Auprès de moi toujours de Kazuro ISHIGURO

Hello,

Je viens de finir un roman effrayant, vertigineux et dérangeant : "Auprès de moi toujours" de Kazuro Ishiguro.

Tout comme 1984, "Auprès de moi toujours" décrit un univers totalilaire mais je le trouve que l'auteur y est plus subtile. Dans 1984 tout est explicite, terre à terre et l'écriture est froide et tranchante. Tandis que l'auteur dans ce roman laisse certaines choses voilées et souffle à peine les réponses au lecteur. De plus la narratrice, qui est l'héroïne du roman, passe en revue tous ses souvenirs ce qui donne au récit toute sa force émotionnelle teintée de nostalgie et de poésie. L'analyse psychologique est aussi intéressante.

Ce qui paru terrible dans ce roman c'est le thème de la résignation et la capacité de certains à réussir à faire accepter aux autres l'inaceptable. On retrouve aussi le principe de la double pensée : "J'étais au courant sans vraiment l'être" que l'on peut comparer avec certains discours jéhovistes ou sectaires : "C'est la Vérité mais la Vérité change car la lumière va croissant".

Je prend note, dés que j'ai fini Giono et Kafka, je commande ce bouquin.
Merci Pierre de lune.

Pierre de lune, j'ai terminé il y a quelques semaines déjà la lecture de "Auprès de moi toujours" de Kazuro Ishiguro.
Mon sentiment , bien que ce romans ne m’aie pas captivé outre mesure, est que les choses semble parfois immuable lorsqu'on est issue d'une couche sociale particulière.
Ainsi les jeunes gens dont ce livres narre l'existence sont des untermenshen (sous hommes) modernes, ils n'existent que pour faire don de leurs organes à ceux qui méritent véritablement de vivre une vie réelle.
Ils sont en quelque sorte les faire-valoir d'une société soumise aux affres de la maladie et du vieillissement, drame commun de l'humanité. Sauf pour ceux qui peuvent se payer les meilleurs traitements médicaux, pour eux la vieillesse est plus douce, et les lifting masquent la déchéance.
En cela rien de bien différent de ce qui se passe dans notre monde ! l'auteur ne fait que théâtraliser la réalité bien moins ragoutante des mères africaines( ou d’ailleurs) vendant les yeux ou les reins de leurs enfants aux collecteurs d'organes pour subsister.

Là où je trouve un parallèle avec le monde sectaire c'est dans l'acceptation résignée de cet état de fait par ces jeunes gens. Le langage est lui aussi détourné de son sens premier afin que bien que vivant dans le monde, ces adulescent ne puissent s'extirper du chemin tracé pour eux, chemin qui les amènera à faire le don suprême.

Je réponds une dernière fois à Frère Toc qui a eu le mérite de lire le livre dont j'ai fait la présentation.

Pour ma part, j'ai adoré la manière dont ce livre est écrit. L'auteur lance des pièces d'un puzzle au lecteur dont on ne comprend pas trop le sens au départ. Puis, à la fin toutes les pièces se mettent en place. Par ailleurs, un grande force emotionnelle se dégage du livre par le fait que la narratrice héroïne retrace et d'analyser son histoire avec, recul, pudeur et émotion.

L'auteur utilise, en outre, avec art, les silences, les non-dits qui deviennent plus puissants que les mots. Tout est subtile mais non moins terrifiant.

Merci Pierre de Lune pour ta recommandation de lecture. Cela me fait bien plaisir de te lire à nouveau... et m'attriste à la fois en sachant que c'est la dernière fois ... sur ce forum seulement ! car le monde est petit.

J'ai beaucoup apprécié les quelques lignes que nous avons pu échanger en tout cas, encore merci de ton passage sur ce forum, et sur mon chemin... et te dit simplement A bientôt . ;+)