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 entendre raison

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Narkissos

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MessageSujet: Re: entendre raison   entendre raison - Page 2 Icon_minitimeDim 05 Sep 2021, 11:51

Je reviens sur la notion de calcul qui, comme on l'a vu depuis le début de ce fil, est indissociable de la "raison", en grec (logos) comme en latin (ratio) -- un peu aiguillonné, je l'avoue, par l'un des derniers slogans de la propagande sanitaire entendu à la radio: "on peut discuter de tout, sauf des chiffres".

Avec la "raison", il est toujours au fond question de calcul, de chiffres ou de nombres (arithmos, d'où arithmétique), même quand aucun chiffre n'apparaît; de science et de technique de calcul apprises (selon le sens étymologique du mot "mathématique", dérivant comme le terme grec pour "disciple" ou "élève", mathètès, du verbe manthanô = apprendre, du point de vue de l'élève précisément: apprendre et non enseigner) et reproduites (du mimétique dans le mathématique). Le calcul arithmétique, qui s'apprend comme il s'enseigne et comme il s'imite, se veut exemplairement logique, cohérent, méthodique, fiable, contraignant et pour cela univoque: il doit avoir le même sens pour tout le monde pour s'imposer à tous; s'il y a plusieurs façons de compter, elles doivent invariablement aboutir au même résultat pour le même problème ou la même opération. Il est donc essentiellement reproductible et automatisable, machinal ou mécanique -- en quoi toutes les "machines à calculer", du boulier à la calculatrice et aux ordinateurs (c'est encore plus clair avec l'anglo-latin computer, ou le digital traduit par "numérique", qui semble encore compter sur ses doigts), aux "logiciels" et autres '"algorithmes", sont le paradigme autant que les outils, les prothèses et les produits de la "raison" mathématique, arithmétique et technoscientifique.

Mais ce qui échappe, par définition, à la raison-calcul, ce sont ses propres limites, marges ou frontières, qui définissent justement (ou pas) l'"assiette" du calcul, en déterminant ce qui entre en (ligne de) compte et ce qui en sort ou n'y entre pas. L'ordinateur ou le logiciel ne se trompent jamais: s'ils se trompent, la faute en incombe toujours à un défaut extérieur au système et à son extériorité même: on a omis d'intégrer des "paramètres" ou des "données" (data, encore du latin dans l'anglais). Ainsi chaque économie depuis la nuit des temps, chaque écologie avant la lettre (éco- toujours du même oikos = maison, domaine, qui détermine le point de vue et l'horizon du calcul en rejetant à l'extérieur ce qu'on ne calcule pas), se traduit en ce qu'on appelle (d'une expression qui m'avait paru lumineuse au lycée) "déséconomie externe", incalculable par défaut de calcul, sauf à être prise en compte par une nouvelle économie, plus large mais limitée à son tour par ce qu'elle devra exclure ou forclore pour compter quoi que ce soit.

L'histoire est bien connue (notamment par le film Amen ! de Costa-Gavras) de ces manuels d'arithmétique nazis qui justifiaient subrepticement l'élimination des malades mentaux, prélude à tous les programmes d'extermination à venir, par un simple calcul, a priori indiscutable: pour le prix d'une institution spécialisée fonctionnant à perte, sans aucun bénéfice escomptable, combien peut-on construire de maisons saines pour des familles de travailleurs (et bientôt soldats) allemands en bonne santé ? Toute question morale ou sentimentale mise à part, le calcul, si incontestable fût-il une fois le "problème" ou l'"opération" posés ainsi, s'est avéré ruineux une dizaine d'années plus tard, au premier chef pour ceux qui l'avaient conçu (on pourrait toutefois objecter, par un tour de calcul et d'immoralité supplémentaire, que leurs descendants quelques générations plus tard ne s'en portaient pas plus mal).

Qui dit raison et calcul dit quantité, quantum, quantification générale des choses, des êtres ou des étants, mesure ou nombre corollaire du nom commun qui annule toute différence dans ce qu'il nomme et compte (il faut nommer "mouton" ou "arbre" n'importe quel "mouton" ou "arbre", en faisant abstraction de ce qui différencie un mouton ou un arbre d'un autre, pour pouvoir compter des "moutons" ou des "arbres", et par là seulement leur attribuer une valeur d'échange ou un prix monétaire; et quand on ne peut pas compter d'"unités", pour ledit "indénombrable" comme la terre ou l'eau, on en fabrique sous forme de mesures conventionnelles, de distance, de capacité ou de poids, coudées ou mètres, boisseaux ou litres, mines ou kilogrammes). La réduction quantitative culmine dans le règne de la statistique indifférente au cas particulier, singulier ou marginal, au qui du nom propre plus encore qu'au quoi ou au quel de la nature, de l'essence ou de la qualité.

On repensera à l'antique tabou biblique du recensement (2 Samuel 24 // 1 Chroniques 21), transgressé dès la Torah (exemplairement dans les bien-nommés Nombres, mais Exode 30,11ss conserve une trace de l'interdit dans la prescription même) et qui n'est peut-être pas tout à fait étranger à notre propre paralysie devant la "démographie", dont on parle d'autant moins qu'elle est manifestement au centre de tous les "problèmes". Point aveugle de la vie et de la mort au centre de la clarté de toute raison et de tout calcul, qui les aveugle à mesure qu'il grandit.
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le chapelier toqué

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MessageSujet: Re: entendre raison   entendre raison - Page 2 Icon_minitimeLun 06 Sep 2021, 12:07

On peut faire "dire" n'importe quoi aux chiffres. Les chiffres ne sont pas dérangeants en eux-mêmes ce sont les interprétations que l'on en tire qui peuvent donner à penser avant de donner "des ailes" à d'autres projets.

Dans le livre de l'Apocalypse il est dit qu'un tiers des étoiles a suivi Satan. Un lecteur pourrait penser que Satan est puissant puisqu'il est parvenu à détourner un tiers des étoiles, un autre lecteur pensera qu'heureusement deux tiers des étoiles n'ont pas suivi Satan.
En dehors de toute explication biblique, théologique ce qui est intéressant c'est que les deux lecteurs ont lu le même texte, mais chacun a retenu ce que son esprit a bien voulu retenir à propos du nombre d'étoiles détournées par Satan.

Il en est de même dans la vie courante face à la grande masse de chiffres qui nous sont proposés jour après jour dans les médias nous réagissons de la même façon que nos deux lecteurs de l'Apocalypse. Soit nous sommes consternés par le grand nombre de personnes contaminées, soit nous remarquons que la maladie se répand mais qu'elle fait moins de victimes et que de plus en plus de personnes s'en sortent sans trop de mal, voire sans avoir été contaminées. Je ne veux pas entrer dans un débat qui me parait futile et inutile mais il me parait nécessaire de raison garder et de prendre les nombres, les chiffres pour ce qu'ils sont : de l'arithmétique et non une vérité virale, médicale. Il convient de prendre la situation très au sérieux, tout en conservant une part d'esprit critique.
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Narkissos

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MessageSujet: Re: entendre raison   entendre raison - Page 2 Icon_minitimeLun 06 Sep 2021, 13:13

Tout cela est très juste (sempiternel problème du verre à moitié vide ou à moitié plein, ou au tiers vide et aux deux tiers plein selon ton exemple apocalyptique), et ramène à la question générale de l'axiologie ou "jugement de valeur" qui dépend toujours d'un point de vue arbitraire (cf., sur le mode temporel et narratif, la fameuse histoire chinoise du paysan et du cheval où chaque nouvel événement qui survient par suite des précédents renverse le jugement sur le caractère "bon" ou "mauvais" de l'ensemble de l'histoire comme de chacune de ses péripéties).

Ce que j'essayais de dire toutefois, et qui n'est d'ailleurs pas sans lien avec cette question de perspective, c'est que le problème majeur de la "raison-calcul" consiste précisément dans la détermination ou la délimitation du "problème". Médias et politiques fonctionnent en séparant, en isolant et en cloisonnant artificiellement des "sujets" ou des "domaines" distincts (comme "la santé", "l'économie" ou "l'environnement"), et dans ceux-ci des "problèmes" ("le Covid", "les maladies cardio-vasculaires", "le cancer" ou "les maladies mentales"; "le chômage", "la dette publique", "l'inflation", "la production", "la consommation" ou "le pouvoir d'achat"; "le réchauffement climatique" ou "l'extinction des espèces"). Chacun apporte sa moisson de chiffres et de possibilités de calcul, de raisonnement et de conclusions, à condition précisément d'ignorer ou d'oublier que tout est lié dans une seule et unique réalité (l'"histoire" ou l'"événement" singulier tissé de tous les événements en interaction) qui ne fait l'objet d'aucune raison ni d'aucun calcul; d'autant que celui-ci passerait nécessairement par la case centrale interdite, à la fois "cause" et "effet", pourtant parfaitement visible et calculable: la démographie, le fait massif que la population humaine a été multipliée par quatre en un seul siècle, avec une croissance générale de l'"espérance de vie" (côté "santé") et du "niveau de vie" (côté "économie"), indissociable des "progrès" techno-scientifiques, agricoles, chimiques, biologiques, génétiques, industriels, médicaux, pharmaceutiques, etc. Or plus la chose est évidente, plus elle devient triviale dans tous les sens du terme, c'est-à-dire aussi obscène, interdite, innommable, intouchable, tabou(e); moins elle est pensée de façon "rationnelle", "logique" ou "mathématique": elle a pu l'être du début du XIXe siècle, avec des gens comme Malthus ou Stuart Mill, elle a pu l'être encore jusque dans les années 1970, mais depuis qu'elle est tout à fait indiscutable elle n'est effectivement plus discutée du tout, ce qui affecte toute "raison" d'une "déraison" non plus seulement périphérique, mais centrale.

Dès que l'on met les chiffres du Covid, du réchauffement climatique ou de l'extinction des espèces en regard de ceux de la démographie humaine, de la mortalité générale, de la natalité, de l'espérance de vie ou de la pyramide des âges, tout devient d'une clarté aveuglante et insoutenable: c'est bien pour ça qu'on ne le fait pas. N'importe quel ordinateur le ferait sans difficulté, mais non "l'homme", précisément par ce qui en lui échappe à la "raison" et au "calcul", quitte à les fuir à toutes jambes quand ils lui deviennent insupportables.
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MessageSujet: Re: entendre raison   entendre raison - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Sep 2021, 13:32

Citation :
 "on peut discuter de tout, sauf des chiffres".

Prebunking : les vaccinés hospitalisés

https://www.youtube.com/watch?v=E8YuCjwVZLw&t=28s
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Narkissos

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MessageSujet: Re: entendre raison   entendre raison - Page 2 Icon_minitimeLun 13 Sep 2021, 14:54

Excellente analyse -- je précise, car on pourrait s'y tromper si on l'écoute trop distraitement, que ses conclusions sont plutôt pro-vaccinales. D'autre part, le spot gouvernemental au début de la vidéo est bien celui que j'avais entendu à la radio, sans les images...

(A mon avis, on aurait d'ailleurs pu faire plus simple, sans faire intervenir un "effet de surprise" difficilement quantifiable: même avec une vaccination à 90 % efficace, les 10 % qui restent finissent par représenter davantage de malades que les non-vaccinés, à mesure que les vaccinés sont plus nombreux et les non-vaccinés plus rares dans la population générale, globalement ou pour une tranche d'âge donnée.)

(On aura compris que mon "problème" avec la "raison-calcul" est plus large, sinon plus profond, et moins "politiquement correct": il est dérisoire de se prétendre "rationnel" quand on est incapable de relier des "problèmes" qui sont essentiellement, actuellement, factuellement liés entre eux, et qu'on s'obstine à "traiter" séparément, ici le Covid, là le réchauffement climatique ou l'extinction des espèces animales, en évitant systématiquement la case centrale, à savoir une démographie humaine insoutenable et les modèles politiques, technoscientifiques, économiques et sociaux qu'elle implique, aussi bien comme "causes" que comme "effets".)
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