Je t'en prie...
J'ai oublié de signaler un détail que je n'avais pas remarqué jusque-là: en 12,7, contrairement à 7,25, il n'y a pas de waw (correspondant à notre conjonction "et") entre le "temps" au singulier et les "temps" au pluriel, de sorte que le texte hébreu (consonantique, proto-massorétique) pourrait à la rigueur se lire comme un "état construit", "un temps de temps (au pluriel)", dans une structure superlative analogue (à l'article près) au "saint des saints" ou au "cantique des cantiques": c'est ce que semble avoir compris Théodotion en traduisant "un temps de temps et la moitié d'un temps", καιρὸν καιρῶν (génitif pluriel) καὶ ἥμισυ καιροῦ... Cela pourrait suggérer un temps très long, sinon infini (cf. la "grande année" conçue comme une année d'années, ainsi l'âge d'Hénoch selon la meilleure approximation de l'année solaire), contrastant avec la "moitié" qui suit... l'idée peut convenir à une eschatologie lointaine, aux antipodes de celle du contexte immédiat et de l'ensemble du livre (dans sa version araméenne et hébraïque), mais adaptée à des relectures ultérieures. Pourtant la "Septante" (première version grecque connue), qui montrait déjà des signes flagrants d'incompréhension du contexte historique de Daniel, traduisait ici plus conformément à 7,25: "un temps et des temps et la moitié d'un temps", καιρὸν καὶ καιροὺς (accusatif pluriel) καὶ ἥμισυ καιροῦ ...