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 Pécher par omission

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MessageSujet: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeJeu 11 Juil 2019, 12:52

"Si donc quelqu'un sait faire le bien et ne le fait pas, c'est un péché pour lui." Jac 4,17

"Donc, conclut le texte, si une personne sait faire le bien, mais ne le fait pas, cela lui est imputé comme péché." Le sens de ce verset n'est pas d'abord moral. Arrivant au point final de l'argumentation, il signifie ceci : "faire le bien" c'est ne pas se confier en soi-même mais dans le Seigneur. Si donc, quelqu'un sait "faire le bien", c'est-à-dire si, membre de la communauté, il sait que c'est dans le Seigneur qu'il doit se confier mais ne le fait pas, alors il est dans le péché qui n'est pas faute morale mais soumission à la puissance dont il est esclave. https://www.academia.edu/13204704/_Au_miroir_de_la_Parole_Lecture_de_l_%C3%A9p%C3%AEtre_de_Jacques

 Apparemment pour clore le chapitre sur la présomption, Jacques déclare : “ Si donc quelqu’un sait faire ce qui est juste et pourtant ne le fait pas, c’est un péché pour lui. ” Tout chrétien devrait avoir l’humilité de reconnaître qu’il dépend de Dieu. S’il ne le fait pas, “ c’est un péché pour lui ”. Bien évidemment, ce principe vaut pour tout manquement à ce que la foi en Dieu exige de notre part. — Luc 12:47, 48.
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeJeu 11 Juil 2019, 14:30

Quand la "morale" est à la mode (comme le mot l'était il y a un siècle ou davantage), tout est "moral"; quand elle ne l'est plus, plus rien ne l'est (mais on emploiera "éthique", ou "existentiellement authentique", ou "psychologiquement sain", ou "politiquement correct", de façon tout aussi... moralisante, dès lors qu'il s'agit toujours de prescrire, de dire ce qu'il faut et ne faut pas faire).

La sentence de Jacques 4,17 est précisément une sentence (comme une maxime, un axiome, un théorème etc.), c'est-à-dire une affirmation de portée générale par définition. Elle a bien un rapport rhétorique au contexte (fonction de preuve et/ou d'illustration), elle n'est pas énoncée par hasard, mais le contexte ne limite pas sa portée pour autant (le modèle direct en l'occurrence est Romains 14,23, énoncé d'un "principe général" négatif, "tout ce qui ne procède pas de la foi est péché", qui excède largement toute la discussion qui précède).

Quant au "principe" du "péché par omission", on le retrouve dans de nombreux autres contextes, le plus marquant étant probablement la parabole des moutons et chèvres (ou brebis et boucs) de Matthieu 25 -- par rapport à quoi Luc 12,47s serait plutôt en retrait, puisque l'enjeu n'est plus absolu mais relatif, non plus le salut ou la perdition mais un châtiment plus ou moins sévère. Cf. aussi, sous une forme plus positive mais non moins ironique, Jean 13,17.
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 12 Juil 2019, 10:58

Ce péché "par omission" ouvre le champ à toutes les formes de culpabilité possible, en effet la liste est longue du bien que nous aurions pu faire et que nous n'avons pas accompli. Ce concept peut avoir un impact énorme sur des croyants "sensibles" à la question du "péché" et il peut être un redoutable instrument entre les mains de chefs religieux extrémistes. En Job 22, Eliphaz cherche a tout prix à établir la culpabilité de Job, pour cela, il reproche à Job des péchés par omission  :  ne pas avoir donné d’eau à l’homme épuisé (v. 7), avoir refusé du pain à l’homme affamé (v. Cool, avoir laissé le fort dominer (v. Cool. Il est facile de convaincre un croyant de sa culpabilité en se servant de la notion de péché par omission, par exemple, dans le cas de Job, nous pouvons nous demander: qui peut prétendre en avoir assez fait pour les pauvres ?
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 12 Juil 2019, 12:05

Comme le remarquait finement Qohéleth (1,15b), ce qui manque ne peut être compté...

D'un autre côté, tout dépend comment on compte, or le concept "négatif" d'omission affole toute logique comptable, rationnelle ou pondératrice (somme et moyenne, balance ou bilan): un bien non fait vaut-il un mal fait ? et dans ce cas, un mal non fait vaut-il un bien fait ? Non-A, est-ce -A ou 0 ? C'est l'ambiguïté même de la "négation".

De ce point de vue Matthieu 25 est très intéressant, parce que le "mal" n'y entre absolument pas en ligne de compte, seuls s'opposent le bien fait et non fait; et encore, pas sur le mode "balance": le bienfait sauve, l'omission condamne, mais rien ne dit ce qu'il advient de celui qui a un jour fait le bien et un autre jour ne l'a pas fait (ce qui à vrai dire est le cas de tout le monde dans la durée) -- s'il n'est pas question de comptabilité, il pourrait aussi bien être des deux côtés à la fois.

Toute cette rhétorique qui devient strictement inimaginable si l'on veut en déduire une méthode ou un critère logique d'un "jugement dernier" (jugeant des "individus" sur la totalité de leur "vie") n'a en fait qu'une seule issue, celle de l'acte sans commune mesure avec l'inaction. Il est toujours déjà trop tard pour n'avoir jamais "péché", surtout par omission, mais rien n'empêche pour autant le vivant de faire le bien, ne serait-ce qu'une fois (cf. le verre d'eau qui ne perdra pas sa récompense).

Ça me rappelle vaguement une histoire (juive, je crois, mais elle pourrait aussi bien être chrétienne ou musulmane): une femme très avare n'avait, de toute sa vie, et peut-être par distraction, donné qu'un seul petit oignon à un pauvre. Or à sa mort les anges qui doivent la faire passer par-dessus le gouffre de l'enfer (représentation typiquement perse, soit dit en passant) ne peuvent la suspendre qu'à la tige de l'oignon en question... qui la supporte quand même jusqu'à l'autre rive.


Dernière édition par Narkissos le Ven 12 Juil 2019, 12:23, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 12 Juil 2019, 12:12

Dans un recueil de contes orientaux, on trouve le récit suivant. Un prince eut un jour l'idée de placer sur un chemin très fréquenté une lourde pierre. Puis il se cacha pour voir les réactions des passants. Hommes et femmes de couches sociales différentes virent la pierre et se contentèrent de la contourner, certains blâmant le Prince de ne pas mieux veiller à l'entretien des chemins. Enfin, vint à passer un pauvre paysan qui se rendait à la ville avec un lourd chargement de légumes, une hotte sur son dos. Il s'arrêta, regarda la pierre, se déchargea de son fardeau pour pouvoir se pencher et la pousser hors du chemin. Comme il se retournait, il aperçut une bourse cachée sous la pierre. Il l’ouvrit et y trouva plein de pièces d'or. Le Prince, voyant que l'homme ne savait que faire, sortit de sa cachette et lui dit : "C’est pour toi". Ceux qui étaient passés sans se soucier d'ôter la pierre, étaient coupables d'un péché : celui d'omission.
La morale contenue dans l'Évangile n'est pas négative, elle ne dit pas seulement : "Ne fais pas le mal", mais aussi : "Fais le bien".
"Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché" (Jacques 4.17). https://topmessages.topchretien.com/texte/peche-domission/
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 12 Juil 2019, 15:06

Citation :
Comme le remarquait finement Qohéleth (1,15b), ce qui manque ne peut être compté...


Le péché par omission rime (pour moi), avec le : "on en fait jamais assez" (il faut, non seulement, ne pas faire le mal mais aussi ne manquer aucune occasion de faire le bien) et la nécessité d'être "parfait" (Mt 19,16 ss) :

 "Le jeune homme lui dit : J'ai observé tout cela, que me manque-t-il encore ? Jésus lui dit : Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens et suis-moi. Après avoir entendu cette parole, le jeune homme s'en alla tout triste ; car il avait beaucoup de biens. Jésus dit à ses disciples : Amen, je vous le dis, il est difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux. Je vous le dis encore, il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu. Les disciples, en entendant cela, restèrent complètement ébahis. Ils se demandaient : Qui peut donc être sauvé ?
Jésus les regarda et leur dit : Pour les humains, c'est impossible, mais pour Dieu tout est possible."
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 12 Juil 2019, 17:50

Si l'on prend un peu de recul par rapport à ce sujet et aux textes évoqués jusqu'ici, pour considérer l'ensemble des énoncés "moraux" du NT au sens le plus large, on observera qu'il y a de nombreuses manières d'influer sur des comportements -- ou du moins d'y viser. La plus directe est de prescrire ou d'interdire (il faut / il ne faut pas), ou un peu moins brutalement de recommander ou de déconseiller (il vaut mieux / il ne vaut mieux pas), en assortissant éventuellement consignes ou conseils de toute sorte de raisons, de justifications et surtout d'enjeux (carotte / bâton, promesse / menace, récompense / châtiment, conséquences heureuses / malheureuses, avantages / inconvénients, etc.). Mais la méthode directe n'est pas toujours la plus efficace, d'où des stratégies indirectes, obliques, détournées, voire retorses.

"Paul" n'a certainement pas la même sensibilité "morale" que "Jacques", quant au "contenu" déjà. La "morale" de l'épître de Jacques est indéniablement plus "économique et sociale" (la pseudépigraphie même joue dans ce sens, puisque le personnage de Jacques, dans les Actes comme dans Galates, est associé aux "pauvres", quoique dans un sens tout différent -- la communauté des "saints" de Jérusalem, également appelés "pauvres" comme celles des textes qoumrâniens et autres, supposée pratiquer la communauté des biens d'après les Actes, ceux donc en faveur desquels Paul va organiser une collecte toute diplomatique pour tenter d'obtenir, sinon leur approbation, tout au moins leur neutralité bienveillante). "Paul", de son côté, ne peut pas avoir le même rapport aux différences sociales, puisque ses "Eglises" dépendent concrètement du "patronage" des chrétiens aisés qui les accueillent dans leur "maison" et leur fournissent, selon le système "clientéliste" de la société gréco-romaine, un statut relativement stable. C'est sans doute la principale différence, "sociologique", qui précède et motive une bonne partie des différences "théologiques". Mais il y en a d'autres: par exemple, "Paul" est clairement plus sensible que Jacques à tout ce qui touche à la sexualité (déjà 1 Corinthiens 5--7; cf. a contrario Jacques 2,11ss, qui met le "meurtre" au même niveau que l'"adultère", et non l'inverse comme tendrait à le faire spontanément un chrétien "paulinien" -- il s'agit bien sûr, en contexte, de "meurtre" par omission ou négligence, par simple conformisme irréfléchi aux "valeurs" du "monde" qui font naturellement qu'on respecte le riche et qu'on méprise le pauvre, ce qui s'avère toujours meurtrier tôt ou tard, même si ce n'est pas ici et maintenant).

Toutefois il y a aussi une différence de stratégie essentielle, qui peut d'ailleurs n'être pas pur artifice mais avoir des raisons profondes (p. ex. "psychologiques" ou "existentielles"): "Paul" tient tout autant que "Jacques" à ce que ses destinataires se conduisent "bien", quoique tous deux n'aient pas exactement la même idée de ce "bien". L'amour, le partage, l'aide aux plus faibles sont des "valeurs" communes. Mais "Paul" ne croit visiblement pas à l'efficacité des prescriptions directes et de la "bonne volonté", il lui faut le détour par le "mystère" (d'aucuns diraient la mystification). C'est très clair à partir de Romains, avec la condamnation du principe même de la "loi" qui ne peut que condamner, non justifier, et la substitution à cette structure "juridique" d'une structure "myst(ér)ique" de mort et de résurrection, de passage de la "chair" à l'"esprit" censé produire de lui-même, quasi magiquement ou automatiquement, la conduite adéquate; mais ça l'était déjà dans la correspondance corinthienne avec une tout autre articulation: "tout est permis, mais (tout n'est pas utile / édifiant-constructif)".

Le "péché par omission" n'est qu'un cas particulier du discours moral, qui prend plus ou moins d'importance selon la problématique générale où il s'insère. Pourquoi paraît-il plus "grave" dans un système de prescription directe, de type "légal", comme l'est généralement celui de "Matthieu" ou de "Jacques", c'est peut-être à cela qu'il faudrait réfléchir. Une possibilité, c'est que l'attention portée à l'omission dans ce contexte y introduit une subtilité et un espace de "jeu" (au sens où on dit qu'il y a du jeu dans un mécanisme) qui font défaut à un régime légal ordinaire, exclusivement fait d'obligations et d'interdits symétriques avec récompenses et châtiments à la clé -- justement parce que, comme on l'a vu, l'omission se laisse difficilement "comptabiliser": nul ne peut s'en estimer quitte (on n'en a jamais assez fait), mais il suffit d'un acte pour briser, ou interrompre, le cercle négatif. Il y aurait là comme un retour de "grâce" dans un cadre qui en manque -- réciproquement, bien entendu, les retours de "loi" en tout genre sont nombreux dans le paulinisme et tout ce qui en découle.
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeJeu 01 Aoû 2019, 11:27

Citation :
Le "péché par omission" n'est qu'un cas particulier du discours moral, qui prend plus ou moins d'importance selon la problématique générale où il s'insère. Pourquoi paraît-il plus "grave" dans un système de prescription directe, de type "légal", comme l'est généralement celui de "Matthieu" ou de "Jacques", c'est peut-être à cela qu'il faudrait réfléchir. Une possibilité, c'est que l'attention portée à l'omission dans ce contexte y introduit une subtilité et un espace de "jeu" (au sens où on dit qu'il y a du jeu dans un mécanisme) qui font défaut à un régime légal ordinaire, exclusivement fait d'obligations et d'interdits symétriques avec récompenses et châtiments à la clé -- justement parce que, comme on l'a vu, l'omission se laisse difficilement "comptabiliser": nul ne peut s'en estimer quitte (on n'en a jamais assez fait), mais il suffit d'un acte pour briser, ou interrompre, le cercle négatif. Il y aurait là comme un retour de "grâce" dans un cadre qui en manque -- réciproquement, bien entendu, les retours de "loi" en tout genre sont nombreux dans le paulinisme et tout ce qui en découle.


"Celui qui n'avait reçu qu'un talent vint ensuite et dit : Maître, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes où tu n'as pas semé, et tu récoltes où tu n'as pas répandu ; j'ai eu peur, et je suis allé cacher ton talent dans la terre : le voici ; prends ce qui est à toi. Son maître lui répondit : Esclave mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne où je n'ai pas semé et que je récolte où je n'ai pas répandu ? Alors tu aurais dû placer mon argent chez les banquiers, et à mon arrivée j'aurais récupéré ce qui est à moi avec un intérêt. Enlevez-lui donc le talent, et donnez-le à celui qui a les dix talents. — Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on enlèvera même ce qu'il a. — Et l'esclave inutile, chassez-le dans les ténèbres du dehors ; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents." Mt 25, 24 ss

Dans la parabole des talents le maitre qualifie le serviteur qui n'a pas fait fructifié son talent d' "Esclave mauvais et paresseux" et d'"esclave inutile". Ce serviteur paresseux n' a pas commis de péché, il a omis de faire fructifier son unique talent qui constitue un capital qu'il n'a pas le droit de laisser stérile.  Sa faute ne consiste pas à avoir peu, mais à n'avoir pas augmenté ce qu'il avait reçu. Il est intéressant de noter que le serviteur n'ignore pas que son maître comptait recevoir davantage. Il explique donc la raison qui l'a poussé à cacher l'argent et l'a empêché de le faire valoir :  "Maître, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes où tu n'as pas semé, et tu récoltes où tu n'as pas répandu".  C'est donc par crainte qu'il a agi de cette façon, il n'a pas voulu courir le risque de tout perdre.
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeJeu 01 Aoû 2019, 12:53

Welcome back ! Smile

Et bien vu: en citant plus haut Matthieu 25 (v. 31ss, les moutons et les chèvres) je n'avais pas songé à cette correspondance avec la parabole précédente (v. 14ss // Luc 19,12ss), sur le point précis de l'"omission".

N.B.: le geste du "mauvais" esclave (paresseux, inutile, etc.), à savoir "cacher" le bien reçu et/ou précieux (talent, mine, trésor), est connoté positivement dans d'autres paraboles (Matthieu 13,44, cf. aussi v. 33 // Luc 13,20s); Thomas 109 offre une combinaison originale des différents motifs: "Le Royaume est comparable à un homme qui avait dans son champ un trésor caché qu’il ne connaissait pas. Et à sa mort il le laissa à son fils. Le fils ne savait pas; il prit ce champ et le vendit. Et celui qui l’avait acheté vint. En labourant, il trouva le trésor et se mit à prêter de l’argent à intérêt à qui il voulut." La problématique décisive glisse ainsi de "action/omission" et/ou "confiance/crainte" (Matthieu et Luc) à "connaissance/ignorance" (Thomas).
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 02 Aoû 2019, 12:03

Citation :
Welcome back ! Pécher par omission  Icon_smile

Merci et heureux de vous retrouver.


Pécher par omission, c'est ne pas faire ce qu'on pourrait ou ce qu'on devrait faire. Pécher, ce n'est pas seulement faire du mal, c'est aussi ne pas faire le bien qu'on pourrait faire ou qu'on devrait faire. J'aurais pu, mais je ne l'ai pas fait ... comment ne peut pas penser à ce que dit l'apôtre Paul en Rm 7 :
 
"Je ne fais pas le bien que je veux, mais je pratique le mal que je ne veux pas. Si je fais ce que, moi, je ne veux pas, ce n'est plus moi qui le produis, c'est le péché qui habite en moi. Je trouve donc cette loi, pour moi qui veux faire le bien : ce qui est à ma portée, c'est le mal. Car, pour ce qui est de l'homme que je suis intérieurement, je prends plaisir à la loi de Dieu, mais je vois dans mon corps tout entier une autre loi qui lutte contre la loi de mon intelligence et qui me rend captif — captif de la loi du péché qui est dans tout mon corps."

Selon Paul quand le bien et le mal se présentent, on fait le mal alors même qu'on sait où est le bien parce que le péché habite en nous.
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 02 Aoû 2019, 12:43

Il y a une opposition de fond, et un dialogue de sourds garanti (fût-ce en différé), entre une pensée théorique et réflexive (Paul) qui prend acte de sa propre contradiction, division, etc., irrémédiables sauf par un miracle ou un mystère de grâce, et une pensée de l'acte (Matthieu, Jacques) qui seul permettrait de sortir de la contradiction et de l'ornière, par l'acte précisément (cf. Zénon-Diogène, l'impossibilité théorique vs. l'acte du mouvement). La première ne peut qu'exaspérer la seconde, et la seconde désespérer la première -- sauf peut-être par la grâce du temps qui fait passer de l'une à l'autre, et de l'autre à l'une, ne serait-ce que par distraction...

Quant à l'omission, on voit bien que dans la logique paulinienne elle n'implique guère de différence qualitative (non-bien <=> mal); alors que Matthieu et Jacques tendent à la singulariser (à la limite, l'antithèse de l'acte et du non-acte l'emporte sur celle du "bien" et du "mal").
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 02 Aoû 2019, 14:45

Merci Narkissos pour cette analyse toute en nuance.

Le péché par omission se retrouve également dans la parabole du bon Samaritain, le prêtre et le Lévite, qui évitent soigneusement de porter secours au blessé, alors qu’ils savent que ce serait là leur devoir premier. C’est aussi le péché des neuf lépreux qui, contrairement à l’un d’eux, "oublient" de revenir remercier Jésus de les avoir guéris et sauvés :

 "Comme il entrait dans un village, dix lépreux vinrent à sa rencontre. Se tenant à distance, ils élevèrent la voix et dirent : Jésus, maître, aie compassion de nous ! Quand il les vit, il leur dit : Allez vous montrer aux prêtres. Pendant qu'ils y allaient, ils furent purifiés. L'un d'eux, se voyant guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à pleine voix. Il tomba face contre terre aux pieds de Jésus et lui rendit grâce. C'était un Samaritain. Jésus demanda : N'ont-ils pas été purifiés tous les dix ? Et les neuf autres, où sont-ils ? Ne s'est-il trouvé que cet étranger pour revenir donner gloire à Dieu ? Puis il lui dit : Lève-toi et va ; ta foi t'a sauvé." Luc 17, 12 ss  



«… Et les neuf autres où sont-ils ?  » (v.17b) «

Tous les dix n'ont-ils pas été purifiés? Où sont les neuf autres ? ». Cette question de Jésus à celui des lépreux qui, seul, est revenu sur ses pas pour rendre grâce, ménage à cet endroit une des plus longues pauses de l'Évangile. Jésus attend les neuf absents: il n'est pas possible qu'ils ne reviennent pas, eux aussi. « Où sont-ils ? ». Une question qui fait écho de Gn3.9. « Où es-tu ? ». Une question qui est la première parole que Dieu adresse à Adam, après sa chute. « Où es-tu ? » est une amorce d’un dialogue, une main tendue vers celui qui a pourtant choisi de ne plus écouter la parole de son créateur.
Les lépreux ont crié vers celui en qui leur foi devine un Sauveur possible (v.12). En les envoyant d'abord à ceux qui sont habilités à constater une éventuelle guérison (v.14), Jésus ne leur fait pas seulement une promesse, il met aussi leur foi et leur reconnaissance à l'épreuve. Car, à ce moment, ils ne sont pas encore guéris; ils le deviendront "en cours de route", en obéissant à la parole de Jésus. Alors, tout à leur joie, mais oublieux du donateur, ils s'éparpillent dans la nature. Chacun dans son tourbillon de bonheur se baigne dans l’ingratitude et oublie le bienfaiteur.   https://www.academia.edu/30477410/Bienfaisance_Reconnaissance_Enjeux_%C3%89thiques_de_Luc_17._11-19
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeVen 02 Aoû 2019, 17:25

S'il y a un "péché par omission", comme le veut la doctrine catholique et peut-être aussi le texte de Jacques cité au début de ce fil, il ne s'ensuit pas que toute "omission" soit un "péché"...

Sans qu'il soit expressément question de "péché" ni en Luc 10 (le "bon Samaritain") ni en Matthieu 25 (moutons et chèvres), on peut reconnaître dans ces deux textes une logique semblable (venir ou ne pas venir en aide à qui en aurait besoin). Mais bien que la qualification "samaritain", ajoutée incidemment au récit-parabole de Luc 17, le rattache formellement à Luc 10, je ne suis pas sûr que la problématique de l'ingratitude, ou de la non-démonstration de reconnaissance, se laisse assimiler si facilement à celle de la "non-assistance à personne en danger", comme on dit maintenant. D'autant que le récit lui-même est ambigu: on pourrait comprendre que le lépreux qui revient sur ses pas quand il se voit guéri désobéit ainsi à l'ordre de Jésus (d'aller se montrer aux prêtres), alors que les autres, au contraire, font ce qu'il leur a demandé (rien ne dit qu'ils "s'éparpillent dans la nature"); outre que, s'il est le seul Samaritain sur les dix, il n'irait probablement pas vers les mêmes prêtres que les autres -- mais c'est peut-être pour ça qu'il revient plus vite, répliquera-t-on, puisqu'on est justement plus près de la Samarie que de la Judée, v. 11 ! Bref, on peut imaginer et broder sans fin à partir de ce genre d'histoire grossièrement schématique, à la limite du "récit de miracle" et de la "parabole" (1/10, comme pour les drachmes du chap. 15 ou les mines du chap. 19: cela montre une fois de plus combien la frontière entre ces deux "genres" est poreuse).

Les notions de "reconnaissance" ou d'"ingratitude" posent toutefois des problèmes autrement plus sérieux, surtout dans un évangile qui insiste sur la nécessité du don "sans retour" (6,32ss etc.). Mais même sans évangile c'est le lieu bien connu de toutes les perversions: celui qui dit "ne me remerciez pas" ou "forget it" s'attend rarement à ce qu'on le prenne au mot; et plus généralement il n'est pas de "don" qui, contrairement à son sens et à son mouvement mêmes, ne soit aussitôt repris et recyclé dans une économie de dette, de devoir et de retour, de culpabilité et de réparation impossible, si détournée et tortueuse soit-elle, dans un écheveau de liens qui se compliquent à l'infini et ne se brisent jamais -- ce qui se signe jusque dans la banalité de nos formules de politesse: merci = pitié, je vous en prie, etc.
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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeLun 05 Aoû 2019, 12:19

"Si ton frère vient à pécher, va le trouver et fais-lui tes reproches seul à seul. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes pour que toute affaire soit décidée sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise, et s’il refuse d’écouter même l’Eglise, qu’il soit pour toi comme le païen et le collecteur d’impôts. En vérité, je vous le déclare : tout ce que vous lierez sur la terre sera lié au ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié au ciel." Mt 18, 15 ss

Le péché par omission peut s'assimiler au fait qu'un croyant n'ose pas dire à un autre croyant qu'il agit mal, au point de se mettre en danger spirituel.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: Pécher par omission    Pécher par omission  Icon_minitimeLun 05 Aoû 2019, 12:30

Cet aspect de la question provient d'ailleurs en grande partie de l'antique conception rituelle, sacrale ou sacerdotale (et qui nous semble du coup immorale, a-morale ou pré-morale), du "péché" (htt - hamartia - peccatus), à peu près équivalent à l'impureté ou souillure, qui contamine même par participation "passive". Cf. p. ex. Lévitique 5. La logique ("magique", si l'on veut) est toujours celle d'un mal qui menace toute la communauté tant que celle-ci ne l'"expie" pas par des mesures rituelles adéquates, châtiment et/ou purification.

Si "moralisé" qu'ait été le "péché" par la suite (par l'influence des "Prophètes" jusque dans la rédaction de la Torah, puis par le pharisaïsme et le christianisme), il n'a jamais perdu les traces de cette origine "sacrale".
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