Ça me paraît tout à fait juste en principe: quand la foi (au sens de croyance) repose sur trois piliers (l'Ecriture, la tradition et le magistère) et non sur un seul (sola scriptura), les enjeux exégétiques et herméneutiques sont moindres, on est moins crispé sur "l'autorité" de l'Ecriture et plus souple sur son interprétation (et il y a quelque chance, au passage, qu'on la comprenne mieux).
Mais dans les faits on observe à peu près la même chose dans les Eglises protestantes historiques, surtout celles qui ont une longue tradition étatique et universitaire (ça va de pair), quoi qu'il en soit de leur statut actuel: luthériens d'Allemagne et de Scandinavie, réformés de Suisse ou des Pays-Bas, anglicans ou épiscopaliens du Royaume-Uni et du Commonwealth. En fait c'est là que sont nées les sciences bibliques critiques, l'Eglise catholique n'ayant pris le train en marche que dans les années 1940 (Divino afflante spiritu).
Le créationnisme et le fondamentalisme en général se sont principalement développés dans une structure ecclésiale différente (et dominante en Amérique), celle des "Eglises libres", surtout congrégationalistes (baptistes etc.), coupées des universités et s'orientant ou bien vers une attitude anti-intellectualiste, ou bien vers la constitution de filières académiques parallèles. Même s'ils ont trouvé une alliée dans la frange "orthodoxe" ou conservatrice des Eglises historiques.