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 christianisme, mariage, procréation et sexualité

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Narkissos

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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMar 06 Sep 2011, 13:36

La rubrique "people" est assez peu fournie dans le christianisme primitif, et surtout elle ne relève pas de "l'actualité" mais de la "thèse" à retardement (et à enjeu "idéologique"). Il faut attendre Clément d'Alexandrie et Eusèbe de Césarée pour trouver, contrairement à toute la tradition antérieure, la thèse (expressément anti-gnostique) d'un Paul marié:
http://www.ccel.org/ccel/schaff/npnf201.iii.viii.xxx.html -- sur une base d'ailleurs non traditionnelle mais exégétique, le/la "syzyge" de Philippiens 4,3 signifiant littéralement "compagnon ou compagne de joug" (zugos).
Les choses se compliquent quand on prend en compte l'existence dans le christianisme primitif (et tout particulièrement dans ses composantes proto-gnostiques) d'unions hommes-femmes autres que le "mariage" (cf. les "vierges" de 1 Corinthiens 7 et le post initial de ce fil). Au passage, qu'il y ait une allusion à quelque chose de ce genre dans Philippiens 4,3, ce n'est pas exclu, quand on sait la fortune du concept de "syzygie(s)" (couples d'opposés, notamment masculin-féminin, réunis dans le "plérôme") dans le gnosticisme ultérieur.

(En marge: je découvre seulement maintenant la BD du Golden Age, qui vaut en effet le détour... elle me rappelle, par contraste, des souvenirs de noces jéhovistes dans les années 70-80, avec la sentimentalité des discours aussi sirupeuse que les musiques. A tout prendre, il y a un petit côté Groucho dans la goujaterie rutherfordienne qui me la rendrait presque -- je dis bien presque! -- sympathique.)
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMer 12 Oct 2011, 14:12

Gen 9,22 "Cham, père de Canaan, vit la nudité de son père et avertit ses deux frères au-dehors."

L'expresssion "vit la nudité de son père" ne signifie -t-elle pas plus que juste découvrir où voir la nudité ?

Lév 18,6-7 "Aucun de vous ne s'approchera de sa proche parente pour en découvrir la nudité. Je suis Yahvé. Tu ne découvriras pas la nudité de ton père ni la nudité de ta mère."

L'expression "découvrir la nudité" semble désigner les relations sexuelles incestueuses.

Cham aurait donc fait peut-être plus que regarder dormir son père Noé nu... Noé aurait été violé par son propre fils alors qu’il était complètement ivre!
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Narkissos

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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMer 12 Oct 2011, 14:33

Remontée de watchtowérisme mal digéré (tu es tout excusé). "Voir" (r'h) ce n'est pas "découvrir" (glh) -- "se découvrir" (glh hitpael, forme réfléchie, si l'on ose dire), Noé fait ça très bien tout seul (v. 21).
Et en plus ce n'est pas parce qu'une expression est utilisée comme un euphémisme dans un contexte particulier (celui des lois lévitiques en l'occurrence) qu'elle ne pourrait pas être employée au sens propre [(se) mettre à poil] dans un récit de genre complètement différent. Bref, pas la peine d'aller chercher midi à quatorze heures, quand le texte se lit le plus simplement du monde:
"Cham... vit la nudité de son père et le raconta au dehors à ses deux frères. Alors Sem et Japhet prirent le manteau, le mirent tous deux sur leurs épaules, marchèrent à reculons et recouvrirent la nudité de leur père; comme ils détournaient le visage, ils ne virent pas la nudité de leur père."
D'un côté celui qui voit et raconte, de l'autre ceux qui, ayant entendu, font le nécessaire pour ne pas voir.
Le seul vrai problème du texte est l'hésitation entre les noms propres "Cham" et "Canaan", mal résolu par les gloses rédactionnelles maladroites qui anticipent sur la généalogie sacerdotale ("Cham père de Canaan"); indice d'une probable confluence de traditions diverses, où le récit de la malédiction implique une fratrie Sem-Japhet-Canaan (dans cet ordre) pour le Noé-de-la-vigne, qui s'harmonise tant bien que mal avec la tradition Sem-Cham-Japhet pour le Noé-du-déluge. Mais c'est (encore plus) loin du sujet de ce fil.
-- Réflexion faite, il y a quand même un rapport, indirect: le fait que dans l'état actuel du texte le "maudit" (Canaan) n'est pas le "coupable" (Cham) incite le lecteur "demi-malin", dans un premier temps, à tenter d'impliquer Canaan dans la "faute" de Cham (en quoi il retrouve peut-être quelque chose d'un récit originel où il n'y aurait pas eu du tout de "Cham") et, dans un second temps, à rendre la "faute" elle-même plus grave au regard d'une morale anachronique.



(33)
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMar 07 Mai 2013, 15:46

En 1 Corinthiens 7, l'apôtre Paul aborde les questions du mariage, du célibat et du mariage mixte avec comme règle générale l'idée que l'on retrouve en (7,17) : " que chacun continue de vivre dans la condition que lui a départie le Seigneur, tel que l'a trouvé l'appel de Dieu. C'est la règle que j'établis dans toutes les Eglises. "

Paul exprime à trois reprises cette règle (17,20 et 24) que chacun reste dans la situation ou l'appel de Dieu l'a trouvé ... en clair Paul demande que la situation familiale et sociale dans laquelle le nouveau croyant a reçu l'évangile demeure celle dans laquelle il doit vivre. Ainsi les esclaves devenus chrétiens devaient rester dans cet état même s'il pouvait en sortir (7,21) : " Étais-tu esclave, lors de ton appel ? Ne t'en soucie pas. Et même si tu peux devenir libre, mets plutôt à profit ta condition d'esclave. "

Ainsi la conversion d'un esclave ne lui donne pas la liberté, il est libre par la foi. Paul n'a pas demandé l'abolition de l'esclavage.

Dans le cadre du mariage mixte, l'apôtre Paul indique qu'il n'a pas reçu un enseigne du Seigneur et donc décide de lui-même de la conduite à tenir, sûr de son avis, puisqu'il bénéficie de la lumière divine.

La continuation du mariage est soumise à la volonté du conjoint non-croyant (v 12) ... si l'union perdure le mariage en question n'est pas considéré comme impur (v 14). Si le conjoint non-croyant refuse de continuer la vie commune et désire la séparation, il faut la lui accorder (v 15-16).

Je ne comprends pas le raisonnement de Paul, au v 9 il souligne que les liens du mariage sont indissolubles ("que la femme ne se sépare pas de son mari") et qu'en cas de séparation il précise au sujet de la croyante, "qu'elle ne se remarie pas " alors qu'aux v 15-16 il accepte et recommande une séparation avec un incroyant qui ne désire plus la vie commune.


Paul voit-il dans le mariage mixte une institution imparfaite, voir anormale ?

Le fait que le conjoint croyant ne puisse pas gagner son conjoint incroyant à sa foi rend-t-il l'union sans intérêt pour Paul ce qui justifierait une séparation (v 16 "Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? ") ?




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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMer 08 Mai 2013, 20:59

" La femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu'il vit ; mais si le mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle veut, dans le Seigneur seulement. " (7,39)

Ce texte indique que les liens du mariage sont indissolubles, seuls la mort d'un des deux conjoints y met un terme ... sauf dans le cas d'un mariage mixte ou la séparation devient possible dans la mesure ou le conjoint incroyant désire se séparer. Le remariage est possible uniquement dans le "Seigneur", c'est à dire avec un croyant dans l'Eglise. Paul n'aborde pas la question du divorce ... Il ne parle pas de ceux qui se sont divorcés avant de devenir chrétien. Il ne pas parle non plus de certaines raisons acceptables pour divorcer. Shocked scratch


Paul ne donne pas un traité complet sur le mariage, le sexe et le divorce qui répondrai à toutes les questions que nous puissions poser à propos de ce sujet aujourd'hui. Il se contente de répondre à des questions posées par des membres de l'église de Corinthe. ("J'en viens maintenant à ce que vous m'avez écrit." 1,1).
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeJeu 09 Mai 2013, 10:54

C'est la raison de tant de quiproquos amenant des Témoins non seulement mais aussi des Mormons, des Evangéliques et dans une moindre mesure des Catholiques à se trouver dans la position de fornicateurs, leur mariage n'étant pas reconnu par leur église.

Le Témoin sera exclu pour motif de fornication, de même pour le Mormon, l'Evangélique sera mis de côté mais pas rejeté, le Catholique ne pourra pas demander de bénédiction pour son mariage et il ne pourra plus participer à la communion. Ceci explique en partie sans doute la désaffection des catholiques à l'encontre de leur église.

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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeVen 10 Mai 2013, 17:30

" Que le mari s'acquitte de son devoir envers sa femme, et pareillement la femme envers son mari.La femme ne dispose pas de son corps, mais le mari. Pareillement, le mari ne dispose pas de son corps, mais la femme. " (7,3-4)

Aujourd'hui il existe un terme qui résume l'idée developpée dans ce texte par Paul ... "devoir conjugal", la sexualité dans le couple est une dette exigée par le mariage. Le sexe n'est pas affaire de "désir" mais de devoir ; le fait d'être un(e) époux(se) demande que nous répondions aux besoins sexuels de l'autre. D'ailleurs le texte insiste bien sur cette notion de "devoir" en soulignant que chacun des conjoint dispose d'une certaine "autorité" sur le corps de l'autre.

J’ai toujours été frappé, par la parole de Paul, en 1 Corinthiens 7.3-4 car la femme à autant de "droit" que l'homme ce qui devait être révolutionnaire et progressiste pour l'époque mais aussi par la notion de "devoir" ou de "dette conjugale" qu'elles véhiculent impliquant l'idée que chaque conjoint perd toute autorité sur son corps ... Paul ne pouvait-il pas imaginer que l'homme et la femme pouvait se porter spontanement l'un vers l'autre, d'un même mouvement ?

D'ailleurs Paul assimile la sexualité dans le mariage juste à un moyen d'éviter la "débauche" (7,2) "Toutefois, à cause des débauches, que chaque homme ait sa femme et chaque femme son mari" ... un remède à l'immoralité Shocked
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeVen 10 Mai 2013, 18:42

Citation :
" La femme demeure liée à son mari aussi longtemps qu'il vit ; mais si le mari meurt, elle est libre d'épouser qui elle veut, dans le Seigneur seulement. " (7,39)
Ce texte indique que les liens du mariage sont indissolubles, seuls la mort d'un des deux conjoints y met un terme ...

Cet extrait du texte pourrait impliquer une telle chose, mais le texte dans son entier ne dit pas tout à fait ça, me semble-t-il, et reste plus "équivoque".

D'abord il faut noter que l'ensemble du chapitre est franchement très défavorable au mariage, qui restera vraiment réservé aux "pyropyges" (de pur: chaud, feu ; et de pugê: fesses) qui ne sont pas capables de maitriser leurs ardeurs... le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne connote guère tout ça de beaucoup de dignité (comme ce fut déjà relevé plus haut par Spermologos)!

Et on ne sera pas sans remarquer (un peu "à contrepied" de ce que tu relèves ensuite, dans ton message ci-dessus) que le principe évoqué quant au remariage n'est formulé que pour la femme, et pas pour les hommes! C'est particulièrement flagrant au verset 10 et 11 du même chapitre 7, où il est déjà question de séparation/répudiation, et où Paul prend bien soin d'expliquer qu'une femme ne doit pas se séparer, mais que, si elle est amenée à le faire tout de même, alors elle doit demeurer "sans mari". Et lorsqu'il passe à la situation symétrique, il se contente de dire qu'un homme ne doit pas répudier sa femme ... point à la ligne ; aucune évocation (et donc aucun interdit explicite comme précédemment) de cas où ça arriverait tout de même!

De même, on voit en effet Paul exprimer là, et assez clairement, l'idée que le mari ne doit pas répudier sa femme, et il précise que c'est un ordre venant du Seigneur et pas de lui-même... Mais immédiatement après, il se met à parler du cas des couples "mixtes" (chrétiens /non-chrétiens) et il évoque bien (même si c'est "en creux") une possibilité que le mari chrétien puisse répudier son épouse non-chrétienne, puisqu'il inverse la proposition: il conseille --fortement même-- de ne pas le faire, mais il précise que c'est là son avis à lui, et pas un "commandement du Seigneur" (même s'il explique un peu plus loin que ses conseils, c'est pas de la gnognotte, et qu'on a tout intérêt à les écouter vu comment il a la faveur du Seigneur, il ne met clairement pas les deux injonctions au même niveau d'autorité).


(Une remarque encore, je me contente ici de relever ce qui me semble un fait textuel : c'est comme ça que c'est écrit. Je n'en tire pas de conclusion précise, sur un entre-lignes qu'il faudrait comprendre. J'ignore pourquoi Paul enchaîne ses idées comme ça --une histoire de droit Romain, peut-être? Ou quelque autre problème lié au contexte historique ou dogmatique?-- mais le fait est que c'est bien loin d'être limpide et qu'on y trouvera de "consignes", censément applicables par tout chrétien d'aujourd'hui, qu'au prix de l'ignorance de ces faits.)
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeSam 11 Mai 2013, 22:57

Citation :
(Une remarque encore, je me contente ici de relever ce qui me semble un fait textuel : c'est comme ça que c'est écrit. Je n'en tire pas de conclusion précise, sur un entre-lignes qu'il faudrait comprendre. J'ignore pourquoi Paul enchaîne ses idées comme ça --une histoire de droit Romain, peut-être? Ou quelque autre problème lié au contexte historique ou dogmatique?-- mais le fait est que c'est bien loin d'être limpide et qu'on y trouvera de "consignes", censément applicables par tout chrétien d'aujourd'hui, qu'au prix de l'ignorance de ces faits.)

VANVDA,

Merci pour cette analyse pertinente et nuancée ... je suis d'accord avec ta conclusion, en effet Paul ne donne pas un traité complet sur le mariage, le sexe et le divorce qui répondrai à toutes les questions que nous puissions poser à propos de ce sujet aujourd'hui. Il se contente de répondre à des questions posées par des membres de l'église de Corinthe dans un contexte particulier ("J'en viens maintenant à ce que vous m'avez écrit." 1,1).



" Mais s’il est vrai que l’enracinement de l’éthique sexuelle paulinienne est juif, ses problématiques sont essentiellement païennes ... il lui a fallu, non seulement dénoncer l’inconduite sexuelle comme il l’aurait fait dans un contexte juif, mais surtout affronter une autre morale sexuelle: la morale sexuelle du monde hellénistique avec ses diverses problématiques.

Ainsi que le montre Paul Veyne, à Rome, le mariage au tournant de l’ère chrétienne est encore essentiellement un acte civique par lequel on remplit ses obligations à l’égard de la cité en engendrant des citoyens. L’épouse, écrit-il, « n’était qu’un outil du métier de citoyen et de chef de famille; elle faisait des enfants et arrondissait le patrimoine »5; elle n’était qu’un des éléments de la maisonnée et demeurait dans un état de subordination à son mari. Pour l’homme, « le mariage était donc senti comme un devoir parmi d’autres, comme une option à prendre ou à rejeter »6. Il s’agissait de morale civique et non d’une morale intériorisée du couple, et si les époux étaient heureux en ménage, cela ne faisait qu’ajouter à leur mérite mais n’était pas essentiel à leur union.

Il est vrai que, comme le montre Michel Foucault et le relève Paul Veyne7, sous l’Empire, l’idéal de l’époux hellénistique est petit à petit passé de celui de bon citoyen à celui de bon mari au cours du Ier siècle. L’Erotikos. Dialogue sur l’amour8de Plutarque, né vers 45 de notre ère, est l’un des témoins de cette évolution. Mais Plutarque, dans ce traité, se voit encore obligé de batailler pour imposer son idéal de l’amour conjugal. Du temps de Paul, la porneia était encore largement un mode vie caractéristique du paganisme: ce n’est pas dans le mariage que les hommes assouvissaient principalement leur besoin de plaisir sexuel. Cela, cependant, ne signifie pas que la culture hellénistique constituait un univers de débauche, sans règles ni contraintes. Au contraire! « Le paganisme a été en réalité paralysé par des interdits »9: l’amour, lui-même, pour être « selon les convenances », ne se faisait pas nu et toujours dans l’obscurité, et les caresses devaient être peu nombreuses. Mais « d’après la réalité civique, où le privilège des mâles était inscrit », souligne Veyne, selon l’échelle machiste des valeurs du temps, l’infidélité conjugale du mari était largement tolérée, et concubines, courtisanes, prostituées et esclaves avaient comme rôle social, plus ou moins accepté, de répondre, selon leur rang, aux besoins sexuels des hommes.

http://larevuereformee.net/articlerr/n229/lapotre-paul-et-la-sexualite
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeDim 26 Mai 2013, 22:01

" C’est pourquoi Dieu les a livrés par les convoitises de leurs cœurs, à l’impureté où ils avilissent eux-mêmes leurs propres corps. Ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature au lieu du Créateur qui est béni éternellement. Amen. C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions avilissantes : leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature ; les hommes de même, abandonnant les rapports naturels avec la femme, se sont enflammés de désir les uns pour les autres, commettant l’infamie d’hommes à homme et recevant en leur personne le juste salaire de leur égarement "(Rm 1,24-27 TOB)

Je pense que c'est un des rare texte qui outre l'homosexualité masculine parle de l’homosexualité des femmes. Ce texte condamne-t-il spécifiquement l'homosexualité ?

Le point central de la démonstration de Paul est établir la culpabilité des gentils qui "ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, adoré et servi la créature de préférence au Créateur" donc le péché d’idolâtrie ... l’homosexualité n'est que l'un des nombreux "vices" qui témoigne de ce grand péché ... l'idolâtrie.
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeLun 27 Mai 2013, 16:10

Je note également qu'a trois reprises on retrouve l'expression, " Dieu les a livrés" (v 24, 26 et 28), qui rappelle l'expression de Rm 11,32 : "Car Dieu a enfermé tous les hommes dans la désobéissance", or la finalité de ce processus est donné à la fin du v 32, "pour faire à tous miséricorde".

Dans l'épître aux Romains, pour comprendre un texte, il faut le replacer dans le contexte de l'ensemble de la lettre. Ainsi les Les versets 24-27 constitue la bse d'une démonstration, qui vise à démontré la condition pécheresse de l’être humain (Rm 1,18-32), afin de mettre en évidence la gratuité du salut ... les humains ne méritent ce salut, " ils sont inexcusables " (1, 20), " dignes de mort " (1, 31); pourtant Dieu leurs fait miséricorde.(11,32).

le cahpite 1 de l'épîtres aux Romains est un préambule au developpement d'une idée qui a dû surprendre les juifs, en effet Paul porte une accusation universelle, quant à la culpabilité de tout être humain devant Dieu, cela ne se limite pas aux païens idolâtres, mais au juifs :

" Mais si toi, qui arbores le nom de Juif ... eh bien ! l'homme qui enseigne autrui, tu ne t'enseignes pas toi-même ! tu prêches de ne pas dérober et tu dérobes !tu interdis l'adultère et tu commets l'adultère ! tu abhorres les idoles, et tu pilles leurs temples !Toi qui te glorifies dans la Loi, en transgressant cette Loi, c'est Dieu que tu déshonores,car le nom de Dieu, à cause de vous, est blasphémé parmi les nations " (2,17 et 23)

La description des païens en (1,24-28) correspond au regard que portent les juifs sur ces païens, Paul semble s'en servir pour aborder un poin plus délicat ... la culpabilité des juifs ... ces versets ne constitueraient pas une attaque en règle contre l'homosexualité.
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Mai 2013, 10:30

Nous sommes bien là dans un discours de rhétorique. Les philosophes grecs s'invitent par l'intermédiaire de Paul.
Des dizaines de siècles plus tard, les chrétiens s'acharnent à trouver dans ces textes des condamnations qui en fait ne sont pas l'objet premier des textes de la lettre aux romains.

S'il est vrai que le texte de l'ancien testament a condamné certaines formes de sexualité (lévitique), de nombreux peuples les condamnaient bien avant. Et à d'autres époques l'homosexualité était une pratique courante.

Cela ressemble à la fameuse question de Matthieu "Quel est l'esclave fidèle et avisé?" visant à faire raisonner les chrétiens sur leur responsabilité vis à vis les uns des autres, et non de déterminer qui est l'esclave.

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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Mai 2013, 16:20

" leurs femmes ont échangé les rapports naturels pour des rapports contre nature ; les hommes de même, abandonnant les rapports naturels avec la femme, se sont enflammés de désir les uns pour les autres "



C'est tout à fait juste de dire, d'une part, que l'opposition kata / para phusin (selon la nature, conformément à la nature / contre nature) joue un rôle important dans le stoïcisme où domine l'idée d'un ordre du monde (kosmos) régi par la Raison (logos), et, d'autre part, que les influences philosophiques de Paul sont principalement stoïciennes. Cela dit, Paul n'est pas philosophe et n'emploie pas ce genre de formule avec la rigueur d'un "terme technique" -- le stoïcisme est simplement une des influences prépondérantes sur la "philosophie populaire" de son époque et de son milieu, dans laquelle il baigne comme beaucoup d'autres auteurs contemporains. En somme, c'est une influence indirecte.
Il est plus intéressant de noter comment Paul lui-même emploie ailleurs le terme phusis ("nature"). Les non-Juifs peuvent accomplir la loi sans la connaître, "par nature" (2,14), bien qu'ils soient "incirconcis de nature" (2,27); dans l'allégorie de l'olivier, les non-Juifs sont des branches d'olivier sauvage "selon la nature", greffées "contre nature" (comme en 1,26 !) sur l'olivier cultivé auquel les Juifs, eux, appartiennent "selon la nature" (11,21.24): ici le "contre nature" est pris en bonne part, puisque c'est par un acte "contre nature" que Dieu sauve les non-Juifs. En 1 Corinthiens 11,13ss, la "nature" veut que les hommes aient les cheveux courts et les femmes longs (le "contre nature", bien que la formule exacte n'apparaisse pas ici, consiste à brouiller les différences de "genre"). En l'occurrence ce qu'il appelle "nature" correspond à ce que nous appellerions une convention culturelle.
Au passage, il n'est pas évident que le "contre nature" de Romains 1,26 se réfère à une homosexualité féminine, à laquelle les textes juifs, grecs ou latins ne s'intéressent quasiment jamais. C'est possible bien sûr, mais ce n'est pas vraiment ce que le texte dit. On peut aussi bien comprendre qu'une pratique (hétéro-)sexuelle "contre nature" des femmes "donne des idées" aux hommes et les incite à l'homosexualité (l'homosexualité masculine est, elle, clairement caractérisée au v. 27).
(Spermologos)
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeVen 24 Jan 2014, 17:00

Yhwh a probablement une parèdre (ou épouse), Ashéra (ou, s'il s'agit d'un nom commun, "une ashéra"). Il a des temples un peu partout dans le pays, dont l'architecture correspond à ceux qu'on a mis au jour dans toute la région (jusqu'en Syrie) et se reflète encore dans le temple de Jérusalem. Ces temples comportent des images diverses (jeunes taureaux, plus tard stigmatisés comme "veaux d'or", mais aussi serpent, cf. Nehoushtân, 2R 18.4) et n'excluent pas la prostitution sacrée (2R 23.7, à Jérusalem ; cf. Ex 38.8 ?).

http://www.theolib.com/fougeras.html

Dans le monde de l’Ancien Testament, la fréquentation de prostituées ne constitue pas nécessairement un délit moral ou juridique. Comme nous l’avons vu, Juda n’est pas blâmé pour avoir agi avec Tamar comme avec une prostituée. Les relations sexuelles entre des hommes mariés ou non et des femmes célibataires paraissent tout à fait acceptables. Par contre, un rapport sexuel entre un homme et une femme mariée à un autre homme est qualifié d’adultère et les deux personnes doivent être sévèrement punies et même exécutées.

Plus tard, la Bible, qui a pris naissance sur ces terres baignées de l'antique culture babylonienne, évoquera à son tour le phénomène de la prostitution sacrée. Ainsi, en Deutéronome 23, 18 : « Il n'y aura pas de prostituée sacrée parmi les filles d'Israël, ni de prostitué sacré parmi les fils d'Israël », ou en 2 Rois 23, 7, qui raconte comment le roi Josias « démolit les maisons des prostitués sacrés, qui étaient dans le temple de Yahvé et où les femmes tissaient des voiles pour Ashéra [une déesse] ». Faisant référence aux prostituées du temple de Samarie, Michée (2, 7) promet la colère de Yahvé. Mais la femme d'Osée est cependant une prostituée des cultes cananéens de fécondité, que le prophète a épousée sur ordre de Yahvé, car, dit-il, « le pays ne fait que se prostituer en se détournant de [moi] » (Osée 1, 2). La métaphore est ici particulièrement claire : la prostitution est assimilée à l'infidélité pure et simple envers le Dieu d'Israël. L'anathème le plus fort est jeté sur cette pratique.

Les prostitués, hommes et femmes, dont il est question dans ce récit sont « sacrés ». Ils appartiennent aux sanctuaires du dieu Baal. Baal est le dieu cananéen de l’orage et de la pluie. Il est souvent invoqué pour que les récoltes reçoivent l’eau nécessaire. En s’installant en Canaan, les Hébreux commencent eux aussi à prier Baal pour avoir une moisson abondante et ils se rendent à l’un de ses sanctuaires pour rencontrer une prostituée sacrée. La relation sexuelle est vue comme une sorte de rituel pour assurer la productivité de la terre, la fécondité des élevages, de même que la fertilité des personnes. L’acte devient une imitation de l’union entre les divinités Baal et Astarté.
Le récit précise que Roboam était roi quand cette pratique a commencé à se répandre. Il est le fils de Salomon, dont nous avons déjà souligné les liens avec des femmes étrangères et leurs divinités.

http://www.interbible.org/interBible/decouverte/insolite/2012/insolite_120518.html
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeLun 27 Jan 2014, 15:49

Exode 22: 16-17.
Citation :
« Si un homme séduit une vierge qui n’est pas fiancée, et couche avec elle, il paiera sa dot et la prendra pour femme. Si le père refuse de la lui accorder, le séducteur paiera l’argent qu’on donne pour la dot des vierges. »

Ma compréhension de ce texte m'incline à comprendre que la relation sexuelle en dehors du mariage n'est pas en soi un péché mais que la difficulté réside dans le fait que cette relation prive la jeune fille ("une vierge") de sa virginité et ainsi de la posssibilité de faire un mariage honorable ... les hommes de l'époque se mariant uniquement avec des femmes "vierges". Pour compenser la perte de cette virginité, le "séducteur" doit la prender pour femme ou donner la dot des vierges.

la femme n’avait pas de statut social; elle appartenait soit à son père soit à son mari. Le fiancé devait en quelque sorte l’« acheter » à son père (la dot). En cas de viol ou de relations hors mariage, il fallait l’épouser (gen 34,4 et 2 S 13)

Il me semble que la virginité soit une condition impérative pour qu'une femme puisse se marier mais que cette condition ne soit imposée aux hommes.

Deutéronome 22: 13-21S

« Si un homme, qui a pris une femme et est allé vers elle, éprouve ensuite de l’aversion pour sa personne, s’il lui impute des choses criminelles et porte atteinte à sa réputation, en disant : J’ai pris cette femme, je me suis approché d’elle, et je ne l’ai pas trouvée vierge, alors le père et la mère de la jeune femme prendront les signes de sa virginité et les produiront devant les anciens de la ville, à la porte. Le père de la jeune femme dira aux anciens : J’ai donné ma fille pour femme à cet homme, et il l’a prise en aversion ; il lui impute des choses criminelles, en disant : Je n’ai pas trouvé ta fille vierge. Or voici les signes de virginité de ma fille. Et ils déploieront son vêtement devant les anciens de la ville. Les anciens de la ville saisiront alors cet homme et le châtieront ; et, parce qu’il a porté atteinte à la réputation d’une vierge d’Israël, ils le condamneront à une amende de cent sicles d’argent, qu’ils donneront au père de la jeune femme. Elle restera sa femme, et il ne pourra pas la renvoyer, tant qu’il vivra. Mais si le fait est vrai, si la jeune femme ne s’est point trouvée vierge, on fera sortir la jeune femme à l’entrée de la maison de son père ; elle sera lapidée par les gens de la ville, et elle mourra, parce qu’elle a commis une infamie en Israël, en se prostituant dans la maison de son père. Tu ôteras ainsi le mal du milieu de toi. »
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMar 28 Jan 2014, 17:18

Question :

Exode 22: 16-17
« Si un homme séduit une vierge qui n’est pas fiancée, et couche avec elle, il paiera sa dot et la prendra pour femme. Si le père refuse de la lui accorder, le séducteur paiera l’argent qu’on donne pour la dot des vierges. »
Ce texte semble indiquer que c’est plus la perte de la virginité qui pose problème, que la relation sexuelle en dehors du mariage (Je ne sais pas si la notion de fornication existe dans l’AT). Dans la mesure ou l’homme en question « séduit une vierge qui n’est pas fiancée », il ne vole pas la femme d’un autre, donc la relation sexuelle n’est pas condamnable.



Réponse :

On peut analyser les interdits sexuels de la Torah (et de l'AT en général) à partir de deux points de vue en principe complètement distincts, bien que quelquefois ceux-ci se confondent dans les mêmes textes. 1) Sous l'angle de ce qu'on peut appeler la "juridiction civile", ils relèvent du droit de la propriété qui ne s'applique qu'aux hommes: l'adultère est un cas particulier de vol (cf. le dixième commandement !). S'il n'y a pas dommage causé par un homme à un autre homme (mari, fiancé, père), il n'y a pas de faute de ce point de vue (qui est à peu près le seul représenté dans le "Code de l'alliance" de l'Exode, 21--23). Un homme (même marié: sa femme ne compte pas !) ne lèse personne par une relation sexuelle avec une esclave (sauf si elle appartient à un autre homme), une orpheline, une divorcée, une veuve, une prostituée ("sacrée" ou non). Mais 2) il y a aussi un autre point de vue, "sacral" ou "sacerdotal" (notamment dans le Lévitique, ou hors Torah chez Ezéchiel) qui considère la faute sexuelle sous l'angle de l'impureté ou de la souillure rituelle (p. ex. pour les unions "incestueuses", qui sont interdites même si elles ne font de tort à personne). En somme, d'une part la logique de la propriété et de l'autre celle du "tabou". L'adultère peut, selon les textes, relever de l'une, de l'autre ou des deux. L'inceste, l'homosexualité, la zoophilie, ou (quelquefois) la prostitution, seulement de la seconde.


En tout cas il n'y a rien de semblable au concept de "fornication" tel que le comprend le jéhovisme (est "fornication" toute sexualité hors mariage, selon une conception de surcroît moderne et administrative du "mariage"). La pornéia dans la Septante, et même encore en bonne partie dans le NT, c'est d'abord la "prostitution" (non "sacrée" !), et c'est toujours à partir de ce sens "propre" que se développent par extension des sens "figurés" (comme dans certains milieux aujourd'hui on qualifiera de "putes" des femmes qui ne sont nullement des prostituées au sens propre).(Spermologos)
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMer 29 Jan 2014, 12:39

Nombres 5 décrit un rite "magique" qui permet de déterminer la culpabilité d'une femme  soupçonnée d'adultère (la propiétiare de la femme, le mari lui n'est jamais soupçonné d'adultère). Si le mari jaloux ne peut prouver la culpabilité de sa femme (manque de témoins oculaires), le prêtre devait faire boire une boisson amère à la femme (eau du temple + poussière du sol du sanctuaire) et la soumettre au jugement divin.

Si la femme était innocente les eaux amères n'avait aucun effet nocif sur elle, par contre si le femme était coupable, ces eaux amères faisait en sorte que  "son ventre enflera, ses cuisses dépériront, et cette femme sera un sujet de malédiction au sein de son peuple"(5,27).

(Peite paranthèse : Dans la Bible Hébraïque, l'usage du mot ’aMeN est assez différent de celui que nous connaissons. ’aMeN qui n'apparaît que rarement dans un contexte de prière constitue le plus souvent la réponse à une question :
Dans la Torah, le mot apparaît en Nombres 5,22 dans un rituel concernant les épouses soupçonnées d'adultère analogue au jugement de Dieu pratiqué au Moyen-Age ! La femme soupçonnée doit boire une potion assez rebutante pendant que le prêtre prononce une malédiction. Par deux fois la femme répond ’aMeN. Puis, si la femme est coupable, elle tombe malade alors que l'innocente sort indemne de l'épreuve.http://biblique.blogspirit.com/archive/2008/03/10/amen.html )
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeJeu 30 Jan 2014, 13:54

Les Pastorales  prennent explicitement le parti du mariage et de la procréation contre les "gnostiques" , cela se retrouve parmi  les "qualités requises" qui précisent mari d’une seule femme. Ainsi avoir une épouse et des enfants est plutôt considéré comme un point positif, permettant de mesurer la capacité du candidat à bien gérer une communauté.
L'expression d’une seule femme ne semble pas poser le pricinpe de la monogamie mais vise peut être a disqualifier les croyants ayant eu deux épouses successivement, ce qui se traduit par deux possibilité :

1) on éviterait de choisir des hommes qui, avant leur conversion, seraient passés grâce à un divorce d’une femme à une autre,

2)on exclurait aussi les veufs remariés
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeJeu 30 Jan 2014, 15:44

En lisant tes deux derniers posts j'ai repensé à plusieurs choses, dont je te fais part à toutes fins utiles:

1) Nombres 5: l'"ordalie" ou "jugement de Dieu (ou des dieux)" est un procédé de justice très répandu, de l'Antiquité au moyen-âge, en cas de doute sur la réalité des faits. Selon la nature de l'épreuve, plus ou moins (naturellement) dangereuse, elle laisse évidemment plus ou moins de chance à l'accusé: dans certains cas il faut un "miracle" pour s'en sortir (et donc être déclaré innocent), dans d'autres pour ne pas s'en sortir ! De ce point de vue l'ordalie de Nombres 5 paraît relativement "soft" (cf. a contrario certains jugements de "sorcières" à la fin du moyen-âge qui ne laissaient aucune chance même théorique, p. ex. quand les suspectes étaient attachées sur une lourde chaise en métal et jetées dans une eau profonde: si par miracle elles flottaient, c'est qu'elles étaient bien sorcières et alors on les brûlait !). Dans l'Antiquité on est souvent jeté dans un fleuve, et on s'en sort ou pas...

Au passage, je me souviens (approximativement) d'un joli commentaire d'Emmanuel Levinas (L'au-delà du verset) sur les discussions talmudiques relatives à ce texte: le fait d'effacer (v. 23) les malédictions conditionnelles qui comportaient le nom divin paraissait en effet enfreindre le principe rabbinique qui voulait qu'on n'efface jamais le Tétragramme écrit. La leçon tirée de la contradiction était: même le nom divin s'efface pour faire la paix entre les hommes (et les femmes, en l'occurrence).

2) Concernant 1 Timothée 3, il ne faut pas forcément voir la formule "mari d'une seule femme" d'une manière casuistique ou quasi-juridique (en se demandant si ça exclut ou pas les divorcés ou les veufs remariés p. ex.). On la retrouve assez fréquemment dans des épitaphes païennes de l'époque, qualifiant le défunt comme un "bon mari": il était "l'homme d'une seule femme" (cf. NBS), c.-à-d. "un mari fidèle". La morale des Pastorales (qu'on a souvent qualifiée de "bourgeoise") n'est pas ascétique, elle se conforme à celle de la ("bonne") société environnante (cf. la référence aux gens du dehors, v. 7 etc.). (Spermologos)
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMar 04 Fév 2014, 18:38

" et ceux qui usent du monde comme s'ils n'en usaient pas réellement, car ce monde, tel qu'il est formé, passe." 1 Cor 7,31

Ce monde qui passe entraîne avec lui une série de réalités qui en font partie actuellement, mais pour lesquelles il n'y a pas de place dans le nouveau règne comme le mariage ; les sentiments, comme pleurs ou joie ... Un peu dans l'esprit de Mc 12,5 : "En effet, quand on se relève d'entre les morts, on ne prend ni femme ni mari, mais on est comme des anges dans les cieux."

Le monde à venir fait disparaître certaines structures (tel le mariage) qui sont essentielles au maintien du monde actuel. Ainsi le chrétien fera "comme si" ... "que ceux qui ont une femme soient comme s'ils n'en avaient pas" (1 Cor 7,29), le mariage est une structure provisoire qui engendre des difficultés ("mais les gens mariés connaîtront la détresse " - 7,28).


Gal 3,28 est un texte interessant :

 " En effet, vous tous qui avez reçu le baptême du Christ, vous avez revêtu le Christ. Il n'y a plus ni Juif ni Grec, il n'y a plus ni esclave ni homme libre, il n'y a plus ni homme ni femme, car vous tous, vous êtes un en Jésus-Christ "


Paul affirme que tous les croyants sont devenus des fils de Dieu par le baptême et que cela suppriment toutes les dictinctions et les différences humaines comme la différence de sexe,  la différence sexuelle elle-même qui semble devoir être dépassée.
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMar 17 Juin 2014, 17:45

Les médecins et la stigmatisation du vice solitaire (fin XVIIIe-début XIXe siècle)

Le premier volet de la stratégie dissuasive de Tissot consiste à démontrer la nocivité de l’onanisme ...

1. Tout vient, à l’origine, des pouvoirs et des vertus que Tissot (et d’autres avant lui) attribuent au sperme. Le sperme n’est pas une humeur ordinaire : au lieu d’être évacuée lorsqu’il y a trop plein, comme l’urine dans la vessie par exemple, la liqueur séminale, fabriquée à partir du sang, « s’accumule dans les réservoirs [… ] pour acquérir dans ces réservoirs une perfection qui [la] rend propre à de nouvelles fonctions, quand elle rentre dans la masse des humeurs ». En effet, s’opère au niveau des testicules, un subtil circuit d’échanges qui met en jeu entre autres, les « vaisseaux absorbans » : ceux-ci ramènent une partie du sperme bonifié et travaillé vers le sang, d’où elle irrigue l’ensemble du corps et stimule toutes les fonctions physiologiques. Or, toute déperdition excessive de sperme appauvrit ou même supprime ce mécanisme de retour.

2. La façon dont s’évacue le sperme, c’est-à-dire l’éjaculation, est comparable, dans ses symptômes et dans ses effets, à un spasme, une convulsion, voire une crise d’épilepsie. Elle sollicite de façon brutale et dangereuse le système nerveux : « dès qu’il y a convulsion, le genre nerveux se trouve dans un état de tension, ou plus exactement dans un degré d’action extraordinaire, dont la suite nécessaire est un relâchement excessif ». L’émission de sperme est donc périlleuse, surtout si elle est réitérée.

3. Mais il reste à achever la démonstration en résolvant la dernière difficulté, qui n’est pas la moindre. Pourquoi, en effet, la masturbation serait-elle plus dangereuse que le coït ? Pourquoi ces deux actes, a priori physiologiquement équivalents, diffèreraient-ils quant à la gravité de leurs conséquences ? Tissot avance huit explications :


  • Dans la masturbation, l’émission de semence n’est pas sollicitée par la Nature, parce que les réservoirs seraient engorgés; elle est sollicitée par l’imagination et ne répond pas à une nécessité. Elle est donc une perte injustifiée dans l’économie des humeurs.



  • L’imagination, qui remplace la Nature, fatigue le cerveau, qui « fait un effort qu’on pourrait comparer à un muscle longtemps et fortement tendu ».
  • Cette mise en action par l’imagination, au lieu d’être un besoin épisodique, devient une habitude, dont la fréquence va en augmentant : « des organes sans cesse irrités contractent une disposition morbide qui devient un aiguillon toujours présent ».
  • Les organes génitaux, ainsi sollicités sans cesse, s’épuisent et ne fonctionnent plus correctement : « les parties relâchées laissent échapper la véritable semence à mesure qu’elle arrive ».



  • Le masturbateur, qui opère généralement debout ou assis, se fatigue plus que l’amant, que Tissot n’imagine, semble-t-il, qu’allongé.
  • Contrairement à ce qui se passe dans la copulation, l’onanisme ne donne pas lieu à un échange de sueurs; or, « cette transpiration des personnes bien portantes (prodiguée abondamment dans l’amour) contient quelque chose de nourricier et de fortifiant qui, inspiré par une autre, contribue à lui donner de la vigueur ».
  • À l’onaniste fait également défaut la joie que connaissent les amants dans les plaisirs de l’amour; or, cette joie a pour effet de « réparer ce qu’ils peuvent ôter de force ».
  • Enfin, la masturbation s’accompagne de « l’horreur des regrets [… ] quand les maux ont dessillé les yeux sur le crime et sur ses dangers », regrets qui empoisonnent littéralement le masturbateurs en vertu des liens qui unissent l’âme au corps.


http://www.cairn.info/zen.php?ID_ARTICLE=RHMC_491_0156


10 Que dit la Bible de la masturbation ?

Réponse : La Bible n’aborde pas directement le sujet de la masturbation, c’est-à-dire la stimulation délibérée de ses parties génitales en vue de provoquer une excitation sexuelle et l’orgasme. Notons cependant l’exhortation qu’elle lance aux chrétiens : “ Faites [...] mourir les membres de votre corps qui sont sur la terre, pour ce qui est de la fornication, de l’impureté, des désirs sexuels [inconvenants]. ” — Colossiens 3:5.
Quelqu’un qui prend l’habitude de se masturber acquiert une vision déformée et égocentrique de la sexualité. La Bible nous assure que Dieu peut communiquer la “ puissance qui passe la normale ” à une personne qui lutte pour se défaire de cette habitude. — 2 Corinthiens 4:7 ; Philippiens 4:13.

http://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/2011802#h=31:0-33:293
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeMer 18 Juin 2014, 12:02

"Er, premier-né de Juda, déplut au SEIGNEUR, et le SEIGNEUR le fit mourir. Alors Juda dit à Onân : Va avec la femme de ton frère, remplis envers elle ton devoir de beau-frère et suscite une descendance à ton frère. Onân savait que cette descendance ne lui appartiendrait pas ; lorsqu'il allait avec la femme de son frère, il laissait sa semence se perdre par terre, afin de ne pas donner de descendance à son frère. Ce qu'il faisait déplut au SEIGNEUR, qui le fit aussi mourir." - Gen 38,7-10

Certains commentateurs ont voulu rapprocher le cas d'Onân et les questions de la masturbation et de la contraception, or il semble que ce n'est pas donc sans doute pas le geste en soi (c’est-à-dire l’éjaculation hors du sein de la femme, lors d’une relation sexuelle) qui est condamné et puni par Dieu mais le refus d'Onân de se soumettre à la règle du lévirat, qui oblige un frère à s’unir à la femme de son frère mort sans enfant afin de lui assurer une postérité.
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeJeu 26 Juin 2014, 17:25

Free, tu fais une légère erreur dans ton explication. C'est le refus de de féconder la femme de son frère mort qui est puni. Dans le texte, il s'unit bien avec elle.

Maintenant, c'est complètement ridicule comme méthodologie de contraception car la fécondation peut avoir lieu avant la pleine et ultime éjaculation. N'importe quel gynécologue vous le dira !
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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Sep 2014, 01:14

Bonsoir à tous !
Si je puis me permettre de mettre 'sur la table des discutions' ces différents points :


  • Peu après les apotres :

la prostitution sacrée des temples païens
contrebalancée par la sacralisation de la chasteté

L’ascétisme dans la suite du stoïcisme ?
L'arrivée dans l'église des grecques apportent  leurs habitudes de philosopher 'sur tout' et crée différentes écoles de pensées, dont l'une dans la suite du stoïcisme qui prédomine dans l'empire occidental


  • Dans la Bible même, plusieurs notions  semblent 'définitivement posées' et pourtant :

Remariage avant la mort du conjoint
a) 1 Tim 5 ordonne aux jeunes veuves de se remarier même si cela brise leur premier engagement, donc leur mari n'est pas mort

b)1 cor 7 est souvent 'découpé en morceau'.

En prenant l'ensemble et en l'additionnant, ce chapitre commence par dire, que
- le mieux est que tous aient un conjoint.
- Plus loin, il recommande de ne pas perdre de temps à changer de condition dans le but d'avoir plus de temps pour Dieu
- Il recommande à ces mêmes veuves, dont le mari n'est pas forcement mort, ainsi qu'aux hommes sans femme de se marier ou de se remarier.
Il reprend les dires de Jésus dans les évangiles : lorsque le conjoint est un païen. Jésus avait parlé de porneia.

La femme répudiée  à cette époque, le maillon le plus faible de ces sociétés ?
Hillel l’ancien ( considéré comme le plus grand sage du Sanhédrin juif du temps d’Hérode et de l’empereur Auguste.) enseignait : « On peut répudier une femme si elle a mal préparé un plat, si elle commet une maladresse ,  si elle laisse brûler le rôti »

Rabbi Aquiba (Un autre grand responsable, je ne sais plus lequel était pharisien, un autre devait être sadducéen )  « Si quelqu’un voit une femme plus belle que la sienne qu’il répudie la sienne ». Il disait même se baser sur les écritures  pour dire ce qui précède : « car il est écrit : « Si elle n’a pas trouvé grâce à tes yeux ».

Schemaïa, par contre (un autre grand responsable), enseignait qu’il fallait divorcer uniquement pour de très bonnes raisons. Deux camps s’étaient formés parmi les hébreux, celui de Schemaïa et celui d’Hillel. Ce dernier enseignait un peu ce que les hommes avaient envie d’entendre, c’est à dire, qu’ils étaient entièrement libres de répudier leurs épouses comme bon leur semblait.

C’est dans ce contexte que Jésus se fâchera avec les pharisiens sur leur façon de répudier leurs épouses ‘pour tout et n’importe quoi’.   Lorsque les pharisiens, saducéens, et autres scribes vinrent interroger Jésus, c’était premièrement pour connaitre sa position par rapport aux enseignements de Schemaïa et d’Hillel. Ils lui demandèrent : est-il possible de répudier une femme pour n’importe quel motif ? Jésus se fâchera contre les hébreux sur leur façon de répudier leurs épouses. Les disciples répondront à Jésus : si la condition de l’homme est de devoir prendre soin de son épouse, (implicitement : ne pas pouvoir en changer comme bon nous semble) autant ne pas nous marier.
Jésus voyait trop de femmes répudiées se retrouver à la rue, à la merci de la violence des passants, de la faim, de la soif, de la solitude, des humiliations, etc, etc. Jésus pensera comme à son habitude, à prendre soin des plus faibles.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: christianisme, mariage, procréation et sexualité   christianisme, mariage, procréation et sexualité - Page 2 Icon_minitimeSam 27 Sep 2014, 13:52

Quelques remarques décousues:

1) L'influence du stoïcisme (non comme système philosophique cohérent, mais sous la forme fragmentaire de la "philosophie populaire" à la mode, dont tout le monde rabâche les slogans sans vraiment les comprendre, un peu comme l'existentialisme de bistrot des années 1950) est perceptible dans tout le Nouveau Testament, depuis les premières formules pauliniennes ("Dieu tout en tous", "de lui, par lui, en lui, pour lui", etc.) jusqu'à la très tardive Seconde épître de Pierre (avec sa théorie des vertus, de la participation à la divinité, et de la destruction du monde par le feu) -- en passant par le "Paul à l'Aréopage" d'Actes 17 qui cite carrément les stoïciens et tient un discours aussi stoïcien que possible (d'après l'idée que l'auteur se fait du stoïcisme). Sans compter le concept du logos divin organisateur du monde qui est déjà chez Philon avant le christianisme et qui influence le Prologue de Jean, l'épître aux Hébreux (plutôt "platonicienne" par ailleurs) et Colossiens-Ephésiens, entre autres. La grande philosophie qui influencera les Pères de l'Eglise après l'époque "apostolique", à partir du IIIe siècle, c'est le "néoplatonisme" (Plotin, Porphyre), et elle est précédée tout au long du IIe siècle par un "médioplatonisme" dont on peut même faire remonter les racines jusqu'à Philon d'Alexandrie (en passant, côté chrétien, par l'épître aux Hébreux).

2) La formule de 1 Timothée 5,12 n'est pas d'une grande clarté: ekhousai krima hoti tèn prôtèn pistin èthetèsan; si je la traduis "littéralement", c.-à-d. selon le sens le plus courant de chaque mot indépendamment du contexte, ça donnerait "ayant (au féminin pluriel: elles ont) un jugement parce qu'elles ont écarté (mis de côté, délaissé, abandonné) la foi première". La "foi" (pistis) est évidemment susceptible de beaucoup d'interprétations, de la "foi" (religieuse) à la "fidélité" (au mari décédé, à Dieu ou à l'Eglise), en passant par la "confiance" (en Dieu, par exemple) ou l'"engagement" (envers Dieu et/ou l'Eglise, de ne pas se remarier p. ex.); cf. la fides latine qui a donné "foi", "fidélité", "confiance", "fiançailles" et même "fiduciaire". On n'a que l'embarras (et l'arbitraire) du choix, et d'ailleurs plusieurs de ces interprétations sont compatibles entre elles: on peut considérer, par exemple, que la veuve qui choisit de ne pas se remarier fait preuve de fidélité à son mari défunt, de foi et de confiance en Dieu, tout en s'engageant devant la communauté; c'est bien dans l'esprit de la "piété" antique, religieuse et familiale à la fois, cette eusèbeia chère aux Pastorales, de même que le souci de la "bonne réputation" qui suppose une conformité de moeurs entre l'Eglise et la "bonne société" en général (ce qu'on a souvent qualifié depuis le XIXe siècle de "morale bourgeoise"). C'est d'ailleurs une idée commune à beaucoup de sociétés traditionnelles (je repense aux films japonais d'Ozu, p. ex. Fin d'automne, où le personnage principal est une veuve qui refuse de se marier par fidélité à son mari décédé).
Par contre, ce qui me paraît intenable, c'est l'idée du mari pas mort, de la "fausse veuve" en somme: parce qu'en grec comme en français on fait très bien la différence entre "veuve" et "répudiée" ou "divorcée", ce n'est ni le même mot ni le même statut social...

3) Dans 1 Corinthiens 7, il ne faut pas oublier que "l'idéal", c'est le célibat. Même si, comme ça a été longtemps la mode exégétique, on attribue la phrase du v. 1 aux Corinthiens et non à Paul (ce qui est arbitraire et indémontrable), il n'en reste pas moins que Paul est foncièrement d'accord avec ce principe (v. 7s, 26ss), même s'il considère le mariage comme un pis-aller ou un moindre mal.

4) Tous les "bons" rabbis du Talmud sont réputés pharisiens (le judaïsme rabbinique qui compose le Talmud est l'héritier direct du pharisaïsme, toutes les autres écoles étant éliminées après 73 (même si le pharisaïsme récupère certaines de leurs idées; les "sadducéens" en tout cas ne sont quasiment l'objet que de références négatives): Hillel et Shammaï (et non Shemaia), qui représentent les deux pôles de la pensée pharisienne, l'une plus tolérante (ici, du point de vue des hommes évidemment !) et l'autre plus rigoriste, le Talmud optant en pratique (halakha) pour la plus tolérante, tout en reconnaissant que les "paroles des uns et des autres sont toutes paroles du Dieu vivant"; Aqiba plus tardif (le rabbi de la seconde guerre juive, 132-135).
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