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| Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz | |
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Auteur | Message |
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le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Lun 23 Sep 2024, 21:00 | |
| Merci free pour tes citations du livre de Raymond Franz et merci Narkissos pour tes commentaires aussi désabusés que drôles mais toujours intéressants. Je trouve de nos jours les publications sont de plus en plus inintéressantes ayant perdu leur particularisme, leurs recherches et découvertes même fantaisistes. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Mar 24 Sep 2024, 09:57 | |
| En te lisant je me suis demandé si j'avais jamais trouvé les publications de la Watch intéressantes: ça m'est assurément arrivé quelquefois, dans la relative période d'"ouverture" de la seconde moitié des années 1970, pour certains articles dont j'ai compris par la suite qu'ils étaient de Raymond Franz ou de sa tendance; auparavant déjà pour tout ce qui éclairait effectivement les textes bibliques, notamment Aid to Bible Understanding (aussi en grande partie de Raymond), que j'avais étudié sous toutes les coutures avant de le traduire (partiellement); plus tard le Commentaire sur la lettre de Jacques (Dunlap) et un autre assez semblable sur 1 Pierre, bien qu'il ne s'intitulât pas "commentaire" (j'ai oublié le titre).
Mais dans mes premières années de jéhovisme, avant 1975, je ne me posais pas la question de l'intérêt des publications, j'y cherchais la "vérité", intéressante ou pas mais cohérente, que je pouvais m'approprier et intégrer à ma façon, construire, compléter et reconstruire un peu comme un puzzle ou un Lego, c'était plutôt ce jeu-là que les textes en eux-mêmes qui m'intéressait...
Quant aux textes de Fred Franz ou à ceux qui imitaient son style, lui-même en grande partie imité de Rutherford, aisément reconnaissable même si à l'époque je ne les associais à aucun nom, je les trouvais en général plutôt embarrassants, par leur ton grandiloquent, leurs interprétations et leurs "typologies" invraisemblables qui me semblaient ridicules, à la fois inutiles et superflues pour mon "jeu de la vérité", même s'ils avaient contribué à son architecture. Je me souviens que beaucoup de TdJ autour de moi devant ce genre d'articles disaient "c'est profond", et qu'il m'arrivait souvent de répliquer "ce n'est pas profond, c'est compliqué, ce n'est pas la même chose"... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Mar 24 Sep 2024, 14:00 | |
| - Citation :
- Quant aux textes de Fred Franz ou à ceux qui imitaient son style, lui-même en grande partie imité de Rutherford, aisément reconnaissable même si à l'époque je ne les associais à aucun nom, je les trouvais en général plutôt embarrassants, par leur ton grandiloquent, leurs interprétations et leurs "typologies" invraisemblables qui me semblaient ridicules, à la fois inutiles et superflues pour mon "jeu de la vérité", même s'ils avaient contribué à son architecture. Je me souviens que beaucoup de TdJ autour de moi devant ce genre d'articles disaient "c'est profond", et qu'il m'arrivait souvent de répliquer "ce n'est pas profond, c'est compliqué, ce n'est pas la même chose"...
Bonjour à tous.Je pense qu'aujourd'hui la Watch doit gérer un héritage franzien gênant, notamment avec les "types" et "antitypes" sorties tout droit de sa seule imagination : La fin d'une grande époque ? > https://etrechretien.1fr1.net/t1008-la-fin-d-une-grande-epoqueNéanmoins, la Watch est toujours prisonnière de plusieurs décennies de domination de la pensée franzienne, malgré elle, elle revient à des interprétations types/antitypes et une grande majorité de cette théologie est toujours présente dans son dogme. Il me semble que le "porte à porte", si chère à F.FRANZ est entrain de disparaitre doucement, un ami TdJ m'a indiqué que les proclamateurs avaient reçu comme instruction de développer une activité relationnelle, promenade dans un parc, discussion marquant un intérêt pour la personne, sans révéler son identité de TdJ et sans message biblique, donc une démarche sur le long terme. Raymond FRANZ nous décrit les discussions liées à l'activité du "porte à porte" au sein du collège central de son époque, non, sans ironie :Par contre, la discussion se concentra sur l’utilisation de la phrase de “de maison en maison” trouvée dans les deux textes familiers de la Traduction du Monde Nouveau du livre des Actes. Lloyd Barry montra l’urgence d’un retour à l’usage de ces deux textes pour défendre l’activité de porte en porte, expliquant que " c’est la façon dont l’organisation avait fait accepter l’activité depuis des années ".9 Léo Greenlees insista que “nous devions avoir une manière organisée de couvrir les territoires” (chaque congrégation est divisée en “territoires” d’une centaines de maisons chacunes). Albert Schroeder fit quelques citations sur l’utilisation de la préposition Kata et cita aussi les exemples de témoignage public faits par les Lollards, disciples de Wycliffe. George Gangas dit “la vaste majorité des personnes qui sont venues dans l’organisation ont été contactées par le porte à porte.”10Carey Barber parla de l’attitude des anciens qui posaient des questions sur la base scripturale de l’activité de porte en porte, disant " qu’ils ne considéraient pas cela comme nécessaire pour être zélés dans cette activité ". Il se référa à Actes 20:21 pour montrer que Paul a parlé à des personnes au sujet de la ‘repentance’, argumentant que ce œuvre de maison en maison (en référence au verset 20) était fait parmi les étrangers et non les disciples. Il cita la réflexion d’une femme, une témoin, qui avait dit du œuvre de porte en porte, " Que ferais-je ici si je ne devais pas prêcher? Lyman Swingle dit que " évidemment, celui qui écrivit l’article proposé désirait avoir un ‘ordre’ pour aller de porte en porte, ce qui (à Swingle) ne lui semblait pas justifié par les Écritures. Karl Klein décréta que " nous sommes dans l’obligation d’utiliser les meilleurs moyens possibles pour prêcher ", et il cita l’exemple de ‘l’homme à l’écritoire’ dans la vision du prophète Ezéchiel qui met une marque sur le front des personnes.11 Il dit que " les frères qui se disciplinent eux-mêmes, et ont de l’amour, iront de maison en maison ". Milton Henschel avertit que ‘quelques anciens disaient qu’il n’y avait pas de base scripturale pour l’œuvre de maison en maison, et, avec une force considérable, il ajouta que lui-même n’était pas à Ephèse mais que Luc y était et que Luc déclara que Paul allait de ‘maison en maison’. Et aussi, que " notre œuvre était de faire des disciples, et que les frères devaient être encouragés à aller de porte en porte ". Il suggéra de rapporter quelques décisions de la Cour Suprême des États-Unis, qui parlaient de la pratique d’aller dans les maisons des gens sans invitation, comme une ancienne méthode de prédication. Le secrétaire trésorier Grant Suiter déclara que " si quelque chose était publié pour dénigrer l’œuvre de maison en maison, alors un comité spécial serait nommé pour l’examiner. Il dit qu’il y avait un certain nombre de rapports disant que quelques témoins n’apportaient pas de publications avec eux quand ils allaient de porte en porte. Il déclara " qu’un grand nombre de personnes désiraient devenir Témoins de Jéhovah, mais qu’ils n’aimaient pas témoigner " et que les anciens ne devaient pas faire partie de cette catégorie.12 Lloyd Barry reprit la parole pour citer le commentaire d’un prêtre catholique qui parlait du bon exemple des Témoins de Jéhovah qui faisaient du porte à porte. Il cita un membre du comité de la filiale du Panama, disant que le œuvre de maison en maison est “la véritable épine dorsale de notre culte.” Léo Greenless dit ensuite que la plupart des frères étaient " personnellement désorganisés " et ne feraient pas le œuvre si l’organisation ne prenait pas de dispositions pour eux.Ceci est un résumé de la majeure partie de la discussion et illustre la tendance qu’elle prit, les attitudes et les opinions manifestées. Je fis tout au long de la session des tentatives logiques pour attirer l’attention sur les Écritures elles-mêmes, mais la discussion ne s’arrêta pas suffisamment sur un point pour un examen minutieux. Toute la discussion biblique se concentra presque entièrement sur l’exactitude de la traduction " de maison en maison " d’Actes 5:42 et 20:20, de la Traduction du Monde Nouveau. Le Président Fred Franz la défendit particulièrement.En réalité ni moi, ni personne d’autre n’a rejeté ou même critiqué cette interprétation. La véritable question était, que signifie ici " de maison en maison "? Est-ce synonyme de " porte en porte " comme l’emploient les Témoins? Ou est ce que c’est simplement le même sens que " maisons privées ", comme la Traduction du Monde Nouveau rend la même phrase grecque dans Actes 2:46? J’ai attiré l’attention là-dessus à différents moments de la discussion. Puisque que Fred Franz était en fait le traducteur de la Traduction du Monde Nouveau, j’étais sûr qu’il réalisait que cette même phrase grecque (kat’oikon) était aussi utilisée quatre fois en référence à des lieux de réunions de croyants chrétiens dans les maisons de certains disciples. (Voir la Kingdom Interlinear Translation à Rom 16:5 ; I Corinthiens 16:19 ; Colossiens 4:15 ; et Philémon Verset 2). Dans ces versets, on a rendu la phrase grecque par “dans leurs maisons”, “dans sa maison”, “dans vos maisons”. Bien que la préposition kata ne soit pas utilisée au sens ‘distributif’, dans ces textes, néanmoins, la phrase fut utilisée en référence à des maisons privées de disciples.Aussi, dans un effort évident pour faire admettre que – peu importe la manière dont la phrase est rendue – la question importante était de faire comprendre clairement le sens qu’on voulait lui donner, je me suis finalement senti poussé à poser une question directe à mon oncle, en disant : “Est-ce que frère Fred Franz croit réellement que la phrase ‘de maison en maison’ comme on la trouve dans ces versets [Actes 5:42 ; 20:20] signifie réellement ‘aller de porte en porte’, d’une porte à une autre porte? J’apprécierais qu’il s’exprime lui-même là-dessus.”Le président, Karl Klein, se tourna vers lui et dit, “ Et bien, frère Franz? ” Il répondit en commençant par, “Oui, je crois que cela peut le signifier”. (Notez l’utilisation du mot ‘peut’ et non ‘doit’). Puis il continua, “Par exemple, en allant dans une maison Paul a pu entrer par la porte principale et, après sa discussion, il peut être sorti par la porte arrière, et ainsi, il serait aller de porte en porte.” Un grand nombre de membres éclatèrent de rire. Mais le fait est que la déclaration n’avait pas pour but de faire rire – elle était faite avec sérieux. Je dis cela, pas simplement parce que je connais mon oncle depuis plus d’un demi- siècle, et que je connais sa manière de parler quand il est délibérément humoristique, sarcastique ou même facétieux. Ce n’était pas une remarque désinvolte faite dans une conversation informelle. Le président de la société savait que la question était directement dirigée vers le point central qui avait démarré la longue conversation. Il parla de propos délibéré et avec un ton appelant à la raison, il ne donna pas la plus légère autre indication éventuelle ou de supposition que sa propre explication et qu’il fallait la considérer comme raisonnable. Je fus abasourdi, car il me semblait incroyable qu’une telle réponse puisse être faite pour clarifier la question centrale d’une discussion qui durait depuis des heures. Dans la conversation, Karl Klein remarqua, " Freddie peut rationaliser toute chose ". Mais je me creuse encore les méninges pour comprendre comment un homme intelligent a pu donner un raisonnement si évasif et tiré par les cheveux, au point de provoquer le rire de ses compagnons, membres du Collège. Mais ce fut la seule réponse que j’eus à ma question.J’ai demandé aux membres du Collège de considérer les douze pages des preuves scripturales et de remarquer si Jésus, à un moment quelconque, parle ou donne l’exemple d’aller de porte en porte. Ceci aussi, resta sans réponse.Peu de temps après ma question à Fred Franz, le Collège Central vota pour que Lloyd Barry supervise l’écriture du rapport qui réintroduisait l’usage des textes mentionnés, soutenant que l’activité de porte à porte devait être faite par les Témoins de Jéhovah. Treize votèrent en faveur, quatre, contre.Je trouvai la discussion décourageante. Ce n’était pas que le choix du vote fut en aucune manière inattendu. Le facteur décourageant venait de la manière et de l’esprit dans lesquels la discussion elle-même se déroula (bien que la tournure sinueuse, et désordonnée que la discussion prit était quelque chose à laquelle l’expérience acquise m’avait quelque peu habitué. Plus tard, je pris le temps de mettre quelques commentaires par écrit, pour tous les membres, mais après l’avoir fait, je me demandai quel usage pourrait en être fait plus tard. Cela me sembla donc un exercice futile et je finis par en faire seulement quatre copies, les donnant aux membres qui pourraient au moins leur accorder un peu de considération et je classai le reste. (Ces commentaires sont disponibles chez Commentary Press).(A la recherche de la liberté chrétienne). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Mar 24 Sep 2024, 14:50 | |
| Détail de traduction (déformation professionnelle: la profession passe, la déformation reste): "rationalis(z)ation", naguère, ça se traduisait par "justification après coup" ou quelque chose de ce genre -- trouver rétrospectivement une explication ou une cause "rationnelle", et artificielle, à un énoncé, à un acte ou à un choix qui n'en avait aucune a priori, ou du moins pas celle-là, avec une connotation plus ou moins marquée de "mauvaise foi". Depuis le mot est passé comme beaucoup d'anglicismes dans le français courant, et sa nuance s'est en partie perdue...
En effet, c'est la pratique plus que la théorie qui a eu raison du "porte-à-porte", de plus en plus évidemment désuet (on dirait aujourd'hui obsolète) et inefficace -- le Covid, particulièrement prolongé à la Watch, lui a peut-être porté le coup de grâce...
A propos des "typologies", je disais dans mon post précédent que F.W. Franz en devait largement la manie à Rutherford; mais en fait on peut remonter toujours plus haut, à Russell, à l'adventisme, au sectarisme protestant, aux Réformes, au christianisme ancien, au NT lui-même, voire à l'intérieur de l'AT (p. ex. avec les parallèles Exode / exil): chaque fois qu'il y a eu changement et effet de seuil dans une tradition religieuse, on a éprouvé le besoin de fonder le présent sur le passé, le nouveau sur l'ancien, quitte à l'inventer, et de produire par là même des schèmes répétitifs, l'"accomplissement" final de ce qui (n')avait été (que) préfiguré dans l'histoire, la tradition ou la littérature... De fait les "typologies" du NT "justifient" dans un sens toutes les "typologies" à venir, même les plus délirantes, qui réciproquement relativisent les précédentes, jusqu'à ce que l'ensemble du système s'effondre dans une absurdité patente (ce qui dépend néanmoins de chaque lecteur, de sa propension ou de sa réticence à l'"esprit critique", qui pour le coup n'ont rien ou pas grand-chose de "rationnel"). |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 26 Sep 2024, 15:22 | |
| Dans de nombreux pays éclairés, le gouvernement prévoit une forme de service non militaire pouvant être accompli au lieu du service et de la formation militaire. Ils le font spécialement par égard pour les objections de conscience de certains citoyens concernant la participation à la guerre ou au service militaire, une concession qui est assurément louable. Dans Crise de Conscience ce sujet a été discuté partiellement.30 Comme il y est expliqué, le principe de l'organisation est qu'aucun Témoin ne peut accepter un ordre d’un conseil de révision d’accomplir le service alternatif (ou d’une autre agence gouvernementale en dehors d’une cour de justice) - qui généralement consiste à travailler pour un hôpital, à rendre des services aux personnes âgées, à travailler dans les bibliothèques, dans un camp forestier, ou dans un autre domaine qui profiterait à la communauté en général.
Puisque tous ceux-ci sont manifestement, une “forme honorable de travail“ pourquoi un Témoin ne doit-il pas l'accepter ? Parce que ce “service alternatif“ est “un produit de substitution“ au service militaire et parce que l'on juge ces positions de travail comme remplaçant alors le service militaire, et par un procédé de raisonnement, qu’accepter une mission de service alternatif dans un conseil de révision équivaut à avoir accepté le service militaire et donc faire un “compromis“, “violer sa neutralité,“ et devenir coupable d'une dette de sang. Si ce raisonnement paraît remarquablement alambiqué, il y a encore plus dans ce qui suit.
En même temps, quand un Témoin refuse, il est arrêté et amené devant la justice pour son refus de se plier aux ordres du conseil de révision puis est condamné, si le juge pendant le procès le condamne alors l'individu peut maintenant obéir à l'injonction et accomplir ce service alternatif, faire le travail assigné et être exempt de dette de sang et de compromission. Quel est le raisonnement derrière tout cela ? La personne, après avoir été condamnée, est maintenant un prisonnier et par conséquent n'a pas “volontairement“ renoncé à sa liberté d'action et de choix d'occupation. En réalité, il n'y avait rien “de volontaire“ à commencer un service assigné par le gouvernement, pas plus qu’il n’y avait de “volontaire“ à payer ses impôts. C'était une obligation, un service militaire obligatoire et c'est pourquoi l'homme qui le refuse a été arrêté en premier lieu. Et on pourrait aussi dire qu'il avait en fait renoncé à sa liberté et à son choix quand il s'est soumis à l'organisation de la Watch Tower, lui laissant décider qu’il est incorrecte pour lui d’'obéir à un ordre du conseil de révision d’accomplir un travail dans un hôpital ou dans un autre service semblable. En faisant ainsi, il a permis à sa conscience de devenir prisonnière et lui a enlevé la possibilité de prendre un choix fondé sur sa conscience individuelle.
Mais un autre point de droit fut présenté. L'organisation a pris la position que même si, avant que la sentence précédente ne soit adoptée, le juge ait demandé au Témoin si sa conscience lui permettrait d'accepter une assignation de la cour de justice à faire un travail dans un hôpital ou un service semblable, il ne pouvait pas répondre par l'affirmative, mais devait dire, “que c’est à la cour de justice d’en décider.“ S'il répondait, “Oui“ (ce qui aurait été une réponse sincère), il aurait été considéré comme ayant “transigé,“ ayant fait “un marché“ avec le juge et ainsi rompu son intégrité. Mais s'il a donné la réponse prescrite et approuvée qui vient d’être citée, et qu’ensuite le juge en le condamnant lui assigne à faire un travail dans un hôpital ou un service semblable, alors il pourrait s’y conformer.31 A présent, il n’était pas coupable d’avoir violé l'exhortation apostolique “cesser de devenir esclaves des hommes.“ (1 Corinthiens 7:23) Assurément ces points de droits sont vraiment de ceux d’un ergoteur et l'application du terme “Pharisaïque“ ne paraît pas trop sévère.32
Ce n'est pas un sujet neutre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, rien qu’aux États- Unis, environ 4,300 jeunes Témoins Jéhovah sont allés en prison, avec des condamnations allant jusqu’à 5 ans, non pas simplement pour cause d'objection de conscience à la guerre, mais avant tout, pour avoir respecté le principe de la Société, ils ont refusé des dispositions gouvernementales leur permettant d'accomplir d'autre service de nature non-militaire prévues pour les objecteurs de conscience. En Angleterre, il y eu 1,593 condamnations, incluant celles de 334 femmes.33 Aujourd'hui, il y en a toujours des centaines dans les prisons de différents pays, l'emprisonnement résultant de l’obéissance au principe de la Société. En 1988, rien qu’en France et en Italie, il y avait là environ 1,000 Témoins Jéhovah en prison pour cette raison.34
32 Toutes ces différenciations de points de droit ont été forgées à partir des années 1940 jusqu’aux années 1960. Tandis que l'approbation finale incontestablement appartenait à Nathan Knorr, et bien que l'avocat de la Société Hayden Covington a été impliqué pendant les années 1940 et les années 1950, le style de raisonnement n'est pas caractéristique de n'importe lequel homme, mais est caractéristique de celui de Fred Franz, alors vice-président. Je crois que les différenciations de points de droit plus tardives ont été conçues pour tempérer un peu la position de l'organisation, réduisant ainsi le nombre de ceux allant en prison (dans les affaires où les juges étaient disposés à les condamner à faire un travail dans un hôpital ou un autre service) et qui pourtant se révèle comme soutenant la position originale, l’essentielle de sa proposition comme étant juste et provenant de Dieu. Ce principe compliqué demeure en vigueur aujourd'hui. La Tour de garde du 1er novembre 1990, bien que n'expliquant pas très clairement le principe en détail, y fait allusion en disant que “quand des autorités gouvernementales ordonnent aux chrétiens de participer à des travaux d’utilité publique, ils le font de bon gré dans la mesure où ces travaux ne remplacent pas un service contraire aux Écritures ni ne violent de quelque autre façon les principes bibliques, celui qui se dégage d’Ésaïe 2:4.“
(...)
Ceci est significatif, le président de la Société, Fred Franz, a aussi exprimé un doute quant au poids à donner aux témoignages des membres des Comités de Filiale. Il a rappelé au Collège qu'il n'avait pas voté en faveur de l'enquête mondiale et ensuite, en haussant brusquement la voix, a demandé : “D’où viennent en fait tous ces renseignements? Viennent-ils du haut vers le bas ? Ou du bas vers le haut?“ Il dit que nous ne devrions pas établir notre décision sur des situations trouvées dans différents pays.
On notera, que cette expression concernant le “haut“ et le “bas“ n'était pas inconnue de moi. Déjà en 1971 dans un article de la Tour de garde, Fred Franz l'avait utilisée, en faisant référence aux membres “ordinaires“ de l'organisation. Mais le ton de la discussion me bouleversait extrêmement, particulièrement ces expressions telles que “si nous accordons cette latitude aux frères.“ Quand le Président Klein me donna la parole, j'ai rappelé aux membres que c'était la décision du Collège central que d'écrire aux membres des Comités de Filiale, que ces hommes étaient parmi les anciens les plus respectés dans leurs pays respectifs et si nous ne pouvions pas accorder de poids à leurs témoignages alors auprès de qui devrions-nous en avoir? Je me suis senti contraint d’ajouter que ma compréhension était que nous nous considérions comme une fraternité et n'avait aucune raison de nous considérer comme “le haut“ de quoi que ce soit, que nous devrions même personnellement trouver le concept repoussant.
Quel fut, alors, le résultat final? Le 11 octobre 1978, lors de la réunion, sur les seize membres du Collège d’alors, treize était présents et neuf avaient voté pour le changement de la règle traditionnelle, quatre contre (Henschel, Jackson, Klein et Fred Franz). Cela n’étant pas la majorité des deux tiers du nombre total des membres, aucun changement n'avait été fait. Le 15 novembre, le vote a montré onze sur seize en faveur d'un changement, une majorité des deux tiers. La proposition votée sur était une des celles suggérées et provenait de celle que j'avais soumis. Elle disait :
PROPOSITION Partout où les autorités supérieures dans n'importe quel pays, agissant par toute agence constituée, ordonne à un frère d'exécuter une forme de travail ( à cause de son objection de conscience pour le service militaire ou pour d'autres raisons), il n'y aura aucunes mesures prises d'une congrégation contre ce frère s'il se soumet à cet ordre, pourvu que ce travail qu’on lui ordonne de faire ne soient pas en violation d'ordres directs ou de principes Bibliques clairs trouvés dans la Parole de Dieu, en incluant Esaïe 2:4. - Matthieu 5:41; 22:21; 1 Corinthiens 13:1-7; 1 Pierre. 2:17; Tite 3:1; Actes 5:29. Nous continuerons à exhorter nos frères à se prémunir de faire partie du monde et qu’en toutes circonstances où ils se trouvent, ils doivent mettre le royaume de Dieu en premier, n'oubliant jamais qu'ils sont des esclaves de Dieu et de Christ. Ainsi ils devraient chercher à se servir dans toute disposition leur accordant une plus grande liberté pour utiliser leur temps, leur force et leur moyen pour ce Royaume - Jean 15:17-19; Actes 25:9-11; 1 Corinthiens 7:21, 23.
Une majorité des deux tiers avait voté en faveur de la proposition - mais elle n'a pas duré longtemps. Pendant une interruption momentanée de séance, un membre a remarqué qu'il allait apparemment y avoir un changement dans le vote. Il a cité le Président Franz (qui était parmi ceux opposé à tout changement) en disant, “ce n'est pas fini encore; Barry a changé d’avis.“ Lloyd Barry avait été parmi les onze en faveur de la proposition. Pourquoi ce changement? Comme la décision pouvait faire la différence entre des hommes allant en prison ou n'y allant pas, je crois que cela donnera un éclairage nouveau en comprenant comment les choses peuvent se passer dans un collège central religieux détenant le pouvoir d'affecter les vies de milliers de personnes.
(A la recherche de la liberté chrétienne) |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 26 Sep 2024, 15:57 | |
| Même si les raisonnements à la con (rationalizations, justifications a posteriori) étaient de F.W. Franz, il me semble que l'objection fondamentale et intransigeante au service militaire et à toute substitution imposée ou proposée venait de Rutherford, bien que celui-ci soit mort peu après l'engagement des U.S.A. dans la Seconde Guerre mondiale. La doctrine de non-participation conduisant au refus de la conscription (draft) avait été fixée dès la Première Guerre et Le Mystère accompli, d'où l'interdiction et l'incarcération des dirigeants en 1918 (on en a assez entendu parler); Rutherford et Covington défendaient cette position au plan théorique et judiciaire suivant une "logique" qui n'avait rien à voir avec un "antimilitarisme", contrairement à ce que notre génération a voulu croire: il s'agissait de l'exemption de principe, selon la loi "étatsunienne", inspirée de l'exception "biblique" des "lévites" (ce qui au passage impliquait une contradiction encore plus abyssale: pourquoi arguer d'un modèle "biblique" dans le "monde de Satan" ?), des "ministres" (du culte), dont Rutherford voulait étendre le statut à tous les TdJ, "ministres actifs" par définition et non "simples paroissiens" récepteurs ou consommateurs; bref, l'abolition présumée de la distinction clergé / laïcs interprétée au sens d'un "ministère universel" (tous prédicateurs, tous pasteurs, tous ministres)... D'où la guéguerre interne sur l'usage des termes "ministre" et "ministère", parfaitement incompréhensible en France, qui a occupé le "Collège central" et opposé les deux Franz dans la deuxième moitié des années 1970.
Pour l'anecdote, il est assez amusant de noter, dans la suite de In Search of Christian Freedom (p. 269ss de la seconde édition anglaise), que le revirement de Barry et la perte de la majorité qualifiée et décisive se seraient joués sur une erreur de référence biblique de Raymond Franz lui-même, entre 1 Corinthiens et Romains 13 (l'amour ou l'autorité, ça ne s'invente pas)... Bien entendu ce n'était qu'un prétexte (biblique), mais suffisant pour décider du sort de milliers de jeunes gens, assez endoctrinés pour refuser toute injonction d'une "autorité" civile ou militaire et accepter en revanche toute injonction de la Watch, quand même cette injonction-ci défiait toute "logique" et qu'une majorité absolue, sinon qualifiée (< 2/3), de son "Collège central" était contre... |
| | | free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Ven 27 Sep 2024, 15:27 | |
| Les déclarations périodiques " de paix et de sécurité" que les nations ont fait à plusieurs reprises au cours de l'histoire sont sans valeur, de courte durée tout comme les prémonitions fondée sur elles. Déjà en 1915, le premier président de WatchTower, C. T. Russell, avait au cours d'une assemblée émis l'idée que le temps prophétisé de la paix proclamée avait commencé par la première Conférence de Paix à la Haye (1899).35 La première Guerre mondiale a démoli les effets de la conférence de la Haye. Russell est décédé en 1916 au beau milieu de cette guerre. En 1917, son successeur, J. F. Rutherford, disait à présent qu'après la guerre il y aurait une "courte période de paix" en accomplissement des paroles de 1 Thessaloniciens 5 :3, avec "la fin" venant juste après.36 La "destruction soudaine" prenait du retard, toutefois au milieu des années 1930 Rutherford écrivit "que maintenant" le temps était venu pour la déclaration de paix prédite (selon lui, elle devait se faire à Rome), précédée par la mise sous silence de l'oeuvre des Témoins de Jéhovah.37 Pourtant la Seconde Guerre mondiale commença. En 1940, Rutherford écrivit que la guerre serait interrompue par une brève période de paix, immédiatement suivie par la guerre de Dieu, Armageddon.38 Après la mort de Rutherford, en 1942 la brochure la Paix - peut-elle Durer ? ( écrit par Fred Franz, mais prononcé lors du discours clé d'une assemblée par N. H. Knorr), continuait d'affirmer (à la page 26) que la période de paix suite à la Seconde Guerre mondiale "serait de très courte durée," rapidement suivie par Armageddon. Aujourd'hui, un demi siècle plus tard, nous vivons toujours dans cette période de paix, la plus longue de l'histoire entre les grandes puissances.39 Au cours des années 1970, avec cette fixation sur l'année 1975, les publications de la WatchTower ont parlé des "événements étranges survenant à notre époque", que la prophétie "paix et sécurité" "semble rapidement approcher de son accomplissement."40 1986 a été déclaré "Année de la Paix" dans le monde entier, cela a permis de tenir des discours des plus exaltées. La WatchTower a publié son livre la Paix et la Sécurité véritable - Comment pouvez-vous La trouver ?, avec, sa description, déjà citée, de la venue de la déclaration "paix et sécurité" comme un "signal indubitable que la destruction mondiale est imminente." En 1990, avec la "guerre froide" touchant à sa fin, le livre l'Humanité à la Recherche de Dieu (la page 371) se rapportait de nouveau à 1 Thessaloniciens 5:3, en disant : Aujourd’hui déjà, une autre prophétie importante de la Bible est près de s’accomplir sous nos yeux....Il semblerait que les nations, auparavant belliqueuses et méfiantes à l’égard l’une de l’autre, se dirigent actuellement avec prudence vers une situation dans laquelle elles seront en mesure de proclamer la paix et la sécurité mondiales.On pourrait penser - qu'après soixante dix ans d'excitation par des déclarations dont la valeur s'est révélée être de plus courte durée que les mouvements de paix sur lesquels elles se fondaient - une organisation se sentirait poussée à l'humilité. Pourtant la WatchTower dit : ...la Société WatchTower continuera à publier des avertissements opportuns dans les ouvrages qu’elle édite. Ceux qui lisent ces publications ne se laisseront donc pas leurrer par la prochaine proclamation prétentieuse “Paix et sécurité!” que feront les nations de l’actuel système de choses.41 (Tour de garde du 1 septembre 1987, la page 23). Ceci est dit face à la preuve incontestable que tous les "avertissements sur les temps" du passé mal à propos, mal conçus et finalement dénué de sens. Le langage employé est systématiquement un mélange de déclarations confiantes liées avec de l'indétermination et de l'ambiguïté délibérées. Le Réveillez-vous! du 8 septembre 1991 contient par exemple ce paragraphe : Les Témoins de Jéhovah sont fermement convaincus que dans un très proche avenir les Nations unies vont jouer un rôle de première importance dans les événements mondiaux. L’évolution de la situation sera certainement des plus passionnantes. Du reste, ses conséquences auront un impact profond sur votre vie Le tableau brossé par la Bible est clair: incessamment, les Nations unies vont recevoir puissance et autorité; elles prendront alors des mesures stupéfiantes qui risquent fort de vous déconcerter. Mais vous serez sûrement heureux d’apprendre que la paix et la sécurité sans fin seront établies sous peu grâce à une voie bien meilleure.(...) Le même langage excité d'un "avenir immédiat" apparaît comme dans la publication 1991 citée auparavant. Mais ces deux dernières citations et leurs prédictions ont été fondés entièrement sur les prétentions sont apparues dans le Réveillez-vous! du 8 octobre 1966 et la Tour de garde du 1 mai 1968 maintenant débarrassées de ce qui était relatif à l'année 1975. "Quelques années au plus," qui devaient voir se réaliser "les dernières parties des prophéties de la Bible ayant rapport avec ces "derniers jours", s'étendent déjà sur un quart de siècle. ( A la recherche de la liberté chrétienne p 289 à291). Voir : La Watchtower te le cri "paix et sécurité" - Thessaloniciens 5:3. https://etrechretien.1fr1.net/t1347-la-watchtower-te-le-cri-paix-et-securite-thessaloniciens-53?highlight=paix |
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Ven 27 Sep 2024, 16:21 | |
| Sans revenir sur l'aberration exégétique et herméneutique, amplement discutée dans le fil dont tu indiques le lien sur 1 Thessaloniciens -- c'est précisément l'absence de "signe", la situation "normale" où "tout va bien", qui est prise pour un "signe" -- on pourrait dire qu'il y a une sorte de balancement naturel entre les deux "signes" contradictoires: 1) tout va mal, donc c'est bientôt la fin et 2) tout va bien, donc c'est bientôt la fin: ce qu'on a vu se jouer sous Knorr-Franz dans les années 1970 (du scénario catastrophiste et paroxystique, guerre froide et menace nucléaire débouchant finalement sur un modeste choc pétrolier, après quoi c'est la "détente" et on cherchera plutôt le "signe" dans la "paix" que dans la "guerre") s'était déjà produit, mutatis mutandis, lors de la Seconde Guerre mondiale (Rutherford / Knorr-Franz) et de la Première (Russell / Rutherford); il n'est d'ailleurs pas impossible que des circonstances analogues aient déjà joué dans la succession des scénarios eschatologiques contradictoires du NT (tantôt "signes" avant-coureurs catastrophiques, guerres, famines, épidémies, séismes, etc., tantôt fin arrivant sans prévenir, comme un voleur dans la nuit, sans "signe" donc, dans une situation parfaitement "normale", "paix et sécurité" comme "ils mangeaient, buvaient, achetaient, vendaient, se mariaient", etc.). |
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Lun 30 Sep 2024, 15:22 | |
| Vers 1945, il fut décidé que la chronologie employée durant les présidences de Russell et de Rutherford était erronée d’environ 100 ans pour le calcul du temps jusqu’à la date de la création d’Adam. En 1966, l’organisation annonça que la fin des 6000 ans de l’histoire humaine n’avait pas eu lieu en 1874, comme cela avait été enseigné auparavant, mais bien en 1975. Ce fut publié pendant l’été de 1966 dans un livre intitulé La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu écrit par Fred Franz. Le premier chapitre faisait référence à la disposition du Jubilé, qui était aussi un point important dans les prédictions sur 1925, et donnait des arguments (comme cela avait été fait auparavant) en faveur de la croyance en six “jours” de mille ans chacun, durant lesquels les hommes devaient être confrontés à l’imperfection, suivis par un septième “jour” de mille ans au cours duquel la perfection serait rétablie dans un grand Jubilé de libération de l’esclavage du péché, de la maladie et de la mort. Le livre déclare pages 28 et 29 : (...) Une fois encore, le nouveau livre d’histoire de la Watch Tower, Les Témoins de Jéhovah—Prédicateurs du Royaume de Dieu avait la possibilité de démontrer l’objectivité et la franchise annoncées dans la préface. Dans une présentation très brève du sujet, on peut lire (page 104) à propos du Congrès de 1966 au cours duquel Fred Franz présenta le nouveau livre qui donnait l’information concernant 1975 : À Baltimore (Maryland), c’est Frederick Franz qui a donné le discours de clôture, en commençant ainsi: “Juste avant que je monte sur l’estrade, un jeune homme m’a abordé avec cette question: ‘Dis, que signifie ce 1975?’” Puis frère Franz a cité les nombreuses questions qu’on avait posées, à savoir s’il fallait comprendre dans ce nouveau livre qu’en 1975 Harmaguédon serait terminé et Satan lié. Voici ce qu’il a dit en substance: ‘Cela se peut. Mais nous n’affirmons rien. Tout est possible à Dieu. Mais nous n’affirmons rien. Et que nul d’entre vous ne se révèle dogmatique en parlant de ce qui va se passer d’ici 1975. Chers frères, le point essentiel de cette discussion, le voici: le temps est court. Le temps se fait très court, il n’y a aucun doute là-dessus.’
Dans les années qui ont suivi 1966, de nombreux Témoins de Jéhovah ont agi en harmonie avec l’esprit de ce conseil. Toutefois, d’autres déclarations ont été publiées à ce sujet, et certaines ont été probablement plus catégoriques qu’il n’aurait fallu. C’est ce qu’a reconnu La Tour de Garde du 15 juin 1980 (page 17). Mais, par ailleurs, les Témoins de Jéhovah ont reçu le conseil de se concentrer surtout à faire la volonté de Jéhovah et de ne pas se tracasser pour des dates ou par l’attente d’un salut imminent. (...) Trois ans après que le livre La vie éternelle dans la liberté des fils de Dieu ait attiré l’attention pour la première fois sur 1975, l’auteur, Fred Franz, écrivit une autre publication intitulée Une paix de mille ans est proche.2 Le langage dans cette brochure était encore plus catégorique et spécifique que dans le livre précédent. Publié en 1969, il contenait ces déclarations, pages 24 à 26 : Plus récemment, des spécialistes, étudiants sincères de la sainte Bible, ont entrepris un réexamen de la chronologie. D’après leur calcul, les six millénaires de l’histoire de l’homme prendraient fin au milieu des années soixante-dix. Par suite, le septième millénaire compté à partir de la création de l’homme par Jéhovah Dieu, commencerait dans moins de dix ans. Pour que le Seigneur Jésus-Christ soit ‘maître même du sabbat’, son règne de mille ans doit être la septième d’une série de sept périodes de mille ans ou millénaires (Matthieu 12 :8 AC). Ce serait donc un règne sabbatique.Ici, le raisonnement est parfaitement clair et direct : Puisque le jour du Sabbat était la septième période suivant six périodes de labeur, le règne de mille ans du Christ devrait aussi être un septième millénaire sabbatique qui viendrait après six millénaires de labeur et de souffrance. La présentation n’est en aucun cas vague ou ambiguë. (...) En 1974, un dimanche soir, alors que mon épouse et moi revenions d’une conférence que j’avais donnée dans une autre région du pays, mon oncle, alors vice-président, vint nous rejoindre dans notre chambre. (Comme sa vue était très faible, chaque semaine nous lui lisions à haute voix l’article d’étude de La Tour de Garde). Mon épouse évoqua mon discours de ce week-end, dans lequel j’avais prévenu les frères d’éviter de s’exciter outre mesure au sujet de 1975. Il répondit aussitôt, “ Et pourquoi ne devraient-ils pas être excités ? C’est vraiment quelque chose d’excitant.” Pour moi, il ne fait aucun doute que de tous les membres du Collège Central, le vice-président était le plus convaincu de l’exactitude de ce qu’il avait écrit, et c’est sur ces écrits que d’autres avaient bâti. Un autre soir, pendant l’été de 1975, un frère grec âgé dénommé Peterson (à l’origine son nom était Papagyropoulos), se joignit à notre lecture dans notre chambre, comme il en avait l’habitude. Après la lecture, mon oncle dit à Peterson, “ Tu sais, c’était exactement la même chose en 1914. Jusqu’à l’été, tout était calme. Puis soudainement les événements se précipitèrent et la guerre éclata.” Auparavant, au début de l’année 1975, le Président Knorr avait entrepris un voyage autour du monde, accompagné du Vice-Président Franz. Dans tous les pays visités, les discours du vice-président se concentraient tous sur 1975, A leur retour, ayant reçu des communiqués de plusieurs pays sur l’effet grisant des discours du vice-président, les autres membres du Collège Central demandèrent à écouter l’enregistrement d’un de ces discours présenté en Australie.5 Dans son discours, le Vice-Président disait de 1975, que c’était “ une année de grandes possibilités, aux probabilités immenses”. Il disait à son public que, d’après le calendrier hébraïque, ils se trouvaient “déjà dans le cinquième mois lunaire de 1975” avec moins de sept mois lunaires restant. A plusieurs reprises, il attirait l’attention sur le fait que l’année hébraïque se terminait avec Rosh Hashanah, la Nouvelle Année Juive, le 5 septembre 1975. Reconnaissant que bien des choses devraient avoir lieu pendant cette courte période, si la fin devait arriver à cette date, il parlait ensuite de la possibilité d’une année, environ, de différence, due à un certain délai entre la création d’Adam et celle d’Eve. Il mentionna les espérances non réalisées de 1914 et 1925 et cita la remarque de Rutherford, “ je me suis conduit comme un imbécile”. Il dit que l’organisation avait appris à ne pas faire de “prédictions audacieuses et extrémistes”. Vers la fin du discours, il encouragea toutefois ses auditeurs à ne pas se faire de fausses idées et à assumer que la destruction elle-même pourrait avoir lieu, “bien plus tard”, et à tourner leur attention sur d’autres projets, par exemple se marier et élever une famille, se lancer dans une entreprise ou aller à l’université pour y faire des études d’ingénieur. Après avoir entendu l’enregistrement, quelques membres du Collège Central exprimèrent leur inquiétude; même si aucune “prédiction très audacieuse et extrémiste” n’était faite, il y avait quelques subtilités dans les prédictions, et on pouvait en voir l’effet manifeste dans la surexcitation qui en résultait. C’était la première fois qu’une telle inquiétude était exprimée dans les discussions du Collège Central. Mais on ne fit rien, on ne décida d’aucune ligne de conduite. Le Vice-Président répéta un grand nombre des arguments de ce discours lors de la cérémonie de remise des diplômes de l’Ecole de Galaad, le 2 mars 1975.6 1975 passa—comme étaient passées les années 1881, 1914, 1918. 1920, 1925 et les années 1940. Beaucoup de publicité sur les prédictions non réalisées de l’organisation relatives à 1975 a été faite par d’autres sources. C’était aussi l’objet d’abondantes discussions parmi les Témoins de Jéhovah eux-mêmes. A mon avis, tout ce qui se disait ne touchait pas le point crucial du sujet. (...) En 1976, un an après que fut passée cette date si largement publiée, quelques membres du Collège Central commencèrent à insister pour faire une déclaration, reconnaissant que l’organisation avait fait une erreur et avait encouragé de fausses espérances. D’autres dirent qu’ils ne pensaient pas que c’était nécessaire, car cela ne ferait “qu’apporter de l’eau au moulin des adversaires”. Milton Henschel conseilla une attitude sage et prudente: tout simplement ne plus soulever le sujet, et avec le temps, les frères cesseraient d’en parler. Il n’y avait manifestement pas assez de soutien pour adopter une motion en faveur d’une déclaration. Cette année-là, un article dans La Tour de Garde du 1er novembre parlait des espérances non réalisées, mais, l’article se devant de rester conforme au sentiment prédominant dans le Collège Central, aucun aveu clair et net reconnaissant la responsabilité de l’organisation ne fut possible. (...) Cette régression plus que toute autre cause sembla avoir du poids auprès des membres du Collège Central. Il y eut un vote de 15 contre 3 en faveur d’une déclaration reconnaissant la part de responsabilité de l’organisation pour cette erreur. Ceci fut publié dans La Tour de Garde du 15 juin 1980. Il avait fallu quatre ans à l’organisation pour admettre finalement qu’elle avait tort, qu’elle avait pendant une décennie entière entretenu de faux espoirs. Bien sûr, une déclaration aussi franche, bien que vraie, ne pouvait être faite. Le texte devait être accepté par tout le Collège Central pour qu’il soit publié. Je le sais, car je fus désigné pour rédiger cette déclaration et, comme dans d’autres cas précédents, j’étais tenu, non pas par ce que j’aurais aimé dire ou même ce que je pensais que les frères avaient besoin d’entendre, mais par ce qui pourrait être dit et aurait une chance d’être approuvé par deux tiers du Collège Central lorsque je le lui soumettrais. Aujourd’hui, on fait peu de cas de ces décennies durant lesquelles on a nourri des espoirs axés sur 1975, comme s’ils n’avaient pas eu grande importance. La quintessence des mots de Russell en 1916 est à nouveau exprimée par l’organisation: Cela a “ certainement eu un effet très stimulant et sanctifiant pour des milliers, qui peuvent tous louer le Seigneur, même pour l’erreur.” ( Crise de conscience - Raymond FRANZ) Voir : 1975, 40 ans déjà : https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101993009 |
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Lun 30 Sep 2024, 16:16 | |
| J'ai sûrement déjà raconté la plaisanterie d'un "ancien", celui qui avait converti (une partie de) ma famille, durant l'automne 1975 (c'est facile à situer): "Il y a exactement 6000 ans, cela faisait déjà un mois qu'Adam était dans son jardin, et il aperçut soudain la queue d'un lion..." Occasion pour nous de remarquer que cette date qui avait fait l'objet de tant de débats au cours des années précédentes avait été presque oubliée à mesure qu'elle s'approchait et devenait invraisemblable: on ne l'avait même pas vue passer; ce qu'on pouvait encore croire en 1972 à propos de l'automne 1975 n'était déjà plus croyable au printemps 1975; dans l'enchaînement ordinaire des événements, des activités et des projets cette attente-là n'avait tout simplement plus sa place...
Autre curiosité chronologique, l'article de semi-repentance rédigé sous la contrainte par Raymond Franz n'a été publié en français que lorsque son auteur avait déjà démissionné (on n'en était pas encore à la parution simultanée)...
En ce qui concerne 1975, on peut dire que le caractère "bicéphale" de la direction s'est avéré catastrophique, parce qu'il a permis au théoricien fumeux (F.W. Franz) de développer sa théorie sans la moindre prudence "pratique", du fait que le pragmatique (N.H. Knorr) s'estimait incompétent en la matière... Mais d'un autre côté la décennie 1966-75 s'est aussi avérée la plus fructueuse pour la Watch -- felix culpa, de l'heureuse faute à l'erreur providentielle, c'est une logique qui passe toutes les frontières confessionnelles...
Je revoyais dernièrement Le Guépard de Visconti, d'après Lampedusa, où le protagoniste, quand il décline l'offre qui lui est faite de devenir sénateur, allègue, en substance, qu'il n'est plus assez capable de se tromper lui-même pour prétendre guider les autres. C'est une formule qui vaut autant en religion qu'en politique... |
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 03 Oct 2024, 14:37 | |
| Faire Correspondre les écritures à l'Histoire de l'OrganisationLe faux raisonnement du provincialisme est particulièrement évident dans la représentation que l'organisation donne d'elle-même, comme étant la figure centrale des différentes prophéties de la Bible. Comme par exemple, la référence constante des publications de la Watch Tower aux événements de 1919 et de 1922 (l'époque de la "campagne des Millions" infondée et de son accent sur 1925 était en plein revirement) montre comment - en développant soigneusement certaine aspects et incidents et en ignorant les autres, des événements d'une nature comparativement banale s'étant produit à une période du passé, peuvent être grossis pour paraître avoir une signification immense, d'une importance à faire trembler le monde. Le livre de la Révélation (les chapitres 8 et 9) représente les anges de Dieu soufflant dans les sept trompettes, accompagnés d'effets destructeurs et dramatiques, ensuite (dans les chapitres 15 et 16) nous trouvons une vision des sept plaies et sept bols de la colère de Dieu devant être versés sur la terre. Les effets frappants de ceux-ci sont représentés suite à un tremblement de terre. Selon les publications de la Watch Tower, toutes ces visions ont pratiquement été réalisées. Comment ? Principalement au moyen de sept résolutions prises lors de sept assemblées par les partisans de la Watch Tower au cours des années 1922 à 1928.7 Pourtant aujourd'hui, aucune de ces déclarations de l'organisation et des événements des années 1920 n'est connue de la majorité des Témoins de Jéhovah, comme la plupart des personnes dans le reste du monde. Je doute sérieusement qu'il y ait un membre du Collège central des Témoins de Jéhovah ( à part Fred Franz, le rédacteur de deux des livres donnant cette interprétation), essayant d'expliquer un détail de l'interprétation du déversement de bols et de plaies ainsi que de leurs présumés accomplissements. Si quelqu'un devait les questionner au sujet de l'accomplissement, ils ne pourraient seulement répondre qu'en lisant directement une publication de la Watch Tower faisant cette interprétation. Les prophéties du livre de Daniel reçoivent un traitement semblable. Daniel 8:13, 14 parle d'une "transgression provoquant la désolation" qui affecte le "lieu saint de Dieu" ou sanctuaire et poursuit en disant : Jusqu’à deux mille trois cents soirs [et] matins ; et, à coup sûr, [le] lieu saint sera établi dans sa vraie condition. Le livre Que ta Volonté soit Faite sur la Terre (pages 210 à 218) déclare que cette période débuta le 25 mai 1926 et s'acheva le 15 octobre 1932. Que s'est-il passé alors? La première, en 1926, a marqué le début d'une assemblée de la Watch Tower tenue à Londres, lors de laquelle une résolution condamnant la Société des nations a été adoptée. Seul un journal, le Daily News de Londres, a consacré une page entière à l'événement. Le livre dit (page 213) que les autres "journaux de Londres passèrent sous silence la nouvelle la plus importante la plus sensationnelle de tous les temps." Ainsi, le rédacteur du livre réussit à convertir cette simple indifférence en une sorte de conspiration. Enfin le 15 octobre 1932, est considéré comme exacte parce qu'un numéro de la Tour de garde portant cette date demandait la suppression des "anciens élus" dans toutes les congrégations. (En réalité, ce fut non seulement l'élection des anciens dans les congrégations, mais l'élimination complète du collège des anciens, ceux-ci n'étant rétablis que seulement 40 ans plus tard dans les années 1970; cette suppression du collège des anciens a permis la centralisation de toute l'autorité administrative au siège de Brooklyn.)8 L'application des prophéties Biblique à des événements, qui sont bien souvent insignifiants, témoigne vraiment d'une imagination débordante, mais non d'une fidélité ou de l'adhésion fidèle aux Écritures. C'est un clair exemple de provincialisme. Le rejet par la suite de nombreux accomplissements prétendus prophétiques démontre qu'il en est bien ainsi. 8 Comme il a été dit, Rutherford a justifié cette action énergique en présentant les "anciens élus" comme une classe de personnes non coopératives, s'opposaient ou étaient faibles dans l'activité de porte en porte et dans des activités semblables. Peu de personnes réfléchissent à ce que des hommes comme Fred Franz et une foule d'autres très célèbres dans l'organisation étaient des anciens élus en ce temps-là. En passant, il n'est jamais dit non plus que Rutherford n'a pas participé à l'activité de porte en porte. ( A la recherche de la liberté chrétienne - Page 401 - Raymond FRANZ). La Watch a du mal à se détacher des interprétations franzienne, les dates changent mais pas la méthode ... D'un autre côté comment interpréter des périodes sorties de leurs contextes pour les reporter à notre époque ??? F.FRANZ avait la mauvaise habitude de vouloir TOUT expliquer, rien ne devait rester inexpliqué. 26 Pour que “ le lieu saint ” soit “ établi ”, ou restauré, dans ce qu’il doit être, il faut que les 2 300 jours aient commencé au moment où, auparavant, il était dans la “ vraie condition ” du point de vue de Jéhovah. Au plus tôt, c’était le 1er juin 1938, quand La Tour de Garde en anglais (édition française du 1er août) a publié la première partie de l’article intitulé “ Organisation ”. La deuxième partie a paru dans le numéro du 15 juin 1938 (du 15 août en français). Si on compte 2 300 jours (6 ans, 4 mois et 20 jours dans le calendrier hébreu) à partir de la quinzaine du 1er au 15 juin 1938, on aboutit à la période du 8 au 22 octobre 1944 . Le premier jour d’une assemblée spéciale tenue à Pittsburgh, en Pennsylvanie (États-Unis), les 30 septembre et 1er octobre 1944, le président de la Société Watch Tower a abordé le sujet “ L’ordre théocratique à notre époque ”. À l’assemblée générale annuelle, le 2 octobre, des amendements ont été apportés aux statuts de la Société dans le but de les conformer à l’organisation théocratique aussi étroitement que la loi le permettait. Grâce à la publication d’éclaircissements sur les exigences bibliques, l’organisation théocratique n’a pas tardé à être mieux implantée dans les congrégations des Témoins de Jéhovah. https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101999029 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 03 Oct 2024, 15:12 | |
| Le mot "provincialisme" nous revient de son usage américain avec un sens paradoxalement généralisé de "particularisme-en-général", applicable non plus seulement à une "région" géographique mais à n'importe quel groupe ou organisation, fût-il "mondial", et à son illusion de perspective "groupo-centrée", qui rapporte tout à lui-même...
Même si la plupart de ces élucubrations datent de l'ère Rutherford, elles correspondent parfaitement à l'idiosyncrasie de Freddie, complètement indifférent à la perception ou à la réception extérieure de ses propos (on le diagnostiquerait probablement aujourd'hui "autiste", même si c'est une catégorie trop vaste pour signifier grand-chose de précis). Je crois que je n'ai jamais entendu aucun TdJ évoquer toutes ces dates (postérieures à 1914) spontanément, en dehors de la lecture obligée des publications; moi-même qui avais à l'époque une excellente mémoire, je n'ai jamais réussi, ni même cherché, à les retenir... Je les avais notées dans les marges de ma bible, au cas où, mais je n'en aurais jamais parlé de moi-même; je me souviens au contraire de mon embarras quand par extraordinaire des "étudiants" venaient à une réunion et tombaient sur ce genre d'explication que j'aurais été incapable de soutenir moi-même. Il me semble d'ailleurs que si personne ne pouvait y croire, aucun "apostat" n'aurait eu l'idée de contester ce genre de chose: ça n'en valait pas la peine.
Par le fait même que c'est incompréhensible et invraisemblable, et de plus en plus à mesure que le temps passe, ça perd aussi le peu d'importance que ça a jamais pu avoir: les adventistes du 7e jour ont toujours 1844 quelque part dans leur fonds doctrinal et ça ne les a pas empêchés d'évoluer tout autrement... |
| | | free
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 10 Oct 2024, 14:55 | |
| Questions de lecteurs
● La Bible s’oppose-t-elle à ce qu’on fasse don de son corps pour qu’il serve à des expériences médicales, ou qu’on accepte que certains de ses organes soient prélevés pour être greffés sur une autre personne ? — W. L. USA.
Quand un organe est malade ou en mauvais état, le moyen habituel de lui rendre la santé consiste à prendre des aliments nutritifs. L’organisme utilise cette nourriture pour réparer ou guérir l’organe dont il remplace graduellement les cellules. Quand des hommes de science, ayant constaté que ce processus normal ne s’accomplissait plus, conseillent d’extirper l’organe et de le remplacer immédiatement par un autre organe prélevé sur un autre humain, cela équivaut à prendre un raccourci. Ceux qui se soumettent à de telles opérations se nourrissent donc de la chair d’un de leurs semblables. C’est du cannibalisme. Cependant, en permettant à l’homme de manger de la viande, Jéhovah Dieu ne l’autorisa pas à tenter de prolonger son existence en imitant les cannibales et en introduisant dans son corps de la chair humaine, qu’elle soit mastiquée ou incluse sous la forme d’organes entiers ou de parties du corps prélevés sur d’autres humains.
Il est intéressant de noter que dans sa discussion du cannibalisme, l’Encyclopædia of Religion and Ethics, éditée par James Hastings, tome III, page 199, comporte une partie intitulée “Cannibalisme médical”. D’après cet ouvrage, à ce cannibalisme se rattache l’idée de puiser des forces ou quelque vertu médicale dans la chair d’une autre créature humaine. On y lit encore ceci : “C’est en Chine que l’on rencontre l’exemple le plus remarquable de cette pratique. Parmi les pauvres, il n’est pas rare de voir une personne couper, dans un bras ou une jambe, un morceau de sa chair qu’elle fait cuire avant de le donner à manger à un parent malade (...). Toute la superstition en Chine se rapporte à l’idée que celui qui se nourrit de chair humaine reprend des forces (...). Parmi les sauvages, il est courant de faire boire à un malade du sang tiré des veines d’un parent.” Certains diront peut-être que les pratiques thérapeutiques impliquées dans les greffes d’organes accomplies à notre époque, sont plus scientifiques que ce traitement primitif. Néanmoins, il est évident que les médecins n’ont pas hésité à prescrire des traitements équivalant à du cannibalisme lorsqu’ils jugeaient que ces traitements étaient justifiés.
(...)
Il ressort de cette discussion que les chrétiens qui sont éclairés par la Parole de Dieu n’ont pas besoin de faire reposer leurs décisions relatives à ces questions sur des caprices ou des sentiments personnels. Ils considèrent les principes divins qui sont rapportés dans les Écritures et y conforment leurs décisions tout en se tournant vers Dieu pour recevoir sa direction, en se confiant en lui et en mettant leur espoir dans l’avenir qu’il tient en réserve pour ceux qui l’aiment. — Prov. 3:5, 6 ; Ps. 119:105.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1967845?q=greffe+organe&p=par#h=6
Questions des lecteurs
● La congrégation doit-elle prendre des mesures disciplinaires à l’encontre d’un chrétien baptisé qui accepte la transplantation d’un organe humain, tel qu’une cornée ou un rein?
En ce qui concerne la transplantation de tissus ou d’os d’un corps humain dans un autre, il appartient à chaque Témoin de Jéhovah de prendre une décision en accord avec sa conscience. Certains chrétiens peuvent avoir le sentiment qu’accepter la greffe d’un tissu ou d’une partie quelconque du corps d’un autre humain est du cannibalisme. Soutenant que le transplant est destiné à devenir partie intégrante de l’organisme du receveur et à le maintenir en vie et en état de fonctionner, ils ne voient peut-être aucune différence fondamentale entre cette opération et l’ingestion de chair. Une telle façon de voir peut reposer sur le fait que lorsque Dieu permit à l’homme de manger la chair des animaux préalablement vidés de leur sang, il ne lui dit pas qu’il pouvait manger la chair de ses semblables. Les chrétiens dont nous parlons peuvent aussi se référer à la façon dont on considérait l’anthropophagie aux temps bibliques (voir, par exemple, les récits de II Rois 6:24-30, de Deutéronome 28:53-57 et de Lamentations 2:20 et 4:10). Quand, selon Jean 6:48-66, Jésus parla de manger sa chair et de boire son sang au sens figuré, certains de ses disciples qui entendirent ces paroles, mais qui n’en comprirent pas la signification spirituelle, s’en scandalisèrent et cessèrent de le suivre. Ceci montre bien comment certains hommes réagissaient à l’idée de consommer de la chair humaine.
D’autres chrétiens sincères peuvent cependant répondre que la Bible n’interdit pas expressément les transplantations d’organes, et que, dans certains cas, le transplant humain n’est pas destiné à toujours rester tel quel dans l’organisme du receveur. On dit en effet que les cellules du corps se renouvellent tous les sept ans environ, ce qui serait également vrai de n’importe quel tissu transplanté. Certains chrétiens ajouteront que les transplantations d’organes diffèrent du cannibalisme en ce qu’on ne tue pas le donneur pour se nourrir de sa chair. Des personnes qui étaient sur le point de mourir ont fait don volontairement de quelques-uns de leurs organes pour que ceux-ci servent à des transplantations. Si, maintenant, la greffe nécessite un apport de sang étranger, elle va alors incontestablement à l’encontre des commandements divins. — Actes 15:19, 20.
Il est évident que les avis et les consciences sont partagés sur cette question des transplantations. Nul n’ignore que l’emploi de composants du corps humain va de petits éléments tels que les hormones et les cornées aux organes vitaux que sont les reins et le cœur. Bien que la Bible interdise formellement la consommation du sang, elle ne renferme aucun commandement précis condamnant la greffe d’autres tissus humains. Chaque chrétien qui se trouve dans l’obligation de prendre une décision devrait donc peser avec soin et dans la prière les facteurs impliqués et décider, en accord avec sa conscience, de ce qu’il peut ou ne peut pas faire devant Dieu. Il s’agit là d’une affaire personnelle (Gal. 6:5), et le comité judiciaire de la congrégation ne prendra aucune mesure disciplinaire si quelqu’un accepte une transplantation d’organe.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1980212
Je garde un souvenir très vif de l'article de 1980 qui m'avait apporté un "vrai soulagement" face à l'interdiction des greffes, je sentais bien, à l'époque, qu'il fallait plus de pondération, sans être capable de critiquer la mécanique intellectuelle de la Watch (En réalité de F.FRANZ). .
F.FRANZ avait la capacité d'écrire une chose et son contraire avec une argumentation rigoureuse et "biblique" mais avec des montages différents. En 1967, "les chrétiens" devaient considérer les greffes d'organes comme du "cannibalisme" et donc, prendre en considération les textes bibliques fournit par F.FRANZ comme des ordres auxquels ils devaient se conformer, alors qu'en 1980, cette question relevait de la conscience. Comment F.FRANZ percevait-il ces évolutions de la (ses) "vérité" ? Pourquoi ces obsessions concernant les greffes, les transfusions sanguines ? |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 10 Oct 2024, 15:23 | |
| L'argument "cannibale" se heurtait quand même à un problème de taille: nulle part "la Bible" n'interdisait l'anthropophagie -- tout simplement, d'un point de vue historico-critique qui n'était évidemment pas celui de la Watch, parce que la pratique était hors champ culturel du contexte de ses rédactions, même les plus anciennes: il n'y en avait tout simplement pas (plus) dans le monde des auteurs et des premiers lecteurs, pas plus chez les "païens" (connus, proches ou accessibles) que chez les "Juifs", la question ne se posait donc pas (ça me rappelle une plaisanterie de ma jeunesse: il n'y a plus de cannibales, on a mangé le dernier ce matin).
En revanche, SANS l'argument "cannibale", le raisonnement contre les transfusions sanguines (qui assimilait la transfusion à une alimentation) perdait beaucoup de sa cohérence théorique: comment justifier l'extension d'un interdit alimentaire à un geste médical, si par ailleurs une greffe n'était plus comparable à un "cannibalisme" ?
Je ne sais pas (plus) dans quelle mesure l'obsession "médicale" de la Watch, depuis les années 1940 au moins (non seulement sur les transfusions et transplantations, mais aussi sur les vaccins p. ex.), était due à F.W. Franz ou à d'autres collaborateurs (p. ex. Woodworth, cf. ici), pendant et après l'ère Rutherford. Toujours est-il que l'attitude "obsessionnelle" consistant à pousser un raisonnement jusqu'à ses conséquences extrêmes, par souci de cohérence théorique, dans une indifférence presque totale à ses conséquences pratiques, était bien un trait de Freddie -- qui aurait pu être compensé par le pragmatisme de Knorr, mais en l'espèce ne l'a pas été...
Je ne reviens pas (trop) sur un aspect de la question dont j'ai (trop) souvent parlé, parce qu'il m'a beaucoup affecté personnellement à un certain moment, à savoir la lâcheté terrible qu'il y a, après avoir interdit telle ou telle chose et justifié cette interdiction par un argument "logique", à se replier et à se défausser sur la "conscience" individuelle -- ce qui condamne précisément les plus "faibles" au sens paulinien, les plus consciencieux et les plus scrupuleux, ceux qui ont intégré par le même souci obsessionnel le raisonnement qui leur semblait le plus cohérent et le plus rigoureux, parce qu'il leur semblait aussi le plus sûr, à se démerder tout seuls avec leur propre "conscience", pourtant formée intégralement par la Watch, dans sa structure et son fonctionnement "obsessionnels" comme dans son "contenu" -- Watch qui désormais s'en lave les mains puisqu'elle n'interdit plus, sans avoir le courage d'user de son "autorité" pour autoriser franchement. A vrai dire seuls peuvent survivre dans un tel système ceux qui n'ont aucune "conscience personnelle", et qui peuvent dès lors suivre les instructions de la Watch à mesure qu'elles sortent, en comprenant à demi-mot que tout ce qui n'est pas interdit est permis: pour ceux-là, que ce qui était interdit hier soit permis aujourd'hui ne pose aucun problème. La conscience est peut-être toujours soluble dans l'obéissance, mais pas à la même vitesse pour tout le monde... |
| | | free
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Ven 11 Oct 2024, 16:10 | |
| À la fin de ce même périodique de la Tour de garde du 1 mai 1981, une "Question des Lecteurs" (tirée aussi du discours du président lors la réunion annuelle de société) pose cette même question que l'ont peut ici voir.
• Puisque le mot “organisation” ne figure pas dans la Bible, pas même dans le texte original, de quel droit disons-nous que Dieu possède une organisation ou parlons nous de l’organisation de Dieu ?
En hébreu moderne, le mot “organisation” peut se traduire par irgun. Ce nom vient du verbe erag, qui signifie “disposer en rang” ou “suivre”. Or, une organisation est bien un agencement de choses (voyez, par exemple, l’édition en hébreu du livre “Choses dans lesquelles il est impossible à Dieu de mentir”, chapitre 17, paragraphe 28).
La langue hébraïque dispose d’un autre équivalent du mot “organisation”. C’est le mot histadruth. Il provient, lui, d’un vocable qui se trouve dans le texte original des Écritures hébraïques. Les lettres radicales (ou lettres de base) de ce mot sont les consonnes s, d et r. Ces trois consonnes servent à former le verbe hébreu sadar, qui signifie, au sens premier, “disposer en ordre”, donc créer un certain agencement. La forme réfléchie du verbe sadar sert à construire le nom histadruth, qui signifie “organisation”.
Si ce mot n’apparaît pas dans les Écritures hébraïques inspirées de Dieu, on y rencontre en revanche, en Job 10:22 le nom hébreu seder, qui lui est apparenté. Dans le passage en question, seder est employé au pluriel et s’écrit donc s´darim. La Bible de Glaire rend Job 10:22 comme suit: “Terre de misère et de ténèbres, où règne l’ombre de la mort, et, où il n’y a aucun ordre [s´darim], mais où habite une éternelle horreur.” (Voir aussi les Bibles de l’abbé Drioux et de Saci). La Traduction du monde nouveau met: “Au pays d’une noirceur pareille à l’obscurité, de l’ombre profonde et du désordre [lo s´darim], où cela ne rayonne pas plus que l’obscurité.” (Voir aussi la Bible de Jérusalem). Les expressions “désordre” ou “aucun ordre” désignent ici une absence d’agencement ou un état de désorganisation.
Les Juifs utilisent toujours le mot seder pour désigner une division de la Mishna. Sous le mot Mishna, la Cyclopædia de M’Clintock et Strong dit ceci: “La Mishna est divisée en six parties ([...], Sedarim, dispositions), composées de 62 traités (...) et de 514 chapitres (...). Ces derniers sont encore divisés en sections.”
Dans le texte original de la Bible hébraïque, on rencontre donc le mot “ordre” ou “agencement”. Soulignant la nécessité de l’ordre dans la congrégation chrétienne, l’apôtre Paul écrivit aux chrétiens de Corinthe: “Car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix, comme dans toutes les assemblées des saints. Mais que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre [dans les versions hébraïques: s´darim n´khonim].” (I Cor. 14:33, 40, Bible de Darby, Parole vivante). Ce conseil apostolique du premier siècle s’applique avec autant de force aujourd’hui à toutes les congrégations des témoins chrétiens de Jéhovah. L’apôtre Paul écrivit dans le grec commun de l’époque, et, dans cette langue, le mot pour “organisation” était organosis. La racine de ce mot est ergon, qui signifie “travail” et que l’on retrouve à maintes reprises dans les Écritures grecques chrétiennes.
Il apparaît excessif, à la lumière des Écritures, de dire que Dieu n’a pas d’organisation parce que les équivalents hébreu et grec ne figurent pas dans les textes originaux. Dieu montre en toutes choses qu’il a des talents d’organisateur. Que se passerait-il s’il n’organisait pas ses créatures obéissantes ? Au sens de structure, une organisation est un ensemble de personnes intelligentes que l’on a réunies et ordonnées de façon qu’elles travaillent dans la paix et l’harmonie à un but commun qui est celui de l’organisateur.
Dieu est souvent appelé “Jéhovah des armées”. Or, une armée est un corps de troupes organisé. Comme confirmation que Dieu possède bien une organisation, nous trouvons l’exhortation suivante adressée à cette organisation: “Bénissez Jéhovah, ô vous, ses anges, puissants par la force, qui exécutez sa parole, en écoutant la voix de sa parole. Bénissez Jéhovah, vous, toutes ses armées, vous, ses ministres, qui faites sa volonté. Bénissez Jéhovah, vous, toutes ses œuvres, en tous lieux de sa domination.” (Ps. 103:20-22). Jéhovah possédait une organisation de créatures spirituelles célestes avant même de créer notre terre et d’y placer l’homme.
En différentes circonstances, Dieu a parlé de cette organisation en termes imagés. Il le fit pour la première fois en Genèse 3:15, lorsqu’il parla d’elle comme d’une “femme” qu’il opposa au “serpent”, symbole de Satan le Diable (voir Genèse 3:14; Révélation 12:9). Ce rebelle a imité Dieu et formé à son tour une organisation hostile à la “femme” symbolique de Dieu.
(...)
Il est facile d'être submergé par le nombre de mots dans de très longues explications. Reportons nous de nouveau à la "Questions des Lecteurs" et ses cinq premiers paragraphes couvrant la moitié d'une page. Ce document, en constituant le plus gros de la réponse à la question "tendancieuse", est remplie d'explications techniques, de termes hébraïques et grecs. Cela aide peu à éclaircir la question, mais a pour but d'impressionner le lecteur par la connaissance intellectuellement supérieure du rédacteur.13 Le lecteur, trouvant trop difficile de voir quelle est la pertinence de ces points, puisse finir par supposer que c'est en raison de sa connaissance ou éducation limitée.14 C'est de l'intimidation intellectuelle.
En réalité, ce que l'on dit dans ces cinq paragraphes complexes pourrait être simplement et succinctement résumé ainsi :
Une organisation est une disposition ordonnée.
Bien qu'il y ait un mot hébreu pour "organisation", il n'apparaît pas dans la Bible, mais le mot hébreu pour "ordre" ou "disposition" lui apparaît. (Job 10:22)
Il devrait y avoir de l'ordre et de la disposition dans la congrégation chrétienne. (1 Corinthiens 14:33, 40)
Il y a un mot grec pour "organisation" mais cela n'apparaît pas dans la Bible non plus, bien que la racine dont il est tiré apparaisse vraiment souvent.
D'accord, cela n'est pas très impressionnant, pourtant ceci est une forme simple, intelligible, de ce que l'on a vraiment dit, exprimé de façon complexe dans ces cinq paragraphes. Qu'il devrait y avoir de l'ordre et la disposition dans la congrégation chrétienne n'a jamais été remis en question. Le document évite la vraie question et ne fournit pas de preuve dans son soutien du développement d'une structure d'autorité ecclésiastique comme est trouvée dans l'organisation contemporaine des Témoins de Jéhovah - le véritable sujet en question.
C'est une bonne pratique, alors, de mettre à bas un très long argument en indiquant a simplement les idées principales, énumérer peut-être même celles-ci sur un papier si nécessaire pour voir s'ils vraiment s' "empilent" de manière à prouver un argument. Il est bon de se demander, non seulement ce qui est expliqué, mais ce qui ne l'est pas. Le document cité, par exemple, n'explique pas pourquoi, en raison de l'absence reconnue de l'expression "organisation" dans la Bible, les publications de Watch Tower l'utilisent constamment comme une expression de choix, pourquoi, dans la référence à l'association internationale des Témoins ils ne préfèrent pas mettre l'accent principal sur les termes que la Bible utilise réellement, comme "la congrégation" ou "la maison [de Dieu]," "l'association des frères," les termes trouvés dans leur propre Traduction du monde nouveau, plutôt que de poser une telle accentuation, constante et pesante sur l'expression non-biblique d' "organisation."
(A la recherche de la liberté chrétienne - Page 411).
Le style littéraire et la façon d'argumenter de F.FRANZ étaient vrais particuliers, ils avaient exercé une forte impression sur ma personne durant ma jeunesse en suscitant une réelle admiration pour le savoir ainsi exposé ce qui soulignait ma réelle ignorance, ceci expliquant cela. |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Ven 11 Oct 2024, 17:10 | |
| C'est ce qu'on appelle, en français, "noyer le poisson".
En l'espèce, la question, pour être plus brève, était aussi idiote que la réponse: qu'un mot (anglais ou français) soit ou ne soit pas dans "la Bible" n'a strictement aucune importance dès lors qu'il s'agit d'une traduction (d'autres mots, d'autres langues, d'autres époques, d'autres contextes). Il serait plus pertinent de se demander si le signifié, la notion ou le concept moderne d'"organisation" a des analogies dans les textes bibliques, et alors en effet il n'en manquerait pas: des "armées" de l'AT à la métaphore du "corps" dans les textes pauliniens et post-pauliniens, très proche de notre notion d'"organisme" qui souligne à la fois la différence et la coordination de membres-parties-organes comme unité collective du multiple, on est bien sur la ligne métonymique qui aboutit, entre autres, aux concepts modernes, technicistes, industriels, corporatistes, politiques ou administratifs d'"organisation": le "système" (vieux mot grec) qui fait un tout unique et fonctionnel de parties diverses, selon une analogie architecturale (maison, temple) ou mécanique (machine, machin). Sans oublier tous les textes narratifs, descriptifs, prescriptifs, plutôt tardifs, qui témoignent de ce que nous appelons "organisation" dans le judaïsme du Second Temple ou dans le christianisme ancien: classes de prêtres, de lévites et de chantres dans les Chroniques, sanhédrin-conseil dans le NT, apôtres, anciens, émissaires apostoliques (Timothée-Tite), épiscopes et diacres dans les Pastorales ou les Actes.
L'argumentation polyglotte ne peut guère impressionner que les monolingues, ceux qui la lisent ou l'entendent dans leur langue "maternelle" sans aucun élément de comparaison -- ce qui est de plus en plus rare, sauf pour les anglophones. Pour moi qui depuis l'adolescence jouais au moins de l'anglais et du français, ne serait-ce que pour lire le livre Aid et d'autres publications qui n'étaient pas encore traduites, à coups de dictionnaire d'abord, ça avait plutôt l'effet contraire... De même les "typologies" franziennes, qui comme je l'ai déjà dit me paraissaient toujours farfetched, ou "tirées par les cheveux". Par contre, je me reconnais volontiers rétrospectivement une affinité profonde avec Freddie, un goût obsessionnel de la cohérence théorique, du "système" précisément, qui était aussi très présent chez moi depuis mon adolescence -- s'émoussant progressivement, au Béthel, avec une certaine expérience "littéraire", de traduction des textes de la Watch et de lecture d'autres textes, pour s'effondrer finalement d'un seul coup et basculer peut-être dans un excès opposé, l'horreur du "système".
Cela m'évoque une comparaison qui peut paraître curieuse, tant les personnages et les contextes diffèrent: quand je pense à Fred Franz, c'est-à-dire à l'idée que je m'en fais d'après la pratique de ses textes, la lecture de son neveu et la rétrospection de mon propre passé, je pense à Kant, au Kant de la controverse avec Benjamin Constant, celui qui estimait qu'il ne faut jamais mentir, même pour sauver un ami des tueurs qui le poursuivent, parce que le mensonge n'est pas un principe universalisable (sur ce point précis Franz était d'ailleurs plus "souple", avec la "stratégie théocratique", la "vérité" n'étant pas "due" à tout le monde); je pense aussi à Blocher, que j'ai connu plus tard chez les "évangéliques", où j'ai retrouvé le même trait de caractère, avec une compétence nettement supérieure (à Franz, peut-être pas à Kant): un besoin obsessionnel de cohérence théorique, dût-elle se prêter à tous les accommodements "pratiques" -- car l'homme était aussi intransigeant en théorie qu'accommodant en pratique. D'une certaine façon tous ceux-là j'ai l'impression de les comprendre, parce que par d'autres chemins je suis passé dans les mêmes parages. J'aurais aussi pu (irréel du passé) devenir inquisiteur, mollah ou taliban dans d'autres circonstances, si le goût de la cohérence systématique ne m'avait pas passé. |
| | | free
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| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 17 Oct 2024, 15:22 | |
| Les Autorités Supérieures
La compréhension initiale (au temps du Pasteur Russell) était que cette expression faisait allusion aux autorités gouvernementales de la terre, à qui les Chrétiens doivent se soumettre, en payant des taxes, en rendant l'hommage et l'honneur (comme les versets 6 et 7 le montrent de façon tout à fait évidente). Au temps du Juge Rutherford ceci fut nié et la Watch Tower a déclarée catégoriquement (en 1929) que les "puissances supérieures" étaient plutôt Dieu et Christ. Elle a dit que ces "puissances" n'avaient aucun rapport avec les autorités séculaires; cet avis était complètement inacceptable. Ceci fut acclamé comme la preuve de la "lumière croissante" de la vérité du peuple choisis par Dieu.51
Trente ans plus tard, en 1962, cette "lumière croissante" a été rejetée et l'avis a été réinstitué que l'expression en fait s'appliquait vraiment aux autorités séculaires. Notez, toutefois, comment l'article de Tour de garde de 1982 (la page 29) présente le problème :
14 En 1962, Jéhovah fit comprendre à son peuple le principe de la soumission relative. On comprit que les chrétiens qui se sont voués à Dieu doivent obéir aux chefs séculiers en les considérant comme des “autorités supérieures” et en les reconnaissant volontiers comme un “ministre” ou un serviteur de Dieu pour leur bien (Rom. 13:4). Mais que faut-il faire si ces autorités demandent de transgresser les lois de Dieu? Jusque-là, les chrétiens ont obéi au commandement de Romains 13:1, qui dit: “Que toute âme soit soumise aux autorités supérieures.” Mais cet ordre est à comprendre à la lumière des paroles de Jésus rapportées en Matthieu 22:21, ou nous lisons : “Rendez donc les choses de César à César, mais les choses de Dieu à Dieu.” Par conséquent, chaque fois que “César” demande aux chrétiens de désobéir à la volonté de Dieu, ceux-ci doivent faire passer la loi de Dieu avant celle de “César”.
Comme on peut le voir, la prétention est faite qu'il y a eu un réel progrès, qu'en 1962 les Témoins de Jéhovah - apparemment pour la première fois! - ont compris le principe "de la soumission relative," et bien qu'en étant soumis aux autorités séculaires ils ne pouvaient pas leur être soumis totalement. Si ces "autorités supérieures" leur ont demandé de faire des choses violant les lois de Dieu, ils ne pourraient pas obéir.
Peut-être l'auteur de l'article a écrit dans l'ignorance des faits, bien que l'on suppose qu'il a étudié son sujet. Le fait est que la compréhension correcte exposée n'était nullement nouvelle; à l'époque de Russell on avait toujours compris que la soumission aux autorités séculaires était seulement une soumission relative, conditionnée aux demandes des autorités n'étant pas en conflit avec les exigences de Dieu. Déjà en 1886, le livre le Divin Plan des Âges, à la page 266, expliquait :
La connaissance de cela comme s'agissant du dessein de Dieu, ni Jésus ni les apôtres ne se sont mêlés aux dirigeants terrestres de toute façon. Au contraire, ils ont appris à l'Église à se soumettre à ces pouvoirs, même s'ils souffraient souvent de leur abus de pouvoir. Ils ont appris à l'Église à obéir aux lois et respecter celle de l'autorité à cause de leur service, même s'ils n'étaient pas personnellement dignes de l'estime; payer leurs taxes requises et, sauf où elles étaient en conflit avec les lois de Dieu (Actes 4 : 19; 5 : 29), n'offrir aucune résistance à la loi établie. (Rom. 13 : 1-7; Mat. 22 : 21.) le Seigneur Jésus et les apôtres et la première Église étaient tous respectueux de la loi, bien qu'ils en étaient séparés et ne prenaient aucune part aux gouvernements de ce monde.
La Tour de garde du 15 mars 1982,, fait allusion aux déclarations (réalisé en 1904) aux conséquences que des Chrétiens puissent servir dans l'armée sans avoir réellement à tirer sur quelqu'un. Ceci est cité comme la preuve que ces premiers Étudiants de Bible n'ont pas correctement compris le principe de la soumission relative. L'article, revenant en arrière jusqu'en 1904, apparemment "tourne autour" d'une preuve peu satisfaisante sur le chemin, naviguant aux alentours de l'article de la Tour de garde du 1er septembre 1915. Là, sous le titre "Le Devoir chrétien et la Guerre," le Pasteur Russell fit ces observations :
Dans les ÉTUDES DES SAINTE ÉCRITURE, Vol. VI., nous avons présenté une suggestion que les disciples de Christ recherchent par tous les moyens nécessaires d'éviter la participation à la guerre. Nous avons là suggéré la possibilité, qu'en cas de la conscription les disciples du Seigneur devraient faire jouer toute leur influence afin d'obtenir, des postes dans le Corps Hospitalier ou dans le Département des Fournitures de l'armée, plutôt que dans la guerre réelle. Nous avons suggéré davantage que s'il était impossible d'éviter d'entrer dans les tranchées, il ne serait toujours pas nécessaire de violer l'exigence divine, "Tu ne tueras point."
Nous nous sommes demandés depuis si le sens que nous avons suggéré est le meilleur. Nous nous demandons si un tel sens ne signifierait pas une compromission. 'Nous pensons que devenir un membre de l'armée et mettre l'uniforme militaire implique les devoirs et les Obligations d'un soldat comme reconnu et accepté. Une protestation faite à un officier serait insignifiante - le public n'en saurait rien en général. Le chrétien ne serait pas vraiment hors de son endroit dans de telles conditions ?
"Mais," quelqu'un peut répondre, "si quelqu'un devait refuser l'uniforme et le service militaire il serait fusillé."
Nous répondons que si la présentation a été correctement réalisée il pourrait y avoir quelque justification; mais sinon, serait-il pire d'être fusillé à cause de la fidélité au Prince de Paix et de refuser de désobéir à son ordre que d'être abattu sous la bannière de ces rois terrestres et de leur apporter apparemment l'appui et, en apparence au moins, en compromettant les enseignements de notre Roi céleste ? Des deux morts nous préférerions la première - préférer mourir à cause de la fidélité à notre Roi céleste.
Nous ne préconisons rien en ce sens. Nous suggérons simplement. La responsabilité repose complètement au niveau de chaque individu. Nous renvoyons notre responsabilité vers nombre d'étudiants de Bible qui nous posent la question en respectant l'esprit du Seigneur sur ce sujet. Nous leur avons donné nos meilleures pensées auparavant, mais craigne maintenant que nous soyons trop conservateurs.
La seule différence entre la position alors exposée et prise par l'organisation aujourd'hui est que Russell n'a pas essayé d'imposer cette position du service hospitalier aux autres, mais a laissé leur conscience individuelle le choix de ce qu'ils décideraient.
La prétention, alors, que à l'époque de Russell il y avait un manque de compréhension quant à la nature relative de la soumission aux autorités séculaires est manifestement fausse. Il détourne simultanément l'attention de la question fondamentale de l'identification des "pouvoirs supérieurs." En cela l'organisation a fait un revirement complet et absolu. Même si la compréhension de la soumission relative avait changé aux derniers moments, cela ne changerait toujours pas d'un iota le fait qu'une définition complètement fausse des "pouvoirs supérieur" a été adoptée et tenue pendant trente ans avant de revenir à la définition correcte.
(A la recherche de la liberté chrétienne - Page 434 -435).
F.FRANZ avait cette "capacité" à se raconter des histoires et d'y croire, alors qu'il connaissait très bien, les points mentionnés par Raymond. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz Jeu 17 Oct 2024, 16:43 | |
| Cf. p. 484ss de l'édition américaine précitée (et nettement plus lisible).
Ce qui me frappe, c'est qu'aucun des deux Franz (oncle et neveu) ne semble vraiment s'interroger sur les implications morales et/ou religieuses d'un changement de contexte, entre les textes "bibliques" (du NT en l'occurrence) et la situation présente qui est celle de leur lecture: de la gestion "mondiale" et autoritaire (impériale) de l'empire romain sur laquelle aucun individu ordinaire, même "citoyen", et aucune communauté n'avaient la moindre prise, à l'Etat-nation moderne, notamment dans sa forme démocratique à l'américaine, la "politique" n'est pas la même, et pas non plus la "responsabilité" de l'individu ou de la communauté (religieuse p. ex.) qui en contexte "démocratique" devient aussi responsable, qu'il ou elle le veuille ou non, de ne pas voter, ou de ne pas défendre tel régime ou tel programme politique contre tel autre, et ainsi de suite.
Il ne faut pas négliger les tendances politiques (sous-jacentes ou cryptiques), même chez les soi-disant "apolitiques": il y avait eu chez Rutherford une tendance "populiste" et "antidémocratique" (si contradictoire que ça paraisse) qui n'existait pas chez Russell, qui s'est d'abord traduite par le rejet de la "démocratie interne" (les "anciens" élus par les assemblées locales) au profit d'une prétendue "théocratie" (qui n'était en fait que l'autocratie de Rutherford lui-même), avant de l'entraîner très près du nazisme dans les "relations extérieures" (lettre à Hitler). Il en restait sans doute quelque chose chez F.W. Franz, comme en témoigne sa préférence pour une présidence "monarchique" (à condition qu'il en soit l'éminence grise) contre la collégialité d'un "Collège central"; mais cela ne pouvait pas ne pas avoir été affecté par l'issue de la Seconde Guerre mondiale et la condamnation quasi universelle, fût-elle de façade, des fascismes, des nationalismes autoritaires et totalitaires en général -- condamnation surtout "occidentale", mais même l'U.R.S.S. a fini par désavouer Staline. Notons au passage qu'en ce qui concerne l'armée, la guerre et le service militaire, l'argumentation change du tout au tout selon qu'on passe d'une interprétation maximale, pacifiste et antimilitariste d'un "ne pas tuer" (Russell, d'après le Décalogue), à la simple exemption catégorielle (nous sommes "ministres", nous n'avons pas à participer au service militaire ni à la guerre, selon la typologie lévitique ou sacerdotale exploitée dans un sens juridique très américain par Rutherford)... |
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