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 Quel métier...

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Narkissos

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MessageSujet: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeVen 24 Juil 2020, 14:46

Je n'ai pas désiré le jour du malheur ('nwš, de la blessure, de la plaie, de la douleur ou de la maladie dites "incurables", cf. 15,18; 17,9; 30,12.15 etc.).
Jérémie 17,16.

Je repense souvent, et depuis fort longtemps, à cette phrase bien connue des "Confessions de Jérémie". Une fois n'est pas coutume, je la cite d'abord sans contexte, car bien que l'ensemble du passage soit assez facile à lire ce verset-ci est de toute évidence passablement abîmé: les traductions habituelles du stique précédent, par exemple "je n'ai pas refusé d'être berger à ta suite", relèvent plutôt de la devinette à partir d'un texte massorétique qui n'a aucun sens vraisemblable, mot-à-mot "je n'ai / ne me suis pas pressé de (m- = apo, préposition ablative indiquant l'origine, la provenance ou l'éloignement, comme ex, from, etc. ?) berger (?) après / derrière toi"; on ne pourrait reconstruire un texte plausible que par conjecture, notamment à partir de l'homographie consonantique multiple de r`h (berger, paître, mais aussi compagnon, voisin, prochain, autre d'une paire quelconque, et plus fréquemment encore "mal", "mauvais" ou "malheur" opposé au "bien", au "bon" ou au "bonheur", cf. 15,11) -- celle qui offrirait le meilleur parallélisme étant sans doute: "je ne me suis pas pressé vers le mal(heur) après toi", phrase qui aurait effectivement pu paraître blasphématoire et appeler des corrections de copistes assez tôt dans sa transmission (cf. déjà la Septante: je ne me suis pas lassé de te suivre).

Quoi qu'il en soit, la pensée est saisissante: le "prophète de malheur" ne désire pas, ne devrait pas désirer, le malheur qu'il annonce; alors même que ce malheur est nécessaire, que son dieu le veut et que sa propre justification en dépend -- non seulement tout excès de zèle, mais toute adhésion intempestive au message qu'il transmet à ses dépens lui serait fatal.

Ce ne sont pas les illustrations prophétiques ou simili-prophétiques de ce double bind qui manquent, d'Ezéchiel ou même d'Elie à Jonas; il suffit d'ailleurs de lire le contexte immédiat, v. 14-18, pour voir se déployer les contradictions qui résultent d'une telle situation, notamment la malédiction des adversaires, redoublée du fait même qu'on ne leur a pas voulu de mal. On peut penser aussi au jeu de rôles de l'intercession refusée, chez Jérémie (chap. 15 renvoyant à Moïse et Samuel) comme chez Ezéchiel (chap. 14 avec Noé, Dan(i)el et Job), ou même à une certaine sagesse retorse (se réjouir du malheur de son ennemi, c'est courir le risque d'en dégoûter le dieu et de le faire changer d'avis, cf. Proverbes 24,17s; 25,21ss etc.). "Le coeur est traître et incurable ('nwš)", c'était seulement quelques lignes plus haut...

[Pour les moins cinéphiles, mon titre quelque peu excentrique fait allusion à cette courte scène de Michel Simon en Méphistophélès dans La beauté du diable, de René Clair (1950): non que je veuille suggérer quelque rapport entre le "métier" de démon et celui de prophète, si ce n'est qu'ils ont l'air également compliqués.]
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeSam 25 Juil 2020, 22:36

Citation :
Quoi qu'il en soit, la pensée est saisissante: le "prophète de malheur" ne désire pas, ne devrait pas désirer, le malheur qu'il annonce; alors même que ce malheur est nécessaire, que son dieu le veut et que sa propre justification en dépend -- non seulement tout excès de zèle, mais toute adhésion intempestive au message qu'il transmet à ses dépens lui serait fatal.

Ce ne sont pas les illustrations prophétiques ou simili-prophétiques de ce double bind qui manquent,


"Rendra-t-on le mal pour le bien ? Car ils ont creusé une fosse pour m'ôter la vie. Souviens-toi que je me suis tenu devant toi pour parler en leur faveur et détourner d'eux ta fureur. A cause de cela, livre leurs fils à la famine, précipite-les sur le tranchant de l'épée ; que leurs femmes soient privées d'enfants et deviennent veuves, et que leurs maris soient atteints par la mort ; que leurs jeunes gens soient frappés par l'épée pendant la guerre ! Qu'on entende des cris sortir de leurs maisons, quand tu feras venir contre eux, à l'improviste, une troupe armée ! Car ils ont creusé une fosse pour me prendre, ils ont caché des filets sous mes pieds" (Jé 18,20-22)

Le prophète Jérémie semble assez ambivalent, d'un côté il plaide en faveur du peuple afin que Dieu détourne sa colère mais d'un autre (suite à leur tentative de le tuer), il se montre sans concession et impitoyable.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeSam 25 Juil 2020, 23:41

C'est en même temps très naturel: rien de plus impitoyable qu'une bienveillance contrariée. Et tout aussi divin qu'humain, si l'on en juge par les colères du Yahvé de l'AT et même du Jésus du NT, notamment (mais pas seulement) sous les traits de l'Agneau de l'Apocalypse: qui a subi le mal pour le bien redouble de violence, ce sont plutôt les exceptions à cette règle (p. ex. Joseph) dont il faudrait s'étonner.

Quant au jeu de l'intercession refusée -- mais attendue quand même -- on peut le suivre dans tout le livre, p. ex. 7,16; 11,14; 14,11s; 15,1.11; 27,18; 37,3ss; 42,4; elle se comprend dans la mesure où l'intercession est une fonction "normale" du prophète (comme du prêtre), qui implique parfois de se mettre en travers de la volonté du dieu, p. ex. Exode 32,11; Deutéronome 9,14; 1 Rois 13,6; Ezéchiel 8,6; Amos 7,2ss; Daniel 9,15ss. Tout l'intérêt des "confessions" étant de montrer un prophète hors de son rôle -- rôle déjà contradictoire puisqu'il s'agit tantôt de porter la parole divine, tantôt d'y faire obstacle -- dans la position du "simple particulier" qui souffre de cette contradiction autant que des persécutions qui résultent de sa fonction.

Par rapport à la complexité de ce rapport douloureux avec le dieu et sa parole, qui n'est visiblement pas une partie de plaisir (cf. en particulier 20,7ss), on peut s'émerveiller de l'adhésion sans réserve de bien des "prophètes de malheur" autoproclamés à leur message catastrophique. -- Je pense évidemment aux TdJ dont on parle beaucoup ces jours-ci, et à qui il ne vient guère à l'idée d'intercéder, même inutilement, pour "le monde".
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeDim 26 Juil 2020, 00:07

Citation :
Par rapport à la complexité de ce rapport douloureux avec le dieu et sa parole, qui n'est visiblement pas une partie de plaisir (cf. en particulier 20,7ss), on peut s'émerveiller de l'adhésion sans réserve de bien des "prophètes de malheur" autoproclamés à leur message catastrophique. -- Je pense évidemment aux TdJ dont on parle beaucoup ces jours-ci, et à qui il ne vient guère à l'idée d'intercéder, même inutilement, pour "le monde".

De nombreux TdJ se réjouissent la destruction prochaine de l'humanité, sans vraiment réaliser et imaginer la réalité concrète de leur message. Jérémie est un prophète tourmenté et qui souffre, la destruction annoncée du peuple ne semble pas le réjouir (par moment) : 

"Je voudrais surmonter mon tourment ; mon cœur souffre au dedans de moi. .J'entends les appels au secours de la belle, de mon peuple, depuis un pays lointain : Le SEIGNEUR n'est-il plus à Sion ? Son roi n'y est-il plus ? — Pourquoi m'ont-ils contrarié par leurs statues, par des futilités étrangères ? — La moisson est passée, l'été est fini, et nous ne sommes pas sauvés ! Je suis brisé par la blessure de la belle, de mon peuple, je suis sombre, la dévastation me saisit. N'y a-t-il plus de baume au Galaad ? N'y a-t-il plus de médecin là-bas ? Pourquoi la belle, mon peuple, ne se rétablit-elle pas ?  Ah ! si ma tête était fontaine, et mes yeux source de larmes ! Je pleurerais jour et nuit les victimes pour la belle, mon peuple !" (Jé 8,18-22).
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeDim 26 Juil 2020, 00:46

Je pense en effet que chez la grande majorité des TdJ (sauf cas exceptionnellement pathologique) la perspective reste totalement "irréelle": ils seraient non seulement les premiers surpris, mais les premiers horrifiés, de voir se réaliser ce qu'ils annoncent. C'est bien ce manque de réalité, ou de réalisme, qui détermine leur insensibilité apparente, nécessaire en fait pour voir en tout cela une "espérance", nécessaire aussi pour (croire) "aimer" le dieu de la Bible, celui du déluge, de l'exode ou de la conquête de Canaan, à condition que le monde du livre ne rencontre jamais le monde réel. Mais dès qu'on a affaire à une catastrophe réelle les sentiments deviennent à la fois plus intenses et plus complexes.

Je ne suggère pas qu'on ait avec les "Confessions de Jérémie" une sorte de "journal intime" authentique d'un prophète historique, mais que l'ensemble de la composition (poétique le plus souvent) est suffisamment marquée par un traumatisme collectif, réel et profond -- la fin du royaume de Juda, les sièges, massacres et exils successifs, la destruction du temple ont marqué plusieurs générations -- pour être psychologiquement vraisemblable, c'est-à-dire intense et contradictoire. Ce qui n'est pas psychologiquement vraisemblable, sinon par l'"irréalité" de la croyance, ce sont les "fonctionnaires de Dieu" qui annoncent tranquillement la destruction imminente de 99 % de l'humanité avec un grand sourire, en ayant l'air de trouver ça très bien et sans que cela perturbe le moins du monde leur train-train quotidien.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeDim 26 Juil 2020, 13:52

De nombreux croyants fondamentalistes considèrent comme "évident" et "naturelle" le fait que leur sensibilité et leur sens de la justice soient alignées sur celles de Dieu, pourtant l'AT regorgent d'exemple de de prophètes et d'hommes fidèles qui étaient en "décalage" avec Dieu. Cela pose la question suivante : Le croyant peut-il avoir une vie autonome par rapport à Dieu ? Autre question aigue : Le croyant peut-il faire preuve de plus de compassion que Dieu ?


Un extrait :


Jérémie nous est surtout connu comme le prophète de l’intériorité. Tout au long du livre sont insérées de nombreuses notes biographiques dans lesquelles Jérémie parle souvent de lui, livre ses sentiments intimes, fait part de ses souffrances et de sa difficulté à assumer la mission délicate qui lui a été confiée. Les notes autobiographiques des chapitres 11 à 20 (11.18-23 ; 12.1-6 ; 15.10-21 ; 17.14-18 ; 18.18-23 ; 20.7-18) ont été appelées, non sans raison, les « confessions de Jérémie ». Jérémie est bien l’homme de la subjectivité : dans ces confessions, le prophète se livre, se plaint, pleure (8.18), confesse son découragement, sa souffrance intime, ses luttes et ses combats intérieurs : « pourquoi ma souffrance est-elle continuelle ? Pourquoi ma plaie est-elle incurable, pourquoi refuse-t-elle de guérir ? » (15.18).


Sa prédication est mêlée à son histoire personnelle. Il vit les événements qui se jouent de manière très forte. Face au peuple, il est le témoin de Dieu, le prophète qui doit annoncer un message difficile, à contre-courant : « je suis sans cesse en butte à la dérision, tout le monde se moque de moi. Car toutes les fois que je parle, je crie, je proclame : "violence et ravage !". La parole du Seigneur m’expose sans cesse aux outrages et aux railleries » (20.7-Cool.


Mais Jérémie est aussi membre du peuple et, à ce titre, il se fait intercesseur. Il prie pour le peuple même lorsque Dieu lui demande d’arrêter d’intercéder pour lui. Paradoxalement il comprend cet ordre comme une invitation à l’intercession. Ainsi en 14.19-22, on trouve un magnifique plaidoyer de Jérémie en faveur du peuple, qui révèle bien la compassion du prophète à son égard. http://flte.fr/wp-content/uploads/2015/08/ThEv2007-2-Connaissance_Dieu_et_justice_sociale_chez_Jr.pdf
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeDim 26 Juil 2020, 15:13

Le basculement le plus décisif dans l'histoire des religions ou du sentiment religieux est peut-être invisible dans nos taxinomies habituelles (culte des ancêtres, animisme, polythéisme, monothéisme etc.): celui où "l'homme", quel que soit son système imaginaire, abandonne ou perd son propre "point de vue" pour rallier celui de son ou de ses "autres": jusque-là il a, si je puis dire, les deux pieds sur terre et dans sa propre situation (son corps, son sexe, son âme, sa vie, sa langue, sa condition sociale, sa famille, son clan, sa tribu, sa cité, son peuple, sa terre, son lieu, son milieu et son temps); de ce point de vue (humain, donc, et à chaque fois bien plus précis que simplement humain) les dieux sont à la fois dangereux et utiles, il faut s'arranger avec eux, les apaiser, les amadouer, les satisfaire, mais il n'est pas question de se confondre avec eux ni de se mettre à leur place: cela n'aurait, à la lettre, aucun intérêt. La révolution discrète, mais générale, qui se dessine au Ier millénaire avant Jésus-Christ -- où je jetterais pêle-mêle le zoroastrisme perse, le monothéisme juif, la philosophie grecque, le développement des cultes à mystères, le brahmanisme, le bouddhisme ou le tao, sous bénéfice d'inventaire et sans préjudice de toutes les distinctions à y faire -- c'est que "l'homme" commence, au moins ponctuellement, à se détacher de son propre "point de vue" pour en adopter un autre (que ce soit celui des dieux, d'un Dieu, d'un idéal de vérité, de justice, de sagesse, de connaissance ou d'un quelconque "principe" impersonnel).

S'étonner qu'un "homme" face à "Dieu" pense d'abord à lui-même et aux siens, tout simplement parce que "Dieu" ne saurait être un monde ni un avenir pour lui, cela montre à quel point nous sommes formatés, au moins théoriquement, dans un sens "idéaliste". Nous n'en sommes pas moins égoïstes, ethnocentristes, anthropocentristes, mais tout cela nous le sommes honteusement, sans la moindre raison avouable à nos propres yeux.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeDim 26 Juil 2020, 22:27

Pas facile d'être prophète !

Jérémie 1:1-19


Comme tous ceux qui sont appelés, Jérémie ne choisit pas de devenir prophète. Mais dans le cas de Jérémie il ne semble pas pouvoir échapper à son destin, puisque Dieu lui-même l’a consacré à son service avant sa naissance, parce qu’il le connaissait avant même sa conception ! (v.5).  N’ayons pas peur des mots : c’est un exemple de prédestination absolue !
 « Je t’ai mis à part », « Je t’ai consacré », dit Dieu à Jérémie.
Jérémie est un être à part, et bien plus qu’on l’imagine.  Il vit  à Anatoth, un village près de Jérusalem, il est issu d’une famille de prêtres. Mais cette famille porte une blessure.  L’ancêtre de sa famille, Ebiatar, a trempé dans un complot contre Salomon. Depuis, ses descendants sont relégués à Anatoth, sans avoir le droit de s’installer ailleurs. Ils ne peuvent pas  pratiquer en tant que prêtre,  dans le Temple de Jérusalem. Ainsi, en tant que fils de prêtre, Jérémie est au centre de la foi d’Israël, mais en  tant que descendant d’Ebiatar, il en est exclu.
Mais en l’appelant Dieu inclut Jérémie dans son projet, celui de dire au peuple, la vérité, au risque de sa vie, de dire aussi, qu’en dépit de cette vérité,  quelque part inaudible, parce qu’elle dérange, Jérémie proclame la fidélité de Dieu envers son  peuple et lui renouvelle  tout de même sa confiance.   Et cette confiance permettra au peuple de démarrer un projet nouveau, le moment venu. Mais cette confiance, Jérémie est déjà en train de la vive, car,  en allant le chercher à Anatoth,  nous découvrons que Dieu ne rejette pas la famille des prêtres maudits. C’est une mission prophétique,  on ne peut plus paradoxale.

La vocation de Jérémie s’inscrit donc dans ce contexte embrouillé, au cœur de nombreuses tensions : spirituelles, diplomatiques et personnelles. Comme toute personne appelée, il résiste. Mais la timide objection de Jérémie ne pèse pas lourd dans la décision divine : « Ah Éternel, je ne sais pas parler, je suis trop jeune »…. Ce à quoi l’Éternel lui répond : « Ne prétends pas que tu es trop jeune, car tu iras trouver tous ceux vers qui je t’enverrai et tu diras tout ce que je t’ordonnerai ». Et Dieu rajoute cette promesse qui accompagne tous ceux qui sont appelés : « N’aie pas peur d’eux, car je suis moi-même avec toi, pour te délivrer ».  Jérémie ne peut échapper à sa mission. Sa vocation est exigeante, mais il est prévenu dès le début de la difficulté de sa mission. Et cette difficulté est annoncée d’emblée : « Aujourd’hui, je te confie une responsabilité envers les nations et les royaumes : celle d’arracher et de démolir, de faire disparaître et de détruire, de construire et de planter » (v.10) ou selon d’autres traductions : déraciner et renverser, ruiner et démolir, rebâtir et replanter. Six verbes, dont quatre négatifs et deux positifs. https://oratoiredulouvre.fr/libres-reflexions/predications/pas-facile-detre-prophete
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeLun 27 Juil 2020, 00:00

Comme je le disais plus haut, je crois qu'il ne faut pas forcer sur l'aspect biographique, voire autobiographique des textes: le livre de Jérémie a eu une rédaction très longue et compliquée, comme l'atteste la Septante qui en présente une version nettement plus courte et une organisation complètement différente. A mon sens, il faut plutôt voir "Jérémie" comme un personnage et un locuteur littéraires que comme un "auteur" qui raconterait sa propre vie, fût-ce par scribes interposés.

Reste que la "géopolitique" est essentielle, encore plus ici qu'ailleurs: il faut la comprendre du point de vue d'une toute petite "nation", vassale par vocation et selon des alliances variables, parce qu'elle se situe à l'intersection mouvante des zones d'influences des grandes puissances de l'époque (Egypte, Assyrie et Babylone qui ne sont surtout pas à confondre aux VIIe/VIe siècles, puisque c'est précisément contre l'Egypte et l'Assyrie alliées pour la circonstance que Babylone acquiert la suprématie, de la prise de Ninive à la bataille de Karkémish, entre 612 et 605). Sous ce rapport le malheur de "Jérémie", ou du "parti pro-babylonien" qu'il représente à Jérusalem, c'est d'avoir compris plus tôt et plus lucidement que les autres le cours de l'histoire contemporaine et de plaider pour la soumission à Babylone, ce qui fait de lui un "allié objectif" de l'ennemi immédiat et rétrospectivement du vainqueur, et pour ses adversaires un artisan de la catastrophe nationale qui aurait plus d'une raison de s'en réjouir, parce qu'au moins dans un sens la défaite est sa victoire. C'est tout ce qui différencie les "confessions de Jérémie" des "Lamentations" (traditionnellement rapportées aussi à "Jérémie"), dont la tonalité pathétique est similaire mais dont le point de vue politique est à peu près opposé.

---

C'est, bien sûr, dans le cadre de la situation actuelle que j'ai évoqué ce verset, en pensant aux sentiments partagés de tous ceux qui depuis des décennies militaient en vain à contre-courant, selon toutes sortes de tendances et de nuances, pour ce qui est en train de se produire sans qu'ils y soient pour rien, non pas la "pandémie" en soi mais ce qui s'ensuit et peut se résumer sous le mot de décroissance, sinon d'effondrement de l'économie mondiale. Ce qui arrive, ils le voulaient et ne le voulaient pas. Je repense aussi à un voyage que j'avais fait en Allemagne de l'Est entre la chute du mur de Berlin et la réunification: j'avais été tout étonné d'entendre un pasteur d'une église luthérienne prêcher sur le livre de Jérémie, je ne sais plus quel passage, en comparant la ruine de Jérusalem à ce qui était en train d'arriver à son pays -- ce qui, d'un point de vue occidental, ne me serait pas venu à l'esprit, mais m'a fait beaucoup réfléchir.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeLun 27 Juil 2020, 13:09

Le personnage Jérémie a assisté (dans le récit) aux derniers jours de Jérusalem et a vécu dans sa chair (pas uniquement comme prophète qui annonce) l'agonie de son peuple. Ce personnage a connu une série d'échecs et a été entrainé dans l'action politique malgré lui (peut-être) dans sa lutte contre le parti nationaliste. Jérémie ose s'attaquer à un dogme intouchable, Jérusalem jouit de la protection de Dieu, puisque que le Temple y est dressé ce qui implique une protection infaillible. Jérémie prend en exemple Silo, lieu saint que Dieu a laissé détruire  pour punir Israël :

 "Allez plutôt, je vous prie, vers mon lieu à Silo, là où j'avais d'abord fait demeurer mon nom. Voyez comment je l'ai traité à cause du mal qu'avait fait Israël, mon peuple" (7,12)


Jérémie met en évidence que la sentiment de protection lié à un endroit est illusoire, comme le fait de faire parti d'une organisation. De plus Jérémie affirme que le salut passe par la soumission à un roi païen :

"C'est exactement ce que j'ai dit à Sédécias, roi de Juda : Placez votre cou sous le joug du roi de Babylone, soumettez-vous à lui et à son peuple, et vous vivrez " (27,12). 

Un prophète à contre courant, qui demande au peuple d'agir (en apparence) contre les valeurs de sa religion, de se soumettre au roi de Babylone et de ne pas compter sur la protection divine liée à la présence du Temple. 
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeLun 27 Juil 2020, 14:33

"Nationalisme" est un mot trompeur, au-delà même de l'anachronisme induit par le concept moderne d'Etat-nation: le "nationalisme" d'un petit royaume vassal n'a rien à voir avec celui d'un grand royaume indépendant et a fortiori d'un empire, pour lui il s'agit surtout de savoir avec qui s'allier, c'est-à-dire à qui se soumettre; il y a là un problème d'anticipation qui peut être abordé par des moyens à nos yeux "rationnels" (la "sagesse" qui analyse la situation et calcule son intérêt, représentée à la cour du roi par les princes et conseillers, avec tous les effets de parti, de rivalité et d'intrigue qu'on peut imaginer et qui apparaissent d'ailleurs clairement dans le livre de Jérémie) et "irrationnels" (les "prêtres", les "prophètes" et autres "devins", également présents à la cour, en situation de concurrence ou de collusion avec les précédents, ce qui est aussi très clair dans le livre et dans les textes bibliques en général).

Le temple et l'aspect "sacral" de la royauté (dynastie "davidique", onction, etc.) constituent en effet un motif de (fausse) sécurité fortement dénoncé par le livre, mais là encore il faut faire la part (considérable) de la rédaction deutéronomiste dont le point de vue a posteriori est certes religieux, mais critique à la fois de la royauté et du sacerdoce historiques. De même il ne faut pas s'exagérer le sentiment de différence religieuse qui pouvait exister dans la Jérusalem du premier temple: même si la "réforme" de Josias a un fond historique, et dans ce cas essentiellement monolâtrique et centralisateur, elle ne constituait pas encore un "monothéisme", ni un "judaïsme" radicalement distinct de tous les autres peuples, considérés comme "païens" ou "polythéistes" (perspective anachronique); elle n'aurait d'ailleurs pas eu que des partisans, c'est également visible dans le livre de Jérémie (p. ex. le retour du culte de la "reine du ciel"); et un "Jérémie historique", appartenant à un clan écarté de la prêtrise, en aurait été une des premières victimes...
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeLun 27 Juil 2020, 21:24

En fin de compte : vivre l'épreuve (Jr 29)
Le chapitre 29 est constitué d'une lettre aux exilés de 597. Elle les invite à s'établir en Babylonie, en terre étrangère (v.4-7). Contre les nationalistes étroits, le prophète prône donc une soumission à Nabuchodonosor. Comme au chapitre 28, Jérémie met en cause les "faux prophètes" qui sont auprès des exilés. Il réaffirme encore, au nom du Seigneur : « Je sais, moi, les desseins que je forme pour vous, oracle du Seigneur : desseins de paix et non de malheur, pour vous donner un avenir et une espérance » (29,11).
Le propos est clair, comme il doit être clair que l'exil sera long (29,10 et 28). Alors, autant s'établir et organiser la vie en allant jusqu'à prier pour l'ennemi (29,7). Cette position de Jérémie choque évidemment par son réalisme, qui fut pris pour du défaitisme (29,24-28). Il est vrai que cela est déconcertant. Pourtant, d'un bout à l’autre de sa prédication, avant le malheur comme pendant et après, Jérémie appelle toujours à une foi épurée et sans ambiguïté. C'est certainement ce qui n'a pas été compris ni par les habitants de Jérusalem qui préférèrent la fuite en avant, ni par les exilés qui n'étaient pas disposés à vivre le temps de l'épreuve comme prémisses de l'Alliance nouvelle. https://www.bible-service.net/extranet/current/pages/200107.html
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMar 28 Juil 2020, 10:52

Les exils sont d'autant plus longs qu'ils débouchent sur des situations permanentes de diaspora, qui vont être décisives pour l'émergence du "judaïsme" à proprement parler à partir de l'époque perse -- c'est-à-dire d'une "religion" toujours "ethnique" en principe mais non plus liée à un territoire ni à un "Etat", en tension désormais avec le temple, la prêtrise, et les pouvoirs politiques de Jérusalem le cas échéant (c'est le cadre manifeste des "romans" de Joseph, d'Esther ou de Daniel, à la cour de l'empire du moment, mais aussi la référence plus discrète des pérégrinations des Patriarches ou des protagonistes de Ruth, de David fuyant Saül, de tous ceux que Yahvé accompagne hors de "sa" terre; cf. aussi le "char" d'Ezéchiel et, a contrario, l'impossibilité traditionnelle de servir un dieu local sur une terre étrangère, 1 Samuel 26,19; 2 Rois 5,17; Psaume 137 etc.).
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMar 28 Juil 2020, 12:27

Esaïe ne semble pas être dans le même registre que Jérémie, face à la menace de l'Assyrie, les rois de Juda hésitent entre la soumission à l'Assyrie ou l'hostilité, Esaïe combat le désarroi des uns et l'illusion des autres, Jérusalem ne doit pas tomber sous la domination de l'Assyrie mais elle doit refuser les alliances  illusoires qui lui laisseraient croire à une victoire possible. Pour Esaïe la seule solution,  mettre sa confiance en Yhwh. Esaïe rappelle que Jérusalem est la ville de Dieu qui peut compter sur la protection divine. Ainsi, pour Esaïe, il n'est pas question d'accepter la domination de l'Assyrie comme Jérémie recommandait la soumission à Babylone.  
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMar 28 Juil 2020, 13:47

Dans le livre d'Isaïe (ou Esaïe -- sans même parler du "deutéro-" et du "trito-") la difficulté est encore plus grande de dater les textes et d'apprécier leur rapport, historique et/ou littéraire et religieux, aux situations géopolitiques qu'ils évoquent. Si l'on tient compte de l'ensemble, sans écarter les gloses et les développements les plus tardifs, l'Assyrie est créditée de toutes sortes de conquêtes réelles et fictives (aux chap. 7ss, qui concernent d'abord la Syrie, Aram, il est déjà question d'une prise de Damas et de Samarie; au chap. 20, d'Ashdod et de la Philistie); mais elle est surtout au premier plan pour le siège de Jérusalem au temps d'Ezéchias, dont la levée paraît, de ce point de vue, miraculeuse (chap. 36ss // 2 Rois 18ss: l'ange de Yahvé fait 185.000 morts en une nuit); d'après les textes assyriens, si la ville est épargnée, ce serait plutôt parce qu'Ezéchias renonce à ses velléités de résistance, se soumet et paie tribut (paradoxalement, le livre des Rois garde la trace du tribut, 2 Rois 18,14ss, quoique avec des chiffres différents et à un autre moment du récit). En fait, pendant toute cette période Juda, pour autant qu'il se distingue d'Israël, ce qui est surtout le cas après la chute de Samarie au temps d'Ezéchias, est bel et bien vassal de l'Assyrie (cf. les tributs versés à l'Assyrie par Jérusalem comme par Samarie depuis 2 Rois 15ss): sur le plan politique, c'est contre la tentation d'un renversement d'alliance en faveur de l'Egypte rivale que plaide le prophète quand il invoque la foi en Yahvé (ce qui n'ôte rien à l'intérêt "théologique" du propos, mais du coup ne paraît pas si différent de la recommandation de Jérémie). Juda restera en fait vassal de l'Assyrie, y compris par l'intermédiaire de l'Egypte alliée à celle-ci sur la fin contre Babylone (d'où les mésaventures de Josias et de ses successeurs), ce qui n'arrangera pas ses affaires face à l'empire néo-babylonien parvenu à l'hégémonie.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMar 28 Juil 2020, 21:33

Jérémie et Isaïe incarnent le prophétisme politique qui pose la question de la place de Dieu dans la cité. Les chrétiens qui prônent la neutralité politique, oublient que de nombreux prophètes ont été mêlés à des questions politique et se sont prononcés sur la conduite des affaires de l'Etat. Par exemple de nombreux prophètes se trouvent à la cour d'Achab qu'il  consulte avant des opérations militaires : 

Puis Josaphat dit au roi d'Israël : Consulte d'abord, je te prie, la parole du SEIGNEUR. Le roi d'Israël rassembla les prophètes, au nombre d'environ quatre cents, et leur dit : Dois-je aller faire la guerre à Ramoth de Galaad, ou bien m'en abstenir ? Ils répondirent : Vas-y ! Le Seigneur la livrera au roi !(1 Rois 22,5-6).
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMar 28 Juil 2020, 22:29

Sans surprise, la répartition, les fonctions et les relations des "domaines" que nous appelons "politique" et "religion" -- en créant ainsi une unité verbale et factice entre des "choses" très différentes -- varient considérablement d'une époque et d'un lieu à l'autre, et les comparaisons n'ont pas beaucoup de sens. Sans même parler des rois, on ne voit vraiment pas pourquoi un Israélite ou un Judéen, fût-il prêtre ou prophète, aurait eu la moindre objection de principe si l'occasion lui était donnée de participer à l'administration de son royaume, ou même, le cas échéant, à celle d'un empire dont son ethnos dépendait (cf., encore, les romans de diaspora: Joseph, Daniel, Esther).

C'est seulement dans le cadre d'une administration fortement structurée comme celle de l'empire perse et surtout de l'empire romain que "la religion" tend à se détacher du reste et à se trouver de nouvelles fonctions, pour la bonne raison que les possibilités d'action "politique" y sont quasiment nulles pour le commun des mortels. Et de là à une incompatibilité formelle (entre "religion" et "politique"), il y a encore un pas qui n'a été que rarement franchi -- dans certains courants juifs ou chrétiens sans doute, mais non pas par le judaïsme ou le christianisme en général.

---

Quelles que soient en principe leurs différences de méthode (que l'écriture tend d'ailleurs à confondre), prophètes et sages ont affaire au même "mystère" de l'à-venir (autrement dit du temps, de l'être, de l'événement, de l'histoire) qui est aussi un secret de Polichinelle: à chaque instant, ce qui paraissait parfaitement indéterminé, ouvert à toutes les possibilités, à tous les espoirs et à toutes les craintes d'un point de vue donné, devient un fait accompli, inéluctable, auquel personne, pas même un dieu, ne peut plus rien changer. Tous les "risques" et toutes les "chances", à la guerre comme dans une partie de pétanque, s'annulent à mesure que le jeu se joue. Avec une dose variable de réflexion, de calcul, d'intuition ou d'inspiration dans tous les sens qu'on voudra, prophètes et sages tentent d'abord d'influer sur le cours des choses, et notamment d'éviter le malheur: à ce stade, le "prophète de malheur", comme le "sage pessimiste", ne demande qu'à avoir tort sur ses prédictions proprement dites (cf. Jérémie 18, le potier, ici non comme illustration d'une totale prédestination mais au contraire d'une interaction divino-humaine, celle que Jonas aura trop bien anticipée); mais quand le jour arrive qui dans un sens lui donne raison et dans un autre sens consacre l'échec de sa mission et de sa fonction, il n'est guère étonnant que son sentiment soit partagé et qu'il se retrouve, quoique par un tout autre chemin, aussi démuni que les autres qui n'ont rien vu venir.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMer 29 Juil 2020, 10:29

Lorsque Ezéchias veut participer à une vaste coalition contre l'Assyrie,  Isaïe s'oppose à cette politique revancharde et se heurte aux sages et spécialistes militaires qui préconisent cette tactique :

Le SEIGNEUR dit : De même qu'Esaïe, mon serviteur, a marché nu et déchaussé — ce sera pour trois ans un signe et un présage pour l'Egypte et pour Koush — 4de même le roi d'Assyrie emmènera les captifs égyptiens et les exilés koushites, les jeunes et les vieux, nus et déchaussés, les fesses découvertes. Honte pour l'Egypte ! Ainsi ils seront terrifiés et honteux à cause de Koush, leur espoir, et de l'Egypte, leur splendeur ; les habitants de cette côte diront en ce jour-là : Voilà bien notre espoir, notre refuge pour être secourus, pour être délivrés du roi d'Assyrie ! Comment pourrions-nous échapper ? (20,3ss)

 Isaïe s'en prend surtout à l'alliance que Juda veut établir l'Egypte, il va jusqu'à demander aux ambassadeurs égyptiens (venus pour conclure une alliance) de repartir dans leur pays car l'heure de la moisson, donc du jugement est proche :

"Toi qui envoies sur la mer des émissaires, dans des embarcations de jonc, sur les eaux ! Allez, messagers rapides, vers une nation élancée et luisante, vers un peuple redoutable depuis qu'il existe, une nation puissante qui écrase tout et dont le pays est sillonné de fleuves (...)  Alors, avant la récolte, quand la floraison est achevée, quand la fleur devient un raisin qui mûrit, il coupe les pampres avec des serpes, il enlève, il tranche les pampres..."(18,2 et 5). 
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMer 29 Juil 2020, 11:32

(J'ai ajouté une petite réflexion, dans le sens de mon post initial, à la fin de mon post précédent.)

Le regroupement rédactionnel des oracles plus ou moins poétiques sur les "nations", dans le livre d'Isaïe comme dans de nombreux autres livres "prophétiques" (notamment Jérémie où la Septante diffère beaucoup du texte massorétique, en particulier sur ce point), rend aléatoire leur attribution à une situation historique précise. Ils ont pu avoir un certain sens dans le contexte de l'expansion de l'empire assyrien à la fin du VIIIe s. av. J-C. (la XXVe dynastie égyptienne, du milieu du VIIIe au milieu du VIIe siècle, celle qui a résisté à l'Assyrie avant de s'y soumettre, était effectivement "koushite" = "nubienne"), ils en ont assurément trouvé d'autres par la suite. En tout cas l'idée d'"ambassadeurs égyptiens" à Jérusalem ne me paraît pas ressortir très clairement du chapitre 18 (même si c'est ce que suggère la note de la NBS)...

Soit dit en passant, le chapitre 20 illustre assez bien le rapport et la différence entre la fonction traditionnelle du "prophète" qui se borne à des gestes "symboliques" (ici: marcher nu et déchaussé, dans la ligne du comportement extatique qu'on retrouve de 1 Samuel, dans le cycle de Saül, à Ezéchiel) et à des oracles sommaires, et les longs développements littéraires et souvent poétiques des Prophètes-livres, qui peuvent s'inspirer à divers degrés des actes et des paroles d'un prophète mais requièrent de tout autres conditions d'élaboration.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMer 29 Juil 2020, 21:47

Les écrits prophétiques de la Bible hébraïque, moins soumis à la relecture et à la censure du rédacteur final que les textes narratifs, législatifs ou historiographiques, nous ont parfois conservé le témoignage étonnant de querelles et/ou de contradictions non résolues au sein du judaïsme ancien. L’un des passages les plus surprenants est sans conteste celui où le prophète Jérémie dénonce la Torah mensongère des scribes (Jérémie 8,8-9). Aucune ruse exégétique ni interprétative des religions établies sur la Bible n’est parvenue à expliquer ni à gommer cette choquante mise en cause de la Loi par l’un des plus importants prophètes. Pour être comprise elle doit, à mon sens, être resituée dans le cadre historique du développement économique, démographique, culturel et politique du royaume de Juda au viie s. avant notre ère, à la suite de la destruction de Samarie et de l’annexion du royaume voisin d’Israël par l’empire assyrien. Un certain nombre de chercheurs et d’archéologues s’accordent aujourd’hui à considérer que c’est cet essor de Juda (en gros, sous les règnes des rois Ézéchias, Manassé et Josias) qui a créé les conditions d’un développement de l’écriture comme instrument d’exercice du pouvoir politique et religieux sur le royaume. En témoigne le fameux récit de la « découverte » d’une loi écrite enfouie dans la cour du Temple sous le règne de Josias (2 Rois 23 passim), loi dans laquelle on reconnaît le noyau initial du Deutéronome et de la Torah. Les prophètes contemporains de ce phénomène de l’essor de l’écrit, et dont les textes sont regroupés sous les noms du Proto-Esaïe et de Jérémie, ont donc été confrontés à l’émergence d’une nouvelle technique de transmission des savoirs, d’exercice du pouvoir et d’affirmation de l’autorité ; cette technique dont ils n’ont pas la maîtrise s’installe très vite en position de concurrence efficace contre leurs propres outils de transmission et d’autorité, fondés sur l’oralité et le spectaculaire métaphorique. Plusieurs passages tirés de ces deux recueils prophétiques attestent le conflit qui se développe alors entre ces deux techniques d’expression, d’interprétation, de compréhension et de transmission de la volonté divine, fondement ultime de tous les pouvoirs religieux et politiques. Ces passages, rares mais instructifs, sont :
1. Le miroir d’Esaïe (Esaïe 8,1-4) Où l’on voit le prophète Ésaïe tenter de s’approprier et de détourner les techniques de l’écrit pour en faire un usage métaphorique et symbolique qui s’accorde à la tradition prophétique mais ignorer les qualités propres, la portée et l’usage de l’écrit – toutes choses déjà acquises par la pratique des siècles précédents dans le royaume voisin d’Israël. Une tentative analogue peut être repérée dans l'usage magico-symbolique d’un rouleau envoyé aux exilés de Babylone par Jérémie et noyé dans l'Euphrate après lecture (Jérémie 51,59-64).
2. Le rouleau brûlé de Jérémie (Jérémie 36 passim)Où le conflit entre l’autorité de la loi écrite du roi et celle du discours prophétique est symboliquement tranché en faveur de la première par le roi Yoyakim, dans le geste de brûler le rouleau sur lequel ont été transcrites les prophéties de Jérémie au fur et à mesure qu’on lui en faisait la lecture ; et où l’on peut observer que la mise par écrit des prophéties ne diminue ni ne modifie leur caractère essentiellement oral. 
https://journals.openedition.org/mondesanciens/71
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeMer 29 Juil 2020, 23:43

Article stimulant et original, sur le "fond" comme sur la "forme" -- il appellerait beaucoup de questions et de discussion, mais assez éloignées de notre texte de départ.

Comme tous les "progrès techniques", la diffusion (relative) de l'écriture n'est pas longtemps utilisée par un seul "camp" ni par une seule "idéologie", et ceux qui l'utilisent, y compris les uns contre les autres, n'y recourent pas sans en être eux-mêmes transformés, jusque dans leurs antagonismes: l'écriture "deutéronomiste" est peut-être unilatéralement monarchique et centralisatrice au temps de Josias, mais après la chute de Jérusalem, l'exil et la restauration son point de vue se déplace nécessairement; de son côté, comme on l'a dit plus haut, la tradition "prophétique" évolue considérablement, dans un sens littéraire et poétique, en passant de l'oralité (et de la corporalité) à l'écriture et en s'éloignant simultanément de son contexte historico-politique vers des horizons eschatologiques, apocalyptiques ou autrement "religieux"; elle subira encore beaucoup de modifications dans ses reprises "deutéronomistes" ultérieures, surtout dans les sections narratives ou plus largement prosaïques. Tous ces changements laissent des traces repérables, mais dans une stratification complexe, et leur interprétation reste largement sujette à débat. Ce qui paraît clair en tout cas, c'est qu'au temps de Jérémie la "réforme" de Josias et le commencement de Torah écrite qui en est à la fois l'instrument et le produit ne font pas l'unanimité, et que "Jérémie" lui-même n'en est pas forcément un chaud partisan, contrairement à ce que pourraient laisser croire les passages "deutéronomistes" du livre qui porte son nom. Même s'il ne s'agit plus à proprement parler du temps de Jérémie, il aura fallu peu de générations pour passer de l'enthousiasme de la Torah écrite au désir, écrit lui-même, de son dépassement dans une "nouvelle alliance" écrite dans les coeurs (Jérémie 31), ce qui est encore autre chose qu'un retour à l'oralité de la "parole prophétique", à supposer que celle-ci ait jamais été exempte d'écriture -- l'exemple d'Isaie analysé dans cet article suffirait à prouver le contraire, sans même parler des aspects "graphiques" des "actes prophétiques" ou de la tradition orale en général; avec l'écriture on a toujours déjà commencé, et on n'en a jamais fini.
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeJeu 30 Juil 2020, 12:24

Les intertextes : 2R 22


Défendue pour la première fois par Isbell en 1978,  la thèse de la dépendance de Jr 36 de 2R 22 est maintenant largement acceptée. 2 R 22 raconte la découverte d’un rouleau pendant les travaux de rénovation du temple à l’époque de Josias. Reconnaissant qu’avec son peuple il n’a pas suivi la parole de Dieu, le roi fait pénitence et il amène le peuple à faire également pénitence. Les parallèles entre Jr 36 et 2R 22 concernant principalement la structure et les quelques allusions littérales de détail sont pour la plupart des parallèles contradictoires.


Jr 36 et 2R 22 sont structurés par trois lectures d’un rouleau qui se passent devant des auditoires différents : la foule, les fonctionnaires, le roi. Il y a néanmoins des différences concernant la chronologie des événements. En 2R 22, la lecture du rouleau par les fonctionnaires du roi, juste après sa découverte, est suivie par une lecture devant le roi lui-même. Ses fonctionnaires rendent ensuite visite à une prophétesse qui confirme le contenu du rouleau et en donne l’interprétation à propos de l’avenir personnel du roi. Le récit se termine par une lecture publique. Par contre, Jr 36 commence par une lecture publique qui est suivie par une lecture devant les fonctionnaires du roi qui entraîne la lecture finale devant le roi.


Dans les deux récits, la lecture devant un fonctionnaire ou un groupe de fonctionnaires entraîne leur rapport au roi et une autre lecture devant celui-ci. La lecture publique change de place. Alors qu’en 2R 22 la lecture devant le roi entraîne la lecture publique et finale, la lecture publique reste sans résultat visible chez le peuple en Jr 36, mais elle entraîne la lecture devant les fonctionnaires et les événements suivants. Alors que la lecture devant le roi Josias selon 2 R 22 a une lecture publique comme résultat, la lecture du rouleau devant le roi Joaquim selon Jr 36, qui suit la lecture publique, conduit à la destruction du rouleau.


L’achèvement contre l’inachèvement de la révélation ?


Les références entre Jr 36 et ses intertextes ont été utilisées comme un argument pour l’hypothèse de la « moïsation » du livre de Jérémie et pour l’attaquer. En faisant référence à la révélation du Sinaï par une référence générale à Ex 31-34 et une citation d’Ex 34,9 en Jr 36,3, Jr 36 indique – selon Otto – l’inachèvement de la révélation avec Moïse. Contrairement à 2R 22, où la parole transmise par Dieu est simplement retrouvée et souvenue, elle est reçue et écrite pour la première fois, même réécrite de façon élargie en Jr 36. L’inachèvement de la révélation est souligné par des ajouts en Jr 36,32. En regardant les références plus précisément entre les intertextes, s’offre cependant une troisième alternative. https://www.cairn.info/revue-transversalites-2014-1-page-29.htm
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeJeu 30 Juil 2020, 14:21

Excellent ! (Il faut, bien sûr, lire la suite et la totalité de l'article; au passage, je n'en finis pas de m'étonner, même si elle n'est que trop compréhensible, de la disparité du traitement "académique" de l'"Ancien" et du "Nouveau Testament": quand on serait capable d'exercer la même liberté et la même finesse d'analyse sur les évangiles et les épîtres, de traiter "Jésus" et "Paul" comme sont traités ici "Moïse" et "Jérémie" par exemple, on y verrait plus clair, sans doute, mais c'est qu'on en aurait fini avec le christianisme comme "religion" vénérable; ce qui est peut-être impossible à une "université" qui, bon gré mal gré, s'inscrit dans sa continuité.)

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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeVen 31 Juil 2020, 11:07

L’incapacité de la maison de David à servir le projet de YHWH

Dès le premier verset de ce livre, quatre successeurs de David sont mentionnés ; puis la colère divine s’exprime contre des « fils pécheurs », « un peuple qui ne discerne pas ». Le contraste entre la désolation de Sion « comme une souccah au milieu d’une vigne » et la splendeur de la Vision Inaugurale (« Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la Maison de YHWH… » Is 2,2), qui exprime le projet de YHWH dans toute sa force, donne également la mesure d’une déception divine. Cette déception s’exprime dans la première partie de la Présentation (cf. le chant de la vigne, 5,1-7) désignant à maintes reprises les chefs du peuple comme les véritables coupables de cet échec. Selon ce constat négatif, c’est donc la relation filiale que YHWH voulait entretenir avec David et ses descendants qui est mise à mal (cf. 2 Sm 7,14).

Les deux passages narratifs principaux qui recèlent les deux rencontres entre le prophète Isaïe et deux représentants successifs de la maison de David (Is 7 et Is 36-39) permettent d’enregistrer le trajet effectif des libertés et sont emblématiques de l’incapacité radicale de cette dynastie à mettre en œuvre le projet divin. Le refus par Achaz du signe que lui propose Isaïe n’est ni plus ni moins que le refus de vivre avec YHWH une relation de fils. Le signe de l’Emmanuel montre l’opiniâtreté d’un Dieu qui veut être fidèle malgré l’infidélité de l’homme. Les attentes du lecteur se portent alors sur le successeur d’Achaz, Ézéchias, que le Livre des Rois célèbre comme un roi juste. Mais Ézéchias, dont l’attitude pendant le siège de Sennachérib est à maints égards admirable, ne sera pas l’initiateur du salut que célébrait l’oracle annonçant sa naissance (8,23-9,6). Toute la première partie du livre (ch. 13-33) prépare le lecteur à cette déception en élargissant ses vues par un tour d’horizon balayant toutes les nations. De cette manière, le lecteur peut graduellement intégrer le plan de YHWH pour établir son gouvernement mondial à Sion Cette patiente pédagogie prophétique fait passer le lecteur d’oracles de jugement en oracles de consolation et vice-versa. Graduellement, le lecteur se trouve impliqué dans ce plan de salut qui lui est exposé. Dès le chapitre 8, il est discrètement invité à prendre place au sein du « groupe du nous ». Ce « groupe du nous » dont on découvre la présence dans le nom de l’« Emmanuel » — à l’instant précis où la maison de David prend distance — va progressivement se constituer autour du prophète en une nouvelle « maison » susceptible de pouvoir mettre en œuvre le plan de YHWH. https://www.cairn.info/revue-nouvelle-revue-theologique-2004-1-page-16.htm
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MessageSujet: Re: Quel métier...   Quel métier... Icon_minitimeDim 02 Aoû 2020, 00:45

Intéressant -- toujours aussi loin de mon "sujet" de départ, mais je me fais une raison...

Les distinctions catégoriques (et catégorielles) s'effondrent d'elles-mêmes: plus on veut opposer le prophète "original", en parole, en acte et en situation, à la masse anonyme de ses continuateurs littéraires, compilateurs, rédacteurs, scribes, jusqu'à la dernière glose, plus on va constater que celui-là, comme ceux-ci, travaillait déjà à sa façon un "texte" qui le précédait -- une langue, des usages, une tradition fût-elle complètement orale, sans quoi son "message" ou sa "communication" n'aurait eu ni sens, ni raison d'être, pas plus pour lui-même que pour aucun vis-à-vis, en un mot elle n'aurait pas eu lieu; et que ceux-ci, comme celui-là, tout "héritiers", "écrivains" ou "fonctionnaires" qu'ils fussent, ont dû être aussi, à même leur travail d'écriture, des acteurs plus ou moins "inspirés" de leur propre temps et de leur propre situation. (F)ont-ils pour autant le même "métier" (ou le même "ministère", puisque c'est une variante du même mot latin) ? Si l'on veut, mais il faudrait alors le penser, ce métier ou ce ministère, comme infiniment différencié, à telle enseigne que personne n'y serait étranger -- tout le monde en serait, jusqu'au dernier lecteur. Après tout, que "tous soient prophètes", cela a toujours été l'horizon du prophétisme, son idéal et sa limite, où le concept bascule dans le non-sens, se neutralisant ou s'annulant au moment où il s'accomplit (cf. Eldad et Medad, Saül, Joël ou la Pentecôte); et à ce tarif tous seraient aussi bien écrivains, rédacteurs et scribes d'un texte sans commencement, ni fin, ni marge -- y compris les analphabètes. Et il n'y aurait pas de hors-sujet non plus... Wink
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