Macina est aussi fumeux que ce qu'il prétend réfuter...
La citation initiale de Blocher (2003 ?) me laisse perplexe, ou plus exactement sceptique: j'aimerais bien la lire
in extenso dans son contexte. Pour autant que j'ai connu et pratiqué son auteur présumé (pendant près de quinze ans, jusqu'en 2002), il ne m'a jamais semblé porté sur le sionisme ni sur les prédictions eschatologiques en général -- en matière d'eschatologie il était étiqueté "amillénariste", dans une ligne augustinienne et calviniste, à l'opposé de la plupart des scénarios populaires chez les "évangéliques", dispensationalistes et prémillénaristes, d'autres le lui ont assez reproché... Il est vrai que lui et moi discutions plutôt d'autres genres de sujets.
Le "temps (
`t-èth, singulier) des nations (
goyim)" en Ezéchiel 30,3 est en effet, selon le contexte, celui de leur "fin" (
peras, limite,
LXX), comme le targum aussi l'a bien compris: temps ponctuel en l'occurrence, d'après le parallélisme avec
yom = "jour", non la
durée de leur domination, comme en Luc 21,24 (
kairoi, au pluriel). En revanche la formule de Luc s'inspire à l'évidence d'une des conceptions de Jérémie (notamment chap. 27) sur les "70 ans" comme temps (durée) de domination de Babylone, et par extension des "nations" (opposées à Jérusalem / Juda / Israël, depuis qu'il n'y a plus d'"Israël" = Samarie). Que Luc 21,24 réutilise (consciemment ou non) ce modèle tiré de Jérémie, partant à l'origine des
premières prises de Jérusalem et des premiers exils (Joïakîn), pour l'appliquer à l'
après 70 (apr. J-C.), voire à l'
après 135 (deuxième guerre judéo-romaine) et en faire une
durée désormais indéfinie quoique finie (eschatologie repoussée
sine die), c'est plus que probable... Mais pour y voir le moindre rapport avec des événements du XXe siècle il faudrait en tout cas s'affranchir de toutes les règles d'une exégèse moderne, "rationnelle" et "scientifique", grammaticale, logique, historique ou littéraire, revenir en somme à une conception "magique" du texte
et de l'histoire où tout devient possible et où rien, dès lors, ne peut plus être jugé probable ni improbable.
Sur la façon dont, dans le
s texte
s (éditions) de Jérémie, "les nations" passent de la condition de dominées (par Babylone) à dominantes (sur Jérusalem au même titre que Babylone), voir
ici 8-9.11.2010 (que ça nous rajeunisse ou pas).