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 Ce que je retiens : de Marc

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Narkissos

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MessageSujet: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeDim 08 Nov 2009, 02:53

Suite de la sous-rubrique... j'ai failli prendre Matthieu pour un contraste théorique plus marqué avec Paul, mais Marc, - dans sa forme première au moins - prototype d'évangile et source directe de Matthieu, est un passage quasi obligé. Et qui à mon sens vaut le détour.

BB sur l'autre fil parlait de la nécessité et de la difficulté de désapprendre un "savoir" harmonisant pour percevoir et goûter les différences. Et nulle part peut-être cela n'est plus important qu'avec Marc. Presque tout ce qu'il dit, d'autres le (re-)disent ailleurs, "mieux", avec plus de détails, d'explications, de justifications, etc. Pour lire ce que Marc écrit effectivement, il faut absolument oublier les autres, résister à la tentation de suppléer à ses "manques" (qui n'en sont pas pour lui!) par les ajouts et la logique des "autres". Au sortir du fondamentalisme, je me suis vite rendu compte que l'Evangile de Marc était de loin celui que je connaissais le moins bien, justement parce que je connaissais trop bien les autres.

Or, malgré le "feedback" des autres jusque dans le texte final de Marc, l'oeuvre se distingue si on la regarde de près, et d'une manière tout à fait insolite. Il est en effet frappant que la première "mise en histoire" du sauveur chrétien, sa première "incarnation" en quelque sorte, ne soit ni un superman ni un puits de sagesse, mais un "énergumène", un "possédé de l'Esprit", dépassé par ce qui lui arrive, hésitant, fantasque, contradictoire, perturbé, irritable, voire franchement "déjanté". Tous traits que les autres évangélistes vont naturellement s'employer à gommer d'une manière ou d'une autre.

L'homme-dieu de Marc est un personnage éminemment problématique, pathétique et pathologique, tragique et comique à la fois (l'ultime miracle est celui du figuier, maudit parce qu'il ne portait pas de figues -- alors que ce n'était pas la saison!). La rencontre exceptionnelle de l'Esprit et de l'humanité est à ce prix (je repense ici au Théorème de Pasolini).

Si Marc inaugure le genre évangélique bien connu qui consiste à mettre en histoire Jésus sur la base de réminiscences littéraires (de l'A.T. surtout mais pas exclusivement), il est remarquable qu'il ne le fasse pas sur le ton solennel voire sentencieux qui sera de mise par la suite, mais d'une manière beaucoup plus troublante et énigmatique.
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ASSAD

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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeDim 08 Nov 2009, 12:37

C'est vrai que ce que je retiens du personnage de Jésus raconté par Marc c'est aussi un personnage un peu "pathologique".

L'Esprit le "chasse" au désert.

1.23 - Les esprits impurs le reconnaissent et l'interpellent. "Pourquoi te mèles-tu de nos affaires ? ( même remarque en 5.7) Je sais qui tu es etc ... Mais lui leur dit "tais-toi". Genre je suis là incognito (cf 1.34, il ne laissait pas les démons parler parce qu'ils le connaissent + 3.12 + ).

Marc 1:40-43 d'ému de pitié par la lèpre ( devant un impur), il s'emporte et chasse le devenu pur.

En un chp, le 2 + le début du 3, il fait tout ce qui est choquant socialement parlant. Il pardonne les péché ( alors que seul Dieu peut le faire), il fait ripaille avec les collecteurs d'impôts et les pêcheurs, il ne jeûne pas, il arrache des épis et guérit pendant le sabbat.

Ben ni une ni deux, il s'est grillé les pharisiens se mettent d'accord avec les hérodiens pour le zigouiller !

En guise de saint Esprit, une espèce de folie géniale et subversive semble s'être emparé de lui. Dans le comportement, on dirait une sorte de Jack Sparrow ( il faut savoir ce perdre pour trouver l'introuvable). Même sa famille pense qu'il à viré du ciboulot 3.21.

Un passage marrant c'est celui au chp 5 où il rend la raison au forcené en expulsant Legion, alors que lui ne semble pas avoir toute sa raison puisque sa famille pense qu'il l'a perdu.

Il fout les jetons à tous le monde à expulser des démons à commander au vent et à la mer, à y marcher dessus.

Bref un petit grain de folie est entré dans le monde pour y ramener un peu d'ordre et de sagesse ....
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VANVDA




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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeDim 08 Nov 2009, 14:02

Une chose que je trouve très étonnante chez Marc, c'est le pouvoir très variable de Jésus dans le temps.

Il est au début de l'évangile quasiment atteint de "dynamirhée", il soigne sans même le vouloir (5,25-34 ou 6,53). Il guérit sans difficulté, à distance (la fille de la femme syro-phénicienne en 7,24-30).
Puis, un peu plus tard à Bethsaïda, il sera obligé de s'y reprendre à deux fois (cas unique dans les évangiles) pour rendre la vue à un aveugle (8,22-26). Ensuite il guérira encore un enfant possédé, mais seulement au terme d'une très pénible séance d'exorcisme, qui laisse même l'enfant "comme mort" (9,14-29 -un compte-rendu très différent de celui de Matthieu 17 ou Luc 9).

...Mais quand surgit Bartimée juste avant le début de la semaine sainte, c'est par le seul pouvoir de sa parole qu'il lui rend la vue (et en une seule fois!).

Et enfin arrive ce très étrange miracle du figuier...
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ASSAD

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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeDim 08 Nov 2009, 14:51

Et la concision de Marc tant l'évangile entier que dans les petits récits qui tiennent en quelques versets donne un impression de fugacité, d'éphémère intrusion de la divinité dans le monde. Le saint esprit folie/génie s'est saisi d'un humain, Jésus, et le conduit inéluctablement et à toute vitesse vers un destin tragique par le chemin de la farce comique. Une espèce de marionnette tapant les démons mais ne maitrisant pas totalement l'élan de son mouvement ...
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeDim 08 Nov 2009, 15:32

Un style qui marque!

Dans certains mss de 1,41, la première réaction à la requête du lépreux est déjà l'irritation...

J'avais perdu de vue (!) Bartimée, c'est une exception intéressante au modèle de difficulté croissante que j'avais cru discerner. Peut-être (??) ce miracle où la volonté de Jésus n'est plus impliquée mais celle de l'autre ("que veux-tu?") est-il un dernier rappel de l'époque de la légèreté ("ta foi t'a sauvé", de nouveau comme en 5,34) -- en contraste avec le figuier où la volonté de Jésus va devenir destructrice et signaler comme une impasse.

Marc nous laisse beaucoup d'énigmes, sans garantie de solution!

Ainsi les termes uniques (dans l'Evangile) semés tels les cailloux du Petit Poucet dans l'encadrement du récit de la Passion.
14:50ss:
Alors tous l'abandonnèrent et prirent la fuite. Un jeune homme le suivait, vêtu seulement d'un drap. On l'arrête, mais lui, lâchant le drap, s'enfuit tout nu.
15:43ss:
Joseph d'Arimathée, un membre honoré du conseil, qui attendait lui aussi le règne de Dieu, arriva. Il osa se rendre chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Etonné qu'il soit déjà mort, Pilate fit appeler le centurion et lui demanda s'il était mort depuis longtemps. Renseigné par le centurion, il donna le corps à Joseph. Celui-ci acheta un drap, descendit Jésus de la croix, l'enveloppa avec le drap et le mit dans un tombeau taillé dans le roc, puis il roula une pierre contre l'entrée du tombeau. Marie-Madeleine et Marie, mère de José, regardaient où on l'avait mis.
Lorsque le sabbat fut passé, Marie-Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des aromates, pour venir l'embaumer. Le premier jour de la semaine, elles viennent au tombeau de bon matin, au lever du soleil. Elles disaient entre elles: Qui roulera pour nous la pierre de l'entrée du tombeau? Levant les yeux, elles voient que la pierre, qui était très grande, a été roulée.En entrant dans le tombeau, elles virent un jeune homme assis à droite, vêtu d'une robe blanche; elles furent effrayées. Il leur dit: Ne vous effrayez pas; vous cherchez Jésus le Nazaréen, le crucifié; il s'est réveillé, il n'est pas ici; voici le lieu où on l'avait mis. Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée: c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. Elles sortirent du tombeau et s'enfuirent tremblantes et stupéfaites. Et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur.

Cela n'engage que moi évidemment, mais ce texte me suggère que "Jésus" n'a pas été complètement arrêté; quelque chose, ou quelqu'un d'essentiel est passé à côté de la crucifixion.

Et cela rejoint à mes yeux le caractère complexe du personnage; il y a le quidam Jésus de Nazareth, et il y a l'Esprit. Union hypostatique avant la lettre, mais hautement instable et dépourvue de sérénité métaphysique...
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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeDim 08 Nov 2009, 15:55

Bonjour Didier,

je viens de lire le dernier sujet Ce que je retiens : de Marc et la phrase suivante de ton dernier message me laisse sur ma faim:

Cela n'engage que moi évidemment, mais ce texte me suggère que "Jésus" n'a pas été complètement arrêté; quelque chose, ou quelqu'un d'essentiel est passé à côté de la crucifixion.

suggères-tu comme les gnostiques que Jésus celui cloué au bois n'est pas celui qui est remonté au ciel?

Avec mes salutations.
Jean-Pierre
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeDim 08 Nov 2009, 23:27

Bonsoir Jean-Pierre,
Je suggère que l'interprétation de la 'mort du Christ' est l'un des principaux "lieux" de débats du christianisme primitif, d'où profusion de modèles théoriques et narratifs concurrents à cet endroit -- y compris celui que tu énonces.
Les récits évangéliques de la Passion, et même celui de Marc, ne créent pas tout ex nihilo: plusieurs fils originellement séparés, voire contradictoires, sont déjà tissés par la tradition (orale ou écrite) en amont.
L'idée de l'homme abandonné par le dieu (l'Esprit, le Christ céleste) sur la croix en fait partie (déterminant autant la tradition du cri sur la croix que celle du dernier souffle/Esprit rendu); le thème de la substitution à la croix (qu'on retrouvera dans l'Islam) en est une variante (dont les motifs de Jésus Barabbas libéré en lieu et place du Nazaréen, ou celui de Simon de Cyrène portant la croix de Jésus, offrent peut-être des vestiges très anciens). La mort réelle suivie de descente aux enfers, de résurrection le troisième jour, ou d'ascension en sont d'autres. Ce n'est pas parce que ceux-ci vont être validés par l'orthodoxie et que ceux-là vont être rejetés comme hérétiques que les uns sont plus "originels" ou "authentiques" que les autres. Le récit de la Passion est un mélange de beaucoup d'histoires, auquel chaque évangéliste va donner un tour particulier, sans pour autant effacer les contradictions qui sont préalablement inscrites dans sa trame. Je trouve que celui de Marc, qui présente cette bifurcation ambiguë à l'entrée du récit et la rappelle à la fin, est intéressante parce qu'il soulève des questions, sans imposer de réponse. Marc est jusqu'au bout l'évangile énigmatique, dont le sens ne se livre pas au dehors (depuis le "secret messianique", les paraboles compréhensibles aux seuls initiés, jusqu'à la [non-]fin absurde d'une annonce qui n'a jamais été faite.)
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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeLun 09 Nov 2009, 12:40

Bonjour,

merci Didier pour cette explication qui est pour moi comme une fenêtre que l'on ouvre pour changer l'air vicié, et qui permet de découvrir de nouveaux horizons par cette ouverture, horizons que je n'avais jamais pris soin de considérer

Avec mes salutations.
Jean-Pierre
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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeVen 26 Oct 2012, 11:02

Ce que j'apprécie dans l'évangile de Marc, c'est que Jésus choisi pour disciples des hommes limités et fragiles et, malgré leurs manquements et leurs faiblesses, il continue de leur faire confiance.

En effet dans l'évagile de Marc ne presente pas les disciples à leurs avantages : plus le récit avance, plus leur inintelligence, leurs peurs, leurs manques de foi et leurs faiblesses augmentent. Au moment de l'arrestation de Jésus, ils l’abandonnent tous et s'enfuient. Dans la cour du Grand Prêtre, Pierre le renie.
Pourtant en (16,7) Marie-Madeleine dit : " Mais allez dire à ses disciples et à Pierre qu'il vous précède en Galilée : c'est là que vous le verrez, comme il vous l'a dit. "
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MessageSujet: Re: Ce que je retiens : de Marc   Ce que je retiens : de Marc Icon_minitimeVen 01 Avr 2016, 17:46

Je signale que, depuis l'abandon (provisoire) de ce fil,
- le thème du "jeune homme" échappé nu puis (re)trouvé vêtu au tombeau a été revisité ici;
- il a aussi été question ailleurs du renvoi des disciples en Galilée où Jésus les précède (dernier post de free, cf. déjà 14,28) comme retour au commencement (de l'évangile, 1,14, dont le "point culminant" est au centre: la Transfiguration, chap. 9) -- cet effet de cycle étant rompu par "Luc-Actes" qui supprime toute référence à la Galilée et ordonne au contraire aux disciples de rester à Jérusalem, pour brancher le récit sur une "suite" linéaire d'allure historico-géographique (les Actes des Apôtres, de Jérusalem à Rome).

Parmi les curiosités de "Marc" souvent qualifiées de "pittoresques" et imputées à une certaine "naïveté populaire" par les commentateurs modernes, et déjà pudiquement arrangées ou éliminées par ses "rewriters" anciens (Matthieu, Luc), je repense à cette remarque incidente du narrateur à propos de l'hémorroïsse (dont l'hémorragie pourrait d'ailleurs être rapprochée de la "dynamirhée" dont parlait VANVDA ci-dessus, puisque justement elle déclenche, par son contact avec Jésus, une "fuite de puissance" à l'insu de celui-ci), 5,26: "Elle avait beaucoup souffert du fait de nombreux médecins, et elle avait dépensé tout ce qu'elle possédait sans en tirer aucun avantage; au contraire, son état avait plutôt empiré." D'aussi loin que je me souvienne (c.-à-d. de ma période jéhoviste) j'avais bien perçu, comme tout le monde, l'ironie de ce trait, mais il a fallu un commentaire "savant" (je ne sais plus lequel) pour me faire remarquer, beaucoup plus tard, qu'il s'agissait précisément d'une ironie "populaire", voire "populiste" ou démagogique, ciblant du point de vue du "peuple" les classes "savantes" et "aisées" -- en l'occurrence les médecins, dénoncés sinon comme des charlatans et des escrocs, au moins comme des incapables profitant de la souffrance d'autrui (il est d'ailleurs probable que dans toutes les générations de lecteurs on ait modéré cette critique en se disant qu'il s'agissait des médecins d'avant). Chez les TdJ, du reste, le goût de ce verset se corsait sans doute d'une contestation effective de la médecine "officielle", au moins sur la question des transfusions sanguines, et parfois sur d'autres (dans la mesure où elle se combinait, chez quelques-uns, avec un attrait pour les "médecines parallèles"). N'empêche que cette petite phrase me paraît encore d'une certaine pertinence (anachronique, donc) dans sa "naïveté": la science et la technique, y compris médicales, avec tout leur "progrès", ont-elles réduit ou augmenté la souffrance humaine -- pour autant que celle-ci se laisse quantifier ? La question, pour être banale et assez peu "politiquement correcte", me semble mériter réflexion: "on" souffre souvent moins dans telle ou telle circonstance (anesthésie, remèdes efficaces, etc.), mais plus longtemps et surtout plus nombreux -- outre que les "progrès" de la médecine sont indissociables de tous les autres (industriels, militaires, etc.).

Un autre récit de guérison "pittoresque" est celui, particulièrement laborieux, de l'aveugle de Bethsaïda au chapitre 8, où le "patient", au beau milieu de l'opération (qui semble relever à peu près autant de la "magie" que de la "médecine"), a recouvré à moitié la vue et dit "je vois les hommes comme des arbres qui marchent" (v. 26). Inutile sans doute de s'interroger sur la vraisemblance de la chose (surtout s'il s'agit, comme dans Jean 9 qui est le seul "parallèle" très approximatif de ce passage, d'un aveugle-né qui n'a jamais vu ni "hommes" ni "arbres"). Je trouve cependant l'analogie vague et floue de l'homme et de l'arbre, qu'on ne voit "bien" que quand on ne voit pas "bien", comme lorsqu'on plisse les yeux pour capter une impression d'ensemble d'une forme, d'un tableau ou d'un paysage, extrêmement frappante. Elle me renvoie (tout cela est résolument subjectif, dans l'esprit de ce fil) à toute une vaste tradition (biblique et bien au-delà), où l'homme se pense "arbre" (avec sa verticalité entre ciel et terre, ses racines, ses fruits, son ombre, sa croissance, sa prospérité, son dessèchement, sa chute etc.), en tension constante avec une autre où il se pense en mouvement horizontal, ascendant ou descendant (marche, chemin, course, carrière, parcours, pèlerinage, etc.).

On pourrait multiplier les exemples: comme on l'a déjà relevé plus haut, la précision du narrateur sur l'anti-miracle du figuier, "ce n'était pas la saison des figues" (11,13), change complètement le sens du récit (ce n'est pas un figuier "stérile", comme dans la "parabole" de Luc 13; le pauvre figuier n'y est pour rien, c'est avec "le temps" ou "la réalité" que "Jésus", ou "la foi", ont un sérieux "problème"); le commentaire "ainsi il purifiait tous les aliments", en 7,19, balaie d'un coup toute idée d'un Jésus soumis à la Torah rituelle (au grand dam de Matthieu). Bref, il y a tout lieu d'être attentif aux "petites phrases" propres à Marc (qui se font d'ailleurs très bien remarquer, même si les autres évangiles ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour nous les faire oublier).

[Ce qui est sans doute plus difficile à "voir", et plus "important" dans un sens, ce sont au contraire les éléments narratifs de "Marc" qui ont été conservés et développés par "Matthieu" et/ou par "Luc" et qui constituent pourtant l'essentiel de sa trame narrative à lui, pour saisir celle-ci dans son "invention" première, en-deçà des ajouts et aménagements ultérieurs. Or ce qui paraît "commun" à une lecture "synoptique" est forcément moins remarquable que les différences, en "plus" ou en "moins". Il faudrait pouvoir lire l'ensemble de ce texte tel qu'il est, comme si nous ne connaissions pas du tout les autres au lieu de le comparer sans cesse à eux, et cela nous est quasiment impossible.]
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