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| Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation | |
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Auteur | Message |
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Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 16 Jan 2024, 15:46 | |
| Le livre L'humanité à la recherche de Dieu (1990, ta première citation "wol"), que je n'ai pas connu, me semble être une resucée d'un autre dont je me souviens bien, La religion a-t-elle servi l'humanité, probablement du début des années 1950 (mais invisible sur la "librairie en ligne" = "wol"): c'était d'ailleurs un des livres les plus intéressants de la Watch à mes yeux, parce qu'il ouvrait sur la "religion" dans une perspective beaucoup plus vaste que d'ordinaire. (Je me souviens soudain d'un "ancien du Béthel" que j'aimais bien et que tu as sans doute connu, Max Ricou, qui au début des années 1980 présentait un exposé sur le bouddhisme, à partir de ce livre, à la congrégation de Louviers, et avait risqué en public un commentaire élogieux, du genre "c'est tout sauf idiot si vous y réfléchissez"; ce qui prouvait au moins qu'il y avait réfléchi.)
Rien que le changement de titre me semble significatif: on n'oppose plus la "religion" à l'"humanité" comme une menace extérieure ou une nuisance potentielle, on lui trouve au contraire un sens endogène et positif, la recherche de Dieu comme mouvement même de l'"humanité", tout en sous-entendant que cette recherche est vaine et n'aboutit pas (sc. sans "révélation"). Cela fait aussi ressortir, par contraste, que toute l'"originalité" de la Watch est indissociable de son origine, de sa provenance chrétienne, protestante, adventiste, américaine, que son existence même n'a de sens que contre le christianisme de son milieu, et que par rapport au reste des "religions" qu'elle met en principe dans le même sac ("Babylone la Grande") elle n'a pas grand-chose à dire -- elle s'est d'ailleurs très peu implantée hors du monde "chrétien" ou "post-chrétien", si ce n'est dans un extrême-Orient (Japon, Corée du Sud) américanisé depuis la Seconde Guerre mondiale.
Pour revenir au sujet, je pense que le tour "religieux" donné à "Babylone" par la Watch est indissociable des élucubrations de Hislop au milieu du XIXe siècle, et que même si elle a renié cette "source" sa doctrine en reste essentiellement dépendante. En-deçà de Hislop, comme on l'a déjà montré, ce n'est qu'une extension à toute la "religion" d'un anti-catholicisme protestant, retourné contre le protestantisme même, par rapport à quoi le "non-chrétien" reste périphérique.
En ce qui concerne plus spécifiquement l'islam, je présume que l'oubli des années 1960 tient au fait qu'il semblait alors peser très peu dans une perspective occidentale; la neutralité bienveillante des années 1980-90 tiendrait au contraire au fait qu'il y était devenu ostensiblement "dangereux", surtout pour les Américains, depuis la révolution iranienne. Mais le décalage n'en est que plus sensible: la "religion" la plus médiatiquement visible et bruyante depuis un demi-siècle reste à la périphérie de sa doctrine... -- les plus allumés des "évangéliques" ont au moins pu profiter un temps de la coïncidence géographique entre "Babylone" et l'Irak de Saddam Hussein, qui n'était guère "religieux" au départ.
Dernière édition par Narkissos le Mar 16 Jan 2024, 16:38, édité 1 fois |
| | | free
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 16 Jan 2024, 16:31 | |
| Ses prophéties réalisées
Une précision audacieuse.
Isaïe fait une prédiction encore plus surprenante à propos de Babylone : “ Elle ne sera jamais habitée. ” (Isaïe 13:19, 20). Prédire la désolation définitive d’une ville prospère occupant une position stratégique était assurément audacieux. On s’attendrait normalement à ce qu’une telle ville, si elle était démolie, soit reconstruite. Après sa chute, Babylone a continué de subsister quelque temps, mais les paroles d’Isaïe se sont finalement accomplies : aujourd’hui, l’emplacement de cette ville est “ dévasté, brûlant, désert et poussiéreux ”, rapporte la revue Smithsonian.
Quand on y pense, la portée de la prophétie d’Isaïe est impressionnante. Sa prédiction reviendrait à annoncer avec précision comment une ville moderne, telle que New York, Londres ou Paris, serait détruite dans 200 ans, et à affirmer catégoriquement qu’elle ne serait plus jamais habitée. Évidemment, le plus remarquable dans la prophétie d’Isaïe, c’est qu’elle s’est réalisée !
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/102007407
Dernière édition par free le Mar 16 Jan 2024, 16:59, édité 1 fois |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 16 Jan 2024, 16:57 | |
| Plus les "prophéties" (prises au sens de prédictions) mettent de temps à "se réaliser" (en l'occurrence, près d'un millénaire, si l'on situe "Isaïe" à l'époque assyrienne et l'abandon de Babylone à l'époque sassanide, à partir du IIIe s. après J.-C.), plus elles seraient "remarquables"; à ce tarif, les prophéties qui ne se sont jamais réalisées seraient encore les plus susceptibles de devenir remarquables un jour ou l'autre -- ce qui revient à dire qu'on ne pourrait jamais constater l'"échec" d'une "prophétie", celle-ci passant ipso facto et par définition dans la catégorie fantasmatique de l'invérifiable-irréfutable. Soit dit en passant, les "prophètes" Isaïe ou Ezéchiel ont eu (encore) moins (ou plus !) de chance avec Tyr, par exemple.
C'est tellement con stupide que ça ne peut être approuvé et répété que par des gens qui ne réfléchissent ni à ce qu'ils entendent ni à ce qu'ils disent...
Dernière édition par Narkissos le Mar 16 Jan 2024, 17:43, édité 1 fois |
| | | free
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 16 Jan 2024, 17:38 | |
| Pierre est-il jamais allé à Rome ?
Babylone était-elle Rome ?
Le témoignage le plus ancien invoqué par les catholiques est le passage de I Pierre 5:13 où il est écrit : “Celle qui est à Babylone, élue comme vous, vous envoie ses salutations.” Dans une note en bas de page, une traduction catholique récente, la New American Bible, identifie ainsi cette “Babylone” : “Rome qui, comme l’ancienne Babylone, conquit Jérusalem et détruisit son temple.” Toutefois, cette traduction catholique reconnaît que, si Pierre est l’auteur de cette lettre, “elle doit être datée d’avant 64-67 de notre ère, époque à laquelle il a été exécuté sous le règne de Néron”. Or, Jérusalem n’a pas été détruite par les Romains avant l’an 70 de notre ère. Ainsi, lorsque Pierre écrivit sa lettre, ce parallèle entre Babylone et Rome n’existait pas.
L’identification de Babylone à Rome n’est donc qu’une interprétation qui n’est pas démontrée par des faits. Cette interprétation a même été mise en doute par des biblistes catholiques romains des siècles passés, parmi lesquels Pierre de Marca, Jean-Baptiste Spagnoli, Michel de Ceza, Marsile de Padoue, Jean Aventin, John Leland, Charles du Moulin, Louis Elliès Dupin et le célèbre Desiderius Erasmus (Didier Érasme). L’historien ecclésiastique Dupin écrivit :
“La première épître de Pierre est datée de Babylone. Un grand nombre d’anciens ont compris que ce nom signifiait Rome, mais aucune raison ne semble avoir pu inciter saint Pierre à changer le nom de Rome en celui de Babylone. Comment ceux à qui il écrivit auraient-ils pu comprendre que Babylone était Rome ?”
Mis à part les allusions à “Babylone la Grande” que l’on trouve dans le livre de la Révélation, une seule ville est appelée Babylone dans les saintes Écritures. Il s’agit de la ville située sur l’Euphrate. Pierre a-t-il écrit sa lettre dans cette ville ?
Oui. Bien que Babylone ait connu le déclin après être tombée aux mains des Mèdes et des Perses, elle continua d’exister. Dans les premiers siècles de notre ère, il y avait une communauté juive importante en Babylonie. Une encyclopédie déclare : “La Babylonie demeura un centre du judaïsme oriental durant des siècles, et les discussions dans les écoles rabbiniques donnèrent naissance au talmud de Jérusalem, au 5ème siècle de notre ère, et au talmud de Babylone, un siècle plus tard.” — International Standard Bible Encyclopedia.
Pierre devait réellement penser à cette ville. C’est ce qui ressort clairement d’une décision qu’il prit quelques années avant d’écrire sa première lettre inspirée. Lors d’une réunion avec Paul et Barnabas, il accepta de continuer à s’efforcer de répandre la bonne nouvelle parmi les Juifs. Nous lisons : “Voyant que la bonne nouvelle pour ceux qui sont incirconcis m’avait été confiée [à Paul], comme elle l’avait été à Pierre pour ceux qui sont circoncis — car Celui qui donna à Pierre les pouvoirs nécessaires à un apostolat pour ceux qui sont circoncis, me donna aussi des pouvoirs pour ceux qui sont des nations ; oui, quand ils purent reconnaître la bonté imméritée qui m’avait été donnée, Jacques et Céphas et Jean, ceux qui paraissaient être les colonnes, nous donnèrent, à moi et à Barnabas, la main droite de la participation, pour que nous allions vers les nations, mais eux vers ceux qui sont circoncis.” (Gal. 2:7-9). Pierre allait donc logiquement déployer son activité dans un centre du judaïsme, tel que Babylone, plutôt qu’à Rome, qui était essentiellement peuplée de Gentils.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1972806?q=babylone+rome&p=par |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 16 Jan 2024, 18:04 | |
| Cet article se garde bien de dire que le Dupin qu'il cite est un janséniste du XVIIe siècle, cousin de Racine et condamné par Rome...
A mes yeux, bien sûr, la "Première de Pierre" est un pseudépigraphe de la fin du Ier siècle au moins, largement inspiré des deutéropauliniennes (surtout Ephésiens) et de l'épître de Jacques, mais ça ne décide pas si "Babylone" y désigne Rome: cela paraît assez probable, mais seulement probable... L'idée d'un Pierre, figure "judéo-chrétienne" au même titre que "Jacques", quoique de facture plus laborieuse (Céphas / Simon-Syméon / Pierre, fils de Jean ou de Jonas), relégué dans un Orient lointain, n'est pas impossible non plus, même d'un point de vue romain -- avant, bien sûr, que l'on en fasse un fondateur de l'Eglise de Rome devenue effectivement "centrale", mais cette étape-là semble en effet assez tardive (on aurait pu citer Tertullien après Irénée; en ce qui concerne Clément de Rome et la "Première épître aux Corinthiens" qui lui est attribuée, bien que je ne sois nullement spécialiste de la question, j'aurais aussi quelques doutes sur la datation: on peut comparer les articles français et anglais de Wikipedia qui varient de près d'un demi-siècle...).
Sur ce sujet encore, la Watch ne fait que recycler un argumentaire anticatholique rodé depuis longtemps dans le monde protestant, traditionnel ou sectaire. |
| | | free
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 17 Jan 2024, 16:43 | |
| Questions des lecteurs Pourquoi La Tour de Garde du 15 septembre 1988 dit-elle que le protestantisme s’est souillé davantage encore que l’Église catholique? Cette pensée a été émise parce qu’elle est conforme à la prophétie et aux faits. Le chapitre 23 du livre d’Ézéchiel Éz 23 dépeint deux femmes symboliques, Oholah et Oholibah, sous les traits de deux sœurs immorales. Oholah figurait le royaume des dix tribus d’Israël et Oholibah le royaume des deux tribus de Juda. À leur propos, voici ce qu’on pouvait lire dans La Tour de Garde du 15 septembre 1988, page 21: “Parce qu’elle suivit une voie plus mauvaise que sa sœur [Oholah, ou Israël], Oholibah (Juda) connut un désastre national sous les coups des Babyloniens en 607 avant notre ère. Ses enfants tombèrent sous le tranchant de l’épée ou furent emmenés en captivité, et elle fut déshonorée aux yeux des nations. Comme Oholah et Oholibah, la chrétienté commet l’adultère spirituel, qui est un péché aux yeux du Dieu qu’elle prétend adorer. Le protestantisme, qui compte de nombreux groupements, s’est encore davantage souillé avec les puissances commerciales et politiques du monde que sa sœur aînée, l’Église catholique. Jéhovah veillera donc à ce que la chrétienté tout entière soit détruite.” Avec le concile de Nicée, en 325 de notre ère, l’empereur Constantin a commencé à fusionner le culte païen de l’État romain avec le christianisme apostat, puis il est devenu chef de la nouvelle Église catholique. Par conséquent, cette Église peut faire remonter son existence au IVe siècle. Le protestantisme, quant à lui, vit le jour avec la Réforme du XVIe siècle. Ainsi que le déclarait à juste titre La Tour de Garde, il est donc possible de qualifier l’Église catholique de sœur aînée du protestantisme, de même qu’Oholah (Israël) était plus âgée qu’Oholibah (Juda). Mais pourquoi peut-on dire que “le protestantisme (...) s’est encore davantage souillé avec les puissances commerciales et politiques du monde que sa sœur aînée, l’Église catholique”? Parce que les faits correspondent à la prophétie, qui déclare: “ Quand sa sœur Oholibah le vit, alors elle exerça ses désirs sensuels d’une manière plus désastreuse qu’elle, et rendit sa prostitution plus grande que la fornication de sa sœur.” — Ézéchiel 23:11. Tant le catholicisme que le protestantisme, qui font partie de Babylone la Grande, l’empire universel de la fausse religion, ont toujours entretenu des liens très étroits avec les systèmes commerciaux et politiques du monde (Révélation 17:1-6; 18:1-19). Certes, prise individuellement, il se peut qu’une certaine Église protestante ait moins d’influence que la puissante Église catholique. Mais, prises dans leur ensemble, les nombreuses Églises protestantes ont une puissance et une influence supérieures à celles de la seule Église catholique. Elles exercent, par exemple, une influence considérable dans de grands pays industrialisés, où certains de ses ecclésiastiques briguent de hautes fonctions politiques. C’est déjà de cette façon que le protestantisme, avec ses nombreuses Églises, s’est souillé davantage que le catholicisme. Mais, d’une autre manière encore, le protestantisme a ‘exercé ses désirs sensuels d’une façon plus désastreuse’ et plus répréhensible que le catholicisme. Comment cela? La Réforme a pour le moins donné l’espoir que le protestantisme allait répandre une lumière spirituelle accrue. Certains réformateurs sincères ont fait des pas notables dans ce sens. Mais, en fin de compte, les protestants n’ont pas rejeté des doctrines non bibliques, telles que la Trinité, l’immortalité de l’âme humaine et l’enfer de feu. Comme les catholiques, ils se sont livrés au culte de la créature et ont préféré les traditions humaines à la vérité biblique. — Matthieu 15:1-9; 23:9, 10. À cet égard, on notera avec intérêt ce que déclarait déjà le premier tome du livre Justification (édition épuisée), qui fut publié en français en 1931 par la Société Watch Tower. Concernant Ézéchiel 23:11-13, voici ce qu’on peut y lire aux pages 304 et 305: “La ‘religion organisée’ protestante s’était rendu compte des compromissions du catholicisme avec les puissances commerciales et politiques du monde et avait, pour cette raison, dirigé contre lui ses attaques; mais bientôt le protestantisme se rendit coupable d’agissements identiques à ceux du catholicisme, et même pires encore (...). Protestantisme et catholicisme ont suivi la même voie, mais le premier est plus coupable encore que le second, car il a reçu plus de lumières.” https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1989249?q=babylone+la+grande+catholique&p=par |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 17 Jan 2024, 18:21 | |
| Je ne connaissais pas ces articles de 1988 et 89, puisque j'étais déjà parti en 1986... mais ce renversement "tactique" de l'ordre concentrique du mal dont je parlais plus haut, ordre hérité de l'anti-catholicisme protestant, me semble s'expliquer par la dynamique (archi-)sectaire de Rutherford, auquel renvoie sans le nommer la citation du livre Justification = Vindication. Quand on veut se démarquer rhétoriquement d'un milieu (déjà) sectaire (adventisme) dans un protestantisme globalement anticatholique, c'est le concurrent le plus proche qui devient le pire ennemi, celui dont il faut se dissocier en priorité, justement parce que c'est à lui qu'on ressemble le plus... Mais on ne peut pas aller jusqu'au bout de cette logique, car de fait on a bien plus en commun avec le proche qu'avec le lointain; il faut donc surjouer les différences mineures, d'autant qu'elles sont mineures. On retrouverait la même dynamique dans les groupuscules gauchistes (p. ex. trotskystes) des années 1960-70, que The Life of Brian transposait dans des factions nationalistes juives imaginaires, toutes anti-romaines mais encore plus ennemies les unes des autres que de Rome... (splitter !). -- Sans oublier que depuis le début des années 1980, ce sont les "apostats" de la Watch, quel que soit leur parcours ultérieur, qui sont à ses yeux les "pires", supplantant à cette place de choix les catholiques, les protestants et les autres...
Bien que ce soit encore plus éloigné du présent sujet, on peut remarquer que la logique allégorique d'Ezéchiel qui fait d'Israël (Samarie) l'aînée de Juda (Jérusalem) est bien historique, mais tout à fait contraire à l'"histoire sainte" ou "biblique" qui suppose un royaume de Juda à Jérusalem avant celui d'Israël (David, Salomon, le schisme). La Watch évidemment ne s'attarde pas sur ce point qui brouillerait autant sa typologie particulière que son biblicisme ordinaire.
Pour revenir à "Babylone" et à la volonté jéhoviste de lui assigner un sens spécifiquement "religieux", selon une analyse moderne et anachronique des sociétés qui sépare nettement la "religion" du "politique" ou de l'"économique" (commercial etc.) -- alors que dans les sociétés anciennes, aussi bien à Babylone qu'à Rome ou n'importe où, tout est mêlé, il y a de la "religion" dans toutes les activités -- le raisonnement a tendance à se neutraliser lui-même, si ce qu'on reproche à la "religion" c'est précisément de se mêler de la "politique" et du "commerce"... Comme on l'a dit plus haut, cette idée saugrenue doit à peu près tout à Hislop, qui non seulement travestissait à son gré l'Antiquité babylonienne mais ne comprenait même plus le sens de la référence à Babylone dans l'anti-catholicisme protestant traditionnel: quand un Luther parlait de captivité babylonienne de l'Eglise, ce n'était pas pour dénoncer des croyances ou des pratiques religieuses (il n'avait aucun problème théorique ni avec la trinité, ni avec l'enfer ni avec l'immortalité de l'âme) mais bien un système politico-religieux centralisé, impérial et pontifical, qui subordonnait à la fois l'Eglise et les princes séculiers (allemands en l'occurrence) à Rome.
Je signale encore, pendant que j'y suis, que la référence rutherfordienne à la "religion organisée" (organized religion) est un cliché typiquement américain, qui prolonge à sa manière la tradition du sectarisme protestant dans le sens d'un individualisme extrême, voire d'un anarchisme (plus ou moins) spirituel (il en reste des traces chez les "libertariens" de droite) rejetant par principe toute organisation, religieuse, politique ou sociale, sans rejeter la religion en soi -- l'analogie avec le "crime organisé", qui renvoie aux gangs et mafias des années 1920-30 (Rutherford lui-même a protesté contre la "prohibition" qui confortait dans leur opposition symétrique l'organisation de l'Etat fédéral et celles de la contrebande), est tout sauf un hasard, c'est la même rhétorique qui qualifiait la "religion" de racket... Mais le comble, c'est que dans le même temps, Rutherford se démenait pour faire de la Watchtower une "organisation", contrairement aux intentions expresses de son prédécesseur (Russell); organisation qui ne se voulait pas encore "religieuse", mais qui revendique désormais cette qualité, de sorte qu'une critique watchtowérienne de la "religion organisée" paraît aujourd'hui un complet contresens. |
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 19 Jan 2024, 12:33 | |
| John Newman, cardinal catholique, qui écrivit sur beaucoup de doctrines et de coutumes de ce genre (dans son “Essay on the Development of Christian doctrine”) dit qu’elles ‘sont toutes d’origine païennes’ et qu’elles sont ‘sanctifiées par leur adoption dans l’Église’. Mais cette dernière affirmation est fausse. En adoptant des croyances et des cérémonies babyloniennes, le catholicisme, le protestantisme et même le judaïsme ne les ont pas rendues saintes pour autant. Ces religions se sont plutôt identifiées à des filles de “Babylone la Grande”. — Rév. 17:5. Ces religions ou “filles” de Babylone la Grande ont pris une grande part, dans un camp ou dans l’autre, aux croisades et aux autres guerres fanatiques de l’Histoire. Les deux guerres mondiales ont éclaté entre des nations prétendue s chrétiennes, et des shintoïstes et des bouddhistes y ont également participé. Dans chaque camp, le clergé contribua à stimuler l’ardeur guerrière. Loin de représenter le ‘Dieu d’amour’, l’empire mondial de la fausse religion a toujours provoqué la haine. Aujourd’hui encore, catholiques et protestants se battent en Irlande du Nord, et nombre d’actes de violence au Moyen-Orient se commettent à l’instigation de la religion. Toutefois, Babylone la Grande est surtout répréhensible pour la raison indiquée en Révélation 17:6, où nous lisons: “J’ai vu que la femme était ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus”. Ces paroles ont connu un accomplissement tragique avec la persécution des premiers chrétiens, avec l’Inquisition durant l’âge des ténèbres et avec les répressions violentes que subirent les Témoins de Jéhovah de notre temps de la part du catholique Hitler. Le ‘Dieu d’amour’ vengera-t-il tout ce sang versé? Sans aucun doute. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1981050?q=catholique+babylone&p=par - Citation :
- Je signale encore, pendant que j'y suis, que la référence rutherfordienne à la "religion organisée" (organized religion) est un cliché typiquement américain, qui prolonge à sa manière la tradition du sectarisme protestant dans le sens d'un individualisme extrême, voire d'un anarchisme (plus ou moins) spirituel (il en reste des traces chez les "libertariens" de droite) rejetant par principe toute organisation, religieuse, politique ou sociale, sans rejeter la religion en soi -- l'analogie avec le "crime organisé", qui renvoie aux gangs et mafias des années 1920-30
Le sens de l'expression "la religion organisée" a totalement changé dans les années 80 avec l'affaire Raymond FRANZ :Faut-il appartenir à une religion organisée ?L’avantage d’appartenir à une congrégation Dieu veut que ses adorateurs constituent un groupe étroitement uni dans la foi et non un vague ensemble de croyants. Il les invite à “ avoir tous même langage ”, à rejeter les divisions et à être “ bien unis dans la même pensée et dans la même opinion ”. (1 Corinthiens 1:10.) Si Dieu voulait que les humains ne l’adorent qu’individuellement, séparés les uns des autres, ces paroles ne rimeraient à rien. Les Écritures montrent donc clairement que le genre de culte que Dieu agrée se pratique de manière organisée. Et la religion organisée présentée dans la Bible, celle que Dieu cautionne, vous offre ce qui vous est indispensable pour combler vos besoins spirituels. — Matthieu 5:3. Il est vrai que beaucoup de religions aujourd’hui se révèlent hypocrites et sont coupables de nombreuses atrocités. Est-ce une raison pour rejeter toute institution religieuse ? Il en existe forcément une sur terre structurée de façon à manifester de l’amour à tous les humains, à enseigner les normes morales de Dieu. Cette religion peut vous aider à développer une foi authentique. Vous trouverez dans la Bible les critères permettant d’identifier le culte organisé que Dieu approuve.Faut-il bannir toute religion organisée ?https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/102012329?q=religion+organis%C3%A9e&p=par |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 19 Jan 2024, 14:32 | |
| L'article de 1981 reste sous l'influence de Hislop (qui a continué d'être cité par la Watch jusqu'en 1986). Même s'il n'est pas nommément cité ici, les âneries relatives à Nimrod et Sémiramis (entre autres) sont sa marque de fabrique...
Comme je le disais plus haut, la valorisation de l'"organisation" était déjà le fait de Rutherford dans les années 1920, contre Russell qui s'en était méfié... mais dans le même temps Rutherford pouvait critiquer la "religion organisée" parce qu'il récusait pour le jéhovisme l'appellation "religion". Il est certain que les "apostats" ultérieurs ont retrouvé chez Russell de quoi conforter leur propre critique de l'"organisation", rutherfordienne ou post-rutherfordienne, et qu'en réaction la direction a insisté de plus en plus sur cette notion, tout en la couplant avec celle de "religion" par opportunisme, en particulier juridique (mieux vaut, dans beaucoup de pays mais surtout aux Etats-Unis, passer pour une "religion" que pour un groupuscule de nature indéterminée).
Mais la formule de "religion organisée", prise en mauvaise part (ce n'est pas un compliment), est bien un cliché américain -- qui tend évidemment à se mondialiser dans les sphères anglophones et au-delà, sur le mode de l'opposition d'une "spiritualité" personnelle à la "religion organisée". Ce genre de discours était omniprésent sur le forum JWD au temps où je l'ai fréquenté, je l'ai encore entendu récemment dans un commentaire du très beau film The Ballad of Cable Hogue, de Sam Peckinpah, où les commentateurs (anglophones sinon américains) revenaient souvent sur le fait que l'auteur était à leurs yeux profondément "religieux" (les références bibliques sont nombreuses, comme chez beaucoup de cinéastes américains), mais très critique de la "religion organisée". En revanche, la religiosité non "organisée" tend à se recentrer sur le patriotique commun (on voit notamment dans le film précité le protagoniste hisser religieusement le drapeau américain sur son improbable propriété -- il a trouvé de l'eau où il n'y en avait pas, c'est ce qui sera finalement écrit sur sa tombe); en refusant la "religion civile" américaine (drapeau, hymne et compagnie) Rutherford a, au contraire, pris à contrepied le sentiment religieux majoritaire aux Etats-Unis.
Dernière édition par Narkissos le Ven 19 Jan 2024, 17:21, édité 1 fois |
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Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 19 Jan 2024, 17:19 | |
| Voici ce que le président de la société disait en 1881:
Ils étaient organisés et unis comme des membres d’une société, et comme tels ils avaient des lois et une administration et par voie de conséquence une tête reconnue comme autorité régnante. Les liens étaient des liens d’amour s, et d’intérêt communs . Ils étaient tous enrôlés sous les ordres de Jésus, les espérances et les craintes, les joies les tristesses, et les objectifs des uns étaient ceux des autres. Ainsi, ils avaient une bien plus grande unité de cœur que celle qui pourrait résulter d’une unité basée sur une quelconque disposition humaine. Ainsi leur organisation était celle de l'Esprit; la loi qui prévalait pour diriger chacun était celle de l’amour et tous dans l’unité étaient placés sous l’obéissance de la “loi de l'Esprit“ telle qu'elle avait été exprimée dans la vie, les actions et les paroles de leur Seigneur. Ce qui les dirigeait était Sa 'volonté', disant : “ Celui qui m’aime, garde mes commandements “. Nous voyons donc l’église primitive organisée et dirigée dans une parfaite unité et harmonie sous le règne ou l’autorité de Jésus. Quel contraste entre cette organisation ecclésiale et ce qui aujourd'hui prétend lui succéder à savoir : Ces différents systèmes confessionnels qui relient (la plupart de ses liens étant tout sauf de l'amour) leurs membres sur la base de leurs propres dogmes...Ces lois ajoutées émanent de leurs chefs, dirigeants ou législateurs. Ainsi il est clairement démontré qu’aujourd’hui les églises ont et reconnaissent à leur tête ou pour les diriger les anciennes fondations de leurs différents credo tandis que leurs clergés, de conférences en réunions ou de conciles en synodes, interprètent et enracinent “la traditions des pères“ laquelle fait oublier la Parole de Dieu. Ceux-ci prennent la place de la vrai tête de l’église: Jésus, et du véritable enseignant et guide en toute vérité: le Saint Esprit. Écoutez les paroles du prophète Esaïe, (chapitre 9:15).
Ceci nous amène à notre seconde proposition, à savoir : que tous les chrétiens devraient être reliés à cette organisation. A la lumière de ce qui a été dit concernant la classe constituant l’église qu’organisa Jésus, il est évident que si vous avez renoncé à tout, volonté, talent, temps, etc.…vous êtes reconnu par Jésus comme un disciple, un membre de cette 'ecclésia' ou de ce corps dont il est la tète, votre nom étant inscrit dans le ciel. C'est ainsi que nous devenons membre consacré de l’église du Christ. Mais certains disent : n’est-il pas nécessaire de rejoindre une organisation terrestre, pour que mon nom soit inscrit sur terre ? Non. Rappelez vous que Jésus est votre modèle et votre enseignant. Nulle part dans ses mots, ni dans ses actes vous trouverez une incitation à rejoindre les credos et les traditions des hommes qui tous, tôt ou tard, tenterons d’annuler la parole de Dieu, (Marc 7:13) et vous placerons sous une servitude qui entravera votre croissance dans la grâce vous privant de la connaissance. Concernant cette servitude, Paul écrit : “C’est pour cette liberté que Christ nous a libérés, c’est pourquoi tenez bon, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de l’esclavage “. (Gal 5:1).Mais certains disent encore : S’il ne convient pas aujourd'hui de s’unir à une des églises en place, ne ferions nous pas mieux de former notre propre organisation visible ? Oui ! C’est ce que nous avons fait: notre organisation a pris pour modèle l’église primitive. Nous pensons être revenus à la simplicité de la première époque : le Seigneur Jésus, seul Législateur, est à notre tête; l’Esprit saint est notre interprète et notre guide pour la vérité ; Nos noms sont tous inscrits dans le ciel ; Nous sommes tous liés, unis par l’amour et un intérêt commun. Vous vous demandez comment nous allons nous reconnaître les uns les autres ? Nous répondons : comment pourrions-nous ne pas nous reconnaître quand l’esprit de notre Maître a été rendu manifeste chez nous en paroles comme en actes? Oui la foi vivante, l'amour véritable, l'humilité dans la souffrance, la simplicité de l'enfant alliée à la constance et à la force de la maturité révèlent les fils de Dieu, et nous n’avons pas besoin de support terrestre car les noms de ceux-là sont inscrits dans le livre de vie de l’Agneau.
A l’époque selon la Watchtower, la vraie congrégation du Christ diffère des autres organisations religieuses par leurs enseignements spécifiques que leurs membres doivent accepter pour être reconnus comme adeptes. Chacune a ses leaders qui se réunissent pour établir les lois particulières de leur organisations, imposant ces règles à leurs membres et prenant, de ce fait, “la place de la véritable tète de l’église: Jésus, et du seul enseignant et vrai guide: l’Esprit Saint“. Les éditeurs de la Tour de Garde déclarèrent revenir au modèle “simple et nature l“ des congrégations du premier siècle dans lesquelles l’organisation était celle de l’Esprit et la loi celle de l’amour, la seule direction étant la volonté de celui qui disait “ si vous m’aimez vous garderez mes commandements “. Ils étaient liés, disait la Watchtower non par les liens d’une organisation humaine mais par “ l’amour et un intérêt commun“. (A la recherche de la liberté chrétienne - P 58-59). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 19 Jan 2024, 17:46 | |
| N.B.: J'ai un peu développé le dernier paragraphe de mon post précédent -- le rapport de Rutherford à la "religion", même restreint(e) à son contexte américain, est complexe...
Par inattention, j'avais d'abord (mal) lu "1981" (dont on venait de parler) au lieu de 1881, et du coup toute la citation (en italiques) me paraissait ahurissante. Si c'est un texte de Russell, en revanche, c'est parfaitement cohérent, quoique assez peu réaliste. On ne compte pas, depuis au moins 500 ans, les mouvements d'intention "oecuménique" qui ont voulu surmonter la "division des chrétiens" et les frontières ecclésiastiques institutionnelles et qui n'ont abouti qu'à former une Eglise ou une secte de plus -- même si le résultat a rarement été aussi caricaturalement sectaire qu'à la Watchtower...
Pour revenir à "Babylone la Grande", du moins dans l'interprétation watchtowérienne, on peut dire que c'est un énième avatar d'une structure d'exclusion invers(é)e, "les autres", "tout et tous sauf nous": ce qu'étaient les "barbares" pour les Grecs, les goyim, ethnè, gentes, "nations" ou "Gentils" pour les Juifs, les "païens" pour les chrétiens, ou encore le "monde" -- mais, dans le cas de la "Babylone" jéhoviste, avec la coloration particulière d'une catégorie "religieuse" qui doit tout à Hislop... (sauf que celui-ci visait spécifiquement le catholicisme romain, et atteignait par extension ce qui en restait dans le protestantisme historique, c.-à-d. beaucoup, et toujours trop dans une perspective "sectaire"). |
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