Connaitre Dieu

“Puis-je avoir un avis ? J’ai découvert ce site ConnaitreDieu.com que je trouve intéressant mais j’aimerais avoir vos avis si c’est un site de confiance et fiable au niveau contenu. Merci !”

Bonjour et bienvenue fiderana,

Nos avis éventuels sont-ils eux-mêmes fiables ou dignes de confiance ? ;)

Pour ma part je ne connais pas ce site, à première vue ce n'est pas trop ma tasse de thé mais ça ne me paraît pas particulièrement "dangereux" non plus -- en suivant quelques pages et liens, il semble qu'il s'agisse d'une association alsacienne reliée au réseau TopChrétien, lequel m'a jusqu'ici donné l'impression d'un "évangélisme" ou "évangélicalisme" relativement large, pas spécialement "sectaire". Quant au "contenu", je n'y ai pas vu beaucoup d'"information" dont on pourrait se demander si elle est "fiable", "vraie" ou "fausse": c'est surtout de l'"évangélisation", de l'"édification", des "témoignages", bref des choses qui relèvent de l'expression d'une croyance ou d'une foi et qui à ce titre sont aussi irréfutables qu'invérifiables.

Cela dit, le rapport entre "foi" et "vérité" est complexe: on peut sans aucun doute croire des choses fausses, mais on ne peut pas les croire sans croire qu'elles sont vraies. En sens inverse une vérité n'a pas besoin d'être crue pour être vraie, mais une vérité qui ne serait crue par personne serait encore moins qu'une erreur, une fausseté, une illusion ou un mensonge crus et partagés... moins réelle, moins effective, moins "vraie" dans un sens à peine différent.

P.S.: Je disais pas ou peu "dangereux", mais quand je lis un texte comme celui-ci c'est le mot "terrorisme" qui me vient à l'esprit: utiliser la peur "naturelle" de la mort et la terreur "surnaturelle" de l'enfer pour pousser quelqu'un à une "décision", même si elle ne l'engage pas concrètement à grand-chose et ne le dirige pas vers une "Eglise" ou une "secte" précise, c'est bien à mon sens un mécanisme terroriste. Malheureusement (à mon avis) très répandu dans l'"évangél(ical)isme", sous des formes parfois plus subtiles et parfois plus violentes, et qui peut toujours s'autoriser de certains textes "bibliques".

Peut-on le connaître? Parfois nous attribuons à dieu des attitudes humaines, des réactions humaines, de ce fait nous le voyons à travers nos représentations. Nous le connaissons parce que nous pensons qu'il est de telle façon ou qu'il agit de telle manière.

Mais en agissant ainsi connaissons-nous vraiment dieu?

Certaines personnes ne croient pas en dieu, remarquons qu'elles ne disent pas expressément que dieu n'existe pas. Bien entendu souvent ne pas croire en dieu sous-entend que l'on ne pense pas que dieu puisse exister. Elles remettent en doute le concept "dieu", ainsi les bouddhistes ne croient pas en un dieu auquel on peut s'adresser par le moyen de la prière, ils n'empêchent personne de croire en dieu, ils pensent qu'une énergie est à la base de l'univers.....

Pour connaître dieu il faut d'abord se connaître. La Bible laisse entendre que l'être humain est l'image de dieu. Mais n'avons-nous pas souvent représenté dieu selon notre propre image? Ainsi nous avons la description d'un divin jaloux, vengeur, fier d'être ce qu'il est, capable de revenir sur des erreurs passées, défendant son pré carré.

Qui est-il exactement? Nul ne le sait vraiment, car chacun à sa propre définition de cet être divin.

Si l'on passe du site au thème ("connaître Dieu" sans ".com"), on peut remarquer que dans la Bible "connaître Dieu" (ou "les dieux") signifie des choses très différentes selon les textes et leurs contextes (ou leurs "milieux"). Les genres et les modes de "connaissance" ne sont pas du tout les mêmes pour un prêtre, un prophète, un sage ou un scribe de l'AT, ni pour un chrétien de type "gnostique" ou "ecclésiastique", "charismatique" ou "dogmatique" dans le NT. Connaissance fondée, dans des combinaisons et des proportions diverses, sur une révélation ou une réflexion, une tradition orale ou écrite, une expérience individuelle ou collective. Mais toujours limitée, comme par un principe "socratique" avant ou après la lettre: on ne connaît rien sans savoir d'abord qu'on ne sait pas, sans renoncer à prétendre connaître ce qu'on ne connaît pas. La "crainte des dieux" au commencement de la "sagesse" consiste avant tout à reconnaître ce qu'ils ont d'irréductiblement inconnaissable, ou mystérieux. Toute "connaissance de Dieu" est susceptible d'être remise en question sur ses propres bases, d'autant qu'elle a une fâcheuse tendance à l'oublier. Pourtant ce n'est pas l'ironie qui manque dans la Bible sur la prétendue "connaissance divine" des sages, des prêtres, des prophètes ou des scribes, des "apôtres", des "gnostiques" ou des "charismatiques" (on peut penser à Job et à Qohéleth, à Jérémie ou à Jonas, mais on n'a que l'embarras du choix).

Bonjour à vous tous,
Merci beaucoup d'avoir répondu, çà m'a beaucoup aidé

Je ne sais pas trop comment, mais tant mieux ! ;)

Le genre de "connaissance de Dieu" qui s'apprend et se récite, s'exprime en "catéchisme" ou en "confession de foi", est nécessaire à la constitution et à la cohésion des groupes religieux (des Eglises, synagogues, mosquées, sectes, etc., aux communautés "virtuelles"). Il s'agit avant tout de parler le même langage pour s'assurer d'être entre soi, entre "frères (et sœurs)". C'est davantage un signe de reconnaissance mutuelle (mot de passe, patte blanche, il ou elle est des nôtres, etc.) que de connaissance de "Dieu" (même sans "Dieu" le bouddhisme p. ex. a son savoir et son jargon, même sans "religion" n'importe quelle association, société, confrérie, parti, bande, etc., produit à sa mesure des effets linguistiques, sémiotiques et mimétiques similaires et en dépend).

A côté de ça il y a une "connaissance de Dieu" qui est une affaire "personnelle" et "intime" (parce que, comme le disait le chapelier toqué, elle ne va pas sans une "connaissance de soi"; vieux sujet de méditation dans le judaïsme aussi: "le dieu d'Abraham, le dieu d'Isaac et le dieu de Jacob", c'est le même et ce n'est pas le même). Selon le cas les religions (plus ou moins) "établies" et "organisées" l'encouragent, la tolèrent, l'encadrent, la canalisent ou la répriment (plus ou moins aussi). Et même si en principe elle ne dépend pas d'une "religion" particulière elle est aussi une "religion" qui se joue dans un rapport nécessaire avec toute "religion", ne serait-ce que parce qu'elle recourt au même langage qu'elle n'a pas inventé toute seule. Le mot "Dieu", avec ou sans majuscule, est à tout le monde et à personne, ni groupe ni individu n'en a le monopole, nul ne s'en sert sans en jouer avec et contre les autres.

Pour connaître dieu il faut se connaître, en effet nous sommes différents et notre approche de dieu est multiple et non unique.

Si nous avons un ami commun nous sommes souvent étonnées de ce que d’autres personnes peuvent déclarer à son sujet. Tous nous percevons cet ami commun à travers notre ressenti, notre observation bien qu’il s’agisse de la même personne connue de tous. Notre approche de cet ami, nos relations, notre ressenti est unique et c’est ce qui fait que l’ami en question peut paraître si différent lorsque nous en parlons. Bien évidemment de nombreux points vont être évoqués par tout un chacun, mais certains détails seront perçus par certains et pas par d’autres.

Il en est de même pour dieu. Comment imaginons-nous dieu ? Comment le représentons-nous ? Chacun se fait sa représentation, ce n’est qu’en fréquentant une communauté que l’on commence à dessiner un portrait de dieu.  Tout au plus en avons-nous une image très générale.

Ce sont les expériences de la vie, les expériences que nous avons eu avec dieu qui vont nous aider à le connaître. Par exemple a t-il répondu à une de nos prières, avons-nous ressenti son esprit alors que nous le lui demandions ? Qu’attendons-nous de lui ? Sommes-nous prêts à l’écouter s’il nous répond ?

Tous nous cheminons dans la vie à notre rythme et nous observons les mêmes phénomènes ; cependant nous n’en tirons pas les mêmes conclusions. Ce qui différencie notre réaction c’est notre parcours de vie, les divers éléments qui ont influencé nos pensées.

Ainsi dieu ne peut être observé de la même façon par deux personnes, chacune d’entre elles va le concevoir en fonction de son vécu, de ses attentes et de son observation.

Ce qui est dit de "Dieu" peut en effet être dit de n'importe qui et même de n'importe quoi: autant d'aspects ou de visages que de vis-à-vis; non seulement de relations mais de moments de chaque relation, comme un visage souriant est autre que renfrogné. Hasard ou providence linguistique, en hébreu "face" ne s'écrit qu'au pluriel, comme "dieu".

On peut mesurer à partir de là à quel point "l'existence de Dieu", quand elle devient une question, est une question idiote (formule de Bismarck paraît-il, d'après les Psaumes: il y a pire fou que celui qui ne croit pas en Dieu, celui qui se demande s'il existe). Qu'on dispose dans sa culture d'un concept de "Dieu" et qu'on s'en serve ou non, connaître, comprendre, penser est une aventure à vivre, qui ne saurait être conditionnée à un "si" hypothétique.