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| Jean 10 - Les Brebis et le Berger | |
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Auteur | Message |
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| Sujet: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 15 Mar 2023, 12:03 | |
| Grâce à un autre rai de lumière, on a compris que Jésus ne parlait pas de deux, mais de trois enclos (Jean, chapitre 10). Ce sont: 1) l’enclos juif dont Jean le baptiseur était le portier, 2) l’enclos des héritiers du Royaume oints de l’esprit, et 3) l’enclos des “autres brebis”, qui ont l’espérance terrestre. — Jean 10:2, 3,https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1995365?q=autre+brebis+jean+10&p=parUn premier enclos, sous la Loi 7 Mais que dire de l’enclos dont nous avons parlé, celui qui est associé à l’alliance de la loi mosaïque? En l’an 29, après qu’il eut été baptisé par Jean, oint d’esprit saint par Jéhovah et tenté au terme de 40 jours passés dans le désert de Judée, Jésus Christ se présenta devant l’enclos d’Israël en qualité de berger spirituel. Du reste, il déclara expressément qu’il avait été envoyé “aux brebis perdues de la maison d’Israël”. (Matthieu 10:6; 15:24.) Jusqu’à son baptême, il n’avait été que l’un des nombreux Israélites groupés dans l’“enclos”, dans le cadre de l’alliance mosaïque. Mais maintenant qu’il était oint et engendré par l’esprit de Jéhovah, Jésus Christ pouvait venir à l’enclos dans son nouveau rôle d’“excellent berger”. — Jean 10:11. 8 Jean le Baptiseur fut le premier à reconnaître en lui le vrai Berger nommé par le Berger suprême, Jéhovah. Jésus n’était pas là pour piller l’enclos, mais pour y accomplir une mission légitime. Il pouvait se présenter devant l’enclos d’Israël comme un berger spirituel honorable. Conformément à la prophétie couchée par écrit en Malachie 4:5 (voir Matthieu 11:12-14; Luc 1:13-17), Jean avait été établi “portier” de cet enclos par le Berger suprême (Jean 1:15, 17, 19-28; 10:3). Or, il accepta volontiers les lettres de créance de Jésus Christ, le Sous-berger choisi par Jéhovah en personne, et il se montra aussitôt disposé à le laisser passer et à saluer en lui le Messie promis, le Berger qui devait appeler ses “brebis” par leur nom et les mener paître à l’extérieur.9 Jésus répondait parfaitement à ce portrait qu’il avait lui-même tracé du vrai ou de l’excellent berger, selon Jean 10:1-5: “En toute vérité je vous le dis: celui qui n’entre pas par la porte dans l’enclos des brebis, mais qui l’escalade ailleurs, celui-là est un voleur et un pillard. Mais celui qui entre par la porte est berger des brebis. C’est à lui qu’ouvre le portier, et les brebis écoutent sa voix, et il appelle ses propres brebis par leur nom et les mène dehors. Quand il a fait sortir toutes les siennes, il va devant elles, et les brebis le suivent, parce qu’elles connaissent sa voix. Non, elles ne suivront pas un étranger, mais elles le fuiront, parce qu’elles ne connaissent pas la voix des étrangers.”10 Dans l’Antiquité, le berger israélite était très proche de ses brebis. Il poussait en guise d’appel général un cri qui lui était propre; quand elles l’entendaient, les brebis savaient qu’elles devaient se rassembler pour profiter de ses soins. Par ailleurs, il donnait un nom à chaque bête, de sorte qu’elle lui obéissait lorsqu’il l’appelait en particulier. De plus, les brebis reconnaissaient entre mille le registre et le timbre de voix de leur berger; aussi ne répondaient-elles jamais à la voix d’un étranger.https://wol.jw.org/fr/wol/pc/r30/lp-f/1995365/2/0 Sur quoi se base l'auteur pour affirmer que le "premier" enclos correspondrait à l’alliance de la Loi En quoi le contenu de Malachie 4:5 désigne-t-il Jean le Baptiseur comme le portier de cette enclos
"Voici, je vous enverrai Élie, le prophète, Avant que le jour de l'Éternel arrive, Ce jour grand et redoutable" (Ml 5,4). |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 15 Mar 2023, 14:48 | |
| Les textes de la Watch offrent rarement le meilleur angle (litote et euphémisme) pour aborder ceux du NT, en particulier celui-là. Mais cette Tour de Garde de 1984 me rappelle une anecdote que j'ai sûrement déjà racontée: Quand elle était arrivée, en anglais, au Béthel de Louviers pour traduction, mon chef traducteur (M.B.) était allé voir à Boulogne-Billancourt son "maître" (E.M.), qui avait traduit la première TMN en français, et au retour il m'avait rapporté cet extrait de leur entrevue (de mémoire et en substance): M.B.: Au fait, dans la dernière TdG il y a une nouvelle interprétation de Jean 10 et des enclos... E.M.: Ils ont fini par admettre que les "autres brebis", c'étaient les non-juifs ? M.B: Ah non, on n'en est pas encore là... E.M.: Tant pis, ce sera pour une autre fois... Ce récit, sur le ton de la plaisanterie, m'a soudain révélé, des mois avant que je me mette moi-même à relire sérieusement le NT, que les deux plus éminents traducteurs (français) de la Watch ne croyaient pas un mot de l'interprétation officielle, ce qu'ils auraient pourtant démenti si on leur avait posé directement la question; et que moi-même, au fond, je ne le croyais pas davantage, même si je n'étais pas encore au point d'en tirer les conséquences... De l'utilité de la plaisanterie pour commencer à penser ce qu'on n'ose pas encore, et qu'on n'osera peut-être jamais, penser sérieusement, il y aurait beaucoup à dire.
En Jean 10 en tout cas il n'y a qu'un seul "enclos" (aulè), au v. 1 et au v. 10 qui se réfère expressément au précédent (cet enclos, démonstratif), et des moutons ou brebis qui en sortent il n'est nullement dit qu'ils entrent dans un autre "enclos", ni que les "autres moutons-brebis" qui ne sont pas (= ne viennent pas) "de (ek + génitif = provenance, comme from ou von) cet enclos" soient (= viennent) d'un autre "enclos", encore moins qu'ils y aillent (= destination): leur seule destination (ce qu'ils deviennent, ginomai) s'appelle "un seul troupeau, un seul berger", mia poimnè heis poimèn en grec, dans une fusion typiquement johannique (le Christ et les siens, comme le Père et le Fils, sont "un [seul]", hen au neutre, masculin heis, féminin mia). Toute l'image est d'ouverture et de sortie, non de clôture ou d'enfermement, même si le futur se dit aussi, remarquablement, "entrer et sortir" (v. 9) -- il ne faut évidemment pas attendre de ce propos imagé (le quatrième évangile préfère paroimia, v. 6, cf. 16,25.29, à la parabolè des Synoptiques) la cohérence formelle d'une allégorie, où chaque détail aurait une signification définie et constante, mais les deux "catégories" qu'il distingue exceptionnellement au v. 16, par leur provenance (humaine ou terrestre, car tous sont également "de Dieu" ou d'"en haut", non "de ce monde") et aucunement par leur destination, ne font pas le moindre doute, cf. 11,52.
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En réponse à tes questions subsidiaires, il n'est pas question d'"alliance" ni de "loi" (pas avant le v. 34, "votre loi") dans le contexte, même si la référence de "cet enclos" au "judaïsme" en général paraît évidente -- les précisions supplémentaires sont à la discrétion et de la responsabilité de l'interprète.
De même, si une allusion à Jean-Baptiste comme "portier" n'est pas invraisemblable (il se place aussi, selon le même évangile, dans la posture de l'ami du marié qui entend sa voix et se réjouit, du précurseur qui laisse aller ses disciples vers Jésus, etc.), son identification à l'Elie de Malachie (3,23 dans les bibles françaises) est très peu probable, puisqu'elle est expressément niée dans le quatrième évangile (1,21ss); elle est d'ailleurs tout au plus ambiguë dans les Synoptiques. |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 16 Mar 2023, 14:11 | |
| La communication de la vie
IL Le quatrième évangile : « la vie en abondance »
Le mot zôè est un des mots de prédilection du quatrième évangile. Il ne saurait être question d'en examiner les diverses occurrences dans ce court exposé. En revanche, il paraît intéressant de prendre en considération Jn 10, 1-42 puisque ce texte agence les trois termes de vie (zôè, zôè aiônion, psyche).
Le chapitre 10 du quatrième évangile s'ouvre sur l'énigme (paroimia) bien connue du berger et des brebis. Jésus donne immédiatement plusieurs interprétations successives de ce mashal. Trois passages concernent particulièrement notre propos : les versets 10 et 28 pour les expressions zôè et zôè aiônion et des versets 11-18 pour l' expression tithènai (ou didômi) tèn psychèn.
a) Lorsqu'il s'identifie au berger, Jésus présente son projet de vie (zôè) comparé au programme du voleur de brebis : « Le voleur ne vient que (hina) pour voler, pour tuer et pour perdre ; moi, je suis venu (aoriste) pour (hina) qu'ils aient la vie et qu'ils l'aient en abondance (perisson) », en Jn 10, 10. Cette parole conclut une première interprétation de la parabole.
b) Au verset 28, la deuxième occurrence de la vie (zôè aiônion) apparaît dans un contexte différent, celui d'une discussion avec les Juifs lors de la fête de la dédicace. Toutefois le co-texte immédiat s'inscrit dans la mouvance du mashal sur le pasteur et les brebis ; on retrouve les éléments du mashal et de son interprétation dans les versets précédents (25-27) comme dans le verset suivant (29) : « vous n'êtes pas de mes brebis, ... les miennes écoutent ma voix, je les connais, elles me suivent... ». Le verset 28 se trouve donc en plein cœur de cette reprise thématique : « Et moi je leur donne la vie éternelle ; elles ne périront jamais et personne ne pourra les arracher de ma main. » c) En 10, 11-18, au centre donc de cet ensemble, Jésus propose une relecture ou un approfondissement de la parabole du bon pasteur. Dans ces versets il parle du don de sa vie (de sa psyché) à 4, voire 5 reprises, aux versets 11, 15, 17, 18 (2 x). Le paragraphe tout entier est polarisé par cette expression.
https://www.persee.fr/doc/rscir_0035-2217_1999_num_73_4_3504 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 16 Mar 2023, 15:40 | |
| Il est sans doute inévitable que la théologie pense et questionne à partir de sa propre langue, mais le recours à l'exégèse de textes écrits dans d'autres langues devrait, en principe, ouvrir un peu cet horizon. Ce n'est pas parce que le mot "vie" traduit en français zôè, psukhè ou bios que ces termes constituent en grec un "concept" commun; là où l'on utilise des mots différents, on pense aussi, le plus souvent, des "choses" différentes entre lesquelles on établit ou non des relations, mais le cas échéant celles-ci relèvent de l'énoncé, discours ou texte, et non du dictionnaire, surtout bilingue. A fortiori la formule johannique "(dé-)poser ( tithèmi) sa psukhè", surtout pour la "reprendre" ou la "recevoir à nouveau" ( palin... lambanô), de surcroît illustrée par la (dé-)pose et la reprise du vêtement au chapitre 13, n'est pas à confondre avec un "don" ( didômi, etc.) de la "vie" ( zôè), en général ou en particulier, à un ou plusieurs bénéficiaires. Mais nous avons discuté ces sujets dans tant de fils depuis quinze ans déjà que je ne vois pas bien l'utilité de le faire à nouveau ici. Voir par exemple ici, là, là ou là. |
| | | free
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 16 Mar 2023, 16:27 | |
| Les “autres brebis”: s’agit-il de chrétiens issus des Gentils ?
6 Après avoir parlé d’un certain enclos en Jean 10:7-15, Jésus a introduit dans sa description un autre groupe, en ces termes: “J’ai d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos; celles-là aussi, il faut que je les amène, et elles écouteront ma voix, et elles deviendront un seul troupeau, un seul berger.” (Jean 10:16). Qui sont ces “autres brebis” ?
7 Les commentateurs bibliques de la chrétienté sont généralement d’avis que ces autres brebis sont des chrétiens issus des Gentils, que ceux qui se trouvent dans l’enclos déjà mentionné sont issus des Juifs, lesquels étaient auparavant sous l’alliance de la Loi, et que les deux groupes vont au ciel. Mais Jésus est né Juif; il était donc de par sa naissance sous l’alliance de la Loi (Galates 4:4). Par ailleurs, ceux qui assimilent les autres brebis à des chrétiens issus des Gentils dont la récompense sera la vie céleste oublient de prendre en compte un aspect important du dessein divin. Lorsque Jéhovah créa le premier couple humain et le plaça dans le jardin d’Éden, il fit clairement savoir que son dessein était que toute la terre soit peuplée et devienne un paradis, et que les humains, qui en prendraient soin, auraient la vie éternelle, à la condition qu’ils respectent leur Créateur et lui obéissent. — Genèse 1:26-28; 2:15-17; Ésaïe 45:18.
8 Le dessein de Jéhovah n’a pas été annulé par le péché d’Adam. Dans son amour, Dieu a pris des dispositions pour que les descendants d’Adam aient la possibilité de connaître l’existence que leur ancêtre avait dédaignée. Jéhovah annonça qu’il susciterait un sauveur, une postérité, et que par ce moyen des bénédictions s’offriraient à toutes les nations (Genèse 3:15; 22:18). Cette promesse ne signifiait pas que tous les bons qui vivent sur la terre seraient enlevés au ciel. Jésus a dit à ses disciples de demander dans leurs prières: “Que ton nom soit sanctifié! Que ton royaume vienne! Que ta volonté se fasse, comme dans le ciel, aussi sur la terre!” (Matthieu 6:9, 10). Peu avant d’énoncer l’illustration consignée en Jean 10:1-16, Jésus avait dit à ses disciples que c’était à un “petit troupeau” seulement que son Père avait trouvé bon de donner le Royaume céleste (Luc 12:32, 33). Quand donc nous lisons l’illustration de Jésus où il se présente comme l’excellent Berger qui se dessaisit de son âme en faveur de ses brebis, nous aurions tort d’écarter la majorité de ceux que Jésus amène à ses soins bienveillants, savoir les sujets terrestres de son Royaume céleste. — Jean 3:16.
[ltr]https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1995083?q=autre+brebis+jean+10&p=par[/ltr]
La faiblesse de l'argumentation de la Watch saute aux yeux, notamment lorsqu'elle fait allusion au "dessein originel" de Dieu qui n'aurait pas été annulé par le péché d’Adam. Par contre, le chapitre 10, ne fait pas expressément et directement référence aux "non-juifs" (= "autres brebis") mais si cette interprétation est conforme à la différenciation (et l'assimilation) qu'établit le NT entre les "juifs" et les "non-juifs". J'ai le sentiment que l'évangile de Jean ne fait pas souvent allusion aux "non-juifs", le seul texte que j'ai trouve est celui de Jean 12,20-26 :
Des Grecs demandent à voir Jésus
"Il y avait quelques Grecs parmi les gens qui étaient montés pour adorer pendant la fête. S'étant approchés de Philippe, qui était de Bethsaïda, en Galilée, ils lui demandaient : Seigneur, nous voudrions voir Jésus. Philippe vient le dire à André ; André et Philippe viennent le dire à Jésus. Jésus leur répond : L'heure est venue où le Fils de l'homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis, si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il demeure seul ; mais s'il meurt, il porte beaucoup de fruit. Celui qui tient à sa vie la perd, et celui qui déteste sa vie dans ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu'un veut me servir, qu'il me suive, et là où moi, je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu'un veut me servir, c'est le Père qui l'honorera" (Jean 12,20-26).
L’heure de la glorification est venue
En réponse à la démarche des Grecs représentés par les deux disciples, Jésus déclare : L’heure est venue pour le Fils de l’homme d’être glorifié (Jn 12,22). Dans le désir de croire, manifesté par ces hommes venus du monde païen, Jésus reconnaît un signe de son Père : l’heure de la glorification a sonné. Mais Jésus sait très bien que son heure est aussi celle de sa passion et de sa mort. C’est pourquoi il ajoute aussitôt : Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit (12,24). À une semaine du dimanche des Rameaux et de la Passion, ce n’est pas un rappel inutile.
Ce chemin de souffrance, qui passe par la mort et qui débouche sur la résurrection, Jésus sera le premier à l’emprunter, mais il ne sera pas le seul : Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache en ce monde la garde pour la vie éternelle (12,25). Voilà donc le chemin de la sequela Christi, de la suite du Christ, chemin proposé à qui veut voir Jésus et croire en lui. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera (12,26).
Ce chemin, nul ne l’aborde sans crainte. Jésus le montre bien en déclarant : Maintenant je suis bouleversé. Que puis-je dire ? Dirai-je : Père, délivre-moi de cette heure ? (12, 27a). Ces paroles évoquent la prière de Jésus à Gethsémani, que rapportent les autres évangiles : Mon âme est triste à mourir. Demeurez ici et veillez. […] Abba... Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! (Mc 14,34.36). Ici, Jésus n’attend pas la réponse du Père pour faire son choix. Il pourrait demander d’être délivré de cette heure. Il choisit un autre chemin : Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! (Jn 12,27b-28a).
[ltr]http://www.interbible.org/interBible/cithare/celebrer/2015/b_car_05.html[/ltr]
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| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 16 Mar 2023, 17:15 | |
| Lien corrigé.
Sur les non-Juifs dans l'évangile selon Jean, voir aussi 11,52 (déjà référencé plus haut). Mais c'est en effet plutôt rare, car le "johannisme" au stade de l'évangile que nous lisons n'a plus grand-chose à voir avec un judaïsme devenu presque exclusivement pharisien, comme en témoignent les expressions de dissociation globale, "les Juifs", "votre loi", etc., peut-être aussi l'allusion à l'exclusion des synagogues (9,22). En revanche, le chapitre 12 comme première "conclusion" comportait bien une ouverture sur les non-juifs, requérant précisément la disparition du "Jésus juif": à la demande des "Grecs" répond, non une rencontre du personnage "Jésus", mais: "quand je serai élevé de la terre, j'attirerai tous à moi". A noter aussi que les deutéro-pauliniennes et surtout l'épître aux Ephésiens, qui combine un certain paulinisme avec des éléments johanniques dans une synthèse ecclésiastique et "proto-catholique", va expressément reprendre le motif ("gnostique") des "deux en un", qui est celui de Jean 10,16 et 11,52, dans le sens de l'union de deux catégories "ethniques" (si l'on peut dire), juifs et non-juifs.
Comme on l'a souvent remarqué, l'incapacité des TdJ à lire les textes comme ils sont est conditionnée par un "grand récit" qui surplombe et oblitère toute tentative de lecture simple. Quel que soit le livre ou le passage examiné, il faut toujours en revenir à une paraphrase de la Genèse assortie de versets de diverses provenances pour résumer "le message de la Bible" en un "problème" (le péché, l'imperfection, le "défi" de Satan à Jéhovah) et une "solution" (la "rançon", le "royaume" compris comme un gouvernement pour rétablir le projet originel de Dieu pour la terre). Evidemment cette "grande histoire" n'est écrite nulle part dans la Bible, elle est constituée d'un patchwork de versets assemblés arbitrairement, mais une fois constituée et installée dans la tête du lecteur celui-ci sera prêt à admettre n'importe quelle explication de n'importe quel texte qui semble le faire rentrer quelque part dans le schéma général. Et tant que ce schéma ne saute pas on n'en sort pas.
Dernière édition par Narkissos le Jeu 16 Mar 2023, 18:05, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 16 Mar 2023, 18:02 | |
| - Citation :
- Sur les non-Juifs dans l'évangile selon Jean, voir aussi 11,52 (déjà référencé plus haut).
" vous ne vous rendez pas compte qu'il est avantageux pour vous qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne soit pas perdue tout entière. Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais, comme il était grand prêtre cette année-là, il annonça, en prophète, que Jésus allait mourir pour la nation — et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés" (11,50-52). " Jésus dit : Je suis encore avec vous pour un peu de temps, et je m'en vais vers celui qui m'a envoyé. Vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas ; là où, moi, je suis, vous, vous ne pouvez pas venir. Les Juifs se dirent entre eux : Où va-t-il se rendre, pour que, nous, nous ne le trouvions pas ? Va-t-il se rendre chez ceux qui sont dispersés parmi les Grecs et instruire les Grecs ? Que signifie cette parole qu'il a dite : « Vous me chercherez, mais vous ne me trouverez pas ; là où, moi, je suis, vous, vous ne pouvez pas venir. » ( Jean 7,33-36). L'accueil triomphal de Jésus selon Jean, 11-12 L'accueil triomphal Vient alors l'accueil triomphal de Jésus, une action symbolique de sa glorification. Caïphe avait prophétisé que Jésus rassemblerait les enfants de Dieu dispersés (11, 52). Et les Pharisiens remarquent en effet, après l'accueil triomphal : « Voilà le monde parti après lui» (12, 19). De fait, des Grecs, sans doute des prosélytes mais représentant pour Jean le monde grec, veulent voir Jésus. Et Jésus dit: «La voici venue l'heure où le Fils de l'Homme doit être glorifié. Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul; s'il meurt, il porte beaucoup de fruit» ajoute-t-il (vv. 23-24), tandis que «le monde court après lui» (v. 19). Les vv. 27-28 constituent le sommet de la section des chap. 11-12 et reprennent encore une fois l'anticipation de la mort et de la résurrection. Le v. 32 avec son jeu de mot sur l'élévation-exaltation de la croix résume finalement en un seul mot ce que Jean a voulu nous faire comprendre à travers ces chapitres 11-12, à la fois dans chaque épisode et dans les trois vus ensemble : la mort est pour la gloire, la sépulture est pour la bonne odeur du salut, Jésus sera glorifié. A la vérité, il est déjà glorifié (v. 28), par le miracle, par Marie, par la foule, encore que le plein impact de ces scènes ne sera compris qu'après-coup et à la lumière de la glorification définitive42. Ce déploiement des événements de la fin dans le courant de la vie de Jésus permet à Jean d'en dégager la signification: Jésus a dirigé, maîtrisé, orienté sa mort pour qu'elle soit source de vie, d'unité et de gloire. https://www.persee.fr/doc/thlou_0080-2654_1982_num_13_1_1893 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 16 Mar 2023, 19:05 | |
| Article déjà vieux (comme Merode... pardon !) mais excellent.
Ton rapprochement avec 7,33ss est tout à fait pertinent, bien que les termes soient un peu moins semblables qu'ils ne le paraissent en français: en 7,34 c'est, mot à mot, "dans la dispersion (diaspora) des Grecs", et en 11,52, le verbe diaskorpizô pour "disperser" (et non diaspeirô correspondant au substantif diaspora); en outre "dans l'unité" c'est plus exactement "en un" (eis hen, neutre; comme pour le Père, le Fils et les disciples quand ils "sont un"). Il faut bien sûr tenir compte, pour la "foule" comme pour le "grand prêtre", du procédé de double sens ("double entendre", comme disent en français les anglophones) caractéristique de l'écriture johannique, qui prête à n'importe quel locuteur, de préférence hostile ou indifférent (cf. aussi Pilate), des propos ambigus dont un sens possible dépasserait toute intention vraisemblable, seul l'esprit de la communauté "johannique", et par conséquent le narrateur, puis l'auditeur ou le lecteur, sachant en discerner la "vraie" portée...
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A propos des TdJ, je me suis souvenu d'une autre anecdote: après avoir quitté le Béthel, et avant de rejoindre la congrégation portugaise où s'est achevé mon parcours jéhoviste, j'ai été pendant quelques semaines dans une congrégation française de Paris, et j'y ai rencontré une "soeur" qui était prof de lettres classiques dans un grand lycée parisien et connaissait, en principe, beaucoup mieux le grec que moi. Comme j'étais à ce moment-là en pleine lecture du NT grec, j'ai tenté de lui faire part de certaines de mes découvertes en lui demandant son avis, et j'ai notamment évoqué Jean 10,16: les "autres brebis" sont d'une autre provenance (ek + génitif), non d'une autre destination. Sa réponse m'a sidéré: "En effet, sans 'l'esclave fidèle et avisé', on n'aurait jamais pu bien comprendre ce verset..." Rien n'entamait le raisonnement circulaire, au contraire, toute objection le renforçait: plus c'était grammaticalement intenable, plus ça devait être "inspiré". Et ce n'était décidément pas un problème d'instruction... |
| | | free
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mar 21 Mar 2023, 16:58 | |
| Une comparaison entre ces deux textes est-elle pertinente ?
"vous ne vous rendez pas compte qu'il est avantageux pour vous qu'un seul homme meure pour le peuple et que la nation ne soit pas perdue tout entière. Or il ne dit pas cela de lui-même ; mais, comme il était grand prêtre cette année-là, il annonça, en prophète, que Jésus allait mourir pour la nation — et non pas seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler dans l'unité les enfants de Dieu dispersés" (11,50-52).
"Elle est venue chez elle, et les siens ne l'ont pas accueillie ; mais à tous ceux qui l'ont reçue, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu— à ceux qui mettent leur foi en son nom. Ceux-là sont nés, non pas du sang, ni d'une volonté de chair, ni d'une volonté d'homme, mais de Dieu" (1,11-13).
Un extrait :
Les "Autres Brebis"
La désignation "d'autre brebis" trouvée en Jean 10:16, fait partie de la question. Les paroles de Jésus sont :
J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos. Celles-là aussi, il faut que je les amène ; elles écouteront ma voix, ainsi il n’y aura plus qu’un seul troupeau avec un seul berger.
L'enseignement de la Watch Tower consiste à dire que par cette expression "d'autre brebis" Jésus se réfère à celles qui ne font pas partie des 144,000 "oints", à une classe avec un destin terrestre.
Quand j'ai parlé avec un membre respecté du Comité de Filiale d'un important pays européen, ce texte est venu dans la conversation. À la simple référence de cela et sans commentaire de ma part ou d'une précédente discussion, il a immédiatement dit : "évidemment, cela s'applique aux Gentils."
Lors d'une séance du Collège central, ce thème a été abordé comme sujet et j'ai mentionné que j'avais entendu plusieurs personnes s'exprimer en accord avec le commentaire précédemment cité. Après une discussion, la proposition était à la fin de s'en tenir à la position traditionnelle. Pendant la discussion, Ted Jaracz a donné un exemple remarquable de raisonnement circulaire en demandant 'où la classe terrestre apparaîtrait dans la parabole si cette expression ne s'appliquait pas à eux ?'26 Juste avant que l'on ait demandé le vote, le membre Léo Greenlees a dit, "ne semble-t-il pas que nous devrions au moins tenir compte de la possibilité que le texte s'applique aux Gentils ?" Mais il n'en a pas été tenu compte.
Le 15 juillet 1980, la Tour de garde (la page 23) a cherché à dissiper ces doutes de l'enseignement traditionnel sur ce sujet, un enseignement en usage depuis 1921. Notez la manière dans laquelle elle présente l'avis opposé, au texte faisant allusion aux Gentils, ceux-là devant être joints à l'enclos de Chrétiens juifs et avec lesquels ils deviennent "un seul troupeau" :
Au dire des Églises de la chrétienté, l'enclos” dont Jésus parlait devait regrouper uniquement des chrétiens juifs. Les “autres brebis” seraient des chrétiens non-juifs ou gentils, et tous ces croyants, Juifs et Gentils, formeraient “un seul troupeau” rassemblé dans un même enclos spirituel sous la conduite d’“un seul berger”. Mais cette interprétation contredit d’autres passages de la Bible qui ont trait au même sujet.
"Un détournement du sujet" est immédiatement présentée par l'attribution de cette compréhension de Jean 10:16 "aux églises de la Chrétienté," comme si celles-ci sont la source originale de l'avis que dans le texte les "autres brebis" s'applique aux Gentils. Cela a un effet très prévisible dans l'esprit des lecteurs Témoins, une stimulation de l'inclination "provincialiste". Comme la Chrétienté est considérée comme une partie importante "de Babylone la Grande," ici au moyen d'un anathème, l'avis est entaché dès le début par un tel préjugé.
(A la recherche de la liberté chrétienne - Raymond FRANZ). |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mar 21 Mar 2023, 17:36 | |
| Si l'"important pays européen" était la France, j'aurais au moins deux hypothèses plausibles pour le "membre respecté du Comité de filiale" -- et sans compter le traducteur de la TMN qui n'était pas membre de ce Comité.
Au passage, cela souligne une fois de plus la perversion inhérente au principe même de l'"organisation" (ou institution, et pas seulement celle-là), officielle, exclusive, hiérarchique et pyramidale: la même réponse à la même question, anodine dans le cadre d'une conversation privée, est passible d'exclusion (ou excommunication) dans un cadre "judiciaire" (ou disciplinaire); et il ne tient qu'à la discrétion ou à l'indiscrétion de ton interlocuteur de te faire passer, même sans le vouloir, d'un cadre à l'autre.
En ce qui concerne ton rapprochement entre 1,11ss et 11,50ss, les "enfants du dieu" sont bien formellement les mêmes dans les deux cas (tekna theou, ta tekna tou theou, cf. aussi les "enfants d'Abraham" en 8,39), mais les textes ne sont pas forcément contemporains ou de la même "couche rédactionnelle": pour rappel, il y a de bonnes raisons de penser que le Prologue a été ajouté plus tard, après l'écriture, elle-même en plusieurs étapes, des chapitres 13--20. On pourrait voir entre les deux un écart idéologique, entre la perspective "gnostique" du chapitre 11 (les élus sont déjà enfants du dieu quand ils sont dispersés, avant même de le savoir et d'être ainsi rassemblés dans l'unité du plérôme) et celle d'allure (un peu) plus "orthodoxe" du chapitre 1 (les "enfants de Dieu" le deviennent parce que le pouvoir -- autorité ou droit, exousia -- leur en est donné)... Mais il n'y a là rien de certain, d'autant que 11,50ss peut aussi être lu comme une glose développée en plusieurs fois (commentaire du narrateur sur la parole du grand prêtre). |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mar 21 Mar 2023, 17:47 | |
| - Citation :
- Si l'"important pays européen" était la France, j'aurais au moins deux hypothèses plausibles pour le "membre respecté du Comité de filiale" -- et sans compter le traducteur de la TMN qui n'était pas membre de ce Comité.
Il me semble que Raymond FRANZ visitait régulièrement la filiale de France.Annuaire - L’EspagneAprès avoir passé trois semaines avec Nemesio, John Cooke revint à Barcelone, où l’œuvre progressait bien avec quelque quarante proclamateurs du Royaume. À la célébration du Mémorial, il y eut 96 assistants, dont 18 prirent les emblèmes. Le nombre des participants avait considérablement augmenté en raison de l’influence du “frère” protestant de Madrid. Il en fut ainsi jusqu’en 1950, quand une mesure judiciaire fut finalement prise contre lui. Grâce à une meilleure intelligence de la question, le nombre des participants descendit à trois en 1956.https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/301978005?q=participants+m%C3%A9morial&p=parLe nombre de participants aux "emblèmes" est devenu un indice possible d'apostasie. |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mar 21 Mar 2023, 18:48 | |
| Raymond était encore en France pour l'inauguration du Béthel de Louviers-Incarville, en 1978. Et je sais, parce qu'il me l'a raconté plus tard, qu'il a eu de longues conversations avec l'un des membres du Comité de la filiale française sur cette question des "deux espérances" (que ce soit ou non celui auquel il faisait allusion dans la citation précédente, je l'ignore, puisque celle-ci ne précisait pas le pays; mais, réflexion faite, ça ne pouvait pas non plus être mon "chef traducteur", puisque celui-ci n'était pas encore au Comité de filiale).
Une fois n'est pas coutume: cet extrait de l'Annuaire 1978 m'a suffisamment intrigué pour que je lise le contexte, et c'est intéressant: dans l'Espagne franquiste des années 1940, il y a eu une porosité considérable entre les "protestants" (= "évangéliques" issus des missions anglophones surtout depuis le XIXe siècle, puisque quasiment aucun protestantisme "historique", autochtone, n'avait réussi à s'implanter en Espagne depuis le XVIe) et les TdJ, tous soumis à la même censure de la plus catholique des dictatures européennes de l'époque. Je l'avais sûrement déjà lu en son temps, mais ça ne m'avait pas marqué, parce que je connaissais très peu les "évangéliques" (je me suis rattrapé dix ans plus tard).
A propos de l'"indice d'apostasie", l'une des rares rumeurs sur "l'apostasie de Brooklyn" que j'ai entendue en arrivant à Louviers en 1981, et qui vaut ce qu'elle vaut, c'est que dans une congrégation (hispanophone ?) de New York fréquentée par certains Béthélites il y avait eu (en 1978 ou 79, donc, mais probablement après la parution et en tout cas la rédaction de l'Annuaire précité) un nombre très inhabituel de "participants" au Mémorial (on disait peut-être la majorité, mais le cas échéant c'était probablement une exagération), et que les rapports subséquents avaient fini par donner l'alerte au sommet... (Je ne sais pas si Raymond Franz en a parlé ou non, peut-être dans A la recherche de la liberté chrétienne que je n'ai jamais fini de lire; mais je me souviens qu'il parlait beaucoup d'un traducteur en espagnol, un certain René Vazquez, que ça ait ou non un rapport.)
Pour revenir au texte biblique, il est à peine utile de souligner que le chapitre 10 se situe clairement dans la perspective "gnostique" que j'évoquais dans mon post précédent: le berger connaît ses brebis par leur nom, elles connaissent sa voix, il y a re-connaissance mutuelle d'une co-appartenance originaire, sans que rien ne se perde, logique de dissémination et de réintégration du plérôme, comme pour les (déjà) enfants du dieu dispersés et rassemblés en un au chapitre 11. |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 22 Mar 2023, 13:19 | |
| Dans la Bible nous trouvons directement un passage qui remarquablement fait un parallèle avec Jean 10 : 16, à savoir ce que l'apôtre Paul a écrit en Éphèsiens 2:11-18. Là, à la place de deux groupes de brebis, l'apôtre fait allusion à deux peuples, les Juifs et Gentils et dit, selon la Traduction du monde nouveau :
11 C’est pourquoi rappelez-vous toujours qu’autrefois vous étiez des gens des nations quant à la chair ; vous étiez appelés “ incirconcision ” par ce qui est appelé “ circoncision ” faite dans la chair par des mains — 12 que vous étiez à cette même époque sans Christ, éloignés de l’état d’Israël et étrangers aux alliances de la promesse, et que vous n’aviez pas d’espérance et étiez sans Dieu dans le monde. 13 Mais maintenant, en union avec Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. 14 Car il est notre paix, lui qui des deux groupes en a fait un seul et a détruit le mur intermédiaire qui les séparait. 15 Par le moyen de sa chair il a aboli l’inimitié, la Loi des commandements consistant en décrets, pour qu’il puisse créer, en union avec lui, les deux peuples en un seul homme nouveau et faire la paix ; 16 et pour qu’il puisse réconcilier pleinement les deux peuples en un seul corps pour Dieu, grâce au poteau de supplice, parce qu’il avait tué l’inimitié par le moyen de [sa personne]. 17 Et il est venu et a annoncé la bonne nouvelle de la paix à vous, ceux qui étaient loin, et la paix à ceux qui étaient proches, 18 parce que c’est grâce à lui que nous, les deux peuples, nous avons accès auprès du Père par un seul esprit.
Tous les éléments trouvés dans Jean 10 : 16, se retrouvent ici. Bien qu'il utilise une analogie différente à celle des brebis, il dit la même chose, présente la même image. Il montre que, en plus des croyants juifs (ou brebis) les croyants Gentils (ou brebis) ont entendu la bonne nouvelle (la voix du berger, Christ) et par Christ ces deux peuples ont formés un corps (ou un troupeau), avec lui à leur tête (leur seul berger).
(A la recherche de la liberté chrétienne - Raymond FRANZ) |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 22 Mar 2023, 14:45 | |
| Sur le rapport du quatrième évangile à l'épître aux Ephésiens, cf. supra 16.3.2023 et ici. Le proto-catholicisme de l'épître aux Ephésiens est irénique -- ce n'est pas pour rien que la "paix", eirènè, y est un motif central -- en ce sens qu'il essaie d'intégrer un maximum d'éléments disparates, pauliniens, johanniques, myst(ér)iques ou gnostiques, dans une grande synthèse théologique et liturgique -- au lieu de condamner et de rejeter tout ce qui lui résiste, comme le fera une génération ultérieure de l'"orthodoxie catholique", dont témoignent les Pastorales (Timothée-Tite). Par rapport au "johannisme", la différence majeure est que le "mystère" est désormais identifié à l'Eglise ( ekklèsia), unique, inséparable de sa tradition et de sa hiérarchie (les "ministères" comme organes ou fonctions du "corps" dont la tête est maintenant le Christ). Certes l'Eglise du IIe siècle finira par récupérer les textes "pauliniens" et "johanniques" au prix d'un certain nombre de "corrections", mais elle ne récupérera pas pour autant les éléments "centrifuges" héritiers autant qu'elle de ces deux mouvances, marcionites d'inspiration paulinienne, valentiniens et autres "gnostiques" d'inspiration johannique, qu'elle préférera écarter. De ce point de vue, la réunion des juifs et des non-juifs (ou "païens", "nations", "Gentils") dans le récit fondateur de l'Eglise, qui n'est plus un problème depuis longtemps si elle en a jamais été un, sert de paradigme à un modèle d'union théologique, christologique et ecclésiastique, qui permet d'intégrer ou d'escamoter par la même occasion d'autres types, cosmiques ou gnostiques, de "deux en un" (ciel / terre, lumière / ténèbres, homme / femme, esprit / chair, etc.). |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 22 Mar 2023, 15:23 | |
| Quant à l’Évangile selon Jean, qui, nous l’avons signalé déjà, fait mention à plusieurs reprises de la mise au ban de la Synagogue, il prend acte, de la manière la plus claire, de la rupture. Le drame qu’il met en récit est à la fois annoncé et résumé en 1, 9-11 : le Logos-Lumière est venu dans le monde ; le monde ne l’a point connu ; il est venu chez les siens et les siens ne l’ont point reçu. Et, tout au long de l’œuvre, « les juifs » vont être présentés comme le chiffre, le symbole, le type de l’opposition à Jésus. C’est à travers eux et à travers leur incrédulité que se manifeste le péché du monde, dont ils apparaissent, en quelque sorte, comme l’instrument privilégié. L’expression « les juifs » revêt dès lors un « sens typique et catégoriel ». « Les juifs » représentent en fait la fraction du peuple qui, en la personne de ses dirigeants, a refusé de croire en Jésus et l’a finalement rejeté. Dès lors, on ne s’étonnera pas que les pharisiens (dans l’épisode de l’aveugle-né en Jn 9) ou bien les chefs du peuple (en Jn 1,19 ; 19, 20) puissent se substituer à eux. L’expression permet donc de désigner de manière globale les adversaires de Jésus. Mais, parallèlement, nous avons affaire là encore à une œuvre qui ne saurait se comprendre sans ses références à la Bible hébraïque et aux lectures dont elle faisait l’objet dans le judaïsme. On ne peut oublier non plus que le Jésus johannique en personne souligne que « le salut vient des juifs » (Jn 4, 22). Par ailleurs, il faut relever la connotation positive que revêt le terme « Israélite ». Du fait de son étymologie prétendue – il proviendrait de raha, qui signifie « voir »–, il en vient à caractériser, au sein même du peuple juif, des personnages que leur comportement distingue précisément des juifs, représentants pour leur part de ceux qui ne voient pas. Ainsi, le quatrième évangile, tout en prenant en compte la réalité d’une rupture, reste-t-il fidèle à l’héritage d’Israël et aussi ouvert à des personnages qui, tel Nicodème, manifestent leur intérêt pour la figure de Jésus, tout en hésitant à franchir le pas qui les conduirait à intégrer la communauté par le rite du baptême interprété sous l’angle de la nouvelle naissance (Jn 3, 3.5).
Voilà donc quelques exemples de réactions à une rupture qui n’avait pas été souhaitée et qui a dû être encore plus durement ressentie par des communautés judéo-chrétiennes, telles les communautés ébionites, qui étaient pour leur part restées fidèles à la Loi rituelle.
https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2005-3-page-327.htm |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 22 Mar 2023, 16:52 | |
| Les origines sont et restent obscures, structurellement mais aussi conjoncturellement, surtout dans une "Antiquité" qui ne s'enregistre pas "en temps réel" comme notre ultra-modernité -- même celle-ci ne peut raconter une "histoire" que rétrospectivement, en puisant et en ordonnant dans la masse des "données" disponibles, mais telles quelles illisibles, ce qui l'intéresse d'un point de vue ultérieur. L'historiographie ou le story-telling antiques ne procédaient pas autrement, si ce n'est qu'avec moins de "données" ils devaient "inventer" davantage. Je persiste à penser qu'il est absurde pour une historiographie moderne de continuer à réciter l'histoire du christianisme à partir d'un "Jésus historique", dont toute la suite devrait découler: je préfère le paradigme, ou la métaphore, d'une nébuleuse "juive" au sens très large et divers du judaïsme du Second Temple, diaspora et marges sympathisantes incluses, se condensant progressivement, après 70, autour de deux noyaux opposés, la Synagogue pharisienne et l'Eglise pagano-chrétienne; ce qui ferait du "judaïsme rabbinique" et du "christianisme" ultérieurs plutôt des frères jumeaux et ennemis, comme disait André Paul, qu'une ascendance et une descendance en ligne directe (judaïsme père ou mère, christianisme enfant présumé rebelle, qu'on l'entende en bonne ou en mauvaise part). Dans un tel schéma il n'y a pas vraiment de rupture, ni de séparation, ni de scission ni de sortie, du moins spectaculaire ou mémorable. A cet égard, il est remarquable que les récits chrétiens (notamment ceux de Jean 10 et d'Ephésiens dont nous sommes en train de parler) préfèrent le schème de la réunion (des Juifs et des non-Juifs) à celui de la séparation (du judaïsme et du christianisme); si d'aventure ils évoquent la seconde, ils en attribuent la responsabilité à l'autre (juif, sacerdotal et sadducéen mais surtout synagogal et pharisien). --- Illustration de La Tour de Garde du 15.10.1980, scannée par free et insérée à sa demande: Remarque: la représentation souligne les défauts de l'interprétation allégorique; par exemple, "Jésus" est à la fois le berger et la porte, c'est bien ainsi dans le texte, mais le glissement d'une image à l'autre se refuse à un système de correspondance cohérent pour l'ensemble. Cela m'a rappelé une discussion sur JWD avec un "apologiste" de la Watch, un peu plus futé que la moyenne: poussé dans ses retranchements, constatant surtout que l'interprétation jéhoviste officielle n'aurait pas eu la moindre chance d'être comprise de personne au Ier siècle, il en avait suggéré une variante en recourant à une autre ficelle de la Watch, celle du "double accomplissement": les "autres brebis" auraient bien été les "non-Juifs" au Ier siècle, mais, au "temps de la fin", ceux d'une "seconde espérance", représentés par les "non-Juifs" comme les "Juifs" auraient représenté le "reste oint". Je lui avais fait remarquer que si la Watch évitait généralement (pas toujours) ce genre de réinscription typologique à partir du NT, c'est qu'une telle "logique" l'aurait placée en-dehors du "christianisme", comme un "super-christianisme-des-derniers-jours" peut-être, préfiguré par le christianisme primitif, mais non plus comme une simple interprétation de celui-ci. A la limite, pourquoi "Jésus" lui-même ne devrait-il préfigurer quelque chose de "moderne" ? (Entre-temps, la Watch a d'une certaine façon franchi le pas en ce qui concerne son Collège central, qui ne "représente" plus aucun "reste oint" mais est néanmoins "préfiguré" par les apôtres et les anciens des Actes, selon une logique désormais néo-apostolique.)
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 22 Mar 2023, 17:36 | |
| - Citation :
- Illustration de La Tour de Garde du 15.10.1980, scannée par free et insérée à sa demande:
Merci infiniment Narkissos. Cette illustration de La Tour de Garde du 15.10.1980 est reproduite dans le livre " Crise de conscience" mais pas disponible sur le site de la Watch, voici le commentaire de Raymond FRANZ : Peut-être la caractéristique la plus intéressante de ces articles est l'image pour décrire sous forme graphique l'interprétation de la Watch Tower du texte, comme montré ici : Bien que ce soit, de l'aveu général, seulement l'esquisse d'un artiste, le concept que la Scène transmet, conçu pour s'accorder avec l'enseignement de l'organisation, est presque incroyable. Ici est représenté un berger israélite avec sept brebis (en les comptant) protégés dans un enclos et cinquante autres (en les comptant) sont laissées à l'extérieur sans la protection de l'enclos. Quel berger au cours de l'histoire, quelle que soit son origine et son pays, aurait pris une telle disposition pour ses brebis ? Pourquoi un berger rassemblerait "d'autres brebis" en grands nombres et les laisserait séparées, emmurées de son troupeau existant, tournant autour de l'enclos des brebis? Même s'il s'agissait de deux races distinctes, de qualité ou de type de laine différentes, le berger fournirait toujours au moins un enclos pour les brebis de race différente. Mais y a-il vraiment deux "races" de Chrétiens dans le sens qu'ils recevraient un traitement inégal comme représenté dans l'image de la Watch Tower ? Notamment, l'artiste a choisi un rapport d'environ 7 brebis à l'extérieur pour une à l'intérieur. Si le rapport se base sur les plus de 4,000,000 de Témoins supposés appartenir à la classe des "autres brebis", en comparaison avec le total des 144,000 du soi-disant "petit troupeau", le rapport réel serait plus proche de 28 pour 1. Cela signifierait que si 7 brebis sont représentées à l'intérieur de l'enclos, il y en aurait 196 à l'extérieur, ce qui rendrait la scène d'autant plus incroyable. |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 22 Mar 2023, 18:12 | |
| J'ai ajouté un paragraphe à la fin de mon post précédent.
L'illustration est au moins juste sur un point: les brebis qui ne sont pas "de cet enclos" ne sont pas pour autant "d'un autre enclos". Mais celles qui sont "de cet enclos" n'y restent pas, elles en sortent, c'est écrit noir sur blanc... -- hors texte, d'ailleurs, les moutons ne passent pas leur vie dans un enclos, sauf dans les élevages intensifs modernes: ils y sont pour la nuit ou pour l'hiver, en fonction du climat et/ou des prédateurs...
On comprend, bien sûr, pourquoi la Watch rattache l'enclos à une alliance abrahamique plutôt que mosaïque, autrement dit à la Loi: la bénédiction d'Abraham, dans l'interprétation paulinienne (Romains, Galates), inclut déjà les "nations", les "non-Juifs" (soit les "autres brebis" de Jean 10, selon le sens obvie); or si ceux-là sont déjà dans l'enclos, les "autres" qui n'y sont pas peuvent être compris comme une "autre classe", même si celle-ci n'a aucun sens dans le contexte, ni pour l'auteur ni pour les destinataires; en outre, à ce tarif on ne comprend plus du tout pourquoi les bénéficiaires de l'alliance abrahamique devraient en sortir, cet aspect du texte est donc passé sous silence... Du reste, je ne suis pas sûr que la Watch soit cohérente au point de ne jamais appliquer la bénédiction des "nations" en/par Abraham à ses "autres brebis"...
(Raymond ne dit pas s'il s'est endormi en comptant les moutons...) |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 23 Mar 2023, 16:59 | |
| - Citation :
- Cela m'a rappelé une discussion sur JWD avec un "apologiste" de la Watch, un peu plus futé que la moyenne: poussé dans ses retranchements, constatant surtout que l'interprétation jéhoviste officielle n'aurait pas eu la moindre chance d'être comprise de personne au Ier siècle, il en avait suggéré une variante en recourant à une autre ficelle de la Watch, celle du "double accomplissement": les "autres brebis" auraient bien été les "non-Juifs" au Ier siècle, mais, au "temps de la fin", ceux d'une "seconde espérance", représentés par les "non-Juifs" comme les "Juifs" auraient représenté le "reste oint". Je lui avais fait remarquer que si la Watch évitait généralement (pas toujours) ce genre de réinscription typologique à partir du NT, c'est qu'une telle "logique" l'aurait placée en-dehors du "christianisme", comme un "super-christianisme-des-derniers-jours" peut-être, préfiguré par le christianisme primitif, mais non plus comme une simple interprétation de celui-ci. A la limite, pourquoi "Jésus" lui-même ne devrait-il préfigurer quelque chose de "moderne" ? (Entre-temps, la Watch a d'une certaine façon franchi le pas en ce qui concerne son Collège central, qui ne "représente" plus aucun "reste oint" mais est néanmoins "préfiguré" par les apôtres et les anciens des Actes, selon une logique désormais néo-apostolique.)
6 Au dire des Églises de la chrétienté, l’“enclos” dont Jésus parlait devait regrouper uniquement des chrétiens juifs. Les “autres brebis” seraient des chrétiens non-juifs ou gentils, et tous ces croyants, Juifs et Gentils, formeraient “un seul troupeau” rassemblé dans un même enclos spirituel sous la conduite d’“un seul berger”. Mais cette interprétation contredit d’autres passages de la Bible qui ont trait au même sujet. Bien que l’apôtre Jean n’en fasse pas mention dans son Évangile, Jésus parla d’un paradis terrestre administré par son Royaume et de “brebis” qui ne faisaient pas partie du “petit troupeau” de ses cohéritiers célestes. Selon Matthieu, il conclut sa prophétie sur le “signe” de sa présence et de la conclusion du système de choses avec la parabole des brebis et des chèvres. Or, les “brebis” en question devaient être distinctes des “frères” spirituels du Christ auxquels elles font du bien. — Luc 23:43; Mat. 24:3; 25:31-46.7 L’apôtre Jean connaissait bien cette parabole. C’est lui qui, avec Pierre, André et Jacques, son frère, avait amené Jésus à prononcer cette prophétie, lorsqu’il l’avait interrogé en privé sur le “signe”. Jean a donc entendu tout ce que Jésus annonça en la circonstance (Marc 13:3, 4), et, lorsqu’il rapporta les paroles de son Maître sur les “autres brebis”, il s’est sans doute rappelé la parabole des brebis et des chèvres. C’est également lui qui, à un âge avancé, reçut la Révélation où il était annoncé que les 12 tribus de l’Israël spirituel compteraient seulement 144 000 membres. Jean savait donc que l’“enclos” du “petit troupeau” ne réunirait qu’un nombre limité de tous les hommes qui seraient sauvés.https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1980528Le paragraphe suivant suggère au lecteur que Jean "pourrait bien s'être rappelé" en mettant ces paroles de Jésus par écrit. S'étant référé à la parabole des brebis et des chèvres en Mathieu 25, il dit :Cette tentative par le rédacteur de l'article de lire dans les pensées ne prouvent rien; c'est aussi inutile, puisque les paroles de Jean 10:16, ne sont pas nées de la pensée de Jean, mais avec celle de Jésus. La déclaration suppose aussi que Jean comprenait les 144,000 de la Révélation comme l'organisation de la Watch Tower le comprend. De nouveau, le rédacteur a recours à l'utilisation du raisonnement circulaire.(Crise de conscience - Raymond FRANZ) |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Jeu 23 Mar 2023, 17:35 | |
| Le circulaire circule d'autant mieux qu'il s'autorise à passer non seulement d'un texte à l'autre, mais de chacun à son interprétation watchtowérienne tenue pour acquise (il suffit d'aligner les références pour obtenir un effet de confirmation, parce que chaque verset renvoie, par un réflexe quasi pavlovien, à son paratexte habituel, si contraire soit-il à son sens obvie), et de tous à une histoire imaginaire, écrite nulle part mais supposée vraie, censée totaliser les quatre évangiles -- façon Diatessarôn ou synopse, sauf qu'il ne s'agirait plus de textes mais de réalité: ce que Jésus aurait vraiment dit et fait, quitte à lui faire dire et faire deux, trois ou quatre fois à peu près les mêmes choses pour que tout s'y retrouve...
On oublie que l'évangile (dit) "selon Jean" est anonyme, que rien (hormis une "tradition non biblique", retenue pour le coup !) n'identifie son "auteur" présumé au "Jean" des Synoptiques, ni à celui de l'Apocalypse, pour promener tranquillement le personnage d'un texte à l'autre, en supposant qu'il se souvient dans un texte de ce qu'il a entendu dans un autre... On pourrait d'ailleurs pousser la logique et la sottise encore un peu plus loin en se demandant si Jésus a "dit" Jean 10 avant ou après Matthieu 24--25 // (situés, eux, à la fin de son "ministère"); il n'avait en tout cas pas encore monté le show de l'Apocalypse...
L'agitation de la Watch autour de cette affaire révèle au moins qu'un problème est ressenti ou pressenti, à défaut d'être franchement posé: le texte, dans l'interprétation qu'elle en donne, n'aurait pas eu la moindre chance d'être compris au temps même de son écriture et de sa première réception, pas plus par son auteur que par ses destinataires. -- De même d'ailleurs pour Matthieu 25: à qui la parabole des brebis et des chèvres, comprise comme la Watch la comprend, aurait-elle pu servir, parmi les auditeurs supposés de "Jésus" ou parmi les premiers destinataires de l'évangile ? |
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Ven 31 Mar 2023, 12:56 | |
| a) Le couple juif-Grec (ioudaios-hellèn)
Dans ses lettres, Paul emploie le couple juifs-Grecs ou juifs- païens assez indifféremment et surtout pour distinguer entre le peuple élu et les autres. Il distingue à l’occasion Grecs et barbares (Ro 1,14) et, en Ga, il emploie plutôt le terme de païens (ethnè) que celui de Grecs, peut-être par égard envers ses destinataires. En effet, la Galatie (surtout dans la partie Nord) est une province de l’Empire possédant encore un certain particularisme ethnique. Il n’y a finalement que Tite qui sera nommé « Grec » par Paul en Ga 2,3 et, justement, il n’est pas Galate. Sous ces différentes dénominations, on devine cependant une distinction fondamentale entre circoncis et incirconcis, deux autres termes employés par Paul pour distinguer le monde juif du monde non-juif. Ainsi sera-t-il question d’une évangélisation des circoncis, avec Pierre comme figure emblématique, et d’une évangélisation des incirconcis avec Paul (Ga 2,7). Sous cette forme, l’expression « ni juifs, ni Grecs », apparaît encore deux fois :
« Car en Christ Jésus, ni la circoncision, ni l’incirconcision n’a de valeur, mais la foi agissant par amour » Ga 5,6. « Ni la circoncision n’est quelque chose, ni l’incirconcision, mais seulement la créature nouvelle » Ga 6,15.
Ces expressions minimisent la distinction entre circoncis et incirconcis –donc entre juifs et Grecs ou païens–, elle ne vaut plus pour ceux qui sont en Christ par la foi ou qui sont de nouvelles créatures ou créations (ktisis). Toutes ces expressions sont synonymes, avec d’autres encore14 de la condition de « sauvé », membre de la communauté des derniers temps dans les écrits de Paul. Cette condition rend l’autorité plénière de la loi mosaïque caduque, sans pour autant donner libre cours à la licence comme le souligne Ga 5,6 : la foi agit par l’amour. Des commandements éthiques demeurent donc, comme le confirme toute la partie de l’épître consacrée à la vie communautaire (Ga 5,13-6,10).
En résumé, le couple juif-Grec employé en 3,28 trouve sous la forme circoncis-incirconcis et juifs-païens de nombreux parallèles dans le reste de l’épître. Ce qui n’étonne guère puisque le thème central de l’écrit concerne la circoncision des croyants d’origine païenne et, par-delà cette question, celle de leur rapport à la Tora et au judaïsme en général.
https://journals.openedition.org/rsr/482#tocto3n1 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Ven 31 Mar 2023, 14:18 | |
| Même si elle n'a qu'un rapport marginal avec le présent sujet, puisqu'elle vise plutôt la distinction homme / femme, l'analyse rhétorique de Fricker sur l'épître aux Galates est de grande qualité et mérite d'être lue attentivement.
En ce qui concerne l'évangile selon Jean, nous avons déjà relevé plus haut la correspondance des "Grecs" en 7,35 et 12,20ss (cf. aussi 19,20 pour les langues du titulus de la croix), ainsi que celle de la "dispersion" entre 7,35 et 11,48ss, "triangle" de références qui à mon sens balise suffisamment l'interprétation des moutons ou brebis du chapitre 10 -- à noter qu'au chapitre 11, le terme ethnos au singulier qui désigne la "nation" juive (de même dans la bouche de Pilate en 18,35) est celui qui habituellement désigne au pluriel les "nations", dans l'acception péjorative correspondant à l'usage tardif de l'hébreu goyim, les nations par opposition à Israël (gentilice négatif ou par exclusion en somme, comme les "barbares" par rapport aux Grecs et plus tard aux Romains), soit ce qu'on traduit traditionnellement "Gentils" (d'après le latin gentes) ou "païens" (terme qui deviendra, dès les textes tardifs du NT, p. ex. les deutéro-pauliniennes ou 1 Pierre, la désignation de l'"autre" non seulement des juifs mais aussi des chrétiens); le quatrième évangile à la fois évite et inverse cet usage (il n'appelle pas les non-juifs ethnè, c'est la "nation juive" qu'il appelle ethnos).
On pourrait trouver un autre écho, à peine décalé, de cette configuration (autres brebis qui ne sont pas de cet enclos // Grecs // enfants du dieu dispersés) dans la deuxième partie de l'évangile (pour rappel, le chapitre 12 est une première "conclusion"), avec la prière dite "sacerdotale" du chapitre 17, où une première génération de disciples (supposés juifs, même si certains portent des noms grecs, cf. André et Philippe dans l'épisode des Grecs) est distinguée des suivantes (massivement non juives), v. 20s: "non pas seulement pour ceux-ci, mais pour ceux qui auront foi en moi par leur parole -- pour que tous soient un..." (soit essentiellement ce qui était dit des "autres brebis" et des "enfants du dieu dispersés" dans la première partie de l'évangile). |
| | | free
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| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mar 18 Avr 2023, 14:49 | |
| L’“excellent berger” et le “petit troupeau”
“Ne crains pas, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le royaume.” — Luc 12:32.
10 Qui était donc le “portier”? Ce fut Jean le Baptiste, un homme de la famille sacerdotale de la tribu de Lévi. Dieu avait promis d’envoyer un précurseur en avant de la “postérité” d’Abraham et il avait annoncé en Malachie 3:1: “‘Voici que j’envoie mon messager, et il devra frayer un chemin devant moi. Et soudain viendra à Son temple le vrai Seigneur, que vous cherchez, et le messager de l’alliance en qui vous prenez plaisir. Voici, il viendra à coup sûr’, a dit Jéhovah des armées.” (Marc 1:1-11). Jean attendait donc la venue de la ‘postérité d’Abraham’; il était une “brebis”, comme ceux qui se trouvaient dans l’enclos des dispositions de l’alliance abrahamique. Cependant, Jean fut mis à mort environ un an après le début de son ministère spécial. Il ne vécut pas jusqu’à la Pentecôte de l’an 33 et ne devint pas membre du “petit troupeau” des héritiers oints du Royaume céleste. — Mat. 11:11-14; 14:1-12; Luc 12:32; Gal. 3:16.
https://wol.jw.org/fr/wol/d/r30/lp-f/1101988027
La nuit de l'attente
Le Nouveau Testament nous a habitués à exprimer l’attente ou l’espérance en référence à la nuit. Jésus, pour parler du même thème, proposera aux disciples une parabole où est racontée l’histoire des serviteurs qui attendent le retour de leur Maître (Luc 12, 35-40). Une allusion est faite cependant à la nuit : S’il revient vers minuit ou plus tard (v. 38). Paul, pour sa part, rappellera lui aussi aux Thessaloniciens que le jour du Seigneur arrive comme un voleur en pleine nuit (1 Th 5,2).
Une tragédie inévitable
Luc a délibérément placé cette parabole lors de cette longue montée vers Jérusalem entreprise par Jésus et ses disciples. Le marcheur Jésus s’attend au pire car il sait que sa vie est en danger, il sait que celle de ses amis l’est tout autant : l’hostilité des chefs religieux est évidente, la réprobation des foules éclate au grand jour. Oui, les juifs sont déçus de cet homme qui refuse d’être le Messie triomphant souhaité depuis longtemps. Apparemment, c’est l’échec. Aussi, Jésus sent le besoin de réconforter les siens.
L’image du troupeau
C’est dans ce contexte tragique que Jésus prononce : Soyez sans crainte petit troupeau (Luc 12, 32). Car il est vraiment fragile ce petit groupe. L’avenir prochain le prouvera. L’avenir plus lointain le démentira. Lorsque Jésus emploie le terme Petit troupeau pour s’adresser à ses disciples ,nous sommes loin du sens moderne et péjoratif de l’expression qui désigne une troupe de personnes nombreuses et passives. Nous sommes dans une autre culture et dans une autre époque. Cette appellation est essentiellement biblique et chargée de sens. Le troupeau qui est guidé et gardé par son berger c’est l’image que la tradition a retenue pour dire et redire que Dieu aime et protège le petit peuple qu’il a choisi : Tu guidas comme un troupeau ton peuple (Ps 77, 21). Ajoutons que le mot troupeau est employé neuf fois dans les écrits néotestamentaires pour décrire cette même réalité théologique.
Le temps presse
Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas (v. 33). En bref, viser à l’essentiel : aimer ses proches et les éloignés; donner de ses biens et de son temps; partager ses expériences et ses compétences. Il ne nous est pas demandé la perfection mais d’emprunter le chemin qui y mène. Cependant, il semble avoir urgence de s’y engager. Et la monition se poursuit par cette phrase, érigée en proverbe depuis : Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur (vv. 32-34). Or, si Tout est vanité, (Sirac 1, 1) comme nous l’avons lu dimanche dernier, alors gardons ce qui demeure éternellement : l’amour!
http://www.interbible.org/interBible/cithare/celebrer/2016/c_ord_19.html |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12457 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mar 18 Avr 2023, 16:19 | |
| [L'auteur(e) du petit article d'Interbible a confondu l'"Ecclésiaste" (= Qohéleth) et l'"Ecclésiastique" (= Siracide), mais ce n'est pas bien grave...]
Sans l'intertexte jéhoviste, ou l'habitude comme seconde (?) nature, il n'y aurait aucune raison de rapprocher Luc 12 de Jean 10: autres discours, autres oeuvres, qui n'ont ici en commun qu'une métaphore bucolique extrêmement banale (moutons-troupeau-berger). Si Jean 10 suggère bien deux groupes (distincts par une origine relative, non par leur destination ni par leur origine ultime, d'en haut), ce n'est nullement le cas de Luc 12...
Au passage, ce n'est pas tout à fait le même mot pour "troupeau" en Luc 12,32 (poimnion, diminutif formellement redondant avec l'adjectif mikron = "petit", mais sans réelle nuance significative dans le grec du NT; cf. Actes 20,28s; 1 Pierre 5,2s) et en Jean 10,16 (poimnè, anagramme parfaite au nominatif de poimèn = berger; aussi Matthieu 26,31; Luc 2,8; 1 Corinthiens 9,7). Mais il serait peut-être plus intéressant de se demander pourquoi Luc insiste sur la petitesse (cf. aussi 13,23ss) alors que les Actes vont au contraire mettre en valeur les grands nombres, à partir de la Pentecôte, préalablement même à l'ouverture aux Samaritains et aux "nations" = "païens" (chap. 8 et 10). Là encore on retrouverait le thème du royaume ou de la royauté (basileia) donné(e) (didômi), rétrospectivement, aux "apôtres", d'une façon qui les distingue dans une certaine mesure de la multitude de l'Eglise à venir (cf. 22,29s, autre texte-clé pour la Watchtower, qui voit une "alliance" à part là où le grec n'emploie pas le substantif diathèkè, "alliance" ou "testament", mais seulement le verbe apparenté dia-tithèmi, "dis-poser" unilatéralement, comme dans un "testament"). Si la Watch s'en tenait à l'évangile de Luc, elle n'en serait d'ailleurs pas plus avancée, puisque ce qui est promis aux "apôtres" (= "petit troupeau" dans son sens le plus restrictif) est une position commune à celle d'Abraham, Isaac et Jacob (cf. 13,28s)... |
| | | free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Jean 10 - Les Brebis et le Berger Mer 19 Avr 2023, 11:04 | |
| - Citation :
- Mais il est peut-être plus intéressant de se demander pourquoi Luc insiste sur la petitesse (cf. aussi 13,23ss) alors que les Actes vont au contraire mettre en valeur les grands nombres, à partir de la Pentecôte, préalablement même à l'ouverture aux Samaritains et aux "nations" = "païens" (chap. 8 et 10). Et là encore on retrouverait le thème du royaume ou de la royauté (basileia) donné (rétrospectivement) aux "apôtres" sur la multitude de l'Eglise à venir (cf. 22,29s, autre texte-clé pour la Watchtower qui voit une "alliance" à part là où le grec n'emploie pas le substantif diathèkè, "alliance" ou "testament", mais seulement le verbe apparenté dia-tithèmi, "disposer" unilatéralement, comme dans un "testament").
"Vous, vous êtes ceux qui ont persévéré avec moi dans mes épreuves ; c'est pourquoi je dispose du Royaume en votre faveur, comme mon Père en a disposé en ma faveur, afin que vous mangiez et buviez à ma table, dans mon royaume, et que vous soyez assis sur des trônes pour juger les douze tribus d'Israël" (Luc 22,28-30).L’insistance lucanienne sur l’identité des destinataires et des bénéficiaires de la basileia et de sa proclamation a) Une inclusion signifianteIl est fréquemment affirmé que la double mention de la βασι-λεία dans le premier chapitre des Actes (Ac 1,3.6) constitue, avec sa double mention au dernier chapitre (Ac 28,23.31), une inclusion signifiante 18.En revanche, peu d’exégètes tirent les conséquences de cette observation importante et s’interrogent sur la place réelle de la βασιλεία dans les Actes. De plus, il est rarement observé que ces quatre occurrences structurantes du terme βασιλεία interagissent de près avec la thématique identitaire. En Ac 1,3, c’est aux apôtres qu’il a lui-même choisis (v. 2) que Jésus, pendant quarante jours, parle des «(choses) concernant le Règne de Dieu » . À la lumière du rôle particulier attribué aux Douze par le Jésus lucanien, qui dispose du Royaume en leur faveur et leur réserve, dans son Royaume, des trônes pour juger les douze tribus d’Israël (Lc 22,28-30), il est significatif que les apôtres soient ici dépeints comme les destinataires privilégiés de l’enseignement du Ressuscité, qui leur parle – et de manière prolongée – du Règne de Dieu. En Ac 1,6, les mêmes apôtres invoquent justement le rétablissement du Royaume «pour Israël » . La seconde partie de la réponse de Jésus (v. repousse les frontières d’un tel rétablissement bien au-delà d’Israël – jusqu’aux extrémités de la terre. À la fin des Actes, Paul rend témoignage au Règne de Dieu à l’endroit des notables des Juifs qui se trouvent à Rome (Ac 28,23). Puis, aux v. 30-31, il proclame le même Règne de Dieu à «tous ceux qui venaient le voir » , c’est-à-dire, à la lumière du v. 28, aux non-Juifs et (sans doute) aux Juifs qui souhaitent toujours l’entendre à ce sujet.Le caractère impressionnant de l’inclusion à grande échelle dont nous venons de rappeler la présence fait parfois oublier que quatre autres occurrences de βασιλεία se rencontrent dans les Actes.Disposées à des endroits stratégiques de la narration entre Ac 1,3.6, d’un côté, et Ac 28,23.31, d’un autre, elles forment une véritable chaîne narrative qui balise le développement du thème du Royaume/ Règne de Dieu dans le second tome du diptyque lucanien. Or, à l’instar des occurrences qui encadrent le récit des Actes, ces quatre textes présentent un réel intérêt pour la question identitaire : 1) en Ac 8,12, Philippe annonce la bonne nouvelle du Règne de Dieu à des Samaritains 22 ; 2) en Ac 14,22, Paul encourage les disciples de Lystres, d’Iconium et d’Antioche (des villes païennes)en leur parlant de leur entrée future dans le Royaume de Dieu ; 3) en Ac 19,8, Paul, dans la synagogue d’Éphèse, use de persuasion en ce qui concerne le Règne de Dieu 23 ; 4) en Ac 20,25, Paul, qui s’adresse aux anciens d’Éphèse et rappelle les grandes lignes de son ministère dans cette ville, indique avoir proclamé le Règne parmi «vous tous » , c’est-à-dire parmi les Juifs aussi bien que les Grecs (v. 21) 24.Il n’est pas impensable que ces occurrences de βασιλεία,distillées à des endroits clés de la narration, reflètent une intention précise de l’auteur. Si ce raisonnement est fondé, il est permis de se demander également si un tel projet transparaît non seulement dans les Actes, mais encore à l’échelle du diptyque lucanien.https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_2016_num_96_3_2003J'en profite pour mentionner un autre article qui n'a pas un lien direct avec notre discussion mais j'ai trouvé intéressant :"En attendant que le jour se lève, Paul a invité tout le monde à prendre de la nourriture, en disant : C'est aujourd'hui le quatorzième jour que vous êtes dans l'attente et que vous restez à jeun, sans rien prendre. Je vous invite donc à prendre de la nourriture, car il y va de votre salut : aucun d'entre vous ne perdra un seul cheveu de sa tête ! Après avoir dit cela, il a pris du pain, il a rendu grâce à Dieu devant tous, puis il l'a rompu et s'est mis à manger. Alors, reprenant courage, tous ont pris de la nourriture. Nous étions, dans le bateau, deux cent soixante-seize personnes en tout. Quand tous ont eu assez mangé, ils ont allégé le bateau en jetant le blé à la mer" (Actes 27,33-37).Le nombre des sauvés - En AC 27, 37 Pourquoi 276 ?Dans la logique de Luc, 24 en tant que multiple de 12 représente l’Église […] et non 23. Ainsi les 276 personnes réunies sur le navire avec Paul ne représentent pas l’Église, et le repas que Paul partage avec eux n’est pas l’eucharistie parce que 23 n’est pas 246. » Cette ultime conclusion est vraiment paradoxale et va contre la première impression des lecteurs selon laquelle le récit dit bien quelque chose du salut, de l’Église et d’une totalité. Pour cet auteur au contraire, cette précision aurait pour but d’écarter une lecture ecclésiale du récit ! Cette lecture s’impose en revanche pour les anciens comme pour les modernes. saint Jean Chrysostome écrit : « Paul était un pilote véritable ; il guidait non un navire ordinaire mais l’Église universelle. » Et M.-E. Boismard et A. Lamouille écrivent de leur côté spontanément que « le bateau représente l’Église dans la tourmente ». Que tous les marins soient sauvés, et pas seulement le ou les chrétien(s), rend la dimension universelle du récit plus nette. C’est ainsi que P. Bossuyt écrit : « Les participants de cette aventure […] se trouvent être au nombre de 276, chiffre symbolique. Aux yeux de Luc, ils représentent les multitudes humaines sauvées d’une perte certaine. » ...... Une autre possibilité serait que le nombre 276 renvoie en premier lieu au triangulaire qu’il évoque, soit 23. sans faire référence à Ac 27, 37, J. Davies suggère astucieusement que 23 évoque la totalité parce qu’il représente l’addition de la première lettre, aleph, et de la vingt-deuxième lettre de l’alphabet hébraïque, tav (1+22)16. L’idée de totalité serait alors signifiée par la totalité de l’alphabet. Totalité redoublée par le fait que 276 est également 23 fois 12, 12 étant un autre nombre ecclésial. Le texte biblique qui vient alors immanquablement à l’esprit est celui de Ez 9, où les sauvés sont marqués par l’ange (l’homme vêtu de lin) d’un tav, passage qui fut souvent lu par les chrétiens comme étant la croix (à laquelle la lettre tav peut faire penser) : « Et de tout homme qui porte sur lui le tav, ne vous approchez pas » (Ez 9, 6). Ce texte d’Ézékiel évoque clairement le salut ultime. Ainsi, avec 276 et 153, Luc et Jean feraient tous deux un clin d’œil à Ézékiel pour évoquer le salut final inauguré dans l’Église. L’inconvénient de cette hypothèse séduisante est qu’elle ne fait pas appel à la guématria, soit à la valeur numérique des lettres, mais uniquement à leur emplacement dans l’alphabet. Elle a cependant pour elle le mérite de la simplicité !https://www.cairn.info/revue-etudes-theologiques-et-religieuses-2012-2-page-213.htm?try_download=1 |
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