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| la mort en fuite | |
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Auteur | Message |
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free
Nombre de messages : 10102 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: la mort en fuite Ven 24 Juin 2022, 10:47 | |
| - Citation :
- Parce que nous sommes ces temps-ci dans l'Apocalypse, parce que j'ai réentendu avant-hier ce verset dans un documentaire de W. Herzog (Leçons de ténèbre, Lektionen in Finsternis, 1992, sur des images spectaculaires de la première Guerre du Golfe, qui débute d'ailleurs par une citation factice attribuée à Pascal, "l'effondrement du système solaire s'accomplira, comme la création, dans une beauté grandiose"; Herzog qui faisait aussi dire à son Nosferatu, "il y a pire que la mort, c'est de ne pas pouvoir mourir"),
Monstre magnifique Comme toute bonne fable, Nosferatu joue sur les contrastes marqués, visuellement et narrativement. Bien entendu, Dracula est un enfant de la nuit, évoluant dans un monde noir et désolé, au visage blafard, un être emprisonné dans un état de mort permanente. Sa forme est changeante, puisqu’il peut se transformer en différents animaux (chauve-souris, loup, rat). Pour incarner la goule, la convocation de tous les superlatifs est permise pour qualifier la performance de Klaus Kinski. Chaque apparition à l’écran du comédien allemand est phénoménale. Kinski est Nosferatu : une apparence de démon, mais en réalité un personnage tragique portant dans son regard une infinie fatigue de l’existence et une tristesse incommensurable, condamné à un châtiment mythologique (« La mort n’est rien, il y a pire. Imaginez-vous de vivre pendant des siècles… et chaque jour de revivre les mêmes futilités »). Kinski est dans une intériorité extrêmement rare chez lui. A l’image de Max Schreck dans le film de Murnau, le comédien assume totalement un jeu théâtral, à forte charge symbolique mais avare en mots. Il n’y a chez Dracula aucune explosion de rage, aucune agression brutale ; tout est dans le regard. Le génie extraverti de Kinski a ici été mis au service de l’aspect grandiloquent du personnage, son côté torturé, irréel, fantasmatique. A l’inverse, Lucy, incarnée par une Isabelle Adjani à la beauté virginale, évolue dans un monde à la pureté tout aussi irréelle que le château décati du comte transylvain. Marchant sur une plage à la pâleur d’écume ou dans la ville baignée de brume, la jeune femme est littéralement spectrale, sa blancheur annonçant sa mort prochaine, alors que ses capacités extrasensorielles la rapprochent davantage des monstres (Dracula, Renfield) que des hommes de raison et de science qui l’entourent. En s’offrant à Dracula dans une séquence finale à la sensualité morbide (« Si une femme au cœur pur lui fait oublier le chant du coq, la lumière du jour lui sera fatale »), elle sauve Jonathan de la mort, mais aussi Dracula d’une vie éternelle sans avoir connu l’amour, et Wismar de la peste qui ravage sa population. https://www.lemagducine.fr/cinema/films-classiques/nosferatu-fantome-de-la-nuit-1979-film-werner-herzog-critique-cinema-10036172/ La ligne verte John montrait des pouvoirs surnaturels. Il a d’abord soigné Paul qui souffrait de coliques néphrétiques. Puis il a guéri Melinda Moores (Patricia Clarkson), la femme du directeur (James Cromwell), de sa tumeur au cerveau! Tout le monde se demandait : Qu’est-ce que c’est?? C’est comme s’il aspirait le mal. Un jour, il a recraché toute cette douleur dans la bouche de Percy. Celui-ci, sous le choc, a ensuite abattu de sang froid un autre détenu, William « Wild Bill » Wharton (Sam Rockwell). Wharton était un psychokiller, qu’est-ce que c’est?? Il se distinguait par la violence de ses propos et le caractère déplacé de son comportement. Il se trouve que Wild Bill était le meurtrier des fillettes. John a permis à Paul de voir par lui-même tout ce qui s’est passé. Perturbé et convaincu de l’innocence de John, Paul ne savait plus plus quoi faire. Il a demandé à Coffey s’il voulait être libéré. Il l’aurait libéré volontiers. Mais John voulait en finir. Il était fatigué de la violence de ce monde. Il voulait partir. Sa seul requête fut de regarder un vieux film en noir et blanc. Puis il fut accompagné jusqu’à ce siège funèbre. Ce fut la dernière execution de Paul qui demanda à être transféré dans un centre de détention juvénile. Sa punition pour avoir tué un miracle de Dieu, c’est la vie éternelle. Il voit tous ceux qu’il aime partir les uns après les autres. Son calvaire est sans fin. We each owe a death – there are no exceptions – but, oh God, sometimes the Green Mile seems so long. https://explicationdefilm.com/2018/06/12/la-ligne-verte/ |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12460 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: la mort en fuite Ven 24 Juin 2022, 12:52 | |
| Je n'ai jamais vu La ligne verte ni aucun film de Darabont, mais les Nosferatu de Murnau et de Herzog sont en effet inoubliables, séparément et par leur jeu de miroirs, d'ombres et d'échos réciproques ( sic, car le plus récent affecte aussi le plus ancien: point d'anachronisme en cinématographie comme en toute écriture, graphè, cf. Borges). Au passage, la légende du "juif errant" qu'on appelait "juif éternel" en allemand ou en anglais reposait sur le même principe, ou la même hantise, d'une "éternité" qui ne serait ni vie ni mort -- alors que "l'amour" serait plutôt " et vie et mort". (Je redécouvre à ce propos ce fil étonnant.) Amour fort comme (et non plus que) la mort, selon le Cantique des cantiques (8,6), où l'"amour", 'hbh-'ahava/agapè, a d'ailleurs pour parallèle et synonyme la "jalousie" ou "zèle", qn'h-qin'a/zèlos, dont nous reparlions ici ces jours-ci. Pour rappel, il n'y a dans ce texte aucune opposition (non plus) entre "l'amour" et la "passion jalouse" d'une part, et "la mort" et le "she'ol" d'autre part: ils sont semblables, sinon identiques, aussi puissants, impérieux, exigeants, implacables, inexorables les uns que les autres. Au nombre des approches de la mort, qui la touchent ou y échouent (au sens encore équivoque de l'échec et de l'échouage), on peut à coup sûr compter l'"amour", avec la "tristesse" et l'"obéissance" que j'évoquais hier, et beaucoup d'autres "choses" superficiellement contradictoires mais indissociables en profondeur (souffrance et joie p. ex.). C'est toutefois moins le sens du toucher ou du tact que celui du goût qui est associé à la mort dans "la Bible" (ça n'est pas contradictoire d'ailleurs, il reste du "tact" et du "tâter" dans l'anglais "taste", on pourrait dire "tastemort" comme on dit "tastevin"): "goûter la mort", fait de langue (araméenne peut-être avant la [judéo-christiano-]grecque) plu(s)tôt que de texte, encore que l'un n'aille pas sans l'autre (cf. Marc 9,1 // Matthieu 16,28 // Luc 9,27; Jean 8,52; Hébreux 2,9 qui réunit pathèma tou thanatou et geuomai thanatou, souffrance ou passion de la mort, goûter la mort, geuomai est cousin de gusto); on pourrait cependant rapprocher cette formule d'une expression hébraïque fréquente, mr npš etc. pour l'"amertume de l'âme (ou du gosier)" (cf. Proverbes 31,6 supra 14.6.2022), plus ou moins étroitement associée à la mort (cf. 1 Samuel 1,10; 15,32; 22,2; Isaïe 38,15ss; Ezéchiel 27,31; Job 3,20; 7,11; 10,1; 21,25; Qohéleth 7,26). |
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