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| Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation | |
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Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 19 Déc 2023, 15:23 | |
| Attributs théologiques et polémiques. Les enjeux de la filiation antichristique de Rome
Alors que recouvre exactement ce topos ? Quels motifs bibliques lui sont-ils associés ? L’intérêt n’est pas tant d’évaluer ce que ces griefs révèlent de l’activisme clérical (bien connu par ailleurs) que ce qu’ils nous disent de la nature et de l’intensité de la polémique, de la violence du débat et de ces modes d’expression homilétiques.
Voyons, à partir des attributs théologiques afférents, quelle image est donnée de l’adversaire catholique, quelle radicalité l’analogie à Babylone véhicule, quels forfaits lui sont adjoints. Plus fondamentalement, il s’agit d’évaluer l’enjeu d’une telle filiation et ce que cherchent à expliquer les huguenots en utilisant cette figure répulsive.
La polémique qui s’élabore à l’appui de la figure de Babylone épouse en premier lieu le motif biblique de la séduction (l’imposture se dénonce d’abord dans le registre du charme)35. À ce titre, l’homilétique réformée associe diverses figures bibliques à Rome, ou plutôt plusieurs dénominations d’une même figure antichristique : l’« ange de l’Abîme », l’« envoyé de l’Enfer », le « siège de l’Antéchrist », la « Babylone moderne », la « Babylone mystique », la « Babylone spirituelle », la « Babylone payenne » ou « Babylone antichrétienne », « un autre Balaam »36, la « Bête » et la « grande paillarde »37. Toutes ces figures (ou presque) ont trait à la démonologie et sont tirées de l’Apocalypse (la multiplicité des occurrences ne gage pas d’une grande diversité). L’image qui est donnée du clergé romain est d’abord celle de la perversion et de la fourberie, thème prédominant à l’appui duquel s’agence une part substantielle de la critique huguenote pré et post-révocatoire.
Voyons pour commencer quelles sont les caractéristiques de ce puissant motif théologique, sous quels traits précis l’adversaire catholique est présenté et quels sont les attributs de Babylone. Abordons l’univers biblique, idéel et rhétorique, dans lequel s’élabore la riposte et se dénonce l’imposture de Rome.
Notons d’emblée, au risque de ne rien comprendre à cette interprétation huguenote, que face à l’oppression religieuse catholique, les réformés cherchent à expliquer le sens de l’épreuve qu’ils traversent au prisme d’une histoire biblique réconfortante, dans laquelle les méfaits des ennemis du Christ et des adversaires de l’Israël biblique leur semblent le miroir des forfaits de l’Église romaine auxquels ils se trouvent exposés. Dans leurs sermons, qui établissent un parallélisme biblico-historique, cette lecture scripturaire du temps les amène à identifier la France de Louis XIV à une nouvelle Chaldée, une nouvelle Égypte dont ils se déclarent captifs, et à identifier le clergé catholique à la « Bête » de l’Apocalypse, aussi tentatrice que répugnante. Le peuple réformé, expliquent les ministres, est l’Israël selon l’Esprit, opprimé par la nouvelle Babylone38. Que sous-tend cette identification de Rome à Babylone ? Babylone, la Grande prostituée, est cette figure d’abord énigmatique de l’Apocalypse dont voici la description au chapitre 17 :
1Alors l’un des sept Anges qui avaient les sept fioles, vint, et parla à moi, me disant, Viens, je te montrerai la condamnation de la grande paillarde, laquelle se sied sur plusieurs eaux. 2Avec laquelle les rois de la terre ont paillardé, et du vin de la paillardise de laquelle ont été enivrés les habitants de la terre. 3Ainsi donc il me transporta en esprit en un désert : et je vis une femme montée sur une bête de couleur d’écarlate, qui était pleine de noms de blasphème, ayant sept têtes et dix cornes. 4Et la femme était accoutrée de pourpre et d’écarlate, et parée d’or, et de pierres précieuses, et de perles : tenant en sa main une coupe d’or, pleine d’abominations de la souillure de sa paillardise. 5Et en son front il y avait un nom écrit, Mystère, la grande Babylone, la mère des paillardises et des abominations de la terre. 6Et je vis la femme enivrée du sang des Saints, et du sang des Martyrs de Jésus : et la voyant je m’émerveillai d’un grand ébahissement. 7Et l’Ange me dit, Pourquoi t’émerveilles-tu ? je te dirai le mystère de la femme, et de la bête qui la porte, laquelle a sept têtes et dix cornes. 8La bête que tu as vue, a été, et n’est plus, mais elle doit monter de l’abîme, et puis être détruite ; […] 9C’est ici qu’est l’intelligence pour quiconque a de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes sur lesquelles la femme est assise. 10 Ce sont aussi sept Rois […]. 11Et la bête […] vient des sept, mais elle tend à sa ruine.39
Suspendons temporairement l’explication afin de poursuivre la présentation de cette figure biblique. Elle a pour nom Babylone, l’une des capitales antiques de la Mésopotamie qui, dans les Écritures, incarne la corruption et la décadence. Elle symbolise la religion dominée par la richesse et l’orgueil, caractérisée par sa connivence avec le pouvoir temporel oppressif dont l’Apocalypse annonce et le règne et la chute après un prestige terrestre temporaire. Tandis que Babylone désigne dans la Genèse l’effet de la puissance du monde sur les hommes et leur morgue, elle se trouve associée dans Esaïe à un roi tyran – Nabuchodonosor qui en 586 s’empara du royaume de Juda et diverses fois de Jérusalem dont il déporta la population juive – que l’exégèse chrétienne tient pour représentatif d’une puissance ennemie. Dans le Nouveau Testament, la ville désigne Rome en tant que puissance funeste aux premiers chrétiens (1 P 5,13) et dans l’Apocalypse une puissance décadente et séductrice (Ap 18,3). Symbole du mal associé à la Grande prostituée, Babylone représente avec elle la fausse religion par laquelle les hommes sont trompés et se détournent de Dieu pour suivre les rois. Dans cette économie biblique, prostitution, idolâtrie, séduction, imposture se répondent – l’image de la prostitution étant employée pour désigner la trahison et l’idolâtrie (que les réformés prêtent à la religion catholique) qui, elle-même, désigne les faux dieux et renvoie à la tentation permanente de s’y soumettre40.
https://journals.openedition.org/episteme/8902#tocfrom1n2 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 19 Déc 2023, 19:06 | |
| Ce n'est pas dans cet article qu'il faut chercher une exégèse contextuelle de l'Apocalypse et de sa "Babylone la Grande" (sujet dont nous avons amplement parlé ailleurs), par contre il illustre remarquablement l'usage anticatholique qui en a été fait dans le protestantisme français du XVIIe siècle, usage qui varie lui-même selon les circonstances (p. ex., "sortir de Babylone" ce peut être quitter le royaume de France quand celui-ci n'accorde pas ou plus la liberté de culte aux réformés, avant l'Edit de Nantes ou après sa révocation; et simplement résister aux pressions et persécutions sur place quand l'exil même n'est pas ou plus possible); tout cela a évidemment une préhistoire, dans d'autres contextes géopolitiques, chez Luther ( De la Captivité babylonienne de l'Eglise, 1520) ou chez d'autres réformateurs ou "préréformateurs" (Wycliff, Hus, etc.); pour tout ce qui diverge du catholicisme depuis le moyen-âge, la caricature apocalyptique de la Rome antique (païenne et impériale) en "Babylone" est une arme toute trouvée contre la Rome pontificale... et il y aura autant de suites et de retournements aux siècles suivants chez tous ceux qui, "libéraux", "réactionnaires" ou "sectaires", estimeront que les Eglises protestantes historiques sont encore trop "catholiques", ou "babyloniennes"... |
| | | free
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 20 Déc 2023, 14:40 | |
| - Citation :
- Ce n'est pas dans cet article qu'il faut chercher une exégèse contextuelle de l'Apocalypse et de sa "Babylone la Grande" (sujet dont nous avons amplement parlé ailleurs),
La "prostituée Babylone", c'est Rome, la VILLE tout simplement, comme c'est écrit noir sur blanc dans le texte. Et l'idée d'un Nero redivivus retournant la puissance de l'empire contre la Ville-maîtresse avec le concours des barbares suffit à comprendre le sens général du chapitre (sans préjudice des détails qui sont plus complexes, notamment en raison de la multiplicité des sources et des rédactions de l'Apocalypse dont on a déjà parlé). La légende elle-même se comprend fort bien à partir de la conviction fort répandue à l'époque (quel que soit son rapport à "l'histoire vraie") que Néron avait mis le feu à sa propre ville. A ma connnaissance, la dernière mention de Hislop dans les publications de la Watchtower date de plus de 20 ans (1989). Depuis que la pseudo-érudition de cet auteur jadis très prisé dans les milieux anti-catholiques évangéliques a été largement exposée dans ces mêmes milieux (voir notamment le parcours exemplaire de Ralph Woodrow, évangélique qui après avoir écrit un livre popularisant les idées de Hislop, a su remettre en cause sa propre croyance, retirer son premier livre de la vente et en écrire un autre pour le réfuter!) il y a peu de chance qu'il "remonte de l'abîme". Mais ça n'empêche pas certains de "réciter" toujours Hislop, imperturbablement.Ça, et aussi les références transparentes (à l'époque pour tout le monde ou presque, aujourd'hui pour les historiens) à "la ville aux sept collines", la personnification féminine parodiant l'iconographie de la déesse Roma, etc.
Par contre j'ai l'impression que tu ne m'as pas très bien compris à propos de Néron. Le rapport que je suggère (et là je ne suis pas original du tout!) est beaucoup plus indirect. La rumeur (vraie ou fausse) de l'incendie de Rome par Néron a nourri l'imaginaire dans tout l'empire, d'où la légende du Nero redivivus qui (re)viendra détruire Rome, laquelle inspire à son tour (entre autres!) l'auteur de l'Apocalypse. Toutefois celui-ci n'entend pas décrire l'incendie (passé ou supposé tel) de Rome par Néron, mais annoncer un événement à venir. C'est une prophétie (au sens prédictif du terme pour une fois), et une prophétie clairement ratée, parce que datée (le sac historique de Rome au Ve s. ne l'"accomplit" pas plus que ne pourrait l'accomplir aucun événement pour nous passé ou futur: ce que l'auteur annonce est assez clair, mais ne s'est tout simplement pas produit [ou: retour au début de ce fil]). https://etrechretien.1fr1.net/t27p25-a-quelles-personnes-lee-redacteur-de-l-apocalypse-destinait-il-son-livreII. Rome et BabyloneDans les textes juifsLa deuxième identification pour comprendre Rome à travers la Bible fut de la poser comme équivalente à Babylone, ce qui fut fait après 70. Les sources juives traitèrent la question de quatre manières, que l’on peut rassembler en deux groupes distincts par la datation et par la méthode, implicite ou explicite.Dans certains textes de la fin du ier siècle et du début du iie siècle de notre ère, l’identification est cryptée. Des apocalypses rédigées vers 100, comme II Baruch et IV Esdras, décrivent la prise de Jérusalem et la destruction du premier Temple par Nabuchodonosor. Derrière Babylone, il faut entendre Rome. L’histoire s’est répétée puisque Jérusalem fut prise deux fois. Mais elle se répétera jusqu’au bout, et, comme Babylone fut châtiée, Rome le sera à son tour. La seule différence sera que le messie de Yahvé ne sera plus un roi étranger comme Cyrus, mais celui qui instaurera le règne d’Israël. La finalité commune de ces textes est de montrer que l’avenir jadis révélé a été réalisé, ce qui fonde un nouvel espoir pour un futur eschatologique d’Israël.Une deuxième manière, contemporaine de la première, est plus explicite. Elle identifie Rome à Babylone, ou parle de celle-ci dans un contexte où elle désigne Rome de façon évidente. C’est le cas dans le livre V des Oracles sibyllins, qui rapproche les deux noms (v. 139 et 143) et qui fait allusion aux cataclysmes cosmiques qui consumeront « la grande mer et Babylone elle-même et la terre d’Italie » (v. 159‑160). On retrouve les mêmes thèmes dans la Première Épître de Pierre adressée à l’Église de Rome que le texte appelle « l’élue de Babylone », et dans l’Apocalypse de Jean, avec la grande prostituée de Babylone assise sur ses sept collines (17, 1‑6 et 18).On retrouve ensuite des identifications explicites entre Babylone et Rome dans des textes midrashiques, en lien avec l’équivalence entre Rome et la « fille de Babylone », une formule présente dans certains textes bibliques, où elle désignait Babylone elle-même, mais qui fut ensuite comprise comme désignant Rome10.Enfin, une autre identification entre Rome et Babylone est présente dans le récit des origines de Rome associé à Abba Qolon (Cantique Rabbah 1.6), puisque ce dernier mélange l’eau de l’Euphrate à de l’argile afin de fonder Rome – Babylone. L’utilisation massive de la brique pouvait faire penser à la tour de Babel, mais aussi à l’architecture romaine des thermes et des murailles11.Toutefois, l’utilisation de Babylone comme surnom de Rome avait ses limites. Si les deux capitales se confondaient comme ennemies du Temple, le schéma de la succession des empires de Daniel 2, 36‑45 ne permettait pas de confondre le premier et le quatrième empire. L’identification ne pouvait donc être que typologique. De plus, après 224‑226 de notre ère, la coexistence de l’empire romain et de l’empire perse sassanide, qui contrôlait la Babylonie, rendait l’équivalence entre Rome et Babylone moins pertinente. En effet, le souvenir de Cyrus amenait les Juifs à considérer positivement les Sassanides dont la capitale Ctésiphon était proche de l’ancienne Babylone. Et le fait que la Babylonie devint à partir du iiie siècle une terre de mission rabbinique a pu valoriser cette région. Ceci pourrait expliquer le moindre intérêt ultérieur de l’identification de Rome à Babylone dans le judaïsme.https://journals.openedition.org/rhr/8555 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 20 Déc 2023, 15:18 | |
| Pour ceux qui voudraient situer la discussion du premier lien dans son contexte, c'était le 26.10.2010 (en plusieurs posts). Sur le second, nous avions vu un article voisin et similaire ici (28.8.2023) et là (28.11.2023).En ce qui concerne 1 Pierre, l'identification de "Babylone" à Rome est moins évidente que dans l'Apocalypse, parce que le contexte est moins développé... Elle impliquerait d'ailleurs beaucoup moins d'agressivité, puisque l'attitude de l'épître à l'égard des "autorités", même persécutrices, est de soumission (cf. 2,13ss), comme dans la tradition paulinienne (Romains 13 etc.); avec toutefois une certaine distance, car l'autorité n'est plus d'institution divine mais "création humaine". Mais même dans les modèles vétérotestamentaires l'attitude est variable: on peut prier pour la paix de Babylone, comme dans Jérémie (29), ou pour sa destruction, même archi-violente (comme dans la fameuse fin du Psaume 137, où l'on retrouve d'ailleurs Edom avec Babylone). |
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 20 Déc 2023, 17:11 | |
| C’: Le jugement proprement dit de la grande prostituée et de Babylone se déroule dans les chapitres 17 et 18. Ce sont deux figurations de la même réalité, à savoir la Rome impériale. L’identification est affirmée 34 en 17,18: «Et la femme que tu as vue, c’est la grande cité qui règne sur les rois de la terre». En fait, l’auteur consacre plus de temps à décrire la grande prostituée – ou encore Babylone – et leurs œuvres mauvaises qu’à dépeindre leur chute. Celle-ci est seulement prononcée (17,8; 18,2) et scellée par une action symbolique (18,21-24: Babylone est précipitée comme une meule jetée dans la mer). Et surtout on voit les effets de sa chute à travers la réaction des témoins: révolte de ceux qui la servaient et qui la dépouillent (17,16-17) ou triple lamentation des rois, des commerçants et des navigateurs (18,9-19 rythmée chaque fois par un double oûaí), tandis que le ciel, les saints, les apôtres et les prophètes sont invités à se réjouir (18,20).
34 Voir aussi le fait que le nom de Babylone est écrit sur le front de la prostituée (17,5). Le fait qu’elle siège au bord de grandes eaux (17,1) et sur sept collines (17,9) oriente l’interprétation vers Rome.
https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_2013_num_44_4_4168
Notes sur le commentaire d’Œcuménius à l’Apocalypse Laurence Vianès
Au total, si l'on recense les mentions qu'il fait de l'empire romain, on observe qu'elles concernent occasionnellement l'avenir (les dix rois eschatologiques prospéreront sur lui), plus souvent le passé (en soumettant les Juifs dans la guerre de 67-70 les Romains ont été l'instrument de leur punition pour la mise à mort du Christ),38 mais pas le présent. Le cri « Elle est tombée, Babylone la Grande » (Ap 18,2) indique une destruction de la ville de Rome, qui sera précédée par un signal donné aux chrétiens pour qu'ils la quittent au plus vite (Ap 18,4).
Puisque cette ville n'est plus le centre du pouvoir, il convient de justifier l'importance que revêt néanmoins sa chute. Au cours des guerres entre les dix rois, des combats se livreront autour d'elle : elle sera convoitée en effet parce qu'elle est royale (ou « capitale » : βασιλίς), très peuplée (πολυάνθρωπος), qu'elle a une importance militaire stratégique (elle est ὀχυρά) et qu'elle perçoit des tributs.
Par conséquent dans la guerre qu'ils se feront pour elle, comme elle sera un enjeu de la victoire, il est inévitable qu'elle pâtisse de la part des uns et des autres et soit incendiée et dévastée. Cette perception de Rome comme un enjeu dans toute guerre à cause de sa richesse paraît refléter assez bien la situation qui prévaut depuis le IVe siècle au moins, et qui est devenue évidente dans les vicissitudes de la partie occidentale de l'empire au Ve siècle.
https://auf.hal.science/hal-01418028/document |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 20 Déc 2023, 18:11 | |
| Sur l'article de Focant, voir ici (19.11.2019), là (7.12.2020), là (10.2.2022) et là (18.2.2022) -- j'en oublie sûrement. La suite de l'article de H. Inglebert, cité dans ton post précédent mais que j'ai lu entre-temps, a surtout pour le présent sujet l'intérêt de montrer comment les lectures chrétiennes de l'Apocalypse ont dû réinterpréter "Rome-Babylone" une fois l'empire romain devenu tolérant, puis sympathique aux chrétiens, et finalement chrétien lui-même: puisqu'aux yeux des chrétiens les juifs méritaient leur sort, que celui-ci était un châtiment divin dont Rome, comme Babylone, n'avait été que l'instrument, Rome s'en trouvait naturellement "dédiabolisée", comme Babylone ou Nabuchodonosor, "mon serviteur" dans Jérémie... C'est aussi ce qu'on retrouve dans le commentaire byzantin d'Oecumenius étudié dans le dernier article (L. Vianès), avec un élément de dissociation supplémentaire puisque l'empire romain et chrétien a désormais pour métropole principale Byzance-Constantinople: la ville de Rome a donc pu être châtiée (on est maintenant après le sac de Rome par les barbares) sans que l'empire, désormais chrétien, en soit atteint... Mais évidemment tout cela n'empêchera ceux qui dans les siècles à venir auront maille à partir avec la Rome pontificale (hérétiques, schismatiques, sectaires) de trouver dans l'Apocalypse une caricature toute prête contre celle-ci, en dépit des anachronismes (car bien sûr la Rome chrétienne n'était pas dans le champ de vision ni de prévision de l'auteur ou des auteurs de l'Apocalypse). |
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Jeu 21 Déc 2023, 12:23 | |
| Apocalypse 17 et 18 : N°6 - Le jugement et chute de la grande prostituée
SOURCES LITTÉRAIRES ET HISTORIQUES
Comment, alors que l'empire romain était à son apogée, que la Pax Romana était établie depuis plus d’un siècle [5] et allait subsister encore longtemps, que son “commerce international” était sans concurrent dans le monde, comment le visionnaire de Patmos a-t-il pu imaginer et raconter son effondrement ?
Cette vision de l’effondrement d'un pouvoir puissant et de son économie hégémonique trouve bien sûr des parallèles historiques dans les siècles passés, et des parallèles littéraires dans les livres prophétiques de la Bible hébraïque. Ainsi, la chute du roi de Babylone [6] telle que l'évoque Ésaïe 14,3-23. Mais c'est sans doute en Ézéchiel 26–28, dans l'évocation de la chute de l'empire maritime et commercial phénicien, que l'auteur de notre chapitre fait l'essentiel de ses emprunts littéraires. La simple lecture de ces chapitres d'Ézéchiel suffit pour s'en convaincre [7].
En dehors de ces références vétérotestamentaires, on peut aussi penser à d'autres sources, en particulier en ce qui concerne l'embrasement soudain de la grande ville, un motif absent d'Ésaïe 14 et d'Ézéchiel 26–28, et la mise en scène des spectateurs impuissants, au large, à bord de leurs navires.
L'incendie de Rome[8] sous Néron en juillet 64 ap. J.-C. vient immédiatement à l'esprit, mais la capitale de l’Empire n'est pas située au bord de la mer, et son port maritime, Ostie[9], était au premier siècle devancé en terme d’activités par le port de Pouzzoles 240km plus au sud, au nord de la baie de Naples. Mais en quoi ces informations historiques concernent-elle notre chapitre 18 de l’Apocalypse ? C'est qu'un événement encore plus spectaculaire que l'incendie de Rome survint en 79 ap. J.-C. dans la baie de Naples : l'éruption du Vésuve qui engloutit en quelques heures ou quelques jours les villes alentour (Herculanum, Oplontis, Pompéi, Stabies...). Cette baie était un lieu de villégiature prisé par les riches Romains demeurant au pied du Vésuve endormi dont les flancs étaient couverts d’un vignoble renommé. Au nord de la baie de Naples, les navires venant de tout le bassin méditerranéen mouillaient au large en attendant leur déchargement à Pouzzoles. Grâce à la description précise de l’éruption et des événements qui s’en suivirent par Pline le Jeune, dans sa correspondance avec Tacite [10], on imagine aisément la sidération qu'a pu produire ce phénomène – d'abord incompris quant à sa nature et à son ampleur – sur ses spectateurs impuissants. Le récit qu’en firent les nombreux spectateurs ou rescapés contribua sans nul doute à en faire connaître le caractère extraordinaire dans le monde romain. Sans qu’il soit possible d’en être certain, il est cependant tentant de faire le rapprochement avec la vision du chapitre 18 de l'Apocalypse de Jean. Un chapitre qui met en scène les lamentations des armateurs et des marins qui, observant à distance (18,10.15.17) l'anéantissement de la source de leurs profits, pleurent l'effondrement (temporaire) de leur “business” : « Quand ils verront la fumée de son embrasement, ils se tiendront à distance par crainte de son tourment […] en disant : Quel malheur ! Quel malheur ! […] En une seule heure, tant de richesses ont été détruites ! […] Elle est devenue un désert. »[11]
https://oratoiredulouvre.fr/documents/etudes-bibliques/2016-2017/lapocalypse-paroles-de-resistance-et-desperance/n6-le-jugement-et-chute-de-la-grande-prostituee |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Jeu 21 Déc 2023, 13:54 | |
| Grand plaisir de lire Patrice Rolin, que j'ai un peu connu et beaucoup apprécié autrefois... Je retrouve là ses orientations politiques qui en l'occurrence s'accordent bien avec les éléments socio-économiques du texte -- quoiqu'on puisse difficilement faire passer l'Apocalypse pour "humaniste".
Au-delà du sentiment "religieux", "ethnique" ou "nationaliste", le ressentiment (comme dit Nietzsche, en français dans le texte) contre Rome rejoint en effet une tendance bien plus profonde, répandue et vivace, qui s'illustre dans la Bible comme ailleurs, des Prophètes (comme Amos) à l'épître de Jacques, (tendance tendant) à subvertir, à renverser ou à retourner toute puissance, politique, militaire ou économique: abaisser ce qui est élevé, et vice versa, c'est aussi bien le mouvement de la prière d'Anne (Hannah, 1 Samuel) ou de Marie (Magnificat, selon Luc) que des "premiers-derniers" ou des "qui perd gagne" évangéliques.
L'éruption du Vésuve est moins souvent évoquée dans les commentaires de l'Apocalypse que l'incendie de Rome sous Néron, mais c'est une piste intéressante: tout dépend des échos, forcément déformés, que les événements d'Italie ont pu avoir dans les milieux producteurs de l'Apocalypse, a priori en Asie Mineure, qui réagissent aussi à des nouvelles provenant de la direction opposée (notamment la menace des Parthes à l'est de l'empire, cf. les "rois du soleil levant"); mais ça n'a rien d'invraisemblable. |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Jeu 21 Déc 2023, 15:01 | |
| Le topos de la ville maudite dans la littérature du xxe siècle
Babylone : ville historique, ville mythique
5C’est paradoxalement en partie « grâce à » la Bible, qui dénonce une démesure profane à ses yeux, mais qui témoigne ainsi, en creux, de la puissance de l’Empire babylonien, que Babylone atteint à une telle célébrité. Pour des raisons historiquement évidentes, les rédacteurs bibliques mentionnent – et fustigent – fréquemment Babylone, qui renvoie non seulement à la ville, mais aussi à toute la région, et à l’empire en général (le terme « Babylone » est souvent employé pour désigner la Babylonie). La ville est donc chargée d’un double crime, puisqu’elle porte non seulement celui de la cité, mais aussi celui de la civilisation qu’elle symbolise. Et, pour comprendre tout ce dont le mot « Babylone » est porteur, il faut tenir compte de cet usage métonymique, mais aussi des divers sens dont le terme s’est chargé au long des siècles, lorsque se constitue l’image « biblique » de Babylone.
6Les textes les plus anciens, yahvistes ou deutéronomistes, mentionnent Babylone pour fustiger les excès auxquels conduit la magnificence. Par-delà l’irréductible opposition entre polythéisme et monothéisme, ce qui se donne à lire est la réprobation d’un peuple qui se veut héritier – sinon en actes, du moins en esprit – d’un nomadisme originel envers une civilisation fondée sur l’urbanisme. Mais, alors que la ville est maudite dès le début de la Genèse (lors de l’épisode de Caïn et Abel), s’élabore progressivement un « contre-mythe », celui de la ville sainte. À Hénok, qui est, dans la Bible, la ville entachée du crime fondateur, et à ses nombreux avatars, qu’ils aient pour nom Babylone, Ninive, Sodome ou Gomorrhe, s’oppose Jérusalem, la cité céleste. Il y a donc en creux, dans cet acharnement à fustiger les grandes villes voisines, une façon de légitimer, sinon la sédentarité dans laquelle s’installent les descendants d’Abraham (l’installation en Canaan est « ordre divin »), du moins la magnificence du royaume de David et de Salomon.
7Selon certains exégètes, le yahviste aurait utilisé la référence à ces villes mésopotamiennes pour mettre en garde ses contemporains contre la fascination profane qu’exerce toute grand règne. Ici, on peut émettre deux hypothèses. Première hypothèse : le texte a été écrit à une époque de splendeur qui voit se construire le Temple de Salomon (ce que l’on croyait encore il y a une quarantaine d’années). Ce serait alors, pour quelques spécialistes, la chute de l’Empire davidique qu’aurait entrevue le rédacteur biblique, et l’épisode sonnerait comme une mise en garde : si l’esprit qui préside à ses embellissements n’était pas respecté, la ville de Jérusalem pourrait elle aussi, comme ses illustres voisines, tomber sous le joug du courroux divin. Deuxième hypothèse : le texte est postérieur à la destruction du Temple (ce que les récentes découvertes archéologiques laissent à penser). En ce cas, il donnerait une leçon a posteriori. Après la prise de Jérusalem et la déportation du peuple hébreu, les rédacteurs bibliques fustigeraient « Babylone » – la ville comme l’empire. L’anathème se fait plus virulent encore, et Babylone n’est pas seulement « l’orgueilleuse », elle devient le symbole de la corruption. Ayant eu l’occasion de voir de près les agissements des Babyloniens, les Hébreux soulignent les faiblesses inhérentes à toute grande cité – comme le fera Dos Passos à propos de New York, deux mille cinq cents ans plus tard.
8Par ailleurs, le culte d’Ishtar, déesse de la fécondité et de l’amour, donne lieu à des coutumes qui semblent bien profanes aux Hébreux. Selon Hérodote, en l’honneur de cette déesse, il aurait été recommandé aux femmes babyloniennes de se livrer à la prostitution au moins une fois dans leur vie. Si l’historien grec contribue ainsi à répandre l’image d’une Babylone « courtisane », que dénoncent des prophètes comme Isaïe, on sait combien ces propos sont éloignés de la vérité. Ils déforment l’esprit qui présidait alors au culte de ce que Jean Bottéro appelle « l’amour libre », et participent d’une incompréhension de la fonction religieuse qui pouvait effectivement, sous certaines conditions, être celle de la « prostitution » en Babylonie. Mais quel que soit le désir des chercheurs de rétablir la vérité historique, il n’en demeure pas moins que c’est cette vision – Hérodote se faisant ici l’écho de l’idée qui prévalait alors – qui a imprimé sa marque.
11Plus que jamais, Babel / Babylone se trouve être au cœur d’une double malédiction urbaine. À la malédiction qui pèse sur la tour – responsable de la faillite du langage – s’ajoute celle d’une cité qui est la ville maudite par excellence. L’épisode de la tour a le privilège d’être le premier, chronologiquement, d’une longue série biblique qui donne naissance à un topos littéraire : Sodome, Gomorrhe ou Ninive suivront, mais n’atteindront jamais à la renommée de Babylone.
La « grande prostituée » : célébration et anathème
43L’assimilation de la ville au corps est un phénomène relativement ancien. Dans l’un des chapitres de sa thèse, « La ville comme corps »33, Pierre Loubier montre bien que, dès le Quattrocento, les architectes italiens conçoivent la ville comme matière « charnelle, articulée et vivante34 ». Babylone, la « grande prostituée » de l’Apocalypse, se prête plus que d’autres à cette analogie et les romanciers de la ville, ainsi que les poètes, recourent fréquemment à cette image. Il n’est jusqu’à la Commune qui « donne lieu à une symbolique de Paris où la ville apparaît comme une personne et comme une des grandes châtiées bibliques, Sodome, Gomorrhe, Babylone35 ». Mais l’analogie ne se déroule pas sur le seul mode de l’anathème : une indéniable fascination pour cette image biblique de la femme est toujours plus ou moins présente aux côtés de la répulsion, et le texte se fait même parfois célébration de Babylone la prostituée.
44Les mentions de Babel qui assimilent la ville à une femme offerte, impudique et coupable, perdurent au xxe siècle. Quelques exemples sont particulièrement éloquents. Berlin Alexanderplatz d’Alfred Döblin offre de multiples illustrations de cette filiation littéraire qui remonte à la Bible. Si c’est Qohéleth qui constitue la référence majeure dans ce roman36, Babel / Babylone est tout de même nommée une dizaine de fois. Le passage qui suit, exemplaire du fonctionnement de la parole mythique dans l’œuvre, s’ouvre sur la mention de « Babylone, la grande prostituée » pour se clore sur « Babel », la « putain aux yeux fauves dardant le venin ». La vision fait directement référence à l’Apocalypse de saint Jean :
Voici, au bord de l’eau, Babylone, la grande prostituée, la mère des fornications et des scandales et de toutes les atrocités sur terre. Tu la verras assise sur une bête de couleur écarlate et qui a sept têtes et dix cornes. Il faut avoir vu cela. Chacun de tes gestes lui fait plaisir. Ivre du sang des saints qu’elle déchiquette. Voici les cornes qui attaquent. Elle sort du gouffre. Elle mène aux enfers. Regarde-les, les perles, la pourpre, les escarboucles, les crocs, les lèvres charnues où le sang a coulé quand elle a bu ! Babel ! Putain aux yeux fauves dardant le venin, à la gorge goitreuse. Regarde ! Elle te sourit.37
45Cette assimilation de la ville à une femme perdue qui conduit ceux qui s’approchent d’elle à la damnation éternelle, prostituée qui « se donne » et vampire qui « prend » le sang des saints, est loin d’être une exception dans l’œuvre. Un peu plus tôt dans le roman se trouvait une évocation tout à fait similaire. Cette référence est à la fois incantation qui parcourt l’œuvre, et parodie qui tient le texte biblique à distance parce qu’elle en exhibe le fonctionnement :
Il est une femme vêtue de pourpre et d’écarlate et parée d’or, de pierres précieuses et de perles ; elle tient dans la main une coupe en or. Elle rit. Son nom est inscrit sur son front – un mystère – : Babylone la grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. Elle a bu le sang des saints, elles est ivre du sang des saints. Babylone, la fille publique, la voilà, elle a bu le sang des martyrs.38
46 Les deux passages fonctionnent bien sur le mode de l’anathème – anathème qui, pour être relativisé par un certain aspect parodique, n’en demeure pas moins inscrit au cœur de cette descente dans les bas-fonds de Berlin. Mais l’imprécation est en même temps porteuse d’une fascination implicite pour cette image de la ville comme corps. Les couleurs éclatantes, le regard qui fixe l’homme (« elle te sourit »), l’écho du rire de la « fille publique » qui se fait entendre sont images visuelles et auditives d’une séduction qui apparaît aussi sensuelle que diabolique. Alfred Döblin souligne ici le pouvoir de fascination inhérent à tout sentiment de répulsion – à moins que ce ne soit la répulsion qu’induit tout sentiment de fascination.
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| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Jeu 21 Déc 2023, 15:48 | |
| Cette étude littéraire moderne ferait plutôt ressortir, par contraste, que le récit de " Babel" (Genèse 11) compte très peu pour la "Babylone" de l'Apocalypse, contrairement aux textes "prophétiques" évoqués précédemment (même quand ils parlent de Tyr et non de Babylone, comme Ezéchiel): je ne vois pas dans l'Apocalypse la moindre allusion à la tour ni à la confusion des langues. Cela tient peut-être en partie au fait que dans la Genèse la Septante ne transcrit pas "Babel" en Babulôn = "Babylone", comme elle le fait ailleurs (pas plus loin qu'en 10,10), mais le traduit selon le jeu de mots, Sug(=sun-)khusis = "Con(-)fusion"; de fait, rien n'indique plus en grec qu'il est question de Babylone dans l'épisode de la tour. D'autre part, comme nous l'avons souvent vu ailleurs, le rapport de l'Apocalypse à "la (grande) ville" (dont "Babylone" nomme habituellement la démesure ou la monstruosité dans la littérature moderne) est complexe: Jérusalem ambivalente au chapitre 11, Rome toute mauvaise dans la suite, enfin "nouvelle Jérusalem" toute bonne dans les derniers tableaux. La référence à Döblin m'a rappelé l'illustration saisissante de Fassbinder (dont je viens de revoir pas mal de films) dans la série éponyme, Berlin Alexanderplatz; et bien que ça sorte du roman, je repense à toutes les références de Borges, la bibliothèque de Babel, la loterie de Babylone, où c'est non seulement la ville mais la civilisation, l'écriture, l'archive, le document et la fiction, l'artifice, la technique, qui doublent tout réel et (re-)font le "monde", comme une carte à la dimension du territoire et par là même indiscernable de celui-ci. |
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 03 Jan 2024, 11:50 | |
| ISRAËL DANS LES ÉCRITURES JUDÉENNES COMME ANTÉCÉDENT À LA « GRANDE CITÉ » DE L’APOCALYPSE DE JEAN Stéphanie Audet
LA PROSTITUÉE DE L’APOCALYPSE DE JEAN ET SES CARACTÉRISTIQUES
Cette Babylone prostituée du texte de Jean forme une entité propre qui est livrée au châtiment de Dieu lors du Jugement dernier. L’expression « Grande cité », en grec « της πολεως της μεγαλης », qui désigne une cité particulièrement importante dans le récit est utilisée dans le corpus à l’étude à partir du chapitre onze. Jusqu’au chapitre vingt et un, où il est clairement question de la nouvelle Jérusalem, le mot cité ou ville est utilisé dans le reste du texte pour caractériser la prostituée, la Grande Babylone, la ville qui est punie et détruite. Avant le chapitre onze, notamment dans les lettres aux anges des cités d’Asie Mineure, il est question de cités précises et nommées par Jean, qui n’impliquent aucune ambiguïté quant à leur identification36. Toutefois, la cible de la colère divine reste empreinte de mystère, car la vision de l’auteur est formée d’images métaphoriques afin d’annoncer un désastre à venir. Il compte sur l’intelligence du lecteur afin de reconnaître la cité. En suivant les pistes d’identification de Jean, tout en tentant de ne pas dénaturer le contexte de l’auteur, les liens entre cette Grande Cité et la Jérusalem matérielle du premier siècle semblent de plus en plus cohérents. Ces pistes sont principalement les renvois à d’autres textes de la Bible hébraïque, mais aussi les caractéristiques de la prostituée.
Les deux premières occurrences au chapitre onze sont de prime abord déroutantes, car il y est question de la « cité sainte » qui sera foulée par les nations, puis en même temps de « la place de la grande cité qu’on nomme prophétiquement Sodome et Égypte, là même où leur Seigneur a été crucifié ». Néanmoins, Jean donne des indices précieux dans ce passage alors qu’il rappelle qu’il s’agit de la cité sainte et celle où Jésus-Christ subit son martyre, c’est-à-dire Jérusalem. Cette dernière pourtant sacrée est ensuite mise en relation avec deux cités dont il fallut « sortir » dans le passé israélite. La cité sainte ne peut pourtant être autre que Jérusalem au premier siècle puisqu’elle est celle qui abrite le Temple. Lorsqu’il est question de ce Temple dont le parvis « a été livré aux nations », mais qui « fouleront » la cité, le lexique utilisé par Jean rappelle celui du prophète Esaïe lorsqu’il est question de la destruction du Temple par l’Empire babylonien. Jérusalem, déjà livrée aux Babyloniens dans le passé, sera foulée de nouveau dans un futur proche. Cela correspondrait à la crise que vivent les Judéens de l’époque de Jean : la prise de Jérusalem et la destruction du Temple au premier siècle.
En étudiant verset par verset les chapitres suivants, il est possible de relever des allusions qui identifient Jérusalem comme étant la cité pécheresse ou qui renvoient à des textes où elle est décrite de manière plus limpide. C’est au chapitre quatorze que l’on trouve une référence à la chute de la ville : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande, elle qui a abreuvé toutes les nations du vin de sa fureur de prostitution ». Ce thème revient au chapitre dix-huit: « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ; elle est devenue demeure de démons, repaire de tous les esprits impurs, repaire de tous les oiseaux impurs et odieux. Car elle a abreuvé toutes les nations du vin de sa fureur de prostitution : les rois de la terre se sont prostitués avec elle ». L’expression « elle est tombée » apparaît dans le livre d’Amos: le plus ancien livre ayant comme sujet les paroles d’un prophète en particulier. Ce dernier reçoit la mission de prévenir le peuple élu de sa perversion et de l’imminence du Jugement, annonçant la destruction de Jérusalem au VIe siècle a.C. Ainsi, à une époque de prospérité économique, il se fait le porteur d’un message sombre : « Elle est tombée, elle ne se relève plus, la vierge d’Israël, elle gît sur sa terre, sans personne pour la relever ». En reprenant ainsi les propos d’un ancien prophète, Jean réfère directement au thème de son livre dans des contextes historiques semblables: la chute de Jérusalem. En suivant les indices intertextuels de l’auteur, cette cité qui sombre dans le jugement de Dieu ne serait pas la ville impériale de Rome, mais bien Jérusalem et son Temple, qui se sont corrompus.
Il serait inconvenant de ne pas aborder aussi le livre d’Esaïe où le thème de la chute de la ville est associé à Babylone. Dans le contexte de l’Exil où l’Empire babylonien s’effondre, cette chute de Babylone est vue comme un juste retour de Dieu qui libère le peuple d’Israël une fois que celui-ci s’est repenti. Les évènements se rapportant à cette chute sont imputés au fait qu’Israël a déjà été puni pour ses péchés et que, s’étant repenti, il peut voir arriver une nouvelle Alliance, le rétablissement d’une Jérusalem purifiée, comme c’est le cas à la fin de l’Apocalypse où la Jérusalem Nouvelle descend du ciel. Dans le cas d’Esaïe, où la première occurrence de la prostitution est associée à cette ville, il faut une première destruction pour purifier le peuple et ensuite, la cité sainte peut se produire. Jean semble suivre le même schéma alors que, du chapitre onze à dix-huit, on assiste à une épuration où seuls les fidèles qui ne se sont pas prostitués pourront vaincre au côté de Dieu et accéder à la Jérusalem promise.
Outre ces renvois à des thématiques semblables chez les prophètes, les éléments entourant les apparats et le comportement de la prostituée peuvent aussi la relier à Israël. Sa description est détaillée ainsi: « La femme, vêtue de pourpre et d’écarlate, étincelait d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d’or pleine d’abominations: les souillures de sa prostitution ». Le lexique choisi fait allusion à la compromission du peuple élu dans d’autres textes religieux. Entre autres, cela apparaît dans le texte de Jérémie qui transmet la parole divine au sujet d’Israël: « Mais toi, que fais-tu ? Tu t’habilles d’écarlate, tu te pares de bijoux et d’or ». De même, le prophète Ézéchiel, dans un passage où il dénonce les actes de Jérusalem, utilise ensuite un vocabulaire semblable décrivant le peuple et sa perversion par les apparats: « tu as pris de tes vêtements dont tu as bariolé les hauts lieux et tu t’es prostituée dessus — que cela ne vienne ni ne se passe ! Tu as pris tes splendides bijoux d’or et d’argent que je t’avais donnés ; tu t’es fait des images viriles, tu t’es prostituée avec elles ». Dans ces exemples, la prostitution est caractérisée par des objets d’apparat, particulièrement les vêtements écarlates, les bijoux d’or et de pierres précieuses. Il ne serait pas étonnant qu’un auteur se réclamant du titre de prophète se soit inspiré de ces textes connus dans sa culture religieuse pour construire ses images de la prostituée.
Tout bien considéré, le vêtement et les accessoires de beauté de la prostituée sont associés à sa perversion dans d’autres textes de l’Ancien Testament où cette prostituée incarne Jérusalem ou bien son peuple. Cela semble être le cas dans l’Apocalypse de Jean alors que l’auteur nous donne de nombreux indices du jugement d’une Jérusalem pécheresse. Cette prostitution est en outre associée à l’idolâtrie, le péché commis par le peuple dans le désert.
https://www.erudit.org/fr/livres/actes-des-colloques-dartefact/actes-17e-colloque-international-etudiant-departement-sciences-historiques--978-2-9816015-4-4/004680co.pdf |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 03 Jan 2024, 12:41 | |
| Il suffit de renverser l'opinion majoritaire pour obtenir une thèse minoritaire, sinon originale, fût-ce au prix d'une méthodologie déplorable. Le présupposé inavoué étant ici l'unité du texte et de l'auteur, dont on avoue au début qu'elle est incertaine tout en faisant par la suite comme si elle ne l'était pas. Faisons comme si les chapitres 11 et suivants parlaient de la même "ville", il suffira ensuite de pédaler pour ramener la Babylone des chapitres 14, 17--18 à la Jérusalem (probable) du chapitre 11, tandis que le gros du peloton, partant du même présupposé, pédale en sens inverse... Ignorons aussi, pendant qu'on y est, les différences manifestes entre la "couverture" (y compris les "lettres aux Eglises") et le corps du livre, pour pouvoir faire de l'"auteur" (unique), à partir de la remarque incidente sur les "juifs qui ne le sont pas", non seulement un "juif" mais un "judéen" préoccupé des mésaventures de la Judée au Ier siècle -- bien que les mêmes textes le situent en Asie Mineure (Patmos etc.) et qu'on n'hésite pas à retarder leur rédaction jusqu'au IIIe siècle (je n'irais pas si loin). Pour ne rien dire de la méthode consistant à déterminer l'"intention" d'un texte d'après ses "sources": l'Apocalypse, comme on l'a dit maintes fois, est un patchwork de citations, d'allusions et de réminiscences d'à peu près tout l'AT, où les auteurs puisent indifféremment dans des textes concernant (au départ) Jérusalem, Samarie, Babylone, Ninive, Tyr, Edom, etc., indépendamment de leur propre visée: si la diversité des provenances devait indiquer une différence d'intention, "l'auteur" (présumé unique) changerait de sujet plusieurs fois par phrase...
(Vérification faite, il s'agit d'une contribution à un colloque d'étudiants en histoire, ce n'est pas l'oeuvre d'un[e] "spécialiste" de l'exégèse néotestamentaire -- mais même avec les "spécialistes" il faut s'attendre à tout.) |
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Lun 08 Jan 2024, 14:41 | |
| Rome-Babylone. Ruine, corruption, colosse Bertrand Prévost
Poétique
Revenons à l’hypothèse centrale : la ruine morale de l’Église ne faisait qu’un avec l’état de ruine de son Siège, la Rome antique. Hypothèse autant historique que poétique, parce qu’elle aura été rendue possible par une autre association, très riche et très puissante à sa manière : l’hymen de Rome et de Babylone. Rome-Babylone, c’est au début du xvie siècle, un topos désormais classique de la critique du siège temporel de l’Église. Babylone est très présente dans la Bible, comme ville maudite (lieu d’exil des Hébreux). Dès la Genèse, la construction de l’immense tour est entravée par Dieu en plongeant les bâtisseurs dans la confusion des langues (Genèse, 11, 1-9) ; mais surtout les prophéties de sa destruction pleuvent sur les Livres des Prophètes : « Descends, et assieds-toi dans la poussière, Vierge, fille de Babylone ! Assieds-toi à terre, sans trône, Fille des Chaldéens ! On ne t’appellera plus délicate et voluptueuse. […] Ta nudité sera découverte et ta honte sera vue » (Isaïe, 47, 1-3) ; « Rangez-vous en bataille contre Babylone tout autour, vous tous, archers – tirez contre elle, n’épargnez pas les flèches » (Jérémie, 50, 14) ; enfin, c’est dans l’Apocalypse que la ruine totale de Babylone s’accomplit définitivement (Apocalypse, 17-19) :
Je te ferai voir la Grande Prostituée, qui est assise sur les grandes eaux […]. Et la femme que tu as vue, c’est la Grande Ville qui exerce royauté sur les rois de la terre ». Suit la chute proprement dite : « Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ! elle est devenue un habitacle de démons, un repaire pour tout esprit impur, pour tout oiseau impur et détesté, parce que du vin de son ardente impudicité elle a abreuvé toutes les nations et que les rois de la terre ont forniqué avec elle et que les marchands de la terre ont tiré richesse du débordement de son luxe. […] Malheur, malheur à la grande ville ! Babylone, la ville forte ! En un instant est venu ton jugement ! […] Alors un ange robuste prit une pierre pareille à une grosse meule et la jeta dans la mer en disant : “Ainsi, d’un coup, sera précipitée Babylone la grande Ville”. […] On entend une voix qui dit « Alleluiah ! […] parce qu’il a châtié la grande Prostituée qui corrompait la terre par sa prostitution.
Babylone incarne dès lors la Ville terrestre, corruptible et corrompue, par opposition à l’unique et vraie cité de Dieu : la Jérusalem céleste. De fait, il y aurait beaucoup à dire, il me semble, sur le statut chrétien de la ville, plus exactement sur son impossibilité. La seule ville sainte – la Jérusalem Céleste – n’étant justement pas de ce monde. N’oublions pas le fonds pastoral, désertique et nomade de l’Ancien Testament. Le judéo-christianisme n’est pas une religion de la ville mais du désert. À l’inverse, le paganisme – si cette notion a un sens – reste foncièrement attaché à la terre, au sol, à une inscription du sacré dans un lieu défini, délimité. Le dieu païen réside dans son temple, sa ville, son pays (on parlera avec Mircéa Elliade de « point d’hiérophanie fixe »), le dieu judéo-chrétien est partout et nulle part, toujours mobile, transportable – pensons à l’arche de l’Alliance (on parlera alors de « point d’hiérophanie mobile »). Bref, la ville est toujours plus ou moins sujette à méfiance, lieu de tentations, lieu de toutes les corruptions parce qu’implicitement pensée sous un modèle organique, à l’opposé de la minéralité, donc l’incorruptibilité, du désert.
Saint Augustin le premier, sans doute, dans la Cité de Dieu, assimile Rome à une « Babylonia occidentalis », visant par là la Rome corrompue et décadente des païens. À la fin du xve iècle, le millénarisme et ses angoisses se joindront à la critique de l’Église romaine pour cristalliser véritablement la figure de Rome-Babylone. Savonarole, par exemple, faisant de Florence une Nouvelle Jérusalem, vouait Rome à la destruction en déclarant dans son sermon du 13 janvier 1495 : « J’ai vu une croix noire dressée sur la Babylone romaine avec l’inscription Ira Domini et il y tombait une pluie de glaives, d’épées et de pierres du ciel […] tandis qu’une croix d’or descendait des cieux sur Jérusalem. » Et bien évidemment, Luther donnera lui aussi dans le poncif, à commencer par le titre de son traité d’octobre 1520, le Prélude sur la captivité babylonienne de l’église : « Je suis sûr que la domination papale, c’est le règne de Babylone et du roi Nimrod, puissant chasseur. » Qui plus est, le grand chantier romain du moment entrepris par Jules II, à savoir la reconstruction de la basilique Saint Pierre, ouvrage colossal, entreprise démesurée, ne pouvait apparaître aux yeux des milieux en passe d’être réformés que comme une nouvelle tour de Babel. André Chastel a très justement parlé d’une sorte de « sacralisation inversée » pour penser toute la puissance, toute la charge d’une « désacralisation de Rome ne pouvait s’opérer qu’à travers ce qu’on pourrait appeler une “diabolisation”, c’est-à-dire une sacralisation inversée. Toute la chrétienté gravitait autour de cette ville, qui était le but de tant de pèlerinages, grâce auxquels l’imago Urbis s’était répandue dans l’Occident ».
Les images sont pleinement partie-prenante de toutes ces dénonciations et accusations au nom de l’association diabolique Rome-Babylone. On savait l’importance de l’imprimerie dans l’essor de la Réforme, et de manière équivalente, la gravure a joué un rôle non négligeable non pas tant dans la diffusion de sa doctrine que dans la publicité de son positionnement stratégique vis-à-vis de Rome : une véritable guerre dans les images (peut-être d’ailleurs la première forme de véritable propagande qu’ait connue l’Occident). Une image assez commune de cette propagande anti-papiste consistait à figurer la Grande prostituée de Babylone, dans l’Apocalypse, coiffée de la tiare pontificale : allusion directe à la corruption du Saint-Père lui-même. Cette image se trouve par exemple dans la Bible de Luther de 1522, le September Testament illustré par Cranach (fig. 6), ou encore dans une autre gravure, due à Hans Holbein, exécutée pour la Bible de Thomas Wolff (Bâle, 1523) (fig. 7).
https://journals.openedition.org/anabases/3436 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Lun 08 Jan 2024, 16:29 | |
| Merci encore pour ce texte très intéressant -- si l'on passe sur ses fautes de frappe, d'orthographe et de syntaxe, assez étonnantes tout de même à ce niveau de "culture" (je suis sans doute hypersensible à ce genre de détail par déformation ex-professionnelle, mais ça ne m'empêche heureusement pas d'apprécier le "contenu", ici aussi "graphique" que verbal et conceptuel, notamment les représentations de la Nativité et de l'Epiphanie qui sont de saison).
La "corruption", j'en ai sûrement déjà parlé, est devenue en français (moderne) un gros problème de traduction des textes anciens: on n'entend plus, on ne sent plus (y compris au sens olfactif, l'odeur, la puanteur) dans ce nom ni dans le verbe correspondant (corrompre) la pourriture ou le pourrissement du périssable, exemplairement le cadavre, la décomposition ou la désorganisation de l'organique, ce que signifient bien plus clairement dans la Bible le grec phthôra (phtheirô etc.) et ses équivalents hébreux ou araméens (šht etc.), ou encore le latin corruptio. Même si dans le grec philosophique et apparenté le terme connaît une autre ouverture, en devenant la caractéristique de tout le "temporel", le "sensible", le "matériel" ou le "physique" par opposition à l'"éternel", l'intelligible d'abord mathématique ou géométrique qui est toujours le même parce qu'il n'"est" pas comme une "chose". Non seulement tout ce qui naît (gennaô), mais tout ce qui advient et devient (gi[g]nomai) dans le "temps" périt-pourrit (phtheirô etc.) -- par où l'organique (le corps né de la sexualité et devenant cadavre) rejoint l'architectonique (construction-dé[con]struction, ruine de la maison, de l'édifice, de la ville, etc.).
Comme on l'a déjà signalé, la Tour de Babel de Genèse 11 ne joue apparemment aucun rôle dans la Babylone de l'Apocalypse (puisque dans la Septante la ville de la tour ne s'appelle ni Babel ni Babylone mais "Confusion", Sug[=Sun]khusis), mais il était inévitable que le lien se (re)crée dans les commentaires chrétiens et latins, surtout depuis la Vulgate de saint Jérôme (qui transcrit bien Babel en Genèse 11, mais perd du même coup le jeu de mots). Ce qui complique le rapport des textes (et des oeuvres d'art) de la Renaissance et du temps des Réformes à ceux des Pères de l'Eglise, c'est que la référence à Rome est à la fois la même (la même ville, le même lieu, polis-urbs et topos-locus) et pas la même ("païenne" et impériale, vs. "chrétienne", papale et pontificale; où il devient aussi facile d'insister en mauvaise part sur la continuité qu'en bonne part sur la différence). L'image de la ruine-corruption au sein de la cité en pleine (re-)construction devient ainsi extraordinairement porteuse pour les adversaires de la papauté.
Par rapport à cela, il faut quand même souligner que le thème de la "corruption" au sens de pourrissement joue très peu dans l'Apocalypse: Babylone-Rome est censée faire l'objet d'une destruction soudaine (en une seule heure) et non d'une ruine ou d'une décomposition lente. On trouve seulement phtheirô dans un sens plutôt "moral" en 19,2: la prostituée qui corrompait-pourrissait la terre par sa prostitution... (comparer dia-phtheirô en 11,18, toujours avec pour complément d'objet "la terre", gè, qui rappelle plutôt Genèse 6; et pour les navires qui "périssent" = chavirent et coulent, Apocalypse 8,9). |
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 10 Jan 2024, 14:53 | |
| Chapitre 17 La grande prostituée et la bête écarlate 1Alors l'un des sept anges qui tenaient les sept coupes vint parler avec moi. Il me dit : Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui est assise sur de grandes eaux. 2C'est avec elle que les rois de la terre se sont prostitués, et les habitants de la terre sont ivres du vin de sa prostitution. 3Il me transporta, par l'Esprit, dans un désert. Je vis alors une femme assise sur une bête écarlate, pleine de noms blasphématoires, qui avait sept têtes et dix cornes.4Cette femme était vêtue de pourpre et d'écarlate, parée d'or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait à la main une coupe d'or, pleine d'abominations et des impuretés de sa prostitution. 5Sur son front était écrit un nom, un mystère : Babylone la Grande, la mère des prostituées et des abominations de la terre. 6Je vis cette femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. A sa vue, je fus frappé d'un grand étonnement. 7L'ange me dit : Pourquoi t'étonner ? Moi, je te dirai le mystère de la femme et de la bête qui la porte, celle qui a les sept têtes et les dix cornes. 8La bête que tu as vue était, et elle n'est plus. Elle va monter de l'abîme et s'en aller à la perdition. Les habitants de la terre, ceux dont le nom n'a pas été inscrit dans le livre de la vie depuis la fondation du monde, seront étonnés à la vue de la bête, parce qu'elle était, qu'elle n'est plus et qu'elle reparaîtra. 9 C'est ici qu'intervient l'intelligence qui a de la sagesse. Les sept têtes sont sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise. Ce sont aussi sept rois : 10cinq sont tombés, l'un est, l'autre n'est pas encore venu ; quand il viendra, il doit demeurer peu. 11La bête qui était et qui n'est plus est elle-même un huitième roi ; elle est aussi l'un des sept, et elle s'en va à la perdition. 12Les dix cornes que tu as vues sont dix rois, qui n'ont pas encore reçu de royaume, mais qui reçoivent le pouvoir comme rois pendant une seule heure avec la bête. 13Ils ont un même dessein et donnent leur puissance et leur pouvoir à la bête. 14Ils feront la guerre à l'agneau, et l'agneau les vaincra, parce qu'il est le Seigneur des seigneurs et le Roi des rois. Vaincront également ceux qui, avec lui, sont appelés, choisis et fidèles. 15Il me dit : Les eaux que tu as vues, sur lesquelles la prostituée est assise, ce sont des peuples, des foules, des nations et des langues. 16Quant aux dix cornes que tu as vues et à la bête, elles se mettront à détester la prostituée, elles la dépouilleront et la mettront à nu, elles mangeront ses chairs et la brûleront complètement par le feu. 17Car Dieu leur a mis au cœur d'exécuter son dessein, d'exécuter un même dessein et de donner leur royauté à la bête, jusqu'à ce que les paroles de Dieu soient accomplies. 18La femme que tu as vue, c'est la grande ville qui a la royauté sur les rois de la terre. - La femme est "assise" à la fois sur de grandes eaux (les peuples) et sur une bête écarlate. - Pour comprendre le langage codé qui désigne Rome, l'auteur indique que : " C'est ici qu'intervient l'intelligence qui a de la sagesse" - Le verset 15 indique que : les " dix cornes que tu as vues et à la bête, elles se mettront à détester la prostituée ..." : Comment l'auteur imagine-t-il la fin de Rome ? |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 10 Jan 2024, 15:14 | |
| Reprendre éventuellement ci-dessus à partir du 20.12.2023 et suivre les liens (vers les fils consacrés à l'Apocalypse où cela a été amplement discuté).
Pour faire très vite, l'auteur imagine la fin de Rome (la ville-prostituée) par l'empire (la bête) et l'empereur (la bête qui remonte de l'abîme ou la tête qui repousse, ou qui revient dans une tête supplémentaire) se retournant contre elle (image et fantasme de Néron incendiant sa propre ville et toujours susceptible de "revenir", mobilisant l'empire et même ses ennemis, comme les Parthes "rois du soleil levant" -- contre la métropole, la ville mère). Comme tu l'as bien remarqué, autant la "vision" que l'"interprétation" sont incohérentes dans le détail (une chose "vue" en "représente" plusieurs, tantôt ceci et tantôt cela, et plusieurs choses "vues" représentent la même chose dans l'interprétation, que cela résulte de rédactions successives ou des divagations d'un même "auteur"); mais l'idée générale ne fait guère de doute.
Je viens de revoir Berlin Alexanderplatz de Fassbinder, dont on a parlé précédemment (21.12.2023): la reprise du roman d'entre-deux-guerres après le IIIe Reich et la Seconde Guerre se prête évidemment à faire du texte de l'Apocalypse un leitmotiv: là aussi c'est la grande ville, la métropole, mère et prostituée représentée par la prostitution réelle de ses "rues chaudes", qui a été très concrètement dévastée par le retournement de son "empire" (Reich) et de ses conquêtes... |
| | | free
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 10 Jan 2024, 15:29 | |
| - Narkissos a écrit:
- Reprendre éventuellement ci-dessus à partir du 20.12.2023 et suivre les liens (vers les fils consacrés à l'Apocalypse où cela a été amplement discuté).
Pour faire très vite, l'auteur imagine la fin de Rome (la ville-prostituée) par l'empire (la bête) et l'empereur (la bête qui remonte de l'abîme ou la tête qui repousse, ou qui revient dans une tête supplémentaire) se retournant contre elle (image et fantasme de Néron incendiant sa propre ville et toujours susceptible de "revenir", mobilisant l'empire et même ses ennemis, comme les Parthes "rois du soleil levant" -- contre la métropole, la ville mère). Comme tu l'as bien remarqué, autant la "vision" que l'"interprétation" sont incohérentes dans le détail (une chose "vue" en "représente" plusieurs, tantôt ceci et tantôt cela, et plusieurs choses "vues" représentent la même chose dans l'interprétation, que cela résulte de rédactions successives ou des divagations d'un même "auteur"); mais l'idée générale ne fait guère de doute.
Je viens de revoir Berlin Alexanderplatz de Fassbinder, dont on a parlé précédemment (21.12.2023): la reprise du roman d'entre-deux-guerres après le IIIe Reich et la Seconde Guerre se prête évidemment à faire du texte de l'Apocalypse un leitmotiv: là aussi c'est la grande ville, la métropole, mère et prostituée représentée par la prostitution réelle de ses "rues chaudes", qui a été très concrètement dévastée par le retournement de son "empire" et de ses conquêtes... Merci Narkissos pour ce résumé éclairant. Léviathan et Béhémoth : le couple Apocalyptique Hélène Hachemi B. Contexte iconographique de l’Apocalypse. (Page 160) Dans ce passage de l’Apocalypse, nous retrouvons la première Bête, venue de la mer, sur laquelle est assise la Grande prostituée. Jean ne nous donne pas le nom de la Prostituée mais dresse plutôt un « mystère » que le lecteur se devra de dissiper (17, 5). Babylone est présentée comme « la mère des prostituées et des abominations de la terre » (17, 5). « « Babylone la grande », en qui il convient, (…) de reconnaître Rome, est présentée comme une prostituée avec laquelle les rois de la terre se sont prostitués (18,3 ; 17,2), et les puissances politiques et économiques de la terre ont bu à la même coupe (18,3a ; 17, 2-4). Cette image de la prostitution reprend bien sûr un motif prophétique vétérotestamentaire, mais elle relève aussi de l’analyse du système dénoncé. En effet, la prostitution de Babylone-Rome ne désigne pas ici une débauche sexuelle, ni même d'abord un culte idolâtre, mais bien un commerce, un clientélisme dans lequel, à l’instar des relations entre les notables Romains fortunés et leurs obligés, les nombreux vassaux et alliés de l'Empire étaient engagés dans une relation de donnant-donnant tant au niveau du pouvoir (17, 12-17) qu'au niveau de la richesse et du luxe (18, 3, 9, 15, 19). » L’Ange qui accompagne Jean se lance dans les explications du mystère de la Bête et de la prostituée (17, . Nous avons déjà décelé, précédemment, ce que représente la Bête et, plus précisément, ses sept têtes comportant dix cornes surmontées de dix diadèmes. Nous savons, ici, que la Prostituée est assise sur la Bête, représentant les sept empereurs qui ont partie liée avec Satan pour guerroyer contre Dieu et ses fidèles. « Etudiant les textes religieux, Louis Réau est très sensible à ce symbolisme politique : le dragon à sept têtes serait Rome, la ville aux sept collines, ivre du sang des martyrs ». (...) . Enfin, nous découvrons que les dix cornes (rois) et la Bête (l’ensemble des empereurs, des rois et de leur peuple) haïront la prostituée, la « dépouilleront de ses vêtements », « pourpre » et « écarlate » étincelant « d’or », mangeront sa chair et la consumeront « par le feu ». De ceci, nous pouvons comprendre que l’ensemble des empereurs, des rois et de leur peuple vont finalement se retourner contre la Prostituée, qui incarne les souillures, le luxe et la concupiscence. La Prostituée figure le résultat des actions menées par l’assouvissement de ses désirs et pulsions. Mais, ses actions porteront atteinte à la Bête, qui finira par se retourner contre elle, la dépouiller, puis la brûler (la cité babylone). « La grande prostituée de l’Apocalypse n’est (pas) une personne historique, mais (elle) s’identifie à une même et unique femme symbolique. Rome, en position assise (…), sur un siège, les sept collines (la Bête de l’Apocalypse), conçues de part et d’autre comme fatidique. » Patrice Rolin, dans sa conférence Le jugement et chute de la grande prostituée, explique que ce passage de l’Apocalypse est une « revanche » symbolique qui restitue à leur auteur les forfaits perpétrés par la Grande Prostituée. Au chapitre précédent en effet, elle nous est présentée comme « s'enivrant du sang des saints et du sang des témoins de Jésus » (17,6) et comme « ayant dans sa main une coupe d'or pleine d'abominations et des impuretés de sa prostitution » (17,4b). Le verbe rare « mélanger », kerannumi (qui n’apparaît dans le NT qu’ici et en Ap 14,10), fait vraisemblablement allusion au mélange que l'esclave opérait traditionnellement entre le moût et de l'eau dans le cratère [20] avant de servir du vin à son maître et aux convives. Serviteur de ses riches propriétaires, l'esclave, figure de la communauté chrétienne, mélangera et versera dans la coupe de son maître, figure de l'Empire, le vin de la colère divine. Et comme l'excès était l’une des caractéristiques de son luxe, les proportions en sont doublées pour faire bonne mesure ; en 14,10, l'absence de mélange annonçait déjà un breuvage imbuvable. ». Nous pouvons retenir de ce passage que l’objectif principal de la Bête de l’Apocalypse et de la Prostituée, est semblable. Toutefois, la concupiscence et vie « lascive et fastueuse » de Babylone, traduit en la Prostituée, auront raison d’elle car la Bête la réduira en poussière. C’est pour se sauvegarder elle-même que la Bête, donc les empereurs, les rois et leur peuple, en viennent à détruire Babylone, la Grande Prostituée. https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-03956727/document |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mer 10 Jan 2024, 15:48 | |
| N.B.: La conférence de Rolin citée dans ce mémoire a également été mentionnée et référencée ci-dessus (21.12.2023).
A mon avis, aussi bien dans les textes (notamment "prophétiques") de l'AT que dans l'Apocalypse, il n'y a pas à choisir entre sens "propre" et "figuré", "littéral" ou "symbolique" de la "prostitution", on est avec ce mot ou ce lexique (znh, pornè, porneia, etc., d'où aussi, en passant par le latin, "fornication") dans une métonymie continue (ou "lisse", pour parler comme Deleuze) qui a des aspects religieux (exemplairement ladite "prostitution sacrée", qdš, la qedesha étant aussi zona, pornè, cf. Tamar), économiques (qui l'apparentent à n'importe quel "commerce" profane, achat et vente, transaction et compensation, mais aussi contrat, travail, salaire, échange, argent, monnaie), domestiques, sociaux et politiques (fidélité et infidélité en tout genre, au mari, au père, au maître, au roi, au suzerain, au patron, où le "clientélisme" romain trouve naturellement sa place mais sans rupture majeure avec un jeu socio-économico-politique immémorial, des cités-Etats et empires anciens jusqu'aux sociétés modernes). S'il y a un mot-concept-insulte qui ne se démode pas, malgré les variations de son usage, c'est bien celui-là (le plus vieux métier du monde, comme on disait naguère) -- impossible au fond à délimiter et à séparer d'un "contraire", virginité, mariage, maternité, fidélité, honnêteté etc. (ce qu'ont remarquablement illustré Godard, ou Eustache dans La maman et la putain: l'anomalie présumée est la métaphore parfaite de la norme, structure perverse s'il en est).
Au passage, la formule de 17,9 que tu soulignais dans ton post précédent, ὧδε ὁ νοῦς ὁ ἔχων σοφίαν, hôde ho noûs ho ekhôn sophian, mot-à-mot "ici l'esprit-intellect qui a sagesse", est assez typique des "gloses", explications ou interprétations ajoutées secondairement à un texte (cf. aussi 13,18, ou Matthieu 24,15); mais la rédaction de l'Apocalypse est tellement compliquée (stratifiée, sédimentée) que ça ne veut pas dire grand-chose: il n'y a même plus l'illusion qu'en enlevant le "secondaire" on arriverait à un "original"; tout fait partie intégrante du texte, y compris les variantes, le plus récent n'ayant pas moins ni plus d'importance que le plus ancien. |
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Jeu 11 Jan 2024, 15:37 | |
| Rome : symbole de pouvoir, d’oppression et d’évangélisation
Rome et Babylone
Le livre de l’Apocalypse utilise l’image de la ville de Babylone pour parler des horreurs subies par l’Empire romain. Babylone était au centre d’un empire qui, au 6e siècle av. J.-C., avait détruit lui aussi Jérusalem et son Temple. La Babylone des premiers chrétiens, c’est Rome. Les empires romain et babylonien sont symbolisés par l’image de la grande prostituée (Apocalypse 17) qui boit le sang des martyrs chrétiens. Rome est devenue ce qu’était Babylone, la représentation du mal sur terre.
Rome et l’évangélisation
À l’inverse, Rome porte aussi une connotation positive dans les lettres du Nouveau Testament. Comme c’était la capitale de l’Empire, c’était l’endroit idéal à partir duquel annoncer la Bonne Nouvelle. Paul écrit la lettre aux Romains pour annoncer son désir missionnaire et sa venue prochaine dans la ville.
Le fil conducteur des Actes des Apôtres est la propagation de la foi de Jérusalem aux quatre coins du monde. D’ailleurs ce livre commence avec le rassemblement des disciples à Jérusalem pour recevoir l’Esprit saint et se termine avec la captivité de Paul à Rome. La tradition situe la mort de Paul et de Pierre dans la ville de Rome. Paradoxalement, c’est là, dans la ville symbolisant l’oppression que l’Église s’est centrée.
https://www.interbible.org/interBible/ecritures/symboles/2016/sym_160122.html |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Jeu 11 Jan 2024, 15:51 | |
| Ce qui est un paradoxe pour un catholique (romain) est évidemment une aubaine pour un anticatholique, qu'il soit protestant, orthodoxe d'Orient, schismatique ou sectaire, puisque cela joue plutôt contre la prétention à la primauté de l'évêque de Rome (sans parler du titre de pontife directement repris de la religion romaine).
Comme on l'a souvent dit, l'hostilité de l'Apocalypse envers Rome est une exception dans le NT, il ne faut pas l'extrapoler au reste, surtout pas à Luc-Actes qui sont ostensiblement pro-romains, mais pas non plus au corpus paulinien (cf. Romains 13 !) ni aux (autres) évangiles (cf. la péricope de l'impôt à César, déjà chez Marc). |
| | | free
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 12 Jan 2024, 15:29 | |
| Certains biblistes pensent que Babylone la Grande est un empire politique, Babylone ou Rome. Il a déjà été dit que, lorsque Jean reçut sa vision prophétique, Babylone n’était plus un empire politique depuis longtemps. Quant à Rome, la nature de sa domination politique ne concorde pas avec la description des actions de Babylone la Grande et des méthodes avec lesquelles elle exerce son pouvoir. C’est une prostituée, qui commet la fornication avec les rois de la terre, qui les enivre du vin de sa fornication, qui égare les nations par ses “ pratiques spirites ”. (Ré 17:1, 2 ; 18:3, 23.) Rome, en revanche, établit et maintint sa domination par sa puissance militaire de fer et par l’application stricte de la loi romaine dans ses provinces et ses colonies. The Interpreter’s Dictionary of the Bible dit : “ Il n’est pas suffisant d’assimiler Rome à Babylone. Babylone englobe plus qu’un seul empire ou qu’une culture. Elle se distingue davantage par une idolâtrie dominante que par des frontières géographiques ou temporelles. Babylone a la même étendue que le royaume de cette bête qui a corrompu et asservi l’humanité, et que l’Agneau doit vaincre (Rév. 17:14) pour que l’humanité soit libérée. ” — Par G. Buttrick, 1962, vol. 1, p. 338.
***
On a un autre indice révélateur dans le fait que, lorsque Babylone la Grande subit l’attaque dévastatrice des dix cornes de la bête sauvage symbolique, sa chute est déplorée par ses compagnons de fornication, les rois de la terre, ainsi que par les marchands et les affréteurs qui la fournissaient en produits de luxe et en parures splendides. Alors que ces représentants de la politique et du commerce survivent à sa désolation, il est à noter qu’aucun représentant de la religion n’est encore là pour mener deuil avec les autres sur sa chute (Ré 17:16, 17 ; 18:9-19). On voit les rois de la terre subir le jugement quelque temps après la destruction de la Babylone mystique, et leur destruction est due, non aux “ dix cornes ”, mais à l’épée du Roi des rois, La Parole de Dieu. — Ré 19:1, 2, 11-18.
Un autre trait caractéristique de Babylone la Grande est son ivresse : elle est dite “ ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus ”. (Ré 17:4, 6 ; 18:24 ; 19:1, 2.) Elle est donc le pendant spirituel de la ville antique de Babylone, car elle manifeste la même inimitié envers les véritables serviteurs de Dieu. Détail intéressant, c’est aux chefs religieux que Jésus attribua la responsabilité de “ tout le sang juste répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu’au sang de Zekaria ”. S’il est vrai que ces paroles s’adressaient aux chefs religieux de la propre race de Jésus, la nation juive, et que la persécution des disciples de Jésus fut particulièrement intense de leur part pendant un temps, l’Histoire montre qu’ensuite les opposants au christianisme véritable eurent d’autres origines (les Juifs eux-mêmes étant grandement persécutés). — Mt 23:29-35.
Tous les éléments cités plus haut sont révélateurs, et il faut tous les prendre en compte pour se faire une image exacte de Babylone la Grande et de ce qu’elle représente.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1200000531?q=babylone+la+grande+rome&p=par
Des explications compliquées pour éluder et occulter ce que dit le texte : l'expression "Babylone la Grande" est la désignation probable de Rome ("La grande ville"), Apocalypse 16.19 ; 17.1-5 ; 18.10,21 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 12 Jan 2024, 16:28 | |
| Le pouvoir "politique", impérial, est exprimé on ne peut plus clairement en 17,18, "la grande ville qui a (ou tient, détient, ekhô) le règne (ou la royauté, basileia) sur les rois (basileis) de la terre" -- verset que la Watch tendrait plutôt à éviter.
Il est bien évident qu'un commentaire chrétien, plutôt conservateur et tourné vers la prédication (au sens du sermon ou de l'homélie s'adressant à un public relativement large), comme l'indique son titre Interpreter's Bible (pour une fois que la Watch cite une de ses sources !), ne va pas se contenter d'exégèse historique, mais tâcher de mettre en valeur tout ce qui permet d'"actualiser" les textes, en l'occurrence au milieu d'un XXe siècle qui ne se sent nullement concerné par le sort de l'empire romain historique, lequel d'ailleurs n'a pas été conforme à la "prophétie". Tout ce qui peut favoriser une lecture, une interprétation ou une application plus générale est donc le bienvenu...
La Watch pour sa part s'inscrit dans la tradition protestante des interprétations anticatholiques (d'où ses références au regrettable Hislop jusque dans les années 1970), mais elle ne peut pas s'en contenter parce que dans sa logique archi-sectaire il lui faut aussi se distinguer du (reste du) protestantisme, y compris du protestantisme déjà sectaire dont elle est directement issue (adventisme). D'où l'extension de la dimension "religieuse", héritée du combat des Réformes contre la Rome pontificale, à l'ensemble de la "religion" (selon une idée moderne de la "religion" qui s'appliquerait indifféremment à toutes les cultures, malgré les différences de leurs "religions" particulières).
Mais cette différence significative en Amérique était fort peu compréhensible dans un pays catholique comme la France, surtout dans les régions peu marquées par le protestantisme: dans le milieu jéhoviste que j'ai connu au début des années 1970, l'argumentaire contre "l'empire mondial de la fausse religion" n'avait en fait qu'une seule cible effective, l'Eglise catholique qui était la seule (autre) "religion" à laquelle nous ayons affaire. D'où la popularité des Deux Babylones d'Alexander Hislop, dont la traduction française du XIXe siècle avait été rééditée par Fischbacher, parmi les TdJ: en pratique, notre "Babylone" ne différait pas de la sienne, c'était tout simplement l'Eglise catholique. Je me souviens que mon père racontait souvent une discussion qu'il aurait eue avec un prêtre: à la question "c'est quoi, Babylone la Grande ?" celui-ci aurait répondu: "c'est Rome, évidemment !" et mon père avait pris ça comme un aveu concernant la Rome catholique, sur l'air de "même eux ils le savent", alors que ça ne correspondait ni à ce que voulait dire le prêtre (la Rome impériale et "païenne"), ni à ce qu'enseignait en fait la Watchtower (la religion, toutes les religions sauf nous). |
| | | free
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 12 Jan 2024, 16:55 | |
| - Citation :
- Mais cette différence significative en Amérique était fort peu compréhensible dans un pays catholique comme la France, surtout dans les régions peu marquées par le protestantisme: dans le milieu jéhoviste que j'ai connu au début des années 1970, l'argumentaire contre "l'empire mondial de la fausse religion" n'avait en fait qu'une seule cible effective, l'Eglise catholique qui était la seule (autre) "religion" à laquelle nous ayons affaire.
Un mystère de la Bible élucidé LA RÉFORME N’A PAS RÉTABLI LE VRAI CULTE 9 La Réforme amena-t-elle réellement le rétablissement du vrai culte ? L’histoire, tant religieuse que profane, répond par la négative. Le protestantisme n’a pas rejeté l’apostasie qui s’était développée après la mort des apôtres du Christ vu que 1) il a gardé les doctrines fondamentales de l’Église catholique, telles que la trinité, l’immortalité de l’âme, le châtiment réservé après la mort aux âmes mauvaises dans un monde spirituel invisible ; 2) sur le plan de l’organisation, il a maintenu la séparation des croyants en deux classes : le clergé et les laïcs ; 3) sa méthode de prédication ne se conforme pas au principe du sacerdoce universel observé par les premiers chrétiens qui, du plus petit au plus grand, prêchaient et enseignaient avec zèle de maison en maison et en tous lieux. — Actes 2:46, 47 ; 20:20. 10 De plus, le protestantisme s’est allié aux autres religions babyloniennes pour soutenir la politique de ce monde, ce qui aboutit en de nombreux pays à l’union de l’Église et de l’État, dans le but même de dominer les gouvernements. Toutes les religions de la chrétienté ont observé les fêtes religieuses d’origine païenne, et elles n’ont pas respecté la loi divine relative au sang de l’homme et de la bête, suivant ainsi l’exemple laissé par le fondateur de Babylone et bâtisseur du premier empire, “Nimrod, puissant chasseur opposé à Jéhovah”. — Gen. 10:8-12, NW ; 9:1-6. 11 Les faits révèlent que la religion de Babylone est réellement le fondement de l’Église catholique, tant orientale qu’occidentale, ainsi que du protestantisme, autre partie de la chrétienté. La chrétienté a également emprunté à la religion babylonienne ses pratiques dans le domaine politique. C’est de cette façon que la religion de la Babylone antique est parvenue à dominer toutes les religions du monde, tant du paganisme que de la chrétienté. Nous voici donc en possession de tous les éléments nous permettant d’identifier Babylone la Grande dont il est question dans le dernier livre de la Bible, la Révélation. Mettons-nous en devoir de le faire. IDENTIFICATION DE LA BABYLONE MYSTIQUE 13 En dominant les religions de ce monde et en accomplissant, dès sa fondation, la volonté de son dieu, Satan le Diable, savoir lutter contre les vrais adorateurs du Dieu Tout-Puissant, Jéhovah, Babylone est devenue un empire religieux. Babylone la Grande est donc une organisation plus importante que l’Église catholique ou que la chrétienté tout entière. C’est L’EMPIRE MONDIAL DE LA FAUSSE RELIGION. Cet empire englobe toutes les religions du monde qui ont pour fondements les enseignements et les pratiques de la religion de l’antique Babylone. À l’instar de Nimrod, il est “opposé à Jéhovah”. Bien que Babylone la Grande soit un empire religieux, elle constitue en elle-même une organisation commerciale et politique, car elle a conclu des alliances avec les éléments politiques et commerciaux des nations gentiles. De même que dans un empire l’une des parties peut chercher à imposer sa suprématie aux autres, de même, au sein de Babylone la Grande, il est possible que l’une des Églises cherche à imposer sa domination à l’ensemble des religions. La chrétienté, le catholicisme romain en tête, a été la partie la plus agressive de Babylone la Grande. BABYLONE LA GRANDE TOMBE, POUR RELÂCHER SES PRISONNIERS 22 Grande fut la joie du clergé, de celui de la chrétienté en particulier, quand les témoins chrétiens de Jéhovah furent emmenés en captivité ! Comme il aurait aimé voir cet état d’impuissance se prolonger éternellement pour que l’œuvre de proclamation du message du Royaume sur la terre soit mortef ! Mais quelle surprise l’attendait ! Le fait que le Grand Cyrus, Jésus-Christ, régnait à présent sur le mont Sion, revêtu de tout pouvoir dans le ciel et sur la terre, lui avait échappé. Avec la soudaineté qui avait caractérisé la chute de la Babylone antique, la ville redoutable que l’on supposait imprenable et qui avait été néanmoins prise en une nuit par Cyrus le Perse, les rôles étaient maintenant renversés. En mars 1919, par ordre de la Cour d’Appel fédérale, les portes de la prison furent ouvertes pour laisser sortir les témoins de Jéhovah. Les huit membres du bureau de la Société furent complètement disculpés de toutes les fausses accusations qui avaient été portées contre eux et avaient entraîné leur incarcération. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1966363?q=babylone+la+grande&p=par |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Ven 12 Jan 2024, 17:19 | |
| En tout cas cet article de 1967 (1966 en anglais) montre bien que l'interprétation de la Watch est construite par extension, à partir de l'interprétation anticatholique du protestantisme historique, étendue au protestantisme lui-même et accessoirement aux religions non chrétiennes: on aboutit à un système de cercles concentriques du mal dont l'Eglise catholique constitue toujours le centre, la "chrétienté" non catholique un cercle médian, et où la périphérie inclut tout et n'importe quoi, y compris le judaïsme (l'islam n'est même pas mentionné) -- tout sauf nous. Evidemment c'est (encore) plus difficile à avaler quand le catholicisme cède du terrain aux "évangéliques", et la "chrétienté" dans son ensemble à l'islam; et quand le jéhovisme lui-même se revendique "religion" (comme-les-autres), ce qu'il évitait plutôt à l'époque et plus encore du temps de Rutherford (Religion is a snare and a racket, un piège et une escroquerie) -- mais même cette genèse de la doctrine est probablement perdue de vue par ce qui reste aujourd'hui de TdJ. |
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Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Babylone (la grande) Rome, figures de la persécution et de la dépravation Mar 16 Jan 2024, 15:17 | |
| - Citation :
- En tout cas cet article de 1967 (1966 en anglais) montre bien que l'interprétation de la Watch est construite par extension, à partir de l'interprétation anticatholique du protestantisme historique, étendue au protestantisme lui-même et accessoirement aux religions non chrétiennes: on aboutit à un système de cercles concentriques du mal dont l'Eglise catholique constitue toujours le centre, la "chrétienté" non catholique un cercle médian, et où la périphérie inclut tout et n'importe quoi, y compris le judaïsme (l'islam n'est même pas mentionné)
Chapitre 12 L’islām: Le chemin menant à Dieu par la soumissionL’islām dans la vie quotidienne33 L’islām comporte cinq piliers, ou obligations principales, et six croyances fondamentales. (Voir les encadrés des pages 296 et 303.) L’une de ces obligations consiste pour le fidèle à prier cinq fois par jour en direction de La Mecque (ṣalāt). Le jour du sabbat musulman (vendredi), les hommes vont en masse prier à la mosquée lorsqu’ils entendent l’appel que psalmodie le muezzin du haut du minaret. Aujourd’hui, de nombreuses mosquées n’appellent plus les fidèles à la prière de cette façon, mais en passant un enregistrement. 34 La mosquée (arabe masjid) est le lieu de culte musulman, qualifié par le roi Fahd Bin Abdul Aziz d’Arabie saoudite de “pierre angulaire de l’appel à Dieu”. Il a défini la mosquée comme “un lieu de prière, d’étude, d’activités juridiques et judiciaires, de consultation, de prédication, d’information, d’enseignement et de préparation. (...) La mosquée est le cœur de la société musulmane”. On trouve de nos jours ces lieux de culte dans le monde entier. L’une des plus célèbres de l’Histoire est la Mezquita (Mosquée) de Cordoue, en Espagne, qui pendant des siècles fut la plus grande du monde. Sa partie centrale est aujourd’hui occupée par une cathédrale catholique. Conflit avec la chrétienté divisée 35 À partir du VIIe siècle, l’islām se répandit à l’ouest en Afrique du Nord, à l’est au Pakistan, en Inde et au Bangladesh, et au sud en Indonésie. (Voir la carte aux pages de garde en début d’ouvrage.) Ce faisant, il entra en conflit avec une Église catholique militante, qui organisa des croisades pour reprendre la Terre sainte aux musulmans. En 1492, la reine Isabelle et le roi Ferdinand d’Espagne achevèrent la reconquête catholique de leur pays. Les musulmans et les Juifs durent se convertir ou quitter le pays. L’Inquisition catholique fit bientôt disparaître la tolérance mutuelle qui avait été de rigueur quand les musulmans dominaient l’Espagne. L’islām survécut toutefois; il s’est même rétabli et grandement propagé au XXe siècle. 36 Pendant que l’islām s’étendait, l’Église catholique traversait une période troublée et essayait de maintenir l’unité en son sein. Mais deux éléments éminemment influents allaient apparaître, qui continueraient d’ébranler l’image monolithique de l’Église. C’étaient l’imprimerie et la traduction de la Bible dans la langue du peuple. Le chapitre suivant racontera comment la chrétienté s’est fractionnée sous l’action conjuguée de ces éléments et d’autres encore. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101990044 L’avenir de la religion compte tenu de son passé14e partie: à partir de 622 de n. è. — La soumission à Dieu Plus qu’une religion L’islam est un mode de vie à part entière, qui gouverne l’État, ses lois, ses institutions sociales et sa culture. C’est donc plus qu’une religion. Dès lors, on comprend pourquoi le livre L’Aube de l’islam (angl.) déclare que pendant plus de 600 ans “l’islam a été la religion la plus provocatrice, la force politique la plus puissante et la culture la plus brillante”. Effectivement, un siècle après la mort de Muḥammad, un empire arabe, plus vaste que l’Empire romain à son apogée, s’étendait de l’Inde à l’Espagne, englobant l’Afrique du Nord. L’immensité de cet empire favorisa la propagation d’inventions qui enrichirent la civilisation occidentale. L’islam apporta ainsi une contribution remarquable au droit, aux mathématiques, à l’astronomie, à l’histoire, à la littérature, à la géographie, à la philosophie, à l’architecture, à la médecine, à la musique et aux sciences sociales. Des preuves de désunion ? Dans son commentaire sur le Qurʼān, Abul A‛la Maududi, auteur musulman, écrit: “À l’époque de la révélation d’Al-Baqara [sourate mentionnée au début de l’article], des hypocrites de toutes sortes sont apparus”, au nombre desquels figuraient “des ‘musulmans’, des munāfiqīn (hypocrites) (...) qui étaient persuadés dans leur esprit de la véracité de l’islam, mais n’avaient pas la force morale suffisante pour renoncer à leurs traditions”. Il semble donc que, dès le départ de nombreux adeptes ne se soient pas soumis à Allah de la façon dont Muḥammad l’entendait. En revanche, d’autres l’ont fait. Pour relever le défi que ceux-ci représentaient, la chrétienté n’a pas dédaigné de ‘recourir à l’épée’, comme Réveillez-vous! l’expliquera dans son prochain numéro. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/101989527?q=islam&p=par Je n'ai pas trouvé un seul article défavorable à l'Islam dans la littérature de la Watch, il me semble d'ailleurs que la Watch emploie des termes ou des formules concernant l'Islam qu'elle affectionne comme "un mode de vie", "la vie quotidienne", comme si la Watch ressentait une certaine proximité avec l'Islam dans sa façon de concevoir la pratique religieuse avec une véritable "soumission" à Dieu que l'Eglise catholique n'a pas su appliquer alors que certains adeptes musulmans ont su relever le défi et dans le même temps : " la chrétienté n’a pas dédaigné de ‘recourir à l’épée’" et que "l ’Église catholique traversait une période troublée". Même quand la Watch aborde la question de l'Islam, elle transforme cette analyse comme une occasion supplémentaire de critiquer la "chrétienté" et en particulier "l'Eglise catholique". |
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