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 consolation(s)

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Narkissos

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MessageSujet: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeVen 16 Juin 2017, 00:56

Une méditation d'Ombre me rappelle accessoirement une curiosité lexicale de l'hébreu biblique, où un même verbe (nhm) exprime des idées qui paraissent a priori extrêmement différentes (voire sans aucun rapport les unes avec les autres) à un hébraïsant francophone -- une "polysémie" si l'on veut, mais tellement étendue et dispersée en surface qu'elle oblige à creuser profond pour y trouver une espèce de dénominateur sémantique commun: ainsi "consoler" et "être consolé" (p. ex. Genèse 24,67; 37,35 -- où celui qu'on  console ne veut pas se laisser consoler; 38,12), mais aussi "se repentir", "regretter" ou "changer d'avis" (p. ex. Genèse 6,6s; voir ici), ou encore (cette fois en concurrence avec d'autres vocables plus spécifiques) "se lamenter", "avoir pitié", et même "se venger" (dans un sens peut-être similaire à celui où le français classique, féodal ou aristocratique, parlait d'obtenir "satisfaction" ou "réparation" d'une offense, p. ex. dans un duel censé "régler" le différend ou "vider" la querelle). Tout se passe comme si ce verbe dénotait foncièrement l'é-motion, le passage d'un état affectif, mental, sentimental à un autre, le changement d'humeur aussi bien que d'avis (change of mood, change of mind), son mouvement de basculement ou de balancement même, indépendamment de ses orientations diverses ou contradictoires (que seul le contexte permet de préciser en imposant au cas par cas des traductions différentes, comme cela arrive déjà dans la Septante grecque): aussi bien ce qui précipite dans le chagrin, le regret, le ressentiment ou la colère que ce qui en fait sortir (passer à autre chose, tourner la page, move on) -- où l'on pourrait reconnaître, avec un brin d'anachronisme, tout ce que la psychologie populaire moderne associe au "travail de deuil" ou à la "résilience".

nl'yty hnhm, dit Yahvé en Jérémie 15,6, dans un contexte de "jugement": je suis fatigué de consoler, d'être consolé, de regretter, de me repentir, de changer d'avis, de me lamenter, d'avoir pitié, de pardonner, voire de me venger ? Quelle que soit la traduction, l'idée qu'il y ait dans cette météorologie psycho-affective en perpétuel mouvement quelque chose de profondément lassant, voire épuisant -- même pour "Dieu", semble-t-il -- me paraît remarquable. Elle appelle à son tour les réactions sapientiales (bouddhiste ou stoïcienne, p. ex.) de maîtrise ou de mise à distance, d'écart ou de recul par rapport aux "sentiments" en tout genre (ce qui pourrait aussi, en hébreu, se dire nhm).

Il n'y a peut-être pas grand-chose d'aussi grave ni d'aussi impondérable dans l'existence humaine (pour ne rien dire de l'existence divine) que ces variations qui nous font tout à coup voir les mêmes situations en noir ou en rose, les chargent d'une tonalité majeure ou mineure, gaie ou triste, légère ou pesante, comique ou tragique...

---

Pendant que j'y suis, il y a également une "polysémie", tout à fait distincte mais non moins intéressante (je trouve), dans le vocabulaire grec de la "consolation", notamment avec le verbe parakaleô (d'où le "paraclet" du quatrième évangile) qui signifie "consoler" (p. ex. 2 Corinthiens 1,3ss), mais aussi "supplier, intercéder, solliciter, plaider, exhorter", etc. (2,8; 5,20; 6,1 etc.). Verbe de "parole" cette fois, mais de types de parole complètement différents d'un contexte à l'autre. La "consolation" (et par extension, si l'on fait communiquer les deux polysémies, l'ensemble des variations mentales et affectives) serait alors vue sous l'angle de sa "cause", dans l'efficacité d'une "persuasion", fût-ce une auto-persuasion (à supposer qu'il y ait jamais d'auto-quoi-que-ce-soit, ou qu'un verbe pronominal "réfléchi" le soit jamais assez: quand on se console tout seul il y va encore de l'autre en soi).

Dans 2 Corinthiens, du reste, les deux "sens" distincts de la "paraclèse", "consolation" et "supplication" (etc.), pourraient se rejoindre dans le thème central de la réconciliation (katallassô, avec l'idée de changement ou d'échange, de passage de l'un à l'autre, allos, cf. altération-altérité, ou l'allemand ändern où changer c'est devenir autre, condition paradoxale d'un devenir un avec l'autre, cf. l'anglais at(-)onement) qui est au cœur du mystère christique (5,18ss: Dieu en Christ réconciliant le monde avec lui-même et le suppliant, parakaloun, de se réconcilier ou de se laisser réconcilier avec lui).

Quant à l'étymologie latine de notre mot consolation (opposé à désolation), elle est peut-être encore plus fascinante puisqu'elle ramène au solus d'où dérivent par divers chemins sol, solide et seul, solitaire et solidaire, et même sauf, sauver, salut -- le sollus d'où vient "solliciter" apparaît d'ailleurs comme un doublon par rapport à l'indo-européen. Il y a aussi de la consolidation et de la solidarité dans la consolation ou la désolation solitaire...
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeVen 08 Mai 2020, 18:07

Citation :
Il n'y a peut-être pas grand-chose d'aussi grave ni d'aussi impondérable dans l'existence humaine (pour ne rien dire de l'existence divine) que ces variations qui nous font tout à coup voir les mêmes situations en noir ou en rose, les chargent d'une tonalité majeure ou mineure, gaie ou triste, légère ou pesante, comique ou tragique

Je ne sais pas si c'est le bon fil mais je voulais vraiment partager cette vidéo … comme beaucoup, je suis un fan de Pagnol :

https://www.youtube.com/watch?v=0sPbABRnemQ

Quand j' étais petit, mes parents m 'adoraient et surtout ma grand-mère.
J'étais déjà comme je suis, naturellement, mais, moi, je ne le savais pas. La bosse, c'est traître : ça vous vient par derrière, on ne la voit pas. Chez les paysans, il n' y a pas d'armoire à glace. On se voit dans les yeux de sa mère et, naturellement, on s 'y voit beau.
Et puis, un jour, un voisin qui était très gentil m'a dit : 'Oh, le joli petit bossu !'. J'ai demandé à ma grand-mère: 'Qu'est-ce que c'est un bossu?', alors elle m'a chanté une vieille chanson : 'Les petits bossus sont des petits anges qui cachent leurs ailes sous leur pardessus. Voilà le secret des petits bossus'.
Moi, jusqu'à dix ans, je l'ai cru. Je croyais que les ailes me pousseraient. Et souvent ma grand-mère me chantait la chanson qui était beaucoup plus longue que ça.
Seulement, les grands-mères c'est comme les mimosas: c'est doux et c'est frais mais c'est fragile. Un matin, elle n'était plus là.
Une bosse et une grand-mère, cela va très bien. On peut chanter. Mais un petit bossu qui a perdu sa grand-mère, c 'est un bossu tout court
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le chapelier toqué

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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeVen 08 Mai 2020, 20:04

Merci Narkissos pour cette magnifique explication de la consolation et de tout ce qu'elle sous entend.

Free on entendrait presque les cigales....
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Narkissos

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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeVen 08 Mai 2020, 20:27

Merci free de ressusciter ce fil (que j'avais presque oublié, quoique j'y aie repensé ces jours-ci à cause de la traduction fausse, mais belle, du "paraclet" par "consolateur") avec cette scène inoubliable (de Pagnol et de Fernandel) qui m'avait aussi beaucoup marqué.
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeVen 08 Mai 2020, 21:10

Citation :
nl'yty hnhm, dit Yahvé en Jérémie 15,6, dans un contexte de "jugement": je suis fatigué de consoler, d'être consolé, de regretter, de me repentir, de changer d'avis, de me lamenter, d'avoir pitié, de pardonner, voire de me venger ? Quelle que soit la traduction, l'idée qu'il y ait dans cette météorologie psycho-affective en perpétuel mouvement quelque chose de profondément lassant, voire épuisant -- même pour "Dieu", semble-t-il -- me paraît remarquable. Elle appelle à son tour les réactions sapientiales (bouddhiste ou stoïcienne, p. ex.) de maîtrise ou de mise à distance, d'écart ou de recul par rapport aux "sentiments" en tout genre (ce qui pourrait aussi, en hébreu, se dire nhm).

"Vous fatiguez le SEIGNEUR par vos paroles, et vous dites : « En quoi le fatiguons-nous ? » C'est en disant : « Quiconque agit mal plaît au SEIGNEUR, c'est en de telles personnes qu'il prend plaisir ! » Ou bien : « Où est le Dieu du jugement ? »" (Mal 2,12).

 
 La patience de Dieu peut s'éroder, il peut ressentir de la "fatigue". Le peuple se plaint de la non-intervention de Dieu, puisqu’il ne les juge pas ceux qui font le mal. En (3,5) ; Dieu dit aux Israélites : "Je viendrai au milieu de vous pour vous juger", en clair, vous voulez que je juge le méchant ? Mais alors vous aussi vous serez jugés. Si Dieu est fatigué, c’est bien parce qu’il est touché par ce que les humains disent et font.
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeVen 08 Mai 2020, 23:11

La "fatigue" ou la lassitude du dieu (je préfère l'écrire ainsi car un monothéisme strict répugnerait plutôt à l'attribuer à "Dieu", cf. Isaïe 40,28ss) est un thème assez fréquent, surtout si on en relève la trace, en creux, dans son "repos" dès le premier chapitre de la Genèse (cf. p. ex., pour en rester à la fatigue ou à la lassitude explicites, Isaïe 1,14; 7,13; 43,24 [inconséquence notable du deutéro-Isaïe]; Jérémie 15,6 [cf. supra]). En Malachie 2,17 elle paraît répondre à la fatigue ou lassitude du peuple à l'égard du culte (1,13, mais c'est un autre terme en hébreu).

(Curieusement ou logiquement, notre "anthropocentrisme" réagit inégalement aux "anthropomorphismes": un monothéiste peut être gêné par l'idée que "Dieu" se fatigue, oublie, change d'avis ou d'humeur, se met en colère ou se venge, mais beaucoup moins par les idées contraires qui sont tout aussi "humaines" et "temporelles": qu'il persévère, qu'il se souvienne, qu'il aime, qu'il pardonne ou se réconcilie, etc.)
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 10:28

"Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu" (Es 40,1)

Avec un style particulier, que l’on retrouve également plus loin (cf. Is 51,17 ; 52,1 : Réveille-toi, réveille-toi !), les oracles de la seconde partie d’Isaïe (Is 40-55) lancent un appel à venir en aide à Israël en exil, qui tend à s’enfermer dans le vide d’une mémoire défaillante. Le contexte historique est clairement celui de la longue déportation du peuple à Babylone (587-538 a.C.), avec toute l’humiliation qui s’en est suivie et le sentiment d’impuissance à en sortir. Toutefois, la désagrégation de l’empire assyrien sous la pression de la nouvelle puissance émergente, la Perse, guidée par Cyrus, l’étoile naissante, donne l’intuition au prophète qu’une libération inattendue pourrait s’accomplir.

Les paroles utilisées par Isaïe : Consolez… parlez au cœur, se retrouvent assez fréquemment dans l’Ancien Testament et les passages où il s’agit de dialogues de tendresse et d’affection ont une valeur particulière. Tel est le cas quand Ruth reconnaît que Booz l’a consolée et a parlé à son cœur (cf. Rt 2,12) ; ou quand, dans une page célèbre, Osée annonce à son épouse, Gomer, qu’il l’attirera au désert et qu’il y parlera à son cœur (cf. Os 2,16-17) pour une nouvelle saison de fidélité. Il y a cependant encore d’autres parallèles semblables : le dialogue de Sichem, fils de Hamor, amoureux de Dina (cf. Gn 34,1-5), ou celui du lévite d’Ephraïm qui parle à la concubine qui l’a abandonné (cf. Jg 19,3). https://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Archives/Documentation-catholique-n-2517-F/Consolez-consolez-mon-peuple-2014-10-02-1215276


"Elle dit : Que je trouve toujours grâce à tes yeux, mon maître ! Tu m'as consolée, moi, ta servante ; tu as parlé à mon cœur, alors que je ne suis pas même comme l'une de tes servantes" (Rt 2,13)


"Eh bien, moi, je vais la séduire ; je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur" (Os 2,16).
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 11:09

Difficile de lire Isaïe 40 sans entendre Haendel...

Dans la formule "parler au coeur" du v. 2 (la KJV traduisait "comfortably", d'où Haendel; ce qui ne signifie surtout pas "confortablement", mais renforce le parallélisme sémantique avec le "comfort ye" du v. 1 en le rendant verbal) la préposition est `l qui signifie plutôt "sur" (le coeur), mais elle se confond souvent avec 'l = "vers, à" selon les textes et même les manuscrits (la différence graphique tient à une lettre "gutturale", `ayin ou 'aleph), ce qui tend à rendre toute nuance incertaine. D'autre part en Osée 2,16 il faut sans doute bien comprendre "séduire" (pth) dans son sens classique de "tromper, duper", comme dans la fameuse "confession" de Jérémie 20,7 (tu m'as séduit-trompé-dupé...) -- à la rigueur et de façon plus neutre "persuader". Où le thème de la "consolation" et du "changement" en général, notamment du "faire-changer" (d'avis, d'humeur, de sentiment, etc.) rejoint celui du "divertissement" (distraction, détournement, séduction, voire perversion).
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 14:35

"Lémek vécut cent quatre-vingt-deux ans, puis il engendra un fils. Il l'appela du nom de Noé, en disant : Celui-ci nous consolera de notre travail et de la peine de nos mains sur cette terre que le SEIGNEUR a maudite" (Gn 5,29) 

Le mot "consoler" ne comporte aucun sentiment de regret ou de repentance mais un changement de situation.

"Isaac conduisit Rébecca dans la tente de Sara, sa mère. Il prit Rébecca qui devint sa femme, et il l'aima. C'est ainsi qu'Isaac fut consolé après la perte de sa mère" (Gn 24,67) 

Le terme "consoler" comporte ici le sens d’un changement d’état du cœur. Il peut aussi exprimer un changement radical donnant lieu à une vengeance :

"On rapporta à Rébecca les paroles d'Esaü, son fils aîné. Elle fit alors appeler Jacob, son fils cadet, et lui dit : Esaü, ton frère, veut te tuer pour tirer vengeance de toi" (Gn 27,42).

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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 15:36

A propos de Noé, c'est -- comme souvent dans la Genèse -- un jeu de mots très approximatif qui "explique" son nom: entre la racine nhm dont nous parlions jusqu'ici (et qui donne plutôt des noms propres comme Nahoum ou Néhémie) et nwh qui évoque le "repos"; mais, là encore, la proximité est aussi sémantique que phonétique (le repos est un moment du mouvement ou un mouvement par rapport au mouvement même, et de sa fatigue...). Mais surtout (nous en avons déjà parlé) il n'est pas évident qu'il faille rapporter d'abord cette (pseudo-)étymologie au Noé du déluge, dont le récit va s'insérer dans les rédactions successives des chapitres 6--9; elle viserait plutôt l'inventeur de la vigne et du vin, qui "console" et "repose" tout autrement. Quoiqu'elle ait probablement aussi contribué  aux récits du déluge et notamment à la série des "repentirs" divins (toujours nhm, bien qu'en français le rapport soit imperceptible).
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 16:04

Citation :
Tout se passe comme si ce verbe dénotait foncièrement l'é-motion, le passage d'un état affectif, mental, sentimental à un autre, le changement d'humeur aussi bien que d'avis (change of mood, change of mind), son mouvement de basculement ou de balancement même, indépendamment de ses orientations diverses ou contradictoires (que seul le contexte permet de préciser en imposant au cas par cas des traductions différentes, comme cela arrive déjà dans la Septante grecque): aussi bien ce qui précipite dans le chagrin, le regret, le ressentiment ou la colère que ce qui en fait sortir (passer à autre chose, tourner la page, move on) -- où l'on pourrait reconnaître, avec un brin d'anachronisme, tout ce que la psychologie populaire moderne associe au "travail de deuil" ou à la "résilience".

"Dieu envoya un messager à Jérusalem pour la détruire ; comme il détruisait, le SEIGNEUR regarda et il regretta ce malheur. Il dit au messager destructeur : Cela suffit ! Arrête maintenant" (1 Chr 21,15).

Dieu décide de faire détruire Jérusalem mais pendant sa destruction, Dieu se repent ou regret sa décision, comme s'il avait réalisé qu'il avait pris une mauvaise décision.  Dieu commanda à l’ange d’arrêter ces exécutions, parce qu’il eut pitié de ses habitants. Dieu accepte l'idée de revenir en arrière. Pourtant Nb 23,19 affirme :


"Dieu n'est pas un homme pour mentir, il n'est pas un être humain pour avoir du regret. Ce qu'il a dit, ne le fera-t-il pas ? Ce qu'il a déclaré, ne le réalisera-t-il pas ?"
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 17:23

A part un changement de préposition ('l/`l, dont j'évoquais plus haut et ce matin même le flottement à propos d'une tout autre expression, "parler sur/à son coeur"), la formule est déjà dans 2 Samuel 24,16. On peut remarquer que le Chroniste, dont les interventions sur le texte de Samuel-Rois sont souvent "idéologiques" (ce chapitre en offre un des exemples les plus célèbres, puisque l'incitation initiale attribuée à Yahvé dans 2 Samuel 24 est attribuée à "un satan" ou "Satan", suivant la façon dont on interprète l'absence d'article, indéfini ou nom propre), n'a aucune objection à l'idée d'un "repentir", "regret" ou "changement d'avis" de Yahvé. Mais il l'interprète sans doute un peu différemment, en soulignant le repentir formel (sacs etc.) de David et des anciens au v. 16: dans sa perspective de rétribution strictement individuelle et même événementielle (non seulement chaque personne, mais chaque acte reçoit sa récompense ou son châtiment), qui n'était pas celle de l'historiographie "deutéronomiste" de Samuel-Rois, chaque mouvement humain peut modifier l'action divine et le cours de l'histoire (cf. Manassé dont un repentir "explique" le long règne, alors que ses fautes justifient la condamnation des générations ultérieures dans les Rois). On a ici un dieu qui réagit aux moindres péripéties de l'histoire pas à pas, ce qui n'est pas sans poser problème à d'autres conceptions "monothéistes" (comme en témoigne Nombres 23,19).
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 19:07

Le verbe nacham est traduit de plusieurs manières en français, mais cette idée de base de consoler quelqu'un qui est affligé est facile à retracer :
Psaume 23:4 "Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton me rassurent" (nacham). La vallée de l'ombre de la mort est un lieu affligeant mais la houlette et le bâton de Dieu nous apportent le réconfort, la consolation. 

Job 7:13 "Quand je dis : Mon lit me soulagera (nacham), ma couche calmera mes douleurs, c’est alors que tu m’effraies par des songes, que tu m’épouvantes par des visions".  Job espérait être consolé dans son sommeil, mais il faisait de terribles cauchemars.

On emploie aussi le verbe "nacham" quand Dieu tire vengeance ou tire satisfaction, c'est sa façon de se consoler.
   
Esaïe 1:23 "Tes chefs sont rebelles et complices des voleurs, tous aiment les présents et courent après les récompenses ; ils ne font pas droit à l’orphelin, et la cause de la veuve ne vient pas jusqu’à eux. 24 C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur, l’Eternel des armées, le Fort d’Israël: Ah ! je tirerai satisfaction (nacham) de mes adversaires, et je me vengerai de mes ennemis". http://www.croixsens.net/dieu/repentancededieu.php
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MessageSujet: Re: consolation(s)   consolation(s) Icon_minitimeSam 09 Mai 2020, 20:45

Quand on est obligé de traduire un même terme étranger (hébreu en l'occurrence) par de multiples mots dans sa propre langue, on peut s'imaginer qu'il a plusieurs "sens" ou "acceptions" distincts et cloisonnés entre lesquels il suffirait de "choisir" au cas par cas (conception courante, mais indigente, de la "polysémie"), ou bien supposer qu'il garde quand même une certaine unité de sens dans sa diversité d'usage (ce qui peut être le cas ou non, aux limites indécises de la polysémie et de l'homonymie); pour décrire ce sens-là, la tentation est grande de choisir un "sens" (<=> une définition) supposé "premier", "fondamental" ou "central" parmi les traductions existantes ou envisagées et d'en faire dériver tous les autres (p. ex., dans le présent cas, "consoler" OU "repentir": il faudrait alors montrer comment la notion de "repentir" dériverait de celle de "consolation" ou le contraire, ce qui est hautement arbitraire et artificiel et ne correspond absolument pas au processus mental impliqué dans la langue originale). Mieux vaut se souvenir de l'unité du mot dans la diversité de ses usages (qui se traduit pour nous par des mots différents) pour parvenir à l'entente éventuelle d'un sens "commun", qui ne correspondra à aucune de ses traductions effectives et ne fournira pas pour autant une traduction de plus, encore moins une traduction unique. Dans ce cas, une vague idée, vague pour nous, trop vague pour une traduction, de "changement de sentiment" qui serait tantôt "consolation", tantôt "repentir", "regret", "changement d'avis", tantôt "satisfaction" obtenue par vengeance, jugement, sacrifice, etc., sans qu'aucune de ces "équivalences" ne puisse prétendre à une préséance ou à une paternité "génétique" sur les autres.

La théologie, comme tout le reste, pense dans sa langue même quand elle se réfère à d'autres langues, et ses "problèmes" théoriques sont étroitement liés aux problèmes de traduction et à l'intelligence plus ou moins profonde et étendue qu'elle en a; on peut discuter longtemps de questions comme "Dieu change-t-il ou non" avant de se rendre compte que la question même et, partant, toutes ses réponses possibles, dépendent d'une notion du "temps" qui n'est pas élucidée et pas même questionnée. Non qu'une autre langue comme l'hébreu ou le grec pose de meilleurs problèmes ou mieux les mêmes problèmes, mais la différence même des langues, dans la mesure où on en a conscience, contraint à poser les problèmes autrement.
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