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 Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz

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MessageSujet: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMar 10 Sep 2024, 16:17

A la mort du Juge Rutherford, le 8 janvier 1942, Nathan H. Knorr fut élu président à l’unanimité par les membres du Comité Directeur de la Société. La structure de l’organisation resta sensiblement la même, avec quelques réajustements car Knorr délégua quelques-unes de ses responsabilités. (Les circonstances avaient rendu cela nécessaire, le nombre de Témoins étant passé de 108.000 à la mort de Rutherford à plus de 2.000.000 sous la présidence de Knorr).

Knorr n’était pas un écrivain, ni particulièrement érudit pour ce qui est des Ecritures, et il se reposait sur Fred Franz (le vice-président), le considérant plus ou moins comme l’arbitre suprême pour les questions bibliques, et le rédacteur principal de l’organisation. Les questions discutées lors des sessions du Collège Central (sujets évoqués plus haut dans ce chapitre), ont été, pendant des décennies, soumises à l’arbitrage de Fred Franz. Si le Président Knorr pensait que la décision pouvait avoir un effet négatif sur une activité de la Société quelque part dans le monde, il avait l’habitude d’en discuter seul à seul avec Fred Franz et il n’hésitait pas à faire savoir qu’une ligne de conduite plus pragmatique serait plus judicieuse, quitte à passer outre l’avis du vice-président si cela s’avérait nécessaire. Comme nous l’avons vu plus haut, cette étroite collaboration continua jusque dans les années 70, comme en témoigne la décision d’instaurer à nouveau des collèges d’anciens dans les congrégations. Cette décision-là reposait largement sur l’opinion et le point de vue d’une seule personne, le vice-président, et lorsqu’il changea d’avis en faveur du retour aux collèges d’anciens, le président donna son accord.

Il en allait de même pour tous les articles publiés. Le président choisissait les articles principaux qui seraient publiés dans La Tour de Garde parmi des textes soumis par différents rédacteurs, puis il les transmettait au Service de la Rédaction pour les corriger, les mettre au point et les peaufiner. Enfin, les textes étaient lus par le vice-président et le président, et, s’ils étaient d’accord, on les publiait. Karl Adams, responsable du Service de la Rédaction au moment où j’y arrivais en 1965, m’a expliqué que le président avait laissé toute latitude à ce service pour retravailler les textes. Il signala une exception, à savoir, tout ce qui était rédigé par le vice-président, disant: “tout ce qui vient de Frère Franz est considéré ‘comme bon pour la publication’ et ‘dispensé de toute correction’ ”.

Là encore, malgré tout, le président pouvait passer outre. Par exemple, en 1967, le Président Knorr nous envoya à Karl Adams, Ed Dunlap et moi–même, une copie de “Questions de lecteurs” que Fred Franz avait préparée et envoyée pour impression. 29 Tout juste un an auparavant, on avait publié un livre, écrit par Fred Franz, où il faisait remarquer que l’année 1975 marquerait la fin de 6.000 ans d’histoire humaine. Comparant ces 6.000 ans à six jours de mille ans chacun,
il avait écrit:

(...)

Ces déclarations provoquèrent parmi les Témoins de Jéhovah une excitation qu’on n’avait pas vue pendant de nombreuses décennies. Il se développa une vague d’espoir énorme, dépassant de loin le sentiment de la fin toute proche que moi et d’autres avions connu au début des années 40.

Nous étions donc stupéfaits de voir dans la “Question de lecteurs” que Fred Franz avait préparée, qu’il soutenait maintenant que la fin des 6.000 ans tomberait un an plus tôt que ce que disait le nouveau livre, donc en 1974 au lieu de 1975. D’après ce que Knorr a dit à Karl Adams, lorsqu’il prit connaissance du texte, il alla trouver Fred Franz et lui demanda la raison de ce changement inopiné. Franz répondit d’un ton sans réplique: “C’est ainsi. C’est 1974.

Ce changement gênait Knorr, aussi envoya-t-il une copie à chacun de nous trois, sollicitant notre avis. L’argumentation du vice-président reposait entièrement sur l’utilisation d’un nombre cardinal et d’un nombre ordinal dans l’histoire du Déluge dans la Genèse, chapitre 7 versets 6 et 11 (“six cents ans et six centième
année”). L’argument voulait démontrer que le décompte du temps dans le nouveau livre était décalé d’un an avec l’année du Déluge, et il fallait donc ajouter un an, ramenant la fin des 6.000 ans un an plus tôt, en 1974 au lieu de 1975.

Chacun de nous écrivit respectueusement que nous ne pensions pas que cet article devait être publié, car il pourrait avoir un effet extrêmement déstabilisant sur les frères.31 Le président fut évidemment de cet avis et ce fut l’une des rares fois où un article préparé par le vice-président ne fut pas publié.

(...)

Par conséquent, tout comme Russell en son temps et jusqu’en 1916, exerça seul un contrôle entier et total sur tout ce que publiait la Société Watch Tower, ou comme Rutherford le fit tout au long de sa présidence jusqu’en 1942, ainsi pendant la présidence de Knorr, l’exercice de l’autorité pour tout ce qui touchait à la préparation et à la présentation de la “nourriture spirituelle” pour la communauté des Témoins reposait sur deux ou trois hommes; ce n’était pas le fruit d’une “classe” de personnes qui aurait été soi-disant désignée par Christ pour “être établie sur tous ses biens”.36

La situation ne changea pas, même après que le Collège Central ait été élargi et comprenne d’autres membres en plus des sept membres du Comité Directeur. En 1975, au cours d’une session, un texte préparé par le vice-président pour un discours qui devait être prononcé lors d’un congrès fut mis en discussion. Il traitait de la parabole du grain de moutarde et de la parabole du levain (dans Matthieu chapitre 13) et apportait des arguments détaillés affirmant que “le royaume des cieux” dont Jésus parlait dans ces paraboles était en fait un “faux” royaume, une contrefaçon. Un des membres du Collège qui avait pu lire le document n’était pas convaincu par l’argumentation.

Après discussion, seuls cinq des quatorze membres présents (dont Knorr et Fred Franz) votèrent en faveur de l’utilisation du texte comme discours pour un congrès, les neuf autres membres votèrent contre. Il ne fut donc pas utilisé—en tant que discours—mais le texte apparut dans un livre distribué au congrès et quelques mois plus tard, dans La Tour de Garde.37 Alors que pratiquement deux tiers des membres présents du Collège avaient émis des réserves sur le sujet, la décision du président de le publier n’en fut pas le moins du monde affectée.

Non seulement le contenu des périodiques et de toutes les autres publications, mais aussi toutes les activités mondiales des Témoins de Jéhovah—la direction des quatre-vingt-dix Filiales (chaque Surveillant de Filiale considéré comme “ministre en charge du Christianisme dans tout le territoire qui lui est attribué”), la supervision de l’activité de tous les surveillants itinérants, la direction de l’Ecole missionnaire de Galaad ainsi que l’affectation et l’activité de tous les missionnaires, l’organisation des congrès et leur programme—tout cela et plus encore était la prérogative d’une seule personne, le président de la Société. Tout ce qui faisait ou non l’objet d’une discussion au Collège Central dans tous ces domaines relevait strictement de sa seule autorité et de son bon vouloir. (A la recherche de la liberté chrétienne - R.FRANZ).
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMar 10 Sep 2024, 16:49

Une "monarchie bicéphale", ce serait plutôt une dyarchie...

Le nom de Knorr, en ce temps-là, nous évoquait surtout les soupes en sachet, qui étaient plus anciennes et ont mieux survécu...

J'ai déjà raconté la panique du Comité de la filiale française quand j'avais suggéré d'interroger "Brooklyn" à propos des aberrations d'un article de La Tour de Garde que je traduisais, vers le milieu des années 1980 (en parution simultanée, nous recevions un texte provisoire à l'avance, il était donc encore temps, en principe, de corriger l'original): je n'avais pas remarqué, dans mon innocence, qu'il était paraphé "FWF", et j'ignorais ce que ça impliquait (en termes de présomption d'incorrigibilité), mais mes interlocuteurs en étaient visiblement très conscients...

La répartition des rôles entre le "patron", "homme d'affaires", et l'"intellectuel", théoricien ou théologien, n'était pas une mauvaise idée en soi, et de fait elle a plutôt réussi à la Watch, jusqu'en 1975... Mais à la mort de Knorr (1977), c'est le théoricien piégé dans l'échec de sa théorie qui a dû jouer le rôle de patron malgré lui: et quel que soit le mal qu'il a fait aux autres (à commencer par son neveu) ça a dû être assez amer pour lui aussi...

Même si la Watch est arrivée à une telle "organisation" un peu par hasard et par nécessité, après deux présidents très différents mais qui étaient tous deux des personnalités "complètes", si je puis dire, combinant l'exercice du pouvoir et une certaine créativité théorique, la structure elle-même est des plus banales, au moins chez les héritiers ou continuateurs de tous les "machins" (Etats, partis, entreprises, associations, religions, sectes...): il est commode pour un "pouvoir" de s'appuyer sur une "expertise" extérieure ou du moins distincte, scientifique, technique, philosophique, théologique, exégétique, juridique, autant qu'il est commode pour celle-ci de ne pas exercer elle-même de pouvoir "exécutif", ce qui assure, outre sa tranquillité, son indépendance ou sa neutralité apparentes... Au fond la direction actuelle de la Watch reproduit ou reconduit la même structure duelle, avec deux directions formellement séparées, celle de la Watchtower et de son conglomérat de sociétés ou d'associations juridiquement constituées, et celle, "spirituelle", du Collège central qui n'a aucune existence juridique. La différence, c'est qu'il s'agit désormais des deux côtés de corps collectifs, conseil d'administration, collège, comités, et non plus d'individus. Le machin ou la machine, complexe de machins et de machines, collectif, impersonnel, anonyme sous son et ses noms de corps collectifs et d'incorporation (body, board, committee, inc.): solution idéale pour une médiocrité durable, sinon éternelle.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMer 11 Sep 2024, 16:21

“Ferme jusqu’à la fin”

C’EST à la fois avec peine et sérénité que nous vous apprenons le décès de frère Nathan Knorr, fidèle serviteur de Jéhovah, des suites d’une longue maladie. Il est décédé dans la nuit du 8 juin 1977. Par son zèle et sa persévérance durant de nombreuses années, il a donné l’exemple d’un homme qui regardait droit en face’. Ses ‘voies étaient solidement établies’ et il n’inclina ni à droite ni à gauche’. (Prov. 4:25-27.) Il encouragea toujours ceux qu’il côtoyait à ‘garder ferme jusqu’à la fin leur franchise et la gloire qu’ils tirent de l’espérance’. — Héb. 3:6.

Frère Knorr naquit le 23 avril 1905. Il fut baptisé le 4 juillet 1923 et entra au Béthel la même année. À partir de 1932, il assuma diverses responsabilités dans la surveillance de l’œuvre des Témoins de Jéhovah, et en 1942 il devint président de la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania. Il épousa Audrey Mock le 31 janvier 1953. Il utilisa ses capacités naturelles pour contribuer à l’organisation et à l’accroissement de l’œuvre. Il participa également à la supervision des différentes filiales de la Société ce qui l’amena à beaucoup voyager et à donner de nombreux discours. Le côté éducatif de notre œuvre chrétienne fut particulièrement mis en évidence au cours de sa présidence. En 1943, il contribua à la mise en place de l’École de Galaad, qui forma de nombreux missionnaires. Il eut le privilège de voir le nombre des Témoins de Jéhovah passer de 115 240 en 1942 à 2 248 390 en 1976.

Bien que la mort de frère Knorr nous fasse ressentir la perte d’un être cher et la nécessité de rechercher du réconfort, nous nous réjouissons en pensant à la situation de frère Knorr. Nous nous rappelons notamment combien il aimait le peuple et l’œuvre de Dieu, amour qu’il démontra par un zèle indéfectible et par son désir de se dépenser entièrement à cette œuvre jusqu’à la fin. Nous nous réjouissons d’autant plus que nous vivons dans les derniers jours et que, à leur mort, ceux qui ont l’espérance de la vie céleste ‘sont changés en un instant, en un clin d’œil, et sont relevés incorruptibles’. (I Cor. 15:51, 52.) Que notre espérance de vivre éternellement dans le royaume de Dieu nous incite nous aussi ‘à garder ferme jusqu’à la fin la confiance que nous avions au début’ ! — Héb. 3:14.

https://wol.jw.org/fr/wol/pc/r30/lp-f/1200024428/2/0



15 Entre 1940 et 1950, des améliorations allaient être apportées à l’activité missionnaire. Le troisième président de la Société Watch Tower, Nathan Knorr, avait avec lui une équipe d’hommes zélés. En 1942, dirigé à n’en pas douter par l’esprit saint, il perçut le besoin d’une école destinée à préparer les missionnaires aux défis de l’après-guerre. Il en prit l’initiative en pleine Seconde Guerre mondiale, si bien qu’en février 1943 Galaad, l’École biblique de la Société Watchtower, fut inaugurée dans l’État de New York. Tous les six mois, plus d’une centaine d’hommes et de femmes, tous serviteurs à plein temps zélés, allaient recevoir des quatre instructeurs de l’école une formation biblique adaptée à l’œuvre missionnaire. L’activité que ces élèves ont exercée par la suite s’est-​elle révélée efficace?

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1989002?q=nathan&p=par


L’alimentation dans les groupes religieux de marge depuis 1945, entre identité et sécularisation
Jean-Pierre Chantin

Les Témoins de Jéhovah : retrouver le christianisme pour la fin des temps

Le développement mondial des Témoins de Jéhovah, formés en 1874 aux États-Unis5, ne se produit qu’avec la Seconde Guerre mondiale grâce à l’action énergique de son troisième président, Nathan Homer Knorr (1905- 1977). C’est de cette période que date la décision définitive d’interdire pour tout Témoin la consommation du sang, siège de « la vie ou âme »6. Il n’y a donc pas de consommation de viande d’un animal qui n’aurait pas été saigné, ni de boudin noir7. La justification est basée comme toujours sur une interprétation de certains passages de la Bible8, principalement :

Genèse 9, 3-4 : « Tout ce qui remue et qui vit pourra vous servir de nourriture […]. Cependant vous ne devez pas manger la viande qui contient encore la vie, c’est-à-dire le sang »
Lévitique 17, 13-14 : « Quant à tout homme d’entre les fils d’Israël ou à tout résident étranger qui réside comme étranger au milieu de vous, qui prend à la chasse une bête sauvage ou un oiseau qui se mange, celui-là devra alors en verser le sang et le couvrir de poussière. Car l’âme de toute sorte de chair est son sang par l’âme [qui est] en lui »
Actes des Apôtres 15, 28-29 : « Car l’Esprit Saint et nous-mêmes avons jugé bon de ne pas vous ajouter d’autre fardeau, si ce n’est ces choses-ci qui sont nécessaires : vous abstenir des choses qui ont été sacrifiées aux idoles, et du sang, et de ce qui est étouffé, et de la fornication ».

Une référence est également faite, sans source précise, au Père de l’Église de la fin du iie siècle, Tertullien9. La démarche s’inscrit en fait dans une quête identitaire plus générale, une volonté de revenir au christianisme primitif perdu10, voire de restaurer un christianisme jugé plus authentique, cette prescription sur le sang ayant été abandonnée au xe siècle11. Mais la nouvelle règle a un prolongement lourd de conséquences : elle est aussi interprétée comme étant une interdiction de toute transfusion sanguine ou de l’utilisation de l’un des composants du sang12. Cette pratique, simple règle de vie à la base, devient alors un symbole fort dont les conséquences sont marquées du sceau du martyr13, ou qui sont à l’inverse minorées, dans une lecture apocalyptique classique, par « le présent état des choses » qui est condamné, comme le rappelle le périodique du groupe : « Il est donc sage de toujours être pleinement confiants que la loi de Dieu est juste et que, au besoin, Dieu peut nous redonner la vie en nous ressuscitant dans son nouveau système de choses »14.

Il n’empêche que, devant l’inquiétude de plus en plus manifestée par les adeptes à propos de la transfusion, une atténuation de ces préceptes est perceptible depuis les années 1990 15, ce qui conduit par exemple à l’autorisation d’utiliser, selon le « libre arbitre » de chacun, l’albumine, les immunoglobulines et les fibrinogènes16. On constate aussi qu’un dialogue est ouvert sur cette question controversée avec les pouvoirs publics et les autorités médicales. Ces démarches conduisent Régis Dericquebourg à conclure que se joue là une intégration progressive du groupe dans le monde qui l’entoure, ce qui constitue une évolution décisive d’un mouvement plus que centenaire et donc de plus en plus « installé », confronté par ailleurs à une élévation du niveau social dans ses rangs17. Cependant, et comme le montre l’attitude vis-à-vis de la « consommation de sang », ce ne sont encore que des adaptations à la marge, des compromis entre une identité qui s’affirme par cette pratique comme un christianisme retrouvé qu’il faut faire connaître au plus grand nombre avant la fin des temps18, et une modernité de plus en plus présente à l’esprit des adeptes. En regard, pour la société, c’est en grande partie cet aspect extérieur de l’interdiction qui place les Témoins de Jéhovah au premier rang des « sectes », le mot prenant ici toute sa dimension sociologique19.

https://books.openedition.org/larhra/4564?lang=fr


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Le Collège central dans les années 1950Shocked Shocked

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/402017283
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMer 11 Sep 2024, 16:45

D'après le texte de Chantin (2016), dont toutes les références semblent être de seconde main, le tabou alimentaire du sang aurait déjà été (ré-)activé à l'époque de Rutherford, mais sans doute pas encore sous forme d'interdit strict, et sûrement pas "pénalisé" -- l'extension décisive de l'interdit aux transfusions, autrement lourde de conséquences, et la pénalisation (exclusion, etc.), comme le système "judiciaire" interne (devenu "disciplinaire" en v.f.) en général, datent bien de l'époque "bicéphale" Knorr-Franz (cf., en v.f., la TdG du 15.1.1962). Cela ne nous dit pas lequel des deux en était l'initiateur, mais la chose a peut-être été documentée par les spécialistes de l'histoire du mouvement... (un article anglais de Wikipedia donne un historique assez détaillé de l'évolution de la doctrine officielle, mais d'après des publications de la Watch toujours anonymes, qui ne permettent pas d'en savoir davantage sur le processus de décision interne.)

A priori j'aurais tendance à soupçonner Franz, car ce genre d'ânerie est plutôt le fait d'un esprit théorique, soucieux de cohérence, que d'un pragmatique qui envisagerait plutôt les conséquences pratiques... ça me rappelle le "mot d'auteur" mis dans la bouche de l'écuyer revenant de croisade dans Le septième sceau de Bergman: "C'était tellement absurde que ça n'a pu être conçu que par un idéaliste."

Toujours est-il, au-delà du problème médical, que ce duo, comme on l'a souvent remarqué, est bien responsable solidairement du caractère "disciplinaire", de plus en plus répressif, du mouvement, en matière "morale" et particulièrement sexuelle, qui était au contraire le moindre souci de Rutherford... Moralité, si l'on peut dire: les "coincés", obsessionnels, scrupuleux, consciencieux, laborieux, honnêtes, sincères et probes, peuvent s'avérer bien plus nuisibles que les "filous" caractérisés.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeJeu 12 Sep 2024, 15:26

Comme dans le cas de Nathan Knorr, là encore, certains facteurs nous aident à mieux comprendre les actes de Fred Franz. Fin 1941, lorsque le Juge Rutherford était sur son lit de mort à Beth-Sarim à San Diego, en Californie, il fit appeler trois hommes auprès de lui : Nathan Knorr, Fred Franz et Hayden Covington. Il leur déclara qu’il voulait qu’ils continuent après sa mort et qu’ils devaient “rester soudés” comme une équipe. Cela rappelait le “Testament” du Pasteur Russell, même si dans ce cas cela était fait oralement plutôt que par écrit. Vingt ans plus tard, en 1961, dans le livre “Que ton nom soit sanctifié”, Fred Franz fait allusion à ce moment lorsqu’il parle du passage du manteau prophétique d’Elie (“vêtement officiel” dans La Traduction du Monde Nouveau) à son successeur Elisée.14 Il le présente comme un drame prophétique et déclare :

Que ton nom soit sanctifié (publié en français en 1964), pages 362 et 363 :

https://www.jw-wayback.org/jw-wb/Francais/Livres/Enseignements/1964%20Que%20ton%20nom%20soit%20santifie.pdf


Lorsque le Collège Central discuta de la réorganisation proposée, le vice-président fit directement allusion à la mission confiée par le Juge Rutherford mourant. Je suis convaincu que Fred Franz pensait qu’une certaine “passation de pouvoir” était survenue à ce moment-là. Comme cela était prévu, Nathan Knorr succéda à Rutherford pour la présidence. Knorr demanda à Hayden Covington, le grand avocat du Texas qui avait défendu les Témoins de Jéhovah de nombreuses fois devant la Cour Suprême, de devenir vice-président, bien que Covington professa ne pas appartenir à la classe des “oints”. (Ceci prouve que ni le Juge Rutherford, ni au début en tout cas, Nathan Knorr, ne pensaient qu’il était essentiel d’appartenir à la classe des “oints” pour diriger l’œuvre mondiale). Le propre témoignage que Covington donna pendant l’affaire Walsh en Ecosse, indique que ce n’est qu’environ deux ans plus tard, lorsqu’ils reçurent un courrier demandant comment cela pouvait être possible, que lui et Knorr eurent une discussion concernant sa non-appartenance à la classe des “oints” et Covington décida alors de donner sa démission.16 Leurs relations se détériorèrent avec le temps au point que Covington quitta finalement le siège mondial pour entrer dans le privé.17 Fred Franz fut élu vice-président à la suite de la démission de Covington en 1944.

Bien que les trois héritiers du transfert de responsabilité fait par Rutherford sur son lit de mort (ce qui prouve, soit dit en passant, qu’aucun collège central n’était en service) n’étaient plus que deux, il y avait quand même encore un net sentiment que l’accomplissement d’une prophétie se réalisait. En 1978, au cours d’un grand congrès à Cincinnati, dans l’Ohio, lorsqu’on demanda à Fred Franz, maintenant président de la Société, de parler devant un auditoire d’environ 30.000 personnes de son expérience en tant que Témoin, il choisit de consacrer la plus grande partie de son discours à ses relations avec Nathan Knorr maintenant décédé, en mettant particulièrement l’accent sur les paroles que le Juge Rutherford leur avait dites avant de mourir. Sans mentir, son discours ressemblait à un panégyrique car Fred Franz décrivait les qualités de Knorr et insistait sur le fait qu’il était resté auprès de Nathan Knorr jusqu’à la fin, “exactement comme le Juge l’avait demandé” et il était très fier de l’avoir fait.

Une expression encore plus frappante concernant la “passation de pouvoir” a été faite la même année pendant une session de ce qui était maintenant le Comité de Rédaction du Collège Central. Lyman Swingle, Ewart Chitty, Lloyd Barry, Fred Franz et moi étions présents. Ed Dunlap était en train d’écrire un commentaire sur la
Lettre de Jacques, et Fred Franz avait demandé qu’on fasse une modification dans la discussion de Dunlap sur le chapitre 3 de Jacques au verset 1, où le disciple déclare :

Ne soyez pas nombreux, mes frères, à devenir des enseignants, sachant que nous recevrons un jugement plus sévère.

Ce que Dunlap avait préparé disait que c’était un avertissement évident contre des individus non qualifiés cherchant à servir en tant qu’enseignants pour la seule raison qu’ils désiraient tenir une position importante. Fred Franz demanda qu’une grande partie de ce qui avait été écrit soit éliminée mais ne donna aucune explication précise sur ses objections si ce n’est des questions écrites :

Si Jésus a donné certains comme enseignants, combien en a-t-il donné? Et puisque c’est Jésus qui a fait ce don, comment Jacques pouvait-il dire aux hommes “ne soyez pas nombreux à devenir des enseignants”? Comment Jacques lui-même, est-il devenu un enseignant ?

Comme j’avais été désigné pour superviser le projet du développement du commentaire, lors de l’audition du Comité je demandais à Fred Franz de clarifier son objection et de nous dire ce que lui pensait que ce texte signifiait. Il déclara qu’il croyait que cela signifiait que Dieu voulait qu’il n’y ait que quelques hommes dans toute la congrégation chrétienne qui puissent à juste titre être appelés “enseignants”. Je lui demandais qui étaient ces hommes aujourd’hui. Parlant très calmement, il répliqua :

Eh bien, je pense que je suis l’un d’eux. Je suis au siège mondial depuis plus de cinquante ans et pendant tout ce temps j’ai participé au travail de rédaction et de recherche, aussi je crois que je suis l’un d’eux. Et—quelques autres frères sur la terre le sont aussi.

Cette réponse a eu un effet si saisissant, qu’une fois de plus les mots sont restés gravés dans ma mémoire. Je n’étais pas le seul témoin puisqu’ils furent prononcés devant trois autres membres du Comité de Rédaction. Par cette observation nous avions pu identifier parmi nous un seul enseignant sur terre: Fred Franz. C’était à nous de deviner qui étaient les autres. Comme j’eus l’occasion de le dire plus d’une fois par la suite à Lyman Swingle, je regrettais de ne pas avoir continué sur ma lancée et demandé les noms des autres “enseignants” de notre époque. Mais la réponse me laissa sans voix sur le moment.

Dans l’écrit où il présentait son objection sur ce que Dunlap avait rédigé, le Président Franz suggérait aussi d’ajouter les points suivants dans le commentaire à paraître (citation de la page 2 de son exposé) :

Comment Jacques lui-même est devenu un enseignant, nous n’en savons rien si ce n’est que son demi-frère, Jésus-Christ, lui est apparu après sa résurrection. (1 Cor. 15 :7; Actes 1 :14). Bien sûr, tout homme Chrétien dédié et baptisé qui souhaite “devenir enseignant” n’a pas forcément des raisons égoïstes et ambitieuses. Un tel enseignant aux motifs justes était un jeune homme de 27 ans, “Rédacteur et Editeur” du périodique “La Tour de Garde de Sion et Tribune de la Présence de Christ”, en juillet 1879 [le Pasteur Russell].

Cela me rappelait son discours à l’occasion de la remise des diplômes de l’Ecole de Galaad en 1975 dans lequel il avait clairement déclaré qu’il était convaincu que Jésus-Christ avait personnellement appelé le Pasteur Russell pour qu’il remplisse un rôle spécial. Trois ans plus tard, ce qu’il disait montrait qu’il pensait qu’une telle sélection personnelle et individuelle de la part de Jésus-Christ se perpétuait dans d’autres cas, le résultat étant que seuls quelques individus choisis étaient appelés comme “enseignants” pour la congrégation.18 (Il est arrivé à plusieurs reprises, que Karl Klein, au cours de sessions du Collège Central, fasse référence à Fred Franz comme ayant été “l’oracle” de l’organisation pendant de nombreuses années. Généralement, il le disait avec le sourire, mais la répétition de ce terme laissait supposer que ce n’était pas une plaisanterie).

(Crise de conscience - R.FRANZ)



Quatre-vingt-treize années de ma vie

Par Frederick Franz

Je fais la connaissance de frère Russell

Parmi les pages de ma vie que j’aime rouvrir avec plaisir, il y a les moments où j’ai eu la joie de rencontrer le premier président de la Société, Charles Russell. J’ai fait sa connaissance la veille de la première projection du Photo-Drame de la Création au Music Hall le dimanche 4 janvier 1914. Ce samedi-​là, j’ai rencontré aux abords du Music Hall un ancien de la congrégation de Cincinnati qui m’a dit: “Frère Russell est à l’intérieur; si tu passes dans les coulisses, tu as des chances de le voir.” Je m’y suis précipité; peu après je parlais face à face avec frère Russell. Il était venu inspecter les préparatifs de cette première présentation du Photo-Drame de la Création.

Puis en 1916, il s’est trouvé qu’il devait attendre pendant plusieurs heures la correspondance entre deux trains en gare de Cincinnati. En l’apprenant, une sœur et moi avons filé à la gare, où nous l’avons trouvé en compagnie de son secrétaire. Comme il avait emporté son repas, quand l’heure de manger est arrivée il l’a partagé avec nous.

Notre faim apaisée, il s’est déclaré disposé à répondre à une question. Je lui ai demandé si on pouvait s’attendre à voir Adam ressusciter, étant donné qu’il était un pécheur non repentant et volontaire. Une lueur malicieuse dans les yeux, il a dit: “Frère, tu as répondu toi-​même à ta question. Alors, que voulais-​tu savoir au juste?”

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1987326

La vie de Frederick Franz est intrinsèquement et "mystiquement" reliée à la Watch, il interprète certains évènements comme l'accomplissement de types bibliques (le passage du manteau prophétique d’Elie à son successeur Elisée), persuadé que sa vie est intégrée dans le plan divin. Je ressens une sincérité extrême chez  Frederick Franz qui manifestait une admiration sans faille pour les différents président de la Watch (Il était très ami avec Nathan Knorr). Notons qu'il fut le seul ( à la fin de sa vie) à avoir était un contemporain de Russell, c'était la "mémoire historique" de la Watch, histoire qu'il a volontiers appliqué aux prophéties bibliques. Frederick Franz était persuadé d'avoir été sélectionné par Jésus-Christ (au même titre que Charles Russell) pour être l'"ORACLE" de Dieu.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeJeu 12 Sep 2024, 16:35

Une des choses qui m'avait marqué dans Crisis of Conscience, quand je l'ai lu il y a près de quarante ans, c'est la façon dont Raymond décrivait chez son oncle une alternance de sincérité "mystique" et de distance "critique", voire "cynique" (y compris à l'égard de la NWT ou d'autres publications dont il était le principal auteur, en envoyant par exemple son neveu consulter des sources moins "tendancieuses", biased si je me souviens bien -- on dirait maintenant "biaisées" même en français...). En fait, il n'y a pas de contradiction (à tout le moins "subjective") entre ce qu'on appelle l'"illumination" (y compris au sens péjoratif de l'"illuminé") et la "lucidité", entre les "lumières" rationnelles ou irrationnelles: la métaphore ou la métonymie lumineuse, photologique, optique, visuelle, est toujours la même. On a, ou du moins on donne presque toujours l'impression d'y voir clair, quels que soient les yeux, les lunettes, les peaux de saucisson, les pailles ou les poutres par lesquels on prétend voir... Il est rarissime de confesser le contraire, sinon au passé (j'étais aveugle et maintenant je vois).

Je découvre avec surprise, dans son "autobiographie" que je n'avais jamais lue (j'étais parti l'année précédente), que F.W. Franz jeune chantait, ténor, et qu'il a même chanté Haendel... Curieusement, quand j'écoutais Le Messie, j'étais pour ma part sur le chemin de la sortie: mystère des destins qui se croisent, fût-ce à des décennies et des milliers de kilomètres de distance. Sa propre présidence, en revanche, est expédiée en deux paragraphes, sans la moindre allusion à la crise de la fin des années 1970 et à l'éviction de son neveu...

Soit dit en passant, les transitions (successions, héritages, passations de pouvoir) sont transitives, comme les typologies: il me semble bien que celle d'Elie et d'Elisée avait déjà servi pour Russell / Rutherford avant de resservir pour Rutherford / Knorr-Franz etc.; et après avoir servi pour Jean-Baptiste / Jésus par exemple...
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeVen 13 Sep 2024, 14:57

La Principale Période de Législation “Théocratique“

C'était au cours des années 1950 qu’a commencé le développement effectif de ce qui correspond à un système complet de loi chez les Témoins de Jéhovah, un code de règles et de règlements qui couvre pratiquement chaque aspect de la vie. C'est devenu en grande partie le résultat d'une accentuation grandissante sur le procédé “d'exclusion“ qui s'est manifestée pendant la décennie précédente, particulièrement à partir de 1944.18 Pendant les quelques années suivantes, il y eut simplement une discussion du conseil Biblique lui- même, selon l'exemple du conseil apostolique en 1 Corinthiens chapitre cinq, avec son exhortation à ne pas s’associer avec “quelqu'un qui s'appelle frère, mais est sexuellement immoral ou cupide, un idolâtre, ou un calomniateur, un buveur ou un tricheur. “19 Il n'y a aucun doute quant à la justesse de ce conseil et la sagesse de respecter cela. Mais l'organisation a maintenant commencé extirper de son contexte cette exhortation Biblique pour le domaine de la législation, pour qu'avec le temps soit créé un véritable code de règles.

De quelle façon tout ceci est-il arrivé? Comment les quelques premières règles formulées et renforcées pendant la présidence de Rutherford ont-elles plus tard explosées en ce “grand éventail de loi“ actuel ?

L'administration du siège central à Brooklyn utilise ce que l'on appelle un “Département de Service.“ Ce département supervise l'activité aux États-Unis de tous les représentants itinérants (de circonscription et les surveillants de district) et de tous les représentants d'une congrégation (les anciens et les serviteurs ministériels). Les questions sur le principe et la méthode reçues de toutes ces sources sont régulièrement traitées par le Département de Service, dont les membres du personnel sont divisés en différentes “sections“ du pays. Avec l'accentuation accrue sur l'exclusion, particulièrement à partir des années 1950, des questions ont commencé à parvenir des surveillants des congrégations et des surveillants itinérants demandant des définitions plus claires sur certains comportements pécheurs, particulièrement dans le domaine de l'immoralité sexuelle, mais embrassant aussi d'autres domaines. Les surveillants des congrégations ont voulu savoir, quel était “le principe“ de la Société dans de telles affaires ? Quelle action la congrégation devrait-elle prendre ?

Les enquêtes de ces hommes sont donc arrivées au siège central de Brooklyn de la Watch Tower. Dans beaucoup d'affaires le “homme de section“ du Département de Service ne se sont pas senti autorisé à communiquer la définition demandée ou d’exposer avec précision dans des termes spécifiques, ce qui constituait ou non, dans la circonstance présente, “des motifs d’exclusion“. La méthode standard dans toutes ces affaires est résumée par une expression qui a été utilisée à plusieurs reprises avec une fréquence grandissante. Cette expression était; “Envoie-le à Freddy.“

“Freddy“ c’était Fred Franz, qui était alors le vice-président de la Société Watch Tower, le principal rédacteur reconnu et l'érudit de la Bible pour l'organisation. La question lui était envoyée puis il communiquait la définition demandée ou l'application des Écritures du sujet, d'habitude sous forme d'une note. Alors que la plupart du temps, les Écritures elles-mêmes ne contenaient aucune discussion spécifique du sujet en question, une grande partie du contenu des réponses consistait en un raisonnement interprétatif, le raisonnement du vice-président. Ses réponses étaient, évidemment, soumises à l'approbation du président, Nathan Knorr, même à son veto, bien que cela fut rare. Il y a aussi aucun doute que la manière avec laquelle le Département de Service présentait les points en questions, et leurs remarques, influencèrent les réponses qu'ils reçurent et aient ainsi jouées un rôle indéniable dans les principes qui en furent tirés. Le vice-président n'avait aucune connaissance personnelle de toutes les circonstances des affaires. En outre il n'avait aucune communication individuelle avec les personnes dont les vies seraient affectées par les décisions qu'il rendait.

Je ne mets pas en doute la sincérité des efforts de Fred Franz dans ce domaine. Mais le résultat, je crois, illustre combien il est mal d’attribuer à tout homme, non pas la simple proposition d’un conseil ou d’un avis, mais d’une véritable décision sur des sujets qui devraient légitimement appartenir à la conscience individuelle de ceux qui étaient personnellement concernés. Aussi sincère que fut le vice-président, il est un fait incontestable que, sa vie plutôt cloîtrée au siège central dès l’âge de vingt ans l'avait en grande partie isolé de la vie vécue par les gens ordinaires 'de l'extérieur' (un terme utilisé fréquemment par le personnel du siège central de Watch Tower pour désigner la vie à l'extérieur leur communauté sélective). Les choses que connaissaient ceux qui étaient occupés dans un emploi profane, qui avaient une maison et une famille, qui savaient ce qu’était d’être marié ou d’être parents, qui devaient faire face aux problèmes et aux difficultés de la vie quotidienne comme la plupart des gens, ne faisait presque pas partie de sa propre expérience. De ma propre relation avec lui au cours de nombreuses années, il était évident qu'il était tout à fait détaché - ou peut-être l'expression pourrait être “isolé“ - de la réalité de la vie comme vécu par une personne moyenne. Il n'était en aucun cas “un ermite“ et acceptait des invitations occasionnelles à la maison des gens pour des repas ou des week-ends, mais il était toujours l'invité “spécial“, quelqu'un considéré comme différent des gens ordinaires. La conversation traitait rarement des aspects les plus banals des occupations humaines. Je me souviens un jour d'été vers la fin des années 1940 ou au début des années 1950, où il était dans notre maison familiale du Kentucky pour les vacances (j’étais aussi en vacances depuis Porto Rico) Il fit la comparaison de lui-même et de Nathan Knorr, en disant : “le frère Knorr est un homme réaliste. Je suis un érudit.“ Je suis sure qu’il n'était pas une personne impitoyable, pourtant dans son attitude envers les problèmes de la vie humaine, il paraissait un peu détaché de ce monde, par moments presque fataliste en ce qui concernait des difficultés et même des tragédies.

(...)

En dépit de son état de séminariste détaché de ce monde et de sa propre considération de son manque d'aspect pratique, on lui a donné la responsabilité de prendre des décisions dans une très large étendue de domaines où il n'avait aucune expérience individuelle - et dont les Écritures elles-mêmes sont pour le moins silencieuses. À son crédit, lors d’une des premières séances du Collège central à laquelle je pris part, il a exprimé de la reconnaissance à ce que de telles décisions ne lui soient plus laissées en tant que seul individu et que la responsabilité était maintenant partagée par d'autres.24 Malheureusement, la majorité de ses compagnons membres du Collège central n'étaient pas beaucoup plus en contact qu'il l’était avec les problèmes de la vie que la plupart des gens rencontraient, particulièrement si comme beaucoup, ils avaient passé la plupart de leur vie au siège central de Brooklyn.25 Il est vrai, la plupart de ces hommes faisaient au moins un peu l'œuvre de porte en porte parmi le public et avaient des relations sociales avec des amis Témoins vivant “à l'extérieur“ - mais, dans l'ensemble, ceux-ci ressemblaient un peu à des touristes, qui passaient rapidement et ensuite revenaient à l'intérieur, dans leur propre “ville“ indépendante du Béthel, où tout ce dont ils avaient besoin leur était fourni. Au Béthel leurs chambres étaient nettoyées, les lits faits, les vêtements lavés et repassés, les repas préparés et servis, les chaussures réparées, les costumes nettoyés et repassés pour un coût insignifiant et ils n'ont jamais dû penser au loyer, à l'entretien de la propriété et aux réparations, à l'assurance maladie, ou à plus qu'une somme minimale d'impôts. Ils ont pris part aux bonnes choses que d'autres “à l'extérieur“ leur ont offertes, mais ont rarement partagé leurs difficultés et leurs épreuves.

(A la recherche de la liberté chrétienne).
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeVen 13 Sep 2024, 15:38

Question: y a-t-il une source en ligne, en anglais ou à la rigueur en français, pour tous ces textes de Raymond Franz? Je ne sais pas si tes extraits sont le produit d'une traduction automatique ou humaine, mais je les trouve difficiles à lire... Je crois me souvenir que tu m'avais jadis envoyé un fichier avec une traduction française de In Search of Christian Freedom (à laquelle j'avais un peu participé dans les années 2000), mais comme j'ai changé plusieurs fois d'ordinateur depuis je ne l'ai plus... A vrai dire, s'il y avait un accès au texte original (anglais) quelque part je préférerais.

De ce que j'en comprends, la présentation m'a l'air très juste, autant dans la répartition des rôles poussés jusqu'à la caricature entre Knorr et Franz (the businessman and the scholar, ce dernier fort mal traduit par "érudit") que dans la situation très particulière, commune celle-là aux deux compères, du Béthel comme micro-société quasi monacale (hormis le silence, la dévotion et le recueillement qui ne le caractérisaient guère). D'un autre côté, ça n'a rien de surprenant, c'est la logique concentrique de la "secte" qui conduit et produit fatalement en son centre des gens de plus en plus déconnectés de toute "réalité" extérieure. Mais habituellement les systèmes concentriques et pyramidaux (hiérarchies ecclésiastiques, politiques, partisanes) fonctionnent avec des médiations relativement autonomes, ce qui organise une délégation du pouvoir en une sorte de dégradé plus ou moins harmonieux, corrélative d'une remontée de l'information vers le centre-sommet; dans le système archi-verrouillé de la Watch, hérité de la stricte autocratie rutherfordienne, les maillons intermédiaires, anciens, itinérants, comités de filiale, Service Department (intraduisible) même, sont de simples exécutants qui ne disposent d'aucune autonomie de décision réelle, de sorte que la moindre décision revient en définitive au centre qui concentre toute l'autorité sans savoir jamais de quoi il parle... Je crois me souvenir que Raymond Franz avait illustré la chose, dans Crisis of conscience, par l'image d'un joueur de tennis ou de base-ball qui devrait constamment renvoyer des balles qui lui arrivent de tous côtés à la fois, sans avoir jamais le temps de s'interroger sur leur provenance et leur destination, ni de réfléchir à leurs propres décisions.


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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeVen 13 Sep 2024, 16:16

Citation :
Question: y a-t-il une source en ligne, en anglais ou à la rigueur en français, pour to

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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeVen 13 Sep 2024, 16:55

Grand merci !

La traduction ne m'en paraît pas moins mystérieuse, d'autant qu'elle est datée de 2002, sans nom de traducteur, et que je suis sûr d'avoir traduit moi-même une partie de ce livre plus tard, après avoir (finalement) rencontré Raymond Franz en Allemagne....

En cherchant un peu -- j'aurais dû commencer par là -- je trouve le texte original (?) ici.

En remontant un peu dans la discussion, je vois aussi que Covington, le troisième larron de la succession de 1942, était un avocat réputé, qui a porté beaucoup d'affaires concernant les TdJ américains devant la Cour suprême jusque dans les années 1950, notamment pour des cas de refus de conscription militaire; qu'il a été évincé puis exclu (Wikipedia juxtapose des différends avec Knorr et un drinking problem, ce qui est plutôt comique quand on pense à Rutherford) et finalement réintégré avant sa mort (entre-temps il aurait aussi défendu Mohamed Ali pour des raisons similaires, avant de l'attaquer pour récupérer ses honoraires). L'histoire de la Watch est aussi largement judiciaire et procédurière, au moins depuis le "Juge" Rutherford (qui rappelle irrésistiblement les personnages de juges alcooliques des westerns hollywoodiens).

L'article autobiographique de F.W. Franz a en tout cas le mérite de montrer qu'il était encore moins "scholar" (savant, universitaire, chercheur de formation académique plutôt qu'"érudit", souvent autodidacte) que Rutherford n'avait été "judge" (Honorable Judge en terminologie américaine, d'où les "votre honneur" des traductions populaires...); n'empêche que le peu de formation qu'ils ont eu l'un et l'autre les orientait quand même dans des directions très différentes, formation de philologue et de théologien pour celui-ci, de juriste pour celui-là.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeLun 16 Sep 2024, 14:28

(Désolé pour la mauvaise qualité de la traduction)


Je me souviens que lorsque j'étais enfant, des membres de ma famille et d'autres personnes faisaient passer clandestinement des articles des États-Unis au Canada et niaient avoir quoi que ce soit à déclarer aux autorités douanières. L'un des secrétaires-trésoriers de la Société Watchtower m'a également dit que, pendant la prohibition aux États-Unis, de grandes quantités de rhum coulaient de Toronto jusqu'à Brooklyn et que des boissons alcoolisées étaient transportées aux États-Unis, en violation des lois américaines.

Et bien sûr, on buvait beaucoup au Béthel, le siège de la Société Watchtower à New York, pendant la présidence de Rutherford.

Mais en 1952, malgré cette affirmation du chapitre 13 de Romains, Knorr décida de légiférer sur un tout nouveau système de moralité pour les Témoins de Jéhovah. Or, il est vrai que les témoins avaient tendance à utiliser l’interprétation de Romains 13 par Rutherford pour toutes sortes de choses tout à fait inappropriées. Je me souviens que lorsque j'étais jeune homme en Arizona, après avoir quitté le Canada pour l'Arizona à la fin des années 1940, je me souviens avoir entendu parler d'un certain nombre de témoins pionniers qui avaient été surpris en train d'arriver aux États-Unis avec de la drogue.

Et ces pionniers ont bien sûr été arrêtés et inculpés en vertu de la loi pour avoir introduit des drogues illégales aux États-Unis. J'étais également très conscient qu'il y avait beaucoup d'immoralité sexuelle à l'époque et que beaucoup de Témoins de Jéhovah contractaient ce que nous appellerions souvent des mariages de droit commun sans que leur mariage soit célébré. Knorr s'est alors retourné contre tout cela et a commencé à exiger un haut degré de moralité sexuelle, ce qui remonte au XIXe siècle et au victorianisme. Et cela a été très grave et a créé d'énormes difficultés pour de nombreux Témoins de Jéhovah. En premier lieu, si vous n’êtes pas marié devant un tribunal laïc ou par un ecclésiastique, vous pourriez être exclu. Aussi, si vous aviez plus d'une femme, comme beaucoup d'Africains, et que certaines personnes avaient des maîtresses en Amérique Latine, si vous n'abandonniez pas toutes les femmes, si vous étiez marié, sauf la première avec laquelle vous étiez marié, vous ont été automatiquement chassés de l’organisation.

Curieusement, beaucoup de gens ne s’en rendent pas compte, mais il n’y a aucune déclaration dans le Nouveau Testament qui dit que la polygamie en elle-même est mauvaise. Or, la monogamie était certainement l’idéal et Jésus l’a souligné, mais sans aucun sentiment de légalisme. Ce qui est clair dans le Nouveau Testament, c’est que personne ne peut être ancien ou diacre, c’est-à-dire serviteur ministériel, avec plus d’une épouse.

C'est clair. Mais dans des pays étrangers comme l'Afrique et l'Inde, il y a eu de nombreux cas où des gens se sont convertis aux Témoins de Jéhovah et vivaient dans des relations polygames et ont dû soudainement abandonner toutes leurs femmes sauf la première. Or, dans de nombreux cas, c'était une chose terrible parce que les femmes étaient chassées, les deuxièmes ou troisièmes épouses étaient chassées sans aucun soutien, et la vie était terrible pour elles à ce point. Certains mouvements d'étudiants de la Bible qui s'étaient séparés des Témoins de Jéhovah, en revanche, ont reconnu la situation et ont dit : écoutez, si vous le pouvez, si vous vous convertissez à nos enseignements, vous devez savoir que vous ne pourrez jamais être un ancien ou un diacre dans ce pays. une congrégation.

Mais nous n'allons pas vous forcer à renoncer à votre seconde épouse car il n'y a aucune déclaration spécifique dans le Nouveau Testament qui nie la possibilité d'avoir une seconde épouse. Si, c’est-à-dire, vous venez d’un autre milieu, d’une autre religion comme les religions africaines ou l’hindouisme ou quoi que ce soit, et Knorr, bien sûr, n’avait aucune tolérance pour cela.

Il a également souligné l'importance de la pureté sexuelle et la condamnation de la masturbation, que ce soit par un homme ou une femme.

Or, la Bible ne dit rien au sujet de la masturbation et, par conséquent, appliquer des lois comme l'ont fait certaines autres religions avait tendance à être très blessant, en particulier pour les jeunes. Je me souviens que lorsque j'étais enfant, j'avais lu une brochure publiée par les adventistes du septième jour, qui condamnait sévèrement la masturbation. J'étais un petit garçon à l'époque, je pense que je devais avoir environ onze ans. Et pendant des mois après, en allant aux toilettes ou aux toilettes, j'avais tellement peur de leurs enseignements que je ne touchais en aucun cas mes organes génitaux. Beaucoup de mal a été causé par les discours constants sur la pureté sexuelle, qui n’ont rien à voir avec la Bible. L'onanisme, qui sert de base à certains de ces propos, n'a rien à voir avec la masturbation. Maintenant, je ne fais en aucun cas la promotion de la masturbation. Je dis simplement que nous n'avons pas le droit de légiférer pour les autres sur ce qui est pur dans la vie personnelle ni dans la vie des couples mariés.

Aujourd’hui, Nathan Knorr insiste également sur la légalisation du mariage. Et si vous n'étiez pas mariés, conformément à la loi, dans n'importe quel pays où cela était légal, dans certaines régions du monde, bien sûr, les Témoins de Jéhovah ne pouvaient pas se marier selon la loi et donc un certain libéralisme leur a été accordé. Mais ils doivent être mariés selon la Société Watchtower et recevoir un sceau indiquant que s'ils avaient la possibilité de se marier ailleurs, ils devraient le faire.

Une grande partie de cela a causé d’énormes difficultés et a entraîné l’exclusion d’un grand nombre de personnes. Jetons maintenant un coup d'œil à l'exclusion ou à l'excommunication telle qu'elle se produisait sous Knorr. Il existait sous Rutherford, mais seulement pour ceux qui s'opposaient personnellement à lui ou à ses enseignements. Autrement, il ne s'immisçait pas dans la vie ordinaire des gens, comme il aurait dû le faire. L'homme lui-même avait ses propres péchés, et c'était peut-être pour cela qu'il n'en avait pas. Knorr n'avait pas ces péchés, et c'est pourquoi il est devenu pharisaïque à l'extrême. Et en plus de cela, il devait mettre en place un système de comités judiciaires, qui étaient en réalité des comités d'inquisition simplement dirigés par des hommes nommés par des tours de guet. Or, ces comités ont été créés pour une raison particulière, au-delà de toute la question de la moralité sexuelle. Ca c'était quoi ?

https://beroeans.net/2020/03/13/james-penton-discusses-the-presidencies-of-nathan-knorr-and-fred-franz
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeLun 16 Sep 2024, 15:27

free a écrit:
(Désolé pour la mauvaise qualité de la traduction)

Tu n'y es pour rien, moi non plus... Smile

Mais du coup j'ai lu ton post en croyant que c'était du Raymond Franz, en cliquant sur le lien j'ai fini par comprendre que c'était une transcription de James Penton présentée par Eric Wilson (alias "Meleti Vivlon") -- sans parler de la traduction...

D'après Raymond Franz (?), en matière de "moralité", surtout sexuelle, Freddy était encore plus raide, si j'ose dire, que Knorr: cf. (en anglais) p. 251 note 25 du lien déjà cité. Mais d'après les souvenirs que j'ai gardés de JWD dans les années 2000, Raymond lui-même passait pour prude aux yeux de beaucoup d'ex-TdJ: question d'âge, de génération, d'éducation, d'habitudes et de fréquentations, personne n'y échappe, mais ça n'a aucune importance quand on ne se croit pas en droit ou en devoir de régenter la vie des autres... Au passage, je remarque en "feuilletant" In Search of Christian Freedom qu'un autre personnage, Karl Adams, semble avoir été un élément plutôt raisonnable et modérateur dans le délire inquisiteur de la Watch sous "monarchie bicéphale".
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeLun 16 Sep 2024, 15:35

Citation :
D'après Raymond Franz (?), en matière de "moralité", surtout sexuelle, Freddy était encore plus raide, si j'ose dire, que Knorr: cf. (en anglais) p. 251 note 25 du lien déjà cité.
Razz Razz Razz


“ Que le mariage soit honorable aux yeux de tous ”

4 Jésus connaissait parfaitement l’énoncé de la loi de Dieu relative au mariage chrétien. Il savait que le modèle du mariage chrétien était celui que Dieu créa au commencement, en Éden, où le Créateur ne donna à l’homme parfait qu’une seule femme. Les ennemis de Jésus essayèrent alors de le faire transiger sur la question du mariage ; il en est de même de nos jours, où certains essaient de faire transiger l’organisation de Dieu sur la même question. À ce sujet, nous lisons : “ Et les pharisiens vinrent à lui, l’éprouvant et [lui] disant : Est-​il permis à un homme de répudier sa femme pour quelque cause que ce soit ? Et lui, répondant, leur dit : N’avez-​vous pas lu que celui qui les a faits, dès le commencement les a faits mâle et femelle, et qu’il dit : “ C’est pourquoi, l’homme laissera son père et sa mère et sera uni à sa femme ; et les deux seront une seule chair ” ? Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Ce donc que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas. Ils lui disent : Pourquoi donc Moïse a-​t-​il commandé de donner une lettre de divorce, et de la répudier ? Il leur dit : Moïse, à cause de votre dureté de cœur, vous a permis de répudier vos femmes ; mais au commencement il n’en était pas ainsi. Et je vous dis que quiconque répudiera sa femme, non pour cause de fornication, et en épousera une autre, commet adultère. ” — Mat. 19:3-9, Da.

5 Ainsi, Dieu fit “ une seule chair ” de deux personnes seulement, l’homme et son unique femme. Il ne fit pas une chair de trois, de quatre ou même de plusieurs personnes. Donc, si un polygame très estimé de sa communauté, d’après les coutumes et les lois de son pays, veut être un vrai chrétien, il doit se défaire de ses épouses en surnombre. A-​t-​il eu des enfants de ces dernières, les lois et les convenances locales peuvent alors exiger de lui qu’il pourvoie d’une façon convenable aux besoins de ces épouses répudiées et de leurs enfants jusqu’à ce que ces femmes aient épousé un autre homme. Mais que doit-​il faire si la loi n’a pas prévu le divorce d’avec les femmes en surnombre ? Dans ce cas, il ne leur permet plus de vivre avec lui dans l’état conjugal ; cet homme ne garde que l’une d’entre elles, et reconnaît qu’elle seule a droit au devoir conjugal. Il ne permet à aucune des autres femmes de prétendre au devoir conjugal et d’avoir des relations avec lui. Devant les obligations créées par la situation, il peut les garder, elles et leurs enfants, sous son toit. Elles y travailleront comme des servantes ou des domestiques, afin de subvenir à leurs besoins. Publiquement et selon la morale chrétienne, il ne reconnaît qu’une seule femme comme son épouse.

6 Sans aucun doute, la polygamie crée une situation difficile à arranger et à redresser. Mais l’organisation de Dieu ne peut prendre prétexte de cela pour transiger et permettre à un type de mariage de prévaloir en Afrique, à cause des lois indigènes, pour l’interdire ailleurs et insister sur un autre type, parce que les lois de la chrétienté l’approuvent. Il n’y a qu’un modèle chrétien sur lequel Jésus insista. Grâce à l’aide et à l’esprit de Dieu, on a pu l’appliquer même dans des pays où se pratique la polygamie. Par exemple, la polygamie est l’une des difficultés qui fait obstacle à notre travail au Tanganyika, en Afrique orientale. Dans ce pays, les coutumes populaires sont les mêmes que partout ailleurs sur ce continent. Le mariage n’est pas très strict, et certains hommes, les chefs par exemple, ont jusqu’à 25 et même plus de femmes, alors que le commun peuple n’en a que trois ou quatre. Les témoins de Jéhovah, comme de véritables chrétiens qu’ils sont, ne peuvent fermer les yeux sur de telles pratiques de la part d’hommes qui ont embrassé le christianisme, se sont fait baptiser, et agissent en qualité de témoins du Dieu Très-Haut. Aussi, la pratique de la polygamie, qui appartient à ce monde, n’a-​t-​elle pas cours chez eux. — Voir l’Annuaire des Témoins de Jéhovah (angl.) de 1951, page 226 ; voir aussi La Tour de Garde (angl. du 1er août 1949, page 240 : “ De la Polygamie. ”

MOTIFS CHRÉTIENS DE DIVORCE

LIT SANS SOUILLURE

https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1951281


Ce type d'article (franzien) m'inspire du dégout, ce puritanisme culpabilisant ne provoque que du rejet de ma part, après avoir été, moi-même, dévoré par la culpabilité. 





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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeLun 16 Sep 2024, 15:37

Je me souviens du livre Les Témoins de Jéhovah dans le dessein divin. Cet ouvrage m'avait laissé une forte impression car il me semblait raconter une histoire absolument fascinante. La vie des Témoins sous trois présidents si différents. J'ai eu l'impression que chaque président avait été choisi par Dieu pour une mission bien précise.
Russell pour lancer l'évangélisation, Rutherford pour tenir ferme face aux problèmes juridiques et enfin Knorr pour donner une impulsion durant et après la seconde guerre mondiale.

L'histoire était racontée comme si une personne partageait des souvenirs et des évènements dans lesquels il voyait la main de Jéhovah à l'ouvrage...

Je pense que cet ouvrage a joué un rôle important dans le "recrutement" de nouveaux adeptes. De nos jours il ne pourrait plus jouer le même rôle.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeLun 16 Sep 2024, 16:00

@ free: Comme je l'ai sûrement déjà raconté, à peine plus d'un an après ma sortie de la Watch j'ai retrouvé à la Faculté de théologie évangélique de Vaux-sur-Seine à peu près les mêmes débats et les mêmes arguments sur la polygamie, avec des étudiants souvent déjà pasteurs issus de toute l'Afrique francophone, sous l'influence de multiples "missions" à dominance anglo-saxonne, surtout américaines. Avec l'effet pervers, sur un tel sujet, que les arguments puritains du XIXe siècle rejoignaient les arguments féministes du XXe, aussi méprisants les uns que les autres pour toute diversité culturelle -- c'étaient les années 1980 et en la matière nous n'avions encore rien vu...

@ lct: Si je ne m'abuse, le livre d'"histoire" interne dont tu parles et dont je me souviens aussi a eu un ou plusieurs successeurs, dont au moins un (Les Témoins de Jéhovah -- prédicateurs du royaume de Dieu, daté de 1993 sur jw.org / wol) qui a été élaboré de l'intérieur puis démoli de l'extérieur par son auteur(e, -trice) principal(e), Barbara Anderson... Mais je n'ai pas le souvenir qu'il (l'ancêtre que nous avons connu) ait jamais servi au prosélytisme (qui de toute façon n'est plus guère d'actualité): c'était plutôt quelque chose que les "nouveaux convertis" découvraient une fois qu'ils étaient bien installés à l'intérieur de l'organisation, préalablement attirés par une "vérité" qu'ils croyaient immuable et dont l'organisation se présentait comme l'humble servante.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMar 17 Sep 2024, 13:33

Narkissos J'ai lu ce livre Les Témoins dans le dessein divin après avoir accepté d'être visité pas les témoins. Le second ouvrage dont tu parles ne racontait plus la même histoire mais contenait quand même quelques réalités dont par exemple le fait que Russell n'avait pas été tout de suite le premier président de la société.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMar 17 Sep 2024, 14:17

Tu es un cas relativement rare, je pense: je n'ai pour ma part découvert ce livre, et donc (une présentation partielle et tendancieuse de) l'histoire de la Watchtower que bien après La vérité qui conduit à la vie éternelle; et dans mes années de "pionnier" il ne me serait pas venu à l'esprit de le faire lire à des "étudiants". D'un autre coté cela peut refléter aussi mon propre goût d'alors pour la théorie, les idées, le système, la doctrine, et mon manque de goût pour les institutions et l'histoire -- je n'ai jamais beaucoup aimé ce livre-là, et je n'en ai pas retenu grand-chose; comme je l'ai déjà raconté je me suis "converti", en une nuit, après ma première réunion, en lisant le livre Assurez-vous de toutes choses..., sorte de mini-encyclopédie doctrinale qui répondait à toutes les questions à coups de versets bibliques. Ce n'est que beaucoup plus tard, et avec étonnement, que j'ai rencontré (notamment au Béthel) des TdJ qui se passionnaient pour l'"organisation" et son histoire.

Mais ce que je décris comme une idiosyncrasie personnelle a sûrement aussi une dimension collective, culturelle, nationale: en France où l'on ne connaît le plus souvent du christianisme que le catholicisme, la plupart des TdJ étaient essentiellement anticatholiques, et ils préféraient imaginer leur "vérité" sortie tout droit, toute nue et toute seule de "la Bible", d'autant qu'ainsi ils pouvaient la produire ou la reproduire eux-mêmes à volonté, à coups de versets biblique: toutes les médiations institutionnelles, traditionnelles, hiérarchiques, historiques, cela rappelait désagréablement "l'Eglise" dont nous prétendions nous démarquer, et nous préférions ne pas les voir.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMar 17 Sep 2024, 15:30

Questions de lecteurs
La Tour de Garde 1960 | 15 avril

Questions de lecteurs

● De temps en temps nous parviennent des lettres de personnes désireuses de connaître le point de vue chrétien à l’égard de la masturbation. Des parents veulent se renseigner sur la valeur du conseil de leur docteur qui leur a déclaré que cette pratique n’avait rien de mauvais. Des jeunes gens demandent si les psychologues ont raison de la justifier en disant qu’elle est pratiquée universellement. Des femmes demandent l’attitude à adopter envers leur mari incroyant qui pratique cette forme dégradante. D’autres s’enquièrent sur la valeur des conseils qu’elles reçoivent parfois d’avoir recours à cette pratique quand leurs relations conjugales ne se révèlent pas pleinement satisfaisantes.

L’opinion de la médecine et de la psychologie modernes se reflètent dans les deux citations suivantes : “ La médecine et la psychologie ont maintenant prouvé au-delà de tout doute que la masturbation en elle-​même ne peut avoir de suites néfastes. Les conséquences sont mauvaises quand la peur et l’anxiété à son propos deviennent hors de proportion. ” (Parents’ Magazine, janvier 1959). “ Beaucoup de docteurs pensent à présent que les conséquences exagérées que l’on a attribuées aux maux découlant de la masturbation ont fait plus de mal (...) que la pratique elle-​même. ” — Encyclopedia Americana, Vol. 14, page 592, édition de 1956.

Ces citations sont-​elles en harmonie avec la Bible ? Non. Ce n’est là qu’un nouvel exemple de la sagesse du monde qui est “ une folie devant Dieu ”. Ayant rejeté “ la Parole de Dieu, quelle sagesse peuvent-​ils avoir ? ” Par contre, nous pouvons accepter la position de la Bible avec une pleine confiance, car personne ne connaît mieux le cœur humain que son Auteur et son point de vue sur le sujet a comme prémisses que “ le cœur est rusé plus que toute chose et corrompu : qui le connaîtra ? Moi, Jéhovah, qui sonde les cœurs et qui éprouve les reins, et cela pour rendre à chacun selon ses voies, selon le fruit de ses œuvres. ” — Jér. 17:9, 10, AC.

Avant de considérer le témoignage de la Bible sur la masturbation, il semble bon de se débarrasser d’une interprétation fautive des Écritures auxquelles certains se sont référés. Juda avait demandé à Onan de remplir les obligations du lévirat envers la femme de son frère que Jéhovah avait fait mourir à cause de sa cruauté. “ Mais Onan savait que cette postérité ne serait pas à lui, et lorsqu’il allait vers la femme de son frère, il faisait en sorte de ne pas donner de postérité à son frère. Son action déplut au Seigneur, qui le fit aussi mourir. ” Il apparaît clairement ici que ce n’est pas la masturbation qui est mise en cause, mais le refus d’accomplir la loi du lévirat, disposition permettant que le nom de son frère ne s’effaçât point. Onan fut mis à mort, non à cause de la dégradation de sa personne, mais pour avoir manqué à son devoir à l’égard de la femme de son frère. — Gen. 38:8-10, AC.

Pour bien saisir ce problème, il est nécessaire de dégager le principe fondamental en cause. Jéhovah a pourvu les humains de la forte attraction d’un sexe pour l’autre. Cet attrait a été si fort que la race humaine ne s’est point éteinte en dépit des nombreux problèmes et fardeaux du mariage et de ceux que pose l’éducation des enfants. L’homme et la femme parfaits avaient le plein contrôle de leurs désirs sexuels. Adam et Ève n’eurent pas de relations pendant leur séjour dans le jardin d’Éden ; l’exercice de la fonction procréatrice n’était pas si fort en eux au point de ne pouvoir patienter. Ils avaient d’abord beaucoup à apprendre concernant leurs autres devoirs : ils devaient prendre soin du jardin, exercer leur autorité sur les animaux et, en particulier, être pleinement instruits de leur Créateur, tandis qu’il “ parcourait le jardin vers le soir ”. Si le premier couple avait eu des relations en Éden, Ève aurait dû se trouver enceinte avant la chute et Caïn n’eût pas été conçu dans le péché. Or, il nous est affirmé que c’est à cause de la transgression d’Adam que tous les hommes sont pécheurs. — Gen. 3:8 ; Rom. 5:12.

C’est parce que nos premiers parents ont cédé à l’égoïsme qu’ils ont transmis à leur postérité “ l’inclination du cœur de l’homme ” qui “ est mauvais dès sa jeunesse ”. La maîtrise de soi n’était plus alors possible, particulièrement à propos de l’instinct sexuel. De nos jours, le problème est encore aggravé par le fait que des hommes et des femmes égoïstes soulignent sans cesse l’aspect sexuel, aussi bien dans la publicité que dans les divertissements. — Gen. 8:21.

Le mécanisme du corps est tel qu’une tension va de pair avec le désir sexuel. Un des moyens normaux par lequel le corps mâle parvient à un relâchement de cette tension est l’émission nocturne Shocked de sperme. En Deutéronome 23:10, 11 il est montré qu’un homme était considéré comme impur pour les cérémonies jusqu’à la fin du jour. Ce point de vue avait sans doute un effet bienfaisant sur les Juifs, car une telle émission apportait ainsi un inconvénient alors qu’autrement, habituellement associée à un rêve érotique, elle aurait pu être souhaitée.

Il est bien entendu que Dieu n’avait pas créé l’homme ainsi pour le faire rêver mais, par le moyen des relations sexuelles, lui permettre de se reproduire. Dieu avait pourvu l’homme de cette capacité et il était en droit de déterminer son usage dans les limites que la sagesse recommandait. D’après sa Parole, de telles relations sexuelles peuvent avoir lieu, mais seulement avec une personne du sexe opposé : le conjoint avec lequel nous sommes liés conformément aux Écritures. Toutes les relations sexuelles entre personnes non mariées sont considérées comme de la fornication et celles entre personnes en dehors de leur mariage comme un adultère. Des chrétiens voués encourent, pour l’une ou l’autre de ces fautes, l’exclusion de l’assemblée chrétienne ou au minimum une période d’épreuve s’ils montrent du repentir.

Mais qu’en est-​il des personnes qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent connaître le relâchement bienfaisant de cette tension dans les liens honorables du mariage ? (Héb. 13:4.) Parmi ceux qui se trouvent dans cette position, il faut citer les jeunes gens trop jeunes pour se marier ou financièrement incapables de le faire, les handicapés, les conjoints divorcés mais non pour des motifs scripturaux, les veufs et les veuves, les épouses de marins, tous ceux dont le compagnon se trouve dans un hôpital ou dans un établissement psychiatrique. Comment résoudre le problème de toutes ces personnes ? Par la masturbation ? Par des attouchements des organes sexuels ou en laissant son esprit errer sur ces visions afin d’arriver au soulagement que l’on appelle “ l’orgasme ” ? Non, cela n’est pas pour les chrétiens !

Il est exact que les médecins modernes et les psychologues sont pratiquement d’accord pour dire que le mésusage de ses fonctions, pratiqué avec modération, a peu de conséquences, si toutefois il entraîne un tort physique. En tant que chrétien, notre préoccupation première ne concerne pas l’aspect physique mais moral du problème. Si cet abaissement n’est pas défini comme une pratique impure contre laquelle il faut lutter, elle peut facilement conduire à la fornication, l’adultère, la sodomie et le lesbianisme, et aller jusqu’à priver son conjoint des devoirs conjugaux. — Jacq. 1:14, 15.

Nous ne serons dès lors plus surpris de voir la Parole de Dieu condamner cette dégradation et les principes scripturaux la rejeter, même si cette pratique n’est pas expressément nommée dans la Bible. Mais de nombreux textes en parlent ; veuillez remarquer qu’on la trouve certainement comprise dans “ l’impudicité ” mentionnée en II Corinthiens 12:21 et Galates 5:19 ; dans “ les passions, les mauvais désirs ”, cités en Colossiens 3:5 ; dans les “ passions de jeunesse ” aussi bien que “ la convoitise passionnée à laquelle se livrent les païens qui ne connaissent pas Dieu ”. (II Tim. 2:22 ; I Thess. 4:5.) Nouvelle mention dans les épîtres de Pierre quand leur auteur parle de “ la dissolution, les convoitises ”, de la “ corruption qui existe dans le monde par la convoitise ” et de la “ convoitise de la chair ”. (I Pierre 4:3 ; II Pierre 1:4 ; 2:18.) Le disciple Jacques nous avertit contre cette pratique quand il parle de “ plaisir sensuel ”, ainsi que l’apôtre Jean quand il mentionne la “ convoitise de la chair ” qui sont une partie de ce vieux monde cruel qui va disparaître à cause de sa cruauté. Les paroles de Paul, “ ayant perdu tout sentiment, ils se sont livrés à la dissolution, pour commettre toute espèce d’impureté jointe à la cupidité ”, comprennent certainement cet abus de sa personne, car l’impudicité est cupide. — Jacq. 4:1 (NW) ; I Jean 2:16 ; Éph. 4:19.

Veuillez encore prendre note des paroles de Jésus en Matthieu 5:27, 28 : “ Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur. ” Puisque la masturbation est presque invariablement associée avec ce genre de pensées, avec quelle force les paroles de Jésus la condamnent ! Remarquez en outre ici la haute valeur morale du principe fixé par le Fils de Dieu. Quel égarement alors de regarder vers les hommes placés sous l’influence du “ dieu de ce système de choses ”, Satan le Diable, pour nous instruire de nos principes moraux ! — II Cor. 4:4.

Bien que ce mésusage ne constituât pas un motif d’exclusion de l’assemblée chrétienne — sa nature secrète le portant à la seule connaissance de Jéhovah — le chrétien travaillera néanmoins à s’en débarrasser. C’est dans son esprit que réside sa capacité de le surmonter. Nous devons prendre une position résolue à son égard. Nous devons avoir présent à l’esprit qu’il déplaît à Jéhovah car il est impur à ses yeux et, bien qu’il puisse être une source de plaisir physique, il affecte notre dévotion exclusive à Jéhovah. Souvenez-​vous que nous devons non seulement aimer la justice mais encore haïr la méchanceté, et la méchanceté comprend tout ce qui est impur. Nous serons également aidés dans notre volonté de nous en détacher si nous le voyons comme un signe de faiblesse, d’enfantillage, de manque de maturité, et comme une mauvaise habitude qui nous maintient en esclavage. — Ex. 20:5 ; Lév. 19:2 ; Ps. 45:7.

Pour nous aider à surmonter ce vice, nous devons faire un effort pour “ concentrer notre esprit sur les choses d’en haut ”, sur celles qui nous édifient et nous fortifient spirituellement. Dans les moments d’épreuve, tournez-​vous vers Jéhovah par la prière. Dépensez votre excédent d’énergie par un travail physique sain et par une étude appropriée. Pensez aux nouvelles vérités apprises, à vos activités ministérielles, à votre prochain discours, à la prochaine démonstration à laquelle vous devez participer. Nous devons méditer sur la bonté de Jéhovah et sur les bénédictions qu’il nous réserve dans son monde nouveau. (Voyez encore l’article “ Entretenez des désirs purs ”, paru dans La Tour de Garde du 1er novembre 1957, pages 327 à 331.) Souvenez-​vous du conseil que Paul donne en Philippiens 4:8 et essayez de le suivre : “ Au reste, frères, que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui mérite l’approbation, ce qui est vertueux et digne de louange, soit l’objet de vos pensées. ”

Nous pouvons parvenir facilement à surmonter cette pratique en veillant à éviter à tout prix les circonstances qui peuvent nous conduire à notre faute. Évitez, par tous les moyens, les spectacles et les films de nature sexuelle. Sélectionnez de même vos programmes de télévision. Ne lisez jamais de littérature pornographique. Fuyez le “ bécotage ” et particulièrement les “ cajoleries ” comme vous fuiriez la peste ! Quant à la danse, tout dépend du genre de danse et de la personne avec laquelle vous dansez et de vous-​même. La danse peut sembler un délassement salutaire mais elle peut finalement se révéler comme la pire chose pour vous.

Comme l’apôtre Paul le montre, les athlètes cultivent la maîtrise d’eux-​mêmes pour vaincre, pour gagner une couronne passagère, périssable. Ne pouvons-​nous alors exercer le contrôle de nous-​même pour la couronne de la vie éternelle ? Il faut surveiller notre alimentation, nos boissons, notre parler, nos lectures et toutes nos activités. Nous serons alors plus forts pour nous maîtriser au point de vue sexuel. Réciproquement, selon la mesure dans laquelle nous ferons des progrès dans le contrôle de nos impulsions sexuelles, il nous sera plus facile de nous dominer sur d’autres points. On a également observé qu’il y a des raisons de croire que l’amour du confort, les plaisirs de la table, le goût des boissons alcooliques, ont pour effet d’attiser les désirs. Sous le mot “ Anaphrodisiaques ” The Encyclopedia Britannica (édition de 1946) dit : “ Il est important d’éviter les repas riches en viandes et en épices et, particulièrement, les boissons enivrantes. ” — I Cor. 9:24-27.

Il se peut que le fait de surmonter cette pratique conduise à des troubles. S’il en est ainsi, les personnes scripturalement libres devraient suivre le conseil de Paul : “ Mais s’ils manquent de continence, qu’ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler. ” Les paroles suivantes de Paul sont également pertinentes : “ Si quelqu’un regarde comme déshonorant pour sa fille de dépasser l’âge nubile, et comme nécessaire de la marier, qu’il fasse ce qu’il veut, il ne pèche point ; qu’on se marie. ” — I Cor. 7:9, 36.

Il est exact que pour ceux qui sont incapables de résoudre le problème de cette façon, la position scripturale représente une exigence difficile. Cependant, il faut se rappeler qu’il n’est pas facile de demeurer intègre. Nos frères derrière le Rideau de fer Shocked ont un genre d’épreuve, d’autres vivant dans des circonstances favorables subissent un autre genre de pression. Si les progrès semblent lents, que chacun se souvienne qu’il vaut la peine de poursuivre la lutte. Aussi longtemps que vous soutiendrez un bon combat contre ce genre de dégradation, vous ne serez vraisemblablement pas exclu pour avoir commis l’adultère ou la fornication. Et, pour votre encouragement, lisez ce que disait La Tour de Garde du 15 juin 1954, page 185 :

(...) à ce propos, un autre problème se pose parfois quand nous trébuchons et tombons plusieurs fois sur quelque mauvaise habitude qui est restée attachée plus profondément que nous ne l’avions pensé à notre ancien modèle de vie. Alors nous sommes enclins à nous sentir très découragés et tout à fait indignes de nous occuper davantage des intérêts du Royaume et inaptes à parler le pur message de la vérité. Que faut-​il faire si vous vous trouvez dans une si triste condition ? Ne désespérez pas. N’en concluez pas que vous avez commis le péché pour lequel il n’y a pas de pardon. C’est ainsi justement que Satan voudrait vous faire raisonner. Le fait que vous vous sentiez affligé et que vous vous en vouliez est une preuve que vous n’êtes pas allé trop loin. Ne vous lassez pas de vous tourner vers Dieu, avec humilité et sincérité, en recherchant son pardon, la purification et le secours. Allez vers lui comme un enfant va vers son père quand il est dans la peine, peu importe si vous le faites souvent à cause de la même faiblesse, et Jéhovah vous accordera miséricordieusement son aide à cause de sa bonté imméritée et, si vous êtes sincère, il vous donnera la perception nette d’une conscience purifiée. Il s’agit de savoir comment Jéhovah nous aide à voir quelles sont les principales exigences afin de maintenir avec plus de fermeté une ligne de conduite entièrement sanctifiée.

Il peut sembler méprisable aux hommes pleins de la sagesse du monde, sans foi en Dieu et en la Bible, de condamner la masturbation, bien qu’ils insistent sur le fait que cette pratique n’est pas nuisible. Cependant les chrétiens voués accepteront joyeusement la position scripturale et lutteront pour être saints comme Jéhovah Dieu.

https://wol.jw.org/fr/wol/pc/r30/lp-f/1200024951/5/5


Je trouve que cet article aux accents franzien présente la sexualité et les organes sexuels d'une manière totalement irréalistes et à travers un puritanisme "crasse", qui associe la sexualité à l'impureté et diabolise le "désir", faisant du "contrôle de soi" et el fait de se "dominer" le centre de la vie d'un chrétien qui devrait être continuellement en combat contre soi-même. F.FRANZ donne le sentiment que les croyants devraient être des ANGES, des esprits, loin des humains fait de chair qu'ils sont. C'est à se demander si F.FRANZ était un humain ou un "robot" dénué de "désir" et de "pulsions".
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMar 17 Sep 2024, 16:24

Curiosités linguistiques: en français ça rend sourd, en anglais ça rend aveugle... Soit dit en passant, l'un des euphémismes américains (et puritains) pour la chose est self-abuse, ce qui oriente probablement le texte (je ne suis pas allé voir l'original) et sa traduction.

J'avoue que je dois à cette affaire mes pires souvenirs d'adolescence, prolongée par le fait que le jéhovisme m'a éloigné de toute "sexualité normale" jusqu'à la trentaine... non sans mon consentement et ma complicité bien sûr, je ne me pose pas en "victime", ni en "coupable" d'ailleurs.

Reste que pour un gamin prépubère qui avait adhéré à "la vérité" dans la pleine illusion d'une évidence démontrée, d'une décision libre et d'une "maîtrise de soi" qui ne dépendait que de moi, l'irruption de la puberté sous forme de transgression et d'aliénation compulsive (de l'autre en soi-même, un soi-même dès lors pas si soi ni même que ça) précipitait aussitôt et irrémédiablement dans une culpabilité d'autant plus abyssale qu'inavouable, en contradiction flagrante, et néanmoins secrète, avec tout ce que j'avais cru "être", vouloir et pouvoir "être".

Mais de tout cela les Knorr et Franz étaient eux-mêmes autant victimes que coupables, de par une tradition chrétienne, américaine, protestante, puritaine, piétiste, sectaire, qui les précédait depuis des siècles et avait fait d'eux ce qu'ils étaient; une tradition qui par le plus grand hasard historique et géopolitique nous est revenue sous cette forme en pleine Europe latine et catholique: nous avons angoissé de ce dont nous eussions peut-être rigolé, à la Fellini -- non sans honte ni culpabilité sans doute, mais dans une tout autre économie de la honte et de la culpabilité ("tu fais pleurer saint Joseph", comme dit le prêtre dans Amarcord, tout en se sentant les doigts...). Irréel du passé en proportion inverse du passé réel, que seule compense la fiction.

Cela me rappelle un vieux sketch du duo Font & Val (je crois), dont les partenaires ont eu eux-mêmes des devenirs inattendus... (en substance): "Le pape, pour le mariage il est croyant, non pratiquant; pour la masturbation il est pratiquant, pas croyant". Il y a une aberration évidente à soumettre la sexualité à une loi promulguée, appliquée ou représentée par des gens censés l'ignorer (la sexualité), mais d'un autre côté on ne saurait légiférer sur elle que d'un point de vue transcendant, extérieur et/ou supérieur, dans une position (!) qui est aussi, structurellement, une imposture.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMer 18 Sep 2024, 11:05

Citation :
Mais de tout cela les Knorr et Franz étaient eux-mêmes autant victimes que coupables, de par une tradition chrétienne, américaine, protestante, puritaine, piétiste, sectaire, qui les précédait depuis des siècles et avait fait d'eux ce qu'ils étaient; tradition qui par le plus grand hasard historique et géopolitique nous est revenue sous cette forme en pleine Europe latine et catholique: nous avons angoissé de ce dont nous eussions peut-être rigolé, à la Fellini -- non sans honte ni culpabilité sans doute, mais dans une tout autre économie de la honte et de la culpabilité ("tu fais pleurer saint Joseph", comme dit le prêtre dans Amarcord, tout en se sentant les doigts...). Irréel du passé en proportion inverse du passé réel, que seule compense la fiction.


Le christianisme n'est pas un puritanisme
Par Laurence Devillairs

Se plaire au plaisir

La théologie a, par tradition, tenté d’écarter la menace de l’ascèse culpabilisante. Elle le fait au travers du concept, en apparence secondaire, d’eutrapélie. Se plaire au plaisir, ce que signifie précisément ce terme, est une vertu. C’est l’excès, qui porte avec lui l’addiction et donc l’insatiabilité, qu’il faut éviter dans la vie comme dans la foi, et non le plaisir lui-même. On doit essentiellement à Thomas d’Aquin d’avoir insisté sur la salubrité du jeu, du plaisir gratuit pris à se distraire :

Il y a ce que dit S. Augustin : « Enfin je veux que tu te ménages : car il est bon que le sage relâche de temps en temps la vigueur de son application au devoir. » Or, une certaine détente de l’esprit par rapport au devoir s’obtient par les paroles et les actions de jeu.

Ce qui fait qu’il ne saurait y avoir de spiritualité et de prières sans légèreté. Un chrétien qui ne serait pas enjoué, non pas de façon mièvre ou béate mais par naturel et comme avec humour, serait à suivre Thomas d’Aquin « vicieux », c’est-à-dire inutile :

« Or ceux qui refusent le jeu » ne disent jamais de drôleries et rebutent ceux qui en disent, parce qu’ils n’acceptent pas les jeux modérés des autres. C’est pourquoi ceux-là sont vicieux, et on les appelle « pénibles et mal élevés », avec Aristote [4].

Le vice ne résiderait pas tant dans le plaisir pris aux plaisirs que dans le déplaisir éprouvé face aux manifestations partagées de plaisir. C’est donc d’abord chez l’Aquinate, bien avant Nietzsche, que l’on trouve une critique de ce que serait le ressentiment religieux, cette incapacité à supporter le frivole et la drôlerie. Aussi se pourrait-il que l’injonction à aimer ses ennemis contienne indirectement l’exhortation à se réjouir du plaisir en général, et de celui des autres en particulier.

Il reste que cet enjouement relève d’un talent. L’un des fruits de l’Esprit, selon l’Épître aux Galates, n’est-il pas en effet la joie, aux côtés de la bienveillance (Ga, 5, 22) ? Et rien n’autorise à suspecter cette joie de ne pas être sincère, de manquer d’air et de panache. Aussi « jouir d’une âme forte, audacieuse, téméraire ; traverser la vie l’œil calme et le pas ferme […] ; prêter l’oreille à toute musique pleine de gaieté d’esprit », s’accorder « une courte halte et un plaisir », se laisser « vaincre par les larmes et toute la pourpre mélancolie de l’homme heureux », peut-être n’est-ce pas uniquement là, comme le déclare Nietzsche, le bonheur d’Homère et des sages de la Grèce ancienne, celui que l’on éprouve dans la « vraie vie », opposée à la vie amoindrie, comptée et retenue, de l’ascétique et du croyant. Peut-être faut-il au contraire admettre que cette vie pourpre est aussi celle de la foi, qu’elle porte avec elle l’audace et la force que confère l’Esprit : « L’erreur essentielle de Nietzsche » serait donc « de n’avoir pas vu que le suprême amour ne va pas sans la suprême audace, et que cet me qui avance les mains jointes vers la petite hostie jette son va-tout, […]. Cette vie passionnée que Nietzsche place si haut, cette “vie pourpre”, le chrétien fidèle la goûte, à cette minute-là. [5] »

Il faut être heureux pour croire et non pas seulement croire pour trouver le bonheur : « Pour trouver Dieu, il faut être heureux, car ceux qui par détresse l’inventent vont trop vite et cherchent trop peu l’intimité de son absence ardente. [6] » Il y a un risque à accepter sans réserve le fait que la religion est consolation, car sa vocation première n’est pas de consoler de la vie mais de s’en nourrir. En ce sens, il n’y a pas de « vraie vie » à opposer à une vie consacrée, de plaisirs de l’existence à brandir contre la frugalité d’un quotidien de croyant. Il n’y pas moins de vie dans la foi que dans la vie tout court. La croyance n’est pas une sorte de caisse de prévoyance qui prémunirait contre le malheur et les matins blêmes. Elle ne permet probablement pas d’affronter les tragédies avec plus de tranquillité d’esprit mais si elle n’en console pas, elle en détermine toutefois le sens. Elle invite ainsi non pas tant à la sérénité – certaines philosophies ou psychologies y parviennent mieux qu’elle – qu’à la dépense : il s’agit de dépenser son existence avec la largesse de celui à qui il a été donné beaucoup, de façon déméritée et gratuite. Ce qui fait aussi que croire n’implique ni gravité ni austérité.

https://shs.cairn.info/revue-etudes-2014-3-page-53?lang=fr
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMer 18 Sep 2024, 11:55

Il ne faut pas confondre le puritanisme historique avec l'appellation courante et péjorative qui en dérive -- même problème pour beaucoup de noms d'"école", de secte ou de parti dont le sens a dégénéré à proportion de leur popularisation (platonisme, cynisme, stoïcisme, épicurisme, scepticisme, pharisaïsme, manichéisme, machiavélisme, etc.). -- J'ai le vague souvenir que nous avions eu une discussion sur le sujet il y a quelques années avec une participante d'alors, "Béréenne attitude", qui tenait avec raison à faire la différence... Dans le calvinisme dont le puritanisme anglo-saxon est issu, on parle aussi de "jouissance de Dieu", avec toute l'ambiguïté spéculaire du génitif (jouir de Dieu, c'est un autre qui jouit de Dieu ou Dieu qui jouit de l'autre, fût-ce en soi).

De même l'"eutrapélie" n'a étymologiquement rien à voir avec le "plaisir" (hédonisme), c'est le "bon tour" (eu-tropos), soit une certaine souplesse d'esprit, disposée au jeu, à la plaisanterie, à la légèreté, autant qu'au sérieux ou à la gravité -- en son temps comme dirait Qohéleth.

Ici aussi on peut distinguer ou confondre à loisir, provisoirement, arbitrairement ou conventionnellement, les quasi-synonymes, joie, plaisir, bonheur, ainsi que les amours, grec(que)s ou français(es). La Watch, puisque tel est le sujet et la rubrique du présent fil, ne s'en prive pas, sans échapper pour autant à l'inextricable mélange des sentiments et des émotions qui traverse chacun: coeur triste sous visage gai et inversement, c'est aussi Qohéleth et la sagesse immémoriale, qui perdure sous toutes les doctrines et les (im-)postures.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMer 18 Sep 2024, 15:16

Citation :
Au passage, je remarque en "feuilletant" In Search of Christian Freedom qu'un autre personnage, Karl Adams, semble avoir été un élément plutôt raisonnable et modérateur dans le délire inquisiteur de la Watch sous "monarchie bicéphale".

Pourtant Karl Adams n'était pas "oint", donc en déficit d'Esprit Saint.



En 1971 un manuel de l'organisation fut préparé, intitulé Une Organisation Pour la Prédication du royaume et pour Faire des disciples. Le projet était sous la direction de Karl Adams, alors surveillant du Comité de Rédaction du siège central international. Incontestablement, à cette époque il se classait à côté de Fred Franz dans l'organisation mondiale, il lui avait été être confié par le Président Knorr la responsabilité de ce que devait être le contenu des publications de l'organisation. Il est vrai que Fred Franz était, en fait, la seule source de "nouvelle lumière" et, sauf en de rares cas de veto du Président Knorr, il était l'arbitre suprême sur les questions Bibliques. Pourtant, en se basant sur le quotidien et ce qui concerne le volume de choses publiées, Nathan Knorr en fait dépendait plus de Karl Adams que de Fred Franz.5 Il avait une grande confiance dans le jugement de Karl et Karl était incontestablement une personne plus réaliste que le vice-président. Les attributions de Karl venaient, non du Collège central, mais directement du Président Knorr. Knorr lui-même car il désignait ceux qui devaient écrire les articles principaux (appelé "articles d'étude") pour la Tour de garde. Toutes les autres attributions de rédaction (à part Fred Franz) du Comité de Rédaction du siège central en ce temps-là passaient et étaient généralement initiés par Karl, bien qu'il n'était pas un membre du Collège central, ni ne prétendait être "oint". Dans le projet mentionné, il choisi et désigna Ed Dunlap et moi (alors membre du Collège central) pour travailler avec lui dans la rédaction du manuel de l'organisation, chacun d'entre nous écrivant approximativement un tiers du sujet. Cela vaut la peine de noter que tous les trois étions à maintes reprises actifs dans le programme de l'organisation du "service du champs" et de l'assistance aux réunions.

Quand le projet approcha de son achèvement, Karl Adams écrivit une lettre au Président Knorr, demandant conseil sur des points spécifiques. Pendant que nous discutions de ce que nous avions tous trois développé, la lettre, datée du 18 novembre 1971, n'était pas une composition collective de nous trois. Les termes étaient ceux de Karl Adams lui-même. Il était le surveillant président désigné du Comité de Rédaction, Ed Dunlap et moi étions ses subalternes. Certainement, il n'était donc pas sous pression pour parler de ce qu'il avait discuté ou pour présenter les informations de la façon dont il les a présentées. Je crois que Karl reconnaîtrait honnêtement ce fait. Notez, alors, ce qu'il écrivit au Président Knorr quant aux effets de l'utilisation que la fiche de rapport de l'organisation a sur le Témoin, comme présenté dans une partie de sa lettre intitulée "Rapport du Service du champs" :

À présent nous rapportons les livres, les brochures et les périodiques placés, ainsi que les abonnements obtenus. Le résultat consiste en ce que, bien trop souvent, les proclamateurs [les Témoins de base] considèrent leur "succès" selon le point de vue des placements. La publication est un outil magnifique pour aider les gens à apprendre la vérité, mais les proclamateurs sont souvent disposés à considérer le placement comme étant leur "objectif". Quand ils rencontrent quelqu'un qui a déjà la publication, au lieu de concentrer leur attention sur l'œuvre essentielle visant à faire des disciples, ils tendent à penser à quelle nouvelle publication ils pourraient placer à la personne. [Pourquoi?] Ils savent que la congrégation va prendre note de ce qu'ils placent personnellement. Cela influence leur utilisation de la publication. Aussi, le fait que les placements soient annoncés influence le critère avec lequel les serviteurs [les anciens] dans la congrégation sont disposés à estimer l'œuvre faite par les proclamateurs. Il n'y a pas de rapport pour l'amour montré aux autres frères, ou comment une personne assume ses responsabilités chrétiennes chez elle, ou de ce qui rend manifeste le fruit de l'esprit, ainsi donc la tendance est d'accentuer la valeur des chiffres de la fiche de d'activité du proclamateur au-delà qu'ils méritent.

Peu de Témoins ne pourraient faire autrement qu'approuver les remarques de Karl Adam, car ils savent qu'elles sont vraies. Karl avait demandé à Ed Dunlap et à moi, de faire nos remarques, nous avons particulièrement commenté les problèmes Bibliques avec le principe du rapport. Certains de ces commentaires sont reflétés dans ce que Karl continue d'écrire. Pourtant on aurait tort de supposer que ce qu'il a écrit ne reflétait pas sa propre pensée sur le sujet. Ceux qui le connaissent savent qu'il n'est pas une personne qui adopte facilement les opinions des autres ou les présente comme les siennes, particulièrement celles des subalternes. Non seulement les paroles suivantes sont celles de Karl Adams, les pensées qu'il exprime sont aussi les siennes, car il les a exprimés essentiellement dans sa discussion avec nous. J'ai été, en fait, surpris par le degré manifeste de franchise de sa lettre. Karl écrivit :

De l'aveu général, la disposition toute entière de rapporter notre service du champs est quelque chose qui va au-delà de ce que la Bible exige spécialement des Chrétiens. Ceci étant, ce qui peut être fait dans la façon de rapporter devrait être traité d'une manière qui évitera toute contradiction avec le conseil de Jésus, à savoir, "Prenez bien soin de ne pas pratiquer votre justice devant les hommes pour être observé par eux." (Mat. 6:1) C'est pourquoi, en 2 Corinthiens 10:12, Paul met en garde quiconque cherche à se glorifier en faisant des comparaisons. (Voir aussi Galates 5:26.) Pourtant, l'établissement d'un registre sur les placements a tendance à faire penser les proclamateurs en ces termes. Comme il est bien connu, des serviteurs de circonscription [des surveillants] ont laissé découragés des serviteurs travaillant dur [des anciens] dans les congrégations, en pointant sur des sujets concernant leurs rapports de service du champs, alors qu'en fait ils essayent avec effort de conduire le troupeau - mais, évidemment, ce temps ne se montre pas sur un rapport. Et, en parlant de toute la congrégation, un serviteur de circonscription [un surveillant] est plus préoccupé de savoir si la congrégation place 12 périodiques par proclamateur que de s'inquiéter si il y a un véritable amour chrétien dans la congrégation.

L'effet sur le Témoin de base ? La note de Karl Adam l’explique :

Ce point de vue fausse l'appréciation d'une personne de ce que la Bible en fait dit. Romains 15:1 fait allusion au fait que ceux qui sont forts doivent aider ceux qui ne sont pas forts. Le contexte discute de la foi de chacun. Mais les serviteurs [les anciens] ont été formés à donner de l'aide aux proclamateurs dont le rapport de service du champs est faible. Et quand ils utilisent les Écritures qui parlent des "œuvres excellentes," comme en Tite 2:14, ils sont prédisposés à penser principalement à ce qui se présente sur un rapport du service du champs, mais la prédication publique de la parole est seulement une petite partie de la description, comme l'explique le contexte. (Voir Tite 1:16; 2:5; 3:15.)

Assurément ces commentaires illustrent de façon imagée que, en contradiction avec la révision du Collège central du commentaire de Jacques, "des principes humains" ont été établis, qu'ils sont maintenant un facteur de contrôle dans ce que le Témoin de base comprend quant à la "direction de la Parole de Dieu," et qu'ils exercent une pression considérable sur les membres de l'organisation pour se conformer et chercher à satisfaire ces principes humains, même s'il faut négliger les œuvres qui sont manifestement exposées dans les Écritures. Bien que cette lettre du chef du Département de la Rédaction ait été écrite en 1971, les Témoins savent que peu de choses ont changées; la situation au cours des années 1990 reste la même. Peut-être la seule chose qui ait changée, c'est qu'aujourd'hui peu de personnes, probablement pas même Karl Adams lui-même, se sentiraient libres d'écrire aussi franchement qu'il l'a fait.

(A la recherche de la liberté chrétienne).


Voir : Suppression du rapport des heures de prédication

https://etrechretien.1fr1.net/t1489-suppression-du-rapport-des-heures-de-predication
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeMer 18 Sep 2024, 15:45

Parmi les innombrables aberrations de cette traduction délirante (probablement en partie "automatique" d'une ancienne génération de logiciels), ce qui est calqué en "dépendre de" signifie en fait "faire confiance à": Knorr faisait plus confiance à K. Adams qu'à F.W. Franz...

En tout cas l'appréciation de Raymond Franz, dans les années 1990, quant à la "liberté d'expression" au plus haut niveau de l'organisation semble bien vue: même un K. Adams n'aurait plus osé dire ce qu'il avait écrit vingt ans plus tôt. J'avais cru comprendre qu'il était déjà décédé à l'époque, mais apparemment il n'est mort qu'en 2005 (cf. ici). -- Tout dépend (!) en fait de l'historique des éditions de In Search of Christian Freedom: d'après l'unique document que j'ai sous les yeux, la première est de 1991 et la seconde de 2007 (Raymond est mort en 2010).

En effet, le "critère d'onction" devait compter assez peu dans l'esprit d'un pragmatique comme Knorr, qui préférait le "bon sens" à l'"inspiration" dans les domaines tant soit peu "pratiques" -- c'était aussi, si j'ai bien compris, le cas de Rutherford à l'égard de Covington, qui ne s'était jamais dit "oint"; malheureusement cette logique, modeste en un sens, laissait à l'"inspiration" de F.W. Franz toute latitude dans le domaine "théorique" (doctrinal, etc.), qui avait aussi des retombées "pratiques", notamment en matière de sang, de sexe ou de service militaire.

Sur l'affaire des "rapports" (de prédication) en effet, K. Adams aura eu gain de cause à titre posthume, près de vingt ans après sa mort.
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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeJeu 19 Sep 2024, 16:26

Rutherford, avant de devenir membre des "Étudiant de la Bible" (Watch Tower), avait montré de l'intérêt pour la politique. L'effet de ce milieu peut probablement se remarquer dans certaines terminologies utilisées. Nous avons déjà vu qu'il insista fortement sur "l'organisation," pour que ce terme en vienne à remplacer le terme Biblique "congrégation" pour se rapporter à la communauté mondiale des Témoins, tandis que l'on a appelé des congrégations individuelles "des sociétés." Mais plus de façon significative on peut voir dans sa création de termes tels "les campagnes" pour désigner les activités spéciales de "témoignage" à certaines périodes désignées, par lesquelles "campagnes" (dans certains cas appelé "campagnes divisionnaires") on exhortait à ce que le plus grand nombre participe et ainsi contribue à l'impressionnante "publicité" du message proclamé. On a appelé le feuillet d'instruction du "service du champs" mensuel "le Bulletin". Ceux participant à l'activité furent appelés la "classe des ouvriers" (plus tard " proclamateurs") et "pionniers" auxquels "des territoires" à couvrir étaient attribués. Ces groupes de "proclamateurs" travaillaient sous la direction d'un "capitaine" du service du champs.

Il n'y a aucune preuve que Rutherford lui-même ait pris une part quelconque dans cette œuvre de porte en porte. En se basant sur des témoignages faits par mon oncle, Fred Franz et d'autres qui étaient membres du siège central pendant la présidence de Rutherford, il semble que quand l'enquête fut faite la réponse était que 'ses responsabilités comme président ne lui aient pas permis de participer à cette activité.' Ainsi il pouvait au mieux dire, "Faites comme je dis"; il ne pouvait pas dire, "Faites comme je fais." 

Le livre Les Témoins de Jéhovah dans le Dessein Divin montre qu'en 1920 quelque chose de nouveau fut présenté pour accroître l'attention qui reposait maintenant sur cette œuvre :

En 1920, on commença à insister sur la responsabilité qui incombe au chrétien de prêcher la bonne nouvelle, en demandant à tous les témoins qui prenaient part à ce travail de remettre chaque semaine un rapport de leur activité de prédication.7

Les intervalles de temps pour faire un rapport par la suite on variés, d'hebdomadaire à mensuel et semi-mensuel, mais l'accent mis sur l'activité de prédication de porte en porte, une fois commencée, continua à grandir. Avec l'importance liée sur la conformité d'organisation, l'uniformité de pensée et d'action, l'accent sur l'activité de porte en porte et sur le fait d'en faire un rapport est un legs majeur de la présidence de Rutherford qui est demeuré à ce jour.

Une Démarche Commerciale

Avec la mort de Rutherford et son remplacement par Knorr Nathan une époque nouvelle d'expansion commença. Tandis que la présidence de Rutherford avait une tournure politique, la présidence de Knorr refléta la démarche d'un homme d'affaires. (Nathan dit une fois à Ed Dunlap que s'il n'avait pas poursuivi de carrière religieuse il aurait aimé être directeur d'un grand magasin, comme Wanamaker de New York). Il a beaucoup développé et modernisé l'équipement d'édition de la Société à Brooklyn, remis plusieurs nouvelles succursales sur pied dans le monde entier et développé celles déjà existantes, en établissant des usines modernes d'édition dans de nombreux pays. Sous sa direction, la Société Watch Tower est devenue une des plus grandes organisations de publication du monde. L'impression initiale d'une nouvelle publication en anglais se situe régulièrement à un million ou plus d'exemplaires.

Cette vaste capacité d'édition présentait un "appétit" à satisfaire et j'ai personnellement entendu dire Nathan - et d'autre membre d'un niveau élevé dire, "Nous devons occuper ces presses". L'équipement à l'arrêt représentait des frais financiers. L'utilisation de l'équipement d'édition serait d'évacuer cette production et progresser pour publier plus, d'habitude avec un ou plusieurs nouveaux livres "annoncés" chaque année. Le débouché principal pour ce flot de publications était systématiquement l'activité de porte en porte des Témoins. Avec "les quotas" d'heures à satisfaire si on voulait être exemplaire, "les quotas de périodique" sont entrés en vigueur pour les "proclamateurs de la congrégation," chacun étant exhorté à distribuer 12 exemplaires par mois.8

La fiche de rapport fut de façon continuelle un moyen important pour garder cette activité à un haut niveau. L'idée (souvent exprimée) que ces rapports sont nécessaires à l'organisation pour savoir comment planifier son activité d'édition est une fiction - aucune des usines d'édition de la Société ne compte sur ces rapports, car elles mesurent la demande non pas selon les rapports du "service du champs", mais selon les rapports d'inventaire de leurs propres départements d'expédition et selon les rapports d'inventaire mensuels reçus des Filiales.9

Après inscription sur la carte de rapport du "Proclamateur", les rapports "de service du champs" individuels sont présentés sous forme de tableau et compilés mensuellement par chaque congrégation et envoyés au siège central de Brooklyn de l'organisation ou, en dehors des États-Unis, à une de ses filiales.10 Chaque filiale envoie des rapports mensuels à Brooklyn, traitant principalement de cette activité de diffusion (des heures du "service du champs", le nombre de publications et des rapports financiers). Ceux-ci sont alors compilés dans un rapport mondial qui est étudié et analysé pour repérer tout signe d'affaiblissement. Nulle autre activité spirituelle ou facette de la vie chrétienne ne font l'attention d'un examen rigoureux comparable ou sont l'objet d'une telle préoccupation. Le rapport est considéré comme le principal baromètre de la "santé spirituelle" de l'appartenance au Témoins. Les anciens de congrégation savent que des chiffres faibles dans un aspect de l'activité du "service du champs" d'une congrégation seront inévitablement attirés à leur attention par les représentants itinérants (de circonscription et les surveillants de district) avec leur responsabilité mise en cause jusqu'à amélioration du rapport. La mesure de leur propre participation dans cette activité détermine souvent s'ils conservent leur surveillance ou la perdent. Les filiales dans le monde reçoivent des "visites annuelles de Zone" par des membres du Collège central et d'autres représentants, ces visites sont particulièrement ciblées sur cette activité du "service du champs" et sur le degré de succès avec lequel le Comité de Filiale l'encourage.

En raison de tout cela, on peut voir pourquoi la note adressée au Président Knorr par le Département de Rédaction, avec à sa tête de Karl Adams et ses préoccupations exprimées, avaient en fait une raison. Peu de Témoins, toutefois, se rendent compte que les points exprimés dans cette note de 1971 ont depuis été rapportés plusieurs fois par des anciens actifs, responsables aussi bien que par des représentants itinérants inquiets de l'organisation et que leurs témoignages ont été amenés à l'attention du Collège central maintes fois au cours des ans.

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MessageSujet: Re: Monarchie bicéphale - Nathan Knorr + Frederick Franz   Monarchie bicéphale - Nathan Knorr +  Frederick Franz Icon_minitimeJeu 19 Sep 2024, 17:38

Cf. p. 191ss de l'anglais (2007).

Je ne vois pas ce que le terme de "congrégation" aurait eu de "biblique" (Scriptural, ce qui nous vaut en "français automatique" une étrange majuscule à l'adjectif), sinon comme traduction de qahal, ekklèsia, pour éviter la transcription traditionnelle "Eglise": congregation est relativement répandu en anglais au sens d'"assemblée" concrète, par exemple dans la liturgie des Eglises traditionnelles, mais son calque paraît nettement plus excentrique en français, où il est traditionnellement réservé aux "ordres" religieux -- la Watch a d'ailleurs fini, récemment, par y renoncer en traduction francophone. De même "sociétés" traduit "companies", etc.

A propos, ça me rappelle que lors de mon passage au Béthel j'avais vainement essayé de réformer la traduction du field service (qui en anglais courant peut désigner n'importe quelle activité "de terrain", "sur le terrain", par opposition à ce qui se fait à l'intérieur, dans des bureaux d'une entreprise, les salles de classe d'une école ou au siège d'une institution quelconque) en "service du champ" (même sans "s" au singulier). Alors que bien d'autres de mes suggestions de révision du jargon jéhoviste étaient passées, celle-là avait été obstinément refusée par le Comité de filiale, sous le seul prétexte d'une référence possible au "champ" des paraboles (lequel n'intervient pourtant qu'exceptionnellement parmi toutes les occurrences d'un field service qui en anglais paraît bien plus naturel, sans allusion biblique la plupart du temps, donc sans effet de jargon interne).

D'un autre côté les "pionniers" me rappellent toujours le scoutisme soviétique, même s'ils peuvent aussi renvoyer à la légende américaine de la conquête de l'Ouest: les références "politiques" de Rutherford, dont on a vu ailleurs les sympathies fascisantes (McFadden etc.), étaient éclectiques...

On voit bien comment les "rapports" (d'activité) convenaient autant à l'"homme d'affaires" (Knorr) qu'au "politicien" (Rutherford) -- homme d'affaire et politicien "manqués" dans un sens, "réussis" chacun à sa façon. C'est l'occasion de remarquer que si le binôme Knorr-Franz a "moralisé" la Watch, notamment au plan de la répression sexuelle, il n'est pas pour autant revenu à la "moralité positive" de Russell, ce character development qui visait avant tout les "vertus chrétiennes" traditionnelles (genre "fruit de l'esprit", amour etc.). C'était toujours une affaire d'activité, même si ça devenait plus "commercial" que "politico-militaire".

Les métaphores de toute façon naviguent d'un "domaine" à l'autre, notamment du vocabulaire militaire au monde de la politique et de l'entreprise: combat, campagne, stratégie, tactique, opération, agressivité, etc. Je repense aux cantiques où le militaire tenait une place considérable, sous forme de motifs verbaux et musicaux (marches de type militaire) -- c'était d'ailleurs aussi le cas dans les Eglises évangéliques et protestantes du XIXe et du début du XXe siècle, dont les recueils jéhovistes avaient conservé certains airs jusqu'aux années 1960. Même pour une génération antimilitariste par réflexe, comme la nôtre, ça donnait envie, sinon d'envahir la Pologne (comme disait Woody Allen à propos de Wagner), du moins de jouer au petit soldat; mais dans la même génération nombre de militants politiques jouaient aussi aux "petits soldats": du militaire au militant la transition est facile...

---

Il serait assez tentant de dire qu'après les disparitions successives de Knorr et de (F.W.) Franz la Watch est passée du bicéphale à l'acéphale... Mais comme on le remarquait plus haut la structure bicéphale perdure, même quand les deux (types de) "têtes" sont collectives (conseils d'administration d'un côté, Collège central de l'autre, avec leurs extensions de "comités" en tout genre). J'ai pourtant l'impression, de très loin certes, que ceux qui décident en dernière instance, tant des innovations doctrinales pour autant qu'elles ont des conséquences pratiques que des affaires de sociétés, d'associations ou d'organisations, n'apparaissent dans aucun organigramme -- je pense notamment aux juristes, avocats, conseils, qui évaluent les risques juridiques et judiciaires de chaque décision, et qui ont par conséquent un effet de rétention, de réserve, de prudence, à la limite de paralysie sur toute initiative. Je crois d'ailleurs que ça n'a rien de spécifique à la Watch, c'est un trait d'époque qui marque toutes les "personnes morales", Etats, religions, institutions, administrations, entreprises, associations, du fait d'une judi(cia)risation générale des sociétés (phénomène d'abord et caricaturalement américain, mais désormais mondial). D'une certaine façon on en revient à l'époque du "Juge", en plus "politiquement correct", avec la fantaisie en moins et l'ennui en plus -- il y avait sans doute une certaine excitation à être TdJ sous Rutherford, en provoquant ouvertement les "autorités" de l'Etat ou des Eglises; sensation qui s'affadissait déjà sensiblement sous Knorr et Franz, hormis sur quelques points de tension comme le sang ou le service militaire, et dont il ne reste absolument plus rien dans le jéhovisme actuel qui ne demande qu'à être regardé comme "une religion comme une autre". A ceci près que la Watch qui se veut "respectable" en Amérique et dans les pays occidentaux envoie encore volontiers les TdJ d'ailleurs, Russes par exemple, au casse-pipe: elle a tout à y gagner d'un point de vue "occidental", puisqu'elle passe ainsi à moindres frais pour "anti-Poutine" comme naguère pour "antinazie".
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