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| Le Dieu/Berger _ Psaume 23 | |
| | Auteur | Message |
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free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Lun 25 Mai 2020, 11:57 | |
| Le SEIGNEUR est mon berger : je ne manquerai de rien. Il me fait coucher dans de verts pâturages, il me dirige vers des eaux paisibles. Il restaure ma vie, il me conduit sur les sentiers de la justice, à cause de son nom. Même si je marche dans la vallée de l'ombre de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort. Tu dresses devant moi une table, en face de mes adversaires ; tu enduis ma tête d'huile, ma coupe déborde. Oui, le bonheur et la fidélité m'accompagneront tous les jours de ma vie, et je reviendrai à la maison du SEIGNEUR pour la longueur des jours.
Le psalmiste pose l'idée centrale que Dieu est son Berger. Il relie cette confession à une négation : "je ne manquerai de rien" ; ainsi Le dieu-berger correspond à une "absence de manque" et à l’absence de peur (v4). Ce non-manque s'exprime pour le croyant assimilé à une brebis par le fait que son dieu-berger le guide vers "de verts pâturages" et "des eaux paisibles", donc une abondante nourriture dans un cadre calme et reposant. Le dieu-berger régénère le croyant : "Il restaure ma vie". Au v4, les sentiers de justice cèdent la place au bas-fond de ténèbres, le psalmiste s'imagine marcher "dans la vallée de l'ombre", sans peur car le dieu-berger lui apporte soutien et réconfort. |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Mar 26 Mai 2020, 18:24 | |
| Le berger est non seulement un topos de la littérature universelle (genres "bucoliques" ou "pastoraux" avec leurs composantes érotiques), c'en est spécialement un de l'idéologie royale du Proche-Orient ancien et de ses projections mythologiques ou théologiques (le roi est un berger qui nourrit et protège, le dieu est le roi et donc le berger par excellence, le roi du roi ou le berger du berger); mais c'est aussi, berger ou bergère, l'homme ou la femme de la nature éloigné de la ville, de sa culture et de ses lois, qui suscite le désir, le nomade qui hante l'imaginaire du sédentaire (Abel-Caïn, les Patriarches, Moïse... et jusqu'au Cantique des cantiques). Dans la Bible c'est emblématiquement David (dwd, l'amant, le bien-aimé), berger puis aimé de Yahvé, de Saül et de Jonathan selon 1 Samuel et évoqué par la su(per)scription du psaume 23. En Mésopotamie, de Sumer à Babylone c'est aussi Dumuzi-Tammouz, l'amant d'Inanna-Ishtar, qui meurt et ressuscite (celui qu'on pleure jusqu'à Jérusalem selon Ezéchiel 8; cf. Baal, Osiris, Attis, etc.). Cf. p. ex. ici. |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Mar 26 Mai 2020, 20:13 | |
| - Narkissos a écrit:
- Le berger est non seulement un topos de la littérature universelle (genres "bucoliques" ou "pastoraux" avec leurs composantes érotiques), c'en est spécialement un de l'idéologie royale du Proche-Orient ancien et de ses projections mythologiques ou théologiques (le roi est un berger qui nourrit et protège, le dieu est le roi et donc le berger par excellence, le roi du roi ou le berger du berger; mais c'est aussi, berger ou bergère, l'homme ou la femme de la nature éloigné de la ville et de ses lois, qui suscite le désir, le nomade qui hante l'imaginaire du sédentaire). Dans la Bible c'est emblématiquement David (dwd, l'amant, le bien-aimé), berger puis aimé de Yahvé, de Saül et de Jonathan selon 1 Samuel et évoqué par la su(per)scription du psaume 23. En Mésopotamie, de Sumer à Babylone c'est aussi Dumuzi-Tammouz, l'amant d'Inanna-Ishtar, qui meurt et ressuscite (cf. Baal, Osiris, Attis, etc.). Cf. p. ex. ici.
Merci pour le lien que tu as mis à notre disposition, un article très éclairant et intéressant. Je viens de comprendre que Ps 45,7 ("Ton trône, ô Dieu, est pour toujours, à jamais ; le sceptre de ton règne est un sceptre de droiture"), assimile le roi à "un" dieu (avant je pensais que ce verset concernait Yhwh). Dans l’Ancien Testament, la désignation de Dieu comme berger n’est attestée que très rarement. En fait, les versets qui qualifient littéralement Dieu de « berger » (ro‘eh) sont au nombre de deux : Ps 23,1 et 80,2. À ceux-ci s’ajoutent les passages où l’activité de Dieu est exprimée par la racine rā‘āh « paître » : Mi 7,14 ; Ez 34,13-15. Enfin, en Es 40,11 ; Jr 31,10 ; Ez 34,12, Dieu est comparé à un berger.Vu ce résultat un peu maigre, on est étonné de constater que, dans le Proche-Orient ancien, l’épithète du berger sert à qualifier la plupart des dieux majeurs. De plus, dans le domaine de la dévotion personnelle, la désignation d’un dieu comme berger est fréquemment attestée, en Égypte ainsi qu’en Mésopotamie, notamment dans des noms propres du type Shamashreua « Shamash est mon berger ». Cependant, si les auteurs vétérotestamentaires hésitent à employer cette épithète, c’est peut-être en raison de son usage fréquent dans leur environnement culturel, plusieurs conceptions du divin entrant évidemment en concurrence. En Égypte, par exemple, c’est le dieu créateur et soleil, Amun ou Amun-Re, qui fut vénéré, à partir du XIVe siècle, comme le berger fort qui garde son troupeau pour toujours. Et dans les textes akkadiens ainsi que dans ceux qui proviennent des régions périphériques (Meskéné-Emar, Ugarit, Hattusha), c’est surtout le dieu soleil et de la justice, Shamash, qui est dans la même époque appelé « berger du pays » ou « berger des hommes ».Afin d’illustrer brièvement le rapport existant entre le concept du dieu-soleil et le titre du berger, nous présenterons en bref quelques passages d’un hymne égyptien à Amun datant du XIIIe siècle :«Tu es fort comme berger, en protégeant les vivants pour toujours … O berger qui aime son troupeau ! … On boit selon son ordre, on mange du pain, s’il le veut … À lui appartient la joie… Nous te célébrons en liesse au côté ouest, quand tu nous as recommandés à la nuit … Tu as réveillé toutes les créatures et tu leur as ouvert les chemins, leur berger, tu les as faits revivre et prends soin de leur protection … S’il fait jour, tu as puni les adversaires … Que tu es beau quand tu te lèves, nous revivons … Tu explores le chemin à nous montrer au jour ».Cet extrait, qui représente une compilation de textes, comporte bien des termes et des thèmes qui sont également constitutifs pour le Psaume 23 : la protection et l’indication du chemin pendant la journée, boire et manger, la ranimation, la fête à la tombée de la nuit, les adversaires pendant la nuit. On est donc amené à conclure que les deux textes ont en commun non seulement un certain vocabulaire mais aussi une conception théologique. En fait, l’hymne égyptien, dédié au dieu soleil et berger, et le Psaume 23, dédié au Dieu YHWH berger, semblent refléter un ensemble d’idées théologiques. À première vue, quant au Psaume 23, la présence du motif solaire pourrait étonner. Toutefois, ce motif n’est pas du tout étranger à l’Ancien Testament. Citons à ce propos quelques versets du Psaume 104 :« Bénis le Seigneur … ! … Vêtu de splendeur et d’éclat, drapé de lumière comme d’un manteau … Tu fais pousser l’herbe pour le bétail, les plantes que cultive l’homme … et le vin qui réjouit le cœur de l’homme, pour que l’huile fasse luire les visages et que le pain fortifie le cœur de l’homme … Tu poses les ténèbres, et c’est la nuit où remuent toutes les bêtes des bois. Les lions rugissent après leur proie … Au lever du soleil ils se retirent ».Aux niveaux de la terminologie et du contenu, le Psaume 104 présente des particularités qui ne sont pas sans rappeler la théologie solaire égyptienne. Tout comme Amun, le dieu vétérotestamentaire nourrit les hommes ; il les approvisionne en vin, pain (huile) ; il est l’auteur de la tombée de la nuit et il veille sur les dangers apparaissant dans les ténèbres. Est-ce alors un hasard qu’on retrouve des réminiscences de cette vieille théologie égyptienne – les soins alimentaires, la direction sur le chemin, la protection aux ténèbres, la fête nocturne du dieu-soleil-berger – dans le Psaume 23 qui est d’origine plutôt récente ?https://journals.openedition.org/rsr/455?file=1 |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Mar 26 Mai 2020, 21:00 | |
| Nous avons souvent évoqué les liens du psaume 104 avec l'hymne à Aton/Atum (le disque solaire, distinct d'Amon/Amum-Rê/Râ); pour le psaume 23 ça me paraît moins évident -- peut-être surtout à cause de la première personne du singulier qui suggère un rapport individuel, plus que national ou cosmique, à la divinité; mais cela est aussi en tension avec l'image du berger qui a plutôt affaire à un troupeau. En tout cas, cela confirme la banalité du topos, encore plus répandu autour de "la Bible" que dans celle-ci. Mais ça n'en reste pas moins touchant et efficace, même pour ceux qui ne connaissent plus guère de berger ou de bergère que dans les livres ou les films -- quoiqu'il suffise d'un peu de marche en montagne pour en rencontrer, de moins "bucoliques" peut-être. D'autre part, rien ne s'approprie plus facilement que la première personne, du singulier plus encore que du pluriel: impossible de dire "je, me, moi", sans me sentir concerné.
Le dieu, en revanche, est évoqué à la troisième personne (au début et à la fin): ce n'est pas qu'une prière, on ne lui parle pas qu'à la deuxième personne; la chose n'a d'ailleurs rien d'exceptionnel, les psaumes sont des "louanges" et pas forcément des prières. En l'occurrence le poème a sans doute une vertu "magique" et "apotropaïque", comme un porte-bonheur ou un talisman: récité, chanté, écrit et porté sur soi, il appellerait de lui-même la divinité protectrice qui écarte le mal. Même si une culture moderne ne peut plus guère y voir qu'un effet "psychologique" rassurant, il en reste tout de même quelque chose.
Je me souviens -- c'est la première chose à laquelle j'ai pensé en voyant ce fil -- de ma petite (demi-)soeur, qui a bientôt 50 balais, plongée dans le jéhovisme peu après sa naissance, qui récitait ce psaume parce que sa mère le lui avait appris (selon la TMN ou en version Segond arrangée pour y caser "Jéhovah"), bien avant de savoir lire; elle n'est jamais devenue TdJ, mais peut-être se le rappelle-t-elle encore (je lui demanderai à l'occasion). |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Mer 27 Mai 2020, 13:17 | |
| Non seulement le roi et les chefs politiques, mais Iahvé aussi est qualifié de «berger» (Gn 48, 15; 49, 24; Ps 80, 2; Qoh 12, 11) ou comparé à un berger (Is 40, 11; Jr 31, 10; Ez 34, 11 - 16 ; cf. Is49,9sq. Jr 23,3; 50, 19; Os 4, 16 ; Mie 2, 12; 4, 6 - 8; 7, 14; Ps 28, 9), tandis qu'Israël apparaît comme son troupeau ou comme les brebis de sa prairie (Jr 13, 17; 23, 1; Ps 74, 1; 77, 21; 78, 52; 79, 13; 80, 2; 95, 7; 100, 3). Il faut mettre en relief que, dans l'application à Iahvé aussi l'attribut pastoral est une épithète royale : il est explicitement fait référence à la royauté d'Iahvé dans Mie 4, 7; Ps 74, ; 95, 3 dans le contexte de passages où il apparaît dans le rôle du berger d'Israël (45). Les éléments constitutifs des fonctions pastorales d'Iahvé correspondent à ceux du titre pastoral dans l'environnement oriental d'Israël ; ils comprennent les aspects de la conduite, de l'approvisionnement et de la protection du troupeau. Et, d'une manière correspondante, c'est toujours et partout le peuple d'Israël comme entité qui apparaît face au berger divin, non l'individu en Israël. Ps 23, dans lequel Iahvé est le berger d'un Israélite pris isolément, fait donc exception par rapport à nombre de documents de l'Ancien Testament, au même titre que les désignations mésopotamiennes de la divinité «personnelle» par le terme «mon berger» font exception en face du langage qui y est généralement coutumier, et qui coordonne au berger divin un troupeau, non pas une bête isolée du troupeau. Seul le discours d'Israël (c'est-à-dire de Jacob) dans Gn 48, 15 du «Dieu qui a été mon berger depuis que j'existe, jusqu'au jour d'aujourd'hui» forme Y Ancien Testament dans un parallèle avec Ps 23, 1. Il est tentant de voir dans les deux exemples des cas d'une poursuite individualisante (46) d'une métaphore qui, vu son objet, avait au fond un rapport collectif, et d'en chercher la raison chaque fois dans un destin particulier ayant frappé une bête isolée du troupeau, et qui rendait nécessaire la sollicitude spéciale du berger divin.Car, vu sous cet angle, Ps 23 se présente comme le cantique d'un Israélite qui, face à ceux qui le poursuivaient, a trouvé refuge au temple de Jérusalem. Certes, de même que le psaume lui-même ne donne aucune réponse à la question de savoir qui était cet Israélite et à quelle époque il appartenait, nous ignorons aussi les raisons qui jadis eussent pu amener l'orant primitif du psaume à rechercher le lieu d'asile et à s'y placer sous la protection d'Iahvé. Comme le psaume ne donne pas d'indications expresses à ce sujet, nous en sommes entièrement réduits à des suppositions. Il paraît surtout possible qu'il s'agisse, dans le cas de l'orant du psaume 23, d'un homme ayant commis un acte de sang, qui, après avoir tué un homme sans préméditation et pris la fuite devant le vengeur (cf. 1 Rs, 19, 1 - 10), avait été accueilli à l'asile du temple de Jérusalem. Ici, il était à l'abri des poursuites inexorables de ceux qui, en exécution de la loi impitoyable et cruelle de la vengeance tirée d'un meurtre 00'), le harcelaient sans cesse et en voulaient à sa vie afin de lui faire expier l'acte de sang accompli. Mais on peut aussi imaginer qu'il s'agissait de quel qu'un qui, pour des raisons sociales et économiques - parfois pour cause d'endettement, parce qu'il était par exemple en retard pour son règlement des taxes dues à l'Etat, ou qu'il ne pouvait rembourser un emprunt contracté à titre privé, et qu'il était ainsi menacé d'être vendu comme esclave -, se trouvait en fuite et cherchait à être dans le temple à l'abri de ses persécuteurs. Des hommes qui devaient ainsi quitter leur demeure et qui alors menaient en règle générale une existence de misère et de famine dans des régions éloignées et désertes (cf. Jb 24), ou qui exécutaient de - rares - travaux occasionnels et se louaient à n'importe qui comme mercenaires prêts à tout (Jug 9, 4; 1 Sam 22,2) n'étaient, depuis les temps anciens, pas un phénomène exceptionnel en Palestine (Ю, и se peut que dans des cas aigus de persécution, par leurs créanciers par exemple, de tels hommes, comme aussi des esclaves échappés, qui étaient recherchés par leurs maîtres et encouraient des peines sévères s'ils étaient repris (cf. 1 Sam 25, 10sq. et Sir 33, 25 - 33), aient cherché et trouvé refuge au sanctuaire. Enfin, c'est peut-être aussi ici que séjournaient des réfugiés politiques de l'étranger (dont fait aussi partie Israël, royaume du Nord), objet de persécutions dans leur patrie (Ю9). Mais le psaume lui-même ne donne malheureusement pas de détails sur les circonstances qui ont amené le premier orant de Ps 23, comme ceux qui lui succédèrent à gagner le lieu d'asile. https://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_1981_num_7_1_1428 |
| | | Narkissos
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| Sujet: Re: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Mer 27 Mai 2020, 14:30 | |
| Article passionnant: la "critique" historico-littéraire, vers la fin de son hégémonie, atteint là un niveau de virtuosité rarement égalé, toujours conjecturale mais brillante et fine. Même si on n'adhère pas à ses conclusions, on apprend beaucoup à le suivre jusqu'au bout -- pas seulement sur le psaume. [Soit dit en passant, les deux paragraphes que tu cites sont très éloignés l'un de l'autre et leur enchaînement ne correspond à aucune logique: quelquefois les signes d'ellipse (...) ont du bon... ] |
| | | free
Nombre de messages : 10098 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
| Sujet: Re: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Jeu 28 Mai 2020, 09:59 | |
| En évoquant l’ombre de la mort, la LXX introduit, dans le Psaume23, un sujet qui est évidemment étranger au texte hébreu. Reste à savoir comment ce sujet s’inscrit dans le contexte de la version grecque. Or nous avons déjà vu que la LXX a atténué, au verset 2, le vocabulaire se référant au monde animal et pastoral. Même si Dieu «fait paître» le Psalmiste, du moins selon le verset 1, celui-ci est néanmoins présenté beaucoup plus clairement que dans le TM comme un être humain, et non pas comme un animal. Guidé par Dieu dans son passé, le Psalmiste est sûr de sa présence permanente (cf. verset4c: «car tu es avec moi»), et ceci aussi dans les situations où il risque de parvenir à l’ombre de la mort. Or le texte ne précise pas en quoi consiste la protection qu’accorde Dieu à son fidèle au moment où la mort pourrait le guetter. Est-ce qu’il espère que Dieu lui épargne une mort prématurée parce que celui-ci ne peut se manifester que dans la vie du Psalmiste mais pas dans sa mort (cf. p.ex. Ps 88, 11)? L’«ombre de la mort» serait-elle alors un phénomène passager (cf. Ps 43,20 LXX), comme un danger grave qui, pourtant, ne conduit pas forcément à la mort proprement dite? En d’autres termes, le texte n’évoquerait-il pas la mort physique parce que celle-ci est jugée inaccessible à l’influence de Dieu ? Unetelle interprétation du texte grec serait sans aucun doute conforme à une conception théologique et anthropologique que beaucoup de textes vétérotestamentaires, notamment les Psaumes à quelques exceptions près, semblent présupposer23. Rien n’empêche alors d’interpréter le verset 4 à la lumière d’un tel arrière-fond théologique et anthropologique, d’autant plus que les idées de résurrection et de vie dans l’au-delà, sans doute d’origine plus ancienne24, ne mûrissent qu’au fil des deux derniers siècles avant J.-C. https://www.academia.edu/1116653/LA_VERSION_GRECQUE_DU_PSAUME_23_22_Observations_sur_le_texte_de_d%C3%A9part_de_lex%C3%A9g%C3%A8se_patristique |
| | | Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
| Sujet: Re: Le Dieu/Berger _ Psaume 23 Jeu 28 Mai 2020, 11:34 | |
| Excellent complément (côté Septante) de l'article précédent.
Un détail, un peu technique: je ne pense pas que le traducteur grec introduise l'idée de la mort; si comme ses prédécesseurs et successeurs (autres traducteurs de ladite Septante, d'Isaïe, de Jérémie, d'Amos ou de Job) il traduit ainsi l'hébreu çlmwt c'est qu'à son époque celui-ci est déjà lu et (mé-)compris, en hébreu, comme un mot composé: non plus "l'ombre" ou "l'obscurité" tout court (çlm + terminaison -wt à valeur de substantif) mais çl-mwt, "ombre de la mort" (que le deuxième élément soit encore prononcé môth ou mouth ou déjà maveth comme en hébreu massorétique). Cela ne change rien au sens "originel" du psaume (qui sans doute n'évoquait pas directement la "mort" à ce point), mais atteste seulement que l'évocation de la mort en ce mot est très ancienne, antérieure à toute traduction grecque. |
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