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| Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) | |
| | Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) Sam 26 Déc 2015, 13:17 | |
| Qu'est-ce que la réalité ?
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| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) Sam 26 Déc 2015, 14:20 | |
| Un petit pas de plus: quel(s) rapport(s) entre "réalité" (d'une "chose", res) et "vérité" (d'une "proposition" ou d'un "énoncé", de langage) ?
Comment un rapport (le même ? pas le même ?) entre "vérité" et "réalité" s'établit-il (ou non) dans les propositions suivantes: - "ce camion est rouge" - "le carré a quatre côtés égaux et quatre angles droits" - "tout corps plongé dans un fluide éprouve une poussée verticale, dirigée de bas en haut, égale au poids du fluide qu'il déplace (etc.)" - "l'amanite phalloïde est toxique" - "tuer, c'est mal" - "Napoléon est mort à Sainte-Hélène" - "ce tableau est sublime" - "je vous aime" ? |
| | | le chapelier toqué
Nombre de messages : 2607 Age : 77 Date d'inscription : 31/08/2010
| Sujet: Re: Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) Sam 26 Déc 2015, 21:52 | |
| La réalité peut-elle n'être qu'une illusion? L'illusion peut-elle être la réalité?
Pensons au magicien présentant son tour, pendant le temps de sa présentation la réalité semble être présente pourtant son tour n'est qu'une illusion.
Les mirages dans le désert sont-ils une réalité ou une illusion? |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) Dim 27 Déc 2015, 01:16 | |
| Définition la plus concise possible : la réalité, c'est ce qui s'impose à nous ; la vérité c'est ce qu'on parvient à en dire. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) Dim 27 Déc 2015, 01:51 | |
| De l'expérience que nous faisons d'une différence (p. ex. de "degré" ou de "genre" de "réalité", en passant du rêve au réveil, en refermant un roman ou quand les lumières se rallument à la fin d'un film; de " vérité" d'une proposition comportant un référent défini, "non, ce n'est pas moi qui ai fini la boîte de chocolats", selon que je l'ai ou non finie, et des enjeux affectifs d'une telle phrase), l'analyse abstrait des concepts "simples", "purs" et "absolus" (la réalité, la vérité) qui paraissent s'opposer symétriquement à d'autres (sans arriver pourtant à s'y opposer "simplement": la pluralité des antonymes dévoile de chacun la polysémie et la complexité cachées, p. ex. réalité vs. illusion/apparence/fiction/mythe/symbole/représentation/image, vérité vs. fausseté/erreur/mensonge/feinte/dissimulation/simulation). De là à croire que "la réalité" ou "la vérité" pourraient se passer ou tout au moins se distinguer absolument de leurs "contraires", il n'y aurait qu'un pas -- un pas que toutefois la "réalité" et la " vérité" mêmes empêchent, pour autant qu'elles incluent leurs "contraires" encore plus sûrement qu'elles ne les excluent. "J'ai menti: c'est la vérité", répond Anne au diable dans Les visiteurs du soir. Toutes les "illusions", "apparences", etc., font partie intégrante de "la réalité". Ce qui conduit à la question de la valeur de la " vérité", telle que Nietzsche la pose dans la Généalogie de la morale. Question "utilitariste" si l'on veut (à quoi sert-elle ?), mais d'abord "perspectiviste": qui sert-elle, à qui profite-t-elle, à qui nuit-elle ? Qui veut la vérité, et pourquoi ? Les juges, les policiers, les "autorités" en général ont leur façon et leurs (bonnes) raisons de vouloir la vérité (toute la vérité, rien que la vérité); les "scientifiques" (qui collaborent volontairement ou non avec les précédents) en ont a priori d'autres, "désintéressées" (où Nietzsche décèle l'ultime avatar de "l'idéal ascétique" et du "nihilisme"). (J'en avais oublié ceci.) |
| | | VANVDA
Nombre de messages : 1610 Date d'inscription : 09/05/2008
| Sujet: Re: Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) Dim 27 Déc 2015, 13:30 | |
| Dans ma tentative de distinguer la réalité des vérités qui tentent de l'exprimer (qui vaut ve qu'elle vaut, c'est-à-dire ce que valent les vérités en question : en un sens plus que celles qui s'ignorent comme telle, en un autre sens bien moins qu'elles), la réalité n'exclut effectivement rien de ce qui est, et donc pas non plus les "illusions". J'ajouterais bien a ça que la réalité n'en est pas pour autant "infinie". Je veux traverser un mur de pierres à 150 km/h comme s'il n'était pas sur mon chemin : une réalité à laquelle je ne peux rien s'imposera. Il y aura mille vérités differentes qui exprimeront cette réalité (ou le silence complet), qui feront en effet chacune partie de la réalité, et qui jamais ne l'épuiseront. Elles ne se "vaudront" évidemment pas toutes en fonction de leur rapport à la réalité, elles ne sont pas infinies (même si chaque conscience exprimait mille vérités à ce sujet, on a toujours un nombre fini), et elles participent à la réalité. Je serais tenté d'essayer un "pascalien" : "finie, mais circonscrite par rien (ou : rien de connaissable)". Dans cette définition-là (qui n'a bien sûr pas non plus vocation à épuiser la réalité... par définition), je vois bien tout ce qui peut s'opposer à la vérité, mais je ne vois pas bien ce qui s'opposerait à la réalité.
Autre tentative (qui n'a pas vocation... etc.) : la réalité est l'absolue immanence, la vérité tout ce qui prétend à la transcendance (même en faisant semblant que pas, comme avec mes précautions rhétoriques prises ici). |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12461 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Philosophie : réalité et illusion (vérité et mensonge) Dim 27 Déc 2015, 15:37 | |
| J'ajouterais à cela une remarque "esthétique": le faux en tout genre (illusion, apparence, parure, etc.) fait partie intégrante (expression à peser) de ce que nous appelons la "beauté" des choses. Et ce n'est pas seulement vrai (!) de "l'art" (humain) et de ce qu'il comporte d'"artifice", mais de la "nature" même telle qu'elle nous apparaît par un complexe d'effets "sensibles" ("esthétiques"), tous "illusoires" si l'on veut, construits et reconstruits d'une certaine manière (formes et couleurs, sons et harmonies, parfums et goûts, touchers). Dans les choses les plus "belles", du "règne" végétal ou animal par exemple, nous reconnaissons d'ailleurs souvent (anthropomorphiquement bien sûr) l'analogie de nos "artifices": parures ou parades qui tantôt séduisent, trompent, dissimulent ou font diversion (pour attirer une proie ou un partenaire sexuel, écarter ou égarer un prédateur). Il y a du cosmétique dans le cosmique, la réalité -- et surtout la "vie" -- est un vrai tissu de mensonges.
(D'où, a contrario, le fond destructeur et "nihiliste" d'une certaine obsession de la vérité qui refuse le jeu de dupes -- quoique, du point de vue totalisant de "la réalité", elle-même en fasse intégralement partie.)
-- Je repense à une scène de E la nave va, de Fellini, où des personnages admirent un coucher de soleil (décor manifestement peint, mise en abyme supplémentaire) et une dame s'écrie "Che meraviglia, pare finto !" (Quelle merveille, il a l'air faux !)
---- Lu, plus tard, vers la fin de L'enracinement, cette jolie "définition" de Simone Weil: "La vérité, c'est l'éclat de la réalité." |
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