justesse, du moins exégétique... |
| | | free
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Lun 19 Sep 2022, 13:36 | |
| Il me semble que la Jérusalem nouvelle est conçue comme une VILLE, lieu de résidence de Dieu, de l'Agneau et des serviteurs de Dieu. Pourtant, en (21,3), il est question de la "ville sainte, la Jérusalem nouvelle, prête comme une mariée". Pourquoi une ville se marierait-elle ?
Apocalypse 19,7 indique : "car les noces de l'agneau sont venues, et son épouse s'est préparée", sans jamais assimiler l'épouse à la Jérusalem nouvelle. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Lun 19 Sep 2022, 14:20 | |
| - free a écrit:
- Pourquoi une ville se marierait-elle ?
Et avec un agneau, ou un bélier qui est aussi un lion, et un cavalier ? L'"apocalyptique" n'est certes pas le seul théâtre du télescopage des images (métaphores, etc.; chacun en fait à peu près autant sans s'en apercevoir dans la conversation ordinaire), mais c'est quand même pour ce genre de spectacle un lieu d'observation privilégié... Que la ville (encore plus fréquemment que le pays ou la terre, le peuple ou la nation) soit femme, fille, soeur, vierge, fiancée, mariée, épouse, mère, fidèle, adultère, veuve, prostituée, cela dépend au premier chef d'un "cliché" de la poésie hébraïque (et plus largement sémitique, proche-orientale, etc.), au moins aussi présent dans les "Prophètes" que dans les "Ecrits", transmis à la sphère (judéo-)hellénophone par la Septante; que le "marié/époux" soit (aussi) dans la "ville-mariée-épouse" (et avec "le dieu" ou "Dieu" temple à la place du temple, lampe à la place du soleil et de la lune), qu'on insiste plus ou moins sur les connotations érotiques (voire incestueuses) de ce langage, on retombera de toute façon sur des traits littéraires qui proviennent de la Bible hébraïque, ou du moins sont passés décisivement par elle (Yahvé dans Jérusalem/Sion, en son sein, etc.; cf. ici). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Jeu 19 Jan 2023, 11:52 | |
| "L'Esprit et la mariée disent : Viens ! Que celui qui entend dise : Viens ! Que celui qui a soif vienne ; que celui qui veut prenne de l'eau de la vie, gratuitement !" (22,17).
Le rôle et l'identité de la "mariée" ou "épouse" semble assez ambigüe.
Dans Apocalypse 19 l’Épouse de l’Agneau est mentionnée pour la première fois, les verset 7-9, décrivent les noces de l’Agneau et de son épouse :
"Réjouissons-nous, soyons transportés d'allégresse et donnons-lui gloire, car les noces de l'agneau sont venues, et son épouse s'est préparée. Il lui a été donné d'être vêtue de fin lin, resplendissant et pur. — Le fin lin, c'est la justice des saints. Il me dit : Ecris : Heureux ceux qui sont invités au dîner des noces de l'agneau ! Puis il me dit : Ce sont là les vraies paroles de Dieu" (19,7-9).
Le texte ne précise pas qui est cette épouse, ni ne situe vraiment le moment des noces, il ne me semble pas que nous puissions relier chronologiquement la premier partie chapitre 19 et la description de la guerre que les armées céleste mènent contre les rois de la terre.
Le texte parle encore une fois de l’Épouse de l’Agneau (21, 9), ce n’est cependant pas elle qui apparaît dans la vision, mais la cité sainte, Jérusalem nouvelle (21, 10). Le chapitre 19 dans on discours fait uniquement allusion à l’Épouse de l’Agneau mais lorsque le chapitre 21 décrit sa vision, il mentionne Jérusalem nouvelle. Le thème commun de ces deux chapitres est sans doute le mariage mais le scénario est est différent, la première s’est préparée dans le ciel, la deuxième est descendue du ciel ; la première est en attente ("son épouse s'est préparée"), la deuxième est apparue comme étant déjà engagée dans le mariage ("prête comme une mariée qui s'est parée pour son mari" - 21,2).
Notons qu'au chapitre 21, la cité sainte Jérusalem apparaît aussi deux fois (21, 1) et 21,9-10 : "Il me dit : Viens, je te montrerai la mariée, l'épouse de l'agneau. Il me transporta, par l'Esprit, sur une grande et haute montagne, et il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu". Dans ce cas, elle est annoncée comme l’Épouse de l’Agneau et montrée par l’ange à celui qui reçoit la vision.
Enfin (22,17) nous présente l’Épouse au côté de L'Esprit lançant une invitation. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Jeu 19 Jan 2023, 13:00 | |
| Au fur et à mesure des réécritures, il est inévitable que des éléments provenant initialement d'unités littéraires distinctes se mélangent: comme tu l'as bien compris, la mention de l'épouse/mariée au chapitre 19, dans une cascade de doxologies (louanges) et de gloses (p. ex. l'interprétation du "fin lin"), anticipe sur les chapitres 21--22 ("couverture" du livre, relativement tardive); elle n'a en revanche guère de rapport avec la suite du chapitre 19 (premier combat final, si l'on peut dire). Il se passe d'ailleurs à peu près la même chose avec l'anti-Jérusalem, Babylone (prostituée vs. mariée), dont le tableau principal commence au chapitre 17 mais qui se trouve anticipée dès 14,8 dans une série hétéroclite de proclamations angéliques... Plus généralement, le texte ( là encore: par accident et/ou par intention, par superposition accidentelle d'intentions différentes et/ou par intention d'organiser les accidents déjà survenus) déjoue toute identification stable des figures: les élus (sauvés, etc.) sont aussi bien "l'épouse" que ceux qui sont invités à son mariage, la ville et ceux qui l'habitent ou y rentrent et en sortent, et ainsi de suite. N.B. En 19,7 et 21,2 "s'est préparée" et "prête" traduisent deux formes du même verbe ( etoimazô, très courant, aussi 8,6; 9,7.15; 12,6; 16,12); en revanche, "parée" en 21,2 traduit kosmeô (d'où "cosmique" et "cosmétique"; aussi v. 19 pour les fondations de la ville). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Lun 15 Mai 2023, 15:52 | |
| "Près du torrent, sur ses rives, de chaque côté, pousseront toutes sortes d'arbres fruitiers. Leur feuillage ne se flétrira pas, leur fruit ne s'épuisera pas ; ils donneront des primeurs tous les mois, parce que ses eaux sortiront du sanctuaire. Leur fruit servira de nourriture et leur feuillage de remède" (Ez 47,12).
"Il me montra un fleuve d'eau de la vie, limpide comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l'agneau. 2Au milieu de la grande rue de la ville et sur les deux bords du fleuve, un arbre de vie produisant douze récoltes et donnant son fruit chaque mois. Les feuilles de l'arbre sont pour la guérison des nations" (Ap 22,1-2).
APOCALYPSE 22/2 — UNE DISSONANCE APOCALYPTIQUE.
Ap 22/1.2 : "Et il me montra un fleuve d’eau de vie, clair comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de sa rue et de part et d’autre, du bois de vie faisant douze fruits, rendant son fruit chaque mois, et les feuilles du bois pour [la] thérapie des nations".
Soigner et/ou guérir ?
En grec, therapeuô signifie soigner, peut-il aussi signifier guérir ?
Or, il y a une différence certaine entre soigner et guérir : on peut soigner sans que cela aboutisse à la guérison. Pour LITTRÉ, « la thérapeutique est la partie de la médecine qui a pour objet le traitement des maladies ». Et Traiter n’est pas forcément guérir.
Pour ne pas prendre d’emblée partie, j’ai utilisé la transposition en français du mot grec thérapéian = thérapie.
Comment faut-il le comprendre ? S’agit-il de traiter en vue d’une guérison ?
Qui sont ces gens qu’il convient de traiter ? Ce sont les rachetés, ceux qui « sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau » (Ap 21/26). On ne comprend vraiment pas, au stade où ils sont parvenus, qu’ils aient besoin de guérison.
Faut-il plutôt traduire thérapie par soin ? C’est ce que semble proposer ALFREDVAUCHER : « De même que le fruit de l’arbre de vie, qui assure l’immortalité, n’implique pas la présence de la mort sur la nouvelle terre, les feuilles de l’arbre, qui servent à entretenir la santé, ne supposent pas nécessairement la présence de la maladie. » « Therapeia ne signifie pas nécessairement guérison du malade ; il signifie ici, selon l’étymologie, affermissement, augmentation de force, perfectionnement de l’état de santé, convalescence. »(F.-J. DELITZCH cité par VAUCHER) Mais, est-il nécessaire de remarquer que la notion de« progrès » paraît inadéquate ici pour des sujets ayant atteint « la stature parfaite du Christ »(c.f. Ep 3/13).
Le contexte est le suivant : il y a au milieu de la rue de la ville et sur les deux bords du fleuve un arbre qualifié d’ « arbre de vie ». Il comporte apparemment deux troncs, un de chaque côté du fleuve, tout cela au milieu de la rue.
Cet arbre produit douze récoltes de fruits, une récolte chaque mois. Selon toute évidence, ces fruits sont destinés aux douze tribus d’Israël.
Et puis, il y a les feuilles, … pour les nations. RENAN : « Ces fruits paraissent réservés aux Israélites ; les feuilles ont des vertus médicinales pour la guérison des gentils. » Pour les soigner ou les traiter — médicalement parlant, leur prodiguer des soins ou promouvoir leur guérison. Peut-on soutenir, comme l’écrit REUSS, que «dans notre Apocalypse, il n’y a plus d’autres habitants sur la terre que ceux de la nouvelle Jérusalem, et où toute différence antérieure, nationale ou religieuse, est effacée » ?
https://www.academia.edu/39788044/APOCALYPSE_22 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: De tout je fais du nouveau - Apocalypse 21-22 Lun 15 Mai 2023, 17:24 | |
| Comme on l'a maintes fois constaté, il est parfaitement vain d'aller chercher dans l'Apocalypse une cohérence narrative (ce qui a disparu dans des tableaux "antérieurs" réapparaît comme si de rien n'était, ici les "nations": comme dit la formule populaire, quand y en a plus y en a encore) ou descriptive (un arbre des deux côtés du fleuve est aussi peu -- ou multiplement -- représentable qu'un agneau sur et au milieu du trône, p. ex.). A fortiori de chercher à l'"expliquer" par d'autres textes du NT, spécialement "pauliniens": certains passages au moins paraissent très anti-pauliniens (p. ex. sur les "idolothytes"); et comme on l'a également vu (p. ex. au chapitre 7, sur les 144.000 et la "grande foule", ou sur la "ville" entre les chapitres 11 et suivants), l'interprétation des mêmes symboles a pu changer au fil des rédactions et relectures, en particulier sur tout ce qui concerne la distinction Israël / "nations" ou "juifs / non-juifs" (significative peut-être au début du processus, et plus du tout à la fin). C'est l'impression de "bougé" qui entrave toute tentative d'interprétation globale et cohérente (tout du moins plus cohérente que le texte): on ne retrouve jamais les choses où on les a laissées. Le substantif therapeia (et therapeuô etc.) n'implique en soi, dans le grec du NT, ni "soin" ni "guérison", il peut désigner n'importe quel type de "service" (parmi beaucoup de quasi-synonymes)... C'est bien le parallélisme avec Ezéchiel 47 qui lui donne une connotation "médicale", encore que le vocabulaire ne soit pas celui de la Septante (hugieia pour "santé", cf. "hygiène"; de même, au lieu de phulla = feuilles, la LXX calquait le mot hébreu `lh par anabasis, "montée" -- de la végétation qui pousse vers le haut...). |
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