"La seule constatation honnête qu'on puisse faire, c'est qu'il existe... de l'invention, de la création une dynamique de vie. À travers tout ce foisonnement, je crois pouvoir discerner un désir, une volonté de vie, une énergie qui malgré tout crée l'unité, des liens universels qui font qu'à travers les conflits, les luttes pour la survie, tous les éléments du vivant sont solidaires. Cette force de vie, d'invention, d'imagination, de création est à l'œuvre partout, de l'infiniment petit à l'infiniment grand ; en moi également, comme ailleurs.
Cette force, ce n'est pas moi, bien sûr, qui l'invente, c'est elle qui m'invente. Faut-il alors que cette force en moi qui m'invente et me crée, je la nomme Dieu, que je lui cherche un nom, un visage, et même en Jésus-Christ un visage humain, des paroles et des actes ? Faut-il que par orgueil ou par complaisance, je l'invente ainsi à mon image ? Sans doute non ! Ou oui peut-être, dans la mesure où j'ai conscience que cette image est fausse, partielle, partiale, qu'elle pointe seulement un mystère au-delà de mes limites, qu'elle est un chemin ouvert vers une dimension qui me dépasse parce qu'au-delà, ou en deçà, du temps et de l'espace où je suis enfermé.
Dieu est en moi la force qui l'invente. Ou bien j'appelle Dieu la force en moi qui m'invente inventeur. Ou encore je nomme Dieu cette force d'invention qui traverse l'histoire et ouvre toujours des chemins nouveaux.
D'ailleurs le Jésus des évangiles n'est-il pas d'abord un inventeur ? Il crée des paroles et des gestes de vié. En lui se concentrent des forces de création vivantes. Jésus invente et recrée des vivants.
D'où vient en moi cette capacité de créer pas toujours consciente et contrôlée ? D'où vient ce que j'appelle, faute de mieux, l'inspiration, et que je ressens - mais c'est peut-être une illusion - comme un souffle venu d'ailleurs qui me traverse et m'emporte. Je sais que ce n'est pas moi, que c'est plus que moi, même si cela ne parle qu'à moi. Ou, encore une fois, d'où vient cette incroyable imagination créative des rêves ? J'aurais presque tendance à penser que Dieu - ou ce dynamisme de vie que, faute de mieux, j'appelle Dieu - m'invente la nuit dans mes rêves, me réinitialise, m'énergise, me dénoue, me recentre, me réunifie.
Cette force créatrice vient de plus loin que moi, elle est comme une vague qui me roule."
"Pour moi Dieu ne juge ni ne règne ni ne venge ni ne récompense. Non, simplement, il rayonne. La lumière est sa façon d’être, son mode de relation. Il la diffuse en abondance, en générosité sans fin."
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Je ne sais si je crois au même Dieu que les autres, mais une force, une joie, une lumière ouvrent ma vie à ce qui la dépasse, et je ne vois pas d'autre mot pour la désigner que le plus ouvert et indéfinissable : je la nomme Dieu. Je ne veux pas dire : Dieu est une force, une joie, une Lumière ; il s'agit juste de la manière dont il m'atteint, dont il pénètre dans ma vie. Ce qu'il est, je ne peux ni ne veux le savoir, le saisir, le posséder ; je veux seulement amener au jour l'impression qu'il me touche, qu'il peut faire de moi un vivant, un aimant, un espérant, en quête d'une harmonie dont naïvement je crois découvrir l'évidence et l'immensité."