Qu'est-ce que la Bible représente pour vous?

Bifurcation, ou essaimage d'un fil précédent à la suite de ce texte de BB:

Citation :

Ce que je retiens? Ce qui m'a marqué? Ce que j'ai aimé?... En fait je me suis rendu compte en essayant de résumer mon sentiment (pour chaque sujet proposé), de mon incapacité à formuler ce qui me fascine dans le texte biblique. C'est un (des) livre(s) que je lis et relis souvent, celui que j'ai sans aucun doute et de trèèèès loin le plus lu dans ma vie, et je ne sais pas dire pourquoi je continue.
Plus rien ne m'y "oblige", je ne suis même plus croyant, je pourrais tout aussi bien m'intéresser aux écrits de Galien ou aux théories historiques d'Ibn Khaldoun. Mais justement non! Ce n'est pas pareil, pour moi.
Il me reste un lien "charnel" (ombilical?) avec le texte, qui dépasse le seul intérêt intellectuel ou "spirituel". Mais je ne sais absolument pas le dire.

J'ai souvent pensé à cela, ça ne t'étonnera pas.

J'ai l'impression que la Bible aura été le livre de ma vie; ce qui ne veut pas du tout dire "mon livre préféré", simplement celui qui m'aura accompagné le plus longtemps, marquant une certaine continuité matérielle à travers bien des changements et des ruptures. Je l'ai lue tour à tour en enfant catholique, en jeune Témoin de Jéhovah, en chrétien philosophico-mystique, en théologien dialectico-libéral, en critique historico-littéraire, et je ne trouve même pas d'épithète pour qualifier mon "point de vue" actuel. Mais chacune de ces lectures m'en a révélé d'autres facettes.

Je serais bien incapable là-dedans de faire la part du hasard et du choix. Ce sont des circonstances familiales qui m'y ont amené, des circonstances professionnelles qui m'y ont ramené alors même que je souhaitais (consciemment du moins) m'en distancier. C'est une histoire d'amour (ou de passion) où se mêle parfois une certaine rage (hainamoration comme disait Lacan), de la fascination, de la curiosité, un besoin de "régler des comptes" quelquefois. Et cette relation personnelle, anecdotique, double pour moi l'importance "objective" (historico-culturelle) du "Livre" de telle sorte qu'il m'est quasiment impossible de les séparer. C'est un canon de référence auquel toute autre lecture (philosophique, littéraire) me renvoie forcément, même lorsqu'il n'était pas du tout dans l'intention de l'auteur d'y renvoyer. Je lui préférerais bien d'autres livres, ou de littérature moderne qui me sont culturellement plus proches, ou même d'autres "livres sacrés" plus exotiques comme la Gita ou le Tao te king. Mais jamais ceux-là ne me seront aussi intimes. Ou, peut-être, tout ce que je lis se "biblifie", se deutéro- ou trito-canonise, se rapporte et se subordonne à ce proto-canon et entre en dialogue avec lui.

De ce point de vue les réflexions de Derrida (notamment autour de Mallarmé, de Blanchot et surtout de Jabès), et celles de Borges d'autre part (Le livre de sable, la bibliothèque de Babel), me semblent avoir bien capté cette problématique du Livre avec lequel on n'en finit jamais.

BB,

c'est absolument dingue car je me suis fait la même réflexion dans le train hier.
J'ai acheté une revue parlant du NT avec tout un florilège d'extraits de toute sorte d'écrivain, de Kierkegaard à Lacan en passant par Spinoza,Diderot, Rousseau, Derrida et des tas de philosophes contemporains.
J'étais donc avec ma revue ouverte sur la tablettes des places à 4 à une page ou un des rédacteurs commentait un tableau de JOseph et l'enfant Jésus, et en face de moi 2 jeunes femmes de 25 ans ouvraient des yeux hallucinés de me voir lire un truc pareil.
Là, je me suis dit : tain, mec tu dois être un ovni. C'est vrai quoi, qu'est ce que je fou à dépenser 7€80 dans une revue qui parle d'un livre que j'ai lu et relu et dont je n'ai plus grand chose à faire, fondamentalement parlant.
Ben, non ! T'arrives pas à t'en passer !

En fait, en ce qui me concerne, je pense que mon problème vient que j'ai toujours lu la bible par extraits pour soutenir une théologie, celle de la WT, ensuite par extraits, pour contrer cette théologie, et que je n'ai pas encore eu le courage de lire un livre entier dans une perspective d'ensemble.

Donc, ce que je retiens pour le moment, ce sont en général les bouts fragmentaires de mes façon de lire précédentes mais l'exercice réclamé par Didier m'est aussi très compliqué à faire en l'état.

Et je te remercie d'ailleurs d'avoir initié ces sujets car je mets le doigt sur cette lacune. J'avais déjà pris conscience que l'analyser par bouts et dans tout les sens par extraits de textes me fatiguait grave. Comme par exemple les questions dans tous les sens qui n'amènent à rien de plus et qui n'ont ni queue ni tête, style celles Free ( Ne t'offusques pas Free, c'est juste mon sentiment à moi qui est peut-être erronné mais c'est comme ça que je le "lis". Tes questions sont sans doutes utiles à toi et à d'autres).

Mais je me rends compte que j'ai été jusque là incapable de faire l'analyse littéraire de ce livre alors que je n'ai aucun problème à le faire pour n'importe quel autre.

Lacune à combler, à mon sens, mais en ai-je encore le "courage" ...

ASSAD a écrit:

BB,

Et je te remercie d'ailleurs d'avoir initié ces sujets car je mets le doigt sur cette lacune. J'avais déjà pris conscience que l'analyser par bouts et dans tout les sens par extraits de textes me fatiguait grave. Comme par exemple les questions dans tous les sens qui n'amènent à rien de plus et qui n'ont ni queue ni tête, style celles Free ( Ne t'offusques pas Free, c'est juste mon sentiment à moi qui est peut-être erronné mais c'est comme ça que je le "lis". Tes questions sont sans doutes utiles à toi et à d'autres).

Mais je me rends compte que j'ai été jusque là incapable de faire l'analyse littéraire de ce livre alors que je n'ai aucun problème à le faire pour n'importe quel autre.

Lacune à combler, à mon sens, mais en ai-je encore le "courage" ...

Salut Assad,

Je ne m'offusque point.
Les questions que je pose reflète dans le fond et la forme mon manque de connaissance de la bible et mon niveau dans ce domaine.
Je n'ai pas une vue d'ensemble suffisante pour apprehender et saisir le sens réel d'un livre de la bible ou d'une épitre par exemple.
D'ailleurs l'analyse de l'épitre aux Romains m'a permis de réaliser à quel point mon ignorance est importante, au point de faire des contre-sens, d'arriver à des conclusions erronées.
C'est un vrai métier, qui demande du temps, du serieux que de pouvoir cerner la bible dans son ensemble.
Concernant mes questions, sans être des plus pertinentes, elles ont le mérite de faire avancer la discussion et de determiner les contre-sens possibles, les idées reçus concernant un sujet donné.
En tout cas à partir de ces questions et des réponses qui ont été apporté j'ai appris beaucoup de choses.
A moins d'être un théologien ou passionné étudiant de la bible abreuvé à une littérature pointue, je ne vois comment être pertinent.

Je pense que la "micro-exégèse" (comment comprendre un mot, une phrase, quel rôle celle-ci joue-t-elle dans un récit ou un raisonnement, etc.) a son intérêt mais qu'on s'y perd facilement (l'arbre et la forêt). Et c'est un peu pour la contrebalancer que j'ai pensé aux "Cequejeretiens" (comme écrit BB). Le côté subjectif de la formule permettant de forcer le trait et de mieux "caractériser" (sinon caricaturer) des ensembles, quitte à nuancer par ailleurs.

Je conviens que c'est un exercice difficile quand on vient des TdJ, car aux antipodes de leur approche morcelée, niveleuse, déstructurante, qui leur permet de mettre n'importe quel "verset" en rapport avec n'importe quel autre dans une théologie "patchwork" (ou "mosaïque"). Quand celle-ci vole en éclats on n'a vraiment plus de repère.

Je me suis rendu compte, par exemple, que dans mon utilisation des commentaires bibliques j'ai longtemps eu tendance à négliger les "introductions" qui présentent une oeuvre dans son ensemble pour aller directement aux "commentaires verset par verset" des passages qui m'intéressaient. Aujourd'hui ce serait plutôt l'inverse.

N'empêche qu'en plus des textes il y a un effet "Bible", "Livre", qui détermine un champ d'intertextualité et un "hyperespace" de sens bien particulier, auquel notre biographie personnelle comme notre histoire collective nous rapportent comme tel: c'est aussi le sujet de ce fil.

un ouvrage qui pendant un temps, et selon les croyances du moment, racontait l'histoire et la proto histoire du peuple élu, Israël, en passant par les patriarches, la vie en Egypte, la traversée du désert et enfin l'arrivée en terre promise; puis au fur et à mesure des erreurs de ce peuple, leurs défaites face à d'autres peuples, leurs exils et enfin le retour avant que le rideau se lève sur le dernier tableau et non des moindres, la 1ere venue du Christ, l'ouverture à l'intimité avec Dieu promise au gentils et le message de la Bonne Nouvelle annoncé avant la fin ultime.

Mais avant d'avoir approché la Bible sous cet angle, je me rappelle l'histoire que ma mère me racontait à l'aide d'un livre (genre bibliothèque pour enfant) racontant la vie de Jésus, il y avait de jolis dessins et j'étais fasciné qu'un petit enfant, on le voyait jouer avec des moutons, dans l'atelier de son père, puisse un jour donner sa vie pour nous.
Et lorsque j'étais catholique le récit qui était tiré des évangiles et lu au cours de la semaine sainte m'interpellait (ça faisait lontemps Didier...) particulièrement à l'adolescence et jeune adulte, je pense que j'étais très mystique et entendre raconter les derniers jours de la vie de Jésus comme ils nous sont présentés dans les Evangiles me plongeait dans une profonde réflexion. Réflexion que j'avais du mal à tenir très longtemps d'ailleurs.

Qu'en est-il maintenant? Bien sûr le rideau étant tombé de même que les décors du fond, la vue des coulisses m'a dans un premier temps complètement chamboulé et j'ai pensé y perdre, non mon latin que je ne connais pas, mais une partie de ma personnalité; et puis petit à petit je commence à me reconstruire et je retrouve du plaisir à relire la Bible, non au pas de charge comme j'avais pris l'habitude de le faire pendant mes années TJ, mais par petits bouts, par chapitre en reprenant s'il le faut quelques versets précédents.
L'histoire que je découvre me paraît plus crédible car elle n'est pas la narration de faits auxquels aurait assisté le reporter biblique, mais très souvent l'adaptation d'un récit déjà existant que l'on a retravaillé afin de l'utiliser pour enseigner les juifs.

Sans doute vais-je être responsable de la chute des cheveux de Didier, mais je continue de penser que Jésus a bien existé et qu'avec le temps de nombreux faits lui ont été attribués, le personnage de Bouddha traine lui aussi sa part de mystère et comme lui Jésus n'a rien écrit, mais certains de ses disciples ont écrits bien après et vous le savez l'homme a toujours ce défaut ou peut-être cette qualité de déformer les faits ou à tout le moins de les interpréter ce qui signifie que dans le meilleur des cas nous avons une version interprétée par celui qui nous la raconte.

La Bible est un livre qui me parle en racontant des histoires, afin de me permettre de réfléchir à la morale cachée derrière les personnages, leur réaction leur lacheté, leur courage. Elle me parle aussi de Dieu, non pas de ce bon papa à la barbe blanche ou de de dieu vengeur qui ne pense qu'à massacrer des gens n'ayant pas voulu aider son peuple; ce type de dieu ne m'intéresse pas, c'est un sa..... et il y a suffisament de sa.... sur la planète sans qu'il soit nécessaire d'avoir un dieu ayant les mêmes qualités... Suis-je un mystique, peut-être, mais en tout cas la Bible continue de me fasciner.

...

Merci à ceux qui veulent débattre de l'existence d'un Jésus historique de bien vouloir le faire à cet endroit: https://etrechretien.1fr1.net/religion-f1/le-jesus-historique-t311.htm#4173

free a écrit:

A moins d'être un théologien ou passionné étudiant de la bible abreuvé à une littérature pointue, je ne vois comment être pertinent.

Bonsoir Free,

je voulais juste préciser que je ne me trouve pas plus pertinent que toi.

D'autre part, dans leur domaine, tes questions restent pertinentes, mais je voulais juste dire que, là où j'en suis moi dans mon orientation, ce registre-là à épuisé mon intérêt personnel. Ce qui explique aussi ma participation minime ces derniers mois. Cela n'a pas pour but de "critiquer" ce type de questions ou de discussions.

ASSAD a écrit:

free a écrit:

A moins d'être un théologien ou passionné étudiant de la bible abreuvé à une littérature pointue, je ne vois comment être pertinent.

Bonsoir Free,

je voulais juste préciser que je ne me trouve pas plus pertinent que toi.

D'autre part, dans leur domaine, tes questions restent pertinentes, mais je voulais juste dire que, là où j'en suis moi dans mon orientation, ce registre-là à épuisé mon intérêt personnel. Ce qui explique aussi ma participation minime ces derniers mois. Cela n'a pas pour but de "critiquer" ce type de questions ou de discussions.

Salut Assad,

Je te rassure je ne l'ai pas pris comme une critique.
Je suis comme toi "conscient de mes besoins spirituels" et surtout de mon ignorance aprés 30 années à croire que je detenais la Vérité.
Concernant la conniassance de la Bible, je ne possède ni la méthode, ni les bases elementaires pour pretendre à échanger d'une manière interessante
D'ailleurs la Bible à cette égard est l'illustration parfaite de l'ouvrage qui a influencé le monde depuis plusieurs siecles, ses valeurs, son mode de vie....alors qu'il réunit un assemblage de récits légendaires ou un parti pris théologique qui ont été interpreté de differentes façon, bien souvent contradictoires pour servir des desseins personnels et des volontés de pouvoir.
Je suis fasciné par l'élaboration des mythes fondateurs, de leurs influences, par la capacité de l'homme à les utiliser pour dominer les autres.

Qu'est ce que la bible représente pour moi !
L'ouvrage d'un petit peuple qui se construit face a des puissances imposantes de l'époque : La Perse et L'Egypte. Ce peuple israéilite met sa confiance en un Dieu sauveur qui souvent le maltraite et se fait reprendre par des prophètes et des prêtres pas meilleurs.
Il y a cependant de beaux sujets de méditation dans les Psaumes et les proverbes. Je n'y attache pas de valeur historique, car trop d'éléments contradictoires.
Avez vous compter le nombre de génocides qu'il renferme..... C'est ahurissant....

Il me semble que les écrits "bibliques" (je parle ici surtout de la Bible hébraïque, mais quelque chose d'analogue se produit sans doute plus tard avec les évangiles), si on les observe globalement avec un peu de recul, marquent une sorte de "saut qualitatif" dans l'histoire de l'écriture. Des "genres" jusque-là cloisonnés (mythe, épopée, drame sapiential, formules rituelles, oracles, lois, contrats, annales royales...) se combinent pour donner un genre narratif tout à fait nouveau, qui résiste aussi à nos catégories modernes d'histoire et de fiction.

Ce type de récit est en effet, comme le suggère free, un instrument et un enjeu de pouvoir, mais pas à sens unique: il peut être utilisé dans le sens de la contestation ou de la subversion comme dans celui de la domination, il se renverse même facilement de l'un à l'autre selon la situation de celui qui le manie (ainsi même l'écriture "deutéronomiste" peut être une arme de "libération" de Juda contre les grandes puissances et se retourner en outil d'oppression "totalitaire", suscitant des contre-récits de résistance). Et le Livre (le "canon") va peu à peu recueillir ces textes en dépit de leurs antagonismes historiques, les offrant à de nouvelles lectures qui ne sont préalablement "voulues" par personne. L'écriture devient autonome à mesure que les textes se détachent de leur contexte de production et jouent "librement" entre eux dans de nouveaux contextes historiques, eux-mêmes producteurs de textes mais en constante référence à ce qui est déjà écrit.

Ensuite, l'humanité de la Bible se constate dans le fait que s'y expriment des idées, des opinions et des sentiments très humains. On y trouve les croyances, les connaissances et les conceptions d'une culture et d'une époque anciennes.
La Bible contient aussi des cris de haine et de vengeance qui contredisent le commandement d'amour, ainsi, ce psaume 137 au si beau début (« Sur les bords des fleuves de Babylone, nous étions assis et nous pleurions en nous souvenant de Jérusalem ») et à la fin tellement horrible (« Heureux celui qui saisit tes enfants et les écrase sur un rocher »).

Comment voir dans cette abominable béatitude une parole venant de Dieu ou inspirée par lui ?
Livre humain ou divin ? A mon sens, l'un et l'autre. Le message que Dieu nous adresse nous parvient toujours à travers des discours humains. Il ne faut pas confondre le message avec le discours qui à la fois le traduit et le trahit. La foi chrétienne ne nous oblige nullement à adopter les idées et les conceptions d'un autre temps. Néanmoins, nous ne devons pas oublier que ces discours humains transmettent un message qui les dépasse ; ils nous font entendre, dans un langage imparfait, parfois contradictoire, avec des erreurs et des ratés, ce que Dieu nous donne et ce qu'il veut que nous devenions.
L'on peut qualifier la Bible de parole de Dieu quand à travers les écrits humains qui la composent nous percevons la voix divine qui nous appelle à la conversion et nous ouvre à une vie nouvelle.

Evangile Liberté

Quoi de plus humain que d'opposer le divin à l'humain?

J'ai lu un article dans lequel l'auteur déclarait: "Les fables de La Fontaine sont-elles à mettre au rebut sous prétexte que le loup ne parle pas à l'agneau ni un renard à une cigogne ou un lièvre à une tortue?" fin de citation
Et l'auteur de l'article démontre ainsi que le lecteur lit non pour ce que le texte dit que ce qu'il veut dire et nous dire.

Et c'est vrai que la lecture de la Bible peut nous amener sans doute beaucoup plus si nous ne restons pas prisonnier des lectures traditionnelles que nous avions l'habitude de faire.

"L’influence de la Bible est infiniment plus grande qu’on ne l’imagine. Pas seulement parce qu’il y a encore deux milliards de chrétiens dans le monde mais surtout parce que toute une partie de notre culture y est attachée. Sans même que nous en prenions conscience. Il est impossible de visiter un musée, de lire un ouvrage d’histoire ou, plus simplement encore, de comprendre notre calendrier sans considérer la Bible. », analyse le philosophe Luc Ferry.


La parabole des talents est pour lui un monument : « d’apparence anodine, elle représente en réalité une véritable révolution morale qui fonde l’humanisme moderne. Cette parabole signifie que la valeur d’un être ne dépend pas des dons naturels qu’il a reçus, mais de ce qu’il en fait ; pas de la nature mais de la liberté. »

la Bible contient des mythes fondateurs ou des épopées qui ont permis à des générations d'humains de se mobiliser pour préserver leur d’identité religieuse, de (re)construite une grande nation,(retour d'Exil), de légitimité des possessions de territoire et d'expliquer l'origine du bien, du mal, de la violence.

Ces mythes fondateurs ont été relu et appliqué à différentes époques, jusqu'à notre époque.

Il n'est pas faux de dire que la Bible contient des légendes. Les légendes découlent pour la plupart de faits qui se sont réellement déroulés dans le passé.

Pour tenter de répondre à la question, je dirais que la Bible représente pour moi avant tout une collection de livres très anciens. Certains de ces livres contiennent de bonnes idées, mais d'autres font la promotion d'idées que je considère comme dangereuses et néfastes, telles que l'idée de supériorité d'un peuple sur un autre, ou d'une croyance religieuse sur une autre.

Je crois aussi que chacun, croyant ou non, prend dans la Bible ce qui l'arrange et laisse ce qui le dérange. Même si j'ai parfois eu du mal à me l'avouer, c'est ce que je fais moi aussi.

Il me semble que la Bible n'a pas été écrite comme un livre d'histoire ou de science, mais comme un livre de morale et de propagande. Son but n'est pas de relater des faits, mais de convaincre et de pousser à l'action.

Pour finir, je ne rejoins pas la deuxième citation de Luc Ferry donnée plus haut, car la Bible n'a rien inventé (ou si peu). Elle a seulement reflété l'esprit de son époque, avec plus ou moins de succès. Il n'y a donc pas de "révolution" biblique, comme on voudrait nous le faire croire. La véritable révolution, c'est la diffusion (et non l'écriture) du texte biblique à une si grande échelle. C'est cette révolution du "livre sacré" - suivie des siècles plus tard par l'islam avec le Coran - qui démarre véritablement ce que l'on appelle aujourd'hui l'"identité religieuse". Et encore, malgré la relative unicité du texte, cette "identité" se décline encore aujourd'hui de bien des manières...

Citation :

Elle a seulement reflété l'esprit de son époque, avec plus ou moins de succès. Il n'y a donc pas de "révolution" biblique, comme on voudrait nous le faire croire. La véritable révolution, c'est la diffusion (et non l'écriture) du texte biblique à une si grande échelle.

quelle époque? La Bible a été écrite sur une période de plusieurs siècles et a connu des civilisations variées. Donc de quelle époque parles-tu?

Penses-tu que l'auteur du N.T. as le même esprit, les mêmes soucis que l'auteur du livre de Daniel?

Ne sont-ils pas aussi différents que nous le sommes des hommes et des femmes du 18e siècle?

Chaque texte de la Bible reflète l'esprit de son époque, et il y a ensuite une sorte d'harmonisation des textes, plus ou moins réussie selon les livres. Bref, ce que je voulais surtout souligner, c'est que les auteurs bibliques n'ont rien écrit de véritablement "révolutionnaire", mais que les circonstances ont fait que les textes que nous appelons aujourd'hui "bibliques" ont traversés les siècles et se sont répandus partout. Cette diffusion est moins à imputer aux qualités des textes eux-mêmes qu'à l'acharnement de ses défenseurs.

Citation :

Cette diffusion est moins à imputer aux qualités des textes eux-mêmes qu'à l'acharnement de ses défenseurs.

Ou/et de ses détracteurs.

Le petit livre rouge des pensées de Mao a presque disparu et s'est perdu dans le brouillard du temps peut-être parce qu'il n'a pas été contesté et critiqué avec autant d'acharnement que la Bible.

Le Coran est soutenu à bout de bras et il n'est pas autorisé de le critiquer, c'est sans doute pour cela qu'il n'a pas la même influence que la Bible. Il reste dans son domaine religieux et continue d'influencer le mode de vie des croyants de l'Islam.

La Bible n'est plus de nos jours un livre sacré mais elle n'a pas perdu au change puisqu'elle n'est pas une inconnue condamné à finir sur une étagère couverte de poussière. Ce peut être le cas d'exemplaires des textes bibliques, mais elle est connue même au-dela du cercle de ses lecteurs assidus.

Ce qui intéresse le plus dans la Bible, c'est son caractère humain ... la Bible n'est pas tombée du ciel mais a été écrite par des humains et on y retrouve des idées, des opinions et des sentiments très humains ... je vois dans la Bible un miroir qui m'aide à mieux me connaitre et à mieux connaitre la nature humaine des croyants ... grandeur et décadence du croyants ... "c'est que quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi".

"Inspiration et Incarnation" (un livre de Peter Enns qui s’inscrit dans une tendance grandissante chez les évangéliques qui entend s’approprier les méthodes et surtout les résultats de la critique biblique.)


Pour Enns, le problème ne réside pas dans le fait de croire que la Bible soit la parole de Dieu, mais dans les conditions et les exigences auxquelles certains pensent devoir soumettre une telle affirmation pour qu’elle soit valable. Une des exigences les plus fondamentales et marqueur distinctif du courant évangélique traditionnel (et fondamentaliste) est la doctrine de l’inerrance des Écritures: puisque la Bible est verbalement inspirée de Dieu (chaque mot des manuscrits originaux), il s’ensuit qu’elle ne peut contenir aucune sorte d’erreur (sauf exceptions mineures).


L’analogie incarnationnelle. Le cadre théologique dans lequel Enns intègre et interprète ces phénomènes est celui de l’"analogie incarnationnelle" (ailleurs il parle de "parallèle"). Il compare l’humanité de la Bible à celle du Christ: "L’incarnation du Christ est analogue à l’“incarnation” des Écritures." (p. 18) Comme le Christ est à la fois Dieu et homme, ainsi en va-t-il de la Bible: c’est un livre pleinement humain et pleinement divin. Toutes sortes de marques montrent le caractère humain et incarné des Écritures: les langues dans lesquelles elles ont été écrites, les éléments culturels et religieux communs entre Israël et ses voisins tels que les temples, les prêtres, les sacrifices, la prophétie, la royauté et le système légal. Tout cela montre que la Bible est fermement ancrée dans le monde ancien qui l’a produite. Pour Enns, loin de constituer un problème, cet ancrage de la Bible dans son monde "est une conséquence nécessaire du fait que Dieu s’incarne" (p. 20) et témoigne que "Dieu se révèle lui-même en parlant et en agissant de sorte qu’il se fasse comprendre par les hommes" (ibid.).

http://exegeseettheologie.wordpress.com/2013/05/30/inspiration-et-incarnation/#more-6741

Ces craintes viennent de la confusion de la vérité du fait et de la vérité du sens, de la vérité de la science et de la vérité du mythe. A l’aide de méthodes et de pratiques de vérification, l’historien établit que Moïse n’a pas existé. Cela ne prive pas de sens ce récit d’Exode, ce mythe dont le héros a reçu le nom de « Moïse »—« fils », ce mythe tout prêt à nous parler dans nos Egypte, dans nos déserts, de libération et de confiance.

http://ha32.org/spip/La-Bible-entre-mythe-et-histoire