Voir également
ici.
"La place des femmes" est sans doute à peu près aussi variable dans les textes du NT et dans les (proto-)christianismes dont ils témoignent (plus ou moins directement) que dans la société contemporaine en général, juive et/ou gréco-romaine. Tout dépend des lieux, des milieux, des classes sociales... et des femmes. Aujourd'hui encore la "place" d'une femme ministre ou chef d'entreprise, même féministe, n'est pas celle de sa femme de ménage...
Pour rappel,
1) Marie-Madeleine est seule nommée en Jean 20,
2) le texte "authentique" ou "original" de Marc 16 s'arrête au v. 8 -- toutes les suites, "canoniques" ou non, sont des ajouts (beaucoup) plus tardifs (
cf. p. ex. ici); dans ce (premier) récit, donc, les femmes ne "témoignent" de rien...
3) l'histoire des disciples d'Emmaüs est de Luc (24), qui contourne habilement l'apparition à "Simon", rapportée mais non racontée (v. 34; comparer à "Pierre" qui n'aurait rien vu, selon l'addition du v. 12 inspirée de Jean 20);
4) c'est seulement dans Luc (24,11) que les femmes ne sont (d'abord) pas crues, avec peut-être une nuance "misogyne" dans la qualification péjorative de leur parole (
lèros, bavardage, invention, racontar,
hapax legomenon = nulle part ailleurs dans le NT);
5) les évangiles dans leur ensemble (et leur diversité) sont relativement tardifs, par rapport à certaines épîtres pauliniennes comme la Première aux Corinthiens qui refléteraient un (proto-)christianisme plus ancien: à Corinthe celui-ci paraît plutôt égalitaire ou indifférencié, c'est l'auteur qui tente d'y introduire de la "différence de genre" (11,1ss; sans compter 14,33ss, probable ajout ultérieur qui contredirait le précédent sur le mode des Pastorales); en tout état de cause ça ne vaudrait que pour Corinthe;
6) quoi qu'il en soit de la diversité originelle ou pré-originelle, c'est surtout l'unification du christianisme en "Grande Eglise", catholique (= universelle) et orthodoxe, déjà perceptible dans le NT (deutéro-pauliniennes = Colossiens-Ephésiens, ou 1 Pierre, Pastorales = Timothée-Tite, outre Luc-Actes qui marque un intérêt condescendant pour les femmes comme pour les pauvres en général, tout en mettant en valeur des exceptions exemplaires), qui a réglé et uniformisé la "place des femmes". Avec des contre-mouvements qu'on peut qualifier anachroniquement de "féministes", des gnosticismes au montanisme dès les premiers siècles, jusqu'aux béguines de la fin du moyen-âge...