Nombre de messages : 1510 Age : 51 Date d'inscription : 05/01/2010
Sujet: Re: QUELLES CONVICTIONS ? Jeu 24 Fév 2011, 20:38
Anagnoste, je reviens encore... et après je me calme ... sur ton post qui citait la Tour de Garde du 1er novembre sur le contentement, juste histoire de te faire remarquer la manière de faire de la Watchtower pour faire passer ses idées.
Dans la majorité de ses articles, la Watchtower commence souvent par des généralités, que presque tout le monde approuve. Aimez les gens (bien sûr!). Ne vous comparez pas aux autres. (D'accord, pas de problème).
Puis elle dévie insensiblement sur le "vrai" sujet, celui où elle veut en venir: soyez reconnaissant (envers qui?), choisissez bien vos amis (uniquement parmi les TJ, c'est ça?), comblez vos besoin spirituels (grâce à la Watchtower?).
Ce schéma littéraire est typique du discours sectaire. On ne le retrouve pas seulement chez les témoins de Jéhovah, mais aussi chez les Evangélistes, les Adventistes, Moon, les Ufologues, etc. En gros, ça se résume à ça:
1. Appâter le goujon. 2. Une fois qu'il a mordu, tirer la ligne!
Sébastien
_________________ Si ton but est la croyance, ne parle qu'avec ceux qui la partagent. Si ton but est la connaissance, parle avec tout le monde! http://ex-temoinsdejehovah.org/
Anagnoste
Nombre de messages : 368 Age : 68 Date d'inscription : 12/02/2011
Sujet: Re: QUELLES CONVICTIONS ? Dim 27 Fév 2011, 13:02
Cher seb,
merci pour ton message. Après l'avoir lu, je ne lis plus la TG et RV de la même façon. Ce qui ne m'empêche pas de lire les bons conseils du début avec satisfaction.
A bientôt.
Patoune
Nombre de messages : 356 Age : 62 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: QUELLES CONVICTIONS ? Dim 27 Fév 2011, 23:29
J'apporterai ma maigre contribution en citant la chanson de Rock Voisine dont le titre est Et je l'ai vu.
Bonne soirée
Anagnoste
Nombre de messages : 368 Age : 68 Date d'inscription : 12/02/2011
Sujet: Re: QUELLES CONVICTIONS ? Dim 27 Fév 2011, 23:52
Bonsoir Patoune.
Avant d'aller me coucher, , j'ajoute à ton message le texte, pour ceux qui comme moi sont durs d'oreille.
Roch Voisine Je L'ai vu Lyrics:
Il n’est pas où un enfant pleure Où la haine a cloué le cœur Des hommes épris de vengeance Je ne l’ai pas vu dans nos guerres Quelques fois pas dans nos prières N’implorant qu’un peu de chance Je ne l’ai pas vu souvent Dans une main tendue cherchant A se mettre en lumière Dans le flou qu’on tolère
Mais je l’ai vu là où des hommes à genoux Demandent pardon et avouent Ne pas croire en sa présence Et je l’ai vu loin des villes, des cathédrales Là où l’amour détruit le mal Dans le miracle d’une naissance Et je l’ai vu dans le silence
Il n’est pas où les hommes sourds N’entendent plus rien à l’amour Là où les mots sont ceux qui blessent Je ne l’ai pas vu dans les étoiles Mais dans l’homme le plus banal Au détour d’une prouesse
Je ne l’ai pas vu vraiment Dans nos yeux perdus, attendant Un peu de vérité Ni dans la peur d’aimer
Mais je l’ai vu là où des hommes à genoux Demandent pardon et avouent Ne pas croire en sa présence Et je l’ai vu dans un regard, dans un geste Dans le courage qui nous reste Après des vies de souffrances Et je l’ai vu dans le silence Je l’ai vu dans le silence
S’il est vrai que nos vies sont entre ses mains Dès que je pense à lui, je sens d’instinct Un peu de sa force au fond de moi Je n’attends rien de lui que je n’ai déjà Qu’importe qu’on le prie Et qu’on y croit ou pas Tant diront qu’il n’existe pas
Mais je l’ai vu dans nos villes nos cathédrales Là où les gens trouvent normal D’effacer leur différence Et je l’ai vu quand l’or de son souffle chaud M’a montré un chemin plus beau Comme une intime évidence J’ai ressenti sa présence Comme une intime évidence
Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
la chanson que tu nous as offerte m'a fait penser à une hymne de Didier Rimaud, écrite pour les communautés de moniales et de moines :
Puisqu’il est avec nous Tant que dure cet âge, N’attendons pas la fin des jours Pour le trouver... Ouvrons les yeux, Cherchons sa trace et son visage, Découvrons-le qui est caché Au coeur du monde comme un feu !
Puisqu’il est avec nous Pour ce temps de violence, Ne rêvons pas qu’il est partout Sauf où l’on meurt... Pressons le pas, Tournons vers lui notre patience, Allons à l’homme des douleurs Qui nous fait signe sur la croix !
Puisqu’il est avec nous Dans nos jours de faiblesse, N’espérons pas tenir debout Sans l’appeler... Tendons la main, Crions vers lui notre détresse ; Reconnaissons sur le chemin Celui qui brûle nos péchés !
Puisqu’il est avec nous Comme à l’aube de Pâques, Ne manquons pas le rendez-vous Du sang versé... Prenons le pain. Buvons la coupe du passage : Accueillons-le qui s’est donné En nous aimant jusqu’à la fin ! ------------------------------------------------ Encore merci à toi, Patoune.
Anagnoste
Nombre de messages : 368 Age : 68 Date d'inscription : 12/02/2011
si, si, réponds aux interpellations de BB et de moi ! Il n'est jamais trop tard pour bien faire ! Tu nous es précieux !
Narkissos
Nombre de messages : 12456 Age : 65 Date d'inscription : 22/03/2008
Sujet: Re: QUELLES CONVICTIONS ? Mar 01 Mar 2011, 01:18
Soit, mais ça va casser vos échanges de cantiques... ;)
@ BB (20.2, 19h42): toute anagnose (je veux dire: toute lecture en tant que re-lecture ;) ) est forcément anachronique (c'est le revers de la différance de l'écriture: même "l'auteur" qui "se" relit aussitôt après avoir écrit ne "s"'y retrouvera jamais tout à fait, et il y trouvera en revanche de l'autre, qui le surprendra si du moins il arrive à lire vraiment ce qu'il a lui-même écrit -- ce qui n'est pas si facile qu'on pourrait le croire); et quand le différer porte sur des générations, des siècles, des langues et des civilisations différentes, la différence croît, fatalement. Cela pour dire qu'Umberto Eco (ou Marguerite Yourcenar, je repense à L'oeuvre au noir), en dépit de son savoir historique, n'écrit sans doute pas au XXe siècle ce qui se pensait au moyen-âge comme on le pensait au moyen-âge (et s'il y était parvenu, ça n'aurait peut-être intéressé personne au XXe siècle). De même, malgré toute la rigueur exégétique possible, nul ne peut prétendre lire aujourd'hui les écrits du NT exactement comme ils se sont écrits et lus (ce qui n'est déjà pas la même chose) "à l'origine". Cela étant, je trouve quand même (j'invente, donc, mais au sens ancien du verbe qui n'est pas de pure fabrication, comme pour "l'invention" des "vraies" reliques justement!) dans de nombreux textes une certaine conscience, joyeuse d'ailleurs, du caractère "créateur" de la foi -- dans le johannisme, "faire la vérité", "sceller que Dieu est vrai", ou a contrario, le "faire menteur"; dans le paulinisme, la foi comme principe de justification personnelle et communautaire, dans les synoptiques, la foi qui sauve/guérit, etc. Autant d'exemples aussi d'une circularité en partie reconnue et assumée, revendiquée même, où le rapport au "vrai" n'est pas de pure soumission à du "fait" perçu comme "objectif", "indéniable", mais suppose une participation.
Quant aux Témoins de Jéhovah, mon "témoignage" vient du fait qu'une grande partie de ma réflexion "autonome" est née de conversations étonnamment libres entre Témoins, au Béthel notamment, où j'ai constaté que plusieurs étaient capables d'une lecture profondément personnelle et assumée comme telle de "la Vérité". Chose possible sans doute parce qu'il s'agissait de conversations privées, au coeur du Saint des saints, très loin des "frontières" où se défend mordicus la "Vérité" objective.
Je repense aussi à un autre cas qui m'a marqué. Quand mon "compagnon de service" (et d'"apostasie") et moi-même avons été exclus, à Paris, sa mère, qui était Témoin de Jéhovah depuis des années et habitait en province, à plusieurs centaines de kilomètres, lui a téléphoné. Il ne lui a rien dit mais elle a compris que quelque chose n'allait pas et elle a sauté dans le premier train pour le rejoindre. C'était une femme très simple, qui ne savait pratiquement pas lire, qui était totalement incapable de remettre en cause "intellectuellement" la doctrine qu'elle avait apprise autant que de la "défendre", mais dont la "foi" dépassait tous les dilemmes artificiels. Elle est restée avec nous plusieurs jours durant cette période difficile, sans jamais remettre en cause son attachement ni à sa religion ni à son fils, ni même sa fraternité avec moi (en qui elle aurait pourtant pu voir, à tort d'ailleurs, la cause de ses malheurs). Je me suis dit: voilà quelqu'un qui croit en Dieu, au sens où elle ne le confondra jamais avec une doctrine ni avec une organisation. Comme beaucoup de gens par le passé ont pu "croire en Dieu" et lui faire confiance, malgré les guerres de religion, les abus du clergé ou tout ce que tu voudras. Des années plus tard je l'ai revue, au mariage de son fils... dans une église baptiste, toujours Témoin de Jéhovah et très contente d'être là: tout ça ne lui posait aucun problème.
Et en effet, je pense que si une "religion" comme celle-là tient, est malgré tout vivable, et ne s'identifie jamais totalement à une "organisation", c'est parce qu'il y a finalement pas mal de gens comme ça, une "humanité croyante", un "peuple de Dieu" qui s'approprie la doctrine à sa manière (ou "fait sa sauce", si tu veux) et croit foncièrement en un "Dieu" plus grand que toute organisation. Un "fond" qui ressemble comme deux gouttes d'eau à ce qui fait la masse des croyants sincères de la plupart des religions. Evidemment, ce n'est pas le profil type des "officiels", ni des apologètes auto-proclamés, ni non plus de la plupart des "apostats" (moi compris!) qui sont généralement moins simples.
@ Anagnoste: je pense que ce que je viens de dire "explique", autant du moins que je puis le faire, ce que je voulais dire par "un excès de la religion (dans ce sens-là) sur la doctrine ou la croyance". Avoir (ou ne pas avoir) de la religion, au partitif, c'est tout autre chose que d'avoir (ou de ne pas avoir) une religion.
Ton autre "interpellation" (si je n'ai rien loupé) portait sur Jean 8,24: "Si vous ne croyez pas ce que je suis, vous mourrez dans vos péchés." Je pense qu'il y a déjà là un problème de traduction. Car moi je lis: "Si vous ne croyez pas que, moi, je suis (hoti egô eimi, la fameuse auto-affirmation divine empruntée au deutéro-Isaïe, 41,4 etc., qui est un leitmotiv du quatrième évangile, 4,26; 8,28.58; 12,26; 13,13.19; 18,5.8)..." Il s'agit moins à mon sens de christologie au sens "doctrinal" (ce qu'est le Christ, sa "nature" etc.) que dans un sens relationnel et "révélationnel", si je puis dire: le "croire", le "connaître", le "voir", c'est "voir" en lui le Père, etc. Plus largement, on retombe par là (comme à chaque ligne de l'évangile, ou presque) sur l'univers de paradoxes mystiques de la pensée johannique, où l'exclusivité apparente (lui seul) se révèle tout-inclusive (le Père en lui, nous en lui, lui en nous etc.). Je fais bref parce que c'est un sujet dont on a déjà beaucoup parlé ici: https://etrechretien.1fr1.net/t303-ce-que-je-retiens-de-jean https://etrechretien.1fr1.net/t137-les-particularites-de-selon-jean
free
Nombre de messages : 10099 Age : 63 Date d'inscription : 21/03/2008
Sujet: Re: QUELLES CONVICTIONS ? Mer 29 Mai 2013, 14:09
Citation :
Je repense aussi à un autre cas qui m'a marqué. Quand mon "compagnon de service" (et d'"apostasie") et moi-même avons été exclus, à Paris, sa mère, qui était Témoin de Jéhovah depuis des années et habitait en province, à plusieurs centaines de kilomètres, lui a téléphoné. Il ne lui a rien dit mais elle a compris que quelque chose n'allait pas et elle a sauté dans le premier train pour le rejoindre. C'était une femme très simple, qui ne savait pratiquement pas lire, qui était totalement incapable de remettre en cause "intellectuellement" la doctrine qu'elle avait apprise autant que de la "défendre", mais dont la "foi" dépassait tous les dilemmes artificiels. Elle est restée avec nous plusieurs jours durant cette période difficile, sans jamais remettre en cause son attachement ni à sa religion ni à son fils, ni même sa fraternité avec moi (en qui elle aurait pourtant pu voir, à tort d'ailleurs, la cause de ses malheurs). Je me suis dit: voilà quelqu'un qui croit en Dieu, au sens où elle ne le confondra jamais avec une doctrine ni avec une organisation. Comme beaucoup de gens par le passé ont pu "croire en Dieu" et lui faire confiance, malgré les guerres de religion, les abus du clergé ou tout ce que tu voudras. Des années plus tard je l'ai revue, au mariage de son fils... dans une église baptiste, toujours Témoin de Jéhovah et très contente d'être là: tout ça ne lui posait aucun problème.
Et en effet, je pense que si une "religion" comme celle-là tient, est malgré tout vivable, et ne s'identifie jamais totalement à une "organisation", c'est parce qu'il y a finalement pas mal de gens comme ça, une "humanité croyante", un "peuple de Dieu" qui s'approprie la doctrine à sa manière (ou "fait sa sauce", si tu veux) et croit foncièrement en un "Dieu" plus grand que toute organisation. Un "fond" qui ressemble comme deux gouttes d'eau à ce qui fait la masse des croyants sincères de la plupart des religions. Evidemment, ce n'est pas le profil type des "officiels", ni des apologètes auto-proclamés, ni non plus de la plupart des "apostats" (moi compris!) qui sont généralement moins simples.
En relisant ce post, j'ai pensé à un ami TdJ (il me parle toujours malgré mon statut d'apostat) qui m'expliquait qu'il ne ressentait pas le besoin de quitter les TdJ car il se considerait avant tout, comme un "croyant" et en tant que tel, il fallait bien être intégré une communauté religieuse pour partager cette croyance ... un concours de circonstance avait voulu qu'il devienne TdJ mais il aurait pu être ailleurs ... il n'imaginait pas vivre sa vie de croyant seul, isolé et sans partage. Cette vision lui donnait une certaine liberté vis-à-vis des règles de la WT ... Il n'appliquait que les règles qu'il comprenait et non-contraire à sa conscience ... car selon lui, il était d'abord un "croyant" avant d'être un TdJ.